Noël classique X: Nativité du Seigneur, de Messiaen

Grasse, Décadi 10 Nivôse, An CCXVIII.

Chers tous,

Olivier Messiaen, compositeur contemporain, ornithologue et fervent catholique, a composé en 1935 une magnifique œuvre en neuf mouvements pour orgue solo, appelée "Nativité du Seigneur", publiée l'année suivante.

Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Nativit%C3%A9_du_Seigneur_(Olivier_Messiaen)

Citation :

La Nativité du Seigneur est une œuvre pour orgue, écrite par Olivier Messiaen à Grenoble, en 1935 à l'âge de 27 ans.

Des dires même du compositeur, elle a été inspirée par les montagnes toutes proches, du moins pour les quatrième et dernière pièces.

Elle est composée de neuf pièces (neuf « méditations »), et dure un peu moins d'une heure.

* La vierge et l'enfant;
* Les bergers
* Desseins éternels
* Le verbe
* Les Enfants de Dieu
* Les Anges
* Jésus accepte la souffrance
* Les mages
* Dieu parmi nous

Comme l'indique le compositeur en note dans la partition, il a cherché « L'émotion et la sincérité d'abord. Mais transmises à l'auditeur par des moyens sûrs et clairs ». Messiaen y utilise abondamment les éléments de son langage musical habituel, en particulier les modes à transposition limitée.

Aucune version vidéo disponible sur Internet n'étant absolument intégrale, mon parti-pris est le suivant: vous proposer de suivre tout d'abord la version la plus complète (Celle du concert public du 6 janvier 2008 de Thomas Lee Bailey, sur l'orgue Gress-Miles de l'église épiscopale St. Peter's by-the-Sea, à Bay Shore, New York.) à laquelle il ne manque que la quatrième "méditation", laquelle n'est disponible, à l'inverse et étonnamment, que dans une seule version.

Citation :

Conçu par une Vierge, un Enfant nous est né, un Fils nous a été donné.
Sois transportée d'allégresse, fille de Sion!
Voici que ton Roi vient à toi, juste et humble

Citation :

Ayant vu l'Enfant couché dans la crèche,
les bergers s'en retournèrent,
glorifiant et louant Dieu.

Citation :

Dieu, dans son amour, nous a prédestinés à être ses fils adoptifs,
par Jésus-Christ, à la louange de la gloire de sa grâce.

Citation :

A tous ceux qui L'ont reçu, le Verbe a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu.
Et Dieu a envoyé dans leur cœur l'esprit de son Fils, lequel crie: "Père! Père!"

Citation :

L'armée céleste louait Dieu et disait:
"Gloire à Dieu au plus haut des Cieux!"

Citation :

Le Christ dit à son Père en entrant dans le monde:
"Vous n'avez agréé ni holocaustes ni sacrifices pour le péché,
mais vous m'avez formé un corps. Me voici!"

Les MESSIAEN ne sont-ils pas une de ces nombreuses familles franco-belges ? En l'occurence originaire de Wervicq à la lisière de la Flandre et du Nord.

Citation :

Les Mages partirent, et l'étoile allait devant eux.

Citation :

Paroles du communiant, de la Vierge, de l'Église toute entière:
"Celui qui m'a créé a reposé sous ma tente, le Verbe s'est fait chair et il a habité en moi.
Mon âme glorifie le Seigneur, mon esprit a tressailli d'allégresse en Dieu mon Sauveur."

Grasse, Décadi 10 Nivôse, An CCXVIII.

Cher Stans,

Citation :

Les MESSIAEN ne sont-ils pas une de ces nombreuses familles franco-belges ? En l'occurence originaire de Wervicq à la lisière de la Flandre et du Nord.

Olivier Messiaen est né à Avignon, mais son père Pierre, professeur agrégé d'anglais, est effectivement originaire de la commune de Wervicq-Sud, dans le département du Nord (59)! Sa mère, la poétesse Cécile Sauvage, est quant elle native de La Roche-sur-Yon en Vendée (83).

Salut et Fraternité!

Grasse, Primidi, 11 Nivôse, An CCXVIII.

Chers tous,

les néophytes ne comprennent pas toujours l'intérêt qu'ont les mélomanes chevronnés à collectionner les interprétations d'une même œuvre, estimant qu'une seule est suffisante pour en avoir une vision précise et définitive. Afin de juger par vous même, je vais vous faire écouter diverses méditations de la Nativité du Seigneur de Messiaen, sous les doigts (et les pieds!) d'autres interprètes que Thomas Lee Bailey. Les orgues joués, les lieux d'enregistrement et leur acoustique, les prises de son diffèrent également, bien entendu.

Voici la première méditation (La Vierge et l'Enfant) , successivement interprétée par Marie-Claire Alain, Olivier Latry (qui sont tous deux, toutes œuvres confondues, deux de mes organistes préférés)et Georges Lartigau.

Pour la deuxième méditation (Les bergers), outre Marie-Claire Alain et Olivier Latry, nous avons le choix entre Zsolt Verbay, Chris Hatcher, Neal Marple, Robert Ayotte... et un inconnu.

