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 Iconographie hindouiste 1: Les bases

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Ardennais
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MessageSujet: Iconographie hindouiste 1: Les bases   Iconographie hindouiste 1: Les bases EmptyVen 12 Fév 2010, 9:11 pm

Grasse, Quartidi 24 Pluviôse, An CCXVIII.

Chers tous,

je suis persuadé que vous êtes nombreux à vous étonner d'apprendre que les hindouistes prétendent adorer un dieu unique alors que leurs temples et leurs maisons regorgent d'images d'une foule de dieux et déesses, aux membres multiples et aux attitudes étranges... La raison de cet apparent paradoxe est que pour les hindouistes, chaque divinité particulière n'est qu'un des innombrables aspects sous lesquels se manifeste l'Être Suprême.

Chaque icône est alors la représentation extrêmement codifiée d'un de ces aspects de la divinité unique, que les Indiens connaissent par cœur depuis l'enfance alors que les occidentaux ne les déchiffrent qu'avec difficulté, faute d'en posséder les clés.

Voici donc les bases de l'iconographie de l'hindouisme:

Source: http://ganapati.perso.neuf.fr/dieux/iconographie.html
Citation :
L'iconographie des images des divinités

(...)

Selon la tradition, les statues et, d’une manière générale, les oeuvres d’art en Inde, ne sont pas crées dans un but artistique. Leur conception et leur sens sont profondément différents de ce que nous entendons de nos jours par art en Occident.

Bien sûr, on recherche la beauté, mais le but de cette beauté va au-delà de l'esthétique, de l'art pour l'art. Cette beauté doit déclencher, chez celui qui la contemple, un état de méditation (dhyana). La méditation est ainsi fixée sur l’objet de méditation, sans que d’autres pensées perturbent le champ mental. Dans une méditation réussie sur un objet, l’esprit est comme absorbé par cet objet. Une statue hindoue (mais c'est aussi le cas des statues bouddhiques) représentant une divinité a pour fonction de permettre le dhyana du fidèle.

Sur un plan moins "élevé", la statue ou disons, de manière plus générale, l'image divine (mûrti), est objet de vénération pour les fidèles qui viennent lui offrir des fleurs, des grains de riz, des poudres de couleur, des bâtonnets d’encens. Il faut et il suffit que le visiteur obtienne le darshan de la divinité pour qu'il se sente totalement satisfait de sa venue au temple. Par darshan, on entend l'échange de regard entre la divinité et le visiteur. Ce dernier offre son amour et sa vénération; et il attend et espère que le dieu ou la déesse, en échange, lui accorde, par le seul regard, sa bénédiction et sa protection.

La statue divine est véritablement considérée, tant par les prêtres desservants que par la foule des fidèles, comme un être qui, bien qu'immobile, est tout à fait présent et conscient, d'où son nom de mûrti qui veut dire forme. Le Dieu prend une forme présente pour son contact avec le monde d'ici-bas.

On distingue plusieurs types de mûrti. Le premier cas, le plus rare, est une forme dans laquelle la présence du Dieu est permanente, naturelle et existant depuis un temps indéfini; on dit que c'est une "swayambhu-mûrti", c'est à dire qu'elle est née d'Elle-même, qu'elle est auto-générée. La plupart du temps, il s'agit d'un Shiva Lingam. Mais on connaît aussi des swayambhu-mûrti pour d'autres divinités, Ganesh par exemple.

Le second cas correspond à une mûrti façonnée par la main de l'homme, dans laquelle la présence divine a été initialement et dénitivement activée au cours d'une cérémonie complexe.

Le troisième cas est celui de la mûrti dans laquelle la présence divine doit être réactivée chaque jour, par le rituel.

Les statues, qu’elles soient de pierre, de bronze ou de toute autre matière, sont réalisées par des artistes (stapathi) qui eux-mêmes, méditent pour accomplir leur oeuvre. Leur travail est guidé par une inspiration de nature divine. A tout le moins, elle est aidée par l'inconscient collectif des innombrables personnes qui ont déjà médité sur ce dieu ou cette déesse depuis des millénaires.

Cet art est traditionnellement transmis par des ouvrages dont le corpus constitue ce que l’on appelle les Shilpashashtra. Ces ouvrages décrivent très exactement les règles iconographiques que l’artiste doit impérativement respecter pour la représentation des déités. En effet, les "visions" des divinités qu'ont eues les Sages ont été transmises avec exactitude. Celui qui a assimilé ces règles et les applique est un Shilpin, un maître artisan. Il n'est cependant pas rare, lorsque l'on se réfère à diverses sources qui décrivent l'aspect des divinités, de constater des divergences significatives. Cela tient à ce que les visions que l'on peut avoir de ces divinités ne sont pas forcément uniques.

En revanche, la fantaisie imaginative et égotique de l’artiste n’a pas à s'exprimer lorsqu'il travaille à la représentation d'une divinité. Une image (pratima, sculpture ou dessin) n’est signifiante que si elle respecte, comme on l'a déjà dit, le dhyana de la divinité concernée. A ce prix, elle est effectivement bénéfique et sa contemplation permettra aux fidèles d’entrer en communication avec la divinité correspondante. D'autre part, la statue, même ancienne, même vénérable, ne peut plus être gardée pour les pûjâ si par malheur, elle est abîmée par les méfaits du temps, des guerres ou du vandalisme.

Toutes les œuvres ne se valent pas, même si leur exécution suit des prescriptions rigoureuses. Il suffit de regarder les différentes sculptures des temples pour comprendre immédiatement qu’elles respectent le canevas de description de la divinité, mais qu’elles peuvent être bien différentes. La puissance d'une statue est, in fine, dépendante de la qualité de l'artiste et, bien entendu, de la beauté du style de l'époque où elle a été réalisée.

Les dieux sont anthropomorphes (la plupart, du moins), c'est à dire représentés avec des caractéristiques voisines des êtres humains, mais ce ne sont pas des êtres humains; non seulement, ils peuvent avoir plus de deux bras (c’est même le cas le plus fréquent) mais aussi, et surtout, parce qu’ils n’ont pas le même corps. Celui-ci est comme idéalisé, arrondi, comme si il était sans os, sans muscles ou tendons en relief sous la peau. Les jambes ne sont pas galbées, elles paraissent lourdes… De même, les proportions entre les diverses parties du corps, définies par les Shashtra, ne correspondent pas tout à fait à nos critères d'esthétisme : la tête est un plus grosse que selon les proportions normales, les bras et les cuisses sont plus longs, mais les jambes plus courtes… Les représentations modernes ne respectent plus toujours ces règles et s'aventurent parfois dans un réalisme excessif.

On dit aussi que lorsqu'un dieu vient sur terre, il est aisé de le reconnaître : ses pieds ne touchent pas le sol, ils sont juste au-dessus, ses yeux ne cillent pas, il ne transpire pas et, enfin, son corps ne projette pas d'ombre sur le sol.

Quoiqu'il en soit, les dieux, sous leurs formes bienveillantes, sont en général des êtres jeunes, éclatants de beauté, vêtus de magnifiques parures qui laissent transparaître leur lumière intérieure. En revanche, les formes dites terribles peuvent être effrayantes et repoussantes.

Les postures

Postures assises

Les images divines paisibles, c'est à dire bienveillantes, sont souvent assises, dans une attitude qui suggère

soit la détente :
Lalitâsana, ou posture de la déesse Lalitâ, appelée encore ardhaparyankâsana. C'est une posture d'aisance, tout à fait décontractée. On la voit, par exemple, sur de nombreuses représentations de Ganesh
Râjalîlâsana ou posture d'aisance royale, caractéristique des couples divins, comme Shiva et Pârvatî
Virâsana ou posture du héros (au repos !). Le symbolisme dit bien ce qu'il veut dire : il célèbre le courage de la divinité dans sa lutte contre les démons
Pralambapadâsana, c'est à dire "à l'européenne". C'est une attitude peu fréquente

soit la méditation :
Padmâsana, posture dite du lotus, représentée, par exemple, par le Shiva méditant
Yogâsana, posture du Yogi, avec les jambes croisées en tailleur, les genoux maintenus par une ceinture de méditation. Moins fréquente, on verra cette posture, par exemple, sur le beau Narasimha de Hampi (Karnataka).

Postures debout statiques

Certaines semblent tout à fait immobiles, dans une attitude hiératique et majestueuse. C'est le cas de Vishnu qui semble figé et raide. Cette posture est nommée Samabhanga (bhanga signifie flexion, donc samabhanga = sans flexion). On trouve une attitude figée un peu similaire dans la figure de Shiva sortant du Lingam (Shiva Lingodhbava), mais l'on dit plutôt de cette posture qu'elle est Stânu (comme un pilier). Rappelons que le Shiva Lingodbhava émerge du pilier de feu pour trancher la querelle qui oppose Vihnu et Brahmâ.

Dans d'autres postures debout, également immobiles, la divinité a une jambe légèrement pliée et une flexion au niveau de la hanche. Cette flexion est dite abhanga. Si elle s'accompagne d'une seconde flexion au niveau des épaules, la posture est dite dvibhanga (dvi = deux); si enfin, une troisième flexion s'opère au niveau du cou par un déplacement latéral, la posture est dite tribhanga (tri = trois). Ces flexions multiples sont bien visibles dans les postures de danse du Bharatanatyam. Sur les statues des divinités, elles indiquent un "mouvement statique", c'est à dire que la divinité, quoique immobile, est intérieurement en début de mouvement. Le tribhanga peut parfois indiquer une certaine violence; tout dépend de l'ambiance générale que dégage la représentation divine à ce moment là.

Postures debout dynamiques

Les postures dynamiques sont celles où l'impression de mouvement est évidente. Les deux cas les plus fréquents sont les postures dansantes et les postures combattantes.

Les postures dansantes sont qualifiées de nritya, qui veut dire danse, par exemple Nritya Ganapati. Une autre posture dansante, à vrai dire la plus célèbre, est celle de Shiva Natarâja.

Les plus dynamiques sont les postures combattantes, voire féroces. On citera, par exemple, la Déesse Durgâ sous sa forme de Mahishasurâmardinî qui combat le démon-buffle. On constatera cependant que même dans ces situations extrêmes de mouvement, le corps de la divinité reste paisible, sans tension. L’énergie d’action est intense, mais comme suggérée, en aucun cas visible par quelque tension corporelle. On n'observe, par exemple, aucun muscle bandé ou saillant, comme dans la statuaire antique grecque ou romaine. Cela vient de ce que les dieux possèdent la maîtrise parfaite de leurs actions.

Nombre de bras et autres aspects corporels

Afin de souligner l’aspect surhumain des divinités, on les représente avec quatre bras ou davantage. Ces quatre bras peuvent symboliser les quatre Veda, mais aussi et plus simplement la Puissance du dieu. Une dizaine de bras suggèrent les dix directions de l’espace (quatre directions cardinales, quatre intermédiaires, plus le zénith et le nadir).

La faculté de vision divine est rappelée par le troisième œil, de forme verticale, au milieu du front. Les dieux peuvent aussi avoir plusieurs têtes pour souligner certains de leurs aspects.

Les mains des dieux portent le plus souvent des objets symboliques (voir plus loin), à savoir des armes ou des emblèmes, ou bien encore elles montrent tel ou tel mudra (geste de la main et des doigts) particulier. Mais il arrive que cela ne soit pas le cas.

Les objets et les gestes symboliques

Les dieux transportent avec eux tout un ensemble de symboles qui caractérisent partiellement leurs qualités et fonctions. Ce sont des objets stylisés, des fruits, des armes que tiennent leurs mains avec ostentation. Dans la même catégorie des symboles, les mudra (position des mains et des doigts) ont aussi pour but de démontrer un état d'esprit de la divinité dont une voire deux mains esquissent ces gestes si particuliers.

Emblèmes ou attributs

Ils font partie intégrante des représentations divines. C'est pourquoi l'on dit que ce sont des emblèmes ou attributs car un ensemble d'emblèmes suffisent souvent à caractériser telle ou telle divinité. Parmi les attributs, on soulignera le rôle et la fréquence des armes (bâton, massue, noeud coulant -lacet-, trident, lance ou javelot, arc et flèche, bouclier, etc.) qui ont pour but de combattre et détruire les démons c'est à dire, in fine, les mauvais penchants humains.

