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 La thanatologie

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Stans
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MessageSujet: La thanatologie   La thanatologie EmptyMer 19 Avr 2006, 12:52 pm

Source : http://www.mort-thanatologie-france.com/Lathanato.htm

Louis-Vincent THOMAS (1922-1994)

Citation :
1 - La thanatologie n'est pas une science de la mort mais le regroupement de tous les savoirs philosophiques, théologiques et surtout scientifiques qui en parlent.

Plus exactement, elle s'intéresse à un triple objet. La mort, sa nature, ses causes et son origine, ses modalités. Le mourir et le mourant, le vécu de la mort, pour les mourants et les leurs, le droit à la mort s'il existe (euthanasie, suicide), les manières de bien mourir. L'après-mort, c'est-à-dire : les techniques de gestion du cadavre (inhumation, crémation, manducation partielle, abandon rituel ); les rites funéraires avec leur cortège de symboles ; les actes de commémoration ; les pratiques du deuil ; enfin, l'eschatologie : mort définitive, résurrection, réincarnation, ancestralitéÉ

Tout se passe, du moins en Occident, comme si la mort au cours du temps tantôt avance, notamment avec le second Moyen-âge, le XVIIe siècle baroque, le XIXe et son explosion romantique ; tantôt recule comme à la Renaissance, au Siècle des Lumières et dans le monde d'aujourd'hui. Ces variations de longue durée, traversées de vifs arrêts ou de retours en arrière, connaissent des alternances, des crises, des crispations. Par exemple, après la dédramatisation de la mort à la Renaissance et surtout lors du Siècle des Lumières, resurgissent le pathétique et le macabre nourris de leurs pulsions et de leurs excès, tel le Baroque au cours des années 1770, le Morbide en plein XIXe, une certaine forme de fantastique ou d'horrible de nos jours. Il vient toujours un moment où la mort réintègre la société alors qu'un compromis assez durable semblait avoir été élaboré. Qu'on y prenne garde. Il n'est pas question ici de mouvement pendulaire qui repasse par les mêmes états. Non, l'alternance innove : la mort du sage n'équivaut pas à celle du chrétien et celle-ci n'a rien à voir avec la mort romantique.

2 - Aujourd'hui, en Occident, on peut déceler trois strates qui coexistent :

a) La survivance de la tradition où la mort est naturelle et nécessaire, familière ou apprivoisée tandis que les rites restent importants à tous les niveaux : lors du mourir, au moment des funérailles, après celles-ci : deuil et fin de deuil, commémoration.

b) La mort jugée ni naturelle ni nécessaire se trouve refoulée voire déniée. Tour à tour, elle est expropriée avec perte de l'altérité, marginalisée car liée à l'absence d'intégration, désacralisée tandis que prédomine la technicisation du rituel (on le voit avec la montée de la crémation), écartée enfin parce qu'inséparable du jeu de la comédie pour tous les protagonistes (mourants, soignants, familles). Les rites devenus obsolètes se simplifient ou disparaissent : veillée du mourant et du cadavre, condoléances, cortèges, deuil social) ; ils tombent en panne de symbolique et se professionnalisent (par exemple, la toilette du cadavre devient thanatopraxie). La perte des valeurs traditionnelles, la force de l'individualisme dans une société non sécurisante, le prestige de la science et de la technique, les exigences de la quotidienneté urbaine (plus de lieu, accélération du temps, réduction de la famille à la conjugalité, marchandisation des rapport humains, répugnance à exprimer ses émotionsÉ) en sont les marques. Mais voici que depuis une dizaine d'années s'ajoute une troisième strate qui bouleverse les données du problèmes : celui de la mort retrouvée. Elle prend place au sein des trois dimensions évoquées plus haut.

3 - A la définition de la mort (redevenue naturelle et nécessaire), par exemple la séparation des éléments constructifs du moi, s'impose la définition-signe technique, notamment l'absence d'activité cérébrale exprimée par une électroencéphalogramme à tracé nul durant un certain temps, à condition que le sujet n'ait pas connu une hypothermie grave ou n'ait pas ingéré de potions sédatives. La mort cérébrale, plus encore mort à la conscience que mort à la vie, permet de réaliser le prélèvement d'organes à fin de transplantation. un fort mouvement néo-spiritualiste parle aussi de mort-essentialisation ou d'accès à la vraie vie. Comme le répète E.Kübler-Ross : "Nous n'avons rien à craindre de la mort car la mort n'est pas la fin. Elle est plutôt un commencement rayonnantÉ c'est un nouveau soleil". Le mourant non seulement commence à faire l'objet de soins très pointus (maîtrise de la douleur, assurance d'un confort, d'où nursing), d'un accompagnement attentif ("Jusqu'à la mort accompagner la vie" dit-on) mais il devient curieusement un sage, un maître à penser, quelqu'un dont on a beaucoup à apprendre. Nous sommes désormais loin de la mort hospitalière où le moribond, réduit à ses symptômes, se trouvait, comme l'a montré Philippe Ariès, infantilisé, privé de ses droits, hypermédicalisé à mortÉ

La découverte des N.D.E. (Near Death Experience) a beaucoup fait pour renforcer une telle métamorphose. Ce qui m'empêche pas la réalité de débats polémiques touchant le droit à la mort euthanasie. Désormais, on a compris que le but du rite funéraire n'est pas seulement de gérer le devenir du cadavre ou d'assurer le destin post-mortem du défunt ; il constitue une thérapeutique pour les survivants.

Les tentatives ne manquent pas pour aider ceux-ci à réussir leur deuil et repenser les rites d'après mort tout spécialement en trois directions : personnaliser les obsèques, faire participer les assistants et surtout mettre en jeu des symboles appropriés et efficaces. Clergé, services des Pompes Funèbres, associations diverses (AIDES a réalisé de belles choses en ce domaine) et particuliers travaillent activement en ce sens, tout spécialement à propos de la crémation dont la carence rituelle est indéniable. Ils n'est pas jusqu'à la conception de destin post-mortem qui ne soit remis en cause. Il s'agit d'un au-delà bricolé, émietté, synchrétique où les croyances en la réincarnation dament le pion à la résurrection elle-même en voie de mutation : le bonheur au paradis n'est pas nécessairement assuré ; il n'est pas lié à la vie qui précède ici-bas ; il procède moins de la contemplation de Dieu que des retrouvailles avec les siens ; enfin, se multiplient les contacts provoqués avec les défunts : la transcommunication connaît des jours sereins.

C'est donc une période de novations profondes que nous vivons où se côtoient les données de la science (neuro-physiologie, bio-médecine, psychologie et psychanalyse) et nos fantasme archaïques les plus fous qui refont surface.

Quelle aubaine pour le thanatologue !
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