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 Secrets d'Histoire de Stephane Bern

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Ti' Breton
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Ti' Breton


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MessageSujet: Secrets d'Histoire de Stephane Bern   Secrets d'Histoire de Stephane Bern EmptyJeu 05 Aoû 2010, 1:18 pm

Quelle catastrophe que cette emission vulgarisant jusqu'à la caricature l'Histoire de France. Hier soir, pour sa reprise, le lénifiant stéphane nous proposa un portrait ydillique de l'impératrice Eugénie, dernière impératrice française, sous les traits d'une romantique amoureuse délaissée proche de Vicotoria, mélande de Marie-Antoinette et de Sissi...Quelques mots disgracieux et honteux sur Napoléon III jugé "obsédé sexuel" et rien d'autre que la troublante et émouvante histoire de la bonne impératrice...
Il est temps de rappeler la vérité sur le rôle éminemment néfaste de cette espagnole face à l'Empire français...
Eugénie, la véritable responsable du désastre! La faute d'Eugénie.

C'est le 3 juillet 1870 qu'éclate l'incident « Hohenzollern » ! Le général Prim, à la suite de l'abdication de la reine d'Espagne Isabelle II, offre le trône à Léopold de Hohenzollern. L'émotion est considérable en France : la presse prend le mors aux dents et affirme que la sécurité de la France est menacée. Rouher est-il derrière cette affaire ?

En tout cas, Gramont, le ministre des Affaires étrangères, est un « va-t-en guerre » : « cette candidature, affirme-t-il, lèse nos intérêts et offense notre honneur ; nous nous y opposerons par tous les moyens ». Le 6 juillet, il enfonce le clou à la tribune du Corps Législatif :
« nous ne devons pas supporter qu'une puissance étrangère, en plaçant un de ses fils sur le trône de Charles Quint, dérange à notre détriment l'équilibre actuel des forces en Europe. Pour empêcher pareille éventualité, forts de votre appui, Messieurs, et de celui de la Nation, nous saurons remplir notre devoir sans hésitation ni faiblesse. »

La guerre ? Mais sommes nous prêts ! Le maréchal Vaillant le pense et conseille à l'Empereur de profiter d'une pareille occasion. Mais Napoléon III ne sombre pas dans l'hystérie collective, malgré les assurances du maréchal Leboeuf, son ministre de la Guerre. Celui-ci l'assure à son souverain : si la mobilisation est décrétée assez tôt, il se fait fort de porter à la frontière 300 000 hommes en moins de quinze jours ; les Prussiens sont plus nombreux, c'est entendu, mais ils ne disposeront guère que de 450 000 soldats aux débuts des opérations. Par conséquent, l'armée impériale sera dans la proportion de deux contre trois : celle avec laquelle Napoléon 1er triomphait de ses ennemis. Et puis, il y a les mitrailleuses (canons à balles) et le chassepot !

Pourtant, l'Empereur n'est pas convaincu. Et il ignore que les tableaux des effectifs sont faux et que l'armée est bien incapable de s'équiper et de se déployer en quinze jours : c'est là la grande faute de Leboeuf, s'être bercé d'illusions, sans en avoir soi-même vérifié le bien-fondé. Mais Napoléon III est conscient de la forte organisation militaire de la Prusse et il mesure l'isolement diplomatique de la France. Enfin, la partie n'est pas équilibrée : comme lui dira un proche « entre vous et le Roi de Prusse, la partie n'est pas égale ; le Roi peut se permettre de perdre plusieurs batailles, tandis que pour vous, Sire, la défaite sera la Révolution ! »

Alors, Napoléon III cherche à négocier ; il envoie des émissaires secrets auprès de la reine Victoria et du Roi des Belges en les priant d'user de leur influence pour amener le roi de Prusse à ne pas soutenir cette candidature. Et le 12 juillet, Antoine de Hohenzollern télégraphie à Madrid pour annoncer que « son fils Léopold retire sa candidature en raison des complications qu'elle paraît soulever ». Guillaume 1er peut écrire à Bénédetti, l'ambassadeur de France, que « l'incident est clos ».

