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| L’Imposture de “la fille aux loups” : pire encore !!! | |
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Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: L’Imposture de “la fille aux loups” : pire encore !!! Ven 07 Mar 2008, 3:29 pm | |
| Source : http://www.lesoir.be/culture/cinema/misha-defonseca-survivre-avec-2008-03-07-582711.shtml Misha Defonseca : « Survivre avec son vrai passé »MARC METDEPENNINGEN vendredi 07 mars 2008, 15:13 - Citation :
- Son père, d’abord résistant, fut reconnu comme traître par des juridictions belges. Robert De Wael a collaboré volontairement avec la Gestapo. Il voulait devenir Waffen SS et servir sur le front de l’Est. Dix Grenadiers-résistants sont morts du fait de sa trahison. A la fin de la guerre, ses compagnons survivants voulurent faire changer le nom de sa fille Monique pour lui éviter l’opprobre.
La supercherie littéraire et cinématographique commise par Misha Defonseca qui prétendait être, dans son livre « autobiographique « « Survivre avec les Loups », une petite fille juive de 7 ans parcourant en 1941 les forêts d’Europe de l’Est à la recherche de ses parents déportés, renvoie aussi à une page d’histoire méconnue de la Résistance belge. Cette page, écrite en noir et blanc, raconte aussi l’histoire de Monique De Wael, alias Misha, et recèle en elle les raisons qui l’ont poussée, sciemment ou inconsciemment, à se construire un passé imaginaire devenu une source de revenus non négligeables. De nombreux lecteurs ont abreuvé « Le Soir » et moi-même d’injures, soupçonnant que nos révélations n’étaient que de l’affabulation, voire une « machination du lobby juif », ou encore résultait d’un acharnement gratuit et nauséabond. Que ceux-là prennent le temps de lire ce que fut le réel destin des De Wael. Cette histoire là n’est pas imaginaire. Notre enquête a bénéficié de recherches entreprises il y a deux ans déjà sur le « Groupement Grenadiers « par l’écrivain et éditeur Jean-Philippe Tondeur (1) qui, avant que n’éclate la polémique sur Misha Defonseca, entendait, au travers de l’histoire de ce groupe de courageux résistants montrer à ses enfants et aux jeunes générations la valeur d’un engagement « comme on n’en imagine pas aujourd’hui ». Qu’il en soit remercié. Notre enquête s’appuie aussi sur le récit des témoins survivants que nous avons retrouvés et sur des documents d’archives que nous nous sommes procuré.
De la capitulation à la Résistance
Le 3 septembre 1939, le lieutenant de réserve du Régiment des Grenadiers Robert De Wael, un employé de banque devenu agent communal au service du cadastre à Schaerbeek, renfile son uniforme et rejoint ses camarades d’armes. La mobilisation a été décrétée. Les bruits de bottes nazies menacent la Belgique et toute l’Europe de l’Ouest. Robert De Wael aime l’armée. Né en 1910, il a vécu, enfant, avec difficulté la Première Guerre dont il s’est fait un sujet de passion dans son adolescence. Son admission comme officier de réserve au sein du prestigieux Régiment des Grenadiers (le « Régiment du Roi ») l’a comblé de bonheur. Et à l’issue de son service militaire, il a continué à s’adonner à l’escrime, le noble sport cher aux Grenadiers, rencontrant aussi sur les courts de tennis des anciens du régiment pétris comme lui d’honneur et du sens du devoir. « Il n’était pas riche, ni de condition élevée. Mais il avait de belles manières, se souvient sa nièce Emma De Wael. Il pratiquait le baisemain, comme un vrai officier issu de la noblesse. Il parlait haut et fort. Il savait ce qu’il voulait. Il aimait commander et se faire respecter. Il était comme son père, Ernest, souvent vêtu de strict, portant même des jambières ». Deux ans plus tôt, son épouse Germaine Donvil, surnommée Mishka par ses proches, avait donné naissance le 12 mai 1937 à une petite Monique, baptisée