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 2032 - Politique fiction ? (en 2 parties)

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Stans
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MessageSujet: 2032 - Politique fiction ? (en 2 parties)   2032 - Politique fiction ? (en 2 parties) EmptyJeu 30 Mar 2006, 6:59 am

Source : http://perso.wanadoo.fr/katioucha/Journal2032.htm

2032,

Citation :
Si la planète était encore plongée dans une guerre mondiale,

Si la France était devenu une dictature,
Si la société toute entière ne vivait que dans la peur et la délation,
Si les gens avaient même oublié jusqu'aux mots de « démocratie et « liberté »,
Si le seul sens de la vie était de ne plus en avoir...

Citation :
Vendredi 11 juin 2032

Dix ans. Dix ans déjà qu'ils sont là. Dix ans qu'elle a gagné les présidentielles de 2012 contre Sarko qui se présentait pour un troisième mandat. Marine est plus féroce encore que Jean-Marie, et le pays s'en rend compte. Quant je pense qu'on se plaignait du père, la fille est encore pire.

La police secrète est venue arrêter mon voisin et son mari tout à l'heure, c'est la vielle dessus qui les avait dénoncé; elle va être contente, elle aura sa prime de délation. Leurs pas se sont fait entendre à 6 heures ce matin dans les escaliers, ça a fait un boucan pas possible. Tous les deux on crié, mais il y a eu des coups de feu, et ils se sont tus…

C'est de pire en pire. Et les planqués ne feront rien pour nous sortir ce cette situation. Sarko est mort la semaine dernière, de vieillesse semble-t-il. Fabius qui louait « ce brillant démocrate » se retrouve seul à la tête de l'opposition en exil, et il ne va pas tarder à passer les pieds devant aussi. J'espère que cela ne m'arrivera pas de si tôt, j'ai à peine 50 ans, et il m'en reste presque autant à vivre. Mais avec mon frère syndicaliste que je planque chez moi je ne sais pas si je tiendrais aussi longtemps. Ils sont déjà venu fouiller à la maison, mais ils n'ont pas réussi à le trouver il s'est bien caché heureusement. J'ai quand même eu le droit à un coup de crosse de fusil dans la mâchoire qui m'a valu des heures d'attentes aux urgences de l'hôpital pour des points de suture; tout le monde sais que les bons médecins sont partis dans les cliniques ou à l'étranger, quand il reste encore des médecins…

Mon Dieu, qu'avons nous fait… ?

Personne ne nous aidera à présent. Les Yankees sont toujours en guerre contre la Chine , et la présidente Clinton n'a pas pu empêcher la sécession de la Californie et du Texas. Ça fait des années que l'OTAN est dissoute. L'UE se désintègre à vue d'œil, sous la pression de Moscou qui a déjà annexé les Pays Baltes.

La Milice a arrêté deux suspects dans l'attentat d'hier qui a fait 100 morts dans le métro, mais c'est juste un prétexte pour aller faire des rafles dans les banlieues.

Je vois les hommes en imper noir tourner devant mon immeuble depuis trop longtemps, je crois que je vais commencer à préparer mon départ. Ils ont annoncé de nouvelles rafles pour « chasser les parasites comploteurs de la société » sur la chaîne de télé ; ça veut encore dire des arrestations arbitraires et de la torture dans des bases militaires désaffectées de Province.

Je ne sais pas encore où aller, tous les pays ou presque participent à la guerre mondiale, et je n'ai pas envie de finir dans un charter direct pour les locaux de la Police de la Pensée au gré des alliances qui se font et défont. J'ai vu ce qu'ils font avec les opposants, et je ne veux pas finir pareil.

Heureusement j'ai toujours cette capsule de cyanure cachée sur moi, ça m'évitera bien des souffrances s'ils me prenaient à nouveau.

