La "recette de Tony BLAIR"

Source : http://l-anti-conformiste.hautetfort.com/archive/2005/05/10/le_paradoxe_economique_francais.html

La "recette" Blair - LE MONDE - 06.05.05 – Jean-Marie Colombani

Citation :

Paradoxales élections générales britanniques ! A l'issue du scrutin du jeudi 5 mai, Tony Blair se trouve sanctionné et reconduit. Sanctionné parce que, selon des résultats encore provisoires, avec 37 % des voix, le champion du New Labour perd 4 points par rapport à 2001 et 57 sièges à la Chambre des communes. Pour M. Blair, qui fête le 6 mai ses 52 ans, le cadeau d'anniversaire aura donc un goût un peu amer.
Mais sa reconduction pour un troisième mandat consécutif, et avec une majorité absolue et confortable de 66 sièges, fait de M. Blair le premier chef de gouvernement travailliste à accomplir une telle performance. Dans l'histoire moderne de la Grande-Bretagne, seule Margaret Thatcher avait réussi à enchaîner trois mandats d'affilée.
Si elle est désenchantée avec une bonne tenue des tories de Michael Howard et une formidable percée des libéraux-démocrates de Charles Kennedy, qui ont pleinement profité de leur hostilité à l'engagement britannique en Irak, la victoire travailliste n'en est pas moins historique, après celles de 1997 et de 2001. Grâce à M. Blair, le Labour Party a réussi sa mutation en parti de gouvernement. Son passage aux affaires n'est plus un interlude ou une parenthèse.
Ce troisième mandat, le praticien de la "troisième voie" le doit certes à un mode de scrutin uninominal injuste qui fige le jeu entre les deux grands partis. Mais il le doit surtout à sa politique économique et sociale, mise en oeuvre par son complice et rival Gordon Brown, le chancelier de l'Echiquier en qui beaucoup voient déjà le successeur.
Car il y a une "recette Blair”. Ce n'est sans doute pas une potion magique, mais elle lui permet de conserver le pouvoir même quand la grande majorité de l'opinion, et de son électorat, s'insurge contre un axe essentiel de sa politique extérieure, celui de l'engagement en Irak.
La "recette Blair”, c'est le succès de sa lutte contre le chômage. En 1993, sous les conservateurs, le taux de chômage était de 10 % en Grande-Bretagne. M. Blair l'a ramené à 4,6 % (contre 10,2 % en France) et il l'a fait non en grossissant le nombre d'assistés mais en incitant au retour au travail. A la différence de Lionel Jospin, qui l'a réduit temporairement, en sachant profiter de la croissance, il s'est attaqué aux racines structurelles du chômage. En Grande-Bretagne, le taux d'emploi des 15-64 ans est de 76 % contre 63 % en France.
M. Blair bouscule les lois électorales. On ne se fait pas élire sur son bilan, dit-on, surtout après l'échec de M. Jospin en 2002. Le premier ministre britannique démontre le contraire. Pour pouvoir se faire reconduire sur son bilan, il faut traiter, au fond, le problème numéro un des sociétés modernes : le chômage. Gerhard Schröder, qui voit sa base électorale s'étioler à chaque scrutin, est en train d'échouer sur l'emploi. Il en est de même en France, où la gauche pourrait tirer des leçons, en s'en inspirant plus qu'en les copiant, des recettes travaillistes.

[Il n’aime pas les Travaillistes notre Monsieur du Monde… On lui pardonnera… Mais au moins a-t-il l’honnêteté de reconnaître la raison de sa réélection… La bonne marche de l’économie… La baisse durable du chômage… Qu’est ce qu’a fait Blair ? Il a remis les Anglais au travail ! Alors quand je lis le début de l’article de Libé, je me pose des questions… Comment ces gens là font-ils pour vivre ? Ils sont payés par l’Etat ! En Angleterre, si vous refusez trois fois une offre de travail équivalente, l’Etat coupe tous les robinets… Tous ! Dans ces cas là, on revient vite au travail… Entendu à la radio ce matin, un des responsables de gauche qui nous démontrai que, certes, trois fois élu, c’était pas mal… Mais bon, jamais la gauche française ne se prostituerait avec le capitalisme… D’ailleurs la droite non plus… Nous avons un complexe de gauche en France ! Et 10% de chômage… La seule façon dont Blair est arrivé au pouvoir est justement d’être sorti de la rhétorique anti-capitaliste dont la droi-che française ne nous cesse de nous rabattre les oreilles… cf. Bolkenstein…]

B.D.