A Saint-Cloud, l'Empereur ne cache pas son soulagement : « je suis heureux que tout se termine ainsi. Une guerre est toujours une grosse aventure ». Il ajoute, se confiant au général Fleury : « Cela signifie la paix. La guerre serait inutile, absurde ; supposez qu'une île surgisse dans la Méditerranée, près de la côte française. L'Allemagne désire en prendre possession. Je m'y oppose. Mais, tandis que nous discutons, l'île a disparu. Ni la France ni l'Allemagne ne seraient assez folles pour combattre pour une île qui aurait disparu. »

C'est pourtant ce qui va se passer. En apprenant que la guerre est repoussée, l'impératrice entre dans une rage incroyable ! « Qué Vergüenza ! Quelle honte ! Cette renonciation est inacceptable . LE ROYAUME DE France EST TOMBE EN QUENOUILLE ! »
Propos inqualifiables, d'un manque de respect inouï envers l'Empereur ! Cette sortie méritait un coup de cravache, tout au plus !Malheureusement, le courroux d'Eugénie rencontre l'assentiment du duc de Gramont, le ministre des Affaires étrangères : « Croyez-vous qu'on puisse faire confiance à la Prusse ? D'ailleurs, l'opinion ne se contentera pas du retrait de la candidature, elle exigera de la Prusse des excuses publiques. Il y va de l'avenir de la dynastie et du Prince Impérial ».

C'est donc l'opinion qui gouverne désormais la politique étrangère de la France ? Propos aussi sot qu'inexact : l'Empereur n'a-t-il pas retrouvé son chiffre ? Que la presse se répande en sarcasmes, quelle importance ? N'importe, Eugénie continue: « Cette victoire qui n'a coûté ni une larme ni une goutte de sang sera pour nous la pire des humiliations ! Si la Prusse refuse de se battre, nous la contraindrons, à coups de crosse dans le dos, à repasser le Rhin, et à évacuer la rive gauche !
C'est une paix sinistre que celle dont on parle depuis vingt-quatre heures. »

Propos imbéciles, comme une presse revancharde plus tard nous abreuvera. Mais la politique de la France se détermine t'elle dans les salles de rédaction ? En tout cas, tout ceci remonte à Napoléon III ; épuisé par la maladie, anesthésié par l'opium, l'Empereur ne trouve pas la force de résister : son épouse est pour la guerre, la plupart des ministres (hormis Ollivier) aussi ; la presse semble donner l'impression que tout le pays est pour la guerre (sentiment renforcé par des manifestations plus ou moins spontanées d'hostilité à la Prusse) !

Alors, Napoléon III abdique une première fois ; César infortuné rend les armes ! Il agit comme un souverain constitutionnel et s'en remet à son ministre des affaires étrangères ; celui-ci s'empresse de réclamer une démarche dangereuse à Bénédetti : il faut une renonciation explicite, formelle du roi de Prusse lui-même ! C'est ce qu'attendait Bismarck ; ce dernier n'a plus qu'à tronquer la dépêche d'Ems ; la mèche est allumée.

Le conseil des Ministres se réunit le 14 juillet au matin à Saint Cloud. La séance dure deux heures. L'Empereur est livide ; il plaide encore pour la paix et propose une conférence internationale ou la médiation de l'Angleterre. Chose invraisemblable, Eugénie participe au Conseil et mène la charge, déclarant que « la lutte était inévitable si l'on avait le souci de l'honneur de la France ».

