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| Signification du retour du fils prodigue | |
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Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Signification du retour du fils prodigue Jeu 21 Fév 2008, 10:14 am | |
| Source : http://epelorient.free.fr/paragodet/godet_para1.html Frédéric Godet - Citation :
- La parabole du fils perdu et retrouvé
Cette parabole comprend deux tableaux, pendants l'un de l'autre :
- celui du fils cadet, versets 11 à 24; - celui du fils aîné, versets 25 à 32.
Par le second tableau, Jésus revient, comme nous le verrons, à la situation historique décrite versets 1 et 2 : (Or les péagers et les pécheurs s'approchaient de lui pour l'entendre ; et les pharisiens et les scribes murmuraient disant : Celui-ci accueille les pécheurs et mange avec eux.) et la scène est ainsi complète.
Versets 11 à 24 le fils cadet
Cette première partie de la parabole se compose de cinq scènes qui correspondent aux cinq phases de la vie du pécheur converti :
- le départ, versets 22 à 24 ; - la misère, versets 14 à 16 ; - les regrets, versets 17 à 19 ; - le retour, versets 20 et 21 ; - la réhabilitation, versets 22 à 24.
En d'autres termes : le péché, la punition, la repentance, la conversion et la justification.
Luc 15:11 à 13 Le départ
11 Et il dit : Un homme avait deux fils ; 12 et le plus jeune dit à leur père : Père, donne-moi la part du bien qui me doit échoir ; et il leur partagea son bien. 13 Et après quelques jours le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour une contrée située au loin, et là il dissipa son bien, vivant dans la débauche.
Aleph omet le mot pater dans : Père, donne moi... A B L o de (et lui leur partagea), au lieu de kai (et il leur partagea). Jésus n'emploie plus la forme interrogative il n'y a plus ici appel au jugement naturel. C'est un vrai récit, une révélation directe des pensées de Dieu à l'égard de l'homme pécheur. Le père et les deux fils représentent toute la famille théocratique. Le fils aîné, en tant que représentant naturel de la famille, porteur de la gens, est attaché plus profondément que le cadet au sol du foyer domestique ; en lui Jésus personnifie les conservateurs israélites, lévitiquement, irréprochables, spécialement les pharisiens. Le lien du cadet avec la race est moins étroit ; il est par conséquent plus accessible à la tentation de rompre avec elle ; c'est l'image de ceux qui ont renoncé à la légalité juive, des péagers et gens à mœurs déréglés. La demande qu'il adresse à son père s'explique par les prescriptions du droit, israélite. L'aîné devant recevoir une double part de l'héritage (Deutéronome 21:7), le cadet désirait que son père, anticipant le partage, lui réunit en argent l'équivalent de son tiers ; au moyen de quoi le domaine tout entier devait, après la mort du père, revenir à l'aîné. En attendant ce moment, les deux tiers restaient la propriété indivise du père et du fils aîné. Deux choses poussent le cadet à faire cette demande : l'air de la maison paternelle l'oppresse, il se sent gêné par la présence de son père ; puis le monde du dehors l'attire, il veut jouir. Mais pour réaliser ses désirs, il faut aussi deux choses, la liberté et de l'argent ce sont là pour son cœur abusé par la convoitise les deux conditions du bonheur. Ainsi du pécheur ; il fuit et il cherche : il veut être affranchi de Dieu et posséder les moyens de se satisfaire. Le père comprend que le moment est venu où ce fils ne peut plus être guéri que par l'expérience, et il le livre à sa volonté propre. C'est le point où en étaient arrivés les païens à l'époque du jugement signalé par Paul Romains 1:24-28, celui du paradidonai tais epiqumiais (livrer aux convoitises). Il vient en effet un moment où Dieu cesse de lutter contre les penchants d'un cœur gâté et le livre à lui-même. Il faut au jeune homme quelques jours pour réaliser son avoir. L'usage qu'il fait de sa liberté tristement acquise est décrit au verset 13. Plusieurs des images employées pour décrire son péché se confondaient dans une certaine mesure, à l'égard des pécheurs présents, avec la réalité. Le pays éloigné est l'emblème d'un état dans lequel l'âme n'est plus abordée par la pensée de Dieu. Le mot makran (éloigné) est adverbe, non adjectif (15:20 ; 7:6, etc). La dissipation complète des biens représente l'exploitation de la liberté humaine jusqu'aux plus extrêmes limites. C'était bien là le portrait de ces péagers et de ces pécheurs qui avaient rejeté, avec la loi et le culte, Dieu lui-même, et dépensé l'apparente liberté acquise à ce prix au service de leurs passions.
14 à 16 La misère
14 Et lorsqu'il eut tout dépensé, il survint une grande famine en ce pays-là et il commença à être dans le besoin. 15 Et étant allé, il se mit au service d'un des citoyens de cette contrée, et celui-ci l'envoya à la campagne pour paître les pourceaux ; 16 et il désirait de se remplir le ventre des gousses dont mangeaient les pourceaux, et personne ne lui en donnait.
