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 Le néo paganisme nazi

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MessageSujet: Le néo paganisme nazi   Le néo paganisme nazi EmptyVen 19 Jan 2007, 11:06 am

Source : http://users.skynet.be/pierre.bachy/swastika.htm

Citation :
La lutte entre la croix et la swastika

Les nazis avaient programmé la suppression des Eglises chrétiennes, en vue de leur substituer un culte racial, affirme l´historienne Julie Selzer Mandel, qui a consulté des documents des services secrets des Etats-Unis. Le"Corriere della Sera" du 4 mars 2002 donne un aperçu de cette recherche, mettant en lumière ce qu´on appelle "la lutte entre la croix et la swastika".
Le livre de Julie Selzer Mandel est le premier volume d´une série, et il s´intitule: "Persécution des Eglises chrétiennes". Rappelons que cette thèse de la volonté de supprimer les Eglises apparaît clairement dans les discours du Führer. Les plus "religieux" ne sont pas mis au courant.
Les responsables nazis voulaient extirper totalement le christianisme et le remplacer par une religion raciale adaptée à leurs objectifs. Ils croyaient pouvoir étouffer les Eglises protestante et catholique en un temps relativement bref. Ils avaient établi un plan avant même d´avoir pris le pouvoir.
Le plan est né des rencontres entre les chefs nazis auxquels Hitler faisait le plus confiance: Goering, Goebbels, Rosenberg, Hess, Schemm, Von Schirach. Des chefs moins anti-religieux comme Von Epp et Von Papen n´ont probablement pas été mis au courant". C´est ainsi que commencent les volumineux dossiers des services d´espionnage des Etats-Unis de la seconde guerre mondiale (OSS) en vue du procès de Nuremberg, sous la direction de William Donovan ("Wild Bill"), fondateur de l´Office of Strategic Services (OSS), mort en 1959. Il s´agit de 148 volumes conservés à la Cornell University.
Premier d´une série, Julie Selzer Mandel a publié le premier volume. La thèse du livre est que Hitler avait décidé de supprimer les Eglises et de mettre en place un néo-paganisme d´Etat exaltant la supériorité de la race aryenne.
"Sur les relations entre le nazisme et les Eglises protestante et catholique les jugements les plus opposés ont été exprimés", remarque le Corriere qui ajoute: "Donovan - considéré par les media de l´époque comme " les yeux et les oreilles du président Roosevelt " - en dessine un cadre conflictuel.
Les films de Donovan
Les dossiers de William Donovan, lui-même catholique, rassemblent de nombreux documents sur le néo-paganisme nazi, en particulier des films de rites ancestraux nocturnes en particulier pour les jeunes, à la lumière de torches, avec force symboles et formules "magiques" et allusion aux anciennes divinités de la mythologie germanique, à commencer par Wotan (Odin), honoré par les chefs nazis.
Selon le Corriere toujours, l´un des piliers de cette "persécution des Eglises" et du retour au paganisme était Baldur von Schirach, chef des jeunesses hitlériennes.
Les "Odinistes" d´aujourd´hui protestent. Les disciples de Wotan-Odin, encore présents, de l´Allemagne à l´Australie, ont protesté à la publication du livre précise le quotidien italien, défendant Hitler d´avoir déterré les vieilles idoles germaniques. "Odin est mort" aurait déclaré Rosenberg. Et Von Schirach voulait rassurer les familles: on n´allait pas pousser les jeunes à dresser des autels dans les forêts. Les "odinistes" citent un passage de " Mein Kampf " critiquant le paganisme du passé. Effectivement, Hitler se moquait de ces cultes anciens. Mais ils étaient pris au sérieux par des Rosenberg ou des Himmler.

La destruction du christianisme, objectif caché

C´est de Von Schirach que part Donovan pour montrer que "la destruction du christianisme a été un élément clef du projet nazi de conquête mondiale". En 1934, le chef des jeunesses hitlériennes déclarait en effet que cette destruction "est explicitement reconnue comme un objectif de notre mouvement, même s’il ne peut pas être exprimé officiellement".
Les évêques allemands refusent les sacrements aux nazis.
Selon Donovan, Hitler voulait manipuler les Eglises dans un premier temps, comptant sur leur "caractère conservateur" pour obtenir leur soutien "pour la patrie et contre le communisme". Mais il était en même temps conscient que les Eglises "n´auraient pas approuvé le racisme, la guerre et l´asservissement à l´Etat", et se préparait à les anéantir plus tard. Donovan souligne aussi que jusqu´à 1933, les rapports étaient tendus : " En stigmatisant le nazisme comme anti-chrétien, les évêques allemands refusèrent les sacrements aux nazis et interdirent aux fidèles de les fréquenter ".
Or, en 1933, Hitler arrive au pouvoir, mais de façon "légitime", et le paysage change lorsque l´ennemi représente l´Etat.

