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 Les Arméniens

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Stans
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MessageSujet: Les Arméniens   Les Arméniens EmptySam 28 Oct 2006, 10:21 pm

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9nie

Citation :
L'Arménie est un pays du Caucase ; sa capitale est Erevan, la langue officielle est l'arménien et la monnaie est le dram.

Histoire

L’Arménie (Hayastan en arménien) fut fondée en -782 sur le site de l’actuelle Erevan appelée Erebuni.

En 301, l’Arménie devient le premier pays où le christianisme est religion d’État.

L’Arménie historique n’a pas les mêmes frontières que la république d’Arménie actuelle, qui n’en est qu’une petite partie. Historiquement, le territoire de l’Arménie s'étendait sur 300 000 km² aux confins du Caucase, de la Turquie et de la Perse (actuel Iran). On ne peut parler de peuple arménien qu'à partir du VIIe siècle av. J.-C., époque à laquelle la région fut investie par un peuple indo-européen qui se mêla à la population locale.

L’histoire de l'Arménie fut très chaotique. La région passa par des périodes d’indépendance et de soumission. Les Mèdes, les Perses. Suite à la conquête de l'empire perse par Alexandre le Grand, l'Arménie subit l'influence grecque (dynastie des Séleucides. En 189 av. J.C. une nouvelle dynastie, les Artaxiades, arrive au pouvoir. Ils doivent faire face aux Parthes, qui ont fondé un nouvel empire en Iran. Le plus grand souverain de la nouvelle dynastie est Tigrane (95-55 av. J.C.). Son empire s'étend de la mer Caspienne jusqu'à la Méditerranée. L'expansion de l'Arménie indispose les Romains, qui imposent leur protectorat au pays. Au début de l'ère chrétienne, les Romains et les Parthes se partagent l'Arménie. Au IIe siècle, une nouvelle dynastie iranienne, les Sassanides profitent de la faiblesse de l'Empire romain pour envahir l'Arménie. Ce n'est que sous l'empereur Dioclétien que les Romains rétablissent leur protection sur l'Arménie. Ils portent au pouvoir le roi Tiridate III, qui se convertit au christianisme (313). L’Arménie fut ainsi, dès le début du IVe siècle, le premier pays officiellement chrétien, primauté qui lui est cependant quelquefois contestée par la Géorgie voisine. Son territoire fut ensuite envahi par les Arabes par les Turcs seldjukides (XIe siècle) puis par les Mongols (XIIIe siècle) et devint l’objet de luttes entre l’Empire ottoman et l’Empire perse. À partir du XIVe siècle, elle resta sous domination turque.

Les guerres reprirent en 1827, lorsque l’Empire russe commença à avoir des vues sur le nord de l'Arménie. À la fin du XIXe siècle, le territoire fut partagé entre la Russie et l’Empire ottoman. C'est à cette époque que les Turcs se livrèrent aux premiers massacres contre le peuple arménien (1894-1896) vivant sur la partie du territoire qu’ils contrôlaient, c'est-à-dire l’Anatolie orientale ou l'Arménie occidentale. Ces massacres firent environ 150 000 morts.

Le 24 avril 1915, le gouvernement Jeune Turc de l’Empire ottoman décida d’en finir avec la minorité arménienne vivant dans l’actuelle Turquie et organisa la déportation et le massacre de 1 500 000 Arméniens, perpétrant ainsi le premier génocide du XXe siècle. L'Arménie occidentale fut vidée de sa population arménienne natale. Ce génocide n'a jamais été reconnu en tant que tel par la Turquie, dont les lois condamnent lourdement ceux qui se posent en défenseur de la cause arménienne.

Après l'effondrement de la Russie 1917 et de l'empire Ottoman (1918), les Arméniens parviennent à créer une république d'Arménie indépendante, à l'existence éphémère (1918-1920). Battus par Kemal Atatürk, les Arméniens se résignent à accepter la protection des Bolchéviques : en 1921, naît la république soviétique d'Arménie, qui ne couvre qu'une petite partie du territoire historique de l'Arménie. Un an plus tard, elle est incluse dans la République socialiste soviétique de Transcaucasie (1922) puis, à partir de 1936 - à l'issue de l'éclatement de la Transcaucasie - comme République socialiste soviétique à part entière. L’Arménie accéda à son indépendance définitive le 21 septembre 1991 sur l’ancien territoire russe, la partie sud de l’ancienne Arménie restant englobée dans le territoire turc.

