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 Marcion et le marcionisme

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MessageSujet: Marcion et le marcionisme   Marcion et le marcionisme EmptyMer 17 Oct 2007, 3:40 pm

Source : http://v.i.v.free.fr/pa/marcion.html

Marcion et le marcionisme

Par Pierre Allard

Citation :
Hérésiarque gnostique né à Sinope. Fils d’un évêque pieux. Il fut excommunié pour hérésie en 144. Fondateur d’une église (Marcionite) qui se répandit dans le bassin méditerranéen et en Mésopotamie. Ses antithèses sont connues à travers ses adversaires.

Entre autres, le traité de Justin contre Marcion, Adversus haereses de Saint-Irénée, Tertullien a largement cité et réfuté Marcion dans ses cinq livres, Adversus Marcionem. Un texte, conservé en araméen, le Commentaire de S. Éphrem sur le Diatessaron, s’en prend fréquemment à Marcion, ce qui fait penser à une diffusion du marcionisme en Syrie. Enfin, le quatrième livre de l’ouvrage Contre les sectes d’Eznik de Kolb est entièrement consacré aux Marcionites. Il y eut encore Denys de Corinthe, Philippe de Crète, Théophile d'Antioche, Philippe de Gortyne, Modeste, Hippolyte, Meliton de Sardes, Miltiade, Proclus, Clément d'Alexandrie, Rhodon... tous se crurent obligés d'écrire des myriades de textes contre lui et contre ses doctrines.
Vers la fin du IIe siècle, Bardesane d'Edesse rédigeait contre Marcion des Dialogues en syriaque qui s'ajoutaient aux attaques lancées en grec et qui, bientôt, allaient l'être en latin. Avec Marcion, l’Église chrétienne primitive rencontra, après Simon le Magicien, son premier schismatique de grande envergure, comparable à Luther dit Alexandrian. Marcion reprocha au christianisme de ne s’être pas dégagé du judaïsme et de se soumettre aveuglément au canon de l’Ancien Testament, au lieu d’avoir son propre canon fondé sur les Évangiles. Il prétendait que ceux-ci étaient remplis d’interpolations judaïques qu’il fallait éliminer pour apprécier la mission de Jésus et procéda radicalement à leur révision.
Marcion était un moraliste extrêmement austère, ayant expié sa faute de jeunesse ; il ne donnait le baptême qu’à ceux qui faisaient le serment de ne pas se marier ou aux époux jurant de renoncer à l’acte sexuel ; les Marcionites s’abstenaient aussi de viandes et de spectacles pour mériter leur salut. "Beaucoup acceptent sa doctrine comme la seule vraie et se moquent de nous" disait Justin, un chrétien témoin de ses succès. Marcion a été appelé par Tertullien « le loup du Pont » faisant allusion à son pays d’origine, le rivage de la Mer Noire et à son rôle dévastateur dans l’Église.
On raconte que lorsque Saint-Polycarpe, le vénérable évêque de Smyrne « Père apostolique » puisqu’il avait connu Saint-Jean de son vivant, vint en visite à Rome, Marcion osa se présenter devant lui et lui demander « Me reconnaissez-vous ? » L’évêque lui répondit : «Je reconnais le premier-né de Satan » ? Telle était l’opinion d’un père apostolique sur la véritable nature de cet enseignement gnostique puisé dans la fausse contemplation. Le meilleur disciple de Marcion fut Apelle, qui dans ses Syllogismes dénonça les invraisemblances de l’Ancien Testament, il démontrait par exemple que l’Arche de Noé, d’après les dimensions rapportées, aurait pu contenir juste quatre éléphants et non tous les animaux désignés et leur nourriture. C’était déjà, au IIe siècle, le genre de critique d’un Voltaire ou d’un Renan dit encore Alexandrian.

