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| La fin de l'€ et de l'Union européenne ? | |
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+4fde Ti' Breton François Barberis Stans 8 participants | |
Auteur | Message |
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Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Ven 12 Mar 2010, 9:46 pm | |
| Je ne sais ce qu'il faut en penser mon cher François car je suis comme toi un eurosceptique qui voit en l'Union européenne un concasseur des États-Nations et de leurs souverainetés au détriment d'une Europe des Régions de mauvaise augure. De plus, depuis que nous "subissons" l'euro force m'est de constater que nous connaissons une spirale inflatoire des prix sans précédant et que le seul avantage de l'euro fort par rapport au dollar "faible" c'est que nous ne payons pas trop cher nos besoins énergétiques tandis que nous nous faisons rouler comme dans un bois en matière d'exportation par rapport à nos concurrents américains qui n'ont qu'à faire tourner la planche à billets verts ! Nous avions dans les années 50 un noyau européen fort : l'Europe des Six qu'il aurait fallu peaufiner avant de vouloir phagocyter l'ensemble du continent européen. Pourquoi ne pas avoir dès le début misé sur une Europe citoyenne et sociale avant d'en faire un "machin" commercial tantôt fédéral, tantôt confédéral, tantôt lâchement libre-échangiste voire les trois à la fois mais toujours de manière floue ? C'est au lendemain de la guerre qu'il eut fallu créer un véritable États-Unis d'Europe à Six (pour commencer) mais pour ce faire il eut fallu trouver une langue commune quitte à choisir l'esperanto pour tous et conserver les langues nationales pour chaque états constitutifs et règler en 1950 le sort d'un "non-état" appelé Belgique pour avoir d'emblée une Europe à Cinq (ou à Quatre sans l'état de pacotille qu'est le GDL). Une langue de travail commune et quatre langues culturelles subsistantes donc avant d'unifier les lois sociales, les différents codes civils, pénaux, etc., opter pour une monnaie unique, une citoyenneté unique, des représentants élus, ... Il aurait bien fallu 50 ans de "digestion" avant d'élargir ce noyau fort à d'autres états au compte-gouttes mais sans régimes temporaires ou spéciaux et je pense que nous n'en serions pas là. | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Sam 13 Mar 2010, 6:25 pm | |
| Stans, tu me poses une très intéressante question : l'€ était-il une monnaie nécessaire ? Fallait-il la faire ? Faut-il le maintenir ?
(Pour la bonne compréhension du message de François, voici la question que j'avais posée en MP à notre ami : CITATION " (...) l'euro était-il un si bonne idée mon cher François ? Sauf erreur de ma part, je me souviens que les Américains avaient proposé de créer une monnaie unique "dollar-euro-yen" mais chacun a préféré alors continuer à jouer dans son bac à sable. Cette monnaie-là aurait été invincible parce qu'axée comme le dollar sur la seule planche à billets selon les aléas du cours du baril de pétrole que les Américains paient en monnaie de singe virtuelle." - Stans)
En théorie économique, une monnaie n'est que l'expression d'une zone géopolitique homogène. L'équation théorique est simple 1 zone homogène = 1 monnaie. Par exemple : il y a la zone homogène du Japon et du Yen, de la Chine et du Yuan (aussi appelé je crois Riminbi), du dollar (qui comprend le Canada, les pays anglophones de Pacifique,) et des US. Entre ces zones l'équilibre s'établit par un taux de change flottant.
En fait il suffirait, pour notre monde actuel, de 4 grandes monnaies : le dollar, le Yen, le Yuan, et l'€
Sauf que l'€ règne sur une zone économique qui est déchirée par les déséquilibres structurels, déséquilibres qu'un pouvoir politique ne peut réduire puisqu'il n'existe pas.
Lorsqu'on a créé l'€, on a cru que l'Europe était une zone géopolitique homogène. On a pensé que les écarts dans les modes de gestion des états membres et de leurs finances publiques pourraient se rapprocher (d'où les fameuses règles des 3% pour le déficit courant et des 60% pour la dette) et on pensait même que la dynamique de l'€ allait y aider; ce en quoi on a commis une grave erreur. On a oublié que c'est l'union politique qui crée la monnaie et non l'inverse. Mais à l'époque le pari pouvait être pris. Tout le monde croyait à la croissance régulière, et donc à la convergence des économies, donc à l'union politique. Créer l'€, ce n'était en fait qu'anticiper de qq années l'inéluctable fusion politique des états nations. Fatale erreur d'avoir ainsi oublier l'enseignement du Général de Gaulle, qui lui avait bien compris qu'il fallait commencer par réaliser d'abord l'union politique (entre France et Allemagne) avant de penser à la monnaie unique.
La crise a fait voler tout cette belle théorie en éclat, et les disparités, les hétérogénéités économiques et politiques entre les états de la zone € apparaissent en pleine lumière. Et on sait désormais que l'€, non seulement ne les réduira pas, mais les accentuera.
Alors on peut bien rêver d'une gouvernance économique ou d'une union politique. Nous savons que ce sont des vœux pieux et c'est assez facile à démontrer. Il suffit de se poser la question suivante. Sommes-nous prêts, citoyens et contribuables du pays A à assurer la couverture des retraites du pays B, sans nécessairement obtenir de contrepartie ? Réponse évidente : NON. Donc ce n'est pas demain que la zone € disposera d'une gouvernance homogène, c'est-à-dire d'un gouvernement unique. Donc l'€, monnaie prématurée est actuellement une monnaie qui ne repose sur rien de tangible, sauf une BCE qui la porte à bout de bras, mais pour combien de temps encore ?
Faut-il le regretter ? Non, bien entendu. parce que cette réticence à créer l'union politique ds états européens n'est que l'expression du poids de l'histoire et de la réalité des nations. Tel est d'ailleurs l'enseignement de de Gaulle : les idéologies ne comptent pas et les solidarités ne peuvent s'exprimer qu'au sein des nations. Il faut donc revenir aux Nations et les regrouper selon des règles d'homogénéité, de convergence politique et d'intérêts réciproques.
Or, cette convergence politique n'existe plus en Europe. Français et Allemands sont parvenus au bout de leur logique de réconciliation et se considèrent désormais comme bons voisins mais pas plus. Les autres pays de l'Union sont aux prises avec de telles difficultés de nationalité (donc d'identité, n'en déplaise aux beaux esprits qui de gaussaient ou dénonçaient ce débat) qu'il est impensable de leur proposer des rapprochements politiques.
L'Union est faible, éclatée, tiraillée entre les tentations de s'en sortir seul. Faut-il le regretter ? A quoi cela servirait-il. Il faut acter ce fait et en tirer les conséquences. La première conséquence est que la zone € n'étant pas homogène, il n'y a pas lieu qu'elle puisse disposer d'un monnaie unique. Et on peut faire confiance aux 50 hedge funds qui font la loi de la spéculation pour en tirer les conséquences et jouer l'€ à la baisse (ainsi que le £). Ce n'est ni la faute à Nicolas,; ni celle d'Angela. C'est le résultat de la libéralisation totale des marchés financiers et de l'abattement des frontières.
Qu'est ce qui va se passer ? Je pense que les premières attaques vont s'adresser au sterling qui est une monnaie annexe de l'€, dont la base économique est encore plus hétérogène que celle de l'€. La buba va bien essayer de défendre l'€ durant un temps. mais je pense que si les défaillances de dettes souveraines en zone € se multiplient, elle préfèrera se couper une main (à savoir sortir de l'€ et recréer le mark), plûtot que d'y laisser le bras (l'explosion de la dette publique allemande). Le signal sera les taux offerts sur les bunds à 10 ans. Il sont actuellement à 3,167%. S'ils devaient atteindre 3,50%, on aura peut-être des surprises. La sortie de la Buba va entraîner immédiatement la sortie des PB. Resteront la France et les autres. | |
| | | Ti' Breton Membre d'honneur
Nombre de messages : 1314 Age : 63 Localisation : Antibes Langue : Français Emploi/loisirs : Patrimoine culturel Date d'inscription : 06/12/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Lun 15 Mar 2010, 2:28 pm | |
| Comme d'habitude, brillantissime exposé...Et qui n'est pas sans me remplir de joie, moi le Gaulliste social fossilisé perdu dans une UMP à la dérive. La première phrase de François est déjà le résumé de l'ensemble de son oeuvre : point de zone géopolitique homogène, point de monnaie unique viable. Effectivement, la fausse bonne santé de l'euro (et qui nous coûte assez cher économiquement parlant) n'est qu'un artifice voulu par la BCE. Comme souvent dans notre société occidentale, le toit a été posé alors que les fondations étaient inexistantes ou de sable. Plutôt que d'envisager une Europe économique fallait-il en premier lieu en définir une culturelle et sociale. C'est là un nauffrage irréparable et le conglomérat idéologique et culturel qui prévaut dans ce "machin" (tel aurait pu le citer De Gaulle) n'est que le constat d'un projet qui s'est, au fur et à mesure de son développement gargantuesque, délité de son sens premier. Il y a eu faute ou partage de faute, et cette évidence est d'autant plus incompréhensible pour le modeste citoyen que je suis que nulle part dans l'actualité internationale une telle boulimie, une telle précipitation ne se justifiait. François relève à juste titre que c'est l'union politique qui crèe la monnaie et non l'inverse, avant que la dite monnaie au demeurant ne prenne le relais pour s'imposer aux forces du pouvoir. Hélas rien n'a été pensé comme tel et l'UE s'est lancé dans un schéma fédéral (c'est une évidence) niant l'identité propre des nations dont les intérêts individuels furent sacrifiés sur l'autel d'un soit disant intérêt collectif. L'Euro n'était pas mort né, mais il a été achevé une fois sorti du ventre de sa mère... La crise n'est que que le miroir déformant de notre société et de seS déviances, un peu comme la pollution sur le réchauffement de la planète et ses conséquences funestes. Une faute disais-je, une grave erreur qui était, et je ne partage pas l'avis de François semble t-il sur ce point, très largement prévisible en amont. L'éclatement du bloc soviétique et le déséquilibre financier des états de l'Atlantique à l'Oural était tel qu'il me semblait impossible d'envisager un nivellement "par le haut" et un rééquilibrage des finances européennes. Les pays intégrés l'ont été sans grand contrôle quant à leur stabilité politique et économique, et aujourd'hui l'on constate avec une certaine morgue l'état désastreux de nos voisins grecs, portugais, islandais, espagnols...Alors que nos dirigeants sont tous coupables. Les peuples ont été écartés du débat -comme d'habitude pourrait-on écrire - les nations ont été bafouées dans leur intégrité, dans leurs spécificités, dans leur identité. L'on n'a pas été capable de s'apercevoir que dans cette grande vasque européenne, les intérêts et modes de pensées étaient diamétralement opposés selon les états, et c'est avec ce melting pot que l'on a osé lancerune monnaie unique... L'approche du Général De Gaulle s'arrête là cependant à mes yeux et je ne suis pas persuadé que son constat aujourd'hui l'aurait conduit aux mêmes conclusions...Les menaces ont évoluées avec le sens de l'Histoire. La convergence de vues en Europe a disparu au delà de l'Europe des douze (et je suis déjà large d'esprit); elle est irréversible. Effectivement, chacun semble au moins avoir compris qu'une baisse de l'euro serait un moindre mal mais, une fois encore, dans ce jeu d'échecs géopolitique, nous jouons avec un coup de retard, et nous n'anticipons rien. Pas de la faute à Nicolas ni à Angela ? Mais depuis quand l'ultra libéralisme fait-il du sentimentalisme économique ? Comment les kyrielles de spécialistes économiques n'ont-ils pas senti les dérives d'un système qui condamnait l'Europe et son chaos économique et structurel ? L'abattement des frontières ? L'ultra protectionnisme américain et Chinois ? Mais comment ont-ils pu négliger de tels aspects ? Je ne pense pas que l'euro soit mort, nos dirigeants me semblant travailler à trop courte vue pour que chacun ne reprenne ses billes avant que nos pays n'aient bu le calice jusqu'à la lie... | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 16 Mar 2010, 12:41 am | |
| Merci cher Ti Breton; mais je pense que vous exagérez ma performance. C'est finalement assez facile d'y voir clair. Il suffit de se souvenir de l'enseignement du Général de Gaulle. Je suis aujourd'hui gaulliste convaincu. On ne choisit pas d'être gaulliste, on le devient par la réflexion sans passion et par raison. Je ne suis pas à l'UMP, cependant, car je n'y vois que très peu de démarches gaullistes véritables. J'ai milité longtemps, pendant 30 ans, au parti socialiste auquel j'ai adhéré par émotion en 1965 (pour le quitter définitivement en 1995). Comment un jeune homme épris de justice sociale ne pourrait-il pas épouser les thèses du PS (vous noterez que je n'ai pas écrit les thèses "socialistes") ? Mittérand a été mon idole. J'ai fait les campagnes de Frêche (les premières du moins. Il avait 3 ans de plus que moi), pour ensuite le bannir définitivement de mon horizon politique lorsqu'il a sollicité son 3ème mandat. La Rue Solférino s'est écrasée devant l'Ogre du Languedoc de peur de perdre l'argent de la fédération dont 60% sont des employés municipaux encartés.