L'aiguillon à éléphant (ankusha) figure très fréquemment dans l'une des mains de Ganesh. Il symbolise la vivacité de son esprit et sa grande faculté de pénétration. Avec son ankusha, Ganesh peut diriger le monde, de même qu'un cornac dirige son éléphant. Ce crochet signifie également la colère (krodha), car la colère nous blesse comme le crochet. L'ankusha représente aussi le toucher et par extension la connaissance supérieure qui permet de se libérer des passions humaines

L'antilope ou daim (mriga) : Shiva, par exemple, tient un daim à l'extrémité de sa main gauche supérieure

L'arc et la flèche (dhanus et bâna) : ces deux éléments ne sont pas nécessairement représentés ensemble. La flèche est énergie, l'arc le pouvoir d'action qui permet de déployer cette énergie. La plus connue des utilisations de l'arc et de la flèche est celle qui en est faite par le dieu Kâma (dieu de l'Amour) : son arc est une tige de canne à sucre et la corde une ligne d'abeilles bourdonnantes. Les flèches sont composées de cinq fleurs d’essences différentes. Bien entendu, le symbolisme de l'arc et des flèches de Kâma sont les mêmes que ceux de notre Eros.
Le dieu Râma est caractérisé par son arc qu'il tient debout, posé au sol. .

La bannière (dvaja) : le port d'une bannière (étendard) par une divinité n'est pas habituel (exemple :le dieu du Vent Vâyu). D'une autre nature est la bannière des temples de Shiva, surtout en Inde du sud. C'est le djavastambha, constitué d'un porte drapeau de plusieurs mètres de hauteur en bronze, dont la base carrée est gravée de divinités. La bannière du temple n'y est hissée qu'à l'occasion de fêtes.

Le bâton (dânda) : c'est un attribut très fréquent, surtout chez les divinités terribles. Il a un sens de menace envers les déviations du dharma.

Le bol à aumones (bhikshapâttra) est également typique des divinités qui présentent une ou des formes ascétiques. Le symbolisme en est évident.

Le bouclier (khetaka) : bien entendu, le bouclier a un sens de protection contre les attaques des démons, lors des luttes que les dieux mènent contre ces forces hostiles au dharma.

Le chapelet (mâlâ) : symbole du temps, c'est principalement un attribut de Brahmâ, la Force de Création et de sa Shakti (épouse) Sarasvatî. Mais on le voit dans les mains de maintes autres divinités. Le mâlâ est employé dans la pratique quotidienne de récitation des mantra (japa) des fidèles de telle ou telle divinité. Ces mâlâ sont faits d'os humains pour les divinités tantriques, de graines de rudraksha pour Shiva et de petits morceaux de tige de tulsi (basilic) pour Vishnu.

Le chasse-mouches (chauri ou chamara) : c'est un attribut qui rappelle le service de la royauté; il est le plus souvent dans les mains de serviteurs des divinités

Le cobra (nâga) : il accompagne souvent Shiva dans la plupart de ses formes ou d'autres divinités Shivaïtes; Ganesh, par exemple, porte souvent un cobra en guise de cordon sacré ou en ceinture autour de la taille. Les colliers de cobras sont l'apanage de déesses tantriques. Les représentations de multiples (trois ou cinq) capuchons de cobras dressés au-dessus de la tête d'un dieu sont un symbole de protection

Le crâne humain (kâpala) : il ne faut voir aucune sentiment morbide dans les représentations de crânes humains tenus par les divinités terribles. Cet accessoire ne fait que rappeler l'impermanence de toute chose dans le monde des hommes. On distingue deux usages du crâne humain chez les divinités :
- Dans le premier cas, une coupe crânienne est tenue dans la main : c'est le cas de Shiva sous sa forme de Bhikshâtana (Shiva mendiant) qui erre par les forêts en expiation du crime qu'il a commis en coupant l'une des têtes de Brahmâ. La coupe crânienne peut aussi être tenue dans les mains de Gajasamhâramûrti, de Kâlârimûrti, de Vîrabhadra, autres formes terribles de Shiva, ou encore les Shiva Tandâva (Shiva dansants), les Bhairava, etc.
- Dans le second cas, c'est un collier de crânes humains ou de têtes de mort que portent les divinités terribles, pour souligner leur dangerosité el leur goût pour les sacrifices, sanglants de préférence.

La conque (shankha) : il s'agit là de l'un des deux plus importants attributs du dieu Vishnu, avec le disque (chakra). Cette conque émet le son de l'Univers. De fait, elle est encore souvent utilisée au cours des cultes des divinités, par exemple lors de l'ârti qui se déroule tous les soirs à Bénarès (Varanasi) ou encore à Haridwar sur la rive du Gange en l'honneur de la déesse Gangâ

La clochette (ghantâ) représente le son primordial (OM ou pranava), strate fondamentale de la Création. La clochette figure au nombre des emblèmes de plusieurs formes de Shiva et de ses déesses terribles.

La cuillère (sruk) : c'est un attribut particulier qui n'est tenu que par Brahmâ et par Agni, le dieu du Feu sacrificiel. Il s'agit d'une cuillère de forme carrée qui est employée par des prêtres spécialisés pour les oblations de ghee (beurre clarifié) au feu sacré.
Une autre variante de cuillère est utilisée par la déesse Annapûrna pour distribuer de la nourriture à ses fidèles.

L'épée (khatga) : c'est la victoire sur les forces du mal; on la voit sur les représentations de Durgâ combattante (forme dite Mahishâsuramardinî), lorsque la déesse lutte contre le démon-buffle qu'elle extermine

Le feu : depuis la plus haute antiquité le feu est vénéré comme intercesseur entre le monde des hommes et le monde des dieux. Divinisé, il est Agni. Mais le feu, en tant qu'attribut tenu dans une main de Shiva Nâtarâja, symbolise le pouvoir de destruction du Grand Dieu (on rappelle que la fonction première de Shiva est de détruire pour permettre les transformations et l'émergence d'"autre chose"; c'est pourquoi Shiva est le dieu des yogi). Le feu peut encore être représenté sous la forme du halo (prabha) stylisé qui entoure souvent les divinités. On citera bien entendu le prabha rayonnant qui auréole la tête d'Agni (pour le dieu du Feu, c'est bien le moindre...), mais également le halo de flammes qui entoure Shiva Nâtarâja.

La foudre (vajra) est un symbole d'invincibilité et d'action droite. La foudre est une caractéristique du dieu Indra qui, l'on s'en souvient, est le chef des dieux à l'époque védique. Mais dans les mains d'Indra, le vajra est une arme redoutable; aussi, le sens donné plus haut est-il le résultat d'une évolution de sens sous l'influence du bouddhisme. tibétain.

Les friandises (modaka) sont l'attribut spécifique et le plus célèbre dont on dit que le dieu Ganesh raffole. Lorsque la trompe de Ganesh est courbée vers la gauche, elle est en contact avec cette friandise que tient la main gauche inférieure du dieu. Pour les fidèles de Ganesh, le modaka, c'est la récompense joyeuse du chercheur de Vérité progressant sur le chemin spirituel; les offrandes de modaka représentent les germes de tous les univers contenus dans l'énorme ventre de Ganesh.

La hache (parashu) : arme puissante habituelle dans les mains de Shiva ou de Ganesh (entre autres), elle tranche et abat. Elle symbolise donc la destruction de tous les désirs et attachements, ainsi que leurs conséquences, l'agitation et le chagrin.

Le lacet -ou noeud coulant- (pâsha) est l'un des attributs les plus fréquents des divinités. Le noeud coulant capture et enserre l'erreur (moha), cette ennemie constante des chercheurs de Vérité. Le noeud coulant signifie également l'attachement (raga), la servitude de l'âme, ainsi que l'ouïe. Comme le noeud, l'attachement nous lie. Cette corde permet au chercheur spirituel de se hisser au-delà de ses limitations humaines et le relie à la félicité éternelle de son propre Soi.

La lance ou javelot (shûla) est l'un des attributs de Yama, le dieu de la Mort. C'est également une arme de combat utilisée par Durgâ dans certaines de ses représentations.

Le livre (pushtaka), symbole du Savoir, sera tenu par les divinités qui incarnent la Connaissance, par exemple Brahmâ et sa parèdre Sarasvatî.