Cependant, l’éclatement de l'ancien empire soviétique a dessiné des frontières qui créent des tensions entre Arméniens et Azéris.

En décembre 1920, après la soviétisation de l'Azerbaïdjan, les autorités de la RSS d'AzerbaÏdjan, nouvellement créée, déclaraient renoncer à leurs prétentions sur les territoires litigieux, et reconnaissaient officiellement le droit à l'autodétermination du peuple du Karabagh. Mais ce sont finalement les bolcheviks russes, qui en 1921, après avoir pris le pouvoir en Arménie et créé la RRS d'Arménie, ont décidé du destin du Haut-Karabagh. Obsédés par l'idée de répandre la « révolution prolétarienne » dans l'Orient musulman, notamment par le truchement de l'Azerbaïdjan vers la Turquie, le bureau caucasien du Comité Central du parti bolchevik alors présidé par Staline, décida le rattachement du Haut-Karabagh à l'Azerbaïdjan, par une décision juridique arbitraire.

Pendant près de 70 ans, le problème est « gelé », en aucune façon résolu. Durant toute cette période, à intervalles réguliers, la grande majorité des Arméniens du Haut-Karabagh proteste pacifiquement contre les suites de cette décision de 1921, et demandent que soit discutée la possibilité d'une intégration du Haut-Karabagh au sein de l'Arménie. Aujourd’hui, malgré le cessez-le-feu de 1994, cette question n’est toujours pas réglée.

Politique

L'Arménie est la république caucasienne la moins favorisée. Elle est petite, montagneuse, enclavée, sans richesses naturelles et son agriculture est pauvre. De plus, chrétienne, elle a des relations souvent difficiles avec son voisinage majoritairement musulman.

Relation conflictuelle avec l'Azerbaïdjan, au sujet du Haut-Karabagh, dont elle conteste le statut de région autonome sous tutelle Azérie.
Les relations avec l'Iran qui s'étaient dégradées depuis l'installation d'un régime islamiste à Téhéran, seraient, aujourd'hui, redevenues meilleures et tendraient même à se renforcer comme en témoigne la construction du gazoduc reliant les deux pays.
Les relations avec la Turquie sont très confllictuelles en raison du négationnisme turc concernant le génocide arménien de 1915. La frontière est donc officiellement fermée entre ces deux pays.
D'un point de vue politique, l'Arménie dispose d'un régime semi-présidentiel avec à sa tête Robert Kotcharian, élu en 1998 et réélu en 2003. Le premier président arménien fut Levon Ter Petrossian, qui avait pris les rênes du pays en 1991. En 1998, affaibli dans son pays après avoir souhaité renégocier le statut du Haut-Karabagh, il est poussé à la démission avant d'être remplacé par le président actuel.

Chef d'état : Robert Kotcharian (depuis 1998)
Premier ministre : Andranik Margarian (depuis 2000)
Assemblée nationale : 131 sièges
Prochaînes élections : printemps 2007
Effectifs militaires : 45 000
Budget de l'armée : 62 millions $

Géographie

L'Arménie est constituée de plateaux et de chaînes de montagnes très élevées. 90% du territoire se situe à plus de 1 000 mètres d'altitude. Son point culminant historique est le mont Ararat et ses 5 160 mètres jusqu'en 1915. Depuis, le mont Ararat se trouve en Turquie. Le point culminant actuel est le mont Aragats et ses quelque 4 095 mètres. Le paysage arménien se caractérise également par ses lacs, notamment le lac Sevan un grand lac de 1 400 km² situé à 60 km à l'est d'Erevan la capitale. L'Arménie est située au cœur d'une zone qui connaît une grande activité sismique. Le dernier grand tremblement de terre a fait 30 000 morts en 1988. Le climat est continental, la végétation est rare et encore limitée par la déforestation.