Un concordat imposé

Rappelons que c´est Hitler qui a voulu le concordat. La responsabilité d´un refus serait retombée sur le Saint-Siège. Pendant les tractations, pour faire pression sur l´Eglise, Hitler a fait jeter en prison quatre-vingt douze prêtres catholiques, fermer neuf journaux catholiques, et perquisitionner des dizaines de cercles de jeunes proches de l´Eglise. D´autre part, un concordat n´est pas un traité d´amitié mais un document juridique pour gérer les relations entre l´Eglise et l´Etat dans une Nation et une situation donnée. Avant le concordat imposé par Hitler, les Occidentaux avait signé avec le Reich le "Pacte des Quatre nations (France, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne), le 7 juin 1933. " Histoire du Christianisme Magazine - n°9 " cite les documents du Foreign Office témoignant de l´état d´esprit du nonce Pacelli au moment au concordat. Sans illusion, il disait en substance à un diplomate britannique "Hitler ne violera peut-être pas tous les points du concordat en même temps".
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MessageSujet: Le néo paganisme nazi   Le néo paganisme nazi EmptyVen 19 Jan 2007, 11:07 am

Citation :
"Mit brennender Sorge", un tournant

Pour Donovan, le bras de fer entre les Eglises et le Reich prend une tournure décisive en 1937. La campagne, écrit-il, commença par une encyclique de Pie XI distribuée clandestinement ( " Mit brennender Sorge ", condamnant l´idéologie nazie, dont la rédaction finale est due à Pacelli, futur Pie XII ). L´encyclique, commente Donovan, dénonce les violations du concordat en avertissant que " dès le début, les intrigues d´Hitler ont visé exclusivement à une guerre d´extermination ". Donovan montre que le message a été bien reçu par Hitler: il a répondu par "une répression graduelle et sans pitié" contre les chrétiens, continue le Corriere. Le quotidien cite le cas du pasteur Martin Niemoller, arrêté et traîné en justice. Le procès l´ayant lavé de toute accusation, il fut cependant déporté par la Gestapo dans un camp de concentration dont il ne sortit qu´à la fin de la guerre. On sait qu´Hitler faisait enfermer à Dachau des milliers de prêtres catholiques dont il faisait un objet de chantage pour les évêques et le pape: des mesures de rétorsion suivaient les protestations de la hiérarchie. Des évêques et des prêtres étaient menacés et attaqués. Le quotidien italien cite cette déclaration du maire de Baden, Robert Wagner: "Que le Vatican ne se fasse pas d´illusion, sur la création de martyrs. Nous ne leur donnerons pas satisfaction. Nous aurons des criminels, pas des martyrs".

Des martyrs, pas des criminels

Un oracle que l´histoire a démenti: Jean-Paul II a béatifié et canonisé comme martyrs des victimes de la persécution nazie, en Allemagne et en Pologne, prêtres, religieuses et religieux, et laïcs de différentes conditions. Rappelons que dès septembre 1939, c´est-à-dire de l´entrée des troupes du IIIe Reich en Pologne, des prêtres catholiques ont été arrêtés et déportés selon une progression continue. Des centaines d´entre eux ont servi, à Dachau, à des expériences criminelles de la part de médecins nazis. Pour ne donner qu´un exemple, 108 martyrs polonais du nazisme ont été béatifiés par Jean-Paul II à Varsovie le 13 juin 1999.

Les protestants "pris en otage"

Donovan, explique la même source, donne la liste des étapes de "la dissolution du christianisme" à travers les lois sur la religion en Allemagne à partir de 1935, avec une sorte de "prise d´otage" des Protestants non seulement en Allemagne, mais dans les pays occupés, comme la Norvège, en les soumettant à une "administration contrôlée".
Les dossiers Donovan cite des dizaines de cas "d´intimidation de l´Eglise catholique". Le Corriere retient la dévastation du bureau de Mgr Stroll, à Rottenbourg, ou l´expulsion de l´évêque de Fribourg en Brisgau de son diocèse avec accusation de haute trahison et confiscation de toutes ses lettres pastorales adressées publiquement aux fidèles.
Avec la déclaration de guerre, la persécution devient féroce, indique Donovan: "le pasteur Dietrich Bonhoeffer est pendu pour complot contre l´Etat, et des dizaines de prêtres catholiques finissent en camps de concentration".
CITE DU VATICAN, mardi 5 mars 2002
[ Archives des Etats-Unis ]
Une repentance tardive de l'Holocauste:

Sous le titre « Nous nous souvenons. - Une réflexion sur la Shoah », le Vatican a publié, le 16 mars 1998, une déclaration d'une importance capitale. Ce texte émanait de la Commission vaticane pour les relations avec le judaïsme.
Alors même que s'achevait le procès de M. Maurice Papon, ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde sous l'Occupation, finalement condamné pour complicité de crimes contre l'humanité, le grand rabbin de France, M. Joseph Sitruk, a tenu à marquer l'importance de la déclaration du Vatican sur le génocide des juifs. Il en a souligné trois conceptions clés : « L'appel aux chrétiens pour une prise de conscience, la reconnaissance de la spécificité de la Shoah et la culture antijudaïque diffusée par l'Eglise. »
Pour leur part, les évêques de France, le 30 septembre 1997, avaient rendu publique, au mémorial de Drancy, une déclaration de « repentance » dont la teneur était beaucoup plus précise. Ils y soulignaient que, sous le régime de Vichy, « dans leur majorité, les autorités spirituelles, empêtrées dans un loyalisme et une docilité allant bien au-delà de l'obéissance traditionnelle au pouvoir établi, sont restées cantonnées dans une attitude de conformisme, de prudence et d'abstention dictée pour une part par la crainte de représailles contre les oeuvres et les mouvements de jeunesse catholiques. Elles n'ont pas pris conscience du fait que l'Eglise, alors appelée à jouer un rôle de suppléance dans un corps social disloqué, détenait en fait un pouvoir et une influence considérables et que, dans le silence des autres institutions, sa parole pouvait, par son retentissement, faire barrage à l'irréparable. On doit s'en souvenir : au temps de l'Occupation, on ignorait encore la véritable dimension du génocide hitlérien. S'il est vrai qu'on peut citer en abondance des gestes de solidarité, on doit se demander si des gestes de charité et d'entraide suffisent à honorer les exigences de la justice et le respect des droits de la personne humaine ».
Un horrible génocide

La Shoah est présentée par le pape comme un « crime », une « tache indélébile de l'histoire du siècle ». Le document du 16 mars, à son tour, parle de « cet horrible génocide » qui ne peut laisser personne indifférent et surtout pas l'Eglise, « en raison de ses liens étroits de parenté spirituelle avec le peuple juif, et de son souvenir des injustices du passé ». Mais les années passées à élaborer ce texte laissent deviner combien il a été difficile à tous les responsables de l'Eglise de s'entendre avant de réussir à lui donner une portée universelle. Car il n'a pas dû être facile de convaincre, en outre, les épiscopats d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique latine d'entrer en repentance - la teshouva des juifs - pour un événement du passé, situé au coeur de l'Europe.
Ici et là, la déclaration du 16 mars évoque d'ailleurs la difficulté pour les contemporains de l'événement de se représenter l'horreur en train de s'accomplir. Comme l'avait écrit antérieurement Saul Friedländer : « Si les nazis ne gardèrent pas le silence sur les exécutions de chefs SA ou sur d'autres opposants politiques (...), leur attitude concernant les juifs ne fut pas la même : l'impossible fut tenté pour occulter les faits. »
Aux yeux des nazis, l'extermination des juifs représentait une mission secrète et sacrée, dont Himmler pouvait dire à ses généraux en 1943 : « Elle est une page de gloire jamais écrite, et qui ne sera jamais écrite, de notre histoire. (...) Notre tâche est d'accomplir les besognes les plus dures et, en même temps, de garder pour nous-mêmes ce que nous sommes seuls aptes à comprendre »
Ayant souligné la singularité de la Shoah, l'Eglise ne cherche pas à passer sous silence d'autres persécutions désastreuses : le génocide des Arméniens, la tragédie de l'Ukraine dans les années 30, le génocide des Gitans, sans oublier de « semblables tragédies », résultats d'idées racistes, en Amérique, en Afrique, dans les Balkans, ni les morts du Cambodge, de la Chine et de l'Union soviétique. Elle ose même s'aventurer dans l'actualité la plus brûlante en parlant du « drame du Proche-Orient, dont les composantes sont bien connues ». Les ravages de l'intégrisme musulman ne sont cependant pas nommés, ni d'ailleurs les effets destructeurs d'une certaine idéologie ultrasioniste.