à l’église Sainte Geneviève, à Etterbeek, le 19 mai par l’abbé Van Bellingen. Le couple habitait un appartement sis 58 rue Floris, à une encablure de la place Collignon sur laquelle s’élève toujours l’Hôtel communal où travaillait Robert De Wael. Le 10 mai 1940, lorsque la guerre éclate à 4 h du matin, les Grenadiers du 2ème régiment tentent de défendre le fort d’Eben Emael. Ils luttent farouchement mais sont contraints de plier devant l’ennemi. Beaucoup sont faits prisonniers. Le colonel Herbiet, chef de corps, est capturé par l’ennemi. Il le temps de cacher le drapeau des Grenadiers qu’il récupérera à son retour de captivité. Le régiment est engagé dans la défense du port de Kanne, à Riemst. Dix officiers et 207 grenadiers sont tués. Le reste de la troupe reçoit l’ordre de se replier. Le 1er régiment, auquel appartient Robert De Wael, se bat sur la Lys. Des grenadiers défaits partent en France, se retrouvent à Mont-de-Marsan, dans le Sud de la France. Ils reçoivent finalement l’autorisation de rentrer en Belgique. Les Grenadiers gardent l’espoir d’un retournement de situation. Leurs officiers parlent de la capitulation du 28 mai comme d’un « incident tactique » et croient que l’Occupation allemande ne durera pas. Le capitaine-commandant Robert Kaeckenbeeck, qui a repris le commandement du 1er bataillon en remplacement du commandant Dutordoir, tué au combat, noue, dès le 4 juin des contacts en vue de former le Groupement des Grenadiers-Résistants. Kaeckenbeeck est un combattant. Il veut continuer à en découdre. Il ne dément pas ses engagements de jeunesse, lui qui rejoignit à l’âge 17 ans le front de l’Yser lors de la Grande guerre. Son plan, c’est de reformer sa troupe et de poursuivre la guerre depuis l’Angleterre. Il reçoit pourtant l’ordre de rester en Belgique, de lutter de l’intérieur, avec l’assentiment du roi Leopold III, est-t-il dit. Son objectif, et celui de ses officiers, est de remettre le Roi à la tête du pays, dès les Allemands partis ; de contrer le péril communiste supputé. Supputé, car à cette époque le Parti communiste belge est en pleine déconfiture. Il ne représente aucune menace effective et ne dispose que d’effectifs réduits. D’autres groupes de la future Résistance sont, en ces lendemains de la capitulation, dans le même état d’esprit : la guerre ne durera pas, croient-ils ; c’est à la restauration du pouvoir du Roi qu’il faudra prêter main-forte. Au fil des années, c’est contre l’Occupant que va se diriger l’action clandestine. Des officiers royalistes, des anticommunistes des premières heures de la Résistance vont finir par choisir le camp allemand.
Des étudiants de l’ULB recrutés
Robert Kaeckenbeeck s’emploie à reconstituer son bataillon. Ses officiers qui ont retrouvé leurs habits civils sont invités, lors de réunions secrètes tenues dans des arrières salles de cafés, à contacter leurs anciens sous-officiers, à recruter des éléments sûrs. Le lieutenant Robert De Wael, qui assumait au sein du 1er régiment le rôle d’officier de renseignement, est désigné comme commandant de la 2e Compagnie du « Groupement des grenadiers résistants », aussi nommés les « Francs-Grenadiers ». Il est bien seul au départ de sa nouvelle mission. Intégré au sein de l’Etat-Major durant la mobilisation, il n’a jamais eu de subordonnés directs sous ses ordres. Il lui faut donc trouver des hommes sûrs, les ériger au rang de grenadiers, les entraîner. Nous n’avons pu retrouver de photos de cette époque du lieutenant Robert De Wael. Les fiches du Service de la Matricule de l’Armée belge lui affectent « une taille d’1 m 72, une corpulence vigoureuse, des yeux bleus, de petites moustaches, un teint rosé, un nez légèrement épaté, « il parle français avec un léger accent bruxellois ». Robert De Wael a de l’énergie. Il est grenadier jusqu’au bout des ongles. A la maison communale de Schaerbeek, où