|
| La démocratie vue par la Grèce antique | |
| | Auteur | Message |
---|
Alexis Modérateur
Nombre de messages : 1743 Age : 36 Localisation : Bruxelles Emploi/loisirs : Etudiant Date d'inscription : 13/03/2006
| Sujet: La démocratie vue par la Grèce antique Mer 19 Sep 2007, 9:23 pm | |
| Compte rendu de la conférence
d’Yvan BLOT sur ² la critique de la démocratie par les philosophes grecs ²
du 4 mai 2006 :
Chers Amis, Le Café Bleu a eu le privilège de bénéficier des clés d’interprétation d’Yvan BLOT pour comprendre l’homme et ses besoins, et de ses propositions pour lui adapter un système dans lequel ses qualités et ses aspirations pourront s’exprimer au mieux. Ces propositions se situent dans le prolongement d’une culture antique intériorisée et dont les constantes se révèlent d’actualité.
Un grand merci à Mr BLOT de la part du Café Bleu pour ce tour d’horizon de l’Antiquité et de ses figures.
La Grèce antique, considérée comme inspiratrice des démocraties modernes, est paradoxale. L’attitude des Grecs à l’égard de la démocratie n’est pas forcément favorable, même s’ils l’ont inventée. De plus, ce que nous appelons démocratie aujourd’hui n’était pas la même chose en ces temps-là. Le paradoxe se retrouve dans les personnages qui ont admiré la Grèce. De CLEMENCEAU à MAURRAS, la Grèce a guidé toutes sortes d’intelligences. CLEMENCEAU illustre ces modernes qui ont voulu s’emparer du modèle démocratique antique et qui n’en ont finalement pas saisi l’essence.
La Grèce était éclatée en dizaine de cités qui avaient leur propre mode de gouvernement. Sparte était une royauté, la Macédoine une monarchie, d’autres cités des aristocraties et d’autres des démocraties.
L’histoire grecque commence huit siècles avant J.C avec l’apparition de l’écriture. Les Grecs sont les premiers indoeuropéens à utiliser l’écriture avec HOMERE. Dans ses écrits, il ne met en scène que des Rois (AGAMEMNON, PRIAM, ACHILLE, ULYSSE). Les récits d’HOMERE imprégnaient la culture de tous les Grecs car il était l’essentiel de l’enseignement et cela jusqu’au VIe siècle avant J.C. Au Ve siècle avant J.C, la Grèce devient un ensemble de cités, dont Athènes, qui est une démocratie constituée d’un conseil de neuf archontes qui forment la cour suprême. Le système est bipartite avec un parti pour la démocratie et l’autre pour l’aristocratie.
L’autre grande cité, à l’époque, est Sparte qui est l’opposée d’Athènes dans son mode de gouvernement et dans ses valeurs. Ce qui a entraîné la guerre du Péloponnèse pendant trente ans qui se terminera par l’écrasement d’Athènes. Au IVe siècle avant J.C, les Grecs sont défaits par PHILIPPE II de Macédoine à Chéronée. DEMOSTHENE (un démocrate) a expliqué pourquoi il ne pouvait organiser la résistance contre PHILIPPE II : il dit être dans un système démocratique qui lui interdit toute vision d’avenir, tout plan à long terme et qui ne lui permet pas de s’appuyer sur une volonté populaire homogène. Le fils de PHILIPPE II, ALEXANDRE, a fondé un immense empire. A sa mort, ses généraux se le partagent, ce qui a entraîné la dissolution de cet empire. Du IIIe au Ier siècle avant J.C, ces royaumes hellénistiques sont petit à petit dominés par Rome, du fait du parcellement de l’empire d’ALEXANDRE.
Rome est une République qui a été renversée par CESAR. On constate que dans l’histoire de l’Antiquité, les démocraties ou républiques ont subi des guerres civiles permanentes avant de s’écrouler.
Les grands auteurs qui ont inspiré et façonné le Grèce et qui ont eu une grande influence sur notre civilisation, peuvent être répartis en quatre catégories : les poètes, les historiens, les philosophes et les rhéteurs qui peuvent être assimilés à des avocats, des professeurs de droit ou des hommes politiques.
Parmi les poètes, se distinguent les dramatiques, qui sont : HOMERE, qui ignore la démocratie ; ESCHYLLE, qui est un disciple d’HOMERE ; SOPHOCLE, qui, dans ANTIGONE, parle de l’état de droit, du droit naturel en mettant en scène CREON, le mauvais dictateur, le tyran, que SOPHOCLE oppose à THESEE, le Roi qui gouverne non en fonction de ses caprices mais de la morale ; EURIPIDE, qui dans EGYDE présente le bon Roi. Ensuite, ARISTOPHANE se révèle un antidémocrate dans Les cavaliers où il souligne la démagogie qui flatte le peuple et dans L’assemblée des femmes où il raconte une femme "communiste" qui veut avant tout arriver au pouvoir et, par jalousie, obliger la société à mettre tout en commun.
