1/1/2010 : lettre d'un Bruxellois à son cousin Astérix ...

(Fiction dotée d'une malheureuse et certaine probabilité)

Bruocsella occupée, le 1er avril 2010

Mon cher cousin,

Tout d’abord, je tiens à te remercier pour l’excellent jambon de Lutèce que tu as réussi à nous faire parvenir en déjouant l’attention des garnisons ménapiennes.

Ici, en Gaule Belgique occupée, la vie « au quotidien » est de plus en plus difficile. Vu notre refus de « collaborer », les Ménapiens nous ont imposé un blocus de toutes les activités économiques de la ville. Et si votre bon druide Sarkozix ne nous envoyait des vivres et de l’eau par canadairs, je me demande bien comment nous ferions pour survivre et poursuivre la résistance.

Car tu le sais, cher cousin Astérix, nous sommes cantonnés à un territoire exigu de 161 km², dont les Ménapiens nous ont toujours refusé l’extension au motif de l’impureté de notre sang gaulois et de notre refus de conversion à la race supérieure thioise. Le fait que Bruocsella soit devenue la capitale d’une Gaule multiculturelle n’y a, hélas, rien changé.

Hier, en triant de vieux marbres, j’ai retrouvé un portrait gravé lors de ta dernière visite, c’était il y a un peu plus de trois ans, juste avant que les autorités ménapiennes ne suspendent l’arrivée des TGV celtes en gare de Bruocsella-sud. Les trains, y compris le Thalys venant de Lutèce, sont désormais limités à Enghien, en zone libre hennuyère, de l’autre côté de la ligne de démarcation.

Bien sûr, nous pouvons encore compter sur la générosité des fonctionnaires euro-gaulois disposant d’un laisser-passer depuis l’aéroport militaire wallon de Chièvres, transformé en aéroport international depuis la fermeture de celui de Zaventem. Souvent, la valise diplomatique sert à transporter de la viande, des légumes, des laitages, toutes denrées dont nous manquons cruellement, les tickets ménapiens de rationnement ne nous accordant que 75 gr. par personne et par jour.

Fallait-il « collaborer » ? Le ministre Vlaams Belang (extrême droite) Tastenhoye a récemment rappelé à la télévision thioise (nous bénéficions encore provisoirement de sous-titres en langue celte) qu’il nous avait prévenus en son temps, à l’époque où il n’était que député, de cette offre faite aux Bruxellois, la « main-tendue », de participer à la prospérité de la Flandre pour autant que nous acceptions de devenir des « Ménapiens ». Il nous a rappelé cette phrase qu’il gravait dans le quotidien thiois « De Morgen », le 2 février 2001 : « Si nous le voulons, nous pouvons donner aux Bruxellois celtillons toutes les garanties qu’ils conserveront leur propre langue et culture, et qu’ils disposeront de moyens financiers largement suffisants pour faire de Bruocsella la ville la plus moderne de Gaule ». Il nous a rappelé qu’à l’époque il voulait nous acheter et la menace implicite qui pèserait sur nous en cas de refus : « Voyez où se situe Bruocsella. Les cours d’eau qui arrosent Brocsella passent sur le territoire thiois : vous pouvez fermer une écluse. C’est au travers de notre territoire que les trains arrivent à Bruocsella : vous pouvez les retenir à la frontière. Le ring est presque entièrement en territoire ménapien : vous pouvez au besoin le fermer. Et vous pouvez de même fermer l’aéroport de Zaventem. A ce moment vous asséchez Bruocsella. Vous affamez ses habitants et, après avoir refusé notre offre royale, ils seront tout de même obligés de se rattacher au territoire thiois ».