Leboeuf fait chorus ; il jette son portefeuille à terre, jure qu'il ne le ramassera pas et qu'il rendra son bâton de maréchal si on ne fait pas la guerre ; attitude grossière, impudente quand on sait combien rien n'était prêt ! Il aggrave son cas : « la guerre avec la Prusse est inévitable, dans un avenir plus ou moins proche. Nous sommes prêts, notre ennemi ne l'est pas (sic !). Nous avons une armée superbe, admirablement bien disciplinée ; nous ne retrouverons jamais pareille occasion. De Paris à Berlin, ce sera une promenade, la canne à la main. »

L'Empereur abdique une seconde fois : au moment de passer au vote, il quitte la salle du conseil : « je suis un souverain constitutionnel, je dois me soumettre à la majorité du Conseil. » En fait de majorité, c'est l'unanimité ! L'Empereur est parti se coucher. L'Impératrice reprend les ministres en main ; elle a cette phrase insensée « si la France offensée ne se hâte pas de souffleter la Prusse, il n'y aura pas de Napoléon IV ! » La mobilisation générale est décidée. On court réveiller Napoléon III : il n'a plus -comme un somnambule- qu'à ratifier cette mesure.

Bien sûr, l'Empereur a sa part de responsabilité ; il a laissé siéger Eugénie au Conseil. Il ne s'est pas assuré de la véracité des rodomontades de Leboeuf et a laissé agir Gramont en dépit du bon sens. Seulement, on peut le dire, jamais souverain ne fut plus mal servi ! La France était tombée en quenouille entre les mains d'une espagnole !

Peut-on trouver des circonstances atténuantes à Eugénie ? Une Espagnole... impériale ? L'ébauche d'une explication pour caractériser un sang vif, une fierté ombrageuse et, parfois, un caractère indomptable.

De belles qualités, certes, mais qu'on attendrait plutôt d'un "sabreur" que d'un chef d'Etat; c'est là le danger des régences, substituer au souverain une reine ou une impératrice qui ne possède pas nécessairement les qualités indispensables pour faire preuve de sang-froid!

Il faut convenir que la suite des évènements est encore plus accablante pour Eugénie... même si ses efforts désespérés pour sauver la France et la couronne de son fils sont très émouvants...

Peut-on soutenir, pour la disculper, qu'un évènement dont la responsabilité serait avant tout collective, c'est le declenchement de la guerre de 70 ? Posons la question: sans Eugénie, la guerre aurait-elle été declarée ? Beaucoup d'historiens ou de napoléoniens sont sceptiques et vont jusqu'à soutenir que si N. III n'avait pas déclaré la guerre, il aurait été renversé encore plus vite et avant la date de Sedan...

Laissons de côté Eugénie, un instant...

"Si Napoléon III n'avait pas déclaré la guerre, il aurait été renversé encore plus vite et avant la date de Sedan...", non cela n'est pas admissible !

Par qui ? Par les Bonapartistes ? ça n'est quand même pas les républicains qui auraient pu jouer à ce petit jeu! C'est la reprise de la thèse erronée selon laquelle l'opinion publique voulait la guerre!

En dehors d'une fraction parisienne, conglomérat d'énergumènes et de Rantanplans, le pays ne voulait pas la guerre: le sentiment des folliculaires n'est pas l'opinion...

La paysannerie alsacienne et lorraine redoutaient la guerre et je gage qu'il en était de même dans le reste du pays.

Napoléon III s'est laissé influencer par un mouvement d'une fraction de l'opinion dont on peut se demander s'il n'a pas été fabriqué exprès pour le circonvenir. J'hésite sur les véritables auteurs de cette manoeuvre: n'y aurait-il pas les "mamelucks", Rouher à leur tête?

Quant à la peur des "rouges", elle était exagérée. Certes, il y avait à Paris une majorité républicaine avec une forte minorité révolutionnaire (on le verra bien à la commune)! Ce sont ces gens-là qu'on verra surtout le matin du 4 septembre.

Eh bien! En cas de tentative révolutionnaire, l'occasion aurait été idéale de briser ces nouveaux "septembriseurs", à coup de canons si nécessaire.

Après Sedan, la dynastie était perdue! Peut-être, si le prince impérial avait eu deux ou trois ans de plus, aurait-il pu se faire proclamer Napoléon IV...

Rappelez-vous les mots terribles de l'impératrice quand elle appris la capitulation...

