France : les effets d'une politique du mensonge

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Le bloc-notes d'Ivan Rioufol
Effets d'une politique du mensonge
31.03.2006 l Le Figaro



L'actuelle crise politique et sociale a une vertu : elle révèle l'anachronisme d'une société abusée par des décennies de mensonges. Ils ont fait croire que le libéralisme était une calamité, l'accès aux diplômes pour tous un progrès, l'immigration du tiers-monde une chance. Ces falsifications s'entrechoquent autour du contrat première embauche, brandi comme un épouvantail par une gauche passéiste cornaquant des jeunes en révolte et cibles, dans leurs défilés, du racisme antiblanc.

C'est une France anticapitaliste et fonctionnarisée qui a manifesté mardi, avec le soutien d'une partie de l'opinion. Il est vrai que seuls 36% des Français feraient confiance à la libre entreprise, contre 74% des Chinois, 71% des Américains, 67% des Britanniques (Le Figaro, 25-26 mars) : un sondage à rapprocher du fait que le quart des salariés travaille dans le secteur public et que le fonctionnaire, largement représenté au Parlement, reste l'idéal des 15-30 ans.

Cette peur de la concurrence est au coeur de la tension. Le patron est vu comme l'homme des turpitudes, et le Code du travail comme le livre sacré. Les anti-CPE se comportent comme s'ils redoutaient que ce contrat, en créant des emplois, ébranle leur croyance. Mais cette France immobile ne peut plus se contenter d'épousseter la momie du modèle socialiste. Même les anciens pays de l'Est, Biélorussie à part, se sont convertis au marché et au risque.

Depuis le non au référendum sur la Constitution, une perestroïka libère l'esprit critique. Si ces voix discordantes ont encore du mal à se faire entendre, la brutalité des réalités se charge de bousculer les conservatismes et le prêt-à-penser. Aussi l'intransigeance de la gauche, qui ne propose qu'un retour en arrière, peut-elle contribuer à la prise de conscience d'une rupture nécessaire avec un système caricatural, qui fait de la France un cas clinique.

D'autant que ce conflit dévoile aussi, avec ces diplômes sans valeur, la tromperie d'un enseignement ayant renoncé à la sélection. Quant aux agressions de manifestants par des voyous des banlieues, elles rappellent cette remarque d'Andreï Makine, dans son dernier livre (Cette France qu'on oublie d'aimer, Flammarion) : “La France est haïe car les Français l'ont laissée se vider de sa substance, se transformer en simple territoire de peuplement, en un petit bout d'Eurasie mondialisée”.

Le temps des barbares

A dire vrai, la France se laisse voir dans un état inquiétant. L'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, a fait un bon diagnostic, dimanche : “Le blocage des institutions démocratiques, l'intimidation, le vote forcé, les décisions enlevées à l'arraché, la destruction des outils intellectuels, livres et instruments de travail, tout cela a fonctionné en Europe au XXe siècle, en Allemagne et en Russie. Notre démocratie devrait avoir honte de voir resurgir en son sein les fantômes du totalitarisme”.

Il y a de quoi être effrayé par le vandalisme des extrémistes qui ont mis à sac la Sorbonne, l'Ecole des chartes, l'Institut des hautes études en sciences sociales, et qui ont incendié une librairie à Saint-Germain. Effrayé aussi par les razzias de nazillons venus des cités et par leurs violences, y compris contre des femmes. L'école, apparemment, ne sait plus faire respecter les hommes, la culture, les livres. Faillite étourdissante.

Voilà à quoi joue l'Education nationale : A Grasse (Alpes-Maritimes), au centre loisirs, éducation, culture des Aspres, un millier d'enfants d'une dizaine d'années sont invités à travailler sur le thème de la revendication (information fournie par SOS-Education). Il leur est demandé d'imaginer des slogans et de confectionner des banderoles, en vue d'une manifestation fictive, prévue le 4 avril. Ainsi se forme une génération de quémandeurs. Il y avait des 12-14 ans dans les défilés.

Le dressage “citoyen” éveille-t-il au moins les consciences ? Après la mise à mort de Sohane Benziane, 17 ans, brûlée vive en octobre 2002, les indignations ont vite oublié la lapidation de Ghofrane Haddaoui à Marseille, l'agression au couteau contre l'enseignante Karen Moutet-Toutain, Chahrazad Belayni transformée en torche vivante, Jean-Claude Irvoas lynché devant sa famille, la femme handicapée aspergée d'essence dans un bus, les insultes contre le gendarme Raphaël Clin agonisant, le martyre d'Ilan Halimi, etc. Oui, le temps des barbares.

Contre-manifestations ?

