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 Le paradis cubain !

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Stans
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MessageSujet: Le paradis cubain !   Le paradis cubain ! EmptyMer 16 Jan 2008, 10:39 am

Source : http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2008/01/viva-el-economi.html?bcsi_scan_934C20D41D700C9A=AcxXBIG3xMyxS2tbq5M8RR8AAADfypAY&bcsi_scan_filename=viva-el-economi.html

Jean Quatremer

« Viva la economia de mercado » !

Citation :
Melchior écrit soigneusement son adresse sur un bout de papier et ajoute la taille des chaussures dont il a besoin pour lui, sa femme et leur petite fille : « envoyez-moi aussi des T-shirts en coton, du savon, du shampoing, du dentifrice ». Il insiste, dans un mélange d’espagnol et de français : « envoyez des choses usagées, ça n’a aucune importance, mais surtout par paquet de deux kilos maximum. Au-delà, ça n’arrive pas ou alors il faut payer des taxes énormes ». Melchior, avec qui je me suis promené une journée au hasard d’une rencontre, espère que je ne l’oublierai pas : je lui promets d’être son association humanitaire personnelle... Nous sommes à une centaine de kilomètres de La Havane, dans la campagne cubaine. Je suis en vacances pour une dizaine de jours, mais comment faire abstraction de la misère d’un peuple qui expérimente depuis bientôt cinquante ans le « socialisme réel » ? Cuba, le pays où une savonnette est le plus précieux des cadeaux, bien plus que de l’argent. Dés que l’on quitte les circuits officiels et les parcs à touristes de Valadero, l’échec de l’économie étatisée et centralisée est patent. Le mythe révolutionnaire s’effondre en quelques minutes, devant ces policiers postés à chaque coin de rue (à droite, le ministère de l'intérieur) et ces gens que l’espoir d’une vie meilleure a abandonné.

Je voulais visiter cette île depuis longtemps, curieux de voir à quoi ressemblait la patrie de Fidel Castro qu’une certaine gauche française donne en exemple – avec le Venezuela de Chavez — de la résistance à l’économie de marché, à la mondialisation et aux États-Unis d’Amérique. Est-ce un hasard si l’on trouve en bonne place dans toutes les bonnes librairies cubaines, l’ouvrage d’entretiens avec Castro réalisé par Ignacio Ramonet, le patron du « Monde Diplomatique » et l’un des fondateurs d’Attac ? Danièle Mitterrand, la veuve de l’ancien Président français, n’a-t-elle pas vu dans le régime castriste « le plus grand succès du socialisme » ? Pourtant, quelques jours suffisent pour comprendre que l’on se trouve dans une dictature dont on peine à voir de quelle excuse elle pourrait bénéficier. Comme le disent en riant jaune les Cubains, « Cuba, c’est 11 millions d’habitants, dont 5 millions de flics ». Mais il est vrai que le « communisme réel » paraît plus sympathique sous les tropiques que par -50 C° en Sibérie. Soyons clairs : il ne s’agit pas ici d’un reportage au sens strict du terme. Mais je n’ai pu m’empêcher de glaner, ici ou là, au hasard de nombreuses rencontres – les gens aiment parler aux étrangers et vous reçoivent sans problèmes — un certain nombre d’informations et d’impressions que j’ai envie de vous livrer.
La première surprise qui attend le visiteur est celle du double circuit monétaire et donc économique. La monnaie en vigueur dans l’île est le « peso national ». Il ne vaut presque rien dans l’île et rien en dehors de l’île. Surtout, il n’est pas accessible à l’étranger qui, lui, ne peut payer qu’en « pesos convertibles » ou CUC. La valeur du CUC est totalement artificielle : l’État a décrété qu’il valait plus que le dollar et environ 77 cents d’euros (+ 11 % si on paye avec une carte de crédit). Tout ce que paie un étranger est libellé en CUC. Principale source de devises (bien avant les transferts de fonds des Cubains de l’étranger, le nickel, le pétrole et le gaz), le touriste est donc sauvagement ponctionné. Les prix dans les hôtels (souvent possédés par l’armée par le biais de sociétés écrans en partenariat avec des sociétés étrangères) ou les restaurants officiels sont proches de ceux pratiqués en Europe. Avec le CUC en main, on a accès à tout (du moins à tout ce que l’on peut trouver dans les magasins locaux) : nourriture, produits d’hygiène, alcool, etc. Le problème est que les Cubains eux-mêmes doivent payer en CUC pour se procurer ces biens. Le savon, le shampoing et même les cigares de marque, le symbole de Cuba, ne sont pas accessibles en pesos nationaux. Autrement dit, on manque de tout si on a le malheur de ne pas avoir une source de CUC.
Le sport national est donc de se procurer des pesos convertibles en travaillant pour l’industrie touristique (qui dépend de l’État) ou en trafiquant avec les touristes (tout s’achète, y compris les corps). Pour vous donner une idée, le salaire moyen d’un professeur d’université ou d’un médecin est d’environ 500 pesos nationaux, soit environ 13 euros par mois… Cette aumône permet certes de louer à l’État – qui possède une bonne partie du parc immobilier — un appartement (la plupart du temps dans un état abominable) ou d’acheter de la nourriture de base. Rien d’autre. Résultat : c’est la fuite des cerveaux vers des activités de survie. Le personnel hôtelier parle souvent plusieurs langues et peut exhiber des masters en chimie et en biologie. Une autre porte de sortie est de s’enfuir à l’étranger, notamment en épousant des étrangers, si on n’a pas envie de risquer sa peau en prenant la mer. J’ai rencontré nombre de personnes dont un enfant ou un cousin avait convolé avec un Français… Cela fait toujours drôle d’entendre un Cubain vous expliquer que sa fille vit à Joinville-Le-Pont.
Depuis l’effondrement de l’Union soviétique qui subventionnait largement l’île, le régime a dû lâcher du lest et a commencé à ouvrir timidement son économie. De petits commerces privés ont été autorisés : restaurants de moins de douze couverts, réparation de bicyclettes, etc., seul moyen de relancer l’économie. De même, l’État accepte que l’on puisse sortir de Cuba 50 cigares sans facture, c’est-à-dire acheté auprès de « torcedor » travaillant pour leur propre compte, au lieu de 23 auparavant. Mais la majeure partie de l’économie reste aux mains de l’État et de ses affidés et ce mouvement de libéralisation est, pour l’instant, stoppé. L’île vit coupée du reste du monde et reste à l’écart de la globalisation dont elle ne reçoit que les miettes.
Dès lors que tout appartient à l’État et que la productivité n’est pas rémunérée, le laisser-aller est général. Graziela précise, comme pour excuser cet échec criant de « l’appropriation collective des moyens de production » : « bon, il faut aussi voir que les Cubains n’aiment pas trop travailler ». Les bâtiments, propriétés de l’État, tombent en ruine faute d’entretien (même si la Vieja Habana est en pleine réhabilitation grâce à l’aide internationale) ; une bonne moitié des terres ne sont pas cultivées (ce qui contraint Cuba à importer des produits agricoles alors que l’île a les moyens de son autosuffisance alimentaire) ; le réseau routier est une catastrophe ; les services publics délabrés (je vous conseille les bus locaux ou le réseau d’égouts…). Seules l’éducation (et encore, les universités sont en ruine) et …la production d’électricité depuis deux ans sont des succès. Les médecins sont aussi de qualité, mais les médicaments manquent cruellement.
Les Cubains ayant un bon niveau d’éducation, ils sont parfaitement conscients d’être dans une île prison. Le sentiment de frustration et d’humiliation est à la hauteur. Ils espèrent que la mort de Fidel Castro puis de son frère Raul, que l’on dit en mauvaise santé aussi, amènera un changement de régime. Les Cubains ne rêvent que d’une chose, une économie de marché qui leur permette de s’enrichir et de sortir du marasme actuel. À quoi servent une bonne éducation et une bonne santé si l’on ne peut pas en profiter ? Comme me l’ont dit tous les Cubains que j’ai rencontré : « on n’a pas d’espoir, c’est ça le plus terrible ».
Vus de Cuba, les débats français sur les mérites de l’économie de marché, de la « concurrence libre et non faussée » et de la globalisation apparaissent surréalistes. Quant on voit les tortillements du PS, qui, seul en Europe dans la famille socialiste, se demande encore s'il lui faut accepter l'économie de marché, on reste rêveur. Ici, on ne rêve que d’une chose, justement, de l’économie de marché. Roberto, un maçon de La Havane, m’a expliqué qu’il voulait créer sa propre entreprise pour gagner de l’argent. Il est prêt à s’installer en France où sa fille a épousé un Français : « je sais que la vie est dure là-bas, mais au moins on me laissera la possibilité de réussir. Ici, je n’ai tout simplement pas le droit de réussir. L’État partout, c’est horrible ». Melchior, lui, est souvent effaré des discours français : « j’ai souvent guidé vos compatriotes qui s’extasiaient sur Castro. Ils sont fous. Ici, rien n’est permis et si vous n’êtes pas dans la norme, si vous contestez le régime, vous terminez en prison. C’est ça qu’ils veulent ? » « La realitad du communisme », s’amuse Roberto, « c’est ça ». Il désigne un tas de décombres qui encombre la rue où il vit.
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