il a retrouvé ses fonctions au service du cadastre, il occupe un poste d’observation enviable depuis la salle des guichets sur laquelle donne son bureau. Les militaires libérés de captivité doivent venir se réinscrire à l’administration communale : ce sont des recrues de choix qu’il s’agit d’approcher. Il suit des cours du soir pour décrocher un poste de sous-chef de bureau et améliorer ainsi l’ordinaire de sa femme et de sa fille Monique. Sa désignation, le 5 novembre 1940 par le Collège municipal au rang de « chef de ravitaillement « récompense ses compétences. Ses loisirs, il les passe sein de son club d’escrime. C’est à partir de là qu’il va constituer sa 2eme Compagnie. L’un des bretteurs, Martin D., est aussi étudiant en mathématiques à l’Université libre de Bruxelles que l’Occupant n’a pas encore fermée. Il le met en relation avec d’autres étudiants. L’un d’eux est Paul Outer, un étudiant de la Faculté des Sciences. Il a déjà une petite expérience de la résistance. Aux cotés de son camarade Dayet, président du Cercle des sciences (CDS), il s’occupe de propagande, de « petits sabotages » et de la fabrication d’explosifs artisanaux. Paul Outer et ses camarades du CDS sont approchés par De Wael. Il se souvient : « Le groupe est appelé à rejoindre ce qui allait s’appeler « les Grenadiers ». Les premières indications étaient claires : « pas de résistance armée maintenant mais être prêts à empêcher après la Libération la mainmise sur l’Etat par les communistes et même les socialistes ! La plupart de mes camarades souriaient et feignaient d’y croire, la Libération était encore loin ! » . Paul Outer et ses camarades ont, comme tant d’autres Belges, répondu en ce 11 novembre 1940, date anniversaire de l’armistice de 1918, à l’appel patriotique de la Résistance naissante. L’un de leurs chefs, Jean Dustin a diffusé un tract exhortant ses contemporains à s’allier contre l’Occupant. « Nos oppresseurs prétendent nous défendre de célébrer la fête nationale du 11 novembre. Nous devons avoir à cœur, nous Belges, de leur montrer que dans ce domaine ils sont sans pouvoir. N’envoyez pas vos enfants en classe. Fermez vos usines, vos maisons de commerce, vos magasins. Libérez votre personnel. Baissons les volets de nos demeures. Médecins, ne recevez pas de malades. Avocats, ne plaidez pas. Faisons tous de cette journée une fête glorieuse, celle de la RESISTANCE ! » . Le commandant Robert Kaeckenbeeck, lui aussi, a pointé dans son agenda cette date symbolique du 11 novembre 1940. Il l’a choisie pour porter sur les fonts baptismaux son Groupement des Grenadiers. La « cérémonie « se déroule rue Ducale, au domicile du lieutenant-comte d’Alcantara. Une trentaine d’officiers du régiment sont présents. Le Groupement affine sa structuration. Les tâches se répartissent. Il se constitue comme un bataillon de l’armée régulière. L’Etat-major compte même un médecin et un aumônier. Le responsable du matériel est le lieutenant de réserve Marcel Collet. Le Groupement s’assigne quatre missions principales : le recrutement, la formation, la collecte d’armes, la préparation à l’accueil des Alliés. Il entend aussi apporter son aide aux familles des prisonniers de guerre, aux prisonniers et aux évadés auxquels il faut subvenir aux besoins afin qu’ils restent dans le camp des patriotes. Le Groupement demeure empreint de l’esprit et des traditions militaires. Ses cadres, plus habitués à se battre à découvert, n’ont aucune formation à la lutte clandestine, qualifiée dans les écoles militaires de « guerre dégradée ». Ils n’ont pas retenu les enseignements de Thomas Lewis Lawrence, le théoricien de l’action clandestine qui, à la tête de 2.000 hommes de l’ombre parvint à arracher en 1919 le monde arabe à 100.000 Turcs en formations régulières. « Comment allions nous les attaquer, notait Lawrence dans ses « Sept piliers de la sagesse ». Certes pas sous forme d’une armée toutes bannières au vent. Mais supposez que nous fussions une influence, une idée, une espèce d’entité intangible, invulnérable, sans front ni arrière, et qui se répandit partout à la façon d’un gaz (…). Nous pouvions être une vapeur, un esprit soufflant où nous voudrions. Et notre royaume était dans l’âme de chacun ! »