Il est vrai qu'après le désastre de Sedan, le pays était désarçonné! On lui dit -parole de ministre- qu'on est prêt, que la guerre sera une promenade de santé...

Un mois après l'ouverture des hostilités, c'est fini! La dernière armée de la France qui est prisonnière, un Bonaparte qui capitule...

Les républicains ont eu beau jeu. Comment l'opinion publique pouvait-elle comprendre ? Plus tard, malgré une propagande éhontée des républicains, elle se souviendra du bien fait par "Badinguet"...

Tant que la génération formée par l'école de Jules Grévy ne parviendra pas au droit de vote, les Bonapartistes feront des scores électoraux impressionnants... Il manquera juste un chef (décès prématuré du Prince impérial), une véritable aubaine pour les républicains! Et discorde entre "Jérômistes" et "Victoristes"!

Vous imaginez Napoléon IV à Londres en 1889 ? il n'avait plus qu'à débarquer... ça ne faisait pas un pli (date du scandale de Panama et épisode de la candidature du général Boulanger) !

Sources :
Bruno Roy Henry, Historien
Emile Ollivier: L'empire libéral (7 volumes).
Pierre Miquel : Le Second Empire (Plon).
Philippe Seguin : Napoléon III.
Jules Amédée Le Faure : histoire de la guerre franco-allemande.
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Alexis
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MessageSujet: Re: Secrets d'Histoire de Stephane Bern   Secrets d'Histoire de Stephane Bern EmptySam 21 Aoû 2010, 1:39 am

Sur la défaite française de 1870, je crois avoir posté un article sur le sujet, fort intéressant.
Récemment j'ai lu le livre de Borodinove sur Napoléon 3 (collection "les rois qui ont fait la France"), j'ai ainsi découvert un Empereur que je connaissais fort mal et qui n'est pas apprécié à sa juste valeur en France.

Napoléon n'était pas dupe : dès Sadowa (défaite autrichienne innatendue face aux prussiens, ces premiers s'étant mieux distingués que leurs homologues prussiens lors de leur courte guerre conjointe contre le Danemark), en 1866, l'Empereur demande une augmentation du budget de l'armée, construction de fort, modernisation, organisation, achat des derniers canons Krupp contre l'avis de son Etat-major... Tout cela est refusé par les républicains, qui dénoncent des dépenses excessives (des grands noms de la République, Gambetta, Ferry, Vabre, Thiers...) et refusent de voir l'expansionnisme prussien. L'Empereur ne lutte pas, déjà atteint de la maladie de la pierre. Il aurait voulu attendre la majorité de son fils avant d'abdiquer, c'est pourquoi il a refusé une opération en premier lieu (ce qui le tuera finalement). Choix courageux ou erreur funeste, ça n'excuse pas entièrement l'Empereur.

A côté de ça, il reçoit des infos comme quoi les officiers prussiens préparent des cartes, explorent l'Alsace Lorraine, notifient les forts... Et du côté Français, rien. Son ministre de la Guerre est un incompétent, un bureaucrate qui n'aura RIEN organisé avant le conflit. Les régiments, divisions, etc, se feront à la dernière minute, dans la plus grande confusion ! Enfin, pour couronner le tout, les généraux ne s'accordent pas sur la marche à suivre, et la trahison de Bazaine... Si le fantassin français est incontestablement meilleur que son homologue prussien (le chassepot également), le canon allemand est meilleur, et le rapport de force est à leur avantage : 800 000 contre 350 000.

La France aurait pu s'en tirer avec l'Alsace Lorraine si les républicains n'avaient pas poussés à la guerre à outrance. Ces derniers levèrent 600 000 hommes, en vain.

Ho, et ultime erreur : la transmission d'info de l'armée aux journalistes, qui le réécrivent dans les journaux. Les Allemands n'ont même plus à espionner ou envoyer des troupes en reconnaissance...

Alors, oui, elle a poussé à la guerre, oui, sa régence fut pitoyable, mais cela parait minime face au reste.
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