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| LE TRIPLE DEUIL DES FRANCOPHONES | |
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François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: LE TRIPLE DEUIL DES FRANCOPHONES Mer 06 Oct 2010, 10:30 pm | |
| Le message subliminal des cours d'histoire sur la Belgique "nous sommes les braves gens d'un petit pays à qui toutes les grandes méchantes nations veulent du mal !" (l'histoire des conquêtes successives)'' (Agathe N.)
Voici résumé par une seule phrase lumineuse toute la difficulté que les forces et les esprits désirant la réunion de la France et de la Wallonie-Bruxelles rencontreront dans cette démarche. Pour le dire d'une manière plus provocante : Nous, les braves gens d'un petit pays d'un côté, n'aspirant qu'à la vie tranquille; la Grande Nation guerrière, belliqueuse, de l'autre -entendez la France- qui ne veut que nous asservir... Mais bien entendu ils n'y arriveront pas ces satanés Bourguignons . Le Droit et la Morale sont pour nous. Méfiance, méfiance...
Bien entendu, nous savons tous que ce n'est que du ressentiment, que même si cela fut (en partie) vrai, le bellicisme ne fut pas que d'un seul côté. Britanniques, Hollandais, Allemand, Espagnols, Suédois, Chevaliers teutoniques, et y compris...Wallons, furent chacun tout à tour l'agresseur de l'autre. Mais ce ressentiment existe bien, et en ce sens il constitue une réalité politique qui transcende les époques et les espaces. Et il faudra faire avec.
L'existence de ce ressentiment -qui fut pour moi une immense surprise quand j'ai commencé à m'intéresser à l'avenir de ce pays, explique l'impassibilité française. Ce qui caractérise un ressentiment, c'est la méfiance qui s'instaure dans les relations. Tout est analysé, mesuré, décortiqué dans le sens d'une manipulation possible, d'une tentative de subversion. Où est le piège ? Cette main tendue n'est-elle pas celle qui va nous étrangler demain ? Cette bonne figure, n'est-elle pas le masque derrière lequel se cache la face hideuse du despote ? Voyez, il y en a déjà un à la manœuvre, à l'Elysée!. Et puis, à supposer que ces gens-là soient sincères dans leurs marques actuelles d'amitié, ne sont-ils pas nos débiteurs pour nous avoir tant de fois fait tant de mal ? ...
Balivernes que tout cela, nous le savons bien. L'histoire ne peut être l'aune à laquelle se mesure le présent et se construit l'avenir, et même si nous sommes englués dans l'histoire, selon la formule de Braudel, la politique est précisément l'art de faire en sorte que l'histoire ne pèse pas trop sur l'avenir. Il est des pays où toute vision politique n'est que révision orientée de l'histoire. Dans ces pays, tout possibilité de progrès est exclue.
Mais ce n'est pas nous, les convaincus, qu'il s'agit de convaincre. ce sont ceux dont nous voulons nous attacher le cœur et l'esprit, non de manière autoritaire et régalienne, mais de manière volontaire et aimable, sur la base de l'intérêt commun et proportionné. Ce sont ceux qu'on appelle les Belgicains, et peut-être les Flamands, qui doivent être convaincus.
Malheureusement dresser l'état des avantages que ceux-ci trouveront à faire cause commune avec nous, Français, ne servirait à rien. Dans l'état actuel du jeu politique local, le ressentiment anti-français submergera tout. Que répondre à un argument tel que ''Devenir Français, comme ces grandes gueules, avec Sarko, Beurk!''. Toute discussion est immédiatement close. Tout échange raisonnable devient impossible. Avancer des arguments de géopolitique, démontrer que la seule construction stable dans le temps c'est celle de l'état-nation et que dans ce domaine -que l'on a longtemps décrié- la France à quelques longueurs d'avance, ne servirait à rien. On vous objectera que l'état-nation est un obstacle à la prospérité économique (thèse anglo-saxonne pour les non anglo-saxons totalement erronée sur le long terme) et une menace pour la paix. Avancez l'idée que c'est autour des états nations que pourra se construire l'Europe, si du moins une chance existe pour y parvenir, vous serez accusés de vouloir le retour à la politique des puissances du 19ème siècle. Faites valoir que l'UE que nous avons imaginée est en fait l'instrument de la décomposition des états nations avec le risque de retour à des conflits entre nouveaux Armagnacs et nouveaux Bourguignons, vous apparaîtrez comme des anti-démocrates et d'affreux jacobins Parlez de la laïcité des institutions comme seul moyen de construire une conscience morale collective ? On vous répondra que la laïcité à la mode française c'est une atteinte à la liberté religieuse, alors que la laïcité est précisément le cadre qui permet l'expression de la conscience religieuse pourvu qu'elle demeure dans la sphère privée.
