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| Les dhimmis en terre d'Islam [topic unique] | |
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Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Les dhimmis en terre d'Islam [topic unique] Dim 21 Mai 2006, 5:02 pm | |
| Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dhimmi
Définitions
Le terme dhimmi (arabe : ذمّي [ḏimmī]), habituellement traduit en français par allié ou protégé), désigne un sujet non-musulman dans un Etat régi par la charia, la loi musulmane. Ce terme est le génitif dérivé du terme dhimmah ((arabe : ذمة) engagement, pacte, obligation) qui lui-même conditionne le rapport entre un dhimmi et un tel Etat. Le terme dhimmi s'applique essentiellement aux gens du livre (Ahl al-kitâb), qui, dans le champ de la gouvernance islamique, moyennant l'acquittement d'une capitation (jizya), une certaine incapacité juridique et le respect de certaines règles édictées dans un "pacte" conclu avec les autorités, se voient accorder une liberté de culte restreinte ainsi que la garantie de sécurité pour leur personne et pour leurs biens.
L'expression Ahl adh-dhimma (arabe: أهل الذمّة [ahl aḏ-ḏimma]), les "pactisants", désigne la communauté des dhimmis.
La dhimmitude, vocable de création récente, désigne la condition des dhimmis.
Droits et devoirs des dhimmis
Le(s) pacte(s) de `Umar
Droits des dhimmis reconnus par la loi islamique
Al-Bukhâriy rapporte dans son Sahîh [1], [2]que le Prophète a dit :
من قتل معاهدا لم يرح رائحة الجنة، وإن ريحها توجد من مسيرة أربعين عاما
Ce qui se traduit, librement, par :
"Quiconque tue un pactisant [3] ne sentira point le parfum du paradis, alors que son parfum se sent à une distance de quarante ans de marche."
Devoirs des dhimmis
Contre un impôt (arabe: جِزْية jizya, capitation ; tribut ; taxe) servant de caution, les sujets juifs, chrétiens et sabéens, mais aussi, en orient, zoroastriens ainsi que les nestoriens, et en Inde, les hindous d'un état musulman peuvent exercer leur religion moyennant les termes d'un "pacte" passé avec les autorités, à l'instar du pacte d'Omar premier du genre établi au VIIe siècle par le calife Omar pour les chrétiens de Syrie.[1] Cet impôt trouve sa raison d'être dans la sourate IX, 29 : « Faites la guerre à ceux qui ne croient point en Dieu ni au jour dernier, qui ne regardent point comme défendu ce que Dieu et son apôtre ont défendu, et à ceux d'entre les hommes des Écritures qui ne professent pas la vraie religion. Faites-leur la guerre jusqu'à ce qu'ils payent le tribut de leurs propres mains et qu'ils se soient soumis. »
Statut juridique des dhimmis
Histoire
La tradition en attribue la paternité du premier pacte à l'égard des dhimmis au calife Omar.
Dès le VIIe siècle, lors de son expansion militaire, l'islam est entré en possession de nombreux territoires peuplés par des populations chrétiennes, hindouistes, mazdéennes... qui reçoivent le statut de dhimmi, c'est-à-dire à une imposition spéciale (le jizya et le kharâj) leur garantissant par ailleurs qu'elles auraient la vie sauve, que leurs biens seraient préservés et qu'une relative liberté de culte leur serait accordée. Cette attitude des musulmans s'explique par l'interdiction divine (via le Coran) qui leur est faite de convertir par la force les populations non-musulmanes au système religieux bâti autour d'un livre, sans se limiter à la bible. En effet, les hindouistes et les mazdéens reçoivent le même statut que les populations chrétiennes et juives.
Sous l'empire ottoman, les juifs et les chrétiens orthodoxes se voient accorder le statut de dhimmis, leur permettant d’avoir leurs propres tribunaux pour les affaires intérieures à leurs communautés. De fait, les chrétiens orthodoxes acceptent jusqu’au XVIIe siècle, ces minorité jouissaient d’une plus grande liberté que sous l’Empire byzantin. S’ils payent un impôt de capitation supérieur à la dîme versée par les musulmans, ils ne subissent pas, comme sous Byzance, le joug des taxes féodales inexistante dans l’Empire ottoman.
En Inde, cet impôt fut supprimé par l'empereur moghol Akbar, à l'origine d'un syncrétisme, la Dîn-i-Ilâhî ou religion de la lumière, qui tente d'unifier le Coran, la Bible et les textes hindous, et rétabli par son descendant Aurangzeb.Réf. nécessaire
Musulmans et non musulmans
La loi musulmane divise la monde en dar al-Islam (la terre de l'islam) et dar al-harb (la terre de la guerre). Les lois du djihad distinguent deux catégories de non-musulmans, les kafir et les ahl al-kitab (gens du livre). Le terme gens du Livre ne désignait à l'origine que les juifs, les chrétiens et les sabéens, mais cela s'étend progessivement à d'autres croyances monothéistes telles que les adeptes du zoroastrisme. Les populations vaincues doivent se soumettre à l'autorité politique musulmane. Ils peuvent alors conserver leur croyances : leur statut est défini comme dhimmi (« hôte protégé »), et est inférieur à celui d'un musulman. Ils doivent payer un tribut, la jizya tout en n'étant pas contraint à la zakat à la différence des musulmans.
