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 l’€ : fin de parcours dans 3 ans ?

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François Barberis
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l’€ :  fin de parcours dans 3 ans ? Empty
MessageSujet: l’€ : fin de parcours dans 3 ans ?   l’€ :  fin de parcours dans 3 ans ? EmptyVen 16 Nov 2012, 4:12 pm


€uro : fin de parcours dans 3 ans ?


Quelle que soit l’approche que l’on prend, géopolitique, économique, historique, on parvient à une même conclusion : la probabilité de la déconstruction du système de l’€ est beaucoup plus forte que la probabilité de son maintien.

1. Approche géopolitique

La Grande Bretagne.
Celle-ci ne fait pas partie du système de l’€, mais en tire un grand profit, dans la mesure où 75% des transactions sur les dettes d’états exprimées en € et 50% des obligations émises par les entreprises en €, sont traitées à la City, au détriment des places de Paris et Milan, qui ont beaucoup perdu de leur activité d’avant l’€.
La GB est dans la situation du passager clandestin qui s’est introduit dans le système de l’€ mais refuse d’en supporter les charges. C’est pour cela que, des cinq économies européennes, la GB est vraiment la seule qui aurait un intérêt évident à maintenir en vigueur le système de l’€ du moins tant qu’elle peut maintenir son statut de passager clandestin.

Nonobstant, la GB est peut-être le pays qui portera le premier coup fatal à l’UE, tant elle se trouve en situation de dénoncer le pacte de Lisbonne et les quelques 130 accords qui la lient à la dite UE. Nul doute qu’elle sera alors suivie par la Suède et le Danemark. Or la GB, la Suède et le Danemark, bien que ne faisant pas partie du système de l’€, sont au capital de la BCE et pour un montant non négligeable (environ 18%). La sortie de la GB et de ses satellites de l’UE entraînerait leur sortie de la BCE , ce qui impliquerait que les autres états demeurant dans la BCE devraient recapitaliser celle-ci pour environ 18% des fonds propres qui s’élèvent à 83 milliards d’€, soit 15 milliards d’€ à trouver en ces temps de disette, ce qui semble très difficile. Le risque est donc bien une fragilisation de la BCE.

l’Allemagne :
C’est l’économie qui a le plus profité jusqu’ici du système de l’€. En imposant la BCE comme le clone de la Bundesbank et l’€ comme le clone à 80% du DM, l’Allemagne a détruit l’industrie naissante en Espagne, divisé par deux les capacités industrielles en France et fortement diminué le tissu des PME en Italie.
Par une politique mercantiliste à tout crin, menée avec le seul objectif de gagner des parts de marchés au détriment des partenaires de l’UE, l’Allemagne a constitué en 10 ans une position extérieure créditrice de quelques 1.500 milliards d’€, dont les 2/3 sur les autres pays de l’€. Mais aujourd’hui le système de l’€ se retourne contre l’Allemagne, dans la mesure où les pays du sud, ainsi dépouillés, débiteurs de l'Allemagne, lui demandent de restituer ces milliards au titre du « juste retour » et du principe de solidarité; ce qui n'a aucune chance de se produire bien entendu.

L’intérêt de l’Allemagne, aujourd’hui, est donc de quitter le système de l’€ par le haut et de revenir au DM ; ce qui voudrait dire une appréciation immédiate de la monnaie allemande de 20%, donc une appréciation de l’épargne privée allemande d’autant, Et surtout –tout bénef, l’éloignement du spectre d’un reversement de tout ou partie de ces 1.500 milliards qui lui seront réclamés si elle se maintient dans le système de l’€.
Or, une devise forte n’est pas un inconvénient pour l’économie allemande. L’appréciation du DM ne sera pas un frein à la sortie par le haut. Le seul frein à l’éjection de l’Allemagne par le haut sera la question des conséquences politiques sur l’image de l’Allemagne qui sera à nouveau dénoncée comme une nation prédatrice. Mais ceci importera peu car, dans la conscience collective allemande, la perte de l’épargne par l’inflation est plus insupportable que la charge morale du nazisme.

C’est pourquoi l’Allemagne devrait en toute probabilité être la première nation à quitter le système de l’€ par le haut.


Pour l’Italie,
sortir de l’€ serait tout bénéfice
Sa devise se déprécierait immédiatement d’environ 10 à 15%, rendant ses exportations plus compétitives. Or l’Italie dispose encore d’un outil industriel dynamique. Son solde primaire est positif.
Ce qui pénalise aujourd’hui l’économie italienne, c’est de devoir emprunter en € sur les marchés étrangers en payant 5% d’intérêts sur 10 ans, au lieu de pouvoir emprunter en lires sur son marché domestique en ne payant que 3,5%. Du point de vue économique, le maintien de l’Italie dans le système de l’€ est une stupidité totale. Le plus tôt l’Italie sortira, le plus tôt elle renouera avec l’équilibre du budget et avec la croissance économique.


