|
| Les momies de Palerme | |
| | Auteur | Message |
---|
Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Les momies de Palerme Lun 08 Juin 2009, 6:42 pm | |
| | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: Les momies de Palerme Lun 08 Juin 2009, 6:56 pm | |
| Source : http://www.trivago.fr/palerme--45820/autres-sites/catacombe-dei-cappuccini-1022263/evaluation-o331400 Morts and more - Citation :
- Le catholicisme de la Contre-Réforme incitait les fidèles à méditer sur la brièveté de l'existence humaine, et l'on vit alors se créer des Memento Mori (rappelle-toi de la mort) particulièrement spectaculaires, composés d'os humains dont la vision ne pouvait que rappeler au croyant qu'il retournerait bientôt lui aussi à l'état de poussière.
L'on peut ainsi encore voir dans une église romaine les ossements des moines décédés artistiquement déposés, ou bien encore dans l'ancienne ville minière tchèque de Kutna Hora de charmantes compositions de tibias et de crânes, mais l'une des plus célèbres et spectaculaires œuvres du genre se trouve à Palerme, et figura d'ailleurs jadis dans un film italien, fournissant un décor spectaculaire à une scène. Les catacombes des Capucins ont été ouvertes dès 1599, et ont recueilli des dépouilles de moines ou laïcs pendant plus de trois siècles
L'entrée est banale.
L'indication des Catacombes est inscrite au-dessus d'une large porte, entre l'église des Capucins, sans grand intérêt, et le cimetière voisin, puisque maintenant des sépultures plus classiques semblent être en usage. La caisse est tenue par un frère Capucin, reconnaissable à sa tenue couleur café, et c'est d'ailleurs cette tenue qui donna son nom au Cappucino italien, dénommé ainsi par les italiens justement parce que sa couleur évoquait la robe de bure des moines capucins. Le frère n'est pas jeune, et si la tradition des Catacombes était toujours active, l'on peut gager qu'il serait assez proche de rejoindre l'étage inférieur, mais il se contente de surveiller les écrans vidéos des caméras de surveillance, et de percevoir le montant de l'entrée, ou le produit des ventes des cartes postales ou du petit dépliant de présentation des Catacombes, les présentoirs de la boutique se résumant à ces produits simples. Le visiteur, une fois son écot acquitté, n'a plus qu'à descendre l'escalier pour rejoindre le royaume des morts L'atmosphère fraîchit. L'escalier sobre et blanc ne s'enfonce pourtant pas très profondément, les Catacombes correspondent en fait plus à une crypte qu'à un véritable réseau troglodyte, mais le fond de l'air se fait frais, est-ce une impression, ou le frisson de savoir que l'on va rejoindre les morts ? L'escalier ne comporte aucune indication, seule l'imagination travaille alors, jusqu'à ce que, deux ou trois dizaines de marches plus bas, l'on ne découvre les catacombes, en fait un réseau de couloirs à angles droit aux murs blancs, le long des murs desquels les défunts sont alignés, accrochés en posistion verticale ou couchés sur des supports horizontaux, voire placés dans des cercueils.
Un frère vous accueille.
Il est accroché sur votre gauche, encore vêtu de sa robe monacale même s'il n'est maintenant plus que squelette, et un panonceau signale qu'il fut le premier déposé ici, en 1599, eh oui, du haut de ce cadavre quarante décennies vous contemplent ! Ce premier couloir latéral est consacré aux frères capucins, dressés le long des murs sur deux rangées, alignés en une morbide parade, les étiquettes indiquent qu'ils sont décédés aux XVIIème, XVIIIème et XIXème siècle, et ainsi les moines qui descendaient aux Catacombes voyaient leurs prédécesseurs, et pouvaient méditer à la brièveté de l'existence humaine. Frère, rappelle-toi que tu vas mourir est la salutation d'un autre ordre monastique, les capucins n'avaient point besoin de mots pour le savoir, l'image mortuaire de ceux qui les avaient précédés, et peut-être même de ceux qu'ils avaient connus le leur disait assez à chaque fois qu'ils pénétraient ici. Les sépultures ne se limitent pas aux moines. Des notables y figurent aussi, essentiellement au XIXème siècle ou début du XXème siècle, deux colonels sont encore allongés dans leur grand uniforme, un vice-consul d'Amérique porte encore fièrement la moustache, des évêques sont drapés de leurs étoles, des bourgeois sont richement vêtus d'habits de bonne facture. Les corps sont accrochés le plus souvent, allongés parfois, ou même mis en scène, une femme semble s'adresser à son époux, une famille se promener encore, les morts seraient presque vivants ici, si la dessication ne rappelait leur condition, certains sont réduits à l'état de squelette, et le costume est alors bourré de paille pour tenir encore, d'autres se sont naturellement momifiés, et conservent parfois encore cheveux ou moustache. La rétractation des chairs a parfois laissé la bouche ouverte, comme si les âmes criaient de désespoir, il y a quelque chose du cri de Munch dans ces figures parcheminées, mais pour quelques uns il y a comme une sérénité tranquille, le visage semble paisible, presqu'endormi
Les enfants sont les plus émouvants.