Doctrine

Saint-Irénée cite dans son ouvrage Adversus Haereses, ces quelques phrases qui résument assez bien la pensée de Marcion.
« Il blasphème avec impudence le Dieu qu’ont annoncé la Loi et les Prophètes. Il dit que c’est un être malfaisant, aimant la guerre, inconstant aussi dans ses jugements et en contradiction avec lui-même. Jésus, dit-il, issu du Père qui est au-dessus du Dieu qui fit le monde, vint en Judée, au temps du gouverneur Ponce Pilate, procurateur de Tibère César, et se manifesta sous forme humaine aux habitants de la Judée, abolissant les Prophètes et la Loi et toutes les œuvres de ce Dieu qui fit le monde et qu’il appelle aussi le Cosmocrator. Il mutile encore l’Évangile selon Luc, éliminant tout ce qui est écrit de la naissance du Seigneur et une large partie des discours du Seigneur où il est écrit clairement que le Seigneur reconnaissait l’auteur de ce monde pour son Père. Il a fait croire à ses disciples que lui-même est plus digne de foi que les apôtres qui ont écrit l’Évangile, et il leur donne non pas l’Évangile, mais une petite partie de celui-ci. De même il mutile aussi les épîtres de l’apôtre Paul, en rejetant tout ce qui est dit clairement par l’apôtre au sujet du Dieu qui fit le monde, à savoir qu’il est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ et aussi tous les enseignements où l’apôtre fait mention des écrits prophétiques comme des prédictions de la venue du Seigneur. Il n’y aura de salut dit-il encore que pour les âmes qui auront appris sa doctrine ; mais le corps, du fait qu’il a été tiré de la terre, ne peut avoir part au salut » (Adv Haer.1, 27, 2-3)
Irénée et Tertullien font de Marcion le disciple de Cerdon, ce gnostique syrien qui séjourna à Rome au temps du pape Hygin (136-140) et qui enseignait « que le Dieu proclamé par la Loi et les Prophètes n’est pas le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, car l’un est connu, l’autre inconnu, l’un encore est juste, l’autre bon. Il reste que le marcionisme fut pour l’Église au IIe siècle un grave danger. Marcion coupait de ses racines historiques et méconnaissait ainsi tout le sens de l’histoire du salut. Des historiens modernes, séduits par la forte personnalité de Marcion et la vigueur de son système par sa volonté de retrouver le christianisme authentique de Jésus et de Paul, se sont plus à le rapprocher de Luther, ont vu en lui, le « premier protestant » (Neander).
Le choix de l’Évangile selon Luc par Marcion repose sur le fait que son auteur n’était pas juif, donc, selon Marcion, plus éloigné de l’Ancien Testament que les autres évangélistes dit Eric Kayayan, dans son ouvrage Le retour du gnosticisme. Adolf von Harnack, dans son ouvrage sur Marcion (2e éd. 1924, trad. en fr. en 2003) témoigne d’une grande sympathie pour Marcion, en qui il voit comme le précurseur du protestantisme et une sorte de Luther (Bricout). Quelles qu’en soient les limites et la partialité, l’oeuvre d’Harnack est incontournable disent la plupart des historiens et théologiens catholiques (Cf. Catholicisme (art. Marcion), Bricourt, 1926, Esprit et Vie, no 102, mars 2004 p.28-30).
La doctrine fondamentale de Marcion dit J. Tixeront (Précis de patrologie, 1918, p.760) était l’opposition de la Loi, oeuvre du Dieu juste et de l’Évangile, oeuvre du Dieu bon. Pour appuyer cette doctrine, il publia des Antithèses, collection de textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, qui paraissent se contredire et donna à ses disciples un Nouveau Testament de son crû. Ce recueil comprenait l’unique évangile de Saint-Luc écourté et altéré et dix épîtres seulement de Saint-Paul. Tertullien lui attribue également une lettre dans laquelle il faisait l’apologie de la désertion. En définitive, les élaborations de Marcion ont été rejetées comme trahison envers la tradition judaïque, comme trahison envers le Christ et trahison encore envers la tradition apostolique (Nelly Émont, 1991).
