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| Hitler était-il socialiste ? | |
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Alexis Modérateur
Nombre de messages : 1743 Age : 36 Localisation : Bruxelles Emploi/loisirs : Etudiant Date d'inscription : 13/03/2006
| Sujet: Hitler était-il socialiste ? Lun 27 Mar 2006, 8:17 pm | |
| Le nouveau livre de l'historien allemand Götz Aly défend une thèse audacieuse : Hitler aurait « acheté » les Allemands, et la confiscation des biens juifs aurait d'abord servi à financer une véritable politique sociale. Un ouvrage qui provoquera le débat*.
Édouard Husson, Maître de conférences à l'université Paris-IV
L'historien allemand Götz Aly est connu en Allemagne, depuis une vingtaine d'années, pour avoir profondément renouvelé l'histoire du national-socialisme par des thèses provocatrices. Ainsi avait-il découvert, à la fin des années 1980, que de nombreux historiens, économistes, démographes ou sociologues qui débutaient leur carrière dans les années 1930 avaient alimenté les bureaux de Himmler en propositions de « remodelage démographique » de l'Europe orientale. En particulier, ils avaient proposé, avant même que la SS le leur demande, de déporter tous les Juifs de la région « plus à l'est » (1). Dans un ouvrage sur la Solution finale, paru en 1995, Götz Aly avait défendu la thèse selon laquelle on ne comprend pas la radicalisation de la politique antijuive entre 1939 et 1941 si on ne l'envisage pas dans le tableau général d'une série de déplacements de populations, en particulier en Pologne : voulant réinstaller des germanophones d'Europe orientale dans la Pologne conquise, les nazis déplacèrent des Polonais là où vivaient des Juifs ; mais alors ils ne surent plus où « réinstaller » ces derniers et, petit à petit, germa l'idée de les éliminer (2). Les thèses de Götz Aly suscitent à chaque fois la controverse parce qu'elles mettent en valeur un aspect partiel de la genèse de la Shoah, au point de donner l'impression d'exclure les facteurs d'explication traditionnellement cités, comme l'antisémitisme ou les projets de Hitler et de la SS. L'historien allemand ne manque pas à sa réputation dans un nouvel ouvrage, qui, à peine paru en Allemagne début 2005, a déclenché une grosse polémique. Il faut se réjouir que les éditions Flammarion aient décidé de le traduire aussi rapidement car cela permettra aux historiens français de prendre part à la controverse. Les dernières conclusions de Götz Aly reposent sur l'hypothèse selon laquelle il faut prendre au sérieux les objectifs sociaux du régime, dans leur littéralité. Hitler et les nazis ont véritablement voulu mettre en œuvre un régime « socialiste », mais pour le seul peuple allemand. La notion de « race des seigneurs » s'accompagnait du désir d'égaliser les rapports sociaux entre Allemands. D'où une imposition plus forte des hauts revenus ; une politique familiale développée ; une protection renforcée des gens endettés ; une politique du logement ; l'instauration de congés payés... Hitler voulait donner corps à l'idée de Volksgemeinschaft, de « communauté de la race allemande ». Mais comment financer un accroissement de la protection sociale alors que tout est fait pour couper le pays des flux financiers internationaux afin d'éviter le retour de la crise de 1929 ? Dès 1937, Hjalmar Schacht, en charge du redressement financier de l'Allemagne depuis l'arrivée de Hitler au pouvoir, avait prévenu Hitler que le Reich était à la veille d'une crise majeure de ses finances publiques et, devant le refus du Führer de l'écouter, il avait démissionné en novembre 1937.