C'est cette société à l'abandon qu'il faut changer. Or cette préoccupation semble étrangère aux milliers de manifestants, qui font trembler aujourd'hui l'UMP. Les opposants au CPE, fonctionnaires pour une large part, n'ont d'autre ambition que de préserver des mécanismes dont ils sont les bénéficiaires. Aussi la jeunesse en colère est-elle mal inspirée de joindre sa cause à ceux qui la victimisent pour défendre un système en panne. Pour ces raisons, Dominique de Villepin donne un bon exemple de résistance, en s'affranchissant de la tyrannie du consensus. Ces prochains jours diront si Jacques Chirac lui permettra d'aller au bout de sa “thatchérisation”. Si la rue devait avoir gain de cause, d'autres Français pourraient bien y descendre à leur tour (certains manifestent déjà chaque dimanche après-midi devant l'Hôtel de Ville, à Paris) pour réclamer les indispensables réformes.

“Ici, chez nous”

Dans Libération, hier : Le café La Mer à Boire (XXe) a vu son exposition de caricatures sur les religions saccagée par des “jeunes”. Les “grands frères” ont prévenu les responsables du bistrot : “Vous êtes ici chez nous, vous devez faire ce qu'on veut. On va aller chercher les Frères musulmans de Belleville”. Les loups sont entrés dans Paris.


Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro, est Fellow à l'Atlantis Institute

Encore une fois, Ivan Rioufol vise juste dans les sujets les plus gravissime...Depuis le temps qu'il nous met en garde!

D' Ivan Rioufol, j'avais lu La République des faux gentils, une remarquable réflexion sur la France contemporaine. Le texte susvisé est également excellent, et en dit long sur l'état de la France.

Notre chère France est mal en point. Soutenons-la contre ceux qui, consciemment ou non, tentent de la détruire.

A SBJ,

Crois-tu que la France s'est remise de sa Révolution de 1789 ? De sa loi anti-cléricale de 1905 ? De ses gouvernements de gauche des années 30 ? De sa bolchévisation de l'immédiate après-guerre ? De sa 5ème République qui se prétend toujours gaulliste ? De sa franchouillardise qui l'empêche de voir se qui se fait de mieux ailleurs ? ...

VINCENT a écrit:

D' Ivan Rioufol, j'avais lu La République des faux gentils, une remarquable réflexion sur la France contemporaine. Le texte susvisé est également excellent, et en dit long sur l'état de la France.

Notre chère France est mal en point. Soutenons-la contre ceux qui, consciemment ou non, tentent de la détruire.

Ce sont les Français qui font la France. Et parmi les Français d'aujourd'hui, il y a de la chienlit avouée qui fait fuir l'élite.
Malheureusement, les Français les plus intéressants, c'est à Londres, New York, Hong-Kong ou même à Bruxelles qu'on les rencontre ...

SBJ a écrit:

Ce sont les Français qui font la France. Et parmi les Français d'aujourd'hui, il y a de la chienlit avouée qui fait fuir l'élite.
Malheureusement, les Français les plus intéressants, c'est à Londres, New York, Hong-Kong ou même à Bruxelles qu'on les rencontre ...

Je ne suis pas sûr que les Français "les plus intéressants" se rencontrent à l'étranger, et non en France même.

La chienlit est une réalité... Simultanément, certaines élites trahissent la France.

Pour ma part, je forme le voeu que les Français se réconcilient et mettent en oeuvre un grand projet national. Je m'aperçois que la situation n'est pas meilleure en Italie, par exemple, ni même en Allemagne... c'est une crise européenne que nous traversons, parce que la Commission européenne tente d'étouffer la voix des nations. Elle n'y parviendra pas.

Quoi qu'il en soit, je demeure fidèle à mon idéal réunioniste.

Certes, mais d'où vient la chienlit qui agitte nos pays ? Il est malheureusement "politiquement incorrect" d'en parler sous peine d'être traîné devant les tribunaux !

VINCENT a écrit:

SBJ a écrit:

Ce sont les Français qui font la France. Et parmi les Français d'aujourd'hui, il y a de la chienlit avouée qui fait fuir l'élite.
Malheureusement, les Français les plus intéressants, c'est à Londres, New York, Hong-Kong ou même à Bruxelles qu'on les rencontre ...

Je ne suis pas sûr que les Français "les plus intéressants" se rencontrent à l'étranger, et non en France même.

Ecoutez, si, c'est la vérité. Il ne faut pas demander aux Français de continuer à croire en un mythe dépassé. La France n'est pas une exception, et De Gaulle est mort depuis trente-six ans. On ne peut pas continuer à demander aux Français de croire
en un modèle masochiste qui les distancie de la réussite à la portée des Allemands, des Américains, des Britanniques, etc.
Je crois qu'un homme comme Sarkozy l'a compris et que son but, - même s'il n'est pas encore avoué -, est de sortir la France de la Vème République qui l'étouffe ...