C'est un fait : l'idéologie dominante actuelle est en contradiction avec le modèle français que nous proposerions aux Wallons et aux Bruxellois, alors qu'eux-mêmes sont fortement influencés par le modèle anglo-saxon. On peut donc comprendre leurs réticences héritées d'un passé conflictuel et d'une actualité économique mitigée.
Or, le destin de la Wallonie et celui de Bruxelles -mais de BXL, j'en suis moins sûr- c'est de se confondre tôt ou tard avec celui de la France. Peut-être aussi d'ailleurs que c'est celui de la Flandre, même si cela peut apparaître aujourd'hui comme illusoire, voire provocateur. Pour une raison simple de géopolitique. C'est que dans un schéma de lente dissolution de l'Empire américain tel qu'il se déroule aujourd'hui (voir Leap 2020 et dedefensa.org) l'autre Empire de l'Est voudra prendre la place laissée vacante, et qu'il n'y aura pas, dans cette lutte de géants, d'avenir pour les petites nations et encore moins pour une UE régionaliste, une UE qui a déjà raté sa politique à l'égard d'un des deux géants, et dont la monnaie est devenue la variable d'ajustement du jeu monétaire auquel se livre les deux ou trois autres puissances. A plus forte raison, il n'y aura aucune place pour les ''petits'' peuples non fédérés par une conscience collective partagée.
La question est donc celle-ci : comment les Wallons -du moins ceux qui sont actuellement réticents voir francophobes- vont-ils effectuer leur mue politique et psychologique? Car mue il devra y avoir. Comment demain par exemple, un quotidien comme Le-Soir pourrait-il changer sa ligne éditoriale ? La réponse consistant à dire qu'il suffirait que le PS wallon ne soit plus majoritaire, est insuffisante. Comment cette mue pourra-t-elle advenir et comment l'idée d'un destin commun pourra-t-elle s'imposer comme une réponse naturelle ? Cette question a été posée dans l'histoire aux Etats du Languedoc à l'époque médiévale. Elle a été résolue par le fer, le feu et le sang (voir par exemple le livre ''Montaillou, village occitan'' d'Emmanuel Leroy-Ladurie), et finalement les gens du pays d'Oc, qui comme les Wallons aujourd'hui, n'aspiraient qu'à vivre paisiblement en Occitanie, ont accepté de devenir français. Il n'est bien entendu pas question pour la Wallonie et évent. BXL, d'obtenir cette adhésion par les mêmes procédés. Fort heureusement l'humanité a fait quelques progrès depuis.
Le Triple Deuil des Francophones
Alors comment cette catharsis belgicaine pourra-t-elle intervenir ? Mon sentiment est qu'elle se produira lorsque le peuple wallon aura épuisé toutes les voies et aura enduré toutes les épreuves du divorce d'avec la Flandre et aura, face à l'adversité économique, financière et politique, d'abord fait son deuil de la Belgique, puis fait son deuil du WalloBrux, puis fait son deuil de l'UE. Resteront alors ceux qui, de l'autre côté de la frontière, étaient jusqu'alors regardés comme des méchants voisins, et dont on s'apercevra qu'ils ne l'étaient pas. C'est après ce triple deuil, de la Belgique unitaire-fédérative, du Wallo-Brux et de l'UE, que pourra intervenir le rapprochement politique avec la France. Et alors, ce rapprochement se fera tout naturellement, sans chichi, sur les bases des règles de fonctionnement de l'état-nation français, tout naturellement, parce qu'il n'y aura pas d'autres voies possibles et que le ressentiment aura été dépassé | |
| | | AgatheN Modératrice
Nombre de messages : 87 Age : 46 Localisation : Bruxelles occupée - département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : politique réunioniste Date d'inscription : 22/02/2009
| Sujet: Re: LE TRIPLE DEUIL DES FRANCOPHONES Jeu 07 Oct 2010, 11:53 am | |