Superficie : 29 800 km²
Densité : 111 habitants/km²
Frontières terrestres : 1 254 km (Azerbaïdjan 566 km ; Turquie 268 km ; enclave de l'Azerbaïdjan-Naxcivan 221 km ; Géorgie 164 km ; Iran 35 km)
Littoral : 0 km
Extrémités d'altitude : + 400 m > + 4 095 m
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MessageSujet: Les Arméniens   Les Arméniens EmptySam 28 Oct 2006, 10:22 pm

Citation :
Économie

Après la chute de l'Union soviétique, les Arméniens durent tout reconstruire, repartant presque de zéro après soixante-dix ans de communisme. Comme dans toutes les autres républiques de la CEI, le passage à l'économie de marché ne s'est pas fait sans mal malgré un important soutien de la diaspora arménienne. Les entreprises ont été privatisées et un grand effort a été entrepris dans le secteur de l'agro-alimentaire afin de pouvoir assurer rapidement l'indépendance alimentaire du pays.

Cependant, l'économie a eu du mal à décoller durant les années 1990, à cause de l'inadaptation de l'outil industriel, le manque d'énergie, de fonds d'investissement et la pauvreté des moyens de communications. Sa croissance fut seulement de 3,3% en 1997, mais, désormais, la situation semble s'améliorer puisque le PIB a cru de 9,9% en 2003.

L'activité industrielle peut espérer s'appuyer sur quelques ressources minières (cuivre et aluminium) ou sur l'or. Le pays ne possède pas de ressources pétrolières même si des prospections sont menées. L'essentiel des industries est concentré à Erevan, la capitale (construction mécanique, caoutchouc).

D'un point de vue énergétique, l'Arménie a longtemps été dépendante de ses voisins et a souffert de graves pénuries (ni la Turquie, ni l'Azerbaïdjan n'étaient prêts à lui vendre de l'énergie). Les Arméniens ont donc dû prendre la grave décision de redémarrer la centrale nucléraire de Metsamor, (mise à l'arrêt en 1988 sous la pression des écologistes suite au tremblement de terre) afin de pallier ce déficit énergétique.

PIB : 11,79 milliards USD.
PIB/hab. : 3 500 USD.

Équipements

L'Arménie est très handicapée par le blocus terrestre de la frontière par la Turquie. Le pays ne compte que huit cents kilomètres de voies ferrées, le plus souvent en mauvais état. Les routes, quant à elles, sont normalement praticables dans les montagnes. Les télécommunications sont également en développement.

Le pays compte seize chaînes de télévision et autant de stations radiophoniques.

Lignes de téléphone : 562 600 (en 2003)
Téléphones portables : 114 400 (en 2003)
Postes de radio : 850 000 (en 1997)
Postes de télévision : 825 000 (en 1997)
Utilisateurs d'Internet : 150 000 (en 2003)
Nombre de fournisseurs d'accès Internet : 1 (en 2003)
Routes : 15 918 km (dont 15 329 km goudronnés) (en 2003)
Voies ferrées : 845 km (828 électrifiées), en grande partie obsolètes (en 2003)
Voies navigables : n.c.
Nombre d'aéroports : 17 (dont l'aéroport national en complète rénovation) (en 2003)

Démographie

Population : 2,991 millions (2004, estimations). Le chiffre officiel est très surestimé, en réalité il n'y aurait pas plus de 2 millions d'habitants, ceci est dû à une forte émigration non officielle et difficilement quantifiable.
Ages : 0-14 ans: 22,7%; 15-64 ans: 66,7%; + 65 ans: 10,6%.
Espérance de vie des hommes : 67,73 ans (en 2004, estimations)
Espérance de vie des femmes : 75,36 ans (en 2004, estimations)
Taux de variation de la population : - 0,32% (en 2004, estimations)
Taux de natalité : 11,43 ‰ (en 2004, estimations)
Taux de mortalité : 8,12 ‰ (en 2004, estimations)
Taux de mortalité infantile : 24,16 ‰ (en 2004, estimations)
Taux de fécondité : 1,31 enfants/femme (en 2004, estimations)
Taux de migration : - 6,47 ‰ (en 2001)
Peu peuplée, l'Arménie jouit du soutien d'une très importante diaspora arménienne à travers le monde : dans la fédération de Russie (1,5 million), au Canada et aux États-Unis (1,2 million), en Afrique (900 000), en Syrie et au Liban (900 000 - dont 235 000 au Liban, 4% de la population libanaise où ils constituent 2 des 18 communautés officielles), dans l'union européenne (700 000) et en Amérique latine (200 000).

L'Arménie est toujours historiquement russophile en raison de la pression de ses voisins musulmans.


