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 Sarkozy, le président-copain

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MessageSujet: Sarkozy, le président-copain   Sarkozy, le président-copain EmptyMar 13 Mar 2012, 3:13 pm

Source : http://www.causeur.fr/l%E2%80%99erreur-fatale-de-sarkozy,16297

L’erreur fatale de Sarkozy

Comme Hollande, il n’a pas compris que les Français veulent un président loin du peuple

Publié le 12 mars 2012 à 9:30 dans Politique

Sarkozy, le président-copain Sarko-meeting-2012

Contrairement à ce qu’on croyait, Nicolas Sarkozy nous a appris hier à Villepinte que la pire calamité de son quinquennat n’était pas les vagues successives de crise qui se sont abattues sur la France, l’Europe et la planète. Ni non plus le chômage, le rétrécissement de la base industrielle, la baisse de la croissance, l’aggravation du déficit commercial et de la dette publique qui amenuisent pourtant ses chances d’être réélu. Non. Si Nicolas Sarkozy perd les élections, ce sera à cause de la première année à l’Elysée pendant laquelle il a commis une monumentale erreur de jugement : désacraliser la fonction de président de la République, autrement dit, la normaliser et la rendre plus proche de la norme occidentale en la matière. Ce faisant, il a mal jugé l’attachement des Français au statu quo : une grande majorité d’entre eux ne souhaite pas renoncer à la dimension mystique voire surnaturelle de ce job pas comme les autres.

Malgré ses longues années passées au sommet de l’État avant d’être élu à la présidence, Nicolas Sarkozy a étonnamment raté l’essentiel. Son mépris pour Jacques Chirac l’avait empêché de voir que son prédécesseur savait merveilleusement distiller la formule magique de la présidence de la Ve République. Chirac avait compris que Élysée n’est pas un Hôtel Matignon de catégorie supérieure mais un Palais Royal républicain qui abrite les successeurs de François 1er, Henri IV et Louis XIV.

Chirac, dont le bilan des douze ans de présidence est au mieux médiocre, savait bien qu’un président français n’est pas banalement jugé
sur ses performances mais sur sa capacité d’interpréter avec brio la partition régalienne, fut-elle parfois d’opérette. Ni Mitterrand en 1988
ni Chirac en 2002 n’ont été réélus sur leurs bilans. Jean-Marie Le Pen n’avait pas tout à fait tort en affirmant que la grande œuvre des deux
présidences Chirac était le…1181.

Nicolas Sarkozy, expérimenté et intelligent, n’a pas compris qu’en France, l’intérêt général était quelque chose de sacré, d’immaculé, bien
au-delà des rapports de forces ou d’un projet porté par le parti unique majoritaire. Car l’essence même de la Ve république réside dans la
méfiance voire le mépris à l’encontre de la politique partisane, ADN gaulliste de nos institutions auquel les Français, même de gauche, restent attachés. Comme les révolutionnaires de 93 ont créé la légende noire d’un Ancien régime pour servir d’épouvantail ou plutôt de miroir embellissant pour les régicides, les fondateurs de la Cinquième ont érigé la IVème République en symbole absolu de l’impuissance publique: régime de partis et donc de la faiblesse. Si Nicolas Sarkozy le savait, il a du l’oublier. En France, l’onction du suffrage universel
métamorphose un homme politique en un chef apolitique. Il a pensé que sa légitimité émane de son élection par une majorité des citoyens et non pas une mystérieuse transsubstantiation. Cette erreur a gâché sa victoire de 2007.

Au passage, on pourra penser que cette erreur procède de la confiance aveugle que le président accorde aux sondages, dépendance qu’il partage d’ailleurs avec son challenger socialiste. A force de lire des études d’opinion où les sondés ont du répondre massivement qu’ils souhaitaient « un président plus proche des Français », il a fini par croire que les gens disaient ce qu’ils pensaient, erreur fatale pour un homme politique.


Entre sa victoire de 6 mai 2007 et le « casse toi pauv’ con » du salon de l’agriculture en 2008, bien avant la faillite de Lehman Brothers, Nicolas Sarkozy a dilapidé tout son crédit pour pas grand-chose. L’homme qui, au mépris de vérités les plus basiques et évidentes de la Cinquième république, se présentait en « super président », a épuisé son capital confiance en quelques mois non pas à cause du bouclier fiscal ou toute autre reforme mais tout simplement pour manquement à la dignité présidentielle. Il a payé plus cher des phrases comme « Carla et moi c’est du sérieux » que des initiatives sur le financement de l’audiovisuel public ou l’enseignement de la Shoah à l’école primaire. C’est pourquoi, celui qui a qualifié Fillon de « collaborateur exécutant des ordres », a chaleureusement remercié dimanche après-midi – et avec raison – son Premier ministre, l’homme qui avait vu juste dès le début du quinquennat et pas seulement pour ce qui concerne la situation critique de la dette.

A Villepinte, Nicolas Sarkozy a défendu son bilan des années 2008-2012, il a fait des promesses et présenté des mesures que les médias et ses adversaires décortiqueront dans les jours qui viennent. Mais plus que tout autre chose, Sarkozy s’est efforcé de se faire pardonner ses douze premiers mois à l’Elysée. L’enjeu politico-symbolique de l’élection présidentielle est donc clair : gagnera celui qui ressemblera le moins au président élu de 2007. Une grille de lecture qui désavantage a priori le sortant, mais qui peut aussi être fatale pour le candidat « normal ».
En revanche, n’oublions pas que Chirac a gagné deux élections présidentielles, tandis que le père de Marine porte essentiellement des calembours à son actif. ↩
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