Dernière édition par Stans le Ven 07 Mar 2008, 3:38 pm, édité 1 fois | |
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| Sujet: L’Imposture de “la fille aux loups” : pire encore !!! Ven 07 Mar 2008, 3:29 pm | |
| - Citation :
- Robert De Wael, lui non plus, n’a pas lu Lawrence. Il bavarde. Beaucoup. Dans les couloirs de l’administration communale de Schaerbeek, il ne fait pas mystère de ses desseins. Robert Van den Haute, qui était alors agent du service de la Population et dont le bureau était voisin de celui du grenadier témoigne : « Il était plus militaire que le plus gradé des généraux. Il tentait de reconstituer le régiment des Grenadiers, comme pour faire un coup d’Etat. Il contactait tous les anciens officiers et sous-officiers. Mais uniquement des Grenadiers ! C’était un « stoeffer « (vantard) qui ne voulait recruter que des membres de son ex-régiment d’élite. Il en parlait à tout le monde. Ce n’était pas prudent ! Il ne voulait pas de moi qui était capitaine de réserve d’une autre unité ». Schaerbeek est à l’époque la plus grande commune de Bruxelles. Elle compte 85.000 habitants. Il s’y développe de nombreux groupes de résistance qui se forment par métiers. La police, dont le chef Charles Hoste fut un grand résistant, est à la pointe. Les Milices patriotiques sont créées, la Jeunesse combattante schaerbeekoise se constitue, le réseau Samoyède y sera actif, tout comme des lignes d’évasion, d’espionnage de sabotage constituées autour de l’Armée secrète et du Front de l’Indépendance. Schaerbeek occupe, dans l’agglomération bruxelloise, une place stratégique. La gare de Schaerbeek et la gare du Nord, établie sur son territoire, sont des cibles et des sources de renseignement stratégiques. Le canal et les routes qui mènent vers le port d’Anvers renseignent sur les mouvements de troupe de l’Occupant. L’aérodrome d’Evere, tout proche est une base de transit pour les aviateurs de la Luftwaffe qui partent en mission vers l’Angleterre et qui, une fois revenus, se répandent dans les troquets de Schaerbeek.
Mais il y aussi les affidés du mouvement Rex, les infiltrés de l’Occupant, les dénonciateurs à la petite semaine qui font peser sur tous ces patriotes une menace permanente. Robert De Wael est imprudent et se met par trop souvent à découvert. Des compagnons de De Wael lui reconnaîssent une activité efficace et enthousiaste mais « il recrute sans prendre trop de précautions ». On le renseigne aussi comme impliqué dans « des bagarres contre les rexistes en uniforme ». Qu’importe ces audaces ! D’ailleurs celles que commettent le commandant Kaeckenbeeck et son Etat-major ne sont-elles pas aussi graves ? Paul Outer, l’étudiant de l’ULB recruté pour servir au sein de la Compagnie de Robert De Wael se souvient : « Un jour, le Commandant nous convoque pour une prestation de serment. Les « étudiants de l’ULB « furent rassemblés en un petit bataillon dans la Forêt de Soignes. Nous avons assisté au défile d’une série d’autres petits groupes de « Futurs Grenadiers ». Chaque groupe comptait de 30 à 40 personnes. Au cours de cette folle démonstration, organisée en pleine guerre, nous apprenons qu’il nous faudra prêter serment de fidélité au Roi Léopold III. Un de mes condisciples belge et moi, ainsi qu’un jeune Luxembourgeois, refusons. Nous sommes immédiatement rayés des listes, ce qui va nous sauver des arrestations ultérieures ». Paul Outer, sous son nom de guerre « Marc », rejoindra le réseau « Beaver » et ensuite le fameux groupe G.