Une galerie recueille nombre d'entre eux, deux bébés à peine nés, leurs corps momifiés sur les squelettes fragiles, deux siamois que la mort n'a pas séparés, un petit garçon plus âgé dont la peau s'est noircie, à la manière des momies égyptiennes, et des petites filles dans leurs robes à volants, petites princesses sans doute arrachées à l'affection de parents aimants, et désormais devenues de tragiques poupées, parées de leurs plus beaux atours et figées pour l'éternité. Il est difficile de ne pas être ému par ces vies trop courtes, de ne pas être pensif devant ces enfants qui ne demandaient qu'à vivre, et l'on est touché plus encore par celle que l'on appelle ici la bambina , une petite Rosalia décédée en 1920 à l'âge de deux ans, et momifiée par un médecin d'alors ; elle semble dormir paisiblement dans son cercueil recouvert d'une vitre, telle une poupée Jumeau, elle a pour l'éternité deux ans, et paraît tranquille et sereine, prête à se réveiller comme si elle n'avait fait qu'une sieste. Elle sera la dernière vision des visiteurs, proche de la sortie, et il ne reste plus qu'à laisser là l'Armée des Morts, et revenir en surface, avec le souvenir de cette parade étrange, et l'émotion de cette petite fille si touchante
L'on peut aussi faire un tour dans le cimetière voisin.
Le cimetière en lui-même n'a rien d'exceptionnel, avec de lourdes chapelles un peu trop grandes, et des tombes serrées, il ressemble à beaucoup de cimetières catholiques, un peu plus fréquenté et fleuri que ceux que l'on trouve en France, et ne vaudrait point le coup d'œil s'il n'abritait une célébrité. Le prince Giuseppe Tomasi di Lampedusa, connu pour avoir écrit Le Guépard (Il Gattopardo) dont Lucchino Visconti devait tirer un film resté légendaire, repose en effet ici, dans la section XXIV, à côté du panneau, dans une tombe qu'il avait voulu simple, une dalle de marbre protégée par une grille de fer forgé, refusant l'apparat inutile des autres familles nobles. L'on verra également un peu plus loin, dans la section XXV voisine, la sépulture de Pio La Torre, un communiste qui fut l'une des innombrables victimes de la mafia - une plaque sur le mur de la Via dei Cipressi qui mène aux Catacombes et au cimetière signale d'ailleurs qu'un procureur et son garde du corps y furent abattus, soit à deux ou trois cents mètres de ce cimetière
Les Catacombes des Capucins sont uniques.
Les frères furent les premiers à être déposés ici après leur mort, devenant squelettes ou momies exposés à la contemplation de leurs successeurs, ainsi avertis éloquemment de la brièveté de l'existence terrestre, et de la nécessité de gagner le salut de leur âme. Les civils furent ensuite admis, et ils sont ainsi plusieurs milliers à contempler le visiteur, étranges présences d'êtres disparus depuis longtemps mais encore habillés de leurs plus beaux vêtements, parade morbide et déroutante des palermitains de jadis, entre lesquels le visiteur déambule, partagé entre curiosité et horreur. Les uns sont devenus de simple squelettes, pantins tragiques, les autres se sont naturellement momifiés, et semblent d'autant plus présents, perdus dans un cri de désespoir ou sereinement endormis, telle la Bambina, cette fillette de deux ans qui gît paisiblement depuis bientôt neuf décennies.
Le lieu est étrange, il peut sans doute déplaire, il ne doit pas être ignoré. Note : 9/10 Catacombes des Capucins - 9,84 francs (soit 1,50 euro) en mai 2007 - tlj : 09h - 12h, 15h - 17h | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: Les momies de Palerme Lun 08 Juin 2009, 7:30 pm | |
| La petite momie de Rosalia morte à l'âge de 2 ans ! | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Les momies de Palerme | |
| |
| | | | Les momies de Palerme | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |