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Jean-Yves Daniel-Lesur est un autre de ces nombreux compositeurs français et francophones oubliés: Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Yves_Daniel-Lesur
Citation :
Jean-Yves Daniel-Lesur, né le 19 novembre 1908 à Paris et mort le 2 juillet 2002 à Paris, est un compositeur français.
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Biographie
Il écrit de la musique dès son enfance, avec l'aide de sa mère, et entre à 12 ans au Conservatoire de Paris dans la classe de Jean Gallon. Après avoir été un élève de Charles Tournemire, il devient l'organiste de l’Abbaye bénédictine de Paris de 1935 à 1939 et de 1942 à 1944. Il enseigne dès 1935 à la Schola Cantorum dont il assurera la direction 25 ans plus tard.
Après la guerre, il prend en charge l’information musicale à la radio nationale, avant de remplir les fonctions de conseiller musical de la télévision puis d’Inspecteur Général de la Musique au ministère des Affaires Culturelles.
Le 23 mai 1971, il est nommé administrateur de la Réunion des théâtres lyriques nationaux et s'adjoint Bernard Lefort avec le titre de directeur. Cette direction ne devait être que transitoire, car dès le mois de mars 1971, la direction de l'Opéra avait été proposée à Rolf Liebermann. Le 31 décembre 1972, le dernier administrateur de la RTLN cède sa place au metteur en scène suisse.
Oeuvres
Il est l'auteur d'oeuvres scéniques - parmi lesquelles trois opéras et un ballet -, d'oeuvres destinées au concert et de plusieurs pièces de musique vocale. Il a composé également pour la radio et le cinéma.
Distinctions et titres
* Prix International Maurice Ravel * Prix Samuel Rousseau décerné par l’Académie des Beaux-Arts * Grands Prix de la Ville de Paris, du Conseil Général de la Seine et de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques.
* Membre de l'Institut * Membre Associé de l’Académie Royale de Belgique * Membre de l'Académie Européenne des Sciences. des Arts et des Lettres * Président d’honneur de l'Académie Charles Cros
Bibliographie
* Bernard Gavoty, Avec Daniel-Lesur : pour ou contre la musique moderne, Flammarion, 1957. * Regards sur Daniel-Lesur : compositeur et humaniste (1908-2002), dir. Cécile Auzolle, avant-propos Jean Roy, Paris, Presses de l'Université Paris-Sorbonne, 2009. * Christian Tournel, Daniel-Lesur ou l'itinéraire d'un musicien du XXe siècle (1908-2002), L'Harmattan, 2009.
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Sujet: Daniel-Lesur: Suite médiévale Ven 19 Fév 2010, 4:33 pm
Suite médiévale:
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Sujet: Jean-Yves Daniel-Lesur: Élégie Ven 19 Fév 2010, 4:36 pm
Élégie
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Sujet: Daniel-Lesur: Le Cantique des cantiques Ven 19 Fév 2010, 4:41 pm
Le Cantique des cantiques
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Sujet: Daniel-Lesur: Le Roi Salomon Ven 19 Fév 2010, 4:46 pm
Le Roi Salomon
Salut et Fraternité.
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Sujet: Jean-Yves Daniel-Lesur (suite) Ven 19 Fév 2010, 8:10 pm
Le compositeur Jean-Yves Daniel-Lesur (né en1908) est assurément l’une des personnalités artistiques et musicales les plus marquantes de son temps. Une oeuvre abondante, illustrant les formes et les genres les plus variés en les rehaussant d’une empreinte immédiatement reconnaissable, à la fois neuve et placée dans le droit fil d’une tradition française dont il est l’un des meilleurs connaisseurs devrait lui assurer la reconnaissance du public et des musiciens. Force est malheureusement de constater qu’il n’en est rien et que l’absence de curiosité de l’un et des autres continue à tenir dans l’ombre une musique parmi les plus achevées que le vingtième siècle nous aient léguées. Son appartenance au groupe " Jeune France " (dont furent également membre Olivier Messiaen, Yves Baudrier et André Jolivet) ne doit pas masquer, comme pour les autres compositeurs précités une souveraine indépendance, un goût de la liberté qui, joints à une haute science de la musique, forment la trame du style inimitable du compositeur.
De Daniel-Lesur, tous ceux qui l’ont côtoyé jusqu’à aujourd’hui gardent le souvenir d’un homme que les fonctions officielles (citons sa présence au conseil d’administration de la Radio, son poste de d’administrateur de la réunion des théâtres lyriques nationaux ou de directeur de la Schola Cantorum) et les honneurs (il est depuis plusieurs années membre de l’Institut) n’ont pu changer ; d’une exquise courtoisie, sa modestie n’a d’égale que son dévouement, surtout lorsqu’il s’agit de défendre la musique des autres.