Je ne regrette bien entendu rien de cette époque. J'étais jeune. Mais que d'égarements, que de cécité ! que de belles phrases vides de toute réalité. Il est faux de dire que le progrès social est synonyme d'idéologie socialiste. C'est une grande erreur de croire cela. Le progrès social n'est pas qu'une question de transferts financiers. Il est aussi fondé sur la marche de la conscience morale collective qui soude les membres et les citoyens de la nation
Que nous apprend de Gaulle ? que les nations sont les noyaux stables de toute politique. Pas les idéologies. Que pour fortifier les nations il vaut mieux consolider le contrat social interieur plutôt que de miser sur d'hypothétiques solidarités intersociales avec l'étranger et encore moins sur des relations de domination sur d'autres peuples. Renforcer le contrat social par la négociation et pour ce qui est des relations internationales, tisser des liens d'état à état fondés sur des intérêts communs et équilibrés. Voilà l'enseignement essentiel de de Gaulle. J'y ajouterai aussi ceux de Clémenceau et de Richelieu. Clémenceau pour le courage et ne jamais, jamais s'avouer vaincu. Richelieu, parce qu'il nous apprend que lorsqu'on est faible, on peut néanmoins gagner en se servant des erreurs des autres.
Les intérêts géostratégiques de la France sont finalement inchangés depuis Richelieu. | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 16 Mar 2010, 11:03 am | |
| Le socialisme que tu nous décris là mon cher François ne s'apparente-t-il pas plutôt à la social-démocratie allemande ou au travaillisme anglais qui privilégie ce qui est bon pour l'Allemagne ou pour la Grande-Bretagne au détriment d'une vague idéologie socialiste marxisante dont on connait les limites actuelles ? D'ailleurs peut-on affirmer que feu MITTERRAND était un idéologue socialiste (tout comme FRÊCHE) ? Ce qui est bon pour la Nation ne relève-t-il pas du pragmatisme qu'il soit de gauche ou de droite ? Selon moi les grands pragmatiques qui firent la France sont Henri IV ("Paris vaut bien une messe"), RICHELIEU, MAZARIN, Louis XIV ("l'État c'est moi"), Napoléon Ier (gardien de la Révolution sans ses excès), DE GAULLE et MITTERRAND.
Dernière édition par Stans le Mar 16 Mar 2010, 12:03 pm, édité 1 fois | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 16 Mar 2010, 12:01 pm | |
| Stans, je ne pense pas que l'on puisse dire que le gaullisme ce soit la social-démocratie. De Gaule n'aurait jamais rendu au marché l'immensité qu'a rendu Mitterand. De Gaulle a construit l'état. Mitterand l'a déconstruit. Plus opportuniste que moi, tu meurs ! Le gaullisme c'est plutôt le contrat social durement négocié,mais honnêtement appliqué au sein de la nation maîtresse de sondestin Mitterand, c'est le destin de la nation France remis entre les mains des commissaires bruxellois. La social démocratie c'est le consensus mou, le premier à voler en éclat, car fondé sur l'idée fausse de la perpétuelle prospérité. | |
| | | fde Concepteur
Nombre de messages : 429 Age : 53 Localisation : Ile de France Langue : Français Emploi/loisirs : Enseignant Date d'inscription : 23/09/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 16 Mar 2010, 12:30 pm | |
| - François Barberis a écrit:
- De Gaule n'aurait jamais rendu au marché l'immensité qu'a rendu Mitterand. De Gaulle a construit l'état. Mitterand l'a déconstruit. Plus opportuniste que moi, tu meurs !
Certes, mais cette déconstruction avait déjà commencé. Petite question au passage: y a-t-il eu beaucoup de grands projets technologiques fondateurs initiés après De Gaulle? | |
| | | Ti' Breton Membre d'honneur
Nombre de messages : 1314 Age : 63 Localisation : Antibes Langue : Français Emploi/loisirs : Patrimoine culturel Date d'inscription : 06/12/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 16 Mar 2010, 12:59 pm | |
| Je rejoins tout à fait François. Le Gaullisme n'avait pas cet aspect "ventre-mou consensuel" de la sociale démocratie ; Il s'agissait au contraire de porter et surtout préparer le terrain pour une politique de modernisation qui devait juguler le grand capital et en freiner ses excès pour ne pas à la fois déborder le pouvoir de l'Etat mais également se faire au détriment des Français. Seule la France comptait. Pragmatique le Général ? Il n'en n'était pas encore là... Quant aux grand apports technologiques, oserai-je avancer que le Général n'était pas "là pour ça" prioritairement. Il s'agissait de stabiliser et donner sa pleine mesure à l'Etat avec un grand "E". Sans aucun doute plus social que socialiste et moins à droite culturellement parlant que François Mitterand, Le Général a construit le socle intérieur et international d'une France qui, avec de vrais présidents à la suite, avait tous les moyens de prospérer sans se soucier de ses dérives constitutionnelles.(J'excepte le malheureux Pompidou qui n'a pas eu le temps de moderniser la France) Le Général, mais la période historique s'y prêtait sans doute, a été un bâtisseur là où ses suivants n'ont été que de piteux gestionnaires sans grandeur d'âme ni de vue... La France de De Gaulle avait une "autre gueule" que celle du nain squatter de l'hôtel de la Pompadour, il avait une idée des Français et de son pays à la hauteur de l'Histoire, ce qui manque à nos dirigeants aujourd'hui. Il aimait le peuple en général et l'homme en particulier, en ce qu'il représentait une parcelle de la nation, la seule entité envisageablement crédible pour cet homme d'Etat. | |
| | | fde Concepteur
Nombre de messages : 429 Age : 53 Localisation : Ile de France Langue : Français Emploi/loisirs : Enseignant Date d'inscription : 23/09/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 16 Mar 2010, 1:11 pm | |
| - Ti' Breton a écrit:
Quant aux grand apports technologiques, oserai-je avancer que le Général n'était pas "là pour ça" prioritairement. Il s'agissait de stabiliser et donner sa pleine mesure à l'Etat avec un grand "E". Sans aucun doute plus social que socialiste et moins à droite culturellement parlant que François Mitterand, Le Général a construit le socle intérieur et international d'une France qui, avec de vrais présidents à la suite, avait tous les moyens de prospérer sans se soucier de ses dérives constitutionnelles.(J'excepte le malheureux Pompidou qui n'a pas eu le temps de moderniser la France)
Certes, j'admets revenir souvent sur ces questions technologiques (sans doute lié à mon vécu), mais si le Général n'était pas là pour ça, cela faisait incontestablement parti des apports de sa modernisation du pays. Et cela fait partie des aspects très importants. De là découlent de grands secteurs: - nucléaire - énergie - armement - aéronautique - transport (TGV) ... Depuis lors, nous avons raté le coche des technologies de l'information, peut-être raterons nous le coche des nanotechnologies... Technologiquement parlant, nous vivons sur de l'acquis... | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 16 Mar 2010, 2:35 pm | |
| Il faudrait ajouter à cette liste le secteur pharmaceutique pourtant très prometteur. | |
| | | Ti' Breton Membre d'honneur
Nombre de messages : 1314 Age : 63 Localisation : Antibes Langue : Français Emploi/loisirs : Patrimoine culturel Date d'inscription : 06/12/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 16 Mar 2010, 3:34 pm | |
| ...Surtout depuis que Roselyne Bachelot s'occupe de vacciner la France entière et les colonies ! | |
| | | fde Concepteur
Nombre de messages : 429 Age : 53 Localisation : Ile de France Langue : Français Emploi/loisirs : Enseignant Date d'inscription : 23/09/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 16 Mar 2010, 3:43 pm | |
| - Ti' Breton a écrit:
- ...Surtout depuis que Roselyne Bachelot s'occupe de vacciner la France entière et les colonies !
Dont la Bretagne! | |
| | | fde Concepteur
Nombre de messages : 429 Age : 53 Localisation : Ile de France Langue : Français Emploi/loisirs : Enseignant Date d'inscription : 23/09/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 16 Mar 2010, 3:49 pm | |
| - Stans a écrit:
- le secteur pharmaceutique pourtant très prometteur.
Oui, mais sera-t-il français? | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 16 Mar 2010, 3:55 pm | |
| - fde a écrit:
- Stans a écrit:
- le secteur pharmaceutique pourtant très prometteur.
Oui, mais sera-t-il français? Là est mon propos : il devrait l'être ! | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mer 17 Mar 2010, 8:15 am | |
| Un texte bien intéressant que je découvre sur un site que je consulte régulièrement et qui semble confirmer la thèse de la fin de l'€, la fin du rapprochement France-Allemagne et une crise dans la construction européenne.