Culture

On se doit de noter la grande richesse de la culture arménienne qui a su surmonter les difficultés de l'histoire. Ainsi, l'Arménie s'est constituée un patrimoine architectural fait de monastères, églises et chapelles grâce à l'implantation de la religion chrétienne. L'art s'est également développé à travers les céramiques ou les enluminures que dessinaient les moines.

La littérature n'est pas en reste et s'est développée au XIXe siècle (Raffi, Toumanian, Demirdjian), aussi bien à l'intérieur du pays qu'en dehors, grâce à la diaspora arménienne.

L'Arménie est une « poussière de chrétienté » aux frontières du monde musulman. Le christianisme est religion d'État depuis 301 après Jésus-Christ. Mais même humiliée, persécutée, martyrisée par l'histoire, l'Arménie est riche de sa foi et persiste à maintenir, envers et contre tout, un parc d'églises (voir Etchmiadzine fondée en 302) et de monastères au cœur du Caucase (Hagartsine entre autres).

Chrétiens appartenant à l'Église apostolique autocéphale : 93%
Autres chrétiens : 5%
Un peu plus de 2% de musulmans vivent en Arménie

Personnalités d'origine arménienne ou d'Arménie

les compositeurs Aram Khatchatourian, Wartan Sarxian, Komitas, [Michel Legrand]] (par sa mère);
les chanteurs français Charles Aznavour, Patrick Fiori, et Hélène Ségara;
la chanteuse d'opéra Hasmik Papian
le peintre français Jean Carzou;
le Président libanais Émile Lahoud;
l'ex-premier ministre français Édouard Balladur;
le chef d'État et homme politique soviétique Anastase Mikoyan;
le co-inventeur des avions de chasse soviétiques Mig : Artem Mikoyan;
Missak Manouchian, résistant de la Seconde Guerre mondiale;
l'avocat et homme politique français Patrick Devedjian;
la chanteuse américaine Cher ;
le milliardaire américain Kirk Kerkorian premier actionnaire du groupe General Motors;
le PDG d'Alcatel Serge Tchuruk;
le producteur américain Howard Kazanjian ;
l'acteur américain Gregory Peck ;
les acteurs français Simon Abkarian, Jacky Nercessian, Serge Avedikian, Isabelle Sadoyan ;
les réalisateurs français Henri Verneuil, Robert Guédiguian, Alain Berbérian,Robert Kéchichian ;
le réalisateur canadien Atom Egoyan
le multiple champion mondial d'échec Garry Kasparov;
le champion du monde de Formule 1 Alain Prost (par sa grand mère) ;
les champions du monde de football Youri Djorkaeff (par sa mère) et Alain Boghossian ;
les champions de tennis André Agassi, David Nalbandian et Sarkis Sarksian ;
les membres du groupe de fusion System of a Down : Daron Malakian, Serj Tankian, John Dolmayan, Shavo Odadjian ;
l'artiste peintre Ivan Konstantinovitch Aivazovsky ;
l'artiste peintre Arshile Gorky ;
l'artiste peintre Jansem ;
l'homme d'affaires Calouste Gulbenkian ;
le développeur du système d'exploitation du Macintosh Avadis Tevanian ;
la comédienne française Alice Sapritch.
chanteuse, actrice Sylvie Vartan
chanteuse française Rosy Armen
les chanteurs de la variété russe Irina Allegrova, Irina Otieva, Igor Saroukhanov, Sacha Ayvazov, Vyatcheslav Dobrinin
l'artiste peintre Vartan Malakian, qui a réalisé les artworks de Hypnotize et Mezmerize pour System Of A Down
l'architecte francais Édouard Sarxian à Marseille
l'animateur et réalisateur québécois Patrick Masbourian

Bibliographie

René Grousset Histoire de l'Arménie des origines à 1071 Payot Paris 1947 et 1974 ISBN 2-228-27130-6
Annie et Jean-Pierre Mahé, L'Arménie à l'épreuve des siècles ISBN 2-07-031409-X
Gérard Chaliand et Yves Ternon, 1915,le génocide des arméniens ISBN 2-87027-901-9
Arnold J. TOYNBEE, Les massacres des Arméniens, Payot, 2004.
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MessageSujet: Les Arméniens - le génocide   Les Arméniens EmptySam 28 Oct 2006, 10:27 pm

Source : http://www.herodote.net/histoire04240.htm

24 avril 1915 - Le génocide arménien

Citation :
Le samedi 24 avril 1915, à Istamboul, capitale de l'empire ottoman, 600 notables arméniens sont assassinés sur ordre du gouvernement. C'est le début d'un génocide (*), le premier du XXe siècle. Il va faire environ 1,2 million de victimes dans la population arménienne de l'empire turc.