Mais c’est dans sa musique plus que dans la chronique mondaine qu’il faut chercher le vrai Daniel-Lesur. Son métier de compositeur est extrêmement solide, passant par une maîtrise assurée du contrepoint (qu’il a longtemps enseigné à la Schola Cantorum), la parfaite connaissance des formes et des styles musicaux. Mais il serait tout à fait faux de l’imaginer pour autant dans la peau d’un « fort en thème », car rien n’est plus éloigné de son tempérament que la sophistication du langage considérée comme une fin en soi. Tout dans sa démarche esthétique reste subordonné à l’expression poétique. Il rejette très souvent le concept de musique pure ou spéculative, les développement systématiques au profit d’une inspiration à la fois capricieuse et rigoureusement construite, d’où sa prédilection pour le genre de la suite (Suite française, Symphonie de danses, Symphonie d’ombre et de lumière), car disait-il « la forme sonate suppose de goûter la rhétorique et je n’ai rien d’un rhétoricien ». Les thèmes chez Daniel-Lesur sont souvent très brefs, empreints d’une énergie virile (comme dans la Sérénade pour cordes créée en 1954 à Aix en Provence, inspirée par le personnage de Don Giovanni), mais toujours doués d’une étonnante plasticité rythmique et mélodique qui leur permet d’être présents dans toute une oeuvre sans impression de redite. La Symphonie de danses est bâtie autour d’une sorte de refrain martial qui sert d’élément fédérateur aux différents mouvements. L’orchestration de Daniel-Lesur se caractérise par sa lisibilité parfaite, même dans les tutti. Le dernier mouvement de la merveilleuse Symphonie d’ombre et de lumière est une farandole à la fois irrésistible et diaphane.
Cette prédilection affichée pour la suite et pour une démarche poétique faite de retenue et de concision a souvent suffi à des critiques hâtifs pour ranger Daniel-Lesur sous l’étiquette néo-baroque. Si de tels classements semblent toujours pratiques pour ranger un compositeur dans un tiroir, il faut tout de même remarquer qu’il rendent rarement compte de la réalité. La pudeur de Daniel-Lesur est le complément presque paradoxal d’un romantisme qui se révèle dans plusieurs de ses œuvres. Le poème symphonique Andréa Del Sarto, inspiré par la pièce d’Alfred de Musset (magnifique page à la fois tourmentée et lumineuses) puis l’opéra homonyme en 1969 (l’une des plus parfaites réussites lyriques de notre temps) portent le témoignage de cet aspect de sa personnalité, doublé d’une compassion réelle pour le magnifique personnage d’Andréa à qui le compositeur confère une véritable noblesse. Le second opéra de Daniel-Lesur, Ondine d’après Jean Giraudoux est aussi l’affirmation d’un romantisme et d’une singularité de langage que les années n’ont jamais entamés (cette œuvre fut créée au début des années 80). L’univers presque indéfini de Giraudoux offre au compositeur un climat qui n’est pas sans rappeler Pelléas. Les reprises des œuvres lyriques de Daniel-Lesur en France ont été trop peu nombreuse à ce jour pour que le public et la critique en mesurent toute la nouveauté et toute l’universalité.
La musique sacrée et chorale constitue également l’un des domaines de prédilection du musicien. Citons ce qui est peut-être son œuvre la plus connue, le Cantique des Cantiques pour 12 voix mixtes a capella (un miracle d’équilibre et de maîtrise dans l’écriture vocale et l’agencement polyphonique), le Cantique des Colonnes sur un texte de Paul Valéry pour chœur de femmes et petit orchestre (commandé et créé par la maîtrise de Radio France), page apaisée aux couleurs automnales et modales, la Messe du Jubilé (dont le Credo offre un superbe exemple de choral varié). L’inspiration y est toujours soutenue, servie par une attention constante portée aux textes et une sincérité jamais prise en défaut.
Depuis quelques années déjà, l’œuvre de Daniel-Lesur se fait moins entendre, victime comme tant d’autres de cette indifférence qui semble de plus en plus devenir une règle en France. Souhaitons de tout cœur que le futur lui rende la place qui lui revient de droit, et surtout redonne la parole à ce musicien discret, ce poète pudique dont les dernière œuvres en date (comme la Fantaisie concertante pour violoncelle et orchestre, commandée et créée par Mstislav Rostropovitch) vibrent de multiples et secrètes résonances. Mais formons surtout des vœux pour que son ultime opéra La Reine Morte d’après Montherlant, commandée en 1982 par l’Opéra de Paris, entièrement achevée par le compositeur soit enfin révélée au public, elle qui dort depuis presque vingt ans.
Daniel-Lesur nous laisse aujourd’hui une œuvre toujours profonde que son incontestable sincérité rend intemporelle, carrefour entre une tradition vivifiée et une modernité jamais recherchée pour elle même, qu’il nous appartient à présent d’aimer comme elle le mérite et de faire vivre.