Le lotus (padma) est un symbole de pureté et de vie spirituelle. L'allégorie qui explique ce symbole vaut d'être rapportée : le lotus est une plante des mares. Il prend donc donc racine dans la vase et l'eau croupie. L'ardeur du soleil le fait pousser, émerger de l'eau puis éclore. Et sa fleur est la plus belle, la plus parfaite qui soit. La vase et l'eau croupie sont nos instincts et faiblesses humaines. Mais par le feu de l'ascèse spirituelle, une chose pure et merveilleuse sort de ce cloaque... Le lotus est fréquemment représenté en asociation avec les divinités. Tout d'abord, il est usuel que le socle, le piédestal sur lequel se tient une image divine soit en forme de lotus (voir le paragraphe piédestal). De plus quelques divinités tiennent le lotus dans une voire deux mains :
- Sûrya tient deux lotus ouverts dans ses mains
- Les vingt quatre variantes des formes debout de Vishnu portent, entre autres, un lotus qui, dans ce cas, représente la mâyâ
- La déesse Lakshmî tient toujours un lotus, à telle enseigne que l'un des autres noms est Padma. Sous sa forme de Gaja-Lakshmî (Lakshmî aux éléphants) elle tient, dans sa main droite, une fleur de lotus à la longue tige atteignant l'épaule. Sous d'autres formes, c'est un lotus à peine ouvert, etc.

La mangouste (nakula) est un attribut spécifique de Kubera, le dieu des trésors souterrains.

La massue (gadâ) est une arme habituelle des dieux. Par exemple, Ganesh s'appuie souvent sur une massue renflée posée sur le sol.

Le miroir (darpana) est davantage un accessoire de toilette des gracieuses nymphes célestes que l'on peut admirer à Khajuraho qu'un attribut de divinité.

La nourriture est habituellement un attribut de la déesse Annapûrna qui récompense ses fidèles en la leur offrant.

Le parasol (chhattra) est un symbole de royauté directement issu de la tradition bouddhiste. Chez les dieux hindous, on le voit plutôt fréquemment pour souligner la majesté naturelle de la divinité, par exemple chez Ganesh et sur certaines représentationss de Pârvatî.

Les plumes de paon (mayûrapattra) sont des éléments de décoration de certaines formes de Shiva (par exemple Bhikshâtana, Kankâlamûrti) ou de Skanda. On sait que le paon est un animal sacré en Inde, il est même le symbole de l'Etat du Rajasthan où on le rencontre souvent, vivant à l'état sauvage. Il représente l'immortalité.

Le poignard (churi) est une arme des déesses terribles

Le pot à eau (kamandalu) est un ornement très fréquent. Initialement, le pot ou vase (kalasha) contient l'Amrita, le Nectar d'Immortalité pour lequel les dieux et démons livrent bataille au commencement du monde. Sous cette forme, de nombreux dieux et déesses tiennent ce vase sacré. Une seconde version du pot, est le récipient de forme simple, sans fioritures (au contraire du vase merveilleux qui contient l'Amrita), utilisé par les ascètes errants (saddhus) pour procéder à leurs ablutions purificatrices. On le voit tenu par Sarasvatî, mais aussi par les formes de Shiva ascète.

La roue (chakra) : c'est l'un des symboles typiques de Vishnu et des divinités Vishnuïtes. Représentée comme une roue munie de rayons, elle symbolise d'abord, évidemment, le char solaire, mais aussi les cycles du phénomène vital.

Le serpent (nâga) est une divinité à part entière. De plus, des serpents sont souvent figurés en accompagnement de certaines divinités : ils forment des colliers autour du cou de déesses terribles, Ganesh utilise le serpent comme cordon sacré, voire comme ceinture.

Le tambour à sablier (damarû) est emlployé par Shiva Natarâja pour rythmer sa danse de destruction des mondes.

Le trident (trishumâ) est l'attribut typique du dieu Shiva. Les trois pointes du trident représentent la Création, la Préservation et la Destruction puisque l'on dit que si Shiva est habituellement considéré comme la fonction divine de Destruction, c'est pour re-Créer une nouvelle phase de vie, dans le cadre d'un cycle sans fin.

Mudra

Les dieux tiennent, dans leurs mains, les attributs que nous avons décrits. Mais certains gestes codifiés des mains, que l'on appelle mudra, sont également porteurs de symboles. Les plus courants sont l'abhaya mudra et le varada mudra.

L’abhaya mudra est le geste par lequel la divinité apaise la peur. La main droite est levée à hauteur de poitrine, paume ouverte vers l'avant, doigts vers le haut.