Un empire composite

Aux premiers siècles de son existence, l'empire ottoman comptait une majorité de chrétiens (Slaves, Grecs, Arméniens, Caucasiens, Assyriens,...). Ils jouaient un grand rôle dans le commerce et l'administration, et leur influence s'étendait au Sérail, le palais du sultan. Ces «protégés» (dhimmis en arabe coranique) n'en étaient pas moins soumis à de lourds impôts et avaient l'interdiction de porter les armes.

Les premiers sultans, souvent nés d'une mère chrétienne - esclave du harem de leur père -, témoignaient d'une relative bienveillance à l'égard des Grecs orthodoxes et des Arméniens monophysites. Ces derniers étaient surtout établis dans l'ancien royaume d'Arménie, au pied du Caucase, premier royaume de l'Histoire à s'être rallié au christianisme ! Ils étaient majoritaires aussi en Cilicie, une province du sud de l'Asie mineure que l'on appelait parfois «Petite Arménie». L'empire ottoman comptait environ 2 millions d'Arméniens à la fin du XIXe siècle sur une population totale de 36 millions d'habitants.

Ébauche de génocide

Dans les années qui précèdent la Grande Guerre, la décadence de l'empire ottoman s'accélère après une tentative de modernisation par le haut dans la période du Tanzimat, entre 1839 et 1876. Le sultan Abdul-Hamid II n'hésite pas à attiser sans vergogne les haines religieuses pour consolider son pouvoir (les derniers tsars de Russie font de même dans leur empire).

Entre 1894 et 1896, comme les Arméniens réclament des réformes et une modernisation des institutions, le sultan en fait massacrer 200.000 à 250.000 avec le concours diligent des montagnards kurdes. Un million d'Arméniens sont dépouillés de leurs biens et quelques milliers convertis de force. Des centaines d'églises brûlées ou transformées en mosquées... Rien qu'en juin 1896, dans la région de Van, au coeur de l'Arménie historique, pas moins de 350 villages sont rayés de la carte.

Ces massacres planifiés ont déjà un avant-goût de génocide. L'Américain George Hepworth enquêtant sur les lieux deux ans après les faits, écrit : «Pendant mes déplacements en Arménie, j'ai été de jour en jour plus profondément convaincu que l'avenir des Arméniens est excessivement sombre. Il se peut que la main des Turcs soit retenue dans la crainte de l'Europe mais je suis sûr que leur objectif est l'extermination et qu'ils poursuivront cet objectif jusqu'au bout si l'occasion s'en présente. Ils sont déjà tout près de l'avoir atteint» (*).

Les Occidentaux se contentent de plates protestations mais le crime ne profite guère au sultan. Celui-ci tente de jouer la carte de chef spirituel de tous les musulmans en sa qualité de calife. Il fait construire le chemin de fer du Hedjaz pour faciliter les pèlerinages à La Mecque. Il se rapproche aussi de l'Allemagne de Guillaume II. Mais il est déposé en 1909 par le mouvement nationaliste des «Jeunes-Turcs» qui lui reprochent de livrer l'empire aux appétits étrangers et de montrer trop de complaisance pour les Arabes.

Les «Jeunes-Turcs» veulent se démarquer des «Vieux-Turcs» qui, au début du XIXe siècle, s'opposèrent à la modernisation de l'empire.

Ils installent au pouvoir un Comité Union et Progrès (CUP, en turc Ittihad) dirigé par Enver pacha (27 ans), sous l'égide d'un nouveau sultan, Mohamed V.

Ils donnent au pays une Constitution... ainsi qu'une devise empruntée à la France : «Liberté, Égalité, Fraternité».

