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 L'éducation civique en France : propagande ?

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Alexis
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Alexis


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MessageSujet: L'éducation civique en France : propagande ?   L'éducation civique en France : propagande ? EmptyVen 01 Déc 2006, 11:48 am

http://www.valeursactuelles.com/magazine/france/visu_france.php?num=3653&position=3&nb=4&affiche=

Valeurs Actuelles n° 3653 paru le 1 Décembre 2006

France


Société: Éducation civique. Des manuels scolaires très orientés.

par Bruno Lesvez

Les programmes d’éducation civique font la part belle aux droits au détriment des devoirs, à l’égalité plutôt qu’à la liberté. Et la neutralité ?

Fabriquer des Français. C’est bien, en lien direct avec les leçons d’histoire, la mission de l’éducation civique – mais est-ce vraiment celle que s’assigne l’Éducation nationale ? Dans les manuels à l’usage des collégiens, il n’est question que de droits (ou presque), de bons sentiments et de revendications. Au détriment de l’essentiel : le civisme et la cohésion nationale.
Enseignée de la sixième à la troisième, l’éducation civique, juridique et sociale (ECJS) est confiée aux professeurs d’histoire et de géographie, qui ne reçoivent pas ou peu de formation à cette matière. « L’ECJS est souvent la bête noire des profs, l’objectif étant de boucler prioritairement le programme d’histoire-géo », constate Sophie, professeur en Bretagne. Sur le fond, force est de constater une idéologisation des ouvrages, avant tout fondés sur le concept d’égalité, au détriment des notions de liberté et de responsabilité : présentation positive des revendications de gauche, omniprésence dans les exemples de certains syndicats et d’associations politisées, propagande multiculturelle… Quant au traitement réservé à certains partis, quoi qu’on pense de leur programme, il est pour le moins surprenant dans le cadre d’une école publique dont la mission est d’éduquer au civisme en restant neutre, comme le précise le ministère : « La neutralité philosophique et politique s’impose aux enseignants et aux élèves. »

LIBERTÉS ET DROITS.
Dans les différents manuels, l’exposé des droits individuels et collectifs n’évoque que rarement les rapports parfois contradictoires entre liberté et égalité. Mais ce sont surtout les illustrations, censées retenir plus facilement l’attention de l’élève, qui posent problème : elles sont rarement neutres. Page 23, dans le manuel Nathan de quatrième, un débat proposé pour clore le chapitre “Qu’est-ce que la liberté politique ?” est intitulé « Faut-il accorder le droit de vote aux étrangers ? » En photo, une militante arborant un T-shirt soutenant explicitement cette revendication. En regard, au mépris de tout exposé contradictoire des enjeux, un texte de la Ligue des droits de l’homme de Toulon du 2 avril 2005, soutenant lui aussi ce droit.
Dans le manuel Magnard de quatrième, sont détaillées aux élèves toutes les libertés dont ils disposent, en insistant sur la « liberté syndicale », la « liberté de manifestation », le « droit de grève » et surtout, la « liberté d’expression », qui donne lieu à une propagande à peine voilée pour la Ligue des droits de l’homme et Amnesty International. La deuxième partie aborde les « droits de natures différentes ». Elle s’ouvre sur une double page panoramique d’une grève de cheminots. En dehors du droit de vote, il est essentiellement question des « droits sociaux », du « droit au travail » (à ne pas confondre avec le droit du travail), du droit à la « protection sociale », du droit de grève et des syndicats.
Sur la question des « sans-papiers » et du « droit à une identité », le manuel Hachette de sixième propose, page 43, le témoignage d’un Mauritanien en grève de la faim. Question : « Quelles sont les conditions de vie des sans-papiers d’après ce témoignage ? » Illustrations : un texte d’Albert Jacquard et une affiche de Benetton. Dans le cahier d’activités Nathan de quatrième, concernant la liberté de réunion, la photo d’illustration présente un groupe de jeunes se trémoussant à un teknival en mai 2005. Légende : « Que font ces jeunes ? Quelle liberté exercent-ils ? » Suivent quelques textes sur la colère de propriétaires voyant leurs prairies squattées par ces jeunes « exerçant leur liberté » de réunion.
Dans le manuel Hachette de quatrième, les thèmes illustrant la liberté sont le voile à l’école, le téléchargement illégal et la grève. Concernant cette dernière, sont présentés deux points de vue, l’un de Didier le Reste, secrétaire général de la CGT-cheminots, sur la défense des acquis sociaux, l’autre de Christian Blanc, député UDF des Yvelines et ancien président d’Air France, sur la continuité du service public. Un exemple de débat contradictoire que les autres manuels, dans ce domaine, sont loin de suivre.
On retrouve enfin en ECJS les mêmes raccourcis que dans les manuels d’histoire. Chez Nathan, en quatrième, l’angle d’attaque sur le thème des libertés est intitulé : « De l’esclavage à la liberté individuelle ». L’esclavage est exclusivement européen. Aucune mention n’est faite des traites musulmane et africaine. Le symbole de l’arbitraire est illustré par une gravure de la Bastille et une lettre de cachet. Le tribunal révolutionnaire, connais pas. Un manque de profondeur que regrette Mathilde, professeur d’histoire en Zep : « Les élèves doivent assimiler des notions très abstraites, sans avoir suffisamment compris le processus historique qui a conduit à leur mise en œuvre dans la société. » L’impression retirée au final est celle d’une attention passionnée portée aux droits de toutes natures, et non à l’exigence civique. « Les manuels caressent les élèves dans le sens du poil, précise Mathilde. Ils contribuent à développer chez eux un sens aigu de leurs droits, au détriment d’une réelle approche des devoirs qu’implique la citoyenneté française. »