Samedi 12 juin 2032

Ils sont revenus me voir aujourd'hui. J'étais en plein cours à la fac et ils m'ont frappé devant mes élèves avant de faire évacuer l'amphi. Ils sont venus me poser des questions sur mon frère, comme la vielle du dessus a dit qu'elle avait entendu du bruit chez moi alors que je n'étais plus là.

Je crois que la police de la Pensée ne va plus me lâcher… Ce sont le diable réincarné, dès qu'ils tiennent quelqu'un ils ne le lâchent plus. Jusqu'à ce qu'il craque, et là…

Ça remuerait trop de mauvaises choses en moi d'en parler…

Ils ont annoncé la mort d'Hilary Clinton à la télé tout à l'heure, les Chinois ont bombardé Washington alors qu'elle était sortit de son bunker secret pour soutenir la population. Ce qu'il reste de l'état-major américain a décrété l'état d'urgence sur tout le pays cette fois et ils se préparent à contre-attaquer.

Les malheurs des Yankees à la télé nous changent des nôtres. Toutes les heures ils annoncent l'alourdissement de l'attentat chimique d'avant hier à la station « Maréchal Pétain » sur la ligne 1 : pour l'instant c'est 180 morts, le virus commence à faire effet, même s'ils ont mis en quarantaine toute la ligne et que le quartier est bouclé. L'expert scientifique a dit que c'était « une version encore plus foudroyante du SIDA volatile mis au point par les Arabes ». A ce propos le gouvernement a annoncé l'envoi de nouveaux contingents au Maghreb et en Syrie pour aider le reste des forces de l'Union. Ce qui veut dire remobilisation d'une nouvelle classe de réservistes. Et je ne tiens pas à retrouver mon uniforme de lieutenant-colonel avec un commissaire politique au cul pour me surveiller tout le temps.

Demain je pourrais enfin aller à mon rendez-vous chez le cancérologue que j'attends depuis des mois. Je saurais enfin s'ils pourront me soigner ou pas.

Dimanche 13 juin 2032

Je ne reconnais plus rien. Le monde, et la société on tellement changé. Je me rappelle qu'à l'époque où j'étais encore jeune et fou, tout était si différent. Vous pouviez marcher dans les rues sans avoir à porter continuellement ces combinaisons BCN (bactériologique - chimique - nucléaire). Vous pouviez prendre le métro, le bus ou l'avion sans avoir peur d'un attentat. Vous pouviez sourire aux gens sans qu'ils vous prennent pour un de ces sadiques de la Ligue de Feu. Les rues, quoi qu'on en disait étaient propres...

Aujourd'hui tout a changé. Ils ont tout verrouillé. Ils ont tout bloqué, et la guerre n'est qu'un prétexte supplémentaire. Mais tous les prétextes étaient possibles. Durant la Guerre civile, ils ont muré toutes les galeries de métro qui allaient au-delà de Paris vers la banlieue, pour " calmer les émois révolutionnaires des jeunes délinquants ". Après ç'a été la destruction de tous les immeubles construit après la seconde guerre mondiale qui ont été détruits pour " non conformisme avec l'architecture noble ".

Mais rien ne changera à présent sinon le degré d'immobilisme. Tout ce qui est en désaccord de près ou de loin avec le régime est envoyé sur le front arabe, ou déporté dans les camps de travail en Guyane. Ça c'est quand on à la chance de rester en vie. C'est quand la Milice , la Police de la Pensée , ou la Ligue de Feu ne vous tombent pas dessus... Ils traquent tout le monde impitoyablement, sans relâche. Tout ce qui pouvait s'apparenter à du militantisme de gauche a été maté dans le sang; et même avec mes antécédents au service du régime, je sais très bien ce qui m'attendra s'ils retrouvent mon frère chez moi.