Marcion, en effet, pour établir son système avait été contraint d’opérer des choix dans les textes proposés à la piété des fidèles. Découpant par ici et recollant par là, il avait fabriqué un récit étranger à celui retenu par la jeune Église. Lorsqu’au IVe siècle, l’Église établira une règle susceptible de déterminer quels textes doivent être retenus, elle l’établira en fonction de la possibilité de prouver que ces textes bénéficient d’une autorité apostolique directe ou indirecte et regardera si ceux-ci sont acceptés dans toutes les églises. Elle ne fera qu’officialiser une liste reconnue par ailleurs depuis longtemps. Aujourd’hui, l’on sait que parmi les paroles du Christ proposées par les Évangiles gnostiques, il en est que l’on peut vraisemblablement attribuer à Jésus. Mais perdues dans un contexte qui n’est pas celui de son enseignement, elle n’autorisent nullement l’affirmation de l’existence d’une tradition secrète, mais plutôt celle d’une tradition parallèle, qui dans une perspective étrangère au christianisme, réoriente, en fonction de ses préoccupations propres ce même enseignement.
L’ésotérisme, d’une manière générale, n’opère pas autrement et participe, de l’une des formes que prendra le gnosticisme, celle qui en viendra à situer en Dieu même ces contradictions, que Marcion imaginait à partir de deux divinités opposées. (Nelly Émont, p.140) D’après lui dit Bizouard, l’âme, tirant son origine d’une intelligence bienfaisante, s’était dégradée en s’unissant au corps. L’âme sort du bon principe et le corps du mauvais. On prétend dit Bizouard qu’il adopta quelques principes de magie ; peut-être lui permirent-ils d’appuyer ses erreurs par des prodiges, il est certain qu’il séduisit beaucoup de monde. Il reconnaissait que Jésus-Christ fils du Dieu souverain, était venu, mais revêtu d’un corps fantastique, pour faire mépriser le créateur des corps. À propos du serpent de Marcion d’après Théodoret, évêque de Cyr (c393-c458), Les Pères de l’Église avaient de bonnes raisons pour parler du démon possesseur de Marcion.
Laissons Théodore nous raconter ses actes. «Cité par Mirville, t.6, p.79) :
« Lorsque je faisais tous mes efforts pour déraciner les épines plantées par cet exécrable Marcion, j’eus à supporter de grands travaux, car ceux qui en profitaient, au lieu de m’aimer comme ils eussent dû le faire, me calomniaient sans cesse. Pendant qu’ils payaient de haine mon amitié, je leur rendais le bien pour le mal, et priais pour eux. Mais se servant de prestiges magiques, ils se faisaient aider par les démons, et, grâce à ceux, me faisaient une guerre qui ne tombait pas sous les sens. Une certaine nuit, par exemple, arrive chez moi un démon des plus cruels, qui me crie en langue syriaque : « Pourquoi fais-tu la guerre à Marcion ? Renonces-y, sinon tu apprendras bientôt à tes dépens ce qu’il en coûte lorsqu’on le tourmente. Et sache-le bien, je t’aurais anéanti déjà, si je ne voyais pas ce chœur de martyrs qui t’entoure et te protège avec Saint-Jacques » Après avoir entendu ces paroles, je demandai à l’un de mes familiers qui dormait auprès de moi s’il les entendait aussi. « Toutes, me répondit- il, et je me serais déjà levé pour savoir qui parlait, si je n’eusse craint de vous réveiller » Alors nous nous levâmes tous les deux et nous eûmes beau chercher nous ne vîmes rien remuer, et n’entendîmes personne. Mais tous ceux qui étaient couchés auprès de nous avaient entendu ces paroles, et n’y comprenaient rien. Mais moi je compris que ce choeur de martyrs se rapportait à la fiole suspendue à mon lit, et qui était de l’huile de plusieurs saints, et que le vieux manteau de Saint-Jacques sur lequel reposait ma tête avait été plus puissant en ma faveur qu’un mur de diamant… » C’était, en effet, aux Pères du désert que Théodoret rapportait tout l’honneur et tout le succès de cette croisade contre les Marcionites, ou plutôt contre leurs serpents »