Dernière édition par Stans le Mer 17 Mar 2010, 8:53 am, édité 1 fois (Raison : J'ai encapsulé le lien de François pour en permettre une lecture plus aisée. Stans) | |
| | | Ti' Breton Membre d'honneur
Nombre de messages : 1314 Age : 63 Localisation : Antibes Langue : Français Emploi/loisirs : Patrimoine culturel Date d'inscription : 06/12/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mer 17 Mar 2010, 8:42 am | |
| Remarquable analyse effectivement, pas nouvelle pour qui lit de temps en temps le presse spécialisée, mais qui éclate au grand jour avec l'intervention remarquée de Christine Lagarde. Nous en revenons au principe basique de l'Europe des nations et de ses protectionnismes individuels qui n'ont jamais été pensés lors de la construction d'une Europe soit disant unifiée. Les vieux démons reprennet le dessus et, sans base politique, point d'économie fiable. La morale dans cette histoire est, un peu à l'instar de la crise des sub primes aux États-Unis d'Amérique, les profiteurs vont souffrir très rapidement de leurs errements, après avoir malheureusement ruiné les plus faibles... | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mer 17 Mar 2010, 9:02 am | |
| Source : http://horizons.typepad.fr/accueil/2009/10/jacques-sapir-dmocrate-donc-souverainiste.html Pour continuer à alimenter le débat, poursuivons avec le lien renvoyant à l'interview de Jacques SAPIR dont voici le texte. 12 octobre 2009 Jacques Sapir : "Je suis démocrate donc souverainiste"Après son texte “un an après” où il faisait sauter le tabou du protectionnisme national, puis son débat avec Benoit Hamon dans Marianne2 où il était question de l’hypothèse d’une sortie de 'l’Euro, il me fallait interroger Jacques Sapir pour l’inviter développer sa pensée un peu plus loin. Je lui ai posé sept questions, techniques ou politiques, sur sa conception de l’alternative et des moyens de sa mise en oeuvre. Il a répondu en détails à toutes. Jamais, je crois, le chemin de sortie du carcan néolibéral n’avait été décrit avec une telle précision. Les six pages de texte qui suivent vous feront voir l’avenir de notre pays autrement. Depuis plusieurs années, le protectionnisme a été défendu pour une mise en œuvre à l’échelle communautaire. Pourtant, dans un texte récent « Un an après » vous laissez la porte ouverte à un protectionnisme national. Dans l’idéal et d’un point de vue purement technique, quel serait le périmètre optimal pour une politique néo-protectionniste ?Il est clair que, techniquement, plus grande et plus homogène est la zone qui se protège et meilleur en est l’effet. De ce point de vue, une zone qui correspondrait au noyau initial de la CEE me semblerait optimal. On pourrait sans doute y ajouter la Suède et le Danemark. Mais, nous sommes confrontés à deux problèmes : - Tout d’abord le démantèlement d’une partie de la protection sociale tel qu’il est organisé en Allemagne par les lois qu’a fait voter le chancelier Schröder et que Mme Merkel n’aura de cesse de renforcer dans son alliance avec les Libéraux. De fait, l’Allemagne se met en position de concurrence sociale par rapport aux autres pays du « noyau » historique. - Ensuite, les oppositions au néo-protectionnisme risquent d’être virulentes en Allemagne et aux Pays-Bas. C’est pourquoi le périmètre réaliste sera probablement – du moins pour une période initiale – plus faible que le périmètre « optimal ». On peut penser qu’une alliance France-Italie-Belgique pourrait constituer une bonne base de départ. Cependant, on ne doit pas exclure une solution purement nationale. Dans la situation actuelle, tout est préférable au statu-quo. Néanmoins, il faut comprendre qu’une telle solution nationale serait appelée à s’élargir rapidement. Notons que si les autres pays réagissent à la démarche protectionniste de l’un d’entre eux en mettant, à leur tour, des barrières protectionnistes on aura beau jeu de leur dire « pourquoi pas tous ensemble ? ». Ce qui me fait penser que tenter le saut du protectionnisme ne serait-ce qu’au simple niveau de la France ne présente aucun risque. Soit les autres pays ne réagissent pas, et dans ce cas nous rétablissons assez vite notre balance commerciale, soit ils réagissent et dans ce cas, comme ils auront aussi fais sauter le tabou qui pesait sur des mesures protectionnistes nous serons dans une excellente position pour négocier avec eux des mesures communes. Le véritable problème est celui du tabou qui pèse aujourd’hui sur le protectionnisme. Qu’il saute et d’une certaine manière nous avons gagné. Patrick Artus dans son dernier Essai « Est-il trop tard pour sauver l’Amérique » affirme qu’une politique protectionniste ne pourra pas conduire à une réindustrialisation. Pour lui, les activités industrielles qui se sont délocalisées ne reviendront pas (au nom d’un argument non développé lié à l’élasticité-prix) La réindustrialisation ne pourra se faire qu’avec des nouvelles industries. Qu’en pensez vous ? Peut-on réellement fixer comme objectif à une politique protectionniste de renforcer la base productive de la zone protégée ? La question des élasticités-prix est effectivement une question décisive. Si la contraction de nos importations est faible (élasticité proche de zéro) il nous faut une élasticité de nos exportations qui soit très supérieure à 1. Dans le cas des Etats-Unis il est clair que le processus de désindustrialisation est allé très loin. Il faudrait donc des mesures réellement draconiennes pour inverser cette tendance. Ceci milite pour des mesures protectionnistes (ou une dévaluation, ou les deux) qui soient très importantes. Il faut que la baisse du prix de nos produits l’emporte de loin sur tout « effet qualité » et qu’inversement, la hausse des produits importés soit telle qu’elle enclenche une réelle contraction des volumes et le développement d’industries de substitution. Concrètement, il faut combiner des mesures protectionnistes ciblées et de grande ampleur avec une dévaluation d’au moins 20%. Il faut ajouter, et je pense que c’est évident, que de telles mesures ne sauraient remplacer une politique industrielle. Le protectionnisme est la condition nécessaire à une telle politique, mais non la condition suffisante. Très souvent on a le sentiment que le protectionnisme à lui seul pourrait suffire. C’est faux à l’évidence dans la plupart des cas. Mais, dire qu’il ne pourrait suffire ne permet pas de l’exclure car une politique industrielle sans protectionnisme est aussi, et là à coup sûr, condamnée à l’échec. Il faut comprendre que, dans la conjoncture actuelle, quand Gréau ou moi parlons du protectionnisme c’est bien aussi la politique industrielle que nous avons en tête. Mais, aujourd’hui, et je le répète, il faut faire tomber le tabou qui pèse sur le protectionnisme. En fait, pour ma part, je considère le protectionnisme comme l’élément déclencheur mais ne résumant point toute une politique de ré-industrialisation et dans laquelle j’inclus la constitution d’un pole public du crédit ainsi que la participation de l’État ainsi que des collectivités territoriales à certaines activités. Dans votre dernier texte sur la dette publique, vous préconisez un retour au franc afin de faire face à la surévaluation de l’Euro et pouvoir renouer avec la dévaluation, ce qui dîtes-vous, pourrait rendre inutile la mise en œuvre de politiques protectionnistes. Cependant, la dévaluation compétitive est une stratégie que tous les pays recherchent actuellement afin de compenser une demande intérieure atone par un surcroît de compétitivité à l’export et ainsi pouvoir accrocher leur croissance à la « demande extérieure ». Cette stratégie n’est-elle pas vouée à l’échec si tous les pays la pratiquent ? Du point de vue de la stimulation de la demande globale, quelle solution est-elle préférable : une dévaluation monétaire ou une monnaie plus forte associée à des protections commerciales? Il est très clair que les stratégies de croissance qui cherchent aujourd’hui à s’arrimer sur une « demande extérieure » sont vouées à l’échec. Ne serait-ce que pour une simple question de logique. Si tout le monde comprime sa demande intérieure pour aller chercher dans la demande externe les sources de sa propre croissance, on voit bien qu’au final nous aurons une baisse importante de la demande agrégée à l’échelle internationale. Des économies de relativement petite taille peuvent espérer s’arrimer à la croissance d’un « grand pays ». Mais, aujourd’hui, nous voyons bien dans le cas de la Chine qu’une telle politique touche à ses limites. En fait, dans le cas chinois, la politique de prédation n’a été qu’un raccourci pour atteindre le niveau technique qui permettra à la Chine de se retourner sur son propre marché intérieur. La croissance, partout et toujours, est liée à une croissance de la demande intérieure. Celle-ci peut être individuelle ou bien collective, et cette question est ouvertement posée aujourd’hui où l’on voit bien que certaines consommations individuelles ont, elles aussi, atteintes leurs limites. Cependant, dans le cas de la France il nous faut aujourd’hui combiner une dévaluation et des mesures protectionnistes pour pouvoir nous donner la marge de manœuvre nécessaire en raison de l’avantage acquis par l’Allemagne entre 2001 et 2005 quand cette dernière a transféré sur les ménages une partie des charges portant sur les entreprises. C’est ce que l’on a appelé dans le débat français la « TVA Sociale ». C’est une mesure typique d’une politique d’expansion par la demande extérieure, car on réduit sa propre demande tout en rendant ses entreprises plus concurrentielles. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, je me suis opposé à la TVA sociale en France. Les mesures structurelles que j’ai mentionnées, pole public du crédit, intervention de l’État, politique industrielle, ne sauraient cependant être immédiatement efficaces. Elles ont besoin d’un certain délai pour faire sentir leurs effets. La relance par la demande et par la substitution de l’offre intérieure à l’offre extérieure permet alors de gagner du temps. Elles vont enclencher le processus de relance avant que les mesures structurelles e viennent les relayer, puis les remplacer. D’une certaine manière, ces politiques seraient bien plus efficaces si elles étaient mises en œuvre de manière coordonnées. Ici encore on retombe sur le dilemme entre le cadre d’action « optimal » et le cadre d’action « réaliste ». Mais, dire que ces politiques seraient plus efficaces à plusieurs ne signifie pas qu’elles seraient sans efficacité si elles étaient mises en place au niveau de la France seule. Bien au contraire. Plus fondamentalement, nous devons faire basculer notre structure de consommation vers des biens qui sont plus collectifs. Une stratégie à 5 ou 7 pays de développement coordonné des biens publics et du transport serait certainement plus efficace. Cependant, et j’insiste sur ce point, il y a des marges de croissance à exploiter même dans une politique menée à l’échelle de la France. Si nous pouvions cependant nous mettre d’accord rapidement avec certains de nos voisins, en particulier, nous pourrions certainement réduire l’ampleur de la dévaluation initiale. Cependant cette dernière, en raison de la politique sociale de l’Allemagne, est inévitable. Votre texte « un an après » se conclut par un appel au rassemblement dans le cadre de l’élection présidentielle de 2012 sur la base d’un programme de rupture. A quel type de rassemblement pensiez-vous ? Un rassemblement politique au-delà des clivages traditionnels, un rassemblement d’intellectuels pour construire ce programme ou à l’émergence d’un nouveau mouvement citoyen ?Tout rassemblement de citoyens et d’intellectuels doit déboucher sur un rassemblement politique ou se condamne à l’impuissance. Celui que j’appelle de mes vœux ira de l’extrême gauche jusqu’aux néo-gaullistes qui partagent nombre de ces idées. Elle exclura cependant une fraction du PS qui me semble engagée dans la dérive des « néo-socialistes » de Marcel Déat dont l’article « Mourir pour Dantzig ? » trouve un étrange écho dans certaines affirmations néo-libérales et prises de positions pour le libre-échange. Il s’exprime une véritable haine de la Nation et de la Démocratie dans ce courant et dans ces pratiques quotidiennes. Cependant, une telle alliance implique un programme clair et des dirigeants qui sachent faire taire leur sectarisme. En tant que citoyens nous pouvons, dans différents clubs, contribuer à ce programme. Nous pouvons aussi faire en sorte que les sectarismes se désarment et que les préventions contre « l’autre » ne soient pas irrémédiables. Mais, il ne faut pas se cacher qu’il y a et qu’il y aura du travail… L’un des arguments les plus souvent opposés aux thèses néo-keynésiennes ou protectionnistes vient de la nouvelle écologie radicale, dont les thèses sont actuellement en vogue, pour laquelle la crise est en premier lieu écologique. Ils affirment que l’épuisement en cours des ressources naturelles est incompatible avec toute idée de relance par la consommation. Que leur répondre ? La dimension de crise par épuisement des ressources naturelles est incontestable. Dans le même temps, la financiarisation des marchés de matières premières explique dans une large mesure leur instabilité. Je suis parfaitement conscient que ce n’est pas à une simple relance de la consommation que nous devons procéder mais bien à un basculement vers des consommations à la fois plus collectives et plus économes en matières premières et en CO2. Mais, comment appliquer de telles mesures quand : - Les prix de l’énergie varient en quelques mois de 4 à 1 (de 147 USD le baril à 37 USD) ? - Certains pays, et non des moindres, refusent d’appliquer un accord international comme le protocole de Kyoto ? - L’Europe soumet les infrastructures (dans la distribution de l’énergie, dans les transports) à la logique de la concurrence et du découplage ( unbundling) ce qui empêche des grandes politiques publiques ? On voit bien que pour qu’une véritable politique fondée sur la taxe carbone puisse se mettre en place, il faut que les prix de l’énergie soient stables et régulièrement croissants. Pour ces derniers, si nous avions 5 contrats au futur pour un contrat réellement exécuté en 1997, nous en avons 20 pour 1 aujourd’hui. Les marchés des matières premières, et pas seulement le pétrole mais aussi les produits agricoles, sont devenus des « marchés financiers ». Il faudra bien que l’on s’entende avec les pays producteurs pour sortir ces produits de la logique de la financiarisation et pour en réguler les prix. Pour qu’une véritable politique des transports se mette en place, il nous faudra révoquer les directives européennes sur les transports ferroviaires et sur l’énergie. Comment taxer nos entreprises si celles des pays voisins ne le sont pas ? Il faut rappeler que la Suède, que tout le mode se plait à citer en exemple, n’applique pas la taxe carbone à ses principales industries. Or ces dernières sont largement plus polluantes que la consommation des ménages…Veut-on imiter la Suède ? Mais alors quelle sera l’efficacité de cette politique ? Enfin, sur l’énergie, la politique actuelle a déjà provoqué des désastres (en Californie et en Italie) et elle nous conduit à surpayer l’électricité « privée » issue des parcs d’éolienne. On a ici soumis ce qui devrait être du niveau du long terme à la logique du marché, soit celle du court terme. Il nous faudra ici aussi révoquer ces directives stupides et reconstituer des monopoles nationaux qui sont les seules entités réellement capables de penser dans le long terme (25 ans) une politique de l’énergie. L’Europe « verte » est un leurre, au même titre que l’Europe « sociale ». Les écologistes commencent à le comprendre. Lors des manifestations des producteurs de lait à Bruxelles, on a vu José Bové mais pas Daniel Cohn-Bendit. Cette alliance entre les deux courants est purement conjoncturelle. Elle est de plus contre nature (et contre la nature). En réalité, c’est bien un Keynésianisme « vert » que j’appelle de mes vœux, mais il faut comprendre qu’il ne se fera pas dans le cadre du libre-échange, de la libre circulation des capitaux, et qu’il impliquera un réinvestissement par l’État de nombre de secteurs dont il s’est retiré. Les thèses que vous défendez sont au service d’un idéal de gauche (transformer le