| Merci François pour votre appréciation, vos compliments me vont droit au coeur ! A partir du moment où les gens ont fait le deuil de la Belgique, les choses peuvent aller très vite. Imaginons des négociations de scission encore plus dures que les négociations actuelles pour une réforme de l'état, avec des Flamands intraitables qui voudraient refiler 100% de la dette à une Belgique résiduelle, refuseraient d'élargir Bruxelles etc Les politiques francophones se rendront compte à ce moment-là qu'ils ont besoin d'une aide extérieure, que l'UE s'en fiche et que la France est le seul voisin bienveillant. Ils devront le faire pour éviter que les Flamands ne scindent le pays en nous laissant tous nus ! A ce stade, le pragmatisme devrait l'emporter sur les états d'âme pleins de ressentiment historique. Entre parenthèses, je ne comprends pas comment les belgicains ne parviennent pas à remettre en question ces préjugés, car ce ne sont pas tous des simplets ! (des gens qui voyagent, qui ont fait des études, voire qui occupent des positions de pouvoir) alors que nous, simples citoyens des forums, voyons clair depuis des années ! Il y a les grands bourgeois catho qui profitent du système, qui comprennent parfaitement et jouent la mauvaise foi, mais les autres ?! D'après les réactions sur les forums d'actualité, le deuil de la Belgique se fait en ce moment : - les sondages : 54% pour la séparation sur La Libre, 60% sur le Soir - les commentaires : ceux qui arrivent en tête des votes des internautes expriment tous un ras-le-bol de se faire marcher sur les pieds, ras-le-bol des politiciens "olivier", volonté de séparation et soutien à Olivier Maingain. A l'heure où on apprend que le Palais ne consultera PAS les libéraux, la moutarde monte au nez de pas mal de monde ! A quand la révolution bruxelloise, l'assaut des grilles de Laeken, la destitution de la famille royale et l'internement du roi dans une maison de repos et de soins où il recevra les soins que mérite sa santé défaillante !!! Le deuil de l'UE : avec Van Rompouille à sa tête et l'influence des lobbys financiers, mieux vaut qu'elle ne fasse rien ! Si nous espérons que l'UE vole à notre secours pour la fixation de la frontière définitive en périphérie bruxelloise (arbitrage international, recensement linguistique ?), nous ne portons pourtant pas cette institution en grande estime. Pour les Bruxellois en particulier, l'UE est une communauté d'eurocrates qui vivent entre eux et dont les salaires élevés provoquent l'augmentation des loyers ! Le plus difficile sera le deuil du Wallobrux auquel se raccrochent actuellement ceux qui envisagent la scission du pays. Mais j'espère que les évènements concrets iront plus vite que les états d'âme ... Les citoyens ont l'air de progresser plus vite que les politiques (excepté le FDF) Sur le tchatt du Soir, Joëlle Milquet a dit "les citoyens ne m'ont pas mandatée pour négocier le rattachement avec un état souverain voisin qui risquerait de nous traiter comme quantité négligeable". De la part de quelqu'un qui négocie avec le CD&V et la NVA depuis 3 ans et qui se plaint régulièrement de ses conditions de travail, c'est hallucinant ! Comment peut-on croire que la France nous traitera encore plus mal que la Flandre ?! De la part de quelqu'un qui ne va jamais nulle part, je comprendrais encore, mais d'une présidente de parti ... | |
| | | guy Membre fidèle
Nombre de messages : 182 Age : 81 Localisation : Draguignan (France - Dépt du Var) - Ardennais d'origine Langue : français Emploi/loisirs : Retraité profession juridique - Loisirs : histoire, actualité politique, bricolage, musique, informatique, photo, cuisine Date d'inscription : 22/01/2010
| Sujet: Re: LE TRIPLE DEUIL DES FRANCOPHONES Ven 08 Oct 2010, 12:06 am | |
| "Joëlle Milquet a dit "les citoyens ne m'ont pas mandatée pour négocier le rattachement avec un état souverain voisin qui risquerait de nous traiter comme quantité négligeable". Je ne suis pas sûr qu'elle dit ce qu'elle pense, et je me demande si elle ne dit pas cela pour caresser ses électeurs belgicains dans le sens du poil. Si elle le pense vraiment, c'est qu'elle connaît mal les possibilités du système français sur le plan juridique et constitutionnel et qu'elle voit l'attitude de la France à travers le prisme déformant de l'attitude de la Flandre. Il faudrait alors qu'elle lise au moins le livre de Jules Gheude "Quand les Wallons s'éveilleront" et les études de Jacques Lenain. | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: LE TRIPLE DEUIL DES FRANCOPHONES Ven 08 Oct 2010, 12:16 pm | |
| Joëlle Milquet a dit "les citoyens ne m'ont pas mandatée pour négocier le rattachement avec un état souverain voisin qui risquerait de nous traiter comme quantité négligeable".
