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 Le "littérature belge" est un mensonge belgicain

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AuteurMessage
wuenenburger
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Le "littérature belge" est un mensonge belgicain Empty
MessageSujet: Le "littérature belge" est un mensonge belgicain   Le "littérature belge" est un mensonge belgicain EmptyDim 28 Mai 2006, 2:03 am

À la lumière de sa théorie des champs, le sociologue Bourdieu s'est posé la question de savoir s'il pouvait exister une "littérature belge" (Existe-t-il une littérature belge ? Limites d'un champ et frontières politiques, dans Études de lettres, Lausanne, t. 3, 1985, pp. 3-6. - BOURDIEU, Les règles de l'art, 2de éd., Paris, Seuil, 1998).

Pour se lancer, un écrivain de nos régions dites "belges" cherche d'abord la réussite dans le champ littéraire français : le Liégeois Albert Mockel n'a-t-il pas été le meilleur théoricien du Symbolisme français, lui dont la revue La Wallonie, fondée à Paris et y florissant, avait comme directeur le célèbre poète français Henri de Régnier ?

Mais si ces auteurs dits "belges" ne trouvent pas la réussite littéraire dans le champ litteraire français, ils optent pour l'étiquette "littérature belge", afin de mieux se vendre.
Mais Bourdieu précise que les écrivains français de province en font autant !

Abordant le problème des instances de consécration qui leur seraient spécifiques, il faut bien reconnaître qu'elles n'existent pas : un Ghelderode a dû attendre la création d'une de ses pièces à Paris pour être reconnu en Belgique comme auteur. Les écrivains "belges" et le public cultivé de ce pays ne croient donc pas en leurs "instances nationales" et semblent n'avoir aucune confiance en la valeur de leurs jugements : "l'âme belge" n'existe pas, contrairement à ce que croyait la revue belge "L'Art moderne" d'Edmond Picard, ce n'était donc qu'un voeu pieux, une simple vue de l'esprit !

Une fois reconnus par les seules instances valables à leurs yeux (et à ceux de la critique et du public), les écrivains francophones de Belgique, qu'ils soient Wallons ou Bruxellois, n'ont aucune raison de voir se créer un champ littéraire "belge", à base "nationale" ou locale (provinciale ou régionaliste).

Mais il n'en va pas de même des autres écrivains, ceux qui ne connaissent pas la réussite dans le champ littéraire français : c'est ceux-là qui revendiquent l'existence d'un champ littéraire "belge". Il faut bien trouver un « créneau » sur le marché du livre et justifier que l'on paye des spécialistes universitaires en la matière.

Bourdieu trouve que les Wallons sont dominés (ils seraient de pâles imitateurs provinciaux, voire même des « barbares ») dans le champ littéraire français, par rapport aux écrivains "parisiens", les dominants : mais il ne met pas encore ici assez l'accent sur le fait que c'est aussi le cas des écrivains provinciaux français !

Le sociologue remarque que les "écrivains belges" les plus connus sont à peu près tous des Flamands (francophones, évidemment) : l'État belge n'est-il pas connu en Wallonie sous le sobriquet d'État belgo-flamand ? La Belgique existe bel et bien, mais son image, aux yeux des étrangers, est flamande. Il suffit de lire "La Belgique déshabillée", publication posthume de Charles Baudelaire, pour comprendre qu'aux yeux des Français du XIXe siècle la Belgique n'aurait jamais dû exister. Petite vengeance des Français : puisque l'existence de la Belgique est devenue un fait accompli, ils se moquent (en nous collant sur le front cette étiquette dévalorisante due à l'accent bruxellois [flamand dialectal] et à l'influence allemande sur les prononciations patoisantes de Wallonie) de cette création de 1830, actuellement obligée de se transformer pour ne pas disparaître, la justification d' "État-tampon" (entre France, Angleterre et Allemagne) étant devenue inutile dans l'Europe en construction.