Aleph A B D L iscura, au lieu de iscuros (une grande famine). TR A et 15 Mjj gemisai thn koilian autou (remplir son ventre) ; Aleph B D L R cortasqhnai (être rassasié). Au lieu de l'abondance, le dénuement (verset 14) au lieu de la liberté, l'esclavage (verset 15). La liberté de jouir n'est pas illimitée, comme se le figure le pécheur ; elle a deux sortes de limites : les unes tenant à l'individu lui-même, telles que le dégoût, le remords, le sentiment d'isolement, d'abjection résultant du vice (lorsqu'il eut tout dépensé) ; les autres, qui proviennent de certaines circonstances extérieures défavorables, représentées ici par cette famine qui survient en ce moment : ce sont les calamités domestiques ou publiques, les accidents, la maladie, etc., qui achèvent de briser le cœur déjà accablé ; et enfin, dans cet état misérable, la privation de toute consolation divine. Que ces deux causes de malheur viennent à coïncider, et la misère est à son comble. Alors arrive ce que Jésus appelle le ustereisqai, être dans le dénuement, mot qui désigne le vide absolu d'un cœur qui, après avoir tout sacrifié au plaisir, ne trouve plus en lui et autour de lui que sujets de douleur. Il est difficile de ne pas voir dans la dépendance ignoble où tombe ce jeune Juif vis-à-vis d'un maître païen (une contrée éloignée) une allusion à la position des péagers travaillant au service du pouvoir romain. Mais le fait général qui correspond à ce trait est la dépendance dégradante vis-à-vis du monde, à laquelle finit toujours par se voir réduit le vicieux. Le terme a quelque chose d'abject ; le malheureux est comme suspendu à une personnalité étrangère. Garder les pourceaux : le dernier métier pour un Juif. Keration désigne une espèce de fève grossière, au goût douceâtre, employée en Orient pour engraisser ces animaux (la ceratonia siliqua). Tischendorf lui-même abandonne la leçon alexandrine Cortasqhnai être rassasié, pour celle du Textus Receptus et des byzantins gemisai thn coilian remplir le ventre. Dans ce temps de famine, où la ration de pain du pauvre berger ne suffisait pas à le rassasier, il était réduit à convoiter le grossier légume dont on engraissait avec soin les porcs quand ils revenaient des champs : les porcs se vendaient cher ! C'est là l'image frappante du délaissement méprisant où tombe le vicieux auprès du monde même auquel il a sacrifié les sentiments les plus sacrés.
17 à 19 Le repentir
17 Et étant revenu à lui-même, il dit : Combien de mercenaires de mon père ont du pain en abondance, et moi ici je meurs de faim ! 18 Je me lèverai donc et je m'en irai vers mon père et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et devant toi ; 19 je ne suis plus digne d'être appelé ton fils ; traite-moi comme l'un de tes mercenaires.
Aleph B L lisent ejh au lieu de eipen (il dit). D K U placent wde (ici) avant limw (je meurs de faim), Aleph B L après ; omis par J R A TR lit kai (et je ne suis plus digne...) Ici commence le tableau de la conversion du pécheur. Ce changement moral consiste essentiellement dans le nouveau mode d'appréciation résultant d'une si profonde misère (metanaoia le changement du nous). Le mot ejh chez les alexandrins, est plus solennel que le eipen des byzantins et convient mieux à ce moment décisif. Le premier pas dans ce changement est le retour à soi. Il y avait longtemps qu'il vivait tout en dehors de lui. Le péché est une dissipation du cœur et de l'esprit. Rentrer en soi, c'est commencer à retrouver Dieu, car le cœur humain est de nature le sanctuaire de Dieu. Deux traits caractérisent le nouveau mode d'appréciation qui se produit à la suite de ce moment de recueillement. Ce qu'il avait fui (la maison paternelle), il le désire ; ce qu'il avait recherché (la terre étrangère), il l'a en horreur. Les misqioi, mercenaires, dont la position lui paraît enviable, ne sont pas même les serviteurs ordinaires de la maison paternelle. Ce sont des ouvriers à gages, étrangers à la famille. Jésus ne pense-t-il point ici à ces nombreux prosélytes païens qui s'étaient attachés au judaïsme, qui avaient leur place dans le parvis et pouvaient de loin participer au culte, tandis que les péagers et les vicieux étaient généralement privés de ces avantages, soit volontairement, soit comme excommuniés ? De ce changement de sentiment naît une résolution (verset 18) ; elle repose sur un lointain souvenir de la bonté de son père ; c'est la première lueur du sentiment de la foi. Pour comprendre ces deux expressions : contre le ciel et devant toi, il ne faut pas oublier que nous sommes encore dans la parabole. Dans la relation entre ce fils et son père, elles ont un sens distinct. Contre le ciel : car le ciel est le vengeur de tous les sentiments sacrés outragés, en particulier de la piété filiale foulée aux pieds ; devant toi : car au moment du départ son père le suivait des yeux avec douleur, et il avait bravé ce dernier regard et hardiment tourné le dos. Anastas, me levant ; il faudra un effort. La possibilité d'une réhabilitation immédiate et complète n'entre pas dans sa pensée. Il est prêt à accepter la position de simple ouvrier étranger, dans cette maison où il a vécu en fils, mais où il aura au moins de quoi satisfaire sa faim. C'est bien là l'image de ce péager (décrit au chapitre 18), qui, dans le temple même où il s'était rendu, se mettant au rang des prosélytes païens qui avaient accès dans le parvis, se tenait éloigné et n'osait pas lever sa face vers Dieu.
Dernière édition par Stans le Jeu 21 Fév 2008, 10:17 am, édité 1 fois | |
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| Sujet: Signification du retour du fils prodigue Jeu 21 Fév 2008, 10:16 am | |
| - Citation :
- 20 à 21 Le retour
20 Et s'étant levé, il vint vers son père ; et comme il était encore éloigné, son père le vit et fut ému de compassion, et courant il se jeta à son cou et l'embrassa. 21 Et le fils lui dit : Père, j'ai péché contre le ciel et devant toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils.