Ils laissent espérer un sort meilleur aux minorités de l'empire, sur des bases laïques. Mais leur idéologie emprunte au nationalisme le plus étroit. Confrontés à un lent démembrement de l'empire multinational et à sa transformation en puissance asiatique (l'empire ne possède plus en Europe que la région d'Istamboul), ils se font les champions du «touranisme». Le touranisme prône l'union de tous les peuples de langue turque ou assimilée, de la mer Égée aux confins de la Chine (Anatolie, Azerbaïdjan, Kazakhstan, etc) (*).

Dès 1909, soucieux de créer une nation turque racialement homogène, les Jeunes-Turcs multiplient les exactions contre les Arméniens. On compte ainsi 20.000 à 30.000 morts à Adana le 1er avril 1909... Les Jeunes-Turcs lancent des campagnes de boycott des commerces tenus par des Grecs, des Juifs ou des Arméniens. Ils réécrivent l'Histoire en occultant la période ottomane, trop peu turque à leur goût, et en rattachant la race turque aux Mongols de Gengis Khan, aux Huns d'Attila, voire aux Hittites de la haute Antiquité. Ce nationalisme outrancier ne les empêche pas de perdre les deux guerres balkaniques de 1912 et 1913.

La Turquie dans la guerre de 1914-1918

Le 8 février 1914, la Russie impose au gouvernement turc une commission internationale destinée à veiller aux bonnes relations entre les populations ottomanes. Les Jeunes-Turcs ravalent leur humiliation mais lorsqu'éclate la Grande Guerre, en août de la même année, ils poussent le sultan Mahomet V à entrer dans le conflit, aux côtés des Puissance centrales (Allemagne et Autriche), contre la Russie et les Occidentaux.

Le sultan déclare la guerre le 1er novembre 1914. Les Turcs tentent de soulever en leur faveur les Arméniens de Russie. Mal leur en prend... Bien qu'en nombre supérieur, ils sont défaits par les Russes à Sarikamish le 29 décembre 1914. L'empire ottoman est envahi. L'armée turque perd 100.000 hommes. Elle bat en retraite et, exaspérée, multiplie les violences à l'égard des Arméniens dans les territoires qu'elle traverse.

Les Russes, à leur tour, retournent en leur faveur les Arméniens de Turquie. Le 7 avril 1915, la ville de Van, à l'est de la Turquie, se soulève et proclame un gouvernement arménien autonome. Dans le même temps, à l'initiative du Lord britannique de l'Amirauté, un certain Winston Churchill, les Français et les Britanniques préparent un débarquement dans le détroit des Dardanelles pour se saisir d'Istamboul.

Le génocide

Les Jeunes-Turcs profitent de l'occasion pour accomplir leur dessein d'éliminer la totalité des Arméniens. Ils procèdent avec méthode et brutalité. L'un de leurs chefs, le ministre de l'Intérieur Talaat Pacha, ordonne l'assassinat des Arméniens d'Istamboul puis des Arméniens de l'armée, bien que ces derniers aient fait la preuve de leur loyauté (on a ainsi compté moins de désertions chez les soldats arméniens que chez leurs homologues turcs). C'est ensuite le tour des nombreuses populations arméniennes des sept provinces orientales.

Voici le texte d'un télégramme transmis par le ministre aux cellules de Jeunes-Turcs : «Le gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens résidant en Turquie. Il faut mettre fin à leur existence, aussi criminelles que soient les mesures à prendre. Il ne faut tenir compte ni de l'âge, ni du sexe. Les scrupules de conscience n'ont pas leur place ici».

Le gouvernement n'hésite pas à destituer les fonctionnaires locaux qui font preuve de tiédeur, ainsi que le rapporte l'historien britannique Arnold Toynbee, qui enquêta sur place. Dans un premier temps, les agents du gouvernement rassemblent les hommes de moins de 20 ans et de plus de 45 ans et les éloignent de leur région natale pour leur faire accomplir des travaux épuisants. Beaucoup d'hommes sont aussi tués sur place.

La «Loi provisoire de déportation» du 27 mai 1915 fixe le cadre réglementaire de la déportation des survivants ainsi que de la spoliation des victimes.

Dans les villages qui ont été quelques semaines plus tôt privés de leurs notables et de leurs jeunes gens, militaires et gendarmes ont toute facilité à réunir les femmes et les enfants. Ces malheureux sont réunis en longs convois et déportés vers le sud, vers Alep, une ville de la Syrie ottomane.