On constate que dans la poésie grecque la démocratie n’existe pas et les idées qui pourraient être le commencement d’une "prise de conscience" démocrate sont tournées en dérision, font rire et sont enseignées comme vicieuses et dangereuses pour l’équilibre de la société.
Le premier des historiens est HERODOTE. Il a classé les régimes politiques et inventé les mots de cette classification : démocratie, aristocratie, monarchie. Ses écrits sont interprétés aujourd’hui comme la mise en scène de l’opposition entre la liberté des Grecs et la royauté totalitaire perse. Or, Sparte participe à la victoire militaire contre la Perse et c’est une monarchie d’hommes libres. La séparation se fait en vérité entre les peuples libres et les peuples en esclavage et ne correspond pas au partage entre démocratie et monarchie mais plutôt entre monarchie et tyrannie. L’historien THUCYDIDE est un démocrate. Il raconte la démocratie athénienne qui est dirigée par dix généraux grecs, dont PERICLES, qui se révéla l’âme de cette démocratie en se faisant réélire pendant quinze ans au pouvoir. Juridiquement, c’est une démocratie. Socialement, c’est une monarchie. Quand il meurt, la guerre civile éclate et conduit au pouvoir ALCIBIADE, un mauvais disciple de SOCRATE, qui devient l’exemple du démocrate démagogue profiteur. THUCYDIDE montre qu’Athènes voulait sans cesse faire la guerre, contrairement à Sparte qui voulait conserver son armée de grande qualité. Il montre, par honnêteté, les défauts de la démocratie. D’autres historiens ont produit des œuvres remarquables comme XENOPHON, partisan inconditionnel de Sparte et POLYBE qui fait l’éloge du régime mixte.
Des rhéteurs sont à connaître : ISOCRATE qui, toute sa vie, a cherché un bon Roi à servir et DEMOSTHENE, vrai démocrate, qui critiqua pourtant la démocratie et ses faibles moyens.
Les philosophes grecs se sont révélés les plus antidémocrates. Jusqu’à SOCRATE, ils ont été très aristocratiques. Puis les sophistes, par l’intermédiaire de PROTAGORAS, vont propager l’idéologie démocratique, le relativisme, la mesure de tout étant l’homme. SOCRATE s’est battu toute sa vie contre le relativisme. Il a prôné une vérité, un bien, une morale, une société basée sur la justice. Il a été mis à mort par les gouvernants athéniens d’alors sous prétexte qu’il avait renié le culte des dieux et avait un discours monothéiste. Il avait refusé de quitter Athènes se sachant menacé. Il a montré le lien entre le type d’âme et le système politique. Socrate a l’intuition que l’âme est le plus important chez l’homme. Il faut avoir soin de son âme sur terre dans l’optique du bonheur. Il croyait en l’immortalité de l’âme et au jugement après la mort. Il a conseillé des tyrans siciliens et a expliqué que la démocratie débouchait toujours sur la tyrannie. L’exemple de ROBESPIERRE confirme sa démonstration. De même, les règnes de NAPOLEON, d’HITLER. En Russie, après la perte de la guerre au début du XXe siècle, le Tsar est affaiblit. Il est renversé et après un bref essai de démocratie, c’est la Révolution et ses conséquences.
PLATON, disciple de SOCRATE (comme XENOPHON), associe chaque régime à un état d’esprit. Comme, les systèmes se délitent à cause de l’imperfection des hommes, il faut un régime mixte pour compenser leur inconstance. En France, avant la Révolution, la religion jouait un rôle modérateur sur le pouvoir, de même que les parlements, les corporations, les provinces. PLATON conseille de confier l’exécutif à un chef, élément monarchique, le législatif et la justice à des hommes compétents, une aristocratie, et d’introduire la composante démocratique comme organe consultatif et d’expression du peuple. Il se fonde sur l’exemple de Sparte, régime mixte avec ses institutions originales (deux Rois chefs de la religion et généraux en même temps, une assemblée aristocratique s’occupant du législatif : "les Gérontes", et des représentants du peuple élus une fois l’an s’occupant de l’exécutif : "les Ephors"), qui a perduré des siècles jusqu’à l’avènement de Rome.
PLATON développe le raisonnement de SOCRATE. Il pense que l’âme est en liaison avec la divinité. Il établit le postulat que l’âme est composée de la raison (l’homme intérieur), des sentiments (le lion, l’énergie d’agir), de l’instinct (le dragon). La médecine moderne a vérifié cette hypothèse et l’a infirmée : le cerveau comprend trois zones plus ou moins développées en fonction des êtres. Le néocortex est spécifique à l’homme et correspond à la raison, le mésocortex est spécifique aux mammifères et correspond aux sentiments, le paléocortex est spécifique aux reptiles et correspond à l’instinct. PLATON établit des types d’âmes en fonction des composantes dominantes et fait le lien avec le régime politique que cela induit. Lorsque la raison et le sentiment dirigent l’instinct, il parle de l’âme civilisée qui s’appuie sur les traditions. Lorsque le sentiment et l’instinct dirigent la raison, il parle de l’âme sauvage. Lorsque la raison et l’instinct dirigent les sentiments, il parle de l’âme barbare. Les deux derniers types d’âme étant enclin à préférer la démocratie qui excite les appétits de pouvoir.