TR E et 12 Mjj Syr lisent kai (et) devant ouketi (et je ne suis plus digne...), qu'omettent Aleph B et 4 Mjj. Aleph B D U X ajoutent poieson me ws ena twn misqiwn sou (traite moi comme l'un de tes mercenaires). C'est ici la description du fait décisif de la foi. Le malheureux se lève, vient. Ce n'est plus pensée, velléité, désir ; c'est un acte, et cet acte change son existence. Quelle impression ne devait pas produire sur les péagers présents ce tableau émouvant de leurs expériences passées et présentes ! Mais quelle émotion plus profonde encore ne durent-ils pas ressentir en entendant Jésus dévoiler, dans ce qui suit, les sentiments et la conduite de Dieu envers eux. Le cœur même de Dieu semble s'épancher dans ce récit. Chaque mot vibre de l'émotion à la fois, la plus tendre et la plus sainte. Le père n'a pas cessé d'attendre son fils ; l'apercevant de loin, il court au-devant de lui : Dieu discerne le plus faible soupir vers le bien qui se fait jour dans un cœur égaré et dès que ce cœur fait un pas vers lui, il en fait dix à sa rencontre, s'efforçant de lui faire entrevoir quelque chose de son amour. Il y a une différence profonde entre l'aveu articulé par l'enfant prodigue verset 21, et celui que lui avait arraché l'excès de sa misère (versets 18 et 19). Ce dernier était un cri de désespoir. Maintenant la détresse est passé ; l'aveu est devenu le cri de l'amour repentant. Les termes sont les mêmes : j'ai péché ; mais comme l'accent diffère ! Luther l'a profondément senti ; la découverte de la différence entre la repentance de la crainte et celle de l'amour a été le vrai principe de la Réformation. Il ne peut aller jusqu'au bout ; l'assurance du pardon paternel ne lui permet pas d'achever et de dire : Traite-moi comme..., ainsi qu'il se l'était proposé. Les alexandrins n'ont pas compris cette omission et ont reproduit ici les derniers mots du verset 19.
22 à 24 La réhabilitation
22 Et le père dit à ses serviteurs : Apportez la plus belle robe et mettez-la lui, et mettez un anneau à sa main et des sandales à ses pieds, 23 et amenez le veau gras ; tuez-le, et mangeons et réjouissons-nous, 24 parce que mon fils était mort, et il est ressuscité ; il était perdu, et il est retrouvé.
Aleph B L It lisent tacu (vite) devant exenegkate (apportez) ; D lisent tacews ; omis par A et 15 Mjj. Aleph A B et 5 Mjj omettent thn devant stolhn (la robe). La justification du pécheur repentant et croyant, telle qu'elle se réalisait en ce moment chez les péagers : voilà ce que Jésus décrit ici. Le pardon est à la fois gratuit et complet ; nul noviciat humiliant ; nul stage dans les positions inférieures. Il a pour effet une réhabilitation immédiate, aussi complète que la repentance a été sincère et la foi profonde. Tous ces traits : la robe, l'anneau, les sandales, doivent être expliqués d'après la parabole elle-même, dans laquelle ils sont simplement l'expression de la réintégration parfaite du pécheur dans la position filiale. Les alexandrins retranchent l'article thn devant stolhn et avec raison. Il y a gradation : d'abord une robe, en opposition à la nudité. C'est la grande robe traînante du riche, du maître, en opposition au vêtement collant de l'esclave que portait encore ce malheureux. Puis le père ajoute thn prwthn : non seulement une robe, mais la plus belle. Plus la chute a été profonde, plus le relèvement doit prendre le caractère d'une fête. daktulion : l'anneau, qui portait le sceau au moyen duquel l'homme libre et maître de ses volontés communiquait ses ordres. Le jeune homme avait naturellement vendu le sien. Enfin les sandales ; les esclaves allaient nu-pieds. C'est ainsi que revenait le pauvre pénitent. Si la saine exégèse doit se borner à voir dans tous ces traits les signes de la dignité filiale complètement rendue, l'application parénétique peut se permettre de les appliquer aux différents traits de la justification et de l'adoption divine ; mais sans tomber dans le jeu d'esprit, comme l'ont fait Jérôme et Olshausen, qui ont trouvé dans la robe la justice de Dieu, dans l'anneau le sceau du Saint-Esprit, dans les sandales la capacité de marcher dans les voies de Dieu. Verset 23, le Seigneur dit non un veau gras, mais le veau gras ; celui que l'on engraisse dans toute maison de riche campagnard pour l'avoir tout prêt en joyeuse occasion. Jésus connaît les mœurs rurales. Augustin et Jérôme trouvent dans ce trait l'indication du sacrifice de Christ ! D'après l'ensemble du tableau il est le symbole de ce qu'il y a de plus excellent dans les communications divines, de la fête que la grâce divine accorde à l'âme rachetée (Esaïe 55.2). On a parfois attaqué la doctrine de l'expiation en alléguant l'absence de tout trait dans cette scène, qui soit propre à représenter le sacrifice de Christ. On a oublié que c'est ici une parabole, et que l'expiation n'a pas de place dans la relation de l'homme avec l'homme. L'expiation a sa place dans la relation de l'homme avec Dieu comme représentant personnel du bien absolu, du bien en soi. Aucun homme n'a cette position (18.19). Par le pluriel réjouissons-nous, le père s'associe lui-même à la joie de la fête (comme verset 7). Verset 24, les deux propositions parallèles correspondent aux deux aspects sous lesquels le péché avait été présenté dans les deux paraboles précédentes ; il était mort se rapporte à la misère personnelle du pécheur (brebis perdue) ; il était perdu, à sa perte pour Dieu lui-même (drachme perdue). La parabole de l'enfant prodigue réunit en effet ces deux points de vue : le fils était perdu et le père aussi avait perdu quelque chose. Il y a donc joie sous les deux rapports : ressuscité et retrouvé. Avec les mots : et ils commencèrent à se réjouir, la parabole est précisément arrivée au point où en étaient les choses au moment où Jésus a été appelé à la prononcer (verset 1) : la joie des péagers reçus en grâce, ainsi que celle de Dieu, de Jésus et des anges. Cette première scène met la conduite de Jésus dans son divin jour.
Versets 25 à 32 : Le fils aîné.