En Espagne,
la situation est proprement dramatique. L’embryon d’industrie a été détruit par le mercantilisme allemand. Mais plus grave : il n’y a plus d’épargne privée en €. L'Espagne n’a peut-être pas (pas encore) quitté l’€, mais à l’évidence, l’€ a quitté l’Espagne depuis que les Espagnols ont évacué leurs avoirs à Zurich, à Londres et au Luxembourg. Selon les chiffres officiels de la BNE, entre le 1er janvier 2011 et le 30 août 2011, 247 milliards d’épargne net ont quitté le pays. L’Espagne ne pourra jamais se remettre si son épargne ne revient pas. Et pour revenir, il faut qu’elle quitte l’€, ce qui permettra aux épargnants espagnols, revenant avec leurs € dans un pays où la devise est dévaluée de 30% de faire d’excellentes affaires certes, mais surtout de relancer immédiatement l’économie.
La survie immédiate de l’Espagne et du système bancaire espagnol, exsangue, c’est dans la sortie de l’€, dans la recapitalisation des banques mutualistes en peseta, et non plus en € qu'elle se trouve.
Le risque pour l’Espagne à se maintenir dans l’€ est un éclatement du système bancaire mutualiste et donc de la nation.


Pour la France,
la situation est intermédiaire
Paris bénéficie des déboires de ses partenaires du sud et les marchés lui accordent un sursis sur sa dette, puisque la France continue à emprunter à des taux exceptionnellement bas.
Mais cela ne saurait durer. Si, comme cela est probable, la fin de l’€ se produisait par une sortie de l’Allemagne par le haut, la dette française serait immédiatement attaquée (on vendrait la dette française pour acheter de la dette allemande) et le bouclage du budget deviendrait rapidement impossible, à l’instar de l’Espagne et de l’Italie.
En cas de retour, très probable, à la monnaie nationale, trois scénarios seraient en compétition.
- une monnaie convertible, le franc d’avant l’€, donc immédiatement attaquée et dévaluée, ne permettant pas d’emprunter à des taux raisonnables, mais permettant de redonner à l’économie une marge de compétitivité en raison même de la dévaluation de la devise ;
- un scénario à l’argentine avec défaut sur la dette et contrôle des changes.
- le retour à l’étalon or, c'est-à-dire la fixation d’une parité or-franc, comme du temps du franc germinal, ou du franc Poincaré.

Comme on l’explique dans la fin de cet exposé, le retour à l’étalon or serait vraisemblablement la meilleure solution pour le pays.


L’erreur à ne pas commettre serait de suivre l’Allemagne dans sa sortie par le haut, car ce qu’il nous reste d’industrie n’y survivrait pas.

Tout ceci démontre un fait simple qui va à l’encontre des idées reçues.
Nous sommes en Europe, non pas dans une crise de la dette souveraine (celle-ci, d’une manière ou d’une autre ne sera jamais remboursée), mais nous sommes bien dans une crise de la monnaie européenne, une crise de l’€. C’est la manière dont l'€ est géré et diffusé, retiré ou distribué qui crée la crise, ce que nos dirigeants ne comprennent pas, qui se focalisent sur la dette et les déficits. Le seul qui a tout compris, c’est Mario Draghi, lequel est en train de se constituer un pouvoir personnel de teneur des cordons de la bourse, au détriment des peuples et des états.





2. Approche historique : L’histoire ne plaide pas pour les zones monétaires plaquées sur des cartels d'états


Une récente thèse d’état recensait dans l’histoire de l’humanité environ 64 tentatives de construction de zones monétaires. Selon cette étude 60 ont échoué, 4 ont réussi,.
Celles qui ont échoué, parmi les plus récentes :
- l’union monétaire austro-allemande (1857-1867)
- l’union monétaire scandinave (1872-1931)
- l’union monétaire des pays d’Amérique latine (peu d'informations)
- l’union monétaire autour du rouble soviétique (fin de l'Union des Républiques socialistes soviétiques)

- l’Union latine,
Créée autour du franc-or en décembre 1865 elle dura jusqu’au 1er janvier 1927.
Il s’agissait d’une union monétaire très semblable au système de l’€, mais qui avait pour base, non la référence au PIB et à la dette d’état, mais à l’or, le franc-or, ou franc germinal, créé le 18 germinal an III (7 avril 1795), au lendemain du seul défaut de la France sur sa dette, c’était en 1794. Le franc or équivalait à 0,29 gr de métal fin. Il est demeuré à ce titre jusqu’après la guerre de 14, où il fut remplacé par le franc Poincaré. Cette union réunissait initialement la France, la Belgique, la Suisse, l’Italie et la Grèce, autour d’une même parité de leur monnaie exprimée en poids d’or, le même poids pour les 4 devises (5,80 g d‘or pour la pièce de 20 francs, le Napoléon).
Puis sont venus s’y ajouter 27 autres pays. Au final, l’effectif était de 32 pays, dont le Brésil et l'Argentine. Au début ce fut un immense succès.
L’union Latine commença à se déliter en 1907, par la défection de …. la Grèce. La parité or drachme était devenue intenable. Les politiques y mirent une fin définitive en 1927, 3 ans avant la fin de l’étalon-or en 1931. Il ne reste plus de cette union que les dénominations franc belge et franc suisse, et un rêve latin toujours vivace.

Toutes ces unions, sans exception, ont échoué parce qu’elles avaient été collées sur des cartels d’états qui étaient mus par des intérêts divergents –comme en zone € actuellement- et parce qu’il manquait la volonté politique d’acier pour opérer entre ces pays les transferts financiers internes de solidarité.