Le varada mudra est le geste par lequel la divinité accorde ses bienfaits et sa b&ea&cute;nédiction. La main droite est paume ouverte vers l'avant, doigts vers le bas.

D'autres mudra sont bien entendu utilisés pour indiquer une humeur particulière, mais de manière moins systématique que les deux précédents. On citera :

L'anjali mudra est le geste de salutation et de vénération envers une divinité. Les mains sont jointes à hauteur de poitrine.

Le dhyâna mudra est la position des mains de la divinité assise en profonde méditation en posture de padmasana (posture de méditation, jambes croisées, genoux au sol, plantes des pieds sur la cuisse opposée). C'est le cas de Shiva méditant, entre autres. Les deux mains sont posées l'une sur l'autre dans le giron, paume vers le haut.

Pour le jñana mudra, la paume de la main est tournée vers le haut, à hauteur de poitrine. Pouce et annulaire forment un anneau. C'est un mudra qui indique la sagesse du dieu.

Le vitarka mudra est similaire au précédent mais l'anneau est formé par le pouce et l'index. Il est surtout caractéristique de certaines représentattions du Bouddha.

Le tarjani mudra exprime la menace sous la forme d'un index dressé en l'air.

La monture ou animal-véhicule (vâhana)

Les dieux sont fréquemment montrés en compagnie d’un animal-véhicule (vâhana) spécifique qui les accompagne et/ou qu'ils chevauchent. Le vâhana est donc un animal symbole, véhicule (monture) du Dieu. On citera :

Le rat de Ganesh
L'oie ou hamsa de Brahmâ,
L'aigle blanc à tête humaine Garuda de Vishnu
Le paon appelé Paravânî de Skanda,
Le lion (parfois un tigre) dénommé Manashtâla de Durgâ ou de Pârvatî,
Le taureau nommé Nandi ou parfois Vrishaba de Shiva,
Le chien de Bhairav,
Les deux éléphants de Gaja-Lakshmî,
L'éléphant blanc céleste à quatre défenses ou Airâvata de Indra,
Le buffle de Yama,
La tortue de Yamunâ,
Le makara ou monstre ressemblant au crocodile de Gangâ et de Varuna
Le bélier d'Agni,
Le crocodile de Varuna,
Le cygne de Sarasvatî,
Le cheval de Kubera,
Le daim de Vâyu
Le lion noir de Râhu,
Le vautour de Ketu et Shani,
Le perroquet de Kâma, le dieu de l'Amour.

Le sens symbolique à accorder aux vâhana est assez obscur et fait davantage l'objet de spéculations que de certitudes.

Matériaux des représentations des divinités

Les images divines traditionnelles à usage de culte

Les matières dont sont faites les représentations divines sont essentiellement la pierre et les métaux ou alliages de métaux. Ces matériaux présentent l'avantage d'être durables, suggérant ainsi que la vie des dieux est indéfinie, sinon infinie. Les sculpteurs des temps jadis ont choisi les pierres les plus belles qu'ils puissent se procurer pour orner les temples : calcaire doré au grain fin de Khajuraho, marbre blanc du Rajasthan, stéatite sombre au grain permettant des réalisations d'une finesse inégalée dans le sud du Karnataka (Belur, Halebid, Somnathpur), basalte d'un noir intense au temple de Palampet (Andhra Pradesh) ou encore chez les Pala-Sena du Bengale, grès au ton rose violine à Deogarh (Uttar Pradesh), etc.

L'art de la fonte du métal remonte loin dans le temps : dès le 3 ème siècle avant notre ère (époque Kushan), on connaît des statues Jains et l'on a même trouvé les preuves d'un savoir-faire beaucoup plus ancien avec des objets de Mohenjo-Daro et d'Harappa dès le milieu du 3 ème millénaire avant J.C.

C'est surtout la période Gupta (à partir du 5 ème siècle) qui voit s'épanouir la fabrication des bronzes cultuels. Les plus connus, et les plus fameux, restent néanmoins ceux des Chola (en Inde du Sud au Tamil Nadu), après le 10/11 ème siècle. C'est en effet de cette période que se répand sur une large échelle la fabrication de bronzes selon la technique dite de la cire perdue.