Cette partie comprend :
L'entretien du fils aîné avec le serviteur (verset 25 à début du verset 28). Son entretien avec son père (fin du verset 28 à verset 32). Ce que Jésus présente ici à ses auditeurs, c'est le murmure des pharisiens mis en action, le développement du second verset du chapitre, de façon à faire sentir à ces justes toute la gravité de leur conduite, et l'odieux de leurs sentiments.
25 à 32 : Entretien du fils aîné et du serviteur
25 Et son fils aîné était aux champs, et, lorsqu'à son retour il approcha de la maison, il entendit la musique et les danses ; et ayant appelé l'un des serviteurs, il s'informa de ce que c'était que cela. 27 Celui-ci lui dit que son frère était revenu et que son père avait tué le veau gras parce qu'il l'avait recouvré en bonne santé. 28 Mais le fils se mit en colère et il ne voulait point entrer.
TR P et 13 Mjj lisent oun (Mais donc le fils se mit en colère) A et 5 Mjj lisent hqelhsen (il ne voulut point entrer) au lieu de hqelen (il ne voulait point...) que lit TR avec tous les autres. Tandis que toute la maison est en fête, le fils aîné est au travail. Quelle image du pharisien occupé à ses observances, tandis que le cœur des pécheurs repentants s'épanouit aux joyeuses clartés de la grâce ! Tout libre et joyeux élan, sous l'impression restaurante de l'amour divin, est étranger et par conséquent antipathique à ces esprits méthodiquement froids et hautains. Plutôt que d'entrer directement dans la maison, le fils aîné commence par se renseigner auprès d'un serviteur ; il ne se sent pas chez lui dans cette maison (Jean 8:35). Le serviteur, dans sa réponse, substitue à ces mots du père : il était mort...perdu... ces expressions toutes simples qui seules conviennent dans sa bouche : il est revenu en bonne santé. C'est le fait, sans l'appréciation morale du père. Quel naturel dans les moindres détails du tableau ! Ce refus d'entrer peint admirablement le mécontentement de ces pharisiens qui ne veulent rien avoir de commun avec les vicieux, pas même une part dans la joie du salut accordé à ceux-ci. L'imparfait hqelen il ne voulait pas, est préférable à l'aoriste, hqelhsen ; en effet ce refus n'est encore que provisoire tant que le père n'a pas lui-même prié son fils. | |
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| Sujet: Re: Signification du retour du fils prodigue Jeu 21 Fév 2008, 10:17 am | |
| - Citation :
- Fin du verset 28 à verset 32 : Entretien du père et de son fils aîné :
28 à 32 : Entretien du père et du fils aîné
28 Et son père étant sorti le priait. 29 Mais lui, répondant, dit au père : Voici, il y a tant d'années que je te sers, et jamais je n'ai transgressé ton commandement ; et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour me réjouir avec mes amis. 30 Mais quand ton fils que voilà, qui a mangé son bien avec des femmes de mauvaise vie, est revenu, tu as tué pour lui le veau gras. 31 Mais il lui dit : Mon fils, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi. 32 Mais il fallait bien faire fête et se réjouir, parce que ton frère que voilà était mort et qu'il est revenu à la vie, qu'il était perdu et qu'il est retrouvé.
A B D et 4 Mjj ajoutent autou (son) dans : lui répondant dit à son père. B erijion au lieu de erijon (chevreau). Aleph B L R Delta lisent ezhsen (a pris vie), au lieu de anexhsen (a revécu), que lisent TR A D et 13 Mjj It hn (était) est omis par A B D L R X dans : il était perdu. Cet entretien renferme la pleine révélation du sentiment pharisaïque et fait bien ressortir son contraste avec le sentiment paternel de Dieu, cette démarche du père de la parabole qui sort au-devant de son fils et l'invite à entrer, se réalise dans cet entretien même entre Jésus et ses auditeurs pharisiens ; car ce Jésus qui parle avec eux, c'est le Dieu du salut qui est comme en instance auprès d'eux pour les faire entrer dans son plan de miséricorde et de pardon.
La réponse du fils à cette prière (verset 29 et 30) renferme deux accusations contre le père : l'une porte sur sa manière d'agir, envers lui (verset 29) ; l'autre sur sa conduite à l'égard de son fils cadet (verset 30). Ce contraste doit, selon lui, mettre en plein jour l'injuste partialité de son père. La naïve et aveugle satisfaction de soi-même, qui fait le fond du pharisaïsme, ne saurait être mieux dépeinte que par ces mots : Je n'ai jamais contrevenu à ton commandernent ; et la position servile et mercenaire du Juif légal dans la théocratie, que par ceux-ci : Il y a tant d'années que je te sers. Bengel observe brièvement sur ces mots : servus erat, et par là il donne la clé de toute cette seconde scène de la parabole. Qui était pour lui son père ? Un maître. Aussi compte-t-il les années de ce dur servage : il y a tant d'années... Voilà ce qu'est l'accomplissement du bien pour l'homme sous la loi : un travail accompli péniblement, et qui par conséquent mérite un salaire. Mais il est par là même totalement privé de toutes les douceurs du travail qui procède du libre amour ; et quant aux joies qu'il contemple chez le pécheur réconcilié, elles le scandalisent et l'indignent. Ce chevreau, qu'il eût voulu manger avec ses amis, ce serait un jour de relâche et de joie cordiale au milieu de cette carrière d'observance servile. Mais respire-t-on jamais librement sous la loi ! Faire, faire toujours, faire pour ne, pas compromettre sa récompense, voilà bien dans la bouche du fils aîné le tableau de l'homme légal, du pharisien. A ce dur et incessant travail, il oppose (verset 30) la vie commode et voluptueuse de son frère ; pour ce préféré, d'abord toutes les joies du péché, puis toutes les douceurs du salut ! Ainsi toute peine dans sa propre vie, tout plaisir dans celle de son frère ! Quelle justice ! C'est qu'en effet aux yeux du pharisaïsme le bien est une peine et le péché une jouissance. Voilà pourquoi, selon lui, il doit y avoir récompense pour le premier, châtiment pour le second. En renversant ce rapport, le père a mis au jour sa préférence pour le pécheur, sa sympathie pour le péché. Ton fils, dit le fils aîné, au lieu de : mon frère. Il fait par là ressortir à la fois la partialité de son père et sa propre aversion pour son frère. Cette expression amère est la critique la plus mordante de l'état d'âme où l'on remplit le devoir tout en l'abhorrant, et où, en ne commettant pas le mal, on en a soif. A remarquer encore l'expression intraduisible o uios sou o tos (filius iste tuus ; ce tien fils). Le détail meta pornwn (avec des prostituées) est un coup de pinceau ajouté au tableau du verset 13 par la main charitable de ce frère.
