Nombre de messages : 3518 Age : 58 Localisation : Grasse (Alpes-Maritimes) Langue : français Emploi/loisirs : enseignant Date d'inscription : 20/04/2009
Sujet: Chansons de la Commune 7: La Canaille Ven 17 Sep 2010, 12:10 pm
Grasse, la Fête de la Vertu (1er comp.), An CCXVIII.
Chers tous,
Septième chanson de la Commune: "La Canaille", interprétée par Francesca Solleville:
Citation :
La Canaille (1863)
Paroles : Alexis Bouvier Musique : Joseph Darcier Editeur : Vieillot
Cette chanson est restée célèbre par la Commune de Paris.
Dans la vieille cité française Existe une race de fer, Dont l’âme comme une fournaise A de son feu bronzé la chair. Tous ses fils naissent sur la paille, Pour palais, ils n’ont qu’un taudis. C’est la canaille ! Eh bien ! j’en suis !
Ce n’est pas le pilier du bagne ; C’est l’honnête homme dont la main Par la plume ou le marteau gagne, En suant, son morceau de pain. C’est le père, enfin, qui travaille Les jours et quelquefois les nuits. C’est la canaille ! Eh bien ! j’en suis !
C’est l’artiste, c’est le bohème Qui, sans souper, rime rêveur Un sonnet à celle qu’il aime, Trompant l’estomac par le cœur. C’est à crédit qu’il fait ripaille, Qu’il loge et qu’il a des habits. C’est la canaille ! Eh bien ! j’en suis !
C’est l’homme à la face terreuse, Au corps maigre, à l’œil de hibou, Au bras de fer à main nerveuse Qui sortant d'on ne sait pas où, Toujours avec esprit vous raille, Se riant de votre mépris. C’est la canaille ! Eh bien ! j’en suis !
C’est l’enfant que la destinée Force à rejeter ses haillons, Quand sonne sa vingtième année, Pour entrer dans nos bataillons. Chair à canon de la bataille, Toujours il succombe sans cris… C’est la canaille ! Eh bien ! j’en suis !
Ils fredonnaient la Marseillaise, Nos pères, les vieux vagabonds, Attaquant en quatre-vingt-treize Les bastilles dont les canons Défendaient la vieille muraille ! Que de trembleurs ont dit depuis : « C’est la canaille ! » Eh bien ! j’en suis !
Les uns travaillent par la plume, Le front dégarni de cheveux. Les autres martèlent l’enclume, Et se soûlent pour être heureux ; Car la misère, en sa tenaille, Fait saigner leurs flancs amaigris... C’est la canaille ! Eh bien ! j’en suis !
Enfin, c’est une armée immense, Vêtue en haillons, en sabots. Mais qu’aujourd’hui la vieille France Les appelle sous ses drapeaux, On les verra dans la mitraille, Ils feront dire aux ennemis : C’est la canaille ! Eh bien ! j’en suis !