Tripoli : succès de la politique franco-européenne

Source : http://fr.news.yahoo.com/rtrs/20070724/tts-libye-infirmieres-ca02f96.html

Les infirmières et le médecin sont libres à Sofia

Par Anna Moudeva Reuters - il y a 39 minutesSOFIA (Reuters)-

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Les cinq infirmières bulgares et le médecin d'origine palestinienne libérés après huit années de prison en Libye à la faveur d'un accord de partenariat entre Tripoli et l'Union européenne sont arrivés à Sofia, où ils ont été aussitôt graciés par le président bulgare

Condamnés à mort pour avoir inoculé le virus du sida à des centaines d'enfants libyens - peine commuée la semaine dernière en prison à vie, ils avaient quitté en début de matinée la Libye à bord d'un avion de la présidence française.

Le dénouement heureux de cette affaire pourrait permettre à Tripoli de normaliser complètement ses relations avec les capitales occidentales.

"Je sais que je suis libre, je sais que je suis sur le sol bulgare, mais je n'arrive toujours pas à y croire", a déclaré Christiana Valcheva, 48 ans, tandis que les six retrouvaient leurs proches sur le tarmac de l'aéroport de Sofia.

C'est un accord de dernière minute entre la Libye et l'Union européenne portant sur une aide médicale et sur la coopération politique qui a permis de débloquer la situation, et ouvert la voie au rapatriement des six détenus en vertu d'un accord de 1984 sur les échanges de prisonniers.

"Nous espérons poursuivre la normalisation de nos relations avec la Libye. Nos relations avec la Libye étaient dans une large mesure bloquées par cette affaire", a déclaré le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso.

Pour Sofia comme pour l'Union européenne ou les Etats-Unis, l'enjeu était la fin possible de décennies d'isolement diplomatique libyen.

LA LIBYE, "STRATEGIQUE" POUR L'Union européenne

Le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Abdel-Rahman Shalgam a déclaré que l'accord devait permettre "une coopération totale et un partenariat entre la Libye et l'Union européenne".

Il a précisé que l'Union européenne s'était engagée à fournir une aide médicale dans des hôpitaux européens aux 400 enfants contaminés par le sida, et ce, pendant toute leur vie. L'accord prévoit la réhabilitation de deux hôpitaux et d'un dispensaire de Benghazi, ville de l'est de la Libye où avaient été contaminés les enfants.

L'Union européenne a également proposé son aide à la Libye dans les domaines de l'éducation, de l'archéologie et de la lutte contre l'immigration illégale.

L'élargissement de la coopération à ces domaines est subordonné au feu vert des 27 membres de l'Union européenne, qu'un responsable de la Commission juge presque assuré.

"Ce que tous les membres vont reconnaître, c'est la réalité politique d'un point de vue stratégique de la position libyenne en Afrique du Nord, qui est tout à fait clé", a dit Friso Roscam Abbing, porte-parole du commissaire européen à la Justice.

La commissaire aux Affaires extérieures, Benita Ferrero-Waldner, qui était depuis dimanche en Libye en compagnie de l'épouse du président français, Cécilia Sarkozy, et du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a signé l'accord avec la Libye, a-t-on appris de source européenne. Tous les trois ont accompagné les six condamnés jusqu'en Bulgarie à bord d'un vol de la présidence française.

PAS DE VERSEMENT DE FONDS, SELON SARKOZY

Dès leur arrivée, les six ont été graciés par un décret du président bulgare. Ils resteront pendant quelques jours avec leurs proches dans la résidence du président, dans les faubourgs de Sofia, où ils subiront des examens médicaux.

Naturalisé bulgare le mois dernier, le médecin Achraf Alhajouj se rendra vendredi au Pays-Bas, où vit sa famille.

A Paris, Nicolas Sarkozy a assuré que ni l'Europe, ni la France n'avaient versé de fonds à la Libye, laissant entendre que c'est un "geste humanitaire" du Qatar qui avait joué un rôle important.

"J'ai eu l'occasion de remercier très chaleureusement les autorités qataries pour leur médiation et leur intervention humanitaire, c'est à elles de dire si ont elles ont quelque chose à dire sur le sujet", a-t-il ajouté.

Il a précisé qu'il se rendrait en Libye mercredi pour aider ce pays "à réintégrer le concert des nations".

Amnesty International a salué la libération des six et exhorté Tripoli à réformer son système judiciaire.

Ils avaient été condamnés à mort en décembre 2006 après avoir été reconnus coupables d'avoir inoculé sciemment le virus du sida à 426 enfants libyens lorsqu'ils travaillaient dans un hôpital pour enfants de Benghazi au début des années 1990.

Ils ont nié en bloc les accusations portées contre eux, affirmant que les conditions d'hygiène déplorables à Benghazi étaient à l'origine de la contamination. Ils ont en outre affirmé que leurs aveux leur avaient été extorqués sous la torture.

Les familles des enfants contaminés ont reçu des indemnités s'élevant à plusieurs centaines de millions de dollars, des sommes tirées d'un fonds mis en place par la Fondation Kadhafi.

Dans cette affaire, on a évité le pire. Comme quoi les négociations entre l'Europe (plus particulièrement la France) et la Lybie auront servi à quelque chose !