En revanche ont réussi les unions suivantes :
- l’union monétaire suisse (1848), au moment où la Suisse de confédération est devenue fédération;
- l’union monétaire allemande autour du Reichsmark en décembre 1871 (Bismark), devenu le DM
- l'union monétaire italienne autour de la lire (1861)
- et surtout l’union monétaire américaine autour du dollar, qui est la grande réussite politique du 20ème siècle, (voir ci-après)

Le succès de ces unions vient du fait que l’union politique a toujours précédé l’union monétaire, et non l’inverse, comme on essaie de le faire actuellement en Europe.



3. L’union monétaire nord américaine depuis 1913


L’union monétaire nord américaine est la grande réussite monétaire du 20ème siècle.
Elle été permise par la création de la FED le 23.12.1913, qui marque la prévalence du pouvoir exécutif américain ("la Maison Blanche") sur le Congrès américain, jusqu'ici tout puissant.
Cette création fut ensuite consolidée par les dispositions de redistribution du New Deal de Roosevelt entre 1933 et 1939, dispositions qui sont toujours en vigueur, puis en 1965 par les programmes fédéraux Medicare et Medicaid. L'ensemble de ces dispositions assurent aujourd'hui la redistribution d’environ 20% de la richesse nationale US.
Un tel pourcentage est énorme à l'échelle de l'économie américaine. C'est ce transfert qui fait que l'union monétaire autour du dollar peut être considérée comme optimale.

Cette redistribution américaine est un fait peu connu, que nous autres en Europe occultons volontiers, car cette occultation sert nos analyses politiques partisanes. Or cette redistribution, quasiment socialiste dans un pays où la règle officielle est la loi du capital et la responsabilité privée, est réelle et bien perçue par les citoyens américains. Elle se traduit par une ponction que réalise l’état fédéral sur les économies riches de l’est et de l’ouest et des transferts vers les économies pauvres du middle-west.
Grâce à ces transferts internes, 60% de l’écart constaté entre les états pauvres et les états riches sont compensés par des transferts fédéraux. Ces transferts sont donc massifs.

Ces transferts sont réalisés par 6 canaux différents :


-
les programmes fédéraux Medicare (assurance santé gérée par le gvt fédéral américain au bénéfice des plus de 65 ans et qui représente un transfert d’environ 3% de la masse salariale) et Medicaid, qui est une prise en charge des coûts de maladie sous conditions de ressources, par le gouvernement fédéral associé aux états. Medicaid bénéfice à environ 16 millions d'américains

- les deux structures « Freddie Mac » et « Fannie Mae » Federal Home Loan Mortgage Corporation (FHLMC), qui sont des organismes para-publics de cautionnement de prêts à l’habitat et qui ont permis à des millions d’américains de s’endetter à bas taux pour acquérir leur maison, jusqu’à l’excès d’ailleurs, d’où les subprimes ;

- la compagnie quasiment publique d’assurance AIG qui bénéficie de la garantie implicite du gvt fédéral US et qui assure tout ce qui est possible au bénéfice des citoyens US ;

- et enfin, last but not least, un transfert peu connu, via le budget militaire US : 15% de la PIB, est ainsi redistribuée à des milliers d’entreprises disséminées dans le middle West pour y maintenir l’emploi via des commandes militaires : c’est ce qu’on appelle la « job machine ».

Au total, aux États-Unis d'Amérique, près de 20% de la PIB est ainsi redistribuée par la volonté fédérale, contre moins de 0,5% en zone €. C’est ce qui fait des États-unis une vraie nation et une zone monétaire optimale, et non une simple association d’états et une zone monétaire instable
comme l’est l’UE.

Il est d’ailleurs instructif de comprendre comment les États-Unis d'Amérique sont devenus une zone monétaire optimale, une fois l’union politique réalisée (et non l'inverse), et le demeureront pour longtemps encore.


Le dollar actuel est né le 23 décembre 1913, date de la création de la FED – Federal Reserve Bank – une banque privée issue de la fusion de 12 banques régionales, dont la banque de John Pierpont Morgan et celle de David Rockefeller. la FED est d’ailleurs toujours une banque privée qui assure les trois missions publiques d’émetteur de monnaie, de prêteur en dernier ressort et d’unique bailleur de fonds au trésor US.
Avant le 23 déc. 1913, il n’y avait pas un, mais de multiples dollars en circulation sur le territoire américain. Chaque banque privée, l’une dans le Wyoming, l’autre dans le Tennessee, etc… émettait sa propre monnaie qui circulait dans tout le territoire de l’Union. Il y avait le dollar émis par la banque Wells Fargo chargée de financer les chemins de fer, celui émis par la banque chargé de financer le pétrole de David Rockefeller, etc…

Il s’en suivait de nombreuses paniques financières, lorsqu’une banque locale faisait de mauvaises affaires. Parfois ces paniques étaient considérables, telle celle de 1907, aussi connue sous le nom de « panique des banquiers » qui naquit d’une manipulation de cours à Wall Street et survenait aussi après le gigantesque incendie de Los Angeles en 1905 qui avait ruiné d’innombrables banques locales et leurs épargnants avec.
Or jusqu’en 1913, au nom de la loi antitrust, le congrès US avait refusé la création d’une banque fédérale, régulateur et prêteur en dernier ressort. Et l’ensemble de l’establishment financier, comme les dirigeants de la Buba actuellement, s’opposait à cette idée. Ce qui fait que lorsqu’une panique financière survenait aux États unis d'Amérique, de nombreux porteurs d’avoirs plaçaient leur liquidités… à Paris, en achetant du franc or. A cette époque, Paris était vraiment la capitale financière du monde à égalité avec Londres.


