Assassinat de Massoud Ali Mohammadi

Source : http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article2643

Mystère autour de l’assassinat de Massoud Ali Mohammadi

Citation :

13 janvier 2010.

Les scénarios sur le mobile de l’attentat qui a coûté la vie à Massoud Ali Mohammadi se multiplient et placent la communauté scientifique iranienne au centre du débat sur l’évolution du dossier nucléaire en Iran. Massoud Ali Mohammadi, tué à la sortie de son domicile par une moto piégée actionnée à distance, était un professeur de physique nucléaire de l’Université de Téhéran. Iraniens et services secrets étrangers se livrent une véritable guerre de l’ombre sur le dossier nucléaire. Cet assassinat ciblé éclate à l’heure où les diplomaties occidentales pressent pour des sanctions plus sévères à l’égard de l’Iran pour son refus de coopérer avec les instances internationales. Privé du soutien de la Chine, la diplomatie internationale semble à bout de souffle et dans l’impasse. Plusieurs thèses s’affrontent au sujet de cet assassinat.

Responsables iraniens et médias conservateurs parlent de Mohammadi comme un fervent révolutionnaire, impliqué dans les dossiers de la défense et du nucléaire. Selon eux, l’attentat serait l’œuvre des services secrets des puissances étrangères qui tentent d’obtenir des informations du cœur du programme nucléaire iranien. Il est vrai que le Mossad a par le passé tué un responsable iranien du programme. La CIA tire très certainement ses informations d’Iraniens qui sont passés à l’Ouest dans des circonstances mystérieuses, lors d’un pèlerinage à la Mecque ou à Istanbul. Ces accusations ont été jugées « ridicules » par le porte-parole de la CIA.
Mais pour l’opposition iranienne, Mohammadi serait la dernière victime des assassinats politiques en Iran. Si les autorités iraniennes l’évoquent comme un martyr tué par les forces sionistes et étrangères, Mohammadi serait en réalité un farouche partisan de l’opposition iranienne. Il aurait été l’instigateur de protestations contre le régime ultra-conservateur en place à Téhéran sur le campus de l’université. Au-delà de l’hypothèse d’un assassinat politique, Mohammadi aurait été en possession d’informations confidentielles sur le programme nucléaire. Ainsi, tout en restant dans l’expectative, il aurait pu être une source des déserteurs iraniens collaborant avec les renseignements américains. Tout cela reste à éclairer.

Dans tous les cas, les multiples scénarios sur cet assassinat ciblé illustre l’extrême complexité des relations occidentalo-iraniennes sur la question nucléaire. Les deux parties se livrent à une intense bataille, l’un pour pénétrer les secrets confidentiels du programme iranien, l’autre pour empêcher les déserteurs de transmettre des informations essentielles contre le régime en place.