capitalisme, assurer une répartition plus juste des revenus, desserrer les contraintes actionnariale et concurrentielles qui pèsent sur le salarié…) D’un autre coté, elles mettent en avant des solutions plutôt classées à droite comme le retour à la nation ou l’exigence de souveraineté. Cette ambivalence peut expliquer pourquoi ces thèses ont tant de mal à percer dans le débat public. Aujourd’hui, le discours de souveraineté nationale est surtout porté par l’extrême droite avec des relents identitaires, et le discours de contestation de l’ordre néolibéral n’est porté que par l’extrême gauche mais celle-ci reste attachée à son internationalisme, ce qui rend la contestation stérile. Peut-être que ces idées seraient plus lisibles dans le débat public si elles pouvaient être résumée par un vocable simple et identifié. Quelle appellation proposeriez-vous ? Je suis profondément persuadé que la souveraineté est une valeur de gauche et non de droite. Tout d’abord parce qu’elle est essentielle à la démocratie. On peut avoir la souveraineté sans la démocratie, mais on a JAMAIS eu la démocratie sans la souveraineté. La démocratie implique la souveraineté car il faut bien préciser qui est responsable de quoi. Je constate que la gauche fut par ailleurs autrefois très attachée à la Nation. Je constate aussi que la gauche et l’extrême gauche se retrouvent sur les positions de « souveraineté alimentaire ». Mais qu’est-ce que la souveraineté alimentaire, si ce n’est un élément d’un tout global que l’on nomme souveraineté ? La question de l’internationalisme de l’extrême gauche me semble relever du faux problème. L’internationalisme consiste à reconnaître que, par delà les frontières, nous partageons avec « l’autre » les mêmes problèmes. Ce constat est vrai et j’y suis très attaché. Mais dire que l’on partage les mêmes problèmes ne signifie pas que l’on peut élaborer ensemble des solutions nécessairement communes. Les cadres politiques, les institutions, sont des créations de l’histoire et elles spécifient les espaces nationaux comme des espaces politiques particuliers. Ce sont dans ces espaces politiques particuliers qu’il nous faut trouver des solutions. Guizot, qui fut un grand historien au début du XIXème siècle (et par ailleurs Ministre de Louis-Philippe) écrivait que la « lutte des classes » était la source des institutions de l’Europe. On connaît la formule, elle fut reprise par Marx. Mais, ce que Guizot ajoutait, c’est que cette lutte des classes avait besoin d’espaces de souveraineté. Le passage de la ville à l’État-Nation a permis ainsi d’ouvrir des espaces plus considérables à ce processus, et nous en avons tous bénéficié. John Commons, l’un des pères du courant institutionnaliste américain, souligne lui aussi ce que les institutions doivent à ce qu’il appelle la « conflictualité sociale » soit la lutte des classes. Il souligne que le processus d’extension des institutions, qui le fait passer du niveau local au niveau national est un processus indispensable. Alors, pourquoi ne peut-on avoir un processus identique au niveau européen et au niveau mondial ? Et bien, et tout simplement, parce que ce mouvement d’extension des institutions du local au national a été dans le même temps le processus de constitution historique des États, qui leur a donné leur singularité propre. Et c’est pourquoi, aujourd’hui, le projet fédéraliste bute sur cette singularité. Il ne peut que la nier, mais ce faisant, et nous avons assez d’exemples à ce sujet, il nie la démocratie. Le fédéralisme aujourd’hui, en Europe, ne peut être qu’un projet anti-démocratique. Ce n’est pas un hasard si Hayek, quand il bascule vers la fin des années 1960 dans le conservatisme (qui n’était pas sa position initiale) se fait l’apôtre de règles conçues hors de toute démocratie et in fine de nature divine, justement pour tenter de limiter le mouvement des institutions qu’implique la lutte des classes. Le libre-échange, parce qu’il met les travailleurs en concurrence pour le plus grand profit des patrons, nie à dessein cette construction historique des institutions dans un cadre national. Il est le contraire en réalité de l’internationalisme. La formule de Jaurès « un peu d’internationalisme éloigne de la Nation ; beaucoup y ramène » doit se comprendre comme la tension nécessaire qui existe entre la communauté des problèmes par-delà les frontières et le fait que des solutions ne peuvent être trouvées à ces mêmes problèmes que dans le cadre des espaces politiques que sont les Nations. Il faut ensuite trouver des cadres de coordination ou de négociation entre les Nations, mais le niveau du national reste le niveau principal. La construction de cadres légaux au-delà des Nations, et donc au-delà du contrôle démocratique qui s’exprime en leur sein, a toujours signifié une régression sociale et politique. Aujourd’hui, le projet européen avance à la même vitesse que le démantèlement de la démocratie non seulement en Europe mais dans chacun des pays membres. Pour répondre à la question que vous posez, je dirai que je suis un démocrate au sens le plus profond du terme et donc un souverainiste, même si je conçois qu’il soit des souverainistes qui ne sont pas des démocrates. Benoit Hamon a répondu à lettre ouverte que vous lui avez adressée en affirmant que l’Euro permettrait aujourd’hui une relance par une stimulation de la demande (consommation et investissement) sans qu’il soit nécessaire de dévaluer comme au moment de la relance de 1981. Que lui répondez-vous ? Je dois d’abord dire que sur un certain nombre de points nous sommes en accord Benoît Hamon et moi. Ceci vaut pour les politiques industrielles (point que l’on a tendance à oublier), sur le protectionnisme et, bien entendu, sur les politiques sociales. Là où nous divergeons est la question de savoir ce qui est compatible avec l’Union Européenne et la zone Euro et ce qui ne l’est pas. Aujourd’hui, une politique de double relance – dont je ne conteste pas la nécessité, bien au contraire – va se heurter aux règles de la zone Euro, comme le Pacte de Stabilité et le financement du déficit public, mais aussi à l’Euro lui-même à travers sa surévaluation. Il faut savoir que toute surévaluation de l’Euro de 10% à partir du niveau de 1,15 Dollar pour un Euro est l’équivalent d’une hausse de 1% des taux d’intérêt. Nous sommes actuellement à 1,47 USD, soit une hausse de 27%. Le taux « réel » de la BCE n’est donc pas de 1% (ce qui est déjà élevé face au 0,25% de la Réserve Fédérale) mais de 3,7%. C’est ce taux réel qu’il convient de comparer au taux de la Réserve Fédérale, ou de la Banque du Japon (0,10%), et l’on voit que cela fait une différence TRÈS significative. Dans ces conditions, la question qui se pose est : avons-nous la capacité d’imposer à la BCE et à nos partenaires une réforme de la gestion de la zone Euro dans un délai relativement court incluant des mesures qui seraient à même de faire baisser le cours de l’Euro face au Dollar. Si on pense que oui, il faut dans ces conditions rester dans l’Euro. Mais, une telle solution peut aussi apparaître comme irréaliste, et je pense que tout le monde en conviendra. Dans ces conditions, seule une sortie de la zone Euro nous permettra de retrouver les marges de manœuvre nécessaire pour la double politique de relance que suggère Benoît Hamon. Il faut ici préciser que cela ne servirait à rien de sortir de la zone Euro si cela devait être pour continuer la même politique. L’intérêt d’une sortie de l’Euro est justement de mener une politique réellement différente, avec la combinaison de politiques industrielles et de politique des revenus que j’ai suggéré auparavant, mais aussi des contrôles de capitaux et un financement d’une partie de la dette publique par la Banque Centrale. Notons ici que l’Euro ne nous a protégé, en en partie seulement, de la tempête monétaire que parce que nous sommes en convertibilité de compte de capital ( Capital-Account convertibility). Si nous ré-instituons des contrôles sur les capitaux et sur les changes, une politique qui fut menée dans les années 1950 à 1970 avec succès comme en témoigne notre rythme de croissance de l’époque qui était supérieur à celui de l’Allemagne, notre monnaie ne connaîtrait aucun risque. Nous serions alors en mesure de déterminer notre taux d’intérêt sans avoir à tenir compte du taux d’intérêt allemand. C’est l’ouverture progressive de notre marché des capitaux, réalisée à partir de 1974 et couronnée par les réformes de Bérégovoy dans les années 1980, qui nous a rendu dépendant du taux d’intérêt allemand, et qui a rendu nécessaire le passage à une monnaie unique, aux conditions politiques imposées par l’Allemagne. Cette « nécessité » ne s’est cependant manifestée comme telle qu’en raison des choix que nous avions faits (ou plus exactement que n’avions pas faits) depuis 1981. Elle n’existe que dans le cadre d’une certaine politique. Que l’on en change, et cette « nécessité » disparaîtra d’elle-même. Ceci ne résoudra pas la question monétaire internationale. Nous avons besoin, et aujourd’hui encore plus que hier, d’une véritable réforme du système monétaire international. Il faut oublier les rêves d’en revenir à l’étalon-or. Les solutions, dans un premier temps, ne pourront être que régionales. C’est pourquoi l’Euro avait une place à jouer, non pas comme une monnaie unique mais comme une monnaie commune venant s’ajouter aux monnaies nationales existantes. C’est ce que je décris dans mon article de 2006, et cela correspond au « BANCOR » de Keynes, appliqué à l’Europe. Jacques Sapir. Propos recueillis par MalakineArticle repris sur le site "Pour un protectionnisme européen" sous le titre "Protectionnisme européen ou national?" | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mer 17 Mar 2010, 9:15 am | |
| Je suis assez d'accord avec Patrick Artus : les industries délocalisées ne reviendront pas. J'ai pas mal réfléchis à une stratégie de réindustrilalisation de la France. Pour faire bref, je pense qu'il n'y a que deux secteurs par lesquels on pourrait la mettre en poeuvre, parce qu'ils échappent à la main mise de Bruxelles et qu'ils peuvent être aidés en termes de filières : les industries de l'armement et la construction navale. Je mets à part bien entendu le secteur de la production de l'énergie,dans lequel les états disposent encore de position régalienne. Armement et construction navale : les deux secteurs par lesquels réinitialiser la réindustrialisation. Car ces secteurs entraînent de multiples filières en amont et en aval et échappent s (jusqu'à un certain point bien entendu) aux foudres de cette maudite commission. | |
| | | fde Concepteur
Nombre de messages : 429 Age : 53 Localisation : Ile de France Langue : Français Emploi/loisirs : Enseignant Date d'inscription : 23/09/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mer 17 Mar 2010, 10:08 am | |
| - François Barberis a écrit:
- Je suis assez d'accord avec Patrick Artus : les industries délocalisées ne reviendront pas.
J'ai pas mal réfléchis à une stratégie de réindustrilalisation de la France. Pour faire bref, je pense qu'il n'y a que deux secteurs par lesquels on pourrait la mettre en poeuvre, parce qu'ils échappent à la main mise de Bruxelles et qu'ils peuvent être aidés en termes de filières : les industries de l'armement et la construction navale. Je mets à part bien entendu le secteur de la production de l'énergie,dans lequel les états disposent encore de position régalienne. Armement et construction navale : les deux secteurs par lesquels réinitialiser la réindustrialisation. Car ces secteurs entraînent de multiples filières en amont et en aval et échappent s (jusqu'à un certain point bien entendu) aux foudres de cette maudite commission. Cher François, L'armement et la construction navale, qui sont d'ailleurs des secteurs connexes, sont effectivement un levier intéressant. Encore faudrait-il aller au delà de la simple subvention, avec une vraie démarche publique de suivi et d'impulsion de l'investissement. Et là, je crains qu'il y ait aussi une forte perte de compétence au sein des organismes d'État capables de mener une telle mission. Les dégâts sont grands et avancés... fde | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mer 17 Mar 2010, 7:00 pm | |
| C'est vrai ce que vous dites, mais en partie seulement, FDE. Ainsi en matière navale, le PA Charles de Gaulle souffre de quelques imperfection dans la conception qui résulte d'une perte de savoir faire initiale. Je pense que ce savoir faire a été reconquis (en matière de transmission de puissance notamment), et si un 2ème PA devait être lancé, tout redeviendrait dans l'ordre. En matière aéronautique civile et militaire, pas de pb, tant pour les moteurs, le cellules, l'électronique embarquée. Dans une note confidentielle, la CIA propose de classer le Rafale en avion de 5ème génération à égalité avec le F22; ce qui est tout dire de l'excellence de l'appareil. Le militaire naval et aérien, le civil navale et aérien, sont deux domaines où nous conservons des compétences, mais il faut en effet relancer les bureaux d'études pour ne pas les perdre. Pour en revenir au fil de ce forum,qui est l'avenir de l'€ et la stratégie allemande, une nouvelle de ce matin selon laquelle Merkel revenait sur sa position d'aide à la Grèce me conforte dans mon analyse. L'Allemagne freinera des 4 fers. Et si on l'y contraint par la pression politique, je pense qu'elle préfèrera exclure la Grèce du système de l'€, et en cas d'échec de cette manœuvre, s'exclure elle-même. Pour l'Allemagne, sortir de l'€ ne présente aucune difficulté et aucun risque. Elle recréerait son propre mark qui serait aussitôt crédité d'un AAA et accèderait aux marchés financiers à des taux plus bas qu'aujourd'hui, peut-être voisin de ceux de la Suisse. La sortie de l'Allemagne du système de l'€ doit donc être envisagé comme une hypothèse sérieuse. L'opinion publique allemande y est totalement favorable et cette option peut devenir un thème de campagne électrorale pour une formation politique en difficulté : avec cette seule proposistion, le parti qui la chevaucherait serait certain de gagner les élections. Je pense que Paris mise sur le refus allemand d'aider la Grèce à se tirer d'affaires. Il y voit la possibilité de fragiliser la diplomatie allemande et la position de cette dernière dans divers contrats militaires. Paris y voit aussi l'opportunité de prendre la tête de l'Europe du sud pour relancer le processus méditerranéen totalement en panne du fait de étouffement de ce processus par le partenaire Allemand. Tout ceci pour dire qu'il me paraît clair que nous allons vers une compétitions de plus en plus vive entre France et Allemagne, compétition qui ne pourra plus être arbitrée par la GB définitivement sur la touche diplomatique. Le récent rapprochement entre Paris et Moscou doit s'entendre dans cette perspective et il paraît erroné de parler d'un axe Paris-Berlin-Moscou. Çà ne correspond à aucun des scénarios crédibles. Je pense que la fin des illusions sur la construction européenne est proche et que le jeu diplomatique européen va tourner autour du leadership. Les déclarations de Christine Lagarde dénonçant le rôle déstabilisateur de l'Allemagne, voire même prédateur des économies de ses partenaires, ne peut s'expliquer que par l'ouverture de cette compétition. Qui va gagner : France ? Allemagne ? les paris sont ouverts. Mais on sait déjà qui a perdu : la Commission et l'Union Européenne (enfin, si on peut parler d'Union considérant tout ce fatras de liens). | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Divorce franco-allemand ? Ven 19 Mar 2010, 4:08 pm | |
| Voici un article qui conforte la "vision" de notre ami François Source : http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/03/19/la-crise-grecque-menace-le-couple-franco-allemand_1321298_3214.html - Citation :
- La relation franco-allemande mise à l’épreuve par la crise financière grecque
LE MONDE | 19.03.10 | 12h36
Experte dans l'art des positions floues, Angela Merkel joue la montre. La chancelière allemande pourrait bien remporter la partie et imposer la solution que la France considère comme un désaveu de l'euro: l'intervention du Fonds monétaire international (FMI) pour aider la Grèce en déroute. A moins qu'elle ne se serve de cette menace pour obtenir un durcissement de la discipline dans la zone euro.
