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| Taoïsme, bouddhisme, confucianisme, exemples de tolérance ! | |
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Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Taoïsme, bouddhisme, confucianisme, exemples de tolérance ! Sam 20 Mai 2006, 7:34 pm | |
| Taoïsme, bouddhisme, confucianisme, un exemple de tolérance !Source : http://www.lalibre.be/article.phtml?id=11&subid=118&art_id=197324 Le modèle extrême-oriental des «trois religions»JACQUES HUYNENMis en ligne le 14/12/2004 - Citation :
- Taoïsme, bouddhisme, confucianisme: leurs rapports ne pourraient-ils pas influencer nos sociétés occidentales et méditerranéennes programmées par des religions exclusives?
JACQUES HUYNEN, anthropologue, orientaliste
Au-delà d'une ligne dessinée par l'Himalaya et les déserts d'Asie centrale (Chine, Tibet, Japon, Asie du sud-est) l'absence de conflits entre appartenances religieuses, donnant naissance à des phénomènes de type «pogrome», est remarquable. Serait-ce que ces religions ou philosophies disposeraient davantage au pacifisme? Ou ne serait-ce pas plutôt que dans cette région du monde l'appartenance à une «confession» ne s'accompagne pas de pratiques ou de règles endogames? Si l'on y retrouve comme partout ailleurs des phénomènes d'endogamie de fait, nationale, ethnique, linguistique ou socio-économique, l'endogamie religieuse y est absente. Jamais les Etats n'y ont sanctionné des règles qui interdiraient le mariage, par exemple, d'un bouddhiste avec une confucianiste. Le fait qu'un même individu puisse s'y réclamer de plusieurs religions ou philosophies à la fois rendra encore plus clair l'organisation des rapports entre religions, et avec l'État, dans cette région. Ainsi un Chinois sera en même temps taoïste et bouddhiste, ou confucianiste et taoïste, quitte à éprouver à certains moments de sa vie une préférence pour l'une ou l'autre de ces philosophies. Un Japonais sera shintoïste et bouddhiste. Et le Vietnamien converti au christianisme continuera cependant à respecter la morale confucianiste. L'appartenance religieuse des enfants de couples mixtes n'y posera pas par conséquent les problèmes qu'elle pose en Occident ou en Islam.
Il est vrai que l'Etat chinois à certaines époques favorisa ou persécuta l'une ou l'autre de ces trois religions. Ainsi sous Mao le confucianisme fut-il sévèrement critiqué. Le bouddhisme eut à souffrir de persécutions violentes en 444, 626 et 845 après J.-C. (M. Granet, «La religion des Chinois», p. 153). Mais l'initiative de ces persécutions fut en général le fait des autorités, et l'hostilité du confucianisme au célibat des moines bouddhistes, par exemple, n'aboutit jamais à des phénomènes de type «pogrome». De toute manière aucune de ces persécutions ne fut durable et n'aboutit à affaiblir le bouddhisme. Au terme d'une lutte non-sanglante entre la religion «officielle» (le confucianisme aristocratique et conservateur) d'une part, le taoïsme populaire et mystique et le bouddhisme d'autre part, la tendance syncrétique finit par s'imposer sans signifier la défaite ou la sujétion d'aucune de ces trois religions.
Qu'est-ce que le modèle extrême-oriental des rapports entre religions peut nous apporter, à nous sociétés occidentales et méditerranéennes, qui avons été programmés par des religions exclusives pensant pouvoir enfermer le Transcendant dans des propositions dogmatiques et la Vérité dans des syllogismes aristotéliciens? L'Europe doit-elle se convertir aux religions chinoises? Ou doit-elle ainsi que le souhaite Edgar Morin («Le Monde», 23/09/88) fonder sur un nouveau patriotisme de la biosphère, de la Terre-Mère, une nouvelle religion qui reprenne «l'héritage de toutes les religions universelles» lesquelles, si l'on retrouvait «une tradition humaniste masquée ou effacée par la modernité» apparaîtraient non plus comme opposées mais comme complémentaires et «situées dans l'échange» (G. Balandier, «Le Monde», 24/12/93). Sans aller jusque-là, ce qui risquerait peut-être d'ajouter une religion à toutes celles (judaïsme, christianisme, islam...) qui, fortes de leurs bonnes intentions, ont déjà voulu résumer, assumer, dépasser et améliorer les précédentes, ne pourrions-nous pas expérimenter, en leur appliquant le modèle extrême-oriental des rapports entre appartenances religieuses?
L'Occident et l'Europe ne pourraient-ils trouver dans ce modèle éminemment individualiste - puisque c'est bien l'individu plutôt que ses parents qui y décide de puiser à telle ou telle source plutôt qu'à telle autre, à moins que ce ne soit à plusieurs - de quoi revitaliser son modèle laïque d'intégration, apparemment en crise? Le souhait de Monsieur Balladur, exprimé à l'occasion de sa visite en Chine en janvier 1994, de voir émerger «une certaine parenté entre les conceptions générales sur les droits de l'homme» entre la Chine et l'Occident peut sembler plus réaliste, à moyen terme, que l'espoir de voir les religions du tronc abrahamique envisager la contradiction entre la philosophie des droits de l'homme et leurs propres présupposés épistémologiques, philosophiques et sociologiques, supposant le caractère héréditaire de la foi ou de la conviction. Depuis le philosophe Mencius (IIIe siècle avant J.-C.), un des concepts clé du confucianisme, Jen (humanité), a donné en Chine naissance à des courants de pensée neo-confucianistes que l'on peut qualifier d'authentiquement humanistes.
Ne pourrait-on imaginer une Europe où les partenaires des couples mixtes seraient encouragés à conserver chacun sa propre religion, les enfants de tels couples étant élevés dans les deux religions de leurs parents simultanément, quitte à l'âge de la majorité à choisir, à ne pas choisir, à choisir autre chose, ou à tout rejeter. Ne pourrait-on imaginer une Europe où l'on pourrait être à la fois juif et musulman; chrétien, bouddhiste et laïque; catholique et juif, dans quelque combinaison que l'on voudra inventer?
Les religions ne sont-elles pas aussi, ainsi que le suggère H. Hatzfeld (op. cit.), comme des langues, ayant toutes le même référent global mais le «découpant» de différentes manières? Et pourrait-on jamais prétendre qu'une langue est «plus vraie» ou plus apte à exprimer la vérité qu'une autre? Que le français est plus vrai que l'anglais? Ou que la «vérité» s'exprime mieux en arabe qu'en sanscrit? © La Libre Belgique 2004 | |
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