Ce monstre qu'est devenue la société française est de pire en pire, et cette foutue Guerre mondiale n'arrange rien. Aujourd'hui l'Europe est en guerre contre les Arabes, mais demain ce pourrait être contre les Chinois et leurs alliés Russes, quand ils en auront fini avec les Yankees. Le monde est devenu fou, et moi je crains encore pour ma vie, comme s'il y avait encore quoi que ce soit à espérer... Ce rendez-vous m'enchante de moins en moins à vrai dire...

Lundi 14 juin 2032

317 morts ! Le bilan de l'attaque de jeudi dernier dans le métro s'est encore alourdie. 317 personnes qui ne verront plus ce monde si triste. 317 personne qui ne sauront plus ce que fait cette si magnifique sensation de sentir les rayons du soleil sur sa peau tout en ayant les cheveux balayés par un doux vent de printemps. 317 personnes que je rejoindrai bientôt.

Ce que je craignais de pire est arrivé. Mon cancer est incurable. Le médecin a été formel. J'ai attendu si longtemps pour avoir ces résultats, j'attendrais presque autant le compte à rebours mortel qui me sépare encore de la nuit glaciale. Au début, je ne voulais pas savoir combien de temps il me restait à vivre. Mais le docteur a réussi à me convaincre de fuir ma lâcheté et de voir la vérité en face. J'en ai pour moins de 20 mois. Tout va vite en ces temps de souffrance. Les analyses médicales vont aussi vite que les mutations instables des métastases provoquées par une exposition trop longue aux radiations. Mon passé me rattrape chaque jour un peu plus alors que j'essaye de le fuir. Tous ces souvenirs remontent violement à moi, affluent dans mon esprit, explosent dans ma tête ! La genèse de cette putain de guerre, l'origine de toute la situation actuelle, de ma vie et de celle de monde.

2020. Une explosion. Un attentat. Un autre de plus dans cette ère de terrorisme inaugurée avec la fin de la Guerre Froide. Seulement cette explosion était différente des autres. Cette explosion allait changer le monde. Une bombe atomique, ayant fuit l'ex-URSS. Des hommes prêts à mourir pour la cause de l'Islam, vilipendé dans le monde entier. Des martyres de la cause du Pakistan occupé par l'armée américaine. Une bombe. Une explosion. Une ville touchée: Washington. Des centaines de milliers de morts. Et parmi eux, le gouvernement américain. On disait de Prinzip, l'homme qui avait assassiné l'archiduc François-Joseph, que sont coup de pistolet avait fait 20 millions de morts, car il avait déclenché la première guerre mondiale. La troisième est pire que la seconde et sa barbarie nazie.

La suite des évènements, telle qu'elle fut, et pas telle qu'elle est écrite dans les livres d'histoire de notre dictature est bien connue par ceux qui l'ont vécue. L'armée assure l'intérim du pouvoir. Elle envoie une ogive nucléaire sur la Mecque. Et le monde s'embrasa. L'Amérique qui intervenait de ci, de là dans le monde musulman, s'est retrouvée en prise avec lui dans sa totalité. Elle a appelé l'OTAN et L'Europe à la rescousse. Ce fut pour moi mes premières campagnes lors du conflit: Tunisie, Maroc, puis Arabie Saoudite. Et la guerre devint mondiale à cause d'une autre étincelle. Le refus de la Chine de couper toutes ses relations commerciales avec le monde musulman. Une escarmouche entre des patrouilles américaine et chinoise dans le Pacifique. L'Asie entrait dans le conflit sur ses marches orientales.

L'Amérique affronterait la Chine et l'Orient. L'Europe le monde Arabe. La Russie alliée de la Chine devrait affaiblir l'Europe. Et la boucherie suivrait. Chacun possédant des bouclier anti-missiles efficaces, il fallait y aller au corps à corps. Voire à coup d'attaque BCN (bactériologique - chimique - nucléaire) menée par des troupes infiltrées en territoire ennemi.