Quant aux écrivains "belges" francophones les plus connus, qui sont presque tous des Flamands d'origine, ils sont parfaitement soumis au champ littéraire français. Une représentation, qui va jusqu'au stéréotype (peinture flamande, kermesses, orgies...) sert à construire une image littéraire de "l'âme flamande", ce combiné de mysticisme et de sensualité : le poète Emile Verhaeren, par exemple, constitue son "tempérament littéraire", sa différence par rapport au champ littéraire français et à ses repères (Hugo "le Phare", Baudelaire "le voyant"...), qu'il base sur un prétendu "tempérament régional". Cet effet de champ est encore plus perceptible chez le grand lecteur de Rabelais, écrivain pseudo-régionaliste, que fut le célèbre (longtemps après sa mort) Charles de Coster, lui qui, dans son Thyl Ulenspiegel, s'exprime dans un faux vieux français rempli de substantifs et d'adjectifs sentant le faux flamand, couleur d'époque des guerres de religion du XVIe siècle : c'était le temps où les romanciers du réel favorisaient dans leurs oeuvres l'emploi de cette forme de réalisme exotique que l'on prêtait aux gens de province, et ce n'est nullement typique de la « littérature belge » !

En conclusion, on peut dire avec Bourdieu qu'il n'existe pas de "champ littéraire belge", puisque les écrivains concernés sont soumis aux lois du champ littéraire français, tout autant que les écrivains français provinciaux !

Le marché protégé du livre belge, constitué par des instances nationales belges (académies, universités, revues, théâtre, journaux...) suspend en partie la concurrence dont le champ littéraire français est le lieu.

Mais, avec Bourdieu, on doit quand même se demander "s'il n'en résulte pas un décalage structural entre les hiérarchies dans le champ littéraire français et les hiérarchies au sein des institutions nationales [belges], vouées à être dominées par des agents qui sont ou sont perçus comme le produit d'une sélection négative, et si ce décalage, à travers les effets qu'il produit (comme la défiance dont font l'objet les instances de consécration nationale), n'est pas de nature à reproduire la relation de dépendance symbolique dont il est le produit."

Enfin, cette analyse faite concernant la "littérature belge" serait valable, selon Bourdieu, pour les deux autres littératures francophones que sont celle de Suisse et celle du Québec (Canada français). Avec pourtant ce correctif : il y aurait dans ces cas-là, selon Bourdieu, "absence de tradition prédisposée à être constituée en tempérament littéraire [ce qu'on vient de voir dans le cas des Flamands francophones écrivant en Belgique] par rapport à l'Allemagne [cas de la Suisse] et aux Etats-Unis d'Amérique [cas du Québec]".

Tant que la Belgique existera, on pourra parler, avec l'écrivain belge Pierre Mertens, de belgitude, comme on parle de féminitude ou de négritude.

En rapport avec cela, on peut me rappeller tres justement que les écrivains wallons sont dominés, non par les écrivains "parisiens", mais par le belgicanisme, cette puante idéologie "qui pèse comme une chape de plomb sur la création littéraire française de Wallonie". Des tas de jeunes écrivains wallons et bruxellois se complaisent dans une mélancolie belgitudinesque. Et ce n'est pas la thèse cynique de Sojcher (La Belgique malgre tout) qui y changera quelque chose.

"La belgitude est génératrice de frustrations", comme nous le rappelle Vincent. Le "Belge d'expression française" n'aime pas les grandes nations parce qu'il vit sur une terre "de déshistoire" (Quaghebeur, Balises) qui n'est qu'un résidu de l'Histoire, consequence de la défaite de Napoléon à Waterloo.

Avec Vincent, proclamons bien haut qu'il faut en finir avec le mythe de l'"exotisme belge", de ce qui serait typiquement "belge" !

Comme Vincent a le courage de le dire, "les écrivains qui ont revendiqué leur francité, comme PLISNIER, Marcel THIRY, Conrad DETREZ, Charles BERTIN et quelques autres ne s'en sont pas plus mal portés, au contraire. Ils ont diffusé une pensée qui est française, dont l'origine est la FRANCE du nord-nord-est, c'est-à-dire la WALLONIE."
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