Versets 31 à 32. La réponse du père s'adapte aux deux accusations du fils.
Le verset 31 répond à celle du verset 29 ; le verset 32 à celle du verset 30. Le père se justifie d'abord au verset 31 du reproche d'injustice envers le fils qui lui parle ; et avec quelle condescendance ! Le terme Mon enfant, teknon, a quelque chose de plus tendre encore que celui de fils. Le père remet sa conduite envers ce fils ingrat dans son vrai jour. Il lui montre ce que sa vie dans la maison paternelle aurait pu être, pour peu qu'il eût eu un cœur filial répondant à son cœur paternel : une fête, non d'un jour, comme la fête actuelle, mais de tous les jours : Tout était là sous ta main ; tu pouvais en jouir librement. A quoi bon une fête particulière pour celui qui pouvait jouir chaque jour de l'intimité de son père et de tous les privilèges attachés à la position filiale ? Cette parole remarquable est celle que Weiss et d'autres opposent avec le plus de confiance à l'application que nous faisons, de ce personnage du fils aîné, aux pharisiens désignés au verset 2. Cette objection repose sur une fausse idée de ce qu'était le judaïsme normal aux yeux de Jésus. Selon celui-ci, l'Israélite fidèle pouvait jouir déjà des douceurs de la communion divine. Les Psaumes en faisaient foi ; comparez les Psaumes 23 et 63. Saint Paul lui-même, qui présente ordinairement la loi comme instrument de condamnation, tire néanmoins la formule de la grâce d'une parole de Moïse, et d'une parole décrivant la foi elle-même (Romains 10:6-8), ce qui prouve bien qu'à ses yeux au fond de la loi se trouvait déjà l'élément de la grâce, en raison du pardon garanti par les sacrifices et du secours du Saint-Esprit assuré, dans la mesure de l'économie ancienne, à celui qui le demandait (Psaumes 51:9-14) ; d'où il résulte que, quand l'apôtre parle de la loi en l'opposant à la foi, c'est en isolant, à la manière de ses adversaires, le commandement d'avec la grâce. Reuss, qui entend ces paroles à peu près comme nous, en dégage cette pensée : La meilleure récompense aurait dû être celle du devoir rempli. Mais il n'aperçoit pas qu'en parlant ainsi il substitue simplement le stoïcisme au vrai judaïsme. Le père a dit : teknon, mon enfant ; ce mot fait sentir toute la différence entre l'Ancien Testament et Zénon. Weiss voit dans le fils aîné le type des justes ; c'est simplement un bon fils comme il s'en trouve tant, qui seulement n'est pas exempt d'orgueilleuse satisfaction de lui-même et de jalousie à l'égard de son frère cadet. Mais comment supposer qu'en face du personnage historique et concret du fils cadet, Jésus place un personnage purement abstrait et fictif tel qu'il peut en exister ? Si le fils aîné ne paraissait qu'en passant sur la scène, on pourrait admettre cette absence de toute application précise et actuelle. Mais Jésus lui consacre toute la seconde partie de la parabole. Le verset 31 s'explique tout naturellement dans notre sens, pourvu qu'on admette quel Jésus distinguait, comme saint Paul, entre un judaïsme normal et le judaïsme pharisaïque. Le verset 31 présentait la fidélité théocratique comme un bonheur, non comme un labeur ; le verset 32 fait envisager la vie dans le péché comme un malheur, non comme un plaisir. Il y avait donc réellement lieu de célébrer une fête pour le retour de celui qui venait d'échapper à une si grande misère et de rétablir par son arrivée la vie de famille au complet. Ton frère (littéralement, ce tien frère), est la réplique au : ton fils (littéralement, ce tien fils) du frère aîné, verset 30. Ici s'arrête la parabole. Jésus ne raconte pas le parti qu'a pris le fils aîné. Pourquoi ? Parce que c'était aux pharisiens à voir eux-mêmes ce qu'ils voulaient faire, s'ils entreraient, à l'appel de Dieu, ou s'ils resteraient dehors. A eux d'achever la parabole. L'école de Tubingue (Baur, Zeller, Volkmar, Hilgenfeld) trouve dans le fils aîné, non le parti pharisien, mais le peuple juif en général, et dans le fils cadet, non les péagers, mais les nations païennes, d'où il résulterait inévitablement : que cette parabole aurait été inventée par Luc dans le but d'appuyer le système de son maître Paul ; qu'à cette invention, il en aurait ajouté une seconde, destinée à accréditer la première, celle de la situation historique décrite versets 1 et 2.