Pour commencer, Marie-Claire Alain et Olivier Latry:

Pour la troisième méditation (Desseins éternels), une seule interprétation autre que celle de Thomas Lee Bailey disponible sur YouTube: cette vidéo amateur d'Alex Jones:

Comme je l'ai écrit précédemment, seule la vidéo de Willem Tanke nous permet d'apprécier la quatrième méditation (intitulée Le Verbe) en vidéo.

Cinquième méditation (Les enfants de Dieu), dans l'interprétation de Michael Bottenhorn à l'orgue de la Christkönigskirche de Sarrebruck:
Magnifique instrument et superbe technique de l'organiste! La prise de son est très acceptable pour un tel document. Une vidéo à même de nous faire apprécier à sa juste valeur le génie de Messiaen!

La même méditation, sans indication d'interprète malheureusement...
Le tempo beaucoup plus lent et le jeu moins délié de cet organiste anonyme me convainquent beaucoup moins. La prise de son est hélas plus distante et moins précise que celle du document précédent, mais on perçoit néanmoins la splendeur de cet orgue Fritts 2006 de Colombus, dans l'Ohio.

De toutes les vidéos de la Nativité du Seigneur d'Olivier Messiaen disponibles sur Internet, la suivante est la seule où deux méditations sont proposées l'une à la suite de l'autre. Il s'agit de la cinquième (Les enfants de Dieu) et de la sixième (Les anges), interprétées par Marie-Claire Alain (immense organiste, sœur du non moins génial mais hélas méconnu compositeur Jehan Alain).
Le tempo des "enfants de Dieu" est également assez lent, mais je trouve l'interprétation plus "habitée". Les couleurs de l'orgue sont superbes! Les gazouillis de l'instrument dans "Les Anges" nous rappellent que Messiaen, ornithologue de formation, utilisa toute sa vie des chants d'oiseaux comme matériau musical pour ses compositions...

Grasse, Tridi 13 Nivôse, An CCXVIII.

Chers tous,

Septième méditation (Jésus accepte la souffrance), par Neal Marple sur les grandes orgues Skinner de la Cathédrale St. John the Divine, à New-York, enregistrée le 15 Janvier 1993.

C'est à chaque fois la même méditation, bien sûr, mais le tempo choisi, le jeu plus ou moins legato de l'interprète et la "personnalité" de l'instrument renouvellent l'écoute et la compréhension que l'on a du morceau... et la qualité de la prise de son peut également rentrer en ligne de compte dans le choix d'un enregistrement.

La septième Méditation est particulièrement poignante cher Ardennais.

Grasse, Tridi 13 Nivôse, An CCXVIII.

Cher Stans,

Citation :

La septième Méditation est particulièrement poignante cher Ardennais.

C'est exact! Je pense que c'est dû à l'écriture si caractéristique de Messiaen, qui alterne les passages tumultueux et faussement répétitifs dans les registres les plus graves de l'instrument et les parties d'une douceur et d'une tendresse sans pareilles dans le médium. Si le procédé est à vrai dire dans la droite ligne de l'histoire séculaire de l'instrument au point d'en devenir une figure imposée sinon un poncif, ce qu'en fait Messiaen est absolument inouï par sa hardiesse harmonique. Messiaen réussit ce tour de force d'être révolutionnaire tout en restant traditionaliste, ce qui est la marque des génies, voilà pourquoi son œuvre est passé à la postérité de son vivant même.

Tout aussi révélatrice de l'écriture musicale de Messiaen sinon davantage, la neuvième méditation (Dieu parmi nous), particulièrement spectaculaire, connaît pléthore d'interprétations en vidéo sur Internet. Comparons-les maintenant pour mieux entrer, non pas dans la peau de John Malkovitch, mais dans la tête et le cœur d'Olivier Messiaen...

Tout d'abord cette interprétation historique de Dieu parmi nous, par Pierre Cochereau aux grandes orgues de Notre-Dame de Paris, malheureusement sans indication de date...
... mais, sans vouloir être irrévérencieux, je la trouve très datée. Certainement pas ma version de référence.

Marie-Claire Alain à l'orgue Kuhn de la Hofkirche (Lucerne)
Autant l'interprétation de Cochereau me semblait roide et scolaire, prudente, creuse et pompeuse tout à la fois, comme s'il découvrait la pièce en la jouant à vue, autant Marie-Claire Alain me ravit: outre la souplesse dans le tempo, on devine sa familiarité avec l'œuvre, elle la vit, on sent qu'elle y met de l'intention et qu'elle en a une vision d'ensemble ce qui lui permet une liberté, une spontanéité refusées à Cochereau. Pierre Cochereau est né deux ans seulement avant Marie-Claire Alain, mais un monde semble séparer ces deux enregistrements, il est vrai réalisés à un certain nombre d'années de distance, à ce qu'il semblerait... Mais gardons nous de juger un musicien sur une seule œuvre et encore moins sur un enregistrement.