La formulation de Mme Milquet est un chef d'œuvre d'ambiguïté, de non dit et finalement d'affirmation du contraire de ce qu'elle énonce. Voyons un peu cela. Notons d'abord que Mme Milquet refuse de nommer le dit état souverain. C'est bien entendu la France. Traduction du non-dit : ''j'ai bien conscience que nous allons vers un rattachement à la France, mais pour l'instant je ne suis pas d'accord pour la raison que nous serions traités comme quantité négligeable''
La formulation ambiguë de Mme Milquet amène de la même manière l'affirmation implicite inverse : ''En revanche, Si cet état souverain -donc la France- nous assurait que nous ne serions pas traités comme quantité négligeable, alors vraisemblablement nous pourrions engager des négociations''. Mme Milquet a bien utilisé le mot ''négociation''. Or, il existe une négociation en cours; c'est celle avec la NVA. Ca veut donc dire que dans l'esprit de Mme Milquet, la négociation décisive, ce n'est pas celle en cours, mais celle qui viendra demain, avec ''cet état souverain''. Vous remarquerez aussi l'emploi de l'expression ''état souverain''. C'est une expression qui implique un sentiment de respect et d'envie à l'égard du dit- état. L'emploi de cette expression amène la vision contraire : eux sont souverains; nous nous ne le sommes pas ou nous ne le sommes plus.
Même remarque pour le non-dit du premier membre de phrase : ''les citoyens ne m'ont pas mandatée pour négocier le rattachement...' : traduction du non-dit impliqué par cette formulation : ''En revanche, si nous étions mandatés, nous engagerions de telles négociations...'' On notera en outre l'emploi du mot rattachement, qui est le plus fort de toute la panoplie disponible : union, réunion, association, adossement... , qu'il faut bien entendu rattacher (c'est le cas de le dire) à l'emploi du mot négociations : la cadre intellectuel de Mme Milquet se découvre donc à l'aune de ses propos : la vraie négo, sera celle avec l'état souverain voisin -la France- et ce sera une négociation pour le rattachement dans la dignité; et ce même si un accord provisoire est trouvé aujourd'hui avec la NVA.
Tout cela serait assez amusant si nous n'étions pas dans une situation de tension extrême, où chacun cherche à fixer son rôle et prendre des gages pour l'avenir. A l'aune de cette déclaration de Mme Milquet, les choses deviennent claires. C'est bien un appel indirect à l'opinion publique francophone qui est lancé. Cet appel est le suivant : Il faut engager des négociations avec la France, nous autres qui vous représentons sommes prêts à le faire. Nous vous garantissons que nous ferons en sorte que vous ne serez pas traités comme quantité négligeable; Mais morbleu, vous le peuple, bougez-vous et manifestez que vous voulez bien aller dans ce sens, qui nous paraît le seul réaliste !
Mme Milquet est certainement une femme intelligente. Elle doit relire quand même ses déclarations publiques. Les implications contenues dans sa formulation ne peuvent lui avoir échappé. Or elle n'a pas corrigé ses déclarations (à ma connaissance). C'est donc qu'elles les assume. Il est vraisemblable que demain elle dira tout cela au style transitif direct. | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: LE TRIPLE DEUIL DES FRANCOPHONES Ven 08 Oct 2010, 1:11 pm | |
| François, moi je pense que Joëlle MILQUET est celle qui aurait le plus à perdre dans le cas d'un rattachement à la France car le parti qu'elle préside n'a pas vraiment d'équivalent en France où l'on peut faire les équations suivantes : MR-FDF-MCC = UMP, PS = PS, ÉCOLO = les Verts mais le CdH = le MODEM ? Or quand on sait ce que représente le MODEM de nos jours je pense que MILQUET prêche d'avantage pour sa chapelle que pour l'ensemble des Francophones ! Mais il se peut que je me trompe.