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Bibliographie :

ALEXANDRIAN. Histoire de la philosophie occulte. Paris : Payot, 1994, p.45-47
BIZOUARD, Joseph** Des rapports de l’homme avec le démon. Essai historique et philosophique. Paris : Gaume frères et J. Duprey, Éd. 1863, t.1, p.429-431.
BRICOUT, Joseph (1867- Dictionnaire pratique des connaissances religieuses. Paris : Letouzey & Ané, 1925-1928, t.4, p.698-699.
Catholicisme, Hier, aujourd’hui, demain (Encyclopédie) Paris : Letouzey et Ané, [1977] Fascicule, no 34, 1977, p.421-425
CRISTIANI, Léon (1879-1971) Pseud. Nicolas Corte. Prélat, universitaire et homme de lettre..
Brève histoire des hérésies. Paris : Arthème Fayard, 1956, 126p. [Je sais, je crois, 136] p.11-12
DAVY, Marie-Madeleine.
Encyclopédie des mystiques. Paris : Robert Laffont, 1972, p. 148-149.
EMONT, Nelly : Introduction à l’ésotérisme. Ésotérisme et christianisme. Paris : Droguet et Ardant, 1991, p. 138-140.
IRÉNÉE DE LYON : Contre les hérésies. Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur. Trad. par Adelin Rousseau, moine de l’abbaye d’Orval. Paris : Cerf, 1984, p.117. Publié aussi par Migne en 1857. Adversus Haereses.
GLAIRE, J.-B. : Dictionnaire universel des sciences ecclésiastiques. Paris : Librairie Poussielgue Frères, 1868, t.2, p.1385.
KAYAYAN, Éric
Le retour du gnosticisme.
Lecture et Tradition, Bulletin littéraire, contrerévolutionnaire No 110 Novembre-Décembre 1984, p.910
MASSON, Hervé. : Dictionnaire des hérésies dans l’Église catholique. Paris : Sand, 1986, 287p.
MIRVILLE, Jules-Eudes, Marquis de Pneumatologie. Des esprits et de leurs manifestations diverses. Mémoires adressés aux Académies. Paris : H. Vrayet de Surcy, 1868, t.6, p.79
NELLI, René (1908-1982) : Dictionnaire des hérésies méridionales et des mouvements hétérodoxes ou indépendants apparus dans le Midi de la France depuis l’établissement du christianisme. Toulouse Edouard Privat, 1968, 304p.
S. Ephraim's Prose Refutations of Mani, Marcion and Bardaisan. Transcribed from the Palimpsest B.M. Add. 14623 by the late C. W. Mitchell, M.A.C.F., volume 2 (1921). Introduction by F. C. Burkitt.
STROHL, H. : Marcion, l’Évangile du Dieu étranger. Revue d’Histoire et de philosophie religieuse, 1923, p.156-168.
VON HARNACK, Adolf`: Marcion. L’Évangile du Dieu étranger. Une monographie sur l’histoire de la fondation de l’Église catholique. Traduit par Bernard Lauret, Guy Monnot et Émile Poulat. Essai de Michel Tardieu, Marcion depuis Harnack. Paris : Cerf, 2003. 592p. [Collection : Patrimoines Christianisme]
WETZER, Heinrich Joseph (1801-1853): Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique : rédigé par les plus savants professeurs en théologie de l'Allemagne catholique moderne.../publié par les soins du Dr.Wetzer et du Dr. Welte: traduit de l'allemand par Isidore Goschler. 4e éd. Paris, X. Rondelet et J.-M. Soubiron, 1900. 26t. t.14, p.221-226.
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MessageSujet: Re: Marcion et le marcionisme   Marcion et le marcionisme EmptyMar 23 Oct 2007, 9:39 pm

Mais encore ?
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MessageSujet: Re: Marcion et le marcionisme   Marcion et le marcionisme EmptyMer 24 Oct 2007, 9:03 pm

Mais la doctrine dite de Marcion a bel et bien existée et elle inciste sur le fait qu'il faut se détacher du judaïsme pour connaître le véritable christianisme.
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