Les marches se déroulent sous le soleil de l'été, dans des conditions épouvantables, sans vivres et sans eau, sous la menace constante des montagnards kurdes, trop heureux de pouvoir librement exterminer leurs voisins et rivaux. Elles débouchent en général sur une mort rapide. Des jeunes femmes ou des adolescentes sont enlevées par les Turcs ou les Kurdes pour être vendues comme esclaves ou converties de force à l'islam et mariées à des familiers.

En septembre, après les habitants des provinces orientales vient le tour des autres Arméniens de l'empire. Ceux-là sont convoyés vers Alep dans des wagons à bestiaux puis transférés dans des camps de concentration en zone désertique où ils ne tardent pas à succomber à leur tour.

Au total disparaissent pendant l'été 1915 les deux tiers de la population arménienne sous souveraineté ottomane.

Les Européens et le génocide

En Occident, les informations sur le génocide émeuvent l'opinion mais le sultan se justifie en arguant de la nécessité de déplacer les populations pour des raisons militaires !

Le gouvernement allemand, allié de la Turquie, censure les informations sur le génocide. L'Allemagne entretient en Turquie, pendant le conflit, une mission militaire très importante (jusqu'à 12.000 hommes). Et après la guerre, c'est en Allemagne que se réfugient les responsables du génocide, y compris Talaat Pacha. Ce dernier sera assassiné à Berlin le 16 mars 1921 par un jeune Arménien. Mais l'assassin sera acquitté par la justice allemande, preuve si besoin est d'une réelle démocratisation de la vie allemande sous le régime républicain issu de Weimar !

Le traité de Sèvres signé le 10 août 1920 entre les Alliés et l'empire ottoman prévoit la mise en jugement des responsables du génocide. Mais le sursaut nationaliste de Moustafa Kémal bouscule ces bonnes résolutions et entraîne une amnistie générale, le 31 mars 1923.

Les nazis tireront les leçons du premier génocide de l'Histoire et de cette occasion perdue de juger les coupables... «Qui se souvient encore de l'extermination des Arméniens ? » aurait lancé Hitler en 1939, à la veille de massacrer les handicapés de son pays (l'extermination des Juifs viendra deux ans plus tard).

A la vérité, c'est seulement dans les années 1980 que l'opinion publique occidentale a retrouvé le souvenir de ce génocide, à l'investigation de l'Église arménienne et des jeunes militants de la troisième génération, dont certains n'ont pas hésité à recourir à des attentats contre les intérêts turcs. Les historiens multiplient depuis lors les enquêtes et les témoignages sur ce génocide, le premier du siècle. Le cinéaste français d'origine arménienne Henri Verneuil a évoqué dans un film émouvant, Mayrig, en 1991, l'histoire de sa famille qui a vécu ce drame dans sa chair.


Commentaire : les Turcs et le génocide


Les «Jeunes Turcs» sont à l'origine du sentiment national turc. Ils ont permis l'émergence d'une grande nation mais aussi l'extermination de la plus grande partie des chrétiens arméniens en 1915.

En 1923, le général-dictateur Moustafa Kémal a parachevé la «purification ethnique» de la Turquie en expulsant les Grecs qui y vivaient depuis la haute Antiquité. Istamboul, ville aux deux tiers chrétienne en 1914, est devenue exclusivement turque et musulmane après cette date.

Depuis lors, les gouvernements turcs s'obstinent à ne pas vouloir reconnaître le génocide arménien. C'est le cas aussi de la presque totalité des citoyens de ce pays. Qu'ils appartiennent à la minorité laïque ou à la majorité islamiste, ils ne veulent rien renier du nationalisme et de l'idéologie raciale de Moustafa Kémal et des Jeunes Turcs.

Les plus accommodants attribuent la responsabilité du génocide à un régime disparu, le sultanat, ou aux aléas de la guerre. Ils relativisent le drame et le comparent par exemple aux méfaits de la guerre d'Algérie. La plupart considèrent – à tort - que leur nation s'affaiblirait en reconnaissant la réalité du génocide.

André Larané
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MessageSujet: Gürün Kâmuran - Le dossier arménien   Les Arméniens EmptyDim 21 Fév 2010, 10:06 am

Grasse, Tridi 3 Ventôse, An CCXVIII.

Chers tous,

voici le livre de Gürün Kâmuran: "Le dossier arménien", relatant l'histoire de ce peuple des origines à nos jours:


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