Une périphérie qui se distancie

Source : http://www.lalibre.be/actu/bruxelles/article/545359/une-peripherie-qui-se-distancie.html

Une périphérie qui se distancie

Raphaël Meulders

Mis en ligne le 26/11/2009

Citation :

Plusieurs communes du “Rand” s’opposent au concept de Région métropolitaine bruxelloise. Certains y voient un élargissement déguisé de Bruxelles.
Des ratés à l’allumage. Présentée il y a tout juste un an, l’initiative "Brussels Metropolitan Region" n’arrive pas à convaincre les communes du "Rand", la périphérie flamande de Bruxelles. Pour rappel, la "Brussels Metropolitan Region" (BMR), portée par les organisations patronales nationale, bruxelloise, wallonne et flamande, vise à développer l’activité économique de Bruxelles et de son "hinterland". Entendez par "hinterland", 35 communes aux alentours de Bruxelles, et ce dans le Brabant flamand et wallon.


Au total la BMR concerne ainsi 1,8 million d’habitants. "La plupart des grandes villes européennes se sont déjà engagées dans un processus de collaboration institutionnalisée avec leur "hinterland" respectif, explique Benoît Cerexhe (CDH), le ministre bruxellois de l’Economie et de l’Emploi. Nous ne pouvons nous permettre de regarder les trains passer en restant nous-mêmes chacun de notre côté - Bruxelles comme sa périphérie - enfermés dans une logique de confinement territorial."

Reste à convaincre les différentes communes concernées par le projet. Loin d’être évident. Du côté flamand, ça cale. La commune d’Affligem a été la première à mettre des bâtons dans les roues de la "métropole", en votant contre le projet. Meise et Overijse lui ont rapidement emboîté le pas, en votant une motion émise par le Vlaams Belang local. Beersel a, elle, refusé d’adopter cette motion, mais a opté pour un projet de développement économique proposé par la Province du Brabant flamand. "Un projet qui tourne le dos à la capitale", regrette Benoît Cerexhe.

"Attention, pas de confusion, répond Hugo Casaer (CD&V), bourgmestre de Beersel. Nous ne sommes pas contre des projets de coopération avec la Région bruxelloise en terme d’économie ou de mobilité, par exemple. Loin de là. Mais il n’est pas question de toucher aux frontières et aux institutions existantes". Ce concept de "communauté urbaine" semble ainsi mal passé dans plusieurs entités flamandes. Pourtant le ministre Cerexhe l’affirme: "il n’y a aucune volonté d’expansion ou d’annexion de la part de Bruxelles à l’égard des communes qui l’entourent et aucune intention de toucher au caractère flamand de ces communes."

Mais les interprétations divergent. "Quand j’entends Charles Picqué (PS) parler du "très grand Bruxelles" en évoquant la BMR, cela me choque, explique ainsi un conseiller communal d’Overijse. Pour moi, ce projet est une manière subversive d’agrandir la Région bruxelloise. C’est inutile car nous avons des problématiques totalement différentes de Bruxelles, notamment en terme d’emploi". Face à cette "fin de non-recevoir", Benoît Cerexhe reste perplexe. "Refuser un tel projet, c’est se tirer une balle dans le pied en s’isolant totalement. Que cherchent donc les mandataires de ces communes, au-delà du Vlaams karakter, si ce n’est l’étouffement de la capitale?"