Le niveau de vie de la population est resté stable
En fait, Hitler avait une double parade à l'assèchement financier qu'entraînait la politique d'autarcie : la confiscation des biens juifs et la guerre. C'est bien en 1938 que commencent à la fois la politique d'expansion territoriale et l'« aryanisation » des biens juifs en Allemagne, puis dans l'ensemble de l'Europe. Pour Götz Aly, Hitler a littéralement acheté les Allemands. Il décrit par le menu comment tous ont profité, dans le Reich, de la confiscation des biens juifs. Plus tard, dans l'Europe occupée, ces biens servirent à renflouer les caisses de différents ministères et à maintenir la plupart des « politiques sociales » mises en place dans les années de paix. Quant à la guerre, elle a conduit au pillage de l'Europe. D'après les calculs de l'historien allemand, l'effort de guerre a été financé aux deux tiers par les pays occupés – la France fournissait en tout 400 millions de francs par jour au Reich. Götz Aly décrit les Allemands allant ramasser les biens des Juifs dans des entrepôts après la Nuit de cristal, en novembre 1938, au cours de laquelle les synagogues et les magasins juifs ont été saccagés. Il raconte comment les soldats de la Wehrmacht étaient autorisés à envoyer à leurs familles des paquets de denrées dérobées dans les pays occupés. Finalement, le niveau de vie de la population allemande est resté, jusqu'à la fin du conflit, relativement stable, évitant toute révolte comme celle qui avait éclaté en 1917-1918 dans la population ouvrière. Il y a une dizaine d'années, Daniel Goldhagen faisait de tous les Allemands des antisémites fanatiques (3). Götz Aly défend une thèse pratiquement à l'opposé : il minore le rôle de l'idéologie et il présente une population allemande profitant bassement de ce qui arrive aux Juifs mais sans qu'une haine particulière ait motivé cette attitude. Le tableau dérange dans la mesure où il empêche de reléguer le comportement des Allemands du IIIe Reich au rayon des aberrations historiques. Un gouvernement achetant son peuple : c'est une possibilité qui ne peut se limiter ni à une époque ni à un contexte particulier.
Il faut inverser les termes du raisonnement
C'est pourquoi le livre de Götz Aly suscite d'énormes controverses. Certains lui ont reproché de vouloir réveiller une forme de mauvaise conscience dans une société qui, petit à petit, tourne la page du nazisme. D'autres ne supportent pas que l'historien prennent au premier degré l'expression de national-« socialisme ». N'est-ce pas une insulte faite au socialisme, système généreux et universaliste ? Effectivement, il est paradoxal de voir Götz Aly, engagé à gauche, toujours rebelle vis-à-vis de l'establishment et qui n'a jamais obtenu de chaire universitaire, reprendre la thèse défendue par le grand penseur libéral Friedrich Hayek, dès 1943, dans La Route de la servitude : le nazisme a été un socialisme à l'usage du seul peuple allemand. S'il y a une critique à adresser aux thèses de Götz Aly, c'en est une qui vaut pour tous ses livres : il tend à faire de l'antisémitisme une légitimation a posteriori (ou une composante mineure) du processus de décision nazi. En fait, il faut inverser les termes de son raisonnement. Ce n'est pas parce qu'il voulait maintenir le niveau de vie des Allemands que Hitler s'en est pris aux Juifs : c'est parce qu'il avait décidé de les persécuter qu'il a pu maintenir aussi longtemps le niveau de vie des Allemands, malgré l'économie de guerre. E.H.
NOTES * G. Aly, Comment Hitler a acheté les Allemands, Flammarion, à paraître le 17 octobre 2005. 1. G. Aly, S. Heim, Vordenker der Vernichtung, Francfort-sur-le-Main, Fischer, 1991. 2. G. Aly, « Endlösung ». Völkerverschie-bung und der Mord an den europaischen Juden, Francfort-sur-le-Main, Fischer, 1995. 3. D. Goldhagen, Les Bourreaux volontaires de Hitler, Le Seuil, 1997.
Source : "L'Histoire" | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: Hitler était-il socialiste ? Ven 14 Avr 2006, 12:39 pm | |
| Il y a plusieurs facteurs importants que beaucoup semblent ignorer :
- HITLER avait d'abord été socialiste avant d'échaffauder sa théorie nationale-socialiste; - Le succès d'HITLER était du par la lourdeur des sanctions imposées aux peuple allemand par le Traîté de Versailles; - Pour se maintenir au pouvoir, HITLER devevait homogéniser le peuple allemand en : reconquérant la Sarre, annexant se qui restait de l'Empire austro-hongrois (c'est-à-dire sa composante allemande, l'Autriche), annexant les territoires des Sudètes, redécoupant la Silésie et la Prusse orientale; - La Pologne a toujours été un peuple "mouvant" et convoité par la Suède, les états baltes, la Russie, l'Allemagne mais qui voulait avoir son accès à la Baltique; - Toute l'Europe d'alors était profondément antisémite ainsi que les Etats-Unis d'Amérique qui ne voulurent pas accepter la proposition d'Hitler d'accueillir les Juifs en Amérique où ils étaient déjà près de 5.000.000 (c'était peut-être de trop aux yeux du très "démocrate" Roosevelt). | |
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