En 1913, la situation était devenue intenable sur le plan de la régulation financière, la mauvaise monnaie en dollar chassait la bonne monnaie en sterling et en franc-or. Mais le pouvoir exécutif , mené par le grand Woodrow Wilson, 28ème président des États-Unis d\'Amérique, était devenu assez fort, surtout après les succès de la guerre hispano-américaine de 1897 qui avait permis à la puissance US de s’étendre au Pacifique, pour passer outre la volonté du Congrès et donner suite au projet de JP Morgan et David Rockefeller de créer un banque centrale, prêteur en dernier ressort (ce qui n’est pas le cas de la BCE actuelle), financeur exclusif de l’état fédéral (ce qui est interdit à la BCE) et institut d’émission unique en dollars (ce qui n’est vrai qu’à moitié pour la BCE).

La mise en parallèle du système américain du dollar autour du couple FED-Trésor US et du système de l’€ autour du multipole BCE-Banques centrales d’état et trésors publics des 17 états illustre bien le chemin qui reste à parcourir aux Européens, si les marchés leur en donnent le temps –ce que je ne crois pas- pour parvenir à un vrai système global et efficace de l’€, qui présuppose une union fédérale et un trésor unique européen.


D’où
ma position personnelle : J’estime à 60% la probabilité d’une disparition de la monnaie unique dans un délai de 3 ans.


4. Fin de parcours dans trois ans pour l’€ ?

Deux scénarios de déconstruction paraissent possibles.

- la déconstruction lente, à froid :
Ce scénario exigerait de la part des élites politiques qu’elles reconnaissent leurs erreurs dans la construction de l’€ et de l’UE et qu’elles en acceptent d'en payer le prix politique et partisan.
Ce scénario est improbable, à preuve les efforts qui sont faits –en vain- pour maintenir la fiction de la Grèce comme membre du système, alors qu’à l’évidence l’€ a fui la Grèce, comme il a fui le Portugal et comme il a fui l’Espagne, faisant de ces 3 pays des spectres de l’€.
Nonobstant, on peut compter sur le faux discours des élites, relayé par des médias serviles, pour maintenir cette fiction aussi longtemps que cela servira les élites en place.

- La déconstruction à chaud.

C’est le scénario qui est le plus probable.
Cela se produira vraisemblablement le temps d’un week-end prolongé, après une réunion extraordinaire des ministres des finances et des chefs d’état et de gouvernement.

Scénario (à peine romancé) de la déconstruction à chaud.
En voici les étapes.

1. La GB a dénoncé depuis quelques temps le traité de Lisbonne. Elle a quitté l’UE et la BCE, suivie de la Suède et du Danemark

2. Le MES (mécanisme européen de solidarité) est insuffisant pour recapitaliser les banques mutualistes d’Espagne. Ce n’est pas 60 milliards qu’il faut, mais 250 milliards, car l’épargne espagnole a totalement déserté le front.

3. Sous le coup des attaques des marchés, la dette espagnole s’effondre, suivie de la dette italienne. Les taux atteignent 7% en Italie et 10% en Espagne.

4. La dette française est attaquée à son tour. Les taux se tendent vers 3 ou 4%, alors que les taux allemands passent sous 1%. le spread France Allemagne atteint 400 points de base.

5. Dans l’urgence, un samedi après la fermeture des marchés; se réunissent à Francfort les dirigeants des 17 pays de l’UE ; en réalité 16+1.
Les seize tiennent le même discours plus ou moins virulent ou policé : Il faut mettre immédiatement 2.000 Mds€ au pot et l’Allemagne, qui a ramassé tout son or et qui croule sous les excédents, doit payer, car elle regorge de liquidités. Solidarité européenne et solidarité en zone € l’exige

6. L’Allemagne refuse bien entendu, car payer 2.000 milliards d’€ cela voudrait dire la ruine totale de ses épargnants, un retour à la situation de 1929.
Et le chancelier allemand de marteler : il appartient aux pays du Club Med de faire l’effort nécessaire pour s’en sortir seuls. Et pour faire bonne mesure, le chancelier allemand déclare sortir unilatéralement par le haut et à l’instant du système de l’€ et accessoirement de l’Union européenne, préférant en payer le prix politique extérieur (la mise à l’index) que le prix politique intérieur (la révolte des épargnants).

7. Les Pays bas, l’Autriche et la Finlande suivront aussitôt le grand frère allemand.
La Belgique éclatera en deux : la Flandre se raccrochera aux pays du nord. Pour Bruxelles et la Wallonie, on ne sait pas.
Ces 4 pays et demi formeront une zone euro nord et engageront les pays du sud à se regrouper autour de la France pour former une zone € sud.

8. Dans la semaine suivant la décision de retrait de l’Allemagne, la BCE est mise en liquidation et les gvts décident la fermeture des guichets des banques commerciales. Le fonctionnement bancaire est provisoirement gelé.

9. Dans un dernier effort de grandeur, la France tentera bien de se joindre à la zone € nord mais les attaques redoublées des marchés sur sa dette l’en dissuaderont.