A la recherche d’explosifs
A Schaerbeek, Robert De Wael, dont le nom de guerre est désormais « Robin », s’active à la constitution de sa deuxième Compagnie. Elle n’a pas de contact direct avec les autres Compagnies du Groupement des Grenadiers. De Wael, vaillant officier, se lance dans la collecte d’armes. Il se rend sur la Lys et du côté d’Eben Emael pour y récupérer des fusils, des munitions, des explosifs cachés par le régiment des Grenadiers avant d’être défait par les Allemands. Au péril de sa vie, il les convoie jusqu’à Schaerbeek où elles sont dissimulées dans une cave du bâtiment communal sis 151 rue des Palais qui abrite le service de ravitaillement dont De Wael est l’un des responsables. Le lieutenant De Wael et sa compagnie sont reconnus par ses chefs comme les fers de lance du Groupement Grenadiers. Ses hommes et lui n’ont pas froid aux yeux. Ils ignorent le danger et font preuve d’obstination et de courage comme en témoigne ce pillage d’un dépôt d’armes allemand en forêt de Soignes. Au printemps 1941, De Wael, localise cet entrepôt dans la grande hêtraie qui jouxte Bruxelles. A dix reprises, il mène ses hommes de nuit pour y voler des armes au nez et à la barbe des gardes allemands. Celui qui y pénètre à dix reprises est un Juif, Maurice Abraham Vega. Les armes, ramenées au dépôt de la rue des Palais, sont ensuite acheminées vers le dépôt central du Groupement Grenadiers. Entre ces opérations, Robert De Wael s’attache à la formation de ses hommes. Il leur impose des exercices de gymnastique. Il continue à recruter. Ces étudiants, lorsqu’ils le rejoignent à Schaerbeek, se retrouvent, penne sur la tête, au café « Le Mickey » de la place Liedts et dans les dancings du quartier, que fréquente aussi la nièce de « Robin », Emma De Waele, aujourd’hui âgée de 88 ans. « Au Mickey, se souvient-elle, se retrouvaient les étudiants mais aussi des Allemands, des juifs. La serveuse fut un jour arrêtée ».
Robert De Wael est arrêté
Le mois de septembre 1941 commence dans l’honneur pour le Groupement Grenadiers. Le dimanche 14 septembre, le commandant Kaeckenbeeck reçoit, lors d’une cérémonie le drapeau de son réseau clandestin. Dans les jours qui suivent, le temps se gâte pour Robert De Wael et ses compagnons de la 2eme Compagnie. Un rexiste, ancien lieutenant d’aviation, qui travaille au sein de l’administration communale de Schaerbeek, découvre des armes dans les caves du bâtiment de la rue des Palais. Il s’en ouvre aux Allemands qui ne l’auraient pas cru, même lorsqu’il leur présenta l’une des armes. Dépité, il aurait alors bouté le feu aux caisses d’armes pour forcer l’intervention allemande. Réalité ? Rien ne permet de le confirmer. En tout cas, le feu se déclare le 19 septembre dans les caves du bâtiment. De Wael évacue des armes chez lui, rue Floris 58. Certaines d’entre elles ont été exposées sur la rue lors de l’intervention des pompiers. Sans dommage apparent pour la sécurité de la 2eme Compagnie. Mais il faut vite déchanter. Le 23 septembre, les Allemands perquisitionnent dans les caves du 151 rue des Palais. Ils y découvrent une boîte de cartouches, probablement placée là par le rexiste qui avait voulu dénoncer ses camarades de l’administration. La cave avait en effet été complètement vidée après le 19 septembre. Cette boîte de cartouches y a donc été placée intentionnellement pour provoquer une intervention des nazis. Les membres du service ravitaillement et le concierge de l’immeuble sont arrêtés par la Geheime Feld Polizei (GFP) qui conduit l’opération. Ils déboulent au domicile de Robert De Waele chez lequel ils découvrent, derrière un tableau, un carnet rouge comprenant la liste complète des membres de la 2eme Compagnie. Robert Van den Haute se souvient : « Lorsque les Allemands sont arrivés chez De Waele, ils se sont directement dirigés vers ce tableau, comme s’ils savaient ce qu’ils allaient trouver ». C’est probable, car le jour de cette perquisition, deux cars remplis d’agents de la GFP sont prêts à rafler les autres membres de la Compagnie. L’épouse de Rober De Wael, Joséphine Donvil, tente d’échapper aux nazis. Sous son manteau de vison, elle cache un