Depuis quelques jours, sans le reconnaître, MmeMerkel rejette les unes après les autres les possibilités d'un soutien européen à la Grèce, voulu par ses partenaires. Hostile à un renflouement immédiat dont l'Allemagne serait le plus gros contributeur, elle a tergiversé sur la création d'un Fonds monétaire européen (FME) jusqu'à ce dernier coup de théâtre au Bundestag, mercredi 17mars, où elle a envisagé l'exclusion d'un membre de la zone euro… tout en prenant acte du fait que le traité institutionnel ne le permettait pas.
Le tour est joué: il reste maintenant l'aide du FMI. La Grèce au bord du gouffre la brandit comme une menace, la France n'en veut pas, l'Allemagne a d'abord déclaré d'y être hostile. "Plus les Grecs réclament une intervention du FMI, mieux on se porte", dit-on maintenant sans détours dans l'entourage de la chancelière. Le Conseil européen des 25 et 26mars sera l'épreuve de vérité. A travers la question de l'aide à la Grèce se joue un match France-Allemagne, la mise en concurrence de deux conceptions de l'Europe.
"JUSQU'OÙ IRA-T-ON ?"
L'Allemagne est-elle égoïste? Oui, dit la France, par la voix de Christine Lagarde. La ministre des finances, dans le Financial Times du 15 mars, accuse l'Allemagne de nuire à la cohésion de la zone euro. En comprimant les salaires, observe-t-elle à juste titre, le pays sacrifie la demande intérieure au profit de ses excédents, privilégie ses propres exportations au détriment de celles de ses voisins, nuit à l'équilibre général.
Joschka Fischer s'inquiète. Depuis son bureau de Berlin, l'ancien ministre des affaires étrangères du chancelier Gerhard Schröder contemple les dégâts de la crise grecque : "Pourquoi la France attaque-t-elle si violemment l'Allemagne ? Jusqu'où ira-t-on ?" L'Elysée prétexte la gaffe, mais le message est bien passé. Mme Lagarde a même récidivé le lendemain en dénonçant sur RTL la politique fiscale allemande, dissuasive pour la consommation. Et les médias français ont enchaîné à cœur joie: enfin quelqu'un qui dit ce que tout le monde pense tout bas!
Première puissance européenne et quatrième puissance mondiale, l'Allemagne s'isole en Europe. Elle paye la plus grosse part du budget européen et estime, non sans raison, qu'elle en fait déjà beaucoup pour l'Union. Au début des années 2000, le gouvernement Schröder lui a imposé une cure d'austérité sévère pour réformer l'Etat et réduire les dépenses publiques. "Je n'oublierai jamais que José Maria Aznar [l'ancien premier ministre espagnol] expliquait à Gerhard Schröder comment équilibrer le budget…", se souvient M. Fischer. L'Allemagne, telle la fourmi de La Fontaine, a travaillé, économisé et souffert. Elle subissait sa dépression quand ses voisins savouraient leur croissance.
À CHACUN SON AGENDA
La fourmi n'est pas prêteuse. Quant à la Grèce, telle la cigale, elle a chanté des années, distribué des postes dans la fonction publique, abaissé l'âge de la retraite, laissé ses recettes fiscales s'évanouir dans la corruption généralisée. D'autres qu'elle, au sud de l'Europe, ont creusé leurs déficits sans réformer leur économie : l'Espagne, le Portugal, l'Italie ne sont pas loin de se trouver fort dépourvus. Et la France, qui préfère à la rigueur budgétaire la solidarité et la relance, est à leurs côtés.
La presse allemande nourrit une opinion publique agacée par le laxisme grec et qui n'a aucune envie de payer pour lui. Le magazine Focus a frôlé l'incident diplomatique en plaçant en couverture la photo d'une Vénus de Milo faisant un doigt d'honneur. Le tabloïd conservateur Bild, vendu à 3,3 millions d'exemplaires et reflet de l'air du temps, s'en est donné à cœur joie dans le mépris du pays en faillite, suggérant au gouvernement de mettre en vente quelques îles grecques pour renflouer ses caisses.
Egoïste, l'Allemagne ? "Pas plus que la France", rétorque Joschka Fischer. "Inquiète", plutôt. "Tous les dirigeants européens se trouvent dans une situation de faiblesse et ne se coordonnent pas", note-t-il. Chacun a son agenda politique incertain. Si Mme Merkel, à la tête d'une coalition chancelante, se montre intraitable sur l'aide à la Grèce, c'est d'abord un signal à ses électeurs, avant l'importante élection régionale en Rhénanie du nord-Westphalie de mai.
FRAGILITÉ POLITIQUE
Derrière la fragilité politique de la chancelière, il y a l'identité allemande : la rigueur, le respect des règles communautaires, l'orthodoxie budgétaire, la sacralisation de la monnaie. Les Allemands gardent le souvenir cuisant de l'inflation des années 1920. Viscéralement attachés à la stabilité de l'euro, ils n'ont renoncé au puissant deutschmark qu'après avoir obtenu les exigeants critères de convergence du traité de Maastricht.
Le magazine de centre gauche Der Spiegel tire la sonnette d'alarme. En couverture, il dénonce "le mensonge de l'euro". Et s'inquiète : "L'euro est en danger comme jamais auparavant. Il est devenu attaquable parce que les promesses sur lesquelles il a été fondé (le respect des équilibres budgétaires) se sont révélées être des mensonges. L'Europe n'a pas besoin d'une nouvelle monnaie, mais d'une culture de la stabilité."
Pas assez européens, les Allemands ? Ou au contraire trop européens, dogmatiques, arc-boutés sur une application à la lettre des règles du traité ? Celui-ci, font-ils valoir, interdit tout renflouement d'un pays de la zone euro. Y contrevenir créerait un précédent. "Que les gens acceptent que nous ayons des règles que nous avons écrites ensemble !, explique un conseiller de MmeMerkel. Ce n'est pas antieuropéen de les respecter."
CONTRADICTIONS
Mais en se raidissant, l'Allemagne se replie. Leur chancelière, à la fois née après la guerre et élevée à l'est, sous le joug soviétique, n'éprouve pas envers l'Europe le sentiment de culpabilité et de dette qu'entretenait l'ancien chancelier Helmut Kohl. Et s'empêtre dans les contradictions: comment à la fois tirer tous les avantages du marché et de la monnaie uniques, réaliser 44% de ses exportations dans l'Union européenne et donc vivre de l'endettement des pays voisins, tout en tournant le dos à un pays qui s'endette?
La soi-disant gaffe de Christine Lagarde a atteint l'objectif peut-être voulu par l'Elysée: ouvrir le débat sur la responsabilité de la première puissance européenne. Si tous les Européens étaient des Allemands, à sacrifier leur demande intérieure pour les exportations, de quoi le marché européen aurait-il l'air ? Marion Van Renterghem | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Ven 19 Mar 2010, 6:13 pm | |
| Je partage l'analyse de Marion Van R., sauf sur un point, et il est essentiel. La politique de la France n'est pas de faire preuve de solidarité avec la Grèce, mais d'isoler l'Allemagne, trop puissante à son goût. Ce qui est exactement en train de se passer. Paris n'a pas la religion de l'€, contrairement à Berlin. En fait Paris se moque de l'€. Ce que veut Paris c'est de retrouver le leadership européen, en particulier en matière de défense et maintenir la PAC. Il est évident que l'Allemagne va être violemment attaquée et que son absence de "solidarité" envers la Grèce la met en position de faiblesse pour exiger en plus un démantèlement de la PAC. Paris veut repousser aussi loin que possible l'application des critères de Maastricht. Le désordre que va créer l'isolement de l'Allemagne en Europe et la création d'un front du sud mené par la France qui va naturellement se poser en champion de cette Europe du Sud, sert parfaitement les intérêts français. Ce n'est pas pour rien que Zapatero est venu à Paris pour soi-disant saluer la mémoire d'un policier tué par L'ETA. C'est surtout pour montrer que Madrid compte sur Paris et soutient Paris dans ce bras de fer européen. Il n'y a pas de crainte fondamentale sur la dette souveraine française : je l'ai déjà expliqué. La masse d'épargne privée en France est considérable (2.500 à 2.600 milliards d'€) et le recouvrement de l'impôt ne pose pas de problème. Les Français sont d'ailleurs prêts psychologiquement à une augmentation des contributions sociales, soit par la CSG soit par les prélèvements sur le salaires, soit plus vraisemblablement par un recul de l'âge de départ en retraite. Cette situation va bien entendu peser sur la construction européenne qui va apparaître pour ce qu'elle est : une enceinte où chacun essaye de tirer son épingle du jeu. Quant à la solidarité, il n'y a que les naïfs pour y croire. Les états-nations sont de retour, et en général ils ne font pas de cadeaux. Il est possible, à ce jeu-là, que finalement l'Allemagne décide de sortir de l'€ et de recréer son mark. Le parti qui chevauchera ce programme est sûr de gagner les élections au Bundestag. | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: L'euro, le dollar et le pétrole Sam 20 Mar 2010, 8:57 am | |
| Réponse à une question de notre bien-aîmé administrateur sur le rôle respectif du dollar et de l'€ en tant que monnaie d'expression des cours de l'or noir. Stans faisait remarquer que le prix du baril exprimé en dollar était relativement stable, alors que l'€ fluctuait et me posait la question de l'intérêt de spéculer sur le prix du baril.
Voici ma réponse-
Non Stans, cela prouve tout simplement que ce n'est pas demain que l'€ deviendra une devise dans laquelle seront exprimés les cours des matières premières. Le dollar a encore de (très) longs jours devant lui en tant que monnaie d'échange et d'apurement des comptes internationaux. Ceux qui voient la fin du roi $ dans un horizon proche et son remplacement par l'€ se trompent largement. Cela relativise beaucoup les idées de (fausse) grandeur que l'on se fait sur l'€. Les opérateurs internationaux savent bien que l'€ est une monnaie en lévitation en raison du manque de cohérence politique de la zone où elle est censée s'appliquer au premier chef, la zone €. Le rééquilibrage des réserves en devises de la Chine ne doit pas faire illusion. Si la Chine change de monnaie de résereve, ce ne sera pas pour l'€ mais ce sera pour sa propre monnaie. L'€ avait jusqu'ici deux soutiens : la BCE et le gvt allemand qui voyait l'€ comme une extension du mark, ce qui était vrai en partie. Le second soutien semble de plus en plus fragilisé, car l'All. -et cela est tout à fait légitime pour une nation qui a la religion de la monnaie stable, donc forte- ne veut pas prendre en charge les dettes souveraines des autres pays. Mais en demeurant dans le système de l'€, l'Allemagne qu'elle le veuille ou non, subit les effets négatifs de ces dettes souveraines excessives extérieures, car ces dettes étant exprimées en €, elles poussent la valeur de la monnaie vers le bas. Le sur-endettement grec est, quelque part, l'équivalent d'un sur-endettement allemand. Et c'est ce que viennent de découvrir les autorités allemandes. L'intervention du FMI souhaitée par l'Allemagne est un leurre et risque de se retourner contre l'Allemagne. Que va faire le FMI ? Il va simplement se substituer aux marchés financiers et aux Européens en acceptant de prêter 50 milliards d'€ à 3,5% à la Grèce aujourd'hui, au Portugal demain, contre des mesures de stricte orthodoxie financière. Cela n'arrêtera bien entendu pas la spéculation contre l'€, car il y a bien d'autres dettes souveraines exprimées en € contre lesquelles on peut spéculer à la baisse et à découvert, quasiment en étant assuré de gagner 20 à 30% en un mois. On voit bien la cause du mal : c'est l'expression en € de dettes souveraines fragiles et douteuses; et le recours au FMI ne fera pas cesser la fragilité de ces dettes. Tout au plus l'incendie sera étouffé qq temps.