10. Une semaine plus tard, une réunion des 12 autres pays de la zone €, ceux du club med comme disent les Germains, se tiendra à Paris à l’initiative du gvt français pour essayer de voir si une réponse solidaire serait possible autour de la France. Espagnols et Italiens refuseront : n’ayant pas accepté la tutelle allemande, ils n’accepteront certainement pas la tutelle française.
Il devient alors clair qu’il n’existe qu’une solution : le retour aux anciennes monnaies.

11. Le lundi suivant à l’ouverture des marchés, le gvt français annonce le rétablissement du franc à la parité 1 nouveau-nouveau franc = 1 €.
Idem pour les gvts italiens et espagnols.

Le système de l’€, la zone € et l’UE ont définitivement éclaté ce jour-là. La BCE rembourse ses avoirs en or aux banques ex-participantes, les billets en € sont rappelés et les anciennes banques centrales procèdent au remplacement des coupures, opération préparée de longue date par le maintien en fonction des anciennes imprimeries de billets, dont celle de Chamalières qui a conservé les anciennes matrices des pascals (500 francs).
Le DM est immédiatement réévalué de 20% ainsi que ses monnaies satellites ; la lire est dévaluée par les marchés de 20%, la peseta de 50%.

Quant au franc français, le gouvernement s’interroge sur la meilleure stratégie et sur sa nouvelle vie après l’€


5. La nouvelle vie après l’€.

Une fois acté le retour à la monnaie nationale comme seule manière de résoudre ce qui apparaît enfin dans sa vraie vérité, à savoir une crise de la monnaie et non une crise de la dette, le gvt français a en effet le choix entre trois stratégies aux effets assez différents.

1ère stratégie : le défaut
Scénario adopté par l’Argentine il y a 12 ans
Le gvt fait défaut sur sa dette (ce serait une première depuis 1797). Il déclare l’inconvertibilité du franc et crée deux monnaies : un franc financier pour les opérations extérieures et une monnaie intérieure inconvertible, avec instauration du contrôle des changes. On ne peut plus sortir de capitaux. Les importations s’effondrent ; les exportations aussi. L’activité se réduit considérablement. Le chômage explose.
Je pense que nos gouvernants du moment sauront pour le moins éviter de mener le pays dans cette impasse de la honte.

2ème stratégie : la planche à billets
Le gvt revient purement et simplement au franc convertible d’avant l’€. Pour financer son budget, le gvt produit de la dette qui est achetée, monétisée par la BdF redevenue prêteur de l’état.
La planche à billets fonctionne en grand, mais cela permet qu gvt de trouver les fonds nécessaires à la distribution de revenus et aux transferts sociaux. La masse monétaire en francs explose. Les anciens porteurs de dettes sur le gvt vendent la dette ; les taux d’intérêts augmentent jusqu’à atteindre 5 à 6% sur le 10 ans. L’accès à l’immobilier devient impossible, surtout pour les jeunes ménages. Le franc est attaqué et est dévalué par paliers successifs jusqu’à perdre 20% de sa valeur. On retrouve les situations bien connues d’après la Libération avec une course entre l’inflation et les prix. Les perdants, ce sont les épargnants et le pays qui perd toute crédibilité financière. Les vainqueurs : ce sont les heureux propriétaires de biens immeubles, d’œuvres d’art,
de portefeuilles d’actions d’entreprises étrangères.

Le chômage est stabilisé, mais pas réduit, car l’outil industriel demeure défaillant.

variante : le gvt revient au franc convertible, mais pour éviter de tomber dans la spirale inflation, dévaluation, course des salaires et des prix, il engage une politique de réduction des dépenses publiques avec comme objectif le retour à l’équilibre du solde primaire du budget, c’est-à-dire environ 50 millairds de francs NN d’économies budgétaires par an. Les salaires des fonctionnaires sont bloqués, les départs à la retraites sont repoussés à 65 ans, les collectivités locales sont mises au pain sec et à l’eau.
En 3 ans, le gvt au prix de mouvements sociaux durs et récurrents parvient néanmoins à stabiliser la situation économique et celle de l’emploi, mais tout est à reconstruire.

3ème stratégie : le retour à l’étalon -or :
Fort de ses réserves d’or stockées dans les caves de la BdF (2.400 tonnes) et des 100 millions d’onces de métal précieux (3.000 autres tonnes) détenues par les ménages, le gvt déclare le retour partiel ou total à l’étalon-or. La contrepartie de la monnaie n’est plus la dette de l’état, mais du métal précieux.
Le retour de l’étalon-or procure deux effets :
- il revalorise considérablement l’épargne des ménages et rassure la population.
- il donne au franc redevenu l’égal de l’or un statut de monnaie de refuge (comme le franc suisse), ce qui exerce un attrait considérable sur les capitaux flottants à la recherche de placements sûrs
La demande en franc-or est considérable, ce qui permet au gvt de proposer aux détenteurs de la dette souveraine de les rembourser moyennant un taux d’intérêt réduit, puisqu’il n’y a plus de risque sur le capital qui est emboursé en étalon-or
Certes, le retour à l’étalon-or propulse la monnaie vers le haut. On ne peut plus dévaluer librement. Mais n’est-ce pas le cas dès aujourd’hui avec l’€ ? L’économie productive souffre mais continue d’être financée. Le chômage augmente un peu puis se rétracte. Le pouvoir d’achat de l’épargne s’accroît considérablement ; en revanche le pouvoir d’achat des salaires stagne.
Mais les gains sur le service et la charge de la dette sont considérables et vont permettre rapidement des économies budgétaires qui se traduisent par un allègement des charges sociales et des impôts. La monétisation des avoirs en or métal détenus par les résidents (100 millions d’onces) permet de surcroît un gain budgétaire d’environ 15 milliards d’anciens €, soit autant en « nouveaux nouveaux francs ».