J'ai eu la chance de ne pas être à Marseille le jour ou il y eu l'attentat qui tua la moitié de la ville. 500 000 morts d'un coup. Un avion libyen se crasha sur la ville, il contenait des quantités phénoménales de la première version du SIDA volatile. Le SIDA de l'air. En revanche j'ai fait la campagne saoudienne. J'ai été posté longtemps à La Mecque , ou ce qu'il en restait. Les résidus de radiation d'une bombe H ne pardonnent pas.... Pas plus que les contaminations successives des armes chimiques.

Dans moins de 20 mois je mourai, et cette Guerre, ne sera toujours pas finie. Dans moins de 20 mois je mourai, et la France sera encore pire qu'elle ne l'est aujourd'hui. Dans moins de 20 mois je mourai, et je serai enfin libéré. Dans moins de 20 mois je mourai, et peut-être que d'ici là, j'aurai fait qulque chose pour faire pardonner mes erreurs, et mes crimes passés.


Dernière édition par le Jeu 30 Mar 2006, 7:02 am, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 2032 - Politique fiction ? (en 2 parties)   2032 - Politique fiction ? (en 2 parties) EmptyJeu 30 Mar 2006, 7:01 am

Citation :

Mardi 15 juin 2032

Il fait une chaleur à crever à Paris aujourd'hui: 42 °C . C'est intenable. C'est pourtant le minimum en cette saison depuis quelques années. Le temps se réchauffe, comme nos pathétiques existences, sans cesse rattrapées par les ténèbres du monde qui sont un avant goût de l'enfer à venir. L'atmosphère c'est aussi élevée chez moi tout à l'heure, j'ai eu une discution agitée avec mon frère, mais en faisant attention à ne pas faire trop de bruit: pour le syndicat de l'immeuble je suis sensé vivre seul, de plus je n'ai pas déposé le préavis de visite de deux semaines.

Je lui ai dit qu'avec Polpan (police-pensée) qui me tournait autour, et comme je n'avais plus rien à perdre sinon mourir plus vite au front, je voulais l'aider un peu plus que je ne l'avais fait jusqu'à maintenant. Voire pourquoi pas le rejoindre dans l'opposition. Il m'a répondu sarcastiquement qu'un homme tel que moi qui avait crée la ligue de feu, et qui avait fait appliquer avec violence les lois Cérrier, sous prétexte qu'il avait quitté le pouvoir pour désaccord, puis était tombé en disgrâce, n'avait rien à faire parmi eux. Il m'a traité de "vaniteux revanchard aussi opportuniste frontistes au pouvoir". Je me suis énervé. Et j'ai finit par lui dire que si j'étais ce qu'il disais, je l'aurai dénoncé depuis longtemps, et je ne le cacherai pas chez moi. J'ai préféré sortir prendre l'air pour réfléchir.

Je repensais à ce qu'il m'avait dit sur le lois Cérrier. Ces lois votées par la majorité FN du parlement qui ordonnèrent à tout non chrétien d'abjurer sa religion, ou d'être expulsé du territoire national. Je repensais à la Guerre civile qui suivit. A la répression farouche. A la Ligue de feu que je créais pour traquer les gauchistes : opposants virulent à ces lois qui auraient pu empêcher toutes nos erreurs si nous ne les avions déportés en Guyane ou exterminés. Je me rappelais cette phrase que j'eu à l'Assemblée en venant arrêter les députés socialistes et libéraux qui refusaient d'évacuer l'hémicycle: " La Démocratie est une chose trop sérieuse pour la confier au peuple. L'Etat saura mieux la gérer que ce troupeau de moutons contestataires !". Je me rappelle la fusillade et les 127 députés morts par mon ordre. Je me rappelle ma mutation sur le front tunisien à ma demande pour me changer les idées. Pour être loin de tous ces règlements de compte.

Tout se paye un jour dit-on. Je n'avais que des certitudes. Face à la mort, je n'ai plus que des angoisses aujourd'hui. Quel berger voudrait d'u mouton tel que moi dans son troupeau ?