D'où ma conclusion : logiquement l'Allemagne, si elle veut maintenir pour elle une monnaie stable (donc forte, car en matière monétaire, stabilité = force), n'a que deux solutions : ou bien exiger que les autres pays de l'€ fonctionnent à son image; ce qui est impossible; ou bien sortir du système de l'€. Je pense qu'à terme plus ou moins lointain, surtout si la crise s'aggrave (ce qui est mon pronostic), la sortie du système de l'€ s'imposera à l'Allemagne. Mais auparavant il y aura eu des crises et des dénonciations réciproques : dénonciation du laxisme contre dénonciation d'égoïsme. Il ne faudra pas se laisser prendre à ce jeu de rôle. En fait, actuellement les principaux états ont objectivement intérêt, chacun pour des raisons souvent inverses, à ce que l'€ soit abandonné, car l'€, de fait, ne sert plus à rien, sauf aux échanges touristiques. | |
| | | guy Membre fidèle
Nombre de messages : 182 Age : 81 Localisation : Draguignan (France - Dépt du Var) - Ardennais d'origine Langue : français Emploi/loisirs : Retraité profession juridique - Loisirs : histoire, actualité politique, bricolage, musique, informatique, photo, cuisine Date d'inscription : 22/01/2010
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Dim 21 Mar 2010, 11:38 am | |
| - François Barberis a écrit:
D'où ma conclusion : logiquement l'Allemagne, si elle veut maintenir pour elle une monnaie stable (donc forte, car en matière monétaire, stabilité = force), n'a que deux solutions : ou bien exiger que les autres pays de l'€ fonctionnent à son image; ce qui est impossible; ou bien sortir du système de l'€. Je pense qu'à terme plus ou moins lointain, surtout si la crise s'aggrave (ce qui est mon pronostic), la sortie du système de l'€ s'imposera à l'Allemagne. Mais auparavant il y aura eu des crises et des dénonciations réciproques : dénonciation du laxisme contre dénonciation d'égoïsme. Il ne faudra pas se laisser prendre à ce jeu de rôle. En fait, actuellement les principaux états ont objectivement intérêt, chacun pour des raisons souvent inverses, à ce que l'€ soit abandonné, car l'€, de fait, ne sert plus à rien, sauf aux échanges touristiques. Je suis tout à fait d'accord avec l'analyse et les conclusions de François Barberis. L'Euro est condamné à mort, de même que l'Union Européenne qui se dilue dans un nombre et une hétérogénéité croissants de membres. Comme l'a souligné Stans, on a mis la charrue avant les boeufs en créant d'abord une certaine unification économique (zone de libre échange conforme aux intérêts britanniques et à un modèle ultra-libéral) au lieu de commencer par harmoniser les systèmes et les institutions afin de créer un espace juridique et économique cohérent. L'entrée de la G-B dans le système a été le commencement de la fin. Il aurait été possible de créer un noyau dur et solide à partir des six pays fondateurs, et il n'est pas étonnant que, dans le magma actuel, l'on voie ressurgir les états-nations, car la nature a horreur du vide... | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 23 Mar 2010, 11:53 am | |
| Je ne connaissais pas ce texte quant j'ai ouvert ce sujet sur la fin de l'€ et de l'Union Européenne.
L'analyse (magistrale) qui y est conduite est encore plus terrifiante que la mienne. Si les pays déficitaires restent dans l'€ avec l'Allemagne, la punition sera terrible pour eux en terme d'effondrement social interne. Ils retourneront à l'état de 1930 : je partage entièrement cette conclusion. Il ne reste donc plus qu'une seule solution viable, c'est que le bloc allemand sorte de l'€ et recrée le DM
L'€ résiduel s'effondrera certes contre le nouveau DM, mais les dettes des états qui demeureront dans le système de l'€ résiduel resteront toujours libellées en € (résiduel), donc pas de perte financière, l'€ résiduel sera une monnaie croupion : tant mieux. Le nouveau DM détiendra des créances en € croupion sur ses clients européens du sud, donc dévaluées sur les autres états européens . Tant mieux pour nous; tant pis pour les financiers d'outre rhin. Ils auront des pertes de change énormes : ce sera bien fait pour l'insolente Allemagne qui a piégé l'Europe par son mercantilisme d'un autre âge.
La France est dans une situation intermédiaire : doit-elle adhérer au bloc allemand et devenir un satellite de l'Allemagne ? Doit elle rester solidaire avec les pays dont la balance courante est fortement déficitaire (en gros les pays du sud) ? Si on continue à creuser les déficits, le choix sera vite fait : ce sera l'Europe du Sud. Si nous redressons la situation des finances publiques et de la balance des peiemnts courants; on pourra jouer la carte d'une situation intermédiaire, à la charnière des deux blocs (bloc allemand/bloc du sud), en attendant que joue pleinement le dépeuplement démographique du bloc allemand qui redistribuera toutes les cartes.
http://www.observatoiredeleurope.com/Euro-l-analyse-qui-donne-froid-dans-le-dos_a1359.html | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 23 Mar 2010, 3:13 pm | |
| - François Barberis a écrit:
- La France est dans une situation intermédiaire : doit-elle adhérer au bloc allemand et devenir un satellite de l'Allemagne ? Doit elle rester solidaire avec les pays dont la balance courante est fortement déficitaire (en gros les pays du sud) ? Si on continue à creuser les déficits, le choix sera vite fait : ce sera l'Europe du Sud. Si nous redressons la situation des finances publiques et de la balance des peiemnts courants; on pourra jouer la carte d'une situation intermédiaire, à la charnière des deux blocs (bloc allemand/bloc du sud), en attendant que joue pleinement le dépeuplement démographique du bloc allemand qui redistribuera toutes les cartes.
[url=http://www.observatoiredeleurope.com/Euro-l-analyse-qui-donne-froid-dans-le-dos_a1359.html http://www.observatoiredeleurope.com/Euro-l-analyse-qui-donne-froid-dans-le-dos_a1359.html [/quote[/url]] Je me demande si une "Zone euro" ou une "Zone Ecu" recentrée sur l'Europe du Sud n'offrirait pas plus d'avantages que tu l'imagine mon cher François. D'abord cette Europe serait très largement latine, ce qui créerait de nouvelles complicités culturelles tout le long du Bassin méditerranéen avec, pourquoi pas, une extension vers la rive démocratique maghrébine (Maroc et Tunisie), voire vers le Liban. Un ressèrement des liens avec l'Espagne et le Portugal pourrait également nous ouvrir de larges horizons nouveaux vers les Amériques Centrale et du Sud tandis que France + Belgique bénéficieraient de leur partenariats en Afrique francophone d'une part et au Québec d'autre part. Je pense que l'aventure de l'"Euroland" nous a trop aveuglé sur la nécessité de suivre à tout prix la "prospère Germanie" si souvent citée en exemple et sur la crainte que l'on avait de ne pouvoir "annexer" les anciens "pays de l'Est" à l'Union européenne que l'on voulait voir absolument aussi grande que l'Europe géographique uniquement pour rêver de concert avec les Allemands au lieu de s'entendre avec les Russes. Qu'en pensez-vous ? | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mer 24 Mar 2010, 5:20 pm | |
| On y arrive. La 2ème étape et la 3ème étape de la crise sur l'€ sont annoncées. Le Portugal vient d'être dégradé de AA à AA-. La spéculation va s'y attaquer et l'Allemagne va être encore plus réticente à supporter ou à consolider la dette grecque, car les Portugais seront les suivants. En plus NS vient de déclarer la guerre à Merkel : "pas question de démanteler la PAC" (j'avais écrit, je m'en souviens, que les 2 objectifs de Paris dans l'Europe c'était le maintien de la PAC et le leadership de la défense, ce qui voulait dire qu'il fallait isoler l'Allemagne, c'est fait). L'Allemagne est donc au pied du mur : elle ne peut céder sur la Grèce. Elle ne peut céder sur la PAC. Logiquement, la seule issue pour le bloc allemand serait une sortie volontaire du système de l'€, avec remise en route du DMark. Toute l'Europe n'y trouverait qu'avantages : l'Allemagne au premier chef, avec des taux sur le nouveau DM de 100 points de base inférieurs à ceux pratiqués sur l'€; les pays qui demeureraient dans le système de l'€ résiduel (qui reviendrait à 1 € pour 0,80 $) aussi : leurs dettes resteraient libellées en €, donc en monnaie "nationale". Iles ne risqueraient aucun procès des détenteurs privés de leur dette, puisqu'il n'y aurait pas novation. Donc tout à gagner à court et moyen terme. Le seul inconvénient pour l'Allemagne et ses entreprises de sortir de l'€ est que ses créances sur les autres pays du système € sont libellées en €. Elle risque donc une perte en capital (c'est la fameuse destruction de capital qui est un effet des crises). Mais il s'agit d'un inconvénient mineur, car l'Allemagne retrouverait les mains libres pour fonder sa nouvelle politique économique et parviendrait rapidement à revaloriser son stock de créances, mais pas sur les pays de l'€ résiduel. Sur les autres.
Une sortie de l'All. du sytème de l'€ ne voudrait pas dire nécessairement la fin de la construction européenne, mais une sérieuse renégociation du pacte européen : celui actuel est intenable. Maastricht est mort et bien mort, n'en doutons pas. Ca voudrait dire vraissemblablement le déménagement du siège de la BCE vers une autre capitale qui ne soit pas partie dans le bloc allemand (All + Autriche + PB, certainement). Je pense que dans un premier temps la Belgique voudra faire partie de ce bloc allemand. Il en résultera une désindustrialisée de la Wallonie encore plus accélérée et une exacerbation des tensions entre Fl et Wallons, car être dans la zone mark c'est refuser les solidarités.
Alors, qu'est-ce qui pourrait s'opposer à cette catharsis qui éviterait le collapsus social dans les pays du sud ? Je ne vois pas trop. Si après le Portiugal, la dette de l'Espagne venait à être dégradée avec amplification de la spéculation à la baisse sur l'€ et impossibilité pour ce pays de se refinancer, sauf à payer des taux suicidaires, je ne vois pas vraiment quel serait l'intérêt de l'All de rester dans le système. De toutes façons ses créances sur l'Espagne seraient de facto irrécouvrables.
Je pense enfin que c'est la fin de "l'amitié franco-allemande" telle que la rêvaient De Gaulle et Adenauer, qui n'auraient jamais toléré cette évolution des relations entre les deux pays. | |
| | | fde Concepteur
Nombre de messages : 429 Age : 53 Localisation : Ile de France Langue : Français Emploi/loisirs : Enseignant Date d'inscription : 23/09/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mer 24 Mar 2010, 6:21 pm | |
| La possibilité de la fin de l'euro a été évoquée par Michel Rocard ce matin sur France Inter:
Écouter en particulier à partir du temps 12:30 | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Point de vue de CHEVÈNEMENT Dim 28 Mar 2010, 9:45 pm | |
| Source : http://www.chevenement.fr/Chevenement-l-impasse-de-la-monnaie-unique-eclate-au-grand-jour_a935.html Le blog de Jean-Pierre CHEVÈNEMENT Chevènement: "L'impasse de la monnaie unique éclate au grand jour" Dépêche AFP, vendredi 26 mars, 15h23. - Citation :
- "L'impasse de la monnaie unique éclate au grand jour" après les déboires financiers de la Grèce a affirmé vendredi Jean-Pierre Chevènement, président du MRC, pour qui le sommet de Bruxelles "a accouché d'une fausse solidarité" entre les nations.