DISCRIMINATION.
Ce thème est abordé en cinquième, dans le chapitre consacré à l’égalité. Le manuel Nathan prévient avec componction : « Pour renforcer l’égalité, de nouvelles lois sont nécessaires. » Le refus des discriminations est souvent illustré par des bandes dessinées présentant des cas concrets. Chez Nathan, en cinquième, édition 2001, Mélanie et Kamel cherchent un logement. Les Manet leur louent un étage de leur maison, puis changent d’avis et condamnent la
serrure pour les empêcher d’entrer. Mélanie et Kamel s’adressent à SOS-Racisme, sont reçus par un militant en veste et col roulé rouge. Les Manet, tous deux blonds et antipathiques, sont finalement condamnés pour discrimination. Autre dessin, dans l’édition 2005 : Farid Reza cherche un emploi. Jean Leroux le refuse malgré ses qualifications. Farid s’adresse à SOS-Racisme, qui organise un testing téléphonique sous contrôle d’huissier. Jean Leroux est finalement condamné au tribunal correctionnel. L’illustration de ce débat : une affiche du Mrap. Une sensibilisation à des abus réels, mais le discours est toujours à sens unique. Les sites Internet recommandés sont ceux de la Licra, de la Ligue des droits de l’homme, de SOS-Racisme et du Mrap.
Associée au thème de l’égalité dans le programme de cinquième, la solidarité permet d’introduire le thème de l’humanitaire. Dans le manuel Magnard de cinquième, page 48, question citoyenne sur des modèles proposés aux élèves : « Quel est l’artiste que tu admires le plus ? Emmanuelle Béart (Unesco), Patrick Bruel (Solidays) ou Muriel Robin (Restos du cœur) ? » Quant aux livres conseillés sur le thème de l’égalité, du racisme et des discriminations, Tahar Ben Jelloun laisse loin
derrière Daniel Picouly, Azouz Begag ou Albert Jacquard. Tous thèmes et manuels confondus, les articles orientant la réflexion accordent une place écrasante au Monde, loin devant Libération, l’Humanité (sur le syndicalisme) ou, plus rarement, le Figaro.

LAÏCITÉ.
On retrouve le thème du voile dans les chapitres sur la liberté et la laïcité. Une BD de Marjane Satrapi, dans le manuel Hachette de quatrième, laisse la porte ouverte à la confusion : tous les arguments provoile y sont rassemblés. Aucune argumentation du même type ne vient contrebalancer cette image. L’élève est simplement invité à mettre en regard des textes sur la liberté religieuse, et d’autres sur la laïcité. Sur le thème du voile, l’un des débats « pour ou contre » proposés est le suivant : « Des élèves portent en classe des T-shirts à
l’effigie du pape ». Grave question. On cherche en vain une interrogation citoyenne sur les T-shirts à l’effigie de Che Guevara, figure pas précisément neutre politiquement, selon les critères qui devraient être ceux de l’école laïque.
Certains chapitres consacrés au patrimoine laissent parfois passer une illustration de l’héritage chrétien de la France – tout en appelant le multiculturalisme au secours de la laïcité : « Les élèves ont visité deux édifices religieux : l’un musulman, la mosquée. L’autre chrétien, la cathédrale Notre-Dame de Paris. Les visites (…) mettent en contact la classe avec le patrimoine religieux de la France… » (Nathan, Livre du professeur, sixième).

CITOYENNETÉ
Dans le manuel Hachette de troisième, page 60, le thème de la « citoyenneté politique et sociale » est illustré par.

la photo d’un défilé contre la réforme des retraites en 2003. Chez Nathan,
le thème de l’élection présidentielle de 2002 ouvre certains débats. Illustration : une manifestation contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour. Une des questions correspondantes
du débat : « Qui est élu président de
la République ? » Question suivante : « Pourquoi peut-on dire que c’est une victoire pour la démocratie ? » Dans le manuel de troisième Demain, citoyens, édition 2003, page 63, une photo de banderole « démocratie en deuil » en avril 2002 est suivie d’un sous-chapitre : « 5 mai 2002, la victoire de la démocratie ». C’est bien ici la leçon à apprendre, et non un débat organisé en classe. Le livre du professeur de chez Nathan écrit dans les commentaires destinés aux enseignants pour accompagner les illustrations proposées : « L’extrême droite, non démocratique, est présente au second tour. »
La citoyenneté, c’est aussi l’environnement. Sophie, professeur d’Histoire, soupire : « Un moment mémorable a été la visite d’une déchetterie avec mes élèves… Ils se sont bien amusés, c’était certes intéressant mais est-ce le rôle d’un professeur d’histoire-géographie ? »
Le thème de la violence à l’école est lui aussi abordé dans le cadre de la citoyenneté : racket, drogue, bagarres sont évoqués. Pour Anne Coffinier, de l’association Créer son école, le programme d’ECJS sur cette question participe d’une certaine hypocrisie : « Les collèges sont tagués, la violence s’enkyste et les professeurs qui veulent réagir ou simplement défendre leur dignité de maîtres sont lâchés par leur hiérarchie. Parler de droits dans ce contexte est incantatoire. Il ne faut pas s’en étonner quand on constate que la notion d’État de droit est absente des manuels, au profit d’une déclinaison sociale des droits démocratiques. C’est une défaite de la raison. »


Dernière édition par le Ven 01 Déc 2006, 6:46 pm, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'éducation civique en France : propagande ?   L'éducation civique en France : propagande ? EmptyVen 01 Déc 2006, 4:37 pm

"Propagande" ou "politiquement correct" ?
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