Mais tu connais notre tempérament frondeur, cousin Astérix. Déjà le 10 mai 1940, lorsque les troupes germaines avaient envahi Bruocsella, nous avions refusé cette offre de la « main-tendue » sous condition de « collaboration ». Les plus âgés n’avaient d’ailleurs pas manqué de nous le rappeler, il y a trois ans, lorsque les autorités ménapiennes avaient fermé les frontières, érigé le mur d’encerclement de notre ville-région et construit les garnisons de Dilbeek, Wemmel, Wezembeek-Oppem, et Rhode-Saint-Genèse. Les celtes de ces villes fortifiées (anciennement « à facilités » pour trois d’entre elles) ont, bien sûr, depuis lors été expulsés, et la plupart ont choisi la Wallonie pour éviter le blocus que nous connaissons.

Que je comprends, aujourd’hui, les habitants de Sarajevo !

Ah, que la Gaule celtique n’est-elle intervenue, au début de l’année 2007, pour faire respecter le principe de « libre détermination des peuples » garanti par sa Constitution ! Il est vrai que l’étranglement financier dont elle souffrait elle-même, voulu par le pacte de stabilité, le respect strict des critères de Maastricht, et toutes atteintes à sa souveraineté que lui imposaient l’Union européenne, étaient la source d’hésitations. Le devoir d’ingérence de la République pour faire respecter les droits de l’homme ne serait-il pas mal perçu par les alliés européens, moins soucieux, eux, du respect des principes contenus dans la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » ? Depuis l’élection présidentielle de mai 2007, cependant, avec l’arrivée de Nicolas Sarkozix à l’Elysée, les choses se sont nettement améliorées et nous le sentons bien, nous aussi, ici, à Bruocsella occupée. On ne passera plus outre à l’avis de la Gaule celtique si facilement que par le passé !

Fasse Toutatis que l’entreprise volontariste de votre nouveau président se poursuive et que, comme il s’y est engagé, il poursuive ses efforts pour faire respecter le droit à l’autodétermination des nations et peuples opprimés, au nombre desquels les Gaulois de Bruocsella. Je dois dire, d’ailleurs, que depuis son discours de Waterloo, l’an dernier, scellant au pied de la butte du Lion, la réunion définitive de la Wallonie à la Gaule celtique, une lueur d’espoir a ranimé nos cœurs. Les Ménapiens craignent davantage les gardes républicains postés en lisière de Rhode-Saint-Genèse que la maigre armée mise en place par la Gaule Belgique résiduelle après la sécession du pays thiois intervenue le 1er janvier 2007. Certains de ces soldats facilitent même le passage, par des chemins peu connus de la Forêt de Soignes, de nos amis Wallons, qui viennent régulièrement, tels des lutins des Forêts, nous apporter les vivres et denrées dont nous manquons si cruellement.

Mais bon, si Bénélos et Toutatis le veulent, nous résisterons encore et toujours jusqu’à la victoire finale, ou, au contraire, nous mourrons jusqu’au dernier, de faim et d’épuisement, notre honneur sauf !

J’aurais voulu t’écrire hier, le 31 mars, cher cousin Astérix, afin que tu ne croies pas que le présent marbre puisse être un poisson d’avril. Mais bon, le temps m’a manqué, et ce n’en est pas un, je te prie de me croire.


Ton affectionné SBJix (Bruxelles – Gaule Belgique occupée)

Attention ! Certains politiciens flamingands ont déjà envisagé le blocus économique de Bruxelles faute de pouvoir se l'annexer !

Le roman de Jacques Neyrinckx, "Le siège de Bruxelles", publié il y a quelques années, n'est plus de la science-fiction ...

Il est même d'actualité si l'on s'en réfère aux lettres de convocations électorales en néerlandais pour les élections du 8 octobre 2006 !

Stans a écrit:

Attention ! Certains politiciens flamingands ont déjà envisagé le blocus économique de Bruxelles faute de pouvoir se l'annexer !

Et ils se croient intéréssants?
Si ils font cela, la Wallonie peut très bien coupé les arrivées d'eau, routes, cours d'eau, chemin de fer...
Vu que cette attitude serai tout bonnement scandaleuse, ont pourais arrivé à ce que les Hollandais ferment l'arrivée au Port d'Anvers...

Rigolera bien qui rigolera le dernier.

Là je ne te donne pas tort CitoyenAuQuotidien !