Pétitionnement de 1830-1831 : le tabou !

C’est un épisode important de l’histoire de la Wallonie et de la toute jeune Belgique. Plus personne ne l’évoque. Jamais. Les Wallons en ignorent tout. Il s’agit du pétitionnement organisé spontanément par nombre d’habitants de localités wallonnes en décembre 1830 et janvier 1831.

Seul en a parlé Francis DUMONT dans L’irrédentisme français en Wallonie de 1814 à 1831, un petit ouvrage publié par les Éditions Jules Destrée et épuisé aujourd’hui.

Lisez attentivement ceci :

«C’est Verviers qui a donné le branle. Le 19 décembre, les membres de la Société patriotique de cette ville ont été convoqués à une assemblée ayant pour objet de “discuter les bases d’une pétition à adresser au Congrès pour le supplier, lors de la nomination du chef de l’Etat, de proclamer Louis-Philippe roi des Belges”. Le lendemain, on apprit que la Société avait décidé, à l’unanimité, l’envoi d’une pétition en faveur de la réunion “directe ou indirecte”. Le document était exposé dans les bureaux du Journal de Verviers et les citoyens invités à y apposer leur signature. Ils s’y sont inscrits en foule.

Dans son édition du 30, le Journal annonce : “La pétition des habitants de Verviers pour la réunion à la France a été aujourd’hui (28 décembre) envoyée au Congrès national : elle est couverte de 3.000 signatures environ. Le nombre des signataires aurait dépassé les 6.000 si nous avions seulement laissé encore la pétition trois jours à notre bureau. Nous ne saurions décrire l’enthousiasme avec lequel les habitants de Verviers venaient apposer leur signature à cette pétition vraiment nationale…” (…)

A Liège, certaines velléités de pétitionnement se sont manifestées dès le début de décembre. Le 6, une adresse signée par 165 commerçants et industriels a été adressée au Congrès. (…) le 16, une seconde pétition prend la suite de celle du 2, qui a déjà pris le chemin de Bruxelles ; (…) le 27, (…) la Société patriotique liégeoise vient à son tour de faire connaître ses vœux au Congrès : "Nous voulons sans restriction, déclare cette compagnie, la réunion de la Belgique à la France."

A Mons, l’exemple de Verviers est suivi avec tout autant d’empressement. (…) Le 19, un correspondant du Courrier des Pays-Bas laisse échapper cet aveu : “A Mons, le parti français s’agite plus que jamais et ses forces s’accroissent naturellement à mesure que notre position se complique et s’embrouille. Les vrais Belges ont toute la peine du monde à soutenir la lutte.”

Il est visible que tout cela résulte d’activités purement spontanées et locales que rien ni personne ne coordonne et n’encourage. On n’en doit que plus admirer que tant de petites villes et de villages de campagne aient secoué leur torpeur et pris part à l’agitation. Durant le mois de janvier, les pétitions ne cessent d’affluer au Congrès. A défaut de pouvoir en donner une liste complète, nous nous contenterons de donner ici le relevé de celles que mentionne le compte rendu officiel des discussions du Congrès, d’après Huyttens. (…)»

Suit une longue liste de demandes de réunion de la Belgique à la France, exprimées par des habitants de Jemappes, Verviers, Philippeville, Fontaine-l’Evêque, Mons, Dison, Pâturages, Hornu, Wasmes, Elouges, Dour, Montigny, Jamioulle, Charleroi, Couillet, Erpion, Tournai, Gembloux, Theux, Frameries, Thulin, Liège, Neuville, Villers-le-Gambon, Vodecée, Villers-deux-Eglises, Bohan, Morlanwelz et… Furnes (en Flandre) !

L’auteur poursuit :

«Que ce tableau comporte de sérieuses lacunes, c’est plus que probable, c’est certain. On n’y trouve, par exemple, ni l’adresse des 165 commerçants et industriels liégeois du 6 décembre, ni celle de la Société Patriotique du 27 janvier. Pas davantage, celle d’Ensival qui, au dire du Journal de Verviers, groupait 115 noms, ni celle des notables de Huy qu’a publiée, avec sa trentaine de signatures, M. Em. Dantinne. La liste est assez copieuse cependant pour que la forte impression que l’on en retire ait les plus grandes chances de correspondre au réel caractère des faits. (…) De toutes les pétitions qu’elle énumère, pas une – ou plutôt si, une seule – qui n’émane de notre pays wallon ! Il serait risible de supposer que les sources officielles auraient fait un choix. Il est donc plus que vraisemblable que le mouvement pétitionnaire de décembre et de janvier est demeuré strictement confiné en Wallonie.» (Francis Dumont, op. cit., pp. 33-39.)

Nous sommes loin des mensonges éhontés de la propagande belgicaine, qui a rendu ces faits historiques tabous !

Et dire que, si l’on en croit les belgeois les plus excités, c’est nous qui serions les "traîtres"…

Très intéressant VINCENT ! Tu devrais en faire un copier-coller pour les esprits obtus de chez Toudi !

Stans a écrit:

Très intéressant VINCENT ! Tu devrais en faire un copier-coller pour les esprits obtus de chez Toudi !

Qui n'en resteront pas moins obtus. Enfin, j'y réfléchis...

Bof ! Cela agitera certains dans leur mare aux canards (boîteux).