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 F.:M.: "L'affaire des Casseroles"

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Stans
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MessageSujet: F.:M.: "L'affaire des Casseroles"   F.:M.: "L'affaire des Casseroles" EmptyLun 20 Mar 2006, 8:48 pm

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_casseroles

Affaire des fiches

Citation :
L'affaire des fiches (parfois appelée affaire des casseroles) concerne un fichage et une ségrégation politique et religieuse menée dans l'armée française au début du XXe siècle.

1 Les origines de l'Affaire
2 Le déclenchement de l'Affaire
3 Les suites politiques et judiciaires de l'Affaire
4 Les suites morales de l'Affaire
5 Tentative d'analyse et de conclusion

Les origines de l'Affaire

Le général André, est nommé en 1900 ministre de la guerre, pour remplacer le général de Galliffet démissionnaire , dans le gouvernement de Défense républicaine de Waldeck-Rousseau, puis reconduit dans celui d'Emile Combes, après le triomphe du Bloc des Gauches aux élections de 1902. Désireux de républicaniser l'armée en la laïcisant, cet anticlérical farouche un peu ridicule, méprisé par ses collègues et ses subordonnés ,interdit en 1903 aux soldats de fréquenter les cercles militaires catholiques en application des nouvelles lois laïques sur la "neutralité" supposée, exigée des institutions républicaines et de leurs membres.

L'année suivante André fait appel aux cellules locales (appelées loges ou ateliers) du Grand Orient de France, organisation maçonnique qui est à l'époque pleinement engagée dans la lutte pour la séparation de l'Eglise et de l'État, pour établir au total 25 000 fiches sur les opinions politiques et religieuses des officiers se rendant à la messe.

Dans la pratique, la direction du G.O ( le Conseil de l'Ordre) fait passer une circulaire aux vénérables maîtres (présidents) de chaque loge de cette obédience pour leur demander de rassembler à leur niveau le plus d'informations possibles sur les officiers des garnisons de leurs villes ou départements. Si de nombreux vénérables (généralement ceux des loges bourgeoises modérées qui désapprouvent les excès du combisme) ne donnent pas suite, ne voulant se compromettre dans une opération de "basse politique", d'autres, surtout ceux des ateliers les plus extrémistes ( radicaux ou socialistes) se lancent avec enthousiasme dans l'opération par haine du clergé, de la religion ou même de l'armée. Sur les fiches ainsi constituées, on pouvait voir des mentions comme « VLM » pour « Va à la messe » ou « VLM AL » pour « Va à la messe avec un livre ». Les fiches sont d'abord centralisées au secrétariat de la rue Cadet ( Hôtel Murat) , siège du GO, par un nommé Bidegain, simple maître maçon et ancien séminariste puis transmises au capitaine Moulin, gendre d' Anatole France et secrétaire particulier du général André, et dont ce sera la seule mission importante de l'insignifiante carrière. Les officiers sont alors classés pour la constitution des tableaux d'avancement sur deux listes d'après les renseignements fournis, poétiquement nommées par André, Corinthe (les officiers à promouvoirs) et Carthage (ceux à écarter des promotions).

Le déclenchement de l'Affaire

Mal payé, méprisé de ses employeurs et à court d'argent, Bidegain prend soudain conscience de la bombe politique qu'il possède entre les mains en cette période d'effervescence extrême due à la rupture des relations diplomatiques de la France avec le Saint-Siège suite aux malheureuses affaires des évêques Geay et Le Nordez et il vend, connaissant paradoxalement en tant que franc-maçon la totale inexistence de la fameuse "vengeange maçonnique contre les parjures" chers aux lecteurs de Léo Taxil et aux conspirationnistes , les dites fiches au journal conservateur d'opposition Le Figaro. Elles sont publiées le 27 octobre 1904 et Louis André est contraint de démissionner quelques jours plus tard après avoir été giflé sur le banc même des ministres dans un geste mélodramatique par le député nationaliste Syveton que l'on retrouvera mort mystérieusement quelques jours plus tard, suicidé les veines ouvertes dans son bain,la veille d'une séance où il s'apprêtait à faire de nouvelles révélations, probablement plus victime de son épouse et de son amant que du "poignard des Kadosh".

Les suites politiques et judiciaires de l'Affaire

Les fonctionnaires n'ayant pas à l'époque de statut protecteur et étant considérés comme des agents du gouvernement d'une part,les militaires ayant un rôle et un statut très particulier sous la Troisième République d'autre part ( ils ne votent pas et n'ont pas le droit d'exprimer publiquement des opinions politiques-du moins pas au sens de factions-durant leur service actif),le général André avait paradoxalement le droit du moins dans l'idée des prérogatives politiques de l'époque du gouvernement sur ses agents , bien qu'il soit ici tout de même aux limites de la légalité de faire surveiller ses officiers y compris dans leur vie privée au nom de l'intérêt supérieur de l'Etat. Aucune poursuite judiciaire ne sera intentée contre lui mais c'est au niveau politique que se situe ici la crise. Seul Syveton est poursuivi sur le plan judiciaire pour voie de fait sur la personne du ministre de la Guerre en plein Parlement mais son décès prématuré prive la France d'un de ces épisodes amusants dont elle raffole à l'époque. Par contre, l'affaire provoque la chute de Combes et sa fin politique, avec en prime l'ironie de certains radicaux comme Clemenceau, et la colère des républicains modérés du Bloc des Gauches comme les futurs présidents Poincaré, Paul Deschanel ou Paul Doumer qui démissionnera même quelque temps du Grand Orient. Cependant, elle n'empêchera pourtant pas la poursuite de la politique de républicanisation du personnel de l'Etat et donc de l'armée et l'offensive anticléricale et plus généralement antireligieuse de la majorité qui sera reconduite et renforcée encore lors des élections de 1906 après la Séparation et l' Affaire des inventaires.

Les suites morales de l'Affaire

Plus gravement, l'affaire des fiches entammera profondément le moral et la cohésion du corps militaire à une époque où à l'inverse des français, le gouvernement allemand se persuade de plus en plus comme l'empereur Guillaume II dès son avènemment qu'une guerre est à terme une nécessité inéluctable pour le développement et la prospérité politique et économique de son pays. Les officiers considérés comme « réactionnaires et cléricaux », généralement issus de familles traditionalistes ont été souvent écartés des postes importants de l'armée quelquefois au profit de carrièristes médiocres issus des loges ou de la clientèle des partis de gauche et la France a dû se passer d'eux pendant la Première Guerre mondiale, en tant qu'officiers d'active à tout le moins.

En outre, suite à l'affaire Dreyfus, le service de renseignement de l'armée ( 2ème Bureau) considéré comme subversif a déjà été épuré et complétement désorganisé durant un certain temps, ce qui donnera aux sevices allemands une longueur d'avance dans ce domaine en plein développement de l'art de la guerre.

Pour l'anectote, le colonel Pétain, directeur de l'école de Saint-Cyr, connu à l'époque pour son athéisme et ses sympathies républicaines et dreyfusardes sera abordé pour collaborer au fichage de ses subordonnés et étudiants et peut-être aussi pour intégrer la loge "Alsace-Lorraine", la loge de prestige, d'ailleurs très modérée du GO à laquelle appartiennent ou ont appartenu des notables républicains modérés de tendance plutôt nationaliste comme Jules Ferry ou le général Joffre.Son refus brutal et assez méprisant sera sanctionné par une stagnation de sa carrière qu'il reprochera durablement à la maçonnerie qu'il considérera désormais comme une association néfaste de lobbyistes fanatiques ou douteux.

Tentative d'analyse et de conclusion

Il est à noter que le général André ne fut jamais semble-t-il franc-maçon lui-même et qu'il avait choisi cette organisation pour des raisons essentiellement pratiques pour cette sorte de "flicage": le nombre important de ses membres pour l'époque et surtout leur dispersion géographique sur tout le territoire métropolitain et colonial, l'anonymat ou le secret de l'appartenance de la plupart des simples adhérents, leur culte apparent du secret et bien sûr leur bonne disposition politique de principe. Rétrospectivement pourtant, on ne peut que sourire de la naïveté du général André qui doutant de la loyauté républicaine de ses propres services internes "trop réactionnaires" et discrédités aux yeux des bons républicains par l'affaire Dreyfus confie à une simple association de citoyens de plusieurs dizaines de milliers de membres composée non de professionnels mais pourrait-on dire de policiers du dimanche, une opération de police secrète sans envisager apparemment un seul instant que l'affaire avait toutes les chances d'atterrir sur la place publique. Un tel amateurisme se rattache sans doute psychologiquement plus à un reste de la mentalité du romantisme des "sociétés secrètes" du XIXe siècle qu'à un travail sérieux de police politique moderne.
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