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| L' évangélisation de l'Algérie est en progrès ! | |
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Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: L' évangélisation de l'Algérie est en progrès ! Jeu 06 Sep 2007, 2:21 pm | |
| Source : http://www.reforme.net/archive2/article.php?num=3169&ref=1360 Réforme n°3169 du 2006-03-30 Actualité - Algérie L’évangélisation au risque de la loi La liberté religieuse est bien respectée en Algérie. Mais une loi, adoptée par le Parlement le lundi 20 mars, pourrait tout changer. Elle vise surtout à réduire le progrès des Eglises évangéliques et à punir ceux qui convertissent les musulmans. par Jérôme BORUSZEWSKI - Citation :
- Jusqu’à cinq ans de prison et un million de dinars d’amende (10 000 euros, soit 100 fois le Smic algérien environ). Voilà ce qu’encourt « quiconque incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion ». La loi visant à organiser l’exercice des cultes, autres que musulman, est en fait très restrictive et très répressive. Elle a pour objectif principal l’interdiction du prosélytisme et des campagnes d’évangélisation. Un responsable du ministère algérien des Affaires religieuses l’a publiquement affirmé.
D’après le texte, les exercices des cultes autres que musulman ne peuvent être tolérés que dans un cadre associatif et reconnu par l’Etat. Ils ne peuvent se faire que dans des édifices identifiables de l’extérieur. En clair, les conversions personnelles et les cultes pratiqués au domicile des croyants sont désormais répréhensibles.
Adoptée à une écrasante majorité par l’Assemblée populaire nationale puis par le Conseil de la nation, cette loi surprend car, contrairement aux idées reçues, l’Algérie est un des pays, en Afrique du Nord, qui garantit le plus la liberté de religion. Aussi bien dans la Constitution qu’en pratique d’ailleurs. Les quelques juifs et pieds-noirs catholiques, restés en Algérie, pratiquaient en effet leur religion en toute liberté. Un pasteur algérien, installé dans le sud de la France et qui préfère garder l’anonymat, témoigne : « Il y a une grande tolérance en Algérie. Les rapports des organisations de défense de droits de l’homme le reconnaissent. Rien n’interdisait, jusqu’à présent, de célébrer le culte. »
Une atteinte au consensus national
La promulgation de cette loi l’agace donc. « Le gouvernement a peur des conversions des Algériens musulmans à la religion chrétienne. Auparavant, il déclarait qu’elles ne concernaient que des pauvres, des illettrés et des mendiants. Mais, en réalité, des médecins, des avocats se convertissent aussi. C’est un mouvement très populaire qu’il essaie de bloquer. »
Un brin provocateur, le pasteur assure que les nouvelles dispositions législatives ne freineront pas la propagation du christianisme en Algérie. Au contraire : « C’est en période de persécutions que l’Eglise se fortifie. Cette loi est une bénédiction. On n’en a pas peur. »
De l’autre côté de la Méditerranée, dans les églises, il y a « des clubs de jeunes, des rencontres et des activités très régulières, des moments réservés à la prière de groupe… ». Bref, de l’enthousiasme. Mais pas de chiffre précis concernant le nombre de convertis à la religion chrétienne en Algérie. Une historienne, spécialiste de la question, qui préfère, elle aussi, rester anonyme, indique qu’au début des années 2000 « on parlait de 7 000 conversions au protestantisme dans certaines régions de la Kabylie montagneuse. Ce sont des chiffres officieux, en deçà de la réalité. Mais je ne suis pas convaincue qu’il n’y ait pas autant de conversions dans d’autres régions algériennes. On se focalise souvent sur la Kabylie, une région considérée comme frondeuse, un peu rebelle ».
Une loi futée
Et c’est justement cette vigueur et cette poussée du protestantisme évangélique qui ont amené les autorités algériennes à faire voter cette loi restrictive et répressive. Pour l’Etat, renier la religion musulmane, c’est remettre en cause l’identité nationale. En effet, est considéré comme algérien celui qui est arabe et musulman. L’islam est la religion d’Etat, d’après la Constitution algérienne.
Ce phénomène de conversions, qui, semble-t-il, a pris de l’ampleur, est donc perçu comme « une atteinte à un élément du consensus national et à la cohérence de l’Etat », poursuit l’historienne interviewée. Elle relève notamment que la loi punit quiconque tendant à inciter les citoyens à la rébellion. « Quand on parle de rébellion dans une loi fixant l’exercice des cultes, on est dans un esprit d’atteinte à la sécurité de l’Etat. C’est très subversif. »
Pourtant, cette loi interdit très rarement. Au contraire, dans ses dispositions générales, elle fixe de grands objectifs louables comme la tolérance et le respect entre les différentes religions. Elle garantit la protection d’Etat aux associations religieuses. C’est seulement dans les chapitres deux et trois qu’elle restreint considérablement l’exercice des cultes et qu’elle pénalise lourdement. « C’est une loi futée. En réalité, c’est une atteinte aux libertés individuelles, avec, en paravent, un objectif de lutte contre les discriminations », décrypte cette historienne contrainte à la prudence. Une lecture trop rapide ne permet pas de mesurer les conséquences de ce texte, qui ne devrait donc pas susciter de grands débats à l’étranger. L’image d’une Algérie qui garantit la liberté de religion ne sera donc pas brisée.
Notre interlocutrice craint cependant que cette loi puisse servir à réprimer non seulement les Eglises évangéliques clairement montrées du doigt par le gouvernement, mais aussi d’autres groupes religieux. « Il suffit d’avoir un discours un peu différent ou de faire des propositions un peu originales dans le domaine de la spiritualité pour être taxé d’“élément séditieux”. » La marge de manœuvre et d’appréciation que laisse la lettre de cette loi pourrait donc donner lieu à des abus.
Renforcement de la répression politique
Cette loi, organisant l’exercice des cultes autres que musulman, s’inscrit en fait dans une tendance générale à l’aggravation de la répression politique en Algérie. « A l’échelle nationale, récemment, des lois ont limité la liberté d’expression des journalistes dans le domaine politique », note une historienne, spécialiste de l’Algérie. L’an dernier, dix-huit journalistes ont été condamnés à des peines de prison ferme, allant d’un mois à un an, pour diffamation, remarque, de son côté, le magazine en ligne actudesmedias.net, dans son édition du 19 janvier dernier. Il cite notamment un responsable de Reporters sans frontières, selon lequel le gouvernement cherche à faire taire la presse et condamner les journalistes pour diffamation. Un dessinateur, qui avait surnommé le président algérien « Boutef », a été condamné à de la prison ferme en juin dernier. Figure emblématique des journalistes incarcérés mais pourtant peu médiatisée, Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, est derrière les barreaux depuis le 14 juin 2004 pour avoir publié un pamphlet sur le président Bouteflika. Déjà, lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2004, des reportages sur des sujets sensibles avaient été interdits, notamment les émeutes en Kabylie ou les affaires de corruption. J.B. | |
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