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 Jérôme KERVIEL, victime ou complice ?

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MessageSujet: Jérôme KERVIEL, victime ou complice ?   Jérôme KERVIEL, victime ou complice ? EmptyMer 30 Jan 2008, 11:40 am

Source : http://www.lemonde.fr/economie/article/2008/01/29/jerome-kerviel-ma-hierarchie-fermait-les-yeux_1005103_3234.html

Jérôme Kerviel : "Je ne peux croire que ma hiérarchie n'avait pas conscience des montants que j'engageais"

LE MONDE | 29.01.08 | 17h36 • Mis à jour le 29.01.08 | 20h49

Citation :
Difficile de ne pas déceler dans cette incroyable aventure le goût d'une revanche sociale. Au travers des procès-verbaux d'interrogatoires de Jérôme Kerviel – auxquels Le Monde a eu accès et qui sont également cités par Médiapart –, ce trader accusé d'avoir fait perdre 4,9 milliards d'euros à la Société générale, on discerne l'irrésistible ascension d'un jeune homme de 31 ans, pas forcément fortuné. Il a bien quelques comptes en banque, gonflés de quelques milliers d'euros, un appartement en nu-propriété en Bretagne.


Lorsque la Société générale l'embauche, en 2000, Jérôme Kerviel débute au bas de l'échelle : le "middle-office". Il en est conscient, dit-il aux enquêteurs de la brigade financière : "Je ne me faisais pas d'illusions, explique-t-il, je savais pertinemment que je serais moins bien récompensé que sur d'autres desks, que je n'allais pas être rémunéré selon les standards du marché, cela n'a pas été un frein à ma motivation pour autant."

Après quelques années au "middle-office", le voilà qui intègre, en 2005, le corps des traders, ces personnages qui brassent des millions. "J'avais conscience lors de mon premier entretien en 2005 que j'étais bien moins considéré que les autres au regard de mon cursus universitaire et de mon parcours professionnel et personnel, se souvient Jérôme Kerviel. Je ne suis pas arrivé directement au front, mais suis passé par le middle-office et suis le seul dans ce cas. Mais je ne le vis pas mal pour autant, je vous rassure."

"FIER ET SURPRIS À LA FOIS"

Dès son arrivée au desk, il décide de prendre des risques, qui se révèlent payants. "Ma première expérience en ce sens remonte à 2005, narre-t-il aux enquêteurs. J'ai alors pris une position sur le titre Allianz, en pariant sur la chute du marché. Il se trouve que peu de temps après le marché chute à la suite des attentats des Londres et c'est le jack-pot de 500 000 euros. Cette date correspond à peu de choses près à mon arrivée comme trader à la SG. J'ai déjà alors l'idée d'un deal pour couvrir ma position. J'ai une attitude mitigée car je suis fier du résultat et surpris à la fois. Cela génère l'envie de continuer, il y a un effet boule de neige."

Puisqu'il est si simple de "générer du cash", comme aime à le dire M. Kerviel, le trader débutant ne va pas se priver. D'autant que sa hiérarchie ne se montre guère regardante. M. Kerviel l'assure, il n'a en tête que l'intérêt de sa banque :"Avant toute chose j'ai en tête de faire gagner de l'argent à ma banque."

Il se met en tête de continuer ses paris hasardeux, tout en se couvrant via des opérations fictives. "En janvier 2007, je suis court à la vente sur le DAX car en fait je commence à me dire qu'il y a des signes de surchauffe en Asie, et que cela se confirme, je perds sur ma position, car le marché monte. Le deal fictif passe inaperçu car il n'y a pas de contrôle de cohérence en janvier à la Société générale. En février, mini-krach en Asie, et je coupe ma position. Fin février, je n'ai donc plus de position, avec un résultat de 28 millions d'euros, je suis alors plus que fier et satisfait."

C'est le deuxième gros coup de Jérôme Kerviel. Qui ne s'en tient pas là : "A ce moment intervient la crise asiatique, et fin février début mars les premiers articles sur les subprimes. Je me documente et lis que potentiellement, il n'y a pas de risque de propagation sur l'économie. Je prends alors le pari inverse et remonte une petite position début mars. De mars à juillet, je perds car le marché monte sans cesse. Je continue à me documenter sur les secteurs des subprimes, je continue la position. Fin juillet, le marché craque sous les subprimes et les marchés se retournent. Je déboucle ma position qui est dès lors à zéro. Mon résultat grimpe : 500 millions d'euros (…) je me retrouve dans la même situation que précédemment, et ce à la hausse, et ne déclare pas ce résultat qui n'apparaît pas dans les livres. Je masque par une opération fictive d'achat-vente. Il est vrai que je me retrouvais très intimidé par ce montant de 500 millions et surtout de ne pas savoir comment l'annoncer."

