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 L'UE doit dire non à l'Islande

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MessageSujet: L'UE doit dire non à l'Islande   L'UE doit dire non à l'Islande EmptyVen 26 Mar 2010, 1:21 pm

Source : http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2010/03/%C3%A9largissement-lunion-doit-dire-non-%C3%A0-lislande.html


Élargissement : l’Union doit dire non à l’Islande


L'UE doit dire non à l'Islande 6a00d83451b56c69e20120a914fe27970b-320wi La Commission n’a manifestement pas tiré les leçons de la crise financière et économique comme le montre le feu vert qu’elle a donné, il y a une dizaine de jours, à l’ouverture rapide de négociations d’adhésion avec l’Islande. Il faut maintenant espérer que le Conseil européen ait le courage de rejeter la demande islandaise.

Il ne s’agit évidemment pas de sanctionner d’une façon ou d’une autre, les Islandais pour avoir rejeté, samedi, par 93,3 % des voix, l’accord d’indemnisation des épargnants britanniques et néerlandais qui ont perdu leurs économiques lors du naufrage de la banque islandaise Icesave. De toute façon, d’une façon ou d’une autre, l’Islande devra payer si elle veut retrouver la confiance de ses partenaires et surtout celle des marchés financiers. Le problème est ailleurs : d’une part, l’Union doit arrêter d’ouvrir des négociations d’adhésion avec des pays dont elle sait pertinemment qu’ils ne sont pas prêts à adhérer et, d’autre part, elle doit comprendre que tout élargissement a un prix, non seulement pour l’impétrant, mais aussi pour ses futurs partenaires. L’Union doit sortir de ce double non-dit avant de reprendre les élargissements.


Dans le cas de l’Islande, il clair que le futur référendum d’adhésion est perdu d’avance. Si, au plus fort de la crise financière, les Islandais ont vaguement paru tentés par le parapluie de l’Union et surtout de l’euro, les derniers sondages montrent qu’ils rejettent massivement cette perspective. C’est le gouvernement social-démocrate qui a tordu le bras à son opinion publique et à ses parlementaires pour déposer une demande d’adhésion. Autrement dit, l’Union a toutes les chances de recevoir une belle claque dans un an, claque qui sera interprétée comme une défaite pour les Vingt-sept, ce qui sera particulièrement injuste. Ce n’est donc pas à l’Union de supporter ce risque, mais à l’Islande de clarifier sa position en procédant à un référendum sur la perspective d’adhésion... La Commission, en ne tenant pas compte de l’opinion islandaise dans son avis, fait semblant de croire que le temps arrangera tout, exactement comme elle l’a fait notamment avec la Bulgarie et la Roumanie (où la corruption n’a guère diminué), avec la Turquie ou avec la… Grèce.


Ce dernier cas est emblématique. Trente ans après son adhésion bâclée, la Grèce se rappelle à notre bon souvenir : personne n’a osé dire non en 1981 à Valéry Giscard d’Estaing qui plaidait pour l’adhésion de ce pays à peine sorti du Moyen-Âge, (c'est une image, je le précise vu le débat surréaliste que j'ai déclenché), que l'on a laissé détourner les fonds européens pendant vingt ans, tout comme personne n’a osé dire non à son adhésion à l’euro en 2001. Pas plus la vertueuse Allemagne que les autres, notons-le au passage. Or, un jour ou l’autre, les problèmes qu’on a voulu glisser sous le tapis finissent par ressurgir, comme le montre si bien la crise grecque.

Il est simplement dommage qu'elle éclate si tard. En effet, elle montre qu’une adhésion n’est pas gratuite : elle implique non seulement le nouvel entrant, mais aussi l’ensemble des États membres qui peuvent non seulement être contraints d’aider financièrement ce partenaire, mais être entrainé par sa chute. Il a déjà fallu voter au secours de la Lettonie, de la Hongrie et de la Roumanie… Si l’Union peut aider à stabiliser un pays, un pays peut déstabiliser l’Union, ce qui change totalement la façon dont on concevait jusqu’à présent l’élargissement. Ceux qui en doutaient encore peuvent constater que l’Union est infiniment plus qu’une zone de libre-échange, même si elle est encore loin d’être une fédération. Autrement dit, elle doit réfléchir à sa propre gouvernance avant de continuer à s’élargir : c’est vrai pour l’Islande, qui demeure extrêmement fragile, mais aussi pour les Balkans et surtout pour la Turquie.

Rédigé le 08/03/2010 à 17:23 dans analyse
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