Mais :
Est-il concevable que l'évangéliste qui s'est tracé lui-même le programme, 1:1-4 se permit de traiter sa matière avec un pareil sans gêne ? N'avons-nous pas retrouvé dans ce tableau une foule de fines allusions au milieu historique dans lequel la parabole est censée avoir été prononcée et qui ne seraient plus applicables dans le sens proposé ; quand, par exemple, les païens sont-ils sortis de la maison paternelle (versets 15, 17, etc.) ? Qu'une fois la parabole donnée, saint Paul ait pu en dégager la doctrine de la justification par la foi, cela est aisé à comprendre. Mais que l'inverse ait eu lieu, que la parabole ait, été inventée après coup pour donner un corps à la pensée paulinienne, cela est incompatible avec l'absence de tout élément dogmatique dans l'exposition. Les expressions de repentance de soi, de justification, la notion de l'expiation, s'y seraient infailliblement introduites, si elle eût été le produit d'un travail dogmatique contemporain du ministère de Paul. D'après Keim, le sens primitif du tableau était bien l'application de toute la scène aux péagers et aux pharisiens. C'est Luc qui a voulu l'appliquer aux païens et aux Juifs. Mais pour admettre de la part de Luc un pareil changement de destination, il faudrait que la parabole, telle qu'il nous l'a rendue, offrit des obstacles insurmontables à l'application indiquée par lui-même, verset 1 et 2, ce qui n'est point le cas, comme nous l'avons vu. Selon Weizsaecker, le fils aîné représente les membres de l'Eglise judéo-chrétienne qui refusaient, d'admettre au salut les païens chrétiens représentés par le fils cadet. Mais dans quel sens pourrait-on dire que les pagano-chrétiens aient jamais quitté la maison paternelle, et des judéo-chrétiens qu'ils aient refusé d'y entrer à l'occasion des pagano-chrétiens ? Holtzmann croit avoir découvert que notre parabole est une amplification de celle des deux fils (Matthieu 21:28-30). Mais la signification des deux scènes est absolument différente, et c'est faire trop d'honneur à Luc que de lui attribuer la composition d'un chef-d'œuvre dans lequel chaque trait révèle le pinceau du Maître. | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Signification du retour du fils prodigue Jeu 21 Fév 2008, 10:18 am | |
| - Stans a écrit:
-
- Citation :
- Fin du verset 28 à verset 32 : Entretien du père et de son fils aîné :
28 à 32 : Entretien du père et du fils aîné
28 Et son père étant sorti le priait. 29 Mais lui, répondant, dit au père : Voici, il y a tant d'années que je te sers, et jamais je n'ai transgressé ton commandement ; et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour me réjouir avec mes amis. 30 Mais quand ton fils que voilà, qui a mangé son bien avec des femmes de mauvaise vie, est revenu, tu as tué pour lui le veau gras. 31 Mais il lui dit : Mon fils, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi. 32 Mais il fallait bien faire fête et se réjouir, parce que ton frère que voilà était mort et qu'il est revenu à la vie, qu'il était perdu et qu'il est retrouvé.
A B D et 4 Mjj ajoutent autou (son) dans : lui répondant dit à son père. B erijion au lieu de erijon (chevreau). Aleph B L R Delta lisent ezhsen (a pris vie), au lieu de anexhsen (a revécu), que lisent TR A D et 13 Mjj It hn (était) est omis par A B D L R X dans : il était perdu. Cet entretien renferme la pleine révélation du sentiment pharisaïque et fait bien ressortir son contraste avec le sentiment paternel de Dieu, cette démarche du père de la parabole qui sort au-devant de son fils et l'invite à entrer, se réalise dans cet entretien même entre Jésus et ses auditeurs pharisiens ; car ce Jésus qui parle avec eux, c'est le Dieu du salut qui est comme en instance auprès d'eux pour les faire entrer dans son plan de miséricorde et de pardon.
La réponse du fils à cette prière (verset 29 et 30) renferme deux accusations contre le père : l'une porte sur sa manière d'agir, envers lui (verset 29) ; l'autre sur sa conduite à l'égard de son fils cadet (verset 30). Ce contraste doit, selon lui, mettre en plein jour l'injuste partialité de son père. La naïve et aveugle satisfaction de soi-même, qui fait le fond du pharisaïsme, ne saurait être mieux dépeinte que par ces mots : Je n'ai jamais contrevenu à ton commandernent ; et la position servile et mercenaire du Juif légal dans la théocratie, que par ceux-ci : Il y a tant d'années que je te sers. Bengel observe brièvement sur ces mots : servus erat, et par là il donne la clé de toute cette seconde scène de la parabole. Qui était pour lui son père ? Un maître. Aussi compte-t-il les années de ce dur servage : il y a tant d'années... Voilà ce qu'est l'accomplissement du bien pour l'homme sous la loi : un travail accompli péniblement, et qui par conséquent mérite un salaire. Mais il est par là même totalement privé de toutes les douceurs du travail qui procède du libre amour ; et quant aux joies qu'il contemple chez le pécheur réconcilié, elles le scandalisent et l'indignent. Ce chevreau, qu'il eût voulu manger avec ses amis, ce serait un jour de relâche et de joie cordiale au milieu de cette carrière d'observance servile. Mais respire-t-on jamais librement sous la loi ! Faire, faire toujours, faire pour ne, pas compromettre sa récompense, voilà bien dans la bouche du fils aîné le tableau de l'homme légal, du pharisien. A ce dur et incessant travail, il oppose (verset 30) la vie commode et voluptueuse de son frère ; pour ce préféré, d'abord toutes les joies du péché, puis toutes les douceurs du salut ! Ainsi toute peine dans sa propre vie, tout plaisir dans celle de son frère ! Quelle justice ! C'est qu'en effet aux yeux du pharisaïsme le bien est une peine et le péché une jouissance. Voilà pourquoi, selon lui, il doit y avoir récompense pour le premier, châtiment pour le second. En renversant ce rapport, le père a mis au jour sa préférence pour le pécheur, sa sympathie pour le péché. Ton fils, dit le fils aîné, au lieu de : mon frère. Il fait par là ressortir à la fois la partialité de son père et sa propre aversion pour son frère. Cette expression amère est la critique la plus mordante de l'état d'âme où l'on remplit le devoir tout en l'abhorrant, et où, en ne commettant pas le mal, on en a soif. A remarquer encore l'expression intraduisible o uios sou o tos (filius iste tuus ; ce tien fils). Le détail meta pornwn (avec des prostituées) est un coup de pinceau ajouté au tableau du verset 13 par la main charitable de ce frère.