J.F MATTEI, dans son livre la barbarie intérieure reprend cette analyse.
ARISTOTE a formé PHILIPPE II de Macédoine et son fils ALEXANDRE. Or, vivant à Athènes, il était mal vu du fait de cette collaboration avec des Macédoniens. Il finit par s’enfuir. ARISTOTE prônait un régime mixte. Il a différencié les bons régimes, aspirant au bien commun, que sont la monarchie, l’aristocratie et la démocratie (qui se fonde sur le peuple vertueux), des mauvais régimes, servant leurs propres intérêts, que sont la tyrannie, l’oligarchie et la démagogie. La monarchie était le système préféré d’ARISTOTE car il repose sur moins de personnes ; les hommes n’étant que partiellement vertueux pour lui, ils sont susceptibles de céder à des phénomènes idéologiques de groupe.
Il y a plusieurs conditions pour que l’âme humaine s’épanouisse dans un régime. HEIDEGGER propose un schéma du monde idéal…
CIEL (Valeurs transcendantales : bien opposé au laxisme ; vrai opposé au relativisme ; beau)
↑ ↑ DIVINITE →→→→ AME →→→→ HOMME (ordre naturel ; ↑ (justice ;
sacrifice héroïque ; ↑ charité ;
tradition ; ↑ liberté) opposés à la révolution) ↑
TERRE (Valeurs de l’enracinement : famille ; propriété ; patrie)
…et MATTEI, de l’immonde moderne :
MATERIALISME ↑ ↑ SUJET →→→ AME →→→ FOULE ↑ ↑ COSMOPOLITISME, ERRANCE Mr BLOT a adapté ces schémas pour analyser directement les types de régimes à des périodes précises et en a fait ressortir les vices intrinsèques, inévitablement mauvais pour l’épanouissement de l’homme.
Avant 1914, en France, la démocratie n’était pas encore l’immonde qu’elle est devenue. Des éléments fondamentaux d’équilibre social étaient encore présents.
VERTU ↑ ↑ RELIGION →→ DEMOCRATIE →→ HUMANISME CLASSIQUE ↑ ↑ PATRIE (valeur très forte alors) C’est le fondement égalitaire de cette démocratie qui va tout détruire, comme l’avait prévu TOCQUEVILLE. Et le délitement prévisible d’aujourd’hui.
MATERIALISME ↑ ↑ "DROITS DE L’HOMMISME"→→DEMOCRATIE EGALITAIRE→→ETATISME ;
COLLECTIVISME ↑ COSMOPOLITISME Un exemple de la situation inhumaine où ce type de régime conduit et qui souligne son incapacité à protéger ceux qui en ont besoin, est la situation d’une député hollandaise de 36 ans d’origine somalienne, Ayaan HIRSI ALI, qui a fuit sa culture musulmane et c’est réfugiée aux P.B. Elle a collaboré au film de Théo VAN GOGH dénonçant la situation de la femme en Islam. Après l’assassinat de celui-ci, elle a été menacée de mort. Des gardes du corps ont été chargés de surveiller son appartement. Parce que des habitants de son immeubles se plaignent de la dévalorisation que subit cet immeuble à cause de la présence de ces gardes, Mme HIRSI ALI a été expulsée de son appartement, décision prise par la justice hollandaise. Ses voisins ont gagné leur procès en se fondant sur la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, qui fait valoir le droit individuel à un logement calme.
Il devient urgent de définir qui est "l’homme" des "droits de l’homme". Est-ce "le lion", "l’hydre" ou "l’homme intérieur" ? Il est également urgent de rappeler les "devoirs de l’homme".
La politique aujourd’hui doit reconstituer un monde. Toujours selon la méthode des quatre causes d’ARISTOTE,
CAUSE FORMELLE ↑ CAUSE FINALE →→ CREATION →→ CAUSE MATRICE ↑ CAUSE MATERIELLE Mr BLOT propose :
MONDE (fondé sur des devoirs, sur une aristocratie)
↑ ↑ PRINCIPE RELIGIEUX →→ ROYAUTE →→ LIBERTE TRADITIONNELLE ↑ TERRE (principe dynastique, famille royale) …pour contrer les quatre idoles que sont les valeurs actuelles qui sont proposées à l’homme moderne :
ARGENT ↑ SUJET →→ HOMME MODERNE →→ TRAVAIL ↑ TECHNIQUE Et un slogan :
HONNEUR ↑ JUSTICE →→→→→→ LIBERTE ↑ PATRIE EVH Le 23/05/2006
http://partisan-blanc.over-blog.com/ | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: La démocratie vue par la Grèce antique Mer 19 Sep 2007, 9:36 pm | |
| Mais seuls les citoyens grecs avaient le droit de critiquer la démocratie ! | |
| | | | La démocratie vue par la Grèce antique | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |