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| Obama veut «sauver» l’Amérique | |
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Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Obama veut «sauver» l’Amérique Mer 21 Jan 2009, 7:46 pm | |
| Source : http://www.parismatch.com/parismatch/Dans-l-oeil-de-match/Reportages/Obama-veut-sauver-l-Amerique-par-Jean-Marie-Colombani/(gid)/65634/ 20 Janvier 2009 - 19:17 Obama veut «sauver» l’Amérique, par Jean-Marie Colombani - Citation :
- Arrivé à Washington sur les pas de son modèle Abraham Lincoln, le nouveau président affiche son programme : rebâtir une vraie cohésion sociale et refonder la classe moyenne. Pour cela, comme au temps de Roosevelt, le gouvernement sera la solution.
La famille la plus célèbre du monde. Barack et Michelle avec leurs filles, Malia, 10 ans, et Sasha, 7 ans. Les nouveaux résidents de la Maison-Blanche vont désormais faire l’objet d’une médiatisation incessante. Chaque accroc dans l’unité du clan sera décortiqué. Pour préserver leur image de tribu modèle, les Obama, rejoints par Marian, la mère de Michelle, devront rester plus soudés que jamais.
Par Jean-Marie Colombani pour Paris Match
Vous serez avec moi dans mon bureau à la Maison-Blanche» : c’est en substance ce que Barack Obama a promis à celles et ceux, innombrables, qui s’étaient rassemblés au pied du monument dédié à Abraham Lincoln. «Vous serez avec moi, je serai parmi vous», dit celui qui est presque attendu, désormais, sinon comme le Messie, du moins comme le prophète de la résurrection de l’Amérique. Message à la forme christique, mais, en fait, on ne peut plus laïque, tout entier tourné vers l’idée de la responsabilité ; responsabilité civique, celle dont chacun, politique, chef d’entreprise, syndicaliste, simple citoyen, doit faire preuve pour que la somme des énergies et des initiatives de tous permette à l’Amérique de se relever.
Avant donc de pénétrer dans ce fameux «bureau Ovale», Barack Obama avait balisé son chemin d’autant de symboles rattachant son élection à celle d’Abraham Lincoln : symbole de l’aboutissement d’une longue marche entamée avec l’abolition de l’esclavage, et conclue par l’élection du premier président noir. Parti, lui aussi, de l’Illinois, il a revisité les étapes qui avaient conduit l’«honnête» Abraham jusqu’à Washington.
Le verbe et les symboles : ce sont les armes qui ont permis à Barack Obama de l’emporter. Beaucoup dépendra de l’efficacité du verbe présidentiel, en effet, pour contrarier la méfiance, le cynisme et la peur qui ont dominé l’esprit public : si je suis seul à fournir l’effort et les «sacrifices» demandés, quelle raison ai-je de persévérer? C’est ce réflexe-là qu’Obama veut combattre ; pour cela, il faut que chacun prenne sa part de l’avènement de cette «nouvelle ère de responsabilité» qu’il appelle de ses vœux. Mais pour que chacun accepte de le suivre, et de l’accompagner dans sa prise de décision à la Maison-Blanche, il faudra à Obama, au-delà du maniement des symboles, rebâtir une véritable cohésion sociale.
C’est moins dans l’inspiration du legs de Lincoln que le nouveau président devra puiser – même si l’un comme l’autre ont construit l’exercice de leur pouvoir sur le maniement des mots – que dans l’arsenal politique et économique forgé par un autre président, démocrate celui-là, dont la sagesse populaire dit encore aujourd’hui qu’il avait «sauvé l’Amérique» : Franklin Roosevelt.
Car l’urgence de la crise est là. Elle appellera les toutes premières décisions du président Obama. Sortir de la crise sera – est – la priorité, avec l’impératif absolu qu’est la reconstruction de la confiance. Grâce au verbe, bien sûr, mais aussi et surtout à l’arsenal de mesures de relance – à hauteur de 825 milliards de dollars – et d’initiatives, telles que la création d’une banque nationale chargée de centraliser les dettes pourries qui plombent le système bancaire. «Aurons-nous aidé notre économie à se relever de la plus grave crise financière depuis celle de 1929?» : c’est le critère d’évaluation que le nouvel élu pose lui-même au regard de ses concitoyens, le critère principal sur lequel il souhaite être jugé. «Avons-nous fait des progrès significatifs pour réduire les coûts de l’assurance-maladie et étendre la convention santé?» a-t-il ajouté dans un entretien au magazine «Time», fixant ainsi lui-même l’échelle de sa propre évaluation et rappelant l’une de ses principales promesses électorales.