Versets 31 à 32. La réponse du père s'adapte aux deux accusations du fils.
Le verset 31 répond à celle du verset 29 ; le verset 32 à celle du verset 30. Le père se justifie d'abord au verset 31 du reproche d'injustice envers le fils qui lui parle ; et avec quelle condescendance ! Le terme Mon enfant, teknon, a quelque chose de plus tendre encore que celui de fils. Le père remet sa conduite envers ce fils ingrat dans son vrai jour. Il lui montre ce que sa vie dans la maison paternelle aurait pu être, pour peu qu'il eût eu un cœur filial répondant à son cœur paternel : une fête, non d'un jour, comme la fête actuelle, mais de tous les jours : Tout était là sous ta main ; tu pouvais en jouir librement. A quoi bon une fête particulière pour celui qui pouvait jouir chaque jour de l'intimité de son père et de tous les privilèges attachés à la position filiale ? Cette parole remarquable est celle que Weiss et d'autres opposent avec le plus de confiance à l'application que nous faisons, de ce personnage du fils aîné, aux pharisiens désignés au verset 2. Cette objection repose sur une fausse idée de ce qu'était le judaïsme normal aux yeux de Jésus. Selon celui-ci, l'Israélite fidèle pouvait jouir déjà des douceurs de la communion divine. Les Psaumes en faisaient foi ; comparez les Psaumes 23 et 63. Saint Paul lui-même, qui présente ordinairement la loi comme instrument de condamnation, tire néanmoins la formule de la grâce d'une parole de Moïse, et d'une parole décrivant la foi elle-même (Romains 10:6-8), ce qui prouve bien qu'à ses yeux au fond de la loi se trouvait déjà l'élément de la grâce, en raison du pardon garanti par les sacrifices et du secours du Saint-Esprit assuré, dans la mesure de l'économie ancienne, à celui qui le demandait (Psaumes 51:9-14) ; d'où il résulte que, quand l'apôtre parle de la loi en l'opposant à la foi, c'est en isolant, à la manière de ses adversaires, le commandement d'avec la grâce. Reuss, qui entend ces paroles à peu près comme nous, en dégage cette pensée : La meilleure récompense aurait dû être celle du devoir rempli. Mais il n'aperçoit pas qu'en parlant ainsi il substitue simplement le stoïcisme au vrai judaïsme. Le père a dit : teknon, mon enfant ; ce mot fait sentir toute la différence entre l'Ancien Testament et Zénon. Weiss voit dans le fils aîné le type des justes ; c'est simplement un bon fils comme il s'en trouve tant, qui seulement n'est pas exempt d'orgueilleuse satisfaction de lui-même et de jalousie à l'égard de son frère cadet. Mais comment supposer qu'en face du personnage historique et concret du fils cadet, Jésus place un personnage purement abstrait et fictif tel qu'il peut en exister ? Si le fils aîné ne paraissait qu'en passant sur la scène, on pourrait admettre cette absence de toute application précise et actuelle. Mais Jésus lui consacre toute la seconde partie de la parabole. Le verset 31 s'explique tout naturellement dans notre sens, pourvu qu'on admette quel Jésus distinguait, comme saint Paul, entre un judaïsme normal et le judaïsme pharisaïque. Le verset 31 présentait la fidélité théocratique comme un bonheur, non comme un labeur ; le verset 32 fait envisager la vie dans le péché comme un malheur, non comme un plaisir. Il y avait donc réellement lieu de célébrer une fête pour le retour de celui qui venait d'échapper à une si grande misère et de rétablir par son arrivée la vie de famille au complet. Ton frère (littéralement, ce tien frère), est la réplique au : ton fils (littéralement, ce tien fils) du frère aîné, verset 30. Ici s'arrête la parabole. Jésus ne raconte pas le parti qu'a pris le fils aîné. Pourquoi ? Parce que c'était aux pharisiens à voir eux-mêmes ce qu'ils voulaient faire, s'ils entreraient, à l'appel de Dieu, ou s'ils resteraient dehors. A eux d'achever la parabole. L'école de Tubingue (Baur, Zeller, Volkmar, Hilgenfeld) trouve dans le fils aîné, non le parti pharisien, mais le peuple juif en général, et dans le fils cadet, non les péagers, mais les nations païennes, d'où il résulterait inévitablement : que cette parabole aurait été inventée par Luc dans le but d'appuyer le système de son maître Paul ; qu'à cette invention, il en aurait ajouté une seconde, destinée à accréditer la première, celle de la situation historique décrite versets 1 et 2.
