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 J - 40, coup de poker de McCAIN ?

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J - 40, coup de poker de McCAIN ? Empty
MessageSujet: J - 40, coup de poker de McCAIN ?   J - 40, coup de poker de McCAIN ? EmptyVen 26 Sep 2008, 8:48 am

Source : http://www.lepoint.fr/actualites/a-j-40-joueur-invetere-john-mccain-fait-durer-le-debat-sur-le/1447/0/277344

Publié le 26/09/2008 à 07:39 - Modifié le 26/09/2008 à 07:49 Le Point.fr

À J - 40 : joueur invétéré, John McCain fait durer le débat sur le débat

Par Patrick Sabatier

Ira, ira pas ? Votera, votera pas ? Chiche ou pas chiche ?

Citation :
À J - 40, la présidentielle américaine tourne à la partie de poker avec pour enjeu le sort de l'économie américaine, mais aussi celui du premier débat de la campagne, prévu pour vendredi soir sur le campus de l'université du Mississippi à Oxford. John McCain est pour le moment maître du jeu, et fait durer le suspense, mais il n'est pas certain qu'il sorte vainqueur à la fin de la partie.

Le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars que le président Bush et son secrétaire au Trésor Henry Paulson ont avancé, et qu'ils veulent faire voter par le Congrès, était jeudi soir toujours dans l'impasse. Les dirigeants démocrates et républicains avaient pourtant annoncé en milieu de journée avoir conclu un accord de principe sur une nouvelle mouture acceptée par l'administration Bush. La réunion au sommet convoquée par le président à la Maison-Blanche, qui a réuni dans l'après-midi démocrates et républicains ainsi que les candidats à la présidence, John McCain et Barack Obama, devait être une démonstration d'unité nationale et l'annonce en fanfare du compromis bipartisan et historique. Elle a tourné, au contraire, à la déclaration de guerre civile dans le camp conservateur. Une partie des élus républicains du Congrès sont en effet entrés en rébellion ouverte contre l'administration républicaine de George W. Bush accusée de vouloir instaurer un "socialisme financier" par le sénateur de l'Alabama, Richard Shelby.
Or, tant qu'un accord sur le plan Paulson n'aura pas été trouvé, John McCain, qui a "suspendu" sa campagne jeudi, menace de boycotter le débat de vendredi dont il a demandé le report. Son adversaire démocrate Barack Obama a refusé tout report, et a annoncé qu'il se rendrait à Oxford quoiqu'il arrive. Obama pense à l'évidence que son rival bluffe et n'osera pas esquiver un débat. La Commission des débats, tout comme l'université du Mississippi et les médias font comme si le face à face aura bien lieu. Pourtant, McCain a prouvé à de multiples reprises par le passé qu'il était capable de gestes spectaculaires et inattendus, quand il pense y trouver son intérêt. "Le seul débat qui compte est celui qui a lieu au Capitole", a rappelé jeudi matin le sénateur de l'Arizona en arrivant à Washington. "Et j'ai bien l'intention d'y prendre ma part."