Tel est l’autre grand axe de son programme, tout entier tourné vers la réhabilitation des classes moyennes – «Avons-nous créé des emplois bien rémunérés?» – et la reconstruction d’un système mis en place par le New Deal de Roosevelt et défait pierre à pierre par les républicains à partir de l’élection de Ronald Reagan. De la politique conduite à partir des années 1980 jusqu’à George Bush, date, en effet, le phénoménal écart qui s’est creusé entre le 1 % des Américains très riches et le reste de la population, cette société éclatée qu’Obama voudrait, de nouveau, unir. Il lui faudra donc prendre le contre-pied de son prédécesseur : là où les républicains théorisaient le «moins d’Etat», parce que, disaient-ils, le gouvernement «est le problème», Obama reviendra au credo rooseveltien selon lequel l’Etat, le gouvernement, est «la solution». Là où les présidents républicains ont dissous la classe moyenne, il lui faudra user des bonnes vieilles recettes de la redistribution pour la reconstituer ; et lui redonner le goût d’être ensemble.
Les épreuves sont là, hélas, qui attendent. Si l’on veut bien se souvenir du monde tel qu’il était il y a deux ans, lors de la déclaration de candidature d’Obama aux primaires du Parti démocrate, il n’était question que de la guerre en Irak et de son opposition à celle-ci, tandis que, sur le plan économique, la grande question était l’intensité de la croissance en Chine et en Inde, en même temps que les profits inouïs des banques et des constructeurs automobiles, la Bourse battant de son côté record sur record – à la hausse ! Plus rien, hormis le retrait d’Irak (par ailleurs programmé par son prédécesseur), n’est devant lui.
Mais la situation à Gaza comme la question du nucléaire iranien constituent deux urgences qui le placent devant la nécessité d’une refonte stratégique de la doctrine américaine de défense. A l’inverse de Bush, il devra la faire partager à ses alliés européens lorsqu’il faudra, selon toute vraisemblance, leur demander de porter une plus grande part du fardeau, notamment en Afghanistan. Il y ajoutera une préoccupation particulière pour le réchauffement climatique, qui appelle à ses yeux une autre politique de l’énergie, et pour la lutte contre la pauvreté. En ces matières, où il est également très attendu, il est secondé par Hillary Clinton, plus «sécuritaire» qu’il ne l’est lui-même. Mais elle aussi est convaincue de la nécessité de rendre à la diplomatie tous ses droits, en lieu et place de la doctrine de la guerre préventive appliquée par George Bush.
«Je ne pense pas qu’il existe des problèmes insolubles, mais il y en a qui sont extraordinairement compliqués», a-t-il coutume de dire. Compliqués et tragiques, comme le montre la guerre qui se livre au Proche-Orient et que seule une Amérique déterminée peut, avec l’aide de nos pays et des modérés de la région, tenter de transformer en esquisse de paix durable. Bon courage!
Barack Obama, accompagné par l’immense espoir qu’il a fait lever, fort d’un appui inédit d’une opinion prête à lui faire crédit, consciente que les dégâts de la crise ne peuvent pas disparaître du jour au lendemain, continuera, dans le choix des mots, à puiser son inspiration dans ceux de Lincoln et ses recettes parmi celles qu’avait appliquées Roosevelt. Car n’en doutons pas : il veut être celui qui, comme Franklin Delano Roosevelt avant lui, pourra se prévaloir d’avoir «sauvé l’Amérique».
L’événement le rattrape? Sans doute. Il est, comme le dit Madeleine Albright, secrétaire d’État de Bill Clinton, chargé de «redessiner les plans de l’avion tout en le pilotant» ! Mais il est aussi armé d’une confiance absolue dans la force du «rêve» américain qu’il réincarne, prêt, comme il le dit, à «affronter toutes les épreuves». Enfin, les difficultés commencent! | |
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