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 La Belgique de A à Z

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Stans
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MessageSujet: La Belgique de A à Z   La Belgique de A à Z EmptyJeu 01 Avr 2010, 11:44 pm

Source : http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2010/04/la-belgique-de-a-%C3%A0-z.html



Coulisses de Bruxelles, UE



Jean Quatremer



« Belgique: poussée de fièvre nationaliste | Accueil
jeudi 01 avril 2010


La Belgique de A à Z



La Belgique de A à Z 6a00d83451b56c69e2013110093076970c-320wi Vue de France, la Belgique est un petit Royaume pittoresque dont les habitants parlent français avec un drôle d’accent popularisé par Coluche. Outre-Quiévrain, on ne va guère plus loin. Rares sont ceux qui savent qu’une forte majorité des habitants de ce pays est flamande (environ 60 % de ses dix millions d’habitants) et parle le néerlandais (d’où le « drôle d’accent »), qu’il s’agit d’une fédération comptant trois régions fédérées et surtout que les Flamands réclament davantage d’autonomie, voire, pour certains d’entre eux, l’indépendance de leur région.
Certes, depuis les élections législatives de juin 2007 et la longue crise politique qui a suivi, on a davantage parlé dans les médias du monde entier des affrontements « communautaires » locaux, c’est-à-dire de la volonté de la Flandre de disposer d’un territoire propre où tout le parle le néerlandais. Le New-York Times a même consacré, en mai 2008, un long papier à la Belgique, c’est dire, pour dénoncer le « fascisme non violent » qui règnerait dans le nord du pays : « that combination of national pride, rightist politics, language purity and racially tinged opposition to immigration is a classic formula these days in modern Europe, what critics call a kind of nonviolent fascism ». Mais la violence n’étant effectivement que légale et verbale, le Royaume de Belgique sort aussi rapidement qu’il y est entré du radar des médias étrangers. Voici un décryptage pour comprendre la situation de la Belgique, ce « pays en voie d’évaporation » comme le caractérise un diplomate européen. Et pour comprendre les racines des tensions actuelles, il faut faire un peu d’histoire. Voici un petit guide nécessaire à l'usage des Français, mais aussi des Belges qui auraient manqué un épisode.




• Comment a été fondée la Belgique ?
Brièvement indépendants entre 1789 et 1794, les « Etats-Belgiques-Unis », le territoire de l’actuelle La Belgique de A à Z 6a00d83451b56c69e20131100936c6970c-320wi Belgique jusque-là soumis à la couronne des Habsbourgs (espagnols puis autrichiens), sont d’abord annexés par la France puis, à partir de 1815, intégrés au « Royaume-Uni des Pays-Bas » gouverné par Guillaume 1er d’Orange. Ce nouvel État, créé par le Congrès de Vienne, soumet à une autorité protestante, les catholiques qui peuplent les anciens « États-Belgiques-Unis », ce qui ne pouvait que provoquer des tensions, même si une majorité de la population, celle du nord du pays, parle des langues dérivées du néerlandais, le sud pratiquant des dialectes francophones.

En 1830, c’est la Révolution, c’est-à-dire la révolte du sud catholique, contre la domination de la maison d’Orange. La France est bien tentée par l’annexion pure et simple des anciens « États-Belgiques-Unis », la conquête de la rive gauche du Rhin étant une constante de la politique étrangère hexagonale, mais il n’est pas question pour la Grande-Bretagne de laisser faire, quinze ans à peine après la chute du régime napoléonien. Elle considère toujours que le port d’Anvers comme « un pistolet braqué sur le cœur du Royaume-Uni », pistolet qui doit absolument rester neutre. Finalement, Londres et Paris, soucieux d’éviter la guerre, mais aussi l’intervention de la Prusse, de l’Autriche et de la Russie, s’accordent pour reconnaître une Belgique indépendante et neutre, un État tout aussi artificiel que celui qui vient d’éclater en deux parties. Les Belges, non sans mal, décident que leur pays sera une royauté (la Constitution, toujours en vigueur, est adoptée en février 1831) et choisissent comme roi « des Belges », Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha, un prince d’origine allemande, qui a combattu Napoléon dans les rangs de l’armée russe, et naturalisé britannique. Il prêtera serment le 21 juillet 1831, à Bruxelles, date qui est devenue celle de la fête nationale belge.