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| | | AgatheN Modératrice
Nombre de messages : 87 Age : 46 Localisation : Bruxelles occupée - département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : politique réunioniste Date d'inscription : 22/02/2009
| Sujet: Parlez-vous le Milquet ? ;-) Ven 08 Oct 2010, 3:13 pm | |
| Fascinant, cette analyse de la pensée profonde de Joëlle Milquet ! C'est la spécialiste nationale (et peut-être internationale ?) de l'ambiguïté dans les formules : elle veut ratisser large dans une tentative désespérée de faire remonter son parti, et utilise donc des phrases qui peuvent être comprises de diverses façons. Elle s'exprime aussi souvent de manière hypocrite parlant des choses sans les nommer " un autre état souverain" = la France, "une autre formation" = le MR-FDF ... on pourrait en écrire un dictionnaire ! D'autant plus fascinant qu'il s'agit d'un tchatt où elle ne pouvait prévoir les questions posées et où elle devait répondre très vite, sans préparer ses interventions. Malheureusement, je dois rectifier ma transcription de sa phrase car ignorant qu'elle ferait l'objet d'une analyse si approfondie je l'ai écrite d'après mon souvenir et il y a une différence Son expression exacte était "... pour aller les rattacher à un autre état souverain ..."Elle n'a donc pas utilisé le mot "négociation" dans cette phrase-là, l'expression "aller les rattacher" trahissant plutôt son mépris pour l'idée de réunion à la France. Le mot "autre" pour l'état souverain, j'aurais bien entendu préférer qu'il n'y soit pas ... mais l'idée de base cachée derrière le tout est peut-être correcte qui sait ? Un désir secret d'aller se rattacher pour en finir enfin avec toutes ces négociations stériles avec les Flamands ! Elle a commis un lapsus allant dans ce sens plus haut : "Il y a des moments où il faut mettre le sens de l’été avant l’intérêt particratique et la médiatisation qui y est liée."Elle voulait évidemment dire le sens de l'Etat, mais cet "été" trahirait-il un désir de vacances ... définitives, elle qui se plaint souvent de l'impact négatif de sa vie politique sur sa vie privée ?! Si Joëlle Milquet a voulu lancer un appel indirect aux citoyens pour se mobiliser, elle devrait le dire plus clairement car je n'avais pas du tout interprété son message dans ce sens-là ! Ainsi que l'ensemble des internautes qui fustigent sa langue de bois et son belgicanisme rétrograde ... J'ai connu la présidente du CDH durant les quelques années où j'étais membre de son parti, à m'occuper des jeunes CDH de BHV. A ce titre, je participais à tous les comités d'arrondissement où elle faisait rapport sur les négociations de 2007. Elle croyait sincèrement qu'en répondant systématiquement "non" à toutes les exigences flamandes de transferts de compétence, les Flamands finiraient par se calmer et se contenter de quelques ajustements pour mieux faire fonctionner la Belgique fédérale. Le CDH n'a donc absolument rien préparé comme plan B (du moins fin 2007). Je crois que quelque chose s'est cassé chez elle à ce moment-là: elle a apparu tout d'un coup lasse de tout, résignée, se contentant des courtisaneries de ses filles de cabinet pour prétendre savoir ce que pense le peuple ! C'est à ce moment-là aussi qu'elle a commencé à se plaindre de ses conditions de travail dans quasiment toutes les interviews, de manière plus ou moins claire. A mon avis, elle aspire à se retirer de la vie politique mais ne le fait pas car son ego l'amène à se croire indispensable. De par mon parcours allant du CDH au FDF (en passant par un sas RWF), je suis peut-être la seule personne à avoir entendu 2 témoignages de 1ère main sur les négociations de 2007 : celui de Joëlle Milquet et celui d'Olivier Maingain. Joëlle Milquet prétendait défendre les Francophones bec et ongles ainsi que la périphérie mais la scission de BHV ne lui importait pas tant que ça, elle était poussée par ses mandataires des communes à facilités (et sans facilités !) à chacun de ces comités d'arrondissement. Puis ce tournant fin 2007 où elle semble avoir abandonné ses principes par lassitude. D'après Olivier Maingain, le CDH ne s'est montré si ferme en 2007 que pour bloquer la négociation et pouvoir faire rentrer le PS au niveau fédéral par après. D'après lui, le FDF s'est toujours montré cohérent et ferme à la table des négociations même si ce n'était pas transmis au jour le jour par la presse. Joëlle Milquet prétendait elle qu'Olivier Maingain n'ouvrait jamais la bouche et que Reynders avait tout lâché. J'ai tendance à croire la version d'Olivier Maingain, le connaissant mieux aujourd'hui. Il a un moral d'acier, des principes auxquels il tient par dessus tout et la volonté de défendre les Francophones à tout prix ... même celui de la scission du pays ! Pour les amateurs, voici d'autres phrases de Joëlle Milquet durant ce tchatt (et cette fois-ci, transcrites correctement pour chaque mot ! Je vous ai épargné ses fautes de frappe et les quelques réponses où elle jure avoir mis le désenclavement de Bruxelles sur la table et défendre les Francophones avec "la fermeté qu'on lui connait" !): (Voyez-vous un avenir positif pour notre identité nationale ?) : Cela dépendra des capacités politiques actuelles à trouver un accord qui offre de la stabilité du pays.