Après un passage difficile, l’économie française, fondée sur l’étalon-or, redémarre, lentement d’abord, puis en accélérant. L’épargne, protégée de la dévaluation, s’investit plus facilement en France et dans les entreprises, les salariés, au lieu d’épargner consomment la totalité de leur salaire, ce qui stimule l’économie et les services. Le flux de capitaux qui s’investit en France devient positif, et la position extérieure de la France, de négative actuellement (-500 milliards d’€) redevient légèrement positive. La partie est gagnée.

C’est l’Aurore (Giraudoux, Electre)


François Barberis
Montpellier 20 novembre 2012


Dernière édition par François Barberis le Mar 20 Nov 2012, 9:11 am, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: l’€ : fin de parcours dans 3 ans ?   l’€ :  fin de parcours dans 3 ans ? EmptyLun 19 Nov 2012, 11:51 pm

Merci à François Barberis pour cette étude approfondie et très documentée des perspectives de disparition de l'euro dans les trois années à venir. Je n'ai qu'une connaissance superficielle de la question, et, au vu de cet article, cette probabilité me paraît assez forte. L'euro ne pourra pas être maintenu encore longtemps en vie avec les perfusions répétées et les soins intensifs actuels. Il est, au départ, atteint d'une tare congénitale : il est à ma connaissance la seule monnaie à avoir pour socle, non pas un territoire économique homogène (dollar, yen, livre sterling, franc suisse etc...), mais un conglomérat hétérogène d'espaces économiques et financiers très différents les uns des autres (système fiscaux, salaires, système politique, culture, etc...). L'euphorie générale qui a régné lors de sa création a occulté ce vice d'origine. En cas de sortie pour la France, un retour à l'étalon or donnerait finalement raison à de Gaulle qui l'avait prôné en avance sur son temps. Reste à savoir comment un Franc gagé sur l'or pourrait trouver sa place dans le système monétaire international tel qu'il fonctionne actuellement.
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François Barberis
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MessageSujet: Re: l’€ : fin de parcours dans 3 ans ?   l’€ :  fin de parcours dans 3 ans ? EmptyMer 21 Nov 2012, 11:31 am

En fait, on se rend compte que, malgré l'abandon de l'étalon or en 1931 par la plupart des banques centrales, l'or est toujours demeuré un moyen de monétiser et de garantir les dettes d'état.
L’explosion de la dette actuelle vient du fait que depuis 1971 (accords de la Jamaïque), l'or a été totalement évacué de la création de la monnaie fiduciaire.
Or la monnaie fiduciaire a une contrepartie : la dette d'état.
A l'inverse, l'or n'est la contrepartie de rien. C'est ce qui fait à la fois son avantage et son inconvénient.
Avantage : il limite donc la production de dette. Si nous étions restés à l'étalon or (Gold Standard) ou à un dollar "as good as gold" (Gold Exchange Standard), la production de dette d'état aurait été limitée et nous n'aurions pas tous ces problèmes. Nous en aurions d'autres certainement, mais moins difficiles à résoudre.

Peut-on revenir à l’étalon or ? En effet, les statuts du FMI (pour l'instant) exigent pour chaque pays adhérent le renoncement à l'étalon or. C'était une exigence de la puissance dominante de l'époque. Les États-Unis d'Amérique.
Mais tout change. Le FMI d'aujourd'hui n'est plus celui d 'avant.
L'intérêt de la Chine est à l'évidence de revenir à l'étalon or. Ainsi sa monnaie ne courrait aucun risque de devenir monnaie de réserve (ce qui est la hantise des autorités chinoises, car si le Yuan-Rimbibi devenait monnaie de réserve, cela voudrait dire la fin du contrôle du PC sur les banques et sur la population chinoise, car une monnaie ne peut devenir instrument financier international que si il y a émission de dette dans la dite monnaie, ce que refusent les dirigeants chinois).

Tout ceci pour dire que subrepticement l'or et l'étalon or refont surface. La Chine a intérêt au retour à l'étalon or. En France aussi, car c'est le meilleur moyen d'imposer les réformes de structure. En Grande Bretagne, le retour à l'étalon or permettrait de limiter la production de dette d'état, et donc de sortir du modèle d'une économie entièrement financiarisée pour revenir un tant soit peu à une économie industrielme. C'est la monnaie fiduciaire qui a tué l'industrie britannique, l'establishment et aristocratie britannique voyant dans ce modèle purement financier le moyen de réduire le poids de la classe ouvrière qui fut une si grande difficulté à maîtriser du temps de M. Thatcher. Les autorités de France, et autres pays, un jour ou l'autre, y arriveront.

Si l'€ explose sous les coups de la GB voulant poursuivre sur la voie de la financiarisation de sa société, ou sous les coups des marchés, l'étalon or aurait toute ses chances en France. Il serait bien vu par les épargnants et donnerait aux pouvoirs publics la bonne raison politique pour cesser la production de dette, donc les moyens politiques pour imposer l'équilibre des finances publiques. je pense que les réformes structurelles dont la France a besoin seraient plus facile à mener en système de l'étalon or qu'en système de production de monnaie fiduciaire par la planche à billets.