Dernière édition par le Ven 19 Jan 2007, 11:09 am, édité 1 fois
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MessageSujet: Le néo paganisme nazi   Le néo paganisme nazi EmptyVen 19 Jan 2007, 11:08 am

Citation :
Relations juifs - chrétiens

Mais la déclaration du Vatican concentre toute son attention sur l'histoire tumultueuse des relations entre juifs et chrétiens. Il est clair que la présentation d'une histoire, vieille de deux mille ans, de cohabitation et de confrontations entre juifs et chrétiens ne peut comporter trop de nuances. Il n'est plus question d'imputer au peuple juif la crucifixion de Jésus. Cette réparation a été faite par Jean XXIII et le concile Vatican II (1962-1965). Mais on y explique que, à la naissance du christianisme, des « désaccords ont eu lieu entre l'Eglise primitive et le peuple juif et ses responsables, qui, dans leur attachement à la Loi, se sont opposés, violemment parfois, aux prédicateurs de l'Evangile et aux premiers chrétiens ».
De fait, la situation s'est renversée au IVe siècle, quand les empereurs romains se sont convertis à la suite de Constantin (306- 337). Pourtant, il n'est fait que trop rapidement mention des émeutes contre les juifs et des attaques contre les synagogues fomentées par la suite par des responsables ecclésiaux et des moines fanatiques sur tout le pourtour du bassin méditerranéen, et spécialement à Antioche (dans l'actuelle Turquie) et dans le delta du Nil.
Il a fallu beaucoup de temps avant que les juifs se voient reconnaître, en Europe, une pleine ci toyenneté politique. A cet égard, l'oeuvre de la Révolution française a été essentielle, en opérant une déconnexion entre l'appartenance nationale et la conviction religieuse. Ce modèle mêlant citoyenneté commune et pluralisme des choix religieux a été long à franchir le Rhin, les Alpes et les Pyrénées. Il suffit pour s'en convaincre de relire le Marx de La Question juive. Comme le dit la déclaration du Vatican, non sans euphémisme, « ceux qui n'étaient pas chrétiens n'ont pas toujours joui d'un statut juridique entièrement garanti ».

Confrontation historique

Tous les commentateurs l'ont bien saisi : la déclaration vaticane utilise deux concepts clés pour parler de cette confrontation historique entre juifs et chrétiens : l'antijudaïsme et l'antisémitisme. Le premier a été présent, plus ou moins fortement, tout au long de l'histoire. Il est à distinguer d'un antisémitisme que l'Eglise, comme telle, n'a pas voulu promouvoir. Mais la persécution des juifs par les nazis n'a-t-elle pas été « facilitée » par « les préjugés enracinés dans des esprits et des coeurs chrétiens » ? Il paraît clair que la filiation de l'un à l'autre est plus forte que le texte ne semble le dire.
Le document précise cependant, à juste titre, que la montée des nationalismes dans l'Europe du XIXe siècle a été contemporaine de l'apparition de théories fumeuses sur l'inégalité des races. L'Eglise catholique a toujours lutté officiellement contre ces affirmations, en particulier avec Pie XI. Les papes les ont condamnées, au nom de l'égalité des hommes et des peuples devant Dieu, en invoquant toujours l'unité du genre humain.

Hitler au pouvoir

L'antisémitisme est devenu particulièrement mortel quand il s'est imposé comme idéologie officielle avec l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir, en 1933, et l'application, par les moyens de la violence politique, des principes de Mein Kampf, qui distinguait le peuple des « Seigneurs » et celui des « esclaves ».
Le document parle du paganisme de cet Etat nazi qui avait pris racine en dehors du christianisme, dont il n'hésita pas, finalement, à persécuter aussi les fidèles, comme ont pu le constater les déportés au camp de Dachau.
La déclaration rappelle quelques grands noms dans le monde catholique ayant élevé la voix contre cette perversion politico-religieuse. Elle évoque ainsi le courage de nombreux chrétiens anonymes. On ne peut juger, est-il dit en substance, « qu'au cas par cas ».
Mais le texte du Vatican reste finalement discret sur les responsabilités de la hiérarchie catholique et sur le « silence » du pape Pie XII (1939-1958), ce qui explique la violence de certaines réactions juives.
Il faut redire que Pie XII était sûrement l'une des personnes les mieux informées de la situation mondiale. On accuse le Vatican de garder des secrets sur son attitude, dans des archives qui ont été récemment ouvertes, mais seulement jusqu'à l'année 1922. Une commission d'historiens religieux a cependant travaillé sur le fond et affirme ne pas avoir trouvé de révélations qu'on aurait cherché à celer. On sait seulement qu'il y eut débat entre les instances romaines pour savoir si le pape devait élever la voix. Il est vrai que les archives allemandes, elles, sont ouvertes et qu'on n'y a pas trouvé trace de correspondance entre l'appareil nazi et le pape Pie XII, ce qui peut aussi bien renforcer la thèse du silence que souligner la non-compromission de Pie XII dans des marchandages avec Hitler et ses séides.