Je ne sais pas prédire l’avenir mais je sais ce que je veux faire du présent et le mandat que nous avons reçu de nos citoyens est de tout mettre en œuvre pour sortir le pays de la crise et maintenir une Belgique fédérale certes modifiée. Nous n’avons pas encore épuisé toutes les possibilités pour aboutir à un accord institutionnel et tant que ce n’est pas fait je me refuse à venir faire peur en brandissant des plans B qui si ils sont tentants à certains à priori pourraient s’avérer catastrophiques pour tout le monde.Trrrremblez citoyens, vous ne serez nulle part ailleurs mieux qu'en Belgique ! (que lui faut-il encore comme possibilités à épuiser, après 3 ans de négociations infructueuses ?!!) (la scission serait-elle une catastrophe pour nous Wallons ? la France n’est pas loin …) : Votre lassitude est partagée et vécue par nous au jour le jour mais croire que le plan B est facile, c'est se tromper. D’abord il devra être négocié. Comment répartir la dette et les compétences ? Quel pouvoir et quel territoire à Bruxelles ? Croire que ce genre de choses se fera facilement et au bénéfice des Francophones est un leurre. A ce stade, les conséquences financières, notamment en matière de sécurité sociale, seraient profondément défavorables aux francophones, et ça, c'est du concret. (N'avez-vous pas néanmoins concédé la régionalisation des allocations familiales ?) : Nous avons toujours exigé que le financement des allocations familiales reste bien lié à la sécurité sociale et aux cotisations sociales au niveau fédéral. Il n'a jamais été question d'un financement régionalisé. En outre, ce point était loin d'être tranché. Par contre elle évite soigneusement le terme de financement communautarisé ... (le centre d’études du CDH prépare-t-il un plan B ?) : Notre centre d’études fait toujours de la prospective et a toujours des notes sur tout. Mais notre plan du moment est un plan A comme Accord institutionnel. Le CDH envisage-t-il aujourd'hui un plan B ? Si oui, cela semble maigre si ce n'est qu'une "note" ... Mais nous ne résistons pas comme de vieux belgicains nostalgiques. Nous avançons avec des propositions nouvelles et de vrais transferts de compétences. Mais nous pensons qu’il faut garder des compétences fédérales collectives. Entre nous je ne pense pas que la régionalisation du commerce extérieur ait été la meilleure chose. (Pq avez-vous peur de plus de transparence) : S’il y a bien qqn qui ne pratique pas la transparence, c’est la NVA. Je dis toujours ce que je fais et je fais ce que je dis mais il y a des moments où si vous voulez réussir un accord, vous devez rester discret. C’est une nécessité. (Bxl ne serait-elle pas mieux protégée par la législation internationale que par les marchandages belgo-belges) : Ce serait une très mauvaise idée. La démocratie demande que les Bruxellois aient leur mot à dire dans la gestion de leur ville et qu’ils ne soient pas mis sous tutelle par une organisation technocratique internationale qui ferait des choix au mépris des intérêts de ses habitants. La manipulation : l'internaute pense sans doute au statut régional de Bruxelles, au principe 1 homme = 1 voix bafoué, à l'élargissement aux communes à facilités par un recensement linguistique. Elle répond comme s'il lui demandait ce qu'elle pense d'un district fédéral géré par l'UE = "une organisation technocratique internationale". Une expression à ajouter au dictionnaire Milquet / Français ! Il faut garder son sang-froid et surtout sa dignité et se dire que vous êtes bien défendus