Actuellement en France, aucun parti n'a le retour à l'étalon or à son programme. Mais à mon sens, ça ne saurait tarder. Car dire que l'on veut sortir de l'€, ce n'est pas suffisant. Il faut définir l'après €, et il n'y a que 3 scénarios. Le défaut ? la planche à billets, suivie ou non d'une sévère politique d'austérité ? le retour à l'étalon or ?
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MessageSujet: Re: l’€ : fin de parcours dans 3 ans ?   l’€ :  fin de parcours dans 3 ans ? EmptyMer 21 Nov 2012, 11:17 pm

Le défaut serait la solution de facilité, mais un pays comme la France ne peut se le permettre au risque de ruiner sa crédibilité au plan international. La planche à billets avec une austérité supportable dans un premier temps, puis le retour à l'étalon or dans un second temps après une prise de conscience en ce sens d'un partie suffisante de la classe politique seraient-ils finalement un moindre mal par rapport à la spirale actuelle d'étranglement progressif ? Le récent refus de l'Allemagne de payer à nouveau pour la Grèce ne va-t-elle pas pousser celle-ci à un défaut de remboursement plus important sinon quasi total et à quitter la zone euro, avec un risque d'effet domino (Espagne, Portugal pour commencer) ?
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MessageSujet: Re: l’€ : fin de parcours dans 3 ans ?   l’€ :  fin de parcours dans 3 ans ? EmptyJeu 22 Nov 2012, 6:32 am

La dernière fois que la France a fait défaut sur sa dette c'était en 1797. C'était à la suite Valmy (les soldats de l'An II) : toute l'Europe conservatrice et de l'Ancien régime était liguée contre la Nation et toutes les ressources de l'état avaient été mobilisées pour faire face à cette situation.
Depuis 1797, la France a toujours honoré sa signature, y compris après les deux guerres mondiales.

le défaut, c'est le contrôle des changes, une activité économique qui s'effondre de 30%, le chômage à 25%, et vraisemblablement les "colonels" au pouvoir.

La planche à billets, c'est-à-dire l'émission de dette d'état absorbée par la Banque de France redevenue banque de l'état et prêteur exclusif du gouvernement, c'est certes la possibilité de distribuer via les canaux traditionnels de l'état (la dépense publique) du pouvoir d'achat nominal. Ne doutons pas un instant que la tentation sera forte compte compte tenu des pressions de la rue. Mais ce sera immédiatement l'augmentation de la dette d'état qui déclenche à son tour un accroissement de la part épargnée du revenu (effet ricardien), et donc une diminution d'autant de la part consommée de ce revenu; c'est aussi, via l'accroissement de la masse monétaire, l'inflation par les prix (12 à 13%) qui ajoute à l'épargne de précaution, mais qui surtout fait exploser les taux de emprunts et en particulier les emprunts immobiliers. C'est la spirale inflationniste classique qui s'enclenche et dont il est très difficile de sortir, et comme les marchés extérieurs sont en contraction, c'est inflation + stagflation; c'est-à-dire perte du pouvoir d'achat et de l'épargne et et des rentes (de retraite en particulier) + chômage et gel des salaires nominaux. Une situation quasiment pré-révolutionanire. Mais une révolution conservatrice cette fois.

Est-il possible d'envisager une politique de restriction de la dépense publique dans ce scénario de la planche à billets ? C'est assez contradictoire. La planche à billets sert à financer précisément à s'affranchir de l'obligation de devoir restreindre la dépense publique et à distribuer du pouvoir d'achat nominal (de la valeur, à défaut de la richesse), c'est à dire du pouvoir d'achat immédiatement repris par l'inflation, de manière à éviter une politique restrictive dont on suppose qu'elle sera rejetée par l'opinion.

Je pense que pour conduire la nécessaire réforme de l'état, il faut que le gvt s'appuie sur la sauvegarde de l'épargne stockée et la contrainte imposée par l'étalon or lui donnerait un argument de poids. Car dans le système de l'étalon or, il devient impossible de créer de la dette si l'on ne dispose pas, peu ou prou, de l'équivalent en encaisse. L'étalon or impose de fait d'arriver à l’équilibre budgétaire. D'abord l'équilibre du solde primaire qui stabilise la dette en pourcentage du PIB, puis l'équilibre général qui fait décroître la dette et qui permet d retrouver des marges de manœuvre; et pour cela il faut conduire les réformes de structure; c'est à dire réduire la dépense publique.
En outre, l'étalon or va aider le gvt à faire passer le message suivant : l'épargne étant sauvegardée, les taux étant faibles, l'accès au logement le logement social étant facilité grâce à ces taux faibles, en contrepartie, il faut accepter les réformes structurelles et la diminution de la dépense publique pour rétablir, dans un premier temps le solde primaire, puis assez rapidement et assez facilement, le solde général du budget ainsi que je viens de le décrire. La variable d'ajustement dans ce cas sera l'âge de départ à la retraite et non plus l'emploi. Repoussé à 65 ans, il permet une économie suffisante pour rétablir le solde primaire du budget. Or partir à la retraite à 65 ans, lorsque le pouvoir d'achat de l'épargne et des pensions de retraite est stabilisé, voire accru grâce à sa relation avec l'étalon or, cela devrait être accepté sans difficulté par la majeure partie des épargnants et des ayants droits à la retraite. Quant aux jeunes couples, l'accès plus facile au logement social les y conduira de même.