Cette technique consiste, rappelons-le, à modeler en premier, une image en cire, que l'artisan sculpte dans la forme exacte de la statue à réaliser. Cette image est ensuite enrobée de plusieurs couches de terre très fine (argile), en réservant des trous vers le centre de cire. Le tout est ensuite mis au feu : la cire fond et s'écoule vers l'extérieur par les conduits, l'argile cuit et durcit. La partie creuse du modèle de cire est alors emplie d'alliage fondu. Après refroidissement, l'enveloppe d'argile est brisée, la statue de métal apparaît et les finitions (ébarbage, polissage) sont faites au ciseau à métal. Cette technique est encore pratiquée dans la région de Tanjore (Tamil Nadu), en particulier dans le village de Swamimalai. Les statues de grande taille destinées aux temples sont faites sur commande, sous la responsabilité directe du Maître Artisan, mais celles produites en vue de la vente dans des magasins, bien que respectant les règles iconographiques traditionnelles, sont d'une finition souvent moins parfaite, et ne sont jamais exécutées en pañcha loha (alliage de cinq métaux, voir plus loin), quoiqu'en disent les vendeurs.

L'usage des fêtes durant lesquelles on déplace, à travers la ville, les images des divinités, en les plaçant sur des ratha (grands chars de bois), imposait d'ailleurs le développement de cet art, car les divinités résidant dans le sanctuaire central (garbha griha) de chaque temple, sont par définition, inamovibles (les matériaux dont elles sont faites sont variés, aussi bien des pierres précieuses que de la terre). Mais la mûrti de métal que l'on emmène en procession est également "habitée" par l'esprit de la divinité.

Les textes sacrés qui définissent les principes et rituels des cultes, ainsi que l'usage des mûrti de métal sont les Agama. Les métaux prescrits sont l'or, l'argent et le cuivre, ainsi que leurs alliages. Le ou les métaux à utiliser dépendent du but de la statue. Les statues les plus anciennes de cette période Chola sont faites de cuivre rouge ou jaune. Vers le 14 ème siècle, l'étain commence à être introduit dans les alliages. C'est ainsi qu'apparaissent les alliages à cinq métaux, ou pañcha loha, soit or, argent, cuivre, plomb et étain, selon une symbolique correspondant aux éléments naturels (terre, eau, feu, air, éther).

Une image de métal faite pour un temple particulier ne peut en aucun cas être utilisée dans un autre temple. Les rituels d'animation de la statue étaient extrêmement complexes. Il faut en effet toujours se rappeler que la statues qui réside dans le sanctuaire principal d'un temple est vivante, comme on l'a dit plus haut.

L'artisanat moderne

L'artisanat indien accorde une grande importance à la pérennité de la représentation des divinités. La vente aux touristes étrangers ne constitue qu'une infime partie du marché, car celui-ci est essentiellement intérieur.

L'offre est considérable, depuis les splendides statues de bronze fabriquées selon les techniques anciennes, en suivant les règles iconographiques traditionnelles, jusqu'aux petites statuettes de terre sans prétention. Les images des dieux et déesses peuplent aussi les tentures, les miniatures peintes sur papier ou tissu, les broderies, les dessins naïfs villageois (Mithila), etc. et, bien entendu, les posters innombrables vendus sur les trottoirs des grandes villes.

Pour un hindou, toute image divine est sacrée et, par conséquent, respectable et respectée. Cela ne suffit évidemment pas pour en faire un lieu de résidence divine, comme c'est le cas des statues de temples... Les copies grossières réalisées par des artisans plus ou moins habiles, pressés par le temps et obéissant surtout à une logique de négoce, ne sont pas souhaitables pour le culte. En effet, un corps divin mal représenté ne sera jamais un support de méditation.

En revanche, une image divine peut être consacrée même si elle est faite dans un matériau périssable comme la terre ou la bouse de vache. L'exemple le plus connu est celui des colossales statues de Ganesh crées à Mumbay (Bombay) tous les ans à l'occasion de la Ganesha Chathurti, vénérées pendant plusieurs jours, puis promenées dans les rues de la ville au milieu d'une foule exceptionnelle et enfin immergées dans l'océan où la terre dont elle sont constituées se dissoudra. Il en est de même des statues de la Déesse Durgâ à Calcutta.

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Iconographie hindouiste 1: Les bases
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