• Comment sont apparues les revendications flamandes?

Il restait à cet État né de la volonté des puissances de l’époque à devenir une nation. La bourgeoisie, qu’elle soit flamande ou wallonne, était alors largement francophone et méprisait les dialectes flamands (le flamand, le brabançon, le limbourgeois, etc.) et wallons. Pour unifier un pays, quoi de mieux que la langue ? Aussi, décida-t-elle de faire du français, alors langue mondiale et gage de modernité, la langue unique de l’administration et de l’enseignement, même si la liberté linguistique est inscrite dans la Constitution belge.

La Belgique de A à Z 6a00d83451b56c69e20133ec632806970b-320wi C'est de cette francisation forcée qu’est née la légende de «l'oppression» de la Flandre par les francophones, légende qui a permis la construction d’une identité flamande et alimente toujours, au XXIe siècle, le ressentiment flamand à l'égard des Wallons. Le mouvement flamand n’a pas hésité à réécrire l’histoire à l’aune de ce mythe. Par exemple, en prétendant que les soldats flamands se seraient fait décimer durant la Première guerre mondiale parce qu’ils ne comprenaient pas les ordres des officiers francophones : or, c’est totalement faux, le nombre de morts flamands étant proportionnel à celui de la population néerlandophone. En réalité, si oppression il y a eu, elle a été le fait de la bourgeoisie, qu’elle soit francophone ou flamande. Autrement dit, la légende flamande a transformé un conflit social en conflit linguistique et identitaire.

La naissance du « mouvement flamand » trouve donc son origine dans la fondation même de la Belgique. La Flandre réclame très vite que sa langue soit reconnue et placée sur le même plan que le français. Au départ uniquement culturelle, la revendication devient politique dès 1850, les néerlandophones réalisant qu’ils se trouvaient de facto exclus de toutes les fonctions administratives (à l’exception, bien sûr des francophones flamands). Il n’y a pas à l’époque de « frontière linguistique » claire séparant les néerlandophones des francophones : certes, le nord est flamand, le sud, wallon. Mais, entre les deux, il y a une zone grise variant au gré des mouvements de population. Ainsi, Bruxelles, ville flamande s’est petit à petit francisé au cours du XXe siècle.
Mais, en même temps que s’affirme le mouvement flamand, les Wallons commencent à se demander si la Belgique unitaire est une bonne idée : l'instauration du suffrage universel, en 1919, montre que ce sont les Flamands catholiques et conservateurs qui dominent ce pays, alors que les Wallons, minoritaires, sont socialistes et libéraux. C’est pour cela qu’ils ne s’opposent plus à une séparation de fait entre la Flandre et la Wallonie. En 1932, les régions linguistiques sont pour la première fois inscrites dans la loi. Elle chemine grosso modo d'ouest en est, entre Mouscron, au nord de Tourcoing (France), et Maastricht (Pays-Bas). Elle divise parfois des quartiers, saute des rivières, fend des ruisseaux, serpente au milieu des champs.... Mais, dans l’esprit du législateur d’avant-guerre, cette frontière n’est toujours pas fixe : elle est censée varier au gré des recensements de population.


• Comment la frontière linguistique s’est-elle transformée en frontière administrative et politique ?
En 1932, les Francophones ont commis une faute politique majeure qu’ils payent encore aujourd’hui en en refusant le bilinguisme généralisé que les Flamands étaient prêts à admettre. Les Flamands n’ont dès lors eu de cesse d’obtenir de plus en plus d’autonomie pour leur région et surtout un territoire clairement défini, à l’abri de frontières fixes.