"L'impasse de la monnaie unique éclate au grand jour, non seulement la zone euro est une zone économique hétérogène, mais l'Europe, à la différence des Etats-Unis, est composée de nations enracinées dans l'Histoire, qu'il est absurde de vouloir nier", a déclaré M. Chevènement dans un communiqué.
Les dirigeants de l'Union européenne sont parvenus jeudi à Bruxelles un accord sur un plan d'aide à la Grèce financé par la zone euro et le FMI, un mécanisme inédit depuis le lancement de la monnaie commune il y a onze ans. Selon M. Chevènement, "le sommet européen de Bruxelles a accouché d'un monstre : une fausse solidarité adossée à l'intervention du FMI et à une communauté de sanctions".
"Il est temps de reprendre l'ouvrage sur des bases nouvelles et de repenser ce que peut être la solidarité entre les nations européennes", a-t-il ajouté.
L'ancien ministre a fait valoir qu'"il aurait fallu une monnaie commune réservée aux transactions internationales et non une monnaie unique trop rigide". | |
| | | AgatheN Modératrice
Nombre de messages : 87 Age : 46 Localisation : Bruxelles occupée - département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : politique réunioniste Date d'inscription : 22/02/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Lun 29 Mar 2010, 11:08 am | |
| L'Europe a adopté le "compromis à la belge" çàd mélange de 2 solutions à priori inconciliables et accord de façade qui permet à une des parties de le renier ultérieurement (retour à la case départ). Si une aide à la Grèce se concrétise, l'Allemagne pourra voter contre puisque tous les Etats membres devront se prononcer. Avez-vous remarqué qu'Angela Merkel a refusé que Van Rompuy participe à la réunion franco-allemande avant le sommet ? Après son absence du "who's who" européen, cette anecdote en dit long sur l'opinion des autres dirigeants sur notre Van Rompouille ! PS: Grand merci à François pour toutes ses contributions ! | |
| | | fde Concepteur
Nombre de messages : 429 Age : 53 Localisation : Ile de France Langue : Français Emploi/loisirs : Enseignant Date d'inscription : 23/09/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Lun 29 Mar 2010, 11:22 am | |
| - AgatheN a écrit:
- Avez-vous remarqué qu'Angela Merkel a refusé que Van Rompuy participe à la réunion franco-allemande avant le sommet ? Après son absence du "who's who" européen, cette anecdote en dit long sur l'opinion des autres dirigeants sur notre Van Rompouille !
Sauf les français qui ménagent décidément beaucoup le voisin flamand. J'ai toujours cette impression que notre diplomatie prépare déjà le terrain de l'après Belgique. Bon, c'est peut-être une fausse impression... | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Lun 29 Mar 2010, 3:19 pm | |
| Personnellement j'ai l'impression qu'Herman VAN ROMPUY est l'idiot utile de Nicolas SARKOZY. | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: révolmte sociale Lun 29 Mar 2010, 10:19 pm | |
| Les marchés viennent de rendre leur premier verdict concernant la plan de sauvetage de la Grèce. Et il est éclairant. Après avoir hésité à 6%, les marchés rejettent désormais l'emprunt grec qui à 18h portait un taux de 6,3%. Vendredi, le taux "n'était que de" 6,2%. Que ce soit 6,3%, 6%, voire même 5%, pour des emprunts à 7 ans, alors que l'Allemagne emprunte à 3% sur la même durée, cela signifie une chose : les marchés ne veulent pas de la dette grecque, alors que celle-ci leur rapporterait en principe 4,5 à 5% net (en empruntant à la BCE à 1,5% et en prêtant à l'état grec à 6%). Pour une banque ou un fonds spéculatif, refuser une telle marge, cela veut dire que le risque est trop considérable -ce que mesure le taux de CDS ou "Couverture de Défaut de Crédit" qui s'établit actuellement à 380 points de base sur la dette souveraine grecque. Cela veut dire aussi que les marchés ne croient pas un seul instant à l'efficience de "l'accord" ce consolidation négocié vendredi dernier au niveau européen. Cela veut dire que les marchés intègrent l'existence d'une crise latente entre le bloc allemand et le bloc du sud. Les marchés ont compris que le bloc allemand s'opposera à la mise en place du dispositif censé permettre à la Grèce de retrouver des possibilités d'emprunter et de se refinancer entre 4 et 4,5%, ce qui est le maximum que le pays peut supporter (1% de plus = 1 milliard d'€ de charge d'emprunt en plus pour les finances publiques grecques), e même que ce bloc allemand s'opposera à toute solidarité avec le sud. La crise de l'€ est donc devant nous, et non pas derrière nous, et ça va mal, contrairement à ce qu'écrit Quatremer qui voit une sortie de crise dans le placement de l'emprunt grec aujourd'hui lundi. Il est évident que le peuple grec ne voudra pas faire les frais de la déflation intérieure que le gvt grec -pourtant de gauche- va devoir lui imposer. Il en sera de même demain pour le peuple portugais et pour le peuple français aussi, si une telle situation devait s'installer, ce qui est à peu près assuré vers 2012-2014, si la dette continue à gonfler. Et d'une manière générale pour tous les peuples des états déficitaires.
En Belgique la situation risque d'être encore plus tendue qu'ailleurs, car les Flamands accepteront d'autant moins de subir la cure déflationniste intérieure que leur économie propre n'est pas déficitaire. C'est l'ensemble composite Fl+BXL+Wall. qui génère les déficits publics. Pas la Flandre. La révolte sociale devrait donc, sur le territoire belge, revêtir des formes doublement dénonciatrices : Fl et Wall contre le gvt fédéral d'une part, et Wall contre Fl, et réciproquement, d'autre part.
Ces derniers épisodes monétaires nous ont permis d'assister à 3 sorties d'acteurs et une entrée sur scène : les sorties, ce sont celles de la Grande Bretagne dont l'influence en Europe devient inexistante après qu'elle eut perdu une à une ses cartes diplomatiques (voir l'article du Sunday Times d'hier sur la perte de la "special relationship" avec les US); celle de l'Union Européenne, doublement exclue du jeu, ainsi que l'a fort pertinemment fait remarquer notre amie Agathe; et celle de la BCE et de son président Trichet qui a du avaler son tricorne et toutes les couleuvres qu'il abritait. L'entrée sur scène est celle du FMI et de son charismatique directeur, notre DSK national, qui se retrouve maintenant en position diplomatique inexpugnable, supérieure à celle d'un chef d'état, puisque c'est lui et lui seul qui détient en fait les clefs de la crise monétaire. Pour asseoir son autorité, il n'aura même pas besoin de se présenter à l'élection présidentielle française. De là où il se trouve, DSK peut faire plier l'Allemagne, ce qu'un président de la République ne pourra jamais faire. En fait, je dirais même plus : DSK tient en main la réélection de NS, et je pense qu'il poussera à sa réélection. Ce sera sa façon de se venger de ses amis du PS qui l'ont évincé en 2007. | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Lun 29 Mar 2010, 10:24 pm | |
| Ou pour le dire d'une autre façon, les trois maîtres du monde sont aujourd'hui Zin Ziao, Obama et DSK. | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 30 Mar 2010, 8:34 am | |
| - François Barberis a écrit:
- Ou pour le dire d'une autre façon, les trois maîtres du monde sont aujourd'hui Zin Ziao, Obama et DSK.
En quelque sorte Nicolas SARKOZY a fait de Dominique STRAUS-KAHN un roi et d'Herman VAN ROMPUY un idiot utile : les deux lui sont redevables, chacuns à leur manière. | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 30 Mar 2010, 10:17 am | |
| Stans, je suis contre la moquerie inutile. Non par exigence morale, mais par efficacité intellectuelle Elle occulte et pervertit le raisonnement. Elle est inutilement blessante. En l'occurrence, Van Rompuy ne compte pas parce que sa fonction n'est que quasiment protocolaire, à la tête d'une institution qui de plus en plus tourne à vide et qui n'est pas capable de répondre aux défis du moment. Cela aurait pu être différent si la Commission avait su hisser l'UE au niveau stratégique désiré. Ce n'est pas le cas. Il a été choisi parce que il était celui qui présentait les caractéristiques qui convenaient le mieux à une institutions malades qu'on a pas envie, en fait, de réanimer, car tout le monde se satisfait de cette situation de l'Europe encalminée.
Donc ceux qui occupent des postes dans l'UE ne sont que des pions, non pas parce qu'ils sont idiots -loin de là- mais parce que leur institution est amorphe.
Maintenant, d'ici à dire que NS savait qu'il sacrait un roi lorsqu'il a fait nommer DSK au FMI, je n'irai pas jusque là. Je pense que nul n'avait l'idée de la place et du rôle qu'allait jouer le FMI. Et il est de fait que le FMI 1) est terriblement efficace dans ses interventions; 2) détient le nerf de la guerre, 3) est capable de répondre aux défis du moment, contrairement à la BCE et à l'UE. Son président est donc un Roi. Et comme il est impensable que DSK ne soit pas reconduit à la fin de son mandat, j'imagine qu'il ne se préentera pas à la candidature et soutiendra l'actuel président -si ce dernier se représente- car c'est son plus efficace soutien au poste de directeur du FMI. | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 30 Mar 2010, 1:54 pm | |
| Je ne me moque pas François : VAN ROMPUY n'est peut-être pas un idiot dans la vie mais il est bel et bien l'idiot utile qui convient à l'Union européenne et c'est en tant qu'idiot utile qu'il a été choisi par SARKOZY et MERKEL pour présider l'UE (à ce tarif je veux bien faire un effort d'idiotisme). Pour t'en convaincre, je t'invite à écouter la vidéo qui suit à partir de la deuxième minute, c'est la réponse de VAN ROMPUY à FARAGE ! Si ce genre de réponse ne correspond pas à la définition de l'idiot utile, alors je suis prêt à manger mon chapeau en public mon cher François ! Quant aux relations entre DSK et SARKOZY, je me demande si ce dernier savait au contraire ce qu'il faisait. Je pense qu'en propulsant DSK au FMI il était convaincu d'éliminer son plus dangereux rival de gauche pour 2012 et que ce dernier lui renverrait l'ascenseur. | |
| | | Nicolas Gogol Membre intéressé
Nombre de messages : 23 Age : 44 Localisation : Charleroi Langue : Français Emploi/loisirs : Spiritualité, politique Date d'inscription : 22/09/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mer 07 Avr 2010, 3:37 pm | |
| Force est de constater que cet homme féru de poésie japonaise est incapable de répliquer avec grandeur ou ironie à Nigel Farage ! | |
| | | Ti' Breton Membre d'honneur
Nombre de messages : 1314 Age : 63 Localisation : Antibes Langue : Français Emploi/loisirs : Patrimoine culturel Date d'inscription : 06/12/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Jeu 08 Avr 2010, 3:06 pm | |
| Disons le tout de go mon cher François : si ton respect de l'individu t'honore, tu admettras avec Stans que l'honneur est à la politique internationale ce que Rama Yade est au ministère des sports... Bien entendu que Van Rompuy a été méticuleusement - et malicieusement - choisi par le duo Merkel / Sarkozy, et ce pour son incapacité à secouer "le cocotier" européen et se plier aux banderilles du couple infernal, enfin là aussi...Du couple...En réalité il n'y a que Sarkozy qui s'imagine faire partie d'un couple car Merkel dort seule depuis longtemps dans le lit de l'Europe... De là à reconnaître que les membres éminents de l'UE ne sont pas des idiots, cela reviendrait à dire qu'ils pensaient lors de leur élection - ou nomination - que leur poste était de première importance...Pour qui s'intéresse à cette machine à gaz, il y a de quoi se poser la question. Concernant le rôle du FMI la crise, puis la seconde qui devrait perdurer jusqu'en 2013 / 14 au bas mot lorsqu'on lit certaines revues économiques, était déjà pré-établie depuis quelques années, depuis cette époque où certains pays européens, à l'instar des États-Unis d'Amérique, ont fléchi devant la tentation de céder à l'endettement par des investissemnts douteux et pharaoniques sur l'immobilier notamment... Tout était écrit, par DSK entre autre... | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Sam 08 Mai 2010, 9:58 am | |
| L'Union Européenne et l'€ sont en danger car nous sommes en présence d'une crise systémique en Europe, crise qui a démarré en Grèce à l'image de la crise de 29 qui a démarré en Autriche et qui menace de s'étendre à tout le territoire de l'UE et hors UE (je pense à la GB).