Citation :

La chienlit est une réalité... Simultanément, certaines élites trahissent la France.

Pourquoi trahissent-elles la France ? Parce qu'elles choisissent de s'exaptrier vers des cieux plus cléments ?

Citation :

Pour ma part, je forme le voeu que les Français se réconcilient et mettent en oeuvre un grand projet national. Je m'aperçois que la situation n'est pas meilleure en Italie, par exemple, ni même en Allemagne... c'est une crise européenne que nous traversons, parce que la Commission européenne tente d'étouffer la voix des nations. Elle n'y parviendra pas.

Les Français ne se réconcilieront pas, parce que la France est aveugle par rapport au concept de "nation". La politique immigrationniste (au moins 10 % de musulmans sur le sol français, le taux le plus haut en Europe ...) qui fait qu'elle est, malheureusement, devenue une colonie de "peuplements" ne favorise pas la restauration d'un sentiment national au sens où il existe dans les pays scandinaves (au Danemark, notamment) ou même en Hollande.

Au cas où SARKOZY serait élu, il serait bien inspiré de créer une 6ème République !

SBJ a écrit:

Il ne faut pas demander aux Français de continuer à croire en un mythe dépassé. La France n'est pas une exception, et De Gaulle est mort depuis trente-six ans. On ne peut pas continuer à demander aux Français de croire en un modèle masochiste qui les distancie de la réussite à la portée des Allemands, des Américains, des Britanniques, etc.
Je crois qu'un homme comme Sarkozy l'a compris et que son but, - même s'il n'est pas encore avoué -, est de sortir la France de la Vème République qui l'étouffe ...

La réussite à la portée des Allemands, des Américains ou des Britanniques est très relative... Les Français n'ont pas à singer ces gens-là. Un mythe dépassé ? L'Europe, sans doute ? Ou la politique du marché ? Tels sont les mythes dépassés. Quant au problème épineux de l'immigration, il concerne l'ensemble des Européens, y compris les Danois ou les Allemands.

La Ve République n'existe déjà plus : les cohabitations et le quinquennat l'ont totalement dénaturée. Plus qu'une VIe République, c'est d'un patriotisme nouveau qu'ont besoin les Français. Qu'on ne vienne pas me dire que c'est impossible !

VINCENT a écrit:

La réussite à la portée des Allemands, des Américains ou des Britanniques est très relative... Les Français n'ont pas à singer ces gens-là. Un mythe dépassé ? L'Europe, sans doute ? Ou la politique du marché ? Tels sont les mythes dépassés. Quant au problème épineux de l'immigration, il concerne l'ensemble des Européens, y compris les Danois ou les Allemands.

Pour les Allemands je suis d'accord avec ton bémol mais pour ce qui concerne les anglo-saxons, avouons qu'ils ne s'en tirent pas trop mal et qu'il n'y aurait pas de honte à les "singer" surtout en ce qui concerne leur patriotisme et leur civisme ce qui est loin d'être le cas en France allochtonisée jusqu'à la moelle !

Pour ce qui est de l'immigration, la France tient un triste record. "le Figaro" (et la "Libre Belgique" un peu plus tard) ont récemment publié des statistiques relatives au nombre de musulmans en Europe. La France est le seul pays d'Europe où ce nombre dépasse 10 %, l'Irlande étant à l'opposé avec 0 %, suivent les pays Scandinaves. L'Allemagne et la Belgique tournent autour de 5 %. Aucun pays européen, la France exceptée, ne dépasse les 5 %.
Alors quoi ? Qu'on ne me dise pas que ce n'est pas la politique de la Vème République qui en est la cause. Le modèle d'uintégration français a échoué. Il faut passer à autre chose ...

VINCENT a écrit:

..............Je m'aperçois que la situation n'est pas meilleure en Italie, par exemple, ni même en Allemagne... c'est une crise européenne que nous traversons,...........

La situation n'est pourtant pas du tout similaire en France.

Malgré tous leurs problèmes l'Italie demeure italienne et l'Allemagne reste allemande alors que la France est de moins en moins française car de moins en moins de Français se sentent français et défendent l'identité, les valeurs, la culture et la langue française ;

soit parce qu'ils sont découragés de voir tout ce qui se passe ici et qu'ils baissent les bras, soit parce qu'ils sont plus préoccupés par ce qui se passe dans leurs pays d'origine et ne vivent en France que pour des raisons purement économiques, sans aucun attachement pour notre pays.

A Elsa,

Bref, il semble ne plus avoir assez de Français de souche en France d'où le manque de civisme et de patriotisme généralisé !