Jeudi 17 juin 2032

J'ai eu la mauvaise surprise d'avoir de la visite tout à l'heure. Le genre de visite que l'on voudrait éviter en se jetant sous un camion. Jules Cérrier, celui là même qui fit voter les lois d'abjuration, et qui me remplace à la tête de la Ligue est venu chez moi. Il était accompagné. Il m'a présenté l'homme qui était avec lui en me disant que ce serait celui qui occuperait mon appartement à présent. Devant ma surprise, il m'a expliqué que faisant partie de la classe de mobilisés de l'autre jour, je devrai quitter la France pour partir en Syrie, et que vraisemblablement j'y serai pour un moment. Il a ajouté qu'un homme tel que moi qui a déjà la Polpan et la Ligue qui le suivent avec intérêt, serait bien fou de refuser une occasion de se faire oublier et des laver les soupçons pesant sur lui. Il a omis d'ajouter que je risquais vraisemblablement de crever comme un rat mort au milieu du désert.

Cérrier ne m'a jamais aimé, quoi qu'il en soit, il a toujours été jaloux de moi, alors dès qu'une occasion s'est présentée, il a pris ma place. Dès le premier jour j'aurai du me méfier de cette face de crapaud au teint cireux. Il n'attendait que ma disgrâce pour me remplacer, et il a du fortement contribuer à ma déchéance. Visiblement il n'aura de répit que lorsque je serai totalement humilié et décédé.

De toute façon, plus rien ne compte à mes yeux. Touts mes espoirs ont été trahis. Mon pays, mon continent et ma race ont été abusés par un pouvoir de fascistes fantoches. Mon frère qui a écouté toute notre conversation bien à l'abri a dit que nous devions partir au plus tôt afin de prendre le maximum d'avance. Il a dit que seule la mort m'attendait là-bas. Il a raison. Mais je ne sais pas si j'oserai sauter le pas. Je ne sais pas si j'oserai tout abandonner derrière moi pour aller je ne sais où. Je ne sais pas si je supporterai de fuir sans embrasser mon fils. Sans aller dire au revoir à mes parents. Sans fierté et sans honneur, tel ceux que j'ai combattu des années durant mais me donnent aujourd'hui ma leçon de vie.

Vendredi 18 juin 2032

La chaleur est écrasante. Il n'y a pas un brin d'air. Les gens avances péniblement, dans leurs vêtements difformes achetés dans les magasins d'Etat, et transpirent à grosse goutte. Le seul bruit que se fasse entendre est celui des rares voitures, pour ceux qui peuvent encore se payer de l'essence, voire des aéromobiles des résidents du XVIe. Moi, j'ai fait comme les autres, j'ai marché à pieds. Il y en a aussi qui prennent le vélo, mais c'est dangereux, c'est devenu tellement rare à trouver, qu'ils sont tout de suite volés. Quant au métro, plus personne n'y entre, sauf cas d'extrême nécessité, l'attaque de l'autre jour a refroidi bien des ardeurs, et encalminé bien des bravoures. Les gens, quand ils ont encore du travail, s'y rendent par tous les moyens sauf le métro. Ils préfèrent encore emprunter les rares bus bondés qui circulent.

Ils ont placé trois arrondissements en quarantaine, avec interdiction formelle d'y entrer ou de sortir, mais ils 'entêtent à ne pas distribuer des vaccins alors que le virus se propage par l'air. Nous n'avons pas tous la chance d'habiter dans les beaux quartiers ou les banlieues huppées. J'ai eu cette chance il fut un temps, hélas, c'est aujourd'hui bien fini... J'ai reçu ma lettre de mobilisation, je devrai partir à Damas mercredi prochain. J'ai fait contre mauvaise fortune bon coeur, et j'en ai profité pour me promener un peu dans Paris. Enfin... dans ce qu'il en reste...