Le plan de soutien à l'économie grecque est une illusion. La société grecque ne pourra supporter les efforts exigés et je prends le pari suivant : dans 3 mois, lorsque l'Eurogroupe viendra mesurer les efforts financiers du gvt grec, il constatera qu'ils sont en dessous des engagements et le gvt allemand (qui n'en espérait pas moins) sautera sur l'occasion pour dénoncer l'aide et annuler les transferts. Je pense en effet très sincèrement que tel est le souhait du gvt allemand : démontrer que toute idée de solidarité est vaine pour s'exonérer de tous futurs transferts, à la Grèce mais aussi au Portugal, à l'Espagne, etc... C'est tout à fait compréhensible : ni l'Allemagne, ni l'Union des autres pays n'en ont les moyens financiers.
La résolution de la crise grecque - et au delà des difficultés des autres pays de l'Union- ne passe d'ailleurs pas par une réduction des dépenses publiques ou une augmentation des prélèvements, mesures qui ont pour effet immédiat d'introduire la récession et donc d'aggraver la crise, mais par un changement radical de la politique allemande, qui doit cesser sa stratégie mercantile et ouvrir son marché intérieur à une demande adressée à ses partenaires -ce que ne fera jamais l'Allemagne car confrontée à ses besoins futurs d'une population vieillissante.
L'Allemagne (en fait le bloc allemand D+Aus + NL) a décidé de se constituer des excédents coûte que coûte dans la perspective des temps très dure qui à venir en raison du vieillissement rapide de sa population et des énormes besoins de soins que celle-ci exigera.
Il y a donc des trajectoires totalement incompatibles entre les pays du Sud et en particulier la France dont la démographie exige la croissance de l'économie et l'Allemagne dont la démographie exige de stocker des excédents et de ne pas les recycler.
A mon avis le sort de la Grèce est scellé. Je pense qu'elle fera défaut sur sa dette, car son épargne privée est stockée à l'étranger, à l'abri de l'impôt, et les fleurons de son économie, dont le port du Pirée, ont été cédés aux Chinois qui le gèrent à leur profit (ainsi que le port de Salonique, je crois bien).
La question est de savoir comment les marchés vont réagir à ce défaut prévisible de la Grèce, mais surtout à cette manifestation de la divergence des intérêts fondamentaux du monde allemand et du monde latin (pour faire bref). La situation de l'Espagne est très inquiétante, non pas en raison de la dette publique, mais en raison du total dette publique + dette privée qui dépasse 280% du PIB (200% en France, mais avec une épargne privée du même niveau). Les risques de défaut de l'Espagne sont donc très forts. De même pour ce qui concerne la Grande Bretagne dont le total dette publique + dette privée atteint 260% du PIB avec épargne privée = 0 (c'est en ce sens que la situation de la GB est pire que celle de l'Espagne).
La constitution d'une sorte de FMI européen est une réponse insuffisante et tardive, car il y faudrait des centaines de milliards d'€ de cotisations des états, ce qu'ils ne peuvent tolérer. La solution serait la création d'une agence européenne de la dette, à laquelle tous les états transfèreraient leur dette publique et qui emprunterait au nom de l' UE pour ensuite redistribuer les sommes levées sur les marchés aux états membres, mais en fonction de leur comportement : donc un vrai gouvernement budgétaire européen. Formule à laquelle les Allemands et les Français et les Britanniques sont farouchement opposés. Les Allemands plus que les autres, car leur politique mercantiliste menée depuis Schröder d'accumulation des excédents sans les recycler est exactement à l'opposé de la gestion commune de la dette de l'Union.
Les perspectives de l'Union sont donc sombres. Les réponses par une diminution des dépenses publiques ou une augmentation des prélèvements ne sont pas les bonnes, même si elles peuvent un temps faire baisser la tension. La constatation est de la divergence entre les trajectoires des états qui constituent l'Union et du strict jeu de leur intérêts (ce qui ne peut étonner que ceux qui croient encore à l'idéologie comme facteur de changements politiques).
Est-ce la fin programmée de l'Union ? Stiglitz serait plutôt de cet avis. Si oui, qu'est-ce qui va prendre sa place ? En face on a deux économies, la chinoise et l'américaine qui sont des économies de guerre (voir le budget US de l'armement : 800 milliards de $ officiellement + 400 milliards cachés dans les budgets civils).
Il reste une voie de rétablissement des grands équilibres intra-européens fortement mis à mal par le bloc allemand (auquel d'ailleurs, remarque incidente, la Flandre aspire à faire partie étant touchée par le même problème du vieillissement de sa population) : le rabotage par l'inflation. C'est le meilleur moyen pour réduire la valeur des stocks d'excédents accumulés par l'économie allemande et pour diminuer les coûts de production dans les autres pays. Le seul obstacle est la politique de la BCE. Combien de temps pourra-t-elle encore tenir cette position impossible ? Nous allons assister prochainement à toute une série de bras e fer entre les diplomaties. Dans ce jeu, les marges e manœuvre pour la Belgique sont absolument inexistantes, outre le fait que la ligne de fracture entre pays à besoins et pays à excédents passe à l'intérieur de la Belgique, Flandre étant dans une situation de devoir constituer des excédents encore plus exigeante que celle qui s'impose à l'Allemagne. | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Dim 09 Mai 2010, 11:50 am | |
| Voici ce que je réponds à un intervenant sur un site voisin:
Bonjour Ulmo. Vous faites plusieurs remarques et posez diverses questions très intéressantes.Je vais tenter d'y répondre.
1ère remarque : vous demandez pourquoi, alors que Paris et la Corrèze ont la même monnaie, il n'y a pas de crise monétaire entre eux, alors que leurs économies sont opposées. Vous faites observer très justement qu'il en est de même pour la Californie et le Texas. Voilà des territoires qui partagent la même monnaie (le franc français initialement, l'e aujourd'hui, le dollar) et en effet il n'y a pas de mouvements spéculatifs. L'explication technique tient en deux mots : la mobilité sans risque de l'épargne.
L'économie de la Corrèze est déficitaire : la consommations de ses habitants est plus élevée que la valeur de la production locale. Il en est de même pour le Texas, vraisemblablement, et en tout cas pour les états de l'ouest profond américain (Wyoming, Utah...) Les économies de l'Ile de France et de la Californie sont excédentaires. Il n'y a pas de mouvements spéculatifs parce que les populations excédentaires acceptent de transférer en retour vers les dites régions déficitaires l'épargne (l'excédent) dégagée par leur économie. Ils acceptent de le faire sans crainte de risque d'impayés ou de dépréciation de leur épargne car règne entre ces divers territoires un contrat social et politique qui les rend solidaires. Les parisiens qui acceptent de renvoyer leur épargne en Corrèze (par exemple en y acquérant des biens), savent qu'ils ne risquent pas de pertes de change ou de blocage pour revendre leur bien et reprendre leur argent si nécessaire. On dit que l'épargne est mobile sans risque.
Qu'en est-il entre pays de la zone € ? Le risque de perte de valeur de l'épargne existe et il est très fort, puisque un débiteur grec (public ou privé) peut faire défaut et qu'il n'y aurait pas alors de possibilité réelle pour le prêteur allemand de récupérer l'épargne mise à disposition des grecs pour compenser leurs déficits publics et privés. Lorsque ce risque est ressenti par les pays excédentaires, ceux-ci cessent de rendre leur épargne mobile : il la réinvestissent chez eux au lieu d'acheter des maisons en Grèce, par exemple. Et cela accélère le processus de défaut.
Alors, qu'est-ce qui permet à l'épargne d'être mobile et de financer les déficits des opérateurs déficitaires ? C'est tout simplement l'existence d'un pacte national représenté par un gouvernement national censé être le garant de l'intérêt commun. Ce gouvernement n'existe pas en Europe, et n'existera pas de sitôt. Donc, à la première alerte (on le voit) l'épargne se replie vers ses terres d'origine et les pays déficitaires sont en total défaut. Et si une politique de restrictions des dépenses publiques est appliquée, la récession qui s'en suivra accentuera ce défaut (c'est pourquoi en Grèce, le remède est pire que le mal).
2ème question : vous posez la question de la situation de la GB vis-à-vis de la zone €. A partir du moment où l'épargne des excédentaires devient moins mobile en raison de la perception du risque de défaut, l'intérêt de la GB -qui est un pays très déficitaire- de joindre la zone € diminue inversement. On ne voit pas bien pourquoi l'épargne qui s'est repliée d'Espagne (qui est un pays déficitaire mais moins risqué que la GB) irait compenser les déficits britanniques qui sont autrement plus importants. Aujourd'hui, pour la GB, rentrer dans le système de l'€, serait une erreur. Erreur d'autant plus grande que la Banque d'Angleterre est pleine à ras bord de titres souverains britanniques (la BoE est obligée d'acheter les Gilts 10 ans émis par le Trésor pour financer les déficits), alors que les banques centrales participant au système de l'€ ne peuvent constituer de réserves auprès de la BCE en titres de leur propre dette. Cela veut dire que si la BoE devait faire partie de la BCE il faudrait que sa mise au pot soit effectuée en d'autres valeurs que les gilts : en droits de tirages spéciaux, en or, en dollars, en yens, mais pas en livres sterling , monnaie dans laquelle sont libellés les gilts. Or elle ne dispose pas de ces réserves, sauf à vendre ses actifs libellés en or. La situation patrimoniale de la BoE est si détériorée que certains cabinets d'experts prévoient un défaut de paiement du Trésor public britannique et de la BoE avant la fin de l'année; c'est dire... (voir LEAP 2020).
Toujours sur la GB, il faut bien comprendre que la dette publique qui s'élève à environ 70 % du PIB en juillet 209 ne représente qu'une faible partie de la réalité. Pour bien apprécier la situation des GB, il faut prendre en compte 3 autres paramètres : la dette privée, qui était de 180% du PIB en juillet 2009 (source, banque de France), le stock d'épargne privé, très bas, et surtout le fait que l'économie du pays est entre les mains d'opérateurs étrangers (comme en Grèce). L'économie GB est donc fortement contrainte et c'est seulement par résilience historique que la City continue de donner le change. Jusqu'à quand ?
3ème remarque : La Belgique. Vous avez parfaitement raison de dire que si la zone € s'effondre, la Belgique s'effondra encore plus vite. Comment cela se passerait-il techniquement ? Si l'€ disparait, les banques centrales, dont la BNB reprennent leur dépôt au capital de la BCE et chaque pays va devoir recréer sa monnaie ou partager une monnaie commune avec le voisin. Mais la dette publique, comme les dettes privées, sont libellées en € et devront être payées en devises acceptées par les débiteurs. Si la Belgique recrée sa monnaie, il lui faudra se procurer les devises (vraisemblablement des dollars) pour payer sa dette en €, ce qu'elle ne pourra faire, car il lui faudrait 20 ans d'excédents financiers. Donc c'est le défaut assuré. L'autre stratégie serait d'adhérer à une zone monétaire stable. La plus stable serait celle qui ne manquerait pas de se créer autour de l'Euro-mark, mais aux conditions draconiennes, insoutenables, de l'Allemagne, c'est-à-dire zéro déficit public, et donc la potion amère de la récession. La troisième solution serait de recréer, comme au moment de la zone franc, une monnaie bâtarde qui assemblerait les pays déficitaires, mais pas trop, susceptibles de revenir à l'équilibre avec un peu d'efforts, dont la France pourrait être un vecteur.
Je ne fais aucun pronostic sur la poursuite et le maintien de l'€. A l'heure actuelle la BCE a résisté à la pression des états déficitaires d'acheter de la dette publique européenne : c'est une exigence de l'Allemagne (acheter de la dette publique à son émission = faire marcher la planche à billets). Je pense qu'elle ne pourra résister totalement et qu'au moins elle sera amenée à acheter des titres (français, belges, espagnols) sur le marché de la dette d'occasion (aussi appelé marché secondaire). Selon certains professionnels, cette initiative signerait la fin de la zone €, l'Allemagne y étant totalement opposée car ce serait faire rentrer le loup par la fenêtre après lui avoir interdit la porte.
Tous les scénarios sont possibles. En fait la solution technique est entre les mains de l'Allemagne qui dispose d'énormes excédents stockés. Tant qu'elle refusera de les recycler en les redistribuant à sa population (pour en reprendre une partie sous forme d'impôts -ce que refusent les libéraux), de manière à permettre à celle-ci de dépenser et de soutenir les économies voisines, il n'y a pas de solution à moyen terme. On est dans la situation d'Oncl'Picsou qui est assis sur son or, mais qui refuse de le dépenser, créant les déséquilibres puis la misère autour de lui.
D'où ma conclusion : la zone e est aujourd'hui l'espace où la règle est la désolidarisation et l'individualisation des stratégies. Techniquement cette zone € ne sert plus à rien, mais y mettre fin serait peut-être plus difficile que d'y rester et de la faire fonctionner. | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Lun 10 Mai 2010, 7:27 pm | |
| POINT D'ETAPE : UN EVENEMENT HISTORIQUE
j'avais introduit ce fil sur la