"DÉPASSÉ PAR L'ÉVÉNEMENT"

Comment expliquer à sa hiérarchie ses prises de positions hasardeuses ? C'est l'engrenage. "Les allers-retours génèrent beaucoup de cash. Au 31 décembre 2007, mon matelas est monté à 1,4 milliard d'euros toujours pas déclarés à la banque. A ce stade, je suis dépassé par l'événement et ne sais comment le présenter à la banque, cela représente un cash non déclaré de 1,4 milliard d'euros, hors personne n'a jamais réalisé ce chiffre qui représente 50 % du total du résultat de la branche action indices de la Société générale. Je ne sais comment le gérer, je suis content, fier de moi, mais ne sais comment le justifier. Donc j'ai décidé de ne pas déclarer à la banque et pour occulter cette somme, passer une opération fictive inverse. En passant plusieurs opérations fictives qui apparaissent perdantes à hauteur de 1,4 milliard d'euros."

Comme il n'est pas supposé avoir engrangé un tel résultat, Jérôme Kerviel ne déclare à ses supérieurs que la somme de 55 millions d'euros. Un joli pactole, tout de même, qui lui permet d'obtenir la garantie d'un bonus de 300 000 euros à son salaire de 48 000 euros.
Reste que la banque s'interroge et lui demande quelques précisions, qu'il est bien en peine de fournir. "J'ai alors fourni de faux justificatifs de saisie sur ces opérations, à savoir de faux mails. J'ai réalisé un faux mail en utilisant les possibilités qui me sont offertes par notre messagerie interne, à savoir une fonction qui me permet de réutiliser l'en-tête d'un mail qui m'est expédié en changeant le contenu du texte qui m'est envoyé. Il me suffisait alors de taper le texte que je souhaitais et le mail avait toute l'apparence d'un document original. Début janvier 2008, je suis tiraillé entre la satisfaction de cette réussite et l'énormité du montant à annoncer sachant que ces résultats étaient générés par de fausses opérations."

Le 18 janvier, il se retrouve "négatif" à la clôture des marchés. Il pense pouvoir se refaire une santé dès le lundi suivant. "Ce que je ne pouvais supposer, c'est que le lundi je ne serais plus salarié de la Société générale", lâche-t-il aux policiers.
Ses supérieurs auraient-ils pu agir plus tôt ? Certainement, à en croire les déclarations de M. Kerviel. "Les techniques que j'ai utilisées ne sont pas sophistiquées du tout, à mon sens, tout contrôle correctement effectué est à même de déceler ces opérations. Il n'y a aucun machiavélisme de ma part."

Jérôme Kerviel estime que ses collègues, de même que sa hiérarchie, connaissaient ses méthodes. Et que tant qu'il gagnait de l'argent, personne n'avait rien trouvé à y redire. D'autant que le pourcentage d'intéressement sur les résultats de l'équipe tournerait autour de 3 % pour les managers.

"REGARD COMPLAISANT"

Rien ni personne n'est donc venu mettre fin à ses méthodes. "En juillet 2007, j'ai suggéré de parier sur l'évolution du marché boursier à la baisse, il [mon supérieur] n'a pas voulu. Quand il s'est avéré que mon pari était gagnant, générateur de cash, j'avais pris malgré tout une position sous le regard complaisant ou à tout le moins non contesté de mon N+1 [responsable hiérarchique] qui a assisté à l'enregistrement de ma transaction. Ils m'ont incité à prendre une position régulièrement. L'opération s'étant révélée fructueuse, elle devenait de ce fait autorisée, voire appuyée par la hiérarchie. Chaque jour par la suite il a fallu se positionner. Même pendant mes vacances, mon manager m'appelait pour me demander quelle position prendre. L'incitation à se positionner était à son maximum."

M. Kerviel va même jusqu'à utiliser les ordinateurs de ses collègues, avec leur assentiment, jure-t-il. "Sur le second semestre, j'ai généré des cash comme jamais je ne l'ai fait. En novembre 2007, voyant que c'était juteux, j'ai également pris des positions à partir d'autres automates de collègues en même temps et ce au vu et au su de tous. Sur cette seule journée, j'ai dégagé un résultat de 600 000 euros. Mon manager a alors voulu connaître les raisons de mes choix d'investissement. Je me refuse à donner les raisons économiques dans la mesure où cela revenait à leur signer un chèque en blanc. Je ne peux croire que ma hiérarchie n'avait pas conscience des montants que j'engageais, il est impossible de générer de tels profits avec de petites positions. Ce qui m'amène à dire que lorsque je suis en positif ma hiérarchie ferme les yeux sur les modalités et les volumes engagés. Au titre d'une activité normale, un trader ne peut générer autant de cash."

Et le trader de dénoncer une direction apathique :"Le simple fait de ne pas prendre de jours de congés en 2007 (4 jours en 2007) aurait dû alerter ma direction. C'est une des règles primaires du contrôle interne. Un trader qui ne prend pas de vacances est un trader qui ne veut pas laisser son book à un autre. Je recevais régulièrement des messages de risque qui m'alertaient des dépassements d'un gros manquement de couverture en nominal. Quelques minutes plus tard, le temps que je boucle, un contre-message me parvenait. La fréquence de ces messages d'alerte ne les a pas inquiétés."

Question des policiers : pourquoi est-ce resté silencieux et sans effets ? Réponse claire de Jérôme Kerviel : "Car je générais du cash, donc les signaux ne sont pas si inquiétants que cela. Tant que nous gagnons et que cela ne se voit pas trop, que ça arrange, on ne dit rien."

Gérard Davet et Elise Vincent
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