et qu’on ne fera jamais un accord à n’importe quel prix. On = qui ? Le CDH, le trio "olivier", les 4 partis francophones ? S'agissant des 2 premières suppositions, je suis sceptique sur leur "dignité" ... (Pq pas la séparation en douceur comme la Tch en 93) : La Tchéquoslovaquie n’avait pas de capitale en commun appartenant majoritairement à une composante et enclavée dans le territoire de l’autre composante. Le but que nous poursuivons est d’éviter l’appauvrissement, sinon on aurait déjà conclu un accord mais je ne suis pas sûre que le citoyen nous en remercierait. (que ferait-elle si le roi la nommait médiateur ?) : Mon 1er plan sera d’organiser un dîner romantique entre Bart de Wever et Elio di Rupo avec violons romantiques et très bon vin … chez Bruneau ! Au moins, elle a encore un peu d'humour ... (Pq ne pas informer les citoyens du contenu des négociations ?)Elles n’étaient pas terminées et un grand nombre de choses devait être éclairci. Et si l’on veut un jour les poursuivre, mieux vaut les laisser dans la discrétion sinon les acquis francophones risquent de voler en éclats lorsqu’ils seront connus. Quels acquis francophones, d'après les fuites dans la presse il n'y en avait aucun ! Les négociations n'étaient pas terminées mais se taire pendant 4 MOIS, c'est énorme ! Et je ne vois pas comment des comptes-rendus réguliers pourraient compromettre un accord si les parties ont la volonté d'aboutir (mais ici ce n'est plus le cas et depuis longtemps ! Alors on fait quoi ? On nous cache tout !) | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: LE TRIPLE DEUIL DES FRANCOPHONES Ven 08 Oct 2010, 8:41 pm | |
| Elle est toutefois assez lucide quant aux conséquences financières d'une scission pour Bruxelles en particulier. Il faut le reconnaître. | |
| | | Ardennais Cofondateur
Nombre de messages : 3518 Age : 58 Localisation : Grasse (Alpes-Maritimes) Langue : français Emploi/loisirs : enseignant Date d'inscription : 20/04/2009
| Sujet: Message subliminal Sam 09 Oct 2010, 4:45 pm | |
| Grasse, Octidi 18 Vendémiaire, An CCXIX. Cher François, J'apprécie d'autant plus le brillant décryptage de la déclaration de Joëlle Milquet que je suis moi-même adepte de ce genre d'exercice (avec moins de maestria, il est vrai). Mais l'exercice est périlleux et le risque de l'opération est la sur-interprétation orientée que Stans et Agathe ont cru déceler. Mais je pense que l'analyse n'en reste pas moins valide, non pas tant qu'elle décrit l'état d'esprit de l'intéressée mais bien plutôt l'évolution actuelle de "l'inconscient collectif francophone belge" (Beurk! Quelle formulation barbare, qui à elle seule justifierait qu'on scinde la pays!). Salut et Fraternité!
Dernière édition par Ardennais le Sam 09 Oct 2010, 4:54 pm, édité 1 fois | |
| | | Ardennais Cofondateur
Nombre de messages : 3518 Age : 58 Localisation : Grasse (Alpes-Maritimes) Langue : français Emploi/loisirs : enseignant Date d'inscription : 20/04/2009
| Sujet: Lucidité? Sam 09 Oct 2010, 4:52 pm | |
| Grasse, Octidi 18 Vendémiaire, An CCXIX. Cher Stans, - Citation :
- Elle est toutefois assez lucide quant aux conséquences financières d'une scission pour Bruxelles en particulier. Il faut le reconnaître.
Je pense que cette lucidité est assez bien partagée par le reste de la classe politique francophone. Ce n'est pas un manque de lucidité sur l'état actuel de la Belgique qui provoque le blocage... c'est la peur du saut dans le vide. Salut et Fraternité! | |
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