En 1947, un recensement montre que les francophones grignotent du territoire, notamment à et La Belgique de A à Z 6a00d83451b56c69e20133ec632d0f970b-320wi autour de Bruxelles. La Flandre exige donc, pour stopper la « tache d’huile » francophone, la fixation définitive de la frontière linguistique. Ce sera chose faite au début des années 60 avec la loi du 8 novembre 1962, entrée en vigueur le 1er septembre 1963, qui gèle la frontière sur la base du recensement linguistique de 1947 (et les interdits pour l’avenir). En compensation, cette loi de 1962 reconnaît le bilinguisme des dix-neuf communes qui forment aujourd’hui la région de «Bruxelles capitale». Enfin, elle institue des communes «à régime linguistique spécial» que l'on appelle «à facilités», pour les communes comportant une forte proportion, parfois même une majorité, de personnes n'ayant pas pour langue maternelle celle de la région où elles se situent. Six, situées à la périphérie de Bruxelles, et dix le long de la frontière linguistique (dont quatre en Wallonie) ainsi que les cantons germanophones (1) obtiennent ce statut qui permet notamment à tout habitant de s'adresser à son administration locale dans sa langue.
Une fois les limites régionales cristallisées, les Flamands ont voulu remplir politiquement cet espace qu'ils se sont fait reconnaître. À partir de 1970, les réformes constitutionnelles vont se succéder à rythme rapproché, les Flamands exigeant toujours plus de pouvoirs au fur et à mesure que leur réussite économique les émancipe d'un sud vieillissant et en crise.


Trois régions, qui sont devenues au fil des ans des États fédérés, voient le jour : la Flandre, qui a placé sa capitale à Bruxelles qui n’est pas juridiquement en territoire flamand, la Wallonie, capitale Namur, et la région de «Bruxelles capitale». Ces régions s'emparent petit à petit des compétences de l'État central qui n'est plus aujourd'hui qu'un ectoplasme gérant, pour l’essentiel, la dette, la sécurité sociale et l’armée. La presse, la justice, le barreau, les partis politiques, les syndicats, les organisations professionnelles ont scissionné, à partir des années 70, les uns après les autres entre Néerlandophones et Francophones. C’est ce qu’on appelle ici le « fédéralisme évolutif » qui, contrairement aux autres fédérations dans le monde, ne cesse de dénouer les liens unissant les entités fédérées. «Le XXe siècle, pour la Belgique, c'est l'histoire d'un délitement qui s'accélère», estime ainsi Marie-Thérèse Bitsch, auteure d’une excellente « Histoire de la Belgique » (éditions complexes).


• BHV, c’est quoi ?
Il s’agit non d’un grand magasin parisien, mais des initiales de Bruxelles-Hal-Vilvorde, un arrondissement créé pour permettre à quelques 120 à 150.000 francophones vivant dans la grande périphérie bruxelloise de voter pour des partis francophones de Bruxelles (qui sinon n’auraient quasiment aucune chance d’avoir des élus en Flandre) et d’être jugés en français. C’est une version dégradée, si l’on veut, des droits accordés dans les « communes à facilité » (en tout, il y a 300.000 Francophones qui vivent en Flandre, selon les estimations les plus récentes).