Mais il est vrai que l'air du temps n'est pas à l'étalon or.
Mais il est vrai aussi que les retours du réel sont souvent brutaux et que, de même que l'idée de la fin de l'€ s'est imposée en moins de deux ans, on peut penser que la nécessité du retour à l'étalon or s'imposera tout aussi rapidement. Toutes les banques centrales rapatrient et augmentent actuellement leur stock d'or. Bâle III a permis de le comptabiliser à 100% de sa valeur dans les bilans des banques, contre 50% précédemment.

En tout cas une chose est sûre : il vaut mieux ne pas détenir de trop fortes liquidités en monnaie fiduciaire ou scripturales en € en ce moment, car le réveil risque d'être brutal.
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MessageSujet: Re: l’€ : fin de parcours dans 3 ans ?   l’€ :  fin de parcours dans 3 ans ? EmptySam 24 Nov 2012, 2:21 pm

En revenir à l'étalon-or ? Certes mais qui en profiterait le plus ? Ceux qui possèdent les plus grandes réserves d'or... Or qui sont-ils ?



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MessageSujet: Re: l’€ : fin de parcours dans 3 ans ?   l’€ :  fin de parcours dans 3 ans ? EmptySam 24 Nov 2012, 4:59 pm

Les derniers événement, tous survenus depuis la première publication de mon texte initial, me confortent dans mon analyse d'une marche irrépressible de l'Union Européenne vers une situation de crise à chaud :

- au premier chef, l'Allemagne qui se désolidarise peu à peu de la position française pour rejoindre la position britannique du refus de payer davantage; premier pas vers un refus plus vaste de contribuer au financement de l'UE; et la France qui a déjà admis une diminution des retours de la PAC, ce qui veut dire que, face aux agriculteurs et à son opinion publique, le gvt français va être amené soit à dénoncer l'UE, soit à combattre ses agriculteurs, soit plus probablement les deux.

- les pays suiveurs de l'Allemagne, comme la Finlande et les Pays bas, qui eux aussi agissent pour revenir à un budget de l'UE qui soit inférieur au précédent niveau (environ 120 milliards d'€ par an), ce qui est presque rien, lorsqu'on sait que la moitié de ce budget sert uniquement à payer le corps des fonctionnaires internationaux (55.000 membres) et que seule l'autre moitié est consacrée aux opérations de croissance et de solidarité entre les 27.

- L'Espagne qui est vent debout contre toute idée de diminution des aides, car elle en a un besoin vital. Obtenir le maintien des aides de l'UE est, pour le gvt espagnol, le seul espoir de pouvoir survivre face à son opinion publique qui dans sa grande majorité a déjà rejeté l'UE et le système de l'€.

- la Grande Bretagne qui va de raidissement en raidissement, et qui ne désespère pas parvenir à un budget de moins de 100 milliards par an pour l'UE à 27, tout en maintenant son "chèque". Le véto britannique sur le budget n'est plus très loin.

- la France qui vient de perdre son triple A et dont les coûts de refinancement ont immédiatement bondi de 10 points de base, faisant remonter du coup toute l’échelle des taux de refinancement appliqués aux autres pays de l'Union (+ 10 points de base pour l’Allemagne, la Belgique, les PB, etc...); ce qui est le premier pas des marchés vers une appréciation moins généreuse de la solvabilité de la France et de la vraie valeur de sa dette.

- le FMI qui déclare que le plan de sauvetage pour la Grèce n'est pas crédible et qu'il ne l'avalisera pas; ce qui veut dire que l'UE ne pourra pas intervenir dans le plan de sauvetage de la Grèce, d'autant plus qu'elle sera en situation de réduction budgétaire.

- au plan régional, le V-président de Catalogne qui déclare que "l'Espagne considère la Catalogne comme une colonie". Rien que ça ! Ça en dit long sur le délitement du lien politique entre l'Espagne et sa principale province, lien plus détérioré semble-t-il que celui qui permet encore à la Belgique de se maintenir en vie. Alors, Flandre - Catalogne, même combat ?


Qu'on s'en satisfasse ou qu'on le redoute, tout semble donc se mettre peu à peu en place pour qu'une situation de crise et de blocage intervienne dans les 2 ou 3 mois, crise qu'il ne sera possible de résoudre qu'à chaud, puisque à entendre les discours, "tout va très bien madame la Marquise" : or on sait que ces discours sont précisément, pour ceux qui savent les décrypter, l'annonce que plus rien ne va.

Ce scénario de crise à chaud dont je donnais une description à peine romancée dans mon premier article de fond ci-dessus, je le maintiens donc de plus fort.
Sera-ce en janvier, en février ou à la fin de 2013, je n'en sais rien.
Ce que je constate en revanche, c'est que tous les indices conduisent à ce scénario de rupture à chaud du système de l'€; et que tous ces indices vont finir par composer une vraie stratégie, voulue par toutes les classes et élites politiques, de résolution à chaud et de sortie du système de l'€.

Bien sûr, il ne s'agit en rien d'une prophétie, mais d'un pronostic. Comme on dit, l'avenir n'est écrit nulle part. Mais je vois mal ce qui pourrait arrêter la machine UE et son wagon € allant droit vers le mur.
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