fusil. Elle est arrêtée. La petite Monique est confiée à ses grands-parents, Ernest et Marthe De Wael qui demeurent alors rue Georges Jacobs 69, à Anderlecht. Robert et son épouse sont emmenés à la prison de Saint-Gilles. Ils sont placés, comme c’est l’usage, au secret dans des cellules porteuses d’une carte marquée de deux diagonales rouge. Josephine Donvil occupe d’abord la cellule 145, ensuite la 408. Emma De Wael aura l’occasion de leur rendre visite en compagnie de sa mère, qui est la belle-sœur de Robert. Emma lui apporte des livres policiers diffusés par les éditions Rex. Josephine reçoit les bigoudis qu’elle a demandé. « A l’entrée de la prison, se souvient Emma De Wael, un Allemand m’a dit que Robert ne manquerait de rien. On ne l’a plus revu. On se rendait devant les bureaux de la GFP, rue Traversière et avenue Louise dans l’espoir vain de les apercevoir ». A Schaerbeek et dans toute l’agglomération bruxelloise, les arrestations des Grenadiers-Résistants se poursuivent. Les agents de la GFP sonnent à la porte des membres du Groupement. Les familles de ceux qui se sont cachés sont averties : « si votre parent ne se présente pas, c’est vous que nous arrêtons ». Le 26 septembre, le jeune Georges Royen, un artiste-peintre de talent, se présente volontairement aux bureaux de GFP, rue Traversière. Sa famille est épargnée. Un rapport de la Geheime Feld Polizei dresse un premier bilan de l’opération De Wael : 43 arrestations effectuées, 11 fusils, 3 pistolets, 2 bombes incendiaires et 1400 cartouches récupérées. D’autres arrestations seront opérées jusqu’à avril 1942. Au total, une soixantaine de membres du Groupement Grenadiers auraient ainsi été arrêtés.
Il donne les cadres du Groupement à la Gestapo
Le 30 janvier 1942, Robert De Waele est transféré à Cologne. Il demeure à l’isolement. Son état de santé se dégrade. A la mi-42, lui, le costaud, ne pèse plus que 60 kilos. En juin, il n’en peut plus. Il ne croit plus que la Belgique n’a perdu qu’une bataille et pas la guerre ; que la capitulation n’a été qu’un « incident tactique », comme le proclamaient ses chefs. Après avoir commis une tentative de suicide, il se décide à parler, à livrer l’ensemble du Groupement à ses geôliers. Cette démarche est volontaire, comme le retiendra la justice militaire belge à l’issue de la guerre. De contrainte, il n’y en eut que de morale. Il donne les noms des cadres du Groupement Grenadiers, dont ceux des commandants des autres compagnies. Il est ramené à Bruxelles où il participe aux interrogatoires de ses camarades auxquels il est confronté. Il cherche avec les Allemands le dépôt principal d’armes du Groupement. Pour prix de sa trahison, il reçoit la faveur de rencontrer sa fille Monique. Il espère que ses révélations permettront de sauver son épouse qui a été transférée à la prison de Branweiler, en Allemagne. Il n’en sera rien. Il est renvoyé à Cologne d’où il est transféré le 16 novembre 1942 à Bochum. Le 8 août 1943, à la veille de son transfert vers le Strafgefangenenlager (camp pour prisonniers) d’Esterwegen qui dépend du camp de concentration de Neuengamme, il écrit une carte à ses proches. Il leur dit : « oui, j’ai déjà collaboré avec leur police pour prouver ma volonté de me racheter ». Il dit aussi son désir « de s’engager aux Waffen SS » et de partir sur le front de l’Est. Robert De Wael semble au bout du rouleau. Il est désespéré. Sa trahison, pense-t-il sans doute, ne lui a pas permis de connaître un meilleur sort. Il cherche à en faire plus pour convaincre ses geôliers de lui permettre de quitter l’enfer carcéral qui lui est imposé. « Cette nuit, tu peux dormir tranquille » Le 26 novembre 1943 s’ouvre devant le Sondergericht (tribunal spécial) d’Essen le procès des officiers de l’Etat-Major du Groupement Grenadiers. Robert De Wael, qui les a dénoncés, est présent comme témoin. Le président (allemand) du tribunal fait preuve, dès l’entame des débats, de compréhension à l’égard des militaires belges : « Vous avez devant vous, lance-t-il, les hommes les plus fidèles parmi les fidèles ; fidèles à leur pays, à leur Roi ». Dans son réquisitoire, le procureur salue la « haute