La Belgique de A à Z 6a00d83451b56c69e20133ec632e84970b-320wi Pour la Flandre, BHV et les « communes à facilités » sont des poches de francophonies sur leur territoire et doivent donc disparaître : la frontière linguistique, purement fortuite, est devenue géographique et intangible et ceux qui vivent en Flandre doivent parler le néerlandais ou partir. Tous les partis politiques flamands veulent donc scinder BHV, avant de s’attaquer à la suppression des communes à facilités, notamment celles qui sont situées autour de Bruxelles. En attendant d’obtenir satisfaction, la région flamande multiplie les mesures discriminatoires à l’égard des francophones de Flandre (comme l’obligation de prouver que l’on parle flamand pour acheter des terrains communaux), ce qui lui a valu des condamnations de l’Union européenne, du Conseil de l’Europe et même de l’ONU…
Le CD&V, le parti démocrate-chrétien flamand (V pour Vlaams), d’Yves Leterme, a gagné les élections de juin 2007 sur les promesses d’une nouvelle « réforme de l’Etat » qui donnerait davantage de compétences aux régions fédérées et d’une scission de BHV. Les Francophones ont refusé tout net, ce qui a entrainé la plus longue crise gouvernementale de l’histoire de la Belgique : pour eux, accepter d’en terminer avec le dernier ilot de bilinguisme, c’est rendre possible l’indépendance de la Flandre... Lassés du refus francophone de toutes négociations, les partis flamands ont, pour la première fois de l’histoire de la Belgique, imposé la loi de la majorité (flamande) à la minorité (francophone) en votant en novembre 2007 , à la chambre des députés, cette scission, tous partis confondus (abstention des verts flamands). Mais la Constitution belge organise toute une série de voies de recours qui ne sont toujours pas terminées, deux ans plus tard, si bien que la scission n’est toujours pas effective… Avec le retour d’Yves Leterme au pouvoir, en décembre dernier, à la suite du départ d’Herman van Rompuy, le dossier BHV a été confié à un groupe de vieux « sages » de la politique belge, présidé par Jean-Luc Dehaene, un ancien premier ministre CD&V, qui doit trouver une solution avant les élections de juin 2011. Il faudra attendre le règlement de ce dossier explosif pour qu’une nouvelle « réforme de l’Etat » soit négociée.


• Quel est le rôle du roi des Belges ?
Le roi incarne la Belgique et, à ce titre, il doit être linguistiquement neutre. Mais il n’a quasiment plus aucun pouvoir : il n’a que de l’influence et celle-ci s’exerce surtout lors de la formation du gouvernement, puisqu’il désigne les « informateurs », « formateurs » et autres « défricheurs » chargés de préparer l’émergence d’une coalition gouvernementale à la suite d’une élection législative. Mais, ensuite, il n’a qu’un rôle purement formel : pour l’essentiel, il se borne à jouer le monsieur « bons offices » entre les protagonistes politiques en cas de fortes tensions et à plaider, sans illusions excessives, pour le maintien de la Belgique. Ainsi, le 24 décembre 2009, il a déclaré que la construction européenne « doit servir d’exemple à notre pays. Ici également, la diversité et les divergences de vues entre groupes de population rendent la cohésion parfois difficile ».

Alors que, traditionnellement, la Flandre était très attachée à l’institution royale, ce n’est plus vrai depuis une dizaine d’années. Les principales attaques contre la famille royale viennent du nord du pays qui aimerait bien en finir avec l’un des derniers symboles de l’unité de la Belgique : ainsi, c’est de Flandre que sont venues les révélations sur l’existence d’une fille naturelle d’Albert II, les violentes critiques contre Philippe, l’héritier soupçonné de ne pas être à la hauteur de sa future tâche ou contre l’affairisme du Prince Laurent, la proposition de revoir à la baisse les dernières prérogatives royales ou encore de rogner la liste des bénéficiaires des dotations publiques.
Le renversement de perspective est étonnant. Entre 1945 et 1950, la « question royale » a mené la Belgique au bord de la guerre civile, la Flandre soutenant le retour du roi Léopold III, accusé de collaboration au moins passive avec les nazis, alors que la majorité des Francophones, toute la gauche et une partie des libéraux le refusent. Le référendum du 12 mars 1950 tranche la question : par 57,7 %, les Belges votent le retour de Léopold. Mais scrutin révèle une sévère ligne de fracture : 72,3 % des Flamands ont voté pour le retour, mais seulement 48 % des Bruxellois et 42 % des Wallons… En juillet, une manifestation se soldera par quatre morts et la promesse de Léopold d’abdiquer en faveur de son fils, Baudouin, qui deviendra roi en juillet 1951. Aujourd’hui, un référendum sur la royauté donnerait sans aucun doute un résultat inverse, les Francophones voyant dans cette institution l’un des derniers remparts contre l’éclatement du pays.


(1) Il y a en fait trois communautés linguistiques, avec les Cantons de l'Est, de langue allemande, qui ne comptent que 70 000 habitants.


N.B.: Cet article est paru dans la revue J&V, un bimestriel destiné notamment aux Français de Belgique
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