Mes pas m'on menés dans mon ancien quartier, le Ve arrondissement. J'ai fini la journée au jardin des plantes (où il n'y a plus beaucoup de plantes d'ailleurs). Et je me suis attardé quelques instants devant les ruines de l'ancienne Grande Mosquée. C'était un bâtiment si joli... Il a pourtant été détruit; sous mes ordres. Il n'en reste plus rien, ou presque... Ils ont même laissé la palissade qui annonçait la construction d'une église, mais qui n'a jamais réussit à trouver les financements. Elles est rouillée par le temps et jaunie par l'usure.

Je suis rentré chez moi, dépité une fois de plus. J'ai discuté un peu avec mon frère, et je suis allé me coucher sans manger, comme nous avons épuisé ma ration de tickets de rationnements individuels. Notre discussion m'a rappelé les vers de mon poème préféré. C'est "La rose et le réséda" de Louis Aragon (introuvable aujourd'hui comme c'était un écrivain communiste):

LA ROSE ET LE RÉSÉDA

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fut de la chapelle
Et l'autre s'y dérobât

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle
Lequel préfère les rats

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
À la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle

Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda


Samedi 19 juin 2032

J'ai réussi à avoir mon fils au téléphone aujourd'hui. Il fêtait ses 18 ans ; et moi, je n'étais même pas là. Il est si loin de moi, il me manque tellement. Loin des yeux, loin du coeur, après tout.... Plus que toute chose, il est tout ce qui me reste à présent, ma seule famille directe à l'exception de mon frère.

Je n'ai pas plus profité de mes parents, tout ça pour saisir les lauriers de la Gloire. Je les ai eu, et je les ai perdus, tout comme mes parents... Tout comme mon autre frère qui n'a pas eu la chance de survivre sur le front marocain. Quelle connerie la Guerre ! Elle m'a tout pris, mais elle m'a aussi tout donné, car sans elle je ne serai rien, sinon un fonctionnaire minable qui organiserai les vols de déportation vers Cayenne...

J'aimerai tant revenir en arrière et profiter de tout ce que j'ai négligé ou raté. Hélas, ce genre de suppliques a autant de valeurs que le "si j'avais 3 voeux". Quitte à rêver autant les faire. Si j'avais trois voeux, je souhaiterais de pouvoir revenir en arrière à ma prime enfance, puis que les guerres n'existent plus, enfin que la souffrance disparaisse pour tous. Autant rêver en effet... Je n'échapperai pas à ma destinée, elle est inscrite dans les étoiles. Alors je puis rêver tant que je peux, mais cela n'y changera rien. Dans quelques jours, je retrouverai l'enfer de la Guerre , et j'aurai à nouveau du sang sur les mains. J'ai trop bu le sang des morts ! Beaucoup trop...

Lundi 21 juin 2032

Fuit ! Nous avons fuit ! Hier j'ai rassemblé le strict minimum après avoir reçu ma ration mensuelle de tickets de rationnement, et j'ai fuit avec mon frère. Nous avons erré dans Paris qui croulait sous un orage tel qu'on en avait pas vu depuis des lustres. J'avais mon idée. Nous avons évité les patrouilles et nous nous sommes retrouvé devant les ruines de l'ancienne grande mosquée. Mon frère ne comprenait pas. Je l'ai alors mené derrière les palissades, et il m'a aidé à dégager une trappe enterrée sous les gravats. Ce sont les anciens sous sol du bâtiment, que j'ai condamné personnellement. Seul un homme était présent à cet instant, et depuis, il est mort au front. Nous allons nous terrer ici le temps de trouver une autre solution. Je suis en tout cas sûr que personne ne nous a suivit, et nous serons tranquille pour au moins un mois, le temps que dureront les tickets de rationnement. Je prie pour que personne ne me reconnaisse. Il nous faut à présent trouver un moyen de quitter la France au plus vite. Vers le Nord. Toujours plus vers la Nord...
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