valeur morale des accusés ». L’un d’eux, le lieutenant Louis-Maurice Jones rapportera le sursaut d’honneur du lieutenant Robert De Wael, dont la trahison n’a pas adouci le sort, pas plus que celui de son épouse. De Wael se récuse. Il revient sur ses accusations de l’été 42. Son intervention permettra l’acquittement de quatre des accusés. Le commandant Kaeckenbeeck est condamné à trois ans de travaux forcés. D’autres officiers écopent de deux ans. A l’issue du prononcé, Kaeckenbeeck se tourne vers De Wael et lui donne acte de son revirement : « Cette nuit, tu peux dormir tranquille ! » . Les acquittés ne sont cependant pas libérés. Ils sont considérés comme des « Nacht und Nebel « (Nuit et Brouillard, une appellation choisie par Hitler dans le répertoire wagnérien), des dangers pour la sécurité allemande et donc voué à disparaître dans des camps à régime sévère où leur sont imposés les travaux les plus lourds et où les organisations humanitaires, comme la Croix-Rouge, n’ont pas accès. En mars 1944, s’ouvre devant le Sondergericht le procès des membres de la 2eme Compagnie, ceux arrêtés à partir du 23 septembre 1941. Robert De Wael se trouve cette fois dans le box des accusés. Comme ses camarades, il est très affaibli. Le procureur requiert 3 fois la mort contre lui ; 2 fois contre d’autres membres de son groupe. Le commandant Kaeckenbeeck, appelé comme témoin, défend ses hommes : il explique au tribunal que le Groupement visait à protéger la Belgique du péril communiste. Le tribunal condamne De Wael à 9 ans de travaux forcés. Le peintre Georges Royen est condamné à un an et 9 mois. Huit des condamnés, dont Robert De Wael, sont incarcérés à Sonnenburg le 9 avril 1944. Les privations, les travaux de titans qui lui sont imposés, font mourir d’épuisement De Wael le 3 ou le 4 mai 1944. Le lieutenant Jacques en est le témoin. Jospéhine Donvil, elle, est déjà incarcérée au camp de concentration de Ravensbrück réservé aux femmes. Elle est passée par les prisons de Bochum, de Cologne, de Zweibrucken avant d’échouer dans ce mouroir. Elle occupe un châlit du bloc 7 B. Atteinte par la pleurésie, elle est transférée au début 1945 au « Revier », l’infirmerie du camp, et fut probablement gazée, comme tous les malades qui ne purent être entraînées dans les « marches de la mort « organisées par les nazis les 27 et 28 avril 1945. Le camp fut libéré par les Soviétiques le 30 avril. L’entrée au « Revier « de Joséphine Donvil fut attestée par le témoignage d’une autre déportée belge, Gilberte Delmée, de Boussu : « je l’ai vue dans un état épouvantable ». Le gazage fut avancé comme la cause la plus probable de sa mort par le colonel russe Yevsejev, en charge de recenser les victimes de Ravensbrück. La date certaine de sa mort demeure inconnue.
La trahison est révélée
Le retour des déportés et des prisonniers de guerre va être long à s’achever. Dans la Belgique libérée, le temps est à la fête, à la reconstruction. Les survivants reviennent progressivement. Dans sa famille, comme à l’administration communale de Schaerbeek, on croit que Robert De Wael a continué d’être le résistant qu’il était indubitablement au début de la guerre. Les Grenadiers ont payé un lourd tribut à leurs actions héroïques dans la Résistance : 100 d’entre eux y ont laissé leur vie. Dix sont morts en raison de la trahison de De Wael. Les lieutenants Jacques et Jones ainsi Martin D., dès leur retour, fournissent à la justice le récit jusque là inconnu de la trahison de Robert De Wael. Un dossier émargé 1300 est ouvert à la Sûreté de l’Etat. L’auditorat militaire recueille les dépositions des survivants auxquels le procès d’Essen a permis de récolter des preuves contre De Wael. L’annonce officielle de sa mort met un terme aux poursuites pénales. La trahison du lieutenant est vouée à demeurer un secret, même si des rumeurs se font jour. « On l’appelait la fille du traître », dit Emma De Wael, en parlant de sa cousine Monique De Wael. « On disait que Robert aurait pu, comme d’autres, parler sous la torture. Mais jamais nous n’avons su ce qui s’était réellement passé. | |
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