L'auteur contemporain et juriste musulman, Muhammad Abû Zahrah, diverge de cette vision expliquant [4] que les jurisconsultes musulmans traditionnels répartissaient le monde en trois catégories et ce sur la base du réalisme géo-politique et non en raison des textes de la Loi : dâr al-islâm (la terre de l'islam), dâr al-`ahd (la terre de l'alliance) et dâr al-harb. La terre de l'islam désigne les territoires gouvernés par un État islamique et dont la majorité de la population est musulmane. La terre de l'alliance désigne quant à elle les territoires ayant conclu un pacte de paix et de stabilité avec les territoires islamiques et garantissant la sécurité aux ressortissants musulmans. La terre de la guerre désigne en revanche les territoires hostiles à l'islam et aux musulmans et dont l'État islamique craint l'offensive.
Sur son propre territoire, l'État musulman s'est engagé historiquement à protéger les minorités religieuses scripturaires (les juifs, les chrétiens et les sabéens) dont les adeptes sont désignés par l'expression Gens du Livre. Mais, au fil des conquêtes, cette désignation s'étend progessivement à d'autres croyances monothéistes telles que les adeptes du zoroastrisme. Les populations vaincues doivent se soumettre à l'autorité politique musulmane. Ils peuvent conserver leur croyances et jouissent de la protection de leurs biens et de leurs personnes : ils acquièrent le statut de dhimmi. En tant que citoyens non-musulmans, les hommes dans la force de l'âge sont assujettis au paiement d'un tribut, la jizya, tandis que leurs concitoyens musulmans s'acquittent de la zakat.
Dhimmi et dhimmitude
La dhimmitude (ou le statut de أهل الذمّة ), comme le signifie l'expression arabe, exprime le pacte liant les citoyens non-musulmans de l'Etat islamique et ce dernier, donnant aux citoyens non-musulmans la garantie de la vie et de la sécurité en échange d’une totale loyauté.
Cette loi, qui confère un statut particulier détermina toute une évolution historique. Le champ de la dhimmitude comprend l'examen de ce statut juridique, les rapports entre les différents peuples dhimmis répartis dans l'aire islamique, les clivages internes spécifiques à chaque groupe et leurs réactions aux interférences politiques et religieuses d'États étrangers. Or précisément, c'est en Terre sainte, que, à cette époque, se concentrait l'ensemble de ces facteurs qui dans d'autres régions de l'aire islamique, se manifestait dans un contexte moins complexe.
Références
↑ (ar) Sahîh Al-Bukhârî, Chapitre de la Jizyah (Site du Ministère des Affaires Religieuses Saoudienne) ↑ (ar) Conférer la page 876 de la version électronique de Sahih Al-Bukhârî, en téléchargement libre sur le site du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques d'Égypte ↑ mu`âhad : Littéralement, le bénéficiaire d'un pacte ou d'un engagement solennel, un pactisant. Ce terme est le participe passif du verbe `âhada عاهد qui signifie prendre un engagement, passer un pacte, donner sa parole. Dans le contexte des droits et des devoirs des citoyens non-musulmans d'un état islamique, ce terme est synonyme de dhimmi. ↑ Muhammad Abû Zahrah, La conception de la guerre en Islam, juillet 1987.
Liens internes
Bat Ye'or Gens du livre Millet Constitution de Médine
Bibliographie
Abraham Serfaty, « Le judaïsme marocain et le sionisme », in Souffles, numéro spécial 15, 3e trimestre 1969, p. 24-37. [lire en ligne] Nabil Luka Babawi, La Jizyah demandée aux non-musulmans, sanction ou impôt ?. Nabil Luka Babawi, Les droits et les devoirs des chrétiens dans l'état islamique et leurs conséquences sur la sécurité nationale, thèse de doctorat. Bat Ye'or, Le Dhimmi : profil de l'opprimé en Orient et en Afrique du Nord depuis la conquête arabe (textes réunis et présentés par Bat Ye'or). Éditions Anthropos, Paris, 1980. 335 p. (ISBN 2-7157-0352-X) Bat Ye'or, Les chrétientés d'Orient entre jihâd et dhimmitude : VIIe-XXe siècle (avec une préface de Jacques Ellul). Éditions du Cerf, collection « L'histoire à vif », Paris, 1991. 529 p. (ISBN 2-204-04347-8) [présentation en ligne] Karl Binswanger, Untersuchungen zum Status der Nichtmuslime im Osmanischen Reich des 16. Jahrhunderts. Diss. phil. München 1977, (ISBN 3-87828-108-0) Mark. R. Cohen, Unter Kreuz und Halbmond. Die Juden im Mittelalter. München 2005, (ISBN 3-406-52904-6) Yohanan Friedmann, « Classification of Unbelievers in Sunnī Muslim Law and Tradition », in Jerusalem Studies in Arabic and Islam. 22/1998, S. 163–195 M. Levy-Rubin, « Shurut `Umar and its alternatives: the legal debate on the status of the dhimmis », in Jerusalem Studies in Arabic and Islam. 30/2005 Mohammad Amin Al-Midani, « La question des minorités et le statut des non-musulmans en Islam », in La religion est-elle un obstacle à l'application des droits de l'homme?, colloque tenu les 10-11 décembre 2004 à Lyon. [lire en ligne | |
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