Les partisans de McCain et d'Obama s'affrontent à renfort d'arguments

Obama estime tout au contraire que "la présence des candidats au Capitole ne peut que faire dévier les discussions" et rendre encore plus problématique la conclusion d'un accord en injectant la course à la Maison-Blanche dans les considérations des parlementaires. De plus, fait remarquer le démocrate, "ce qu'on demande à un président n'est-il pas de gérer plusieurs dossiers de front ?". Rien n'empêche les candidats de sauter dans leur avion pour quitter Washington vendredi en fin d'après-midi, de s'envoler pour Memphis dans le Tennessee, l'aéroport le plus proche d'Oxford, et d'entrer en scène à neuf heures du soir pour discuter pendant 90 minutes de politique étrangère (et très probablement d'économie, étant donné le contexte). C'est même "le moment où jamais", répète Obama, pour que les candidats expliquent aux électeurs leur plan pour redresser l'économie du pays.
Les partisans de McCain accusent Obama de faire passer ses préoccupations électorales avant l'intérêt national en voulant à tout prix débattre à Oxford alors qu'il y a le feu à Washington. Ceux d'Obama rétorquent que McCain est un dégonflé qui cherche à esquiver le débat, et joue les pompiers pyromanes pour exacerber la crise et se mettre en avant alors qu'il est en train de perdre pied dans les sondages. Pour le sénateur démocrate Chris Dodd, "il ne cherche pas un plan pour sauver l'économie américaine, mais un plan pour sauver la campagne McCain". Du coup, le "débat sur le débat" occupait jeudi soir tous les écrans des télévisions sur lesquels Obama et McCain sont apparus tour à tour pour exposer leur position. Ce débat a bien sûr quelque chose de complètement surréaliste au lendemain du discours très alarmiste du président Bush qui (après le secrétaire au Trésor Paulson, le président de la Réserve fédérale Bernanke et de nombreux économistes) a prévenu mercredi soir que si un plan de sauvetage n'était pas annoncé d'ici lundi (la réouverture des marchés financiers), l'Amérique risquait de connaître un krach similaire à celui qui en 1929 avait précipité le monde dans la Grande Dépression.
Mais tout se passe comme si plus personne n'avait plus la moindre confiance dans ce que raconte le président des États-Unis, à commencer dans les rangs de son propre parti. Les mensonges et manipulations de la guerre d'Irak ont laissé, s'aperçoit-on, des traces profondes. Le plan Paulson a été très mal reçu par l'électorat. Beaucoup de citoyens n'y voient qu'un plan d'assistance publique aux millionnaires de Wall Street. Les parlementaires redoutent donc la sanction dans les urnes s'ils prennent position pour un plan de ce type. Les républicains sont dans une position particulièrement inconfortable. Ils craignent de faire les frais de la colère d'un électorat qui pourrait bien ne pas leur pardonner, après le fiasco irakien, la débâcle financière des années Bush et leur idéologie antirégulation, dont tout le monde convient qu'elle est une des causes de la situation.

Les républicains ont décidé de rompre publiquement avec "Calamity Bush"

Beaucoup de républicains semblent donc avoir décidé de rompre publiquement avec "Calamity Bush" pour sauver leur peau électorale. Ils campent sur leurs positions idéologiques conservatrices qui font du refus de toute intervention de l'État un tabou inviolable. Ils jouent aussi sur la fibre populiste qui fait soupçonner par principe aux Américains les motivations et l'efficacité de mesures émanant de Washington et de Wall Street, ces deux responsables du désastre qui cherchent à leur faire payer les pots cassés en leur faisant peur. La grande question de vendredi est donc de savoir si McCain va au final entériner le plan Paulson remanié et parvenir à y rallier les rebelles de son propre camp. Il a insisté sur la nécessité de prendre rapidement des mesures contre la crise, dont il reconnaît la gravité, mais n'a pas clairement pris position jusqu'à présent sur le plan Paulson.
Il a dit jeudi soir "comprendre les préoccupations qu'il faut prendre en compte" des opposants à ce plan. Il peut être tenté de prendre la tête de la rébellion, jouer la rupture avec Bush et se poser en défenseur intransigeant de l'Amérique profonde contre les manigances des politiciens de Washington et des financiers de Wall Street, pour capter la veine populiste qui bat dans une partie de l'électorat, et dont il a toujours été proche. Il n'est pas certain, en outre, qu'il ait assez d'influence pour faire rentrer dans le rang les rebelles de son parti, et dans ce cas, il risque de se voir obligé de suivre le courant.
Ce serait bien sûr prendre le risque d'ajouter une vraie crise politique à la crise financière, et laisser le Titanic de l'économie aller se fracasser contre l'iceberg de la crise du crédit dans l'espoir de renverser le cours de la campagne qui lui est pour l'instant défavorable. Le "Maverick", l'inclassable, tête brûlée et joueur invétéré a prouvé par le passé être suffisamment imprévisible pour qu'on hésite à parier sur le choix stratégique qu'il fera, comme sur la question de savoir s'il ira ou non à Oxford débattre avec Obama.
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