Barrer la route au " danger bolchevique "

Pie XII, juriste de formation, connaissait bien l'Allemagne (il avait été nonce en Bavière) et ne voulait pas que les catholiques allemands soient pris en otage en cas de représailles. Il est des pays d'Europe, comme la Hollande, où des proclamations fortes de l'épiscopat en faveur des juifs ont accéléré les persécutions au lieu de les freiner. En outre, nul ne doit ignorer que la préoccupation essentielle de Pie XII était d'abord de barrer la route au « danger bolchevique », qui lui paraissait plus terrible encore que la « peste brune».
Quant à la hiérarchie catholique, il est juste de dire qu'elle a commis parfois des « dérapages », comme le reconnaît le texte français du 30 septembre 1997. Un exemple au moins est resté célèbre : il concerne l'attitude du cardinal Theodore Innitzer, archevêque de Vienne. Au lendemain de l'Anschluss et de l'entrée des Allemands en Autriche (12 mars 1938), ce dernier rend visite à Hitler et, le 15 mars, il adresse quelques directives au clergé catholique et aux fidèles de l'archidiocèse de Vienne et du Burgenland : « Ceux qui ont charge d'âmes et les fidèles, est-il dit au point 1, se rangeront sans condition derrière le grand Etat allemand et le Führer, car la lutte historique contre la criminelle illusion du bolchevisme et pour la sécurité de la vie allemande, pour le travail et le pain, pour la puissance et l'honneur du Reich et pour l'unité de la nation allemande est visiblement accompagnée de la bénédiction de la Providence. »

L'Autriche

Le 27 mars suivant, une déclaration collective de l'épiscopat d'Autriche, datée du 18 mars, pour soutenir le camp du « oui » au rattachement de l'Autriche à l'Allemagne, est lue « dans toutes les Eglises du territoire autrichien » : « (...) Nous reconnaissons avec joie que le mouvement national-socialiste a fait et fait encore oeuvre éminente dans le domaine de la construction nationale et économique comme aussi dans le domaine de la politique sociale pour le Reich et la nation allemande, et notamment pour les couches les plus pauvres de la population... Au jour du plébiscite, il va sans dire que c'est pour nous un devoir national, en tant qu'Allemands, de nous déclarer pour le Reich allemand, et nous attendons également de tous les chrétiens croyants qu'ils sauront ce qu'il doivent à leur nation. »
Le 1er avril 1938, le cardinal Innitzer exprima au cardinal Bertram, président de la Conférence des évêques allemands réunie à Fulda, l'espoir que ces derniers se rallieraient à la déclaration de l'épiscopat autrichien sur le plébiscite (les Autrichiens se prononcèrent finalement à 99,73 % en faveur du rattachement...). Au bas de ce message, la signature du primat autrichien était précédée d'un « Und Heil Hitler ! », écrit de sa main, qui scandalisera.
Le 2 avril, le quotidien L'Osservatore romano, organe du Vatican, précise : « Nous sommes autorisés à communiquer [que la déclaration de l'épiscopat autrichien] a été rédigée et souscrite sans aucune entente préalable ou approbation postérieure du Saint-Siège, et sous l'unique responsabilité du même épiscopat »

Vatican II

Ces temps sont révolus depuis que l'Eglise, au concile Vatican II, a fait une déclaration que rappelle le présent document du 16 mars 1998 : « L'Eglise (...), attentive à son patrimoine commun avec les juifs et poussée par l'amour spirituel de l'Evangile et non par des considérations politiques, regrette vivement la haine, les persécutions et les manifestations d'antisémitisme dirigées contre les juifs en tout temps et de toute source. »
Le document romain du 16 mars 1998 insiste sur le fait que ce regard critique sur le passé, même s'il est imparfait, doit être tourné vers le futur, se faire memoria futuri. Selon ses propres mots, Jésus était un descendant de David ; Marie et les Apôtres appartenaient au peuple juif. Les juifs sont les « frères aînés » des chrétiens, et, selon saint Paul, ils sont « la racine d'un arbre dont les chrétiens sont les branches ».
Comment la branche pourrait-elle se couper de la racine qui la porte ? Ces relectures théologiques et scripturaires s'imposent désormais, avec retard et non sans certaines réticences, dans l'Eglise catholique. Elles sont le meilleur garant des nouvelles conduites que l'Eglise veut s'imposer dans ses relations avec le monde juif, traumatisé par le déroulement de la Shoah en terre européenne et chrétienne.
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