Mais :
Est-il concevable que l'évangéliste qui s'est tracé lui-même le programme, 1:1-4 se permit de traiter sa matière avec un pareil sans gêne ? N'avons-nous pas retrouvé dans ce tableau une foule de fines allusions au milieu historique dans lequel la parabole est censée avoir été prononcée et qui ne seraient plus applicables dans le sens proposé ; quand, par exemple, les païens sont-ils sortis de la maison paternelle (versets 15, 17, etc.) ? Qu'une fois la parabole donnée, saint Paul ait pu en dégager la doctrine de la justification par la foi, cela est aisé à comprendre. Mais que l'inverse ait eu lieu, que la parabole ait, été inventée après coup pour donner un corps à la pensée paulinienne, cela est incompatible avec l'absence de tout élément dogmatique dans l'exposition. Les expressions de repentance de soi, de justification, la notion de l'expiation, s'y seraient infailliblement introduites, si elle eût été le produit d'un travail dogmatique contemporain du ministère de Paul. D'après Keim, le sens primitif du tableau était bien l'application de toute la scène aux péagers et aux pharisiens. C'est Luc qui a voulu l'appliquer aux païens et aux Juifs. Mais pour admettre de la part de Luc un pareil changement de destination, il faudrait que la parabole, telle qu'il nous l'a rendue, offrit des obstacles insurmontables à l'application indiquée par lui-même, verset 1 et 2, ce qui n'est point le cas, comme nous l'avons vu. Selon Weizsaecker, le fils aîné représente les membres de l'Eglise judéo-chrétienne qui refusaient, d'admettre au salut les païens chrétiens représentés par le fils cadet. Mais dans quel sens pourrait-on dire que les pagano-chrétiens aient jamais quitté la maison paternelle, et des judéo-chrétiens qu'ils aient refusé d'y entrer à l'occasion des pagano-chrétiens ? Holtzmann croit avoir découvert que notre parabole est une amplification de celle des deux fils (Matthieu 21:28-30). Mais la signification des deux scènes est absolument différente, et c'est faire trop d'honneur à Luc que de lui attribuer la composition d'un chef-d'œuvre dans lequel chaque trait révèle le pinceau du Maître. | |
| | | Stans Fondateur
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| Sujet: Re: Signification du retour du fils prodigue Dim 20 Avr 2008, 3:37 pm | |
| Tu nous a déjà pondu des textes plus épais que celui-là ! Si tu n'as pas le temps, imprimes-le et lis-le à tête reposée ou ignore-le ! | |
| | | Stans Fondateur
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| Sujet: Re: Signification du retour du fils prodigue Lun 21 Avr 2008, 6:59 am | |
| - Sylphe a écrit:
- Non, mon cher. J'ai peut-être commis de la découpe de votre littérature, mais en répondant point par point et de manière plus aérée que les messages ci-dessus.
Pour faire bref, la parabole du fils prodigue répond à la question de savoir si l'Eglise doit réadmettre de son sein les apostats ayant changé d'avis.
La parabole de la brebis égarée dit la même chose. Où sont ces réponses point par point ? | |
| | | Stans Fondateur
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| Sujet: Re: Signification du retour du fils prodigue Lun 21 Avr 2008, 6:41 pm | |
| Que représente le cadet ? Le novateur ? L'insoumis ? Le brimé ? | |
| | | Stans Fondateur
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| Sujet: Re: Signification du retour du fils prodigue Lun 21 Avr 2008, 10:46 pm | |
| Je te signale que l'histoire du Fils Prodigue est tirée du judaïsme et non du christianisme. | |
| | | Stans Fondateur
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| Sujet: Re: Signification du retour du fils prodigue Mer 23 Avr 2008, 2:06 pm | |
| Source : http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=2028099 - Citation :
- La Parabole du Fils Prodigue a été examinée par les exégètes sous tous ses aspects, sauf si l'on considère les liens possibles entre la parabole et la catégorie du 'fils têtu et rebelle'. Le but de cet article est d'étudier cette catégorie, et de se demander quel éclairage nouveau pourrait ainsi recevoir la parabole. Ce travail comporte deux parties. La première étudie le thème du 'fils têtu et rebelle' dans l'Ancien Testament (Torah, Proverbes) et le judaïsme du second Temple ainsi que le judaïsme rabbinique. La deuxième partie place ce thème dans l'Evangile, et particulièrement dans la Parabole du Fils Prodigue.
| |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: Signification du retour du fils prodigue Mer 23 Avr 2008, 8:54 pm | |
| - Sylphe a écrit:
- Bien. Donc selon vous, Jésus prêchait contre les hérétiques du judaïsme ?
L'hypothèse de l'hérétisme est de ton cru et non du mien Sylphe ! Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit et argumente ton hypothèse plutôt que de renvoyer la patate chaude ! | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: Signification du retour du fils prodigue Jeu 24 Avr 2008, 6:48 am | |
| La Parabole du Fils prodigue est une version modernisée (par Jésus) d'un des Proverbes du Roi Salomon peut être pour le rendre plus accessible aux Juifs lambdas qui écoutaient ses prèches ? Mais je n'ai jamais émis l'hypothèse que celà avait un rapport avec l'hérésie ! C'est plutôt moralisateur et orienté vers le fameux "droit d'aînesse". | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: Signification du retour du fils prodigue Jeu 24 Avr 2008, 11:26 am | |
| Il n'a jamais été en conflit ouvert avec les Pharisiens. Il s'opposait aux conceptions matérialistes du judaïsme et dénonçait l'hypocrisie de certains prêtres qui prenait la religion juive au pied de la lettre au lieu de la pratiquer dans le coeur. | |
| | | Stans Fondateur
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| Sujet: Re: Signification du retour du fils prodigue Jeu 24 Avr 2008, 10:44 pm | |
| Le lien était momentanément indisponible ! Ceci dit, le "cinéma" fait par le pharisien dans la synagogue avait moins de poids aux yeux du Père céleste que l'attitude humble et repentante du publicain (qui fait partie d'une caste honnie par les Juifs car ils étaient considérés comme des collabos des Romains). Mais rien ne dit que Jésus jettait l'opprobre sur TOUS les Pharisiens. | |
| | | Stans Fondateur
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| Sujet: Re: Signification du retour du fils prodigue Jeu 24 Avr 2008, 11:05 pm | |
| J'ai toujours affirmé que Jésus n'aimait pas les Lévites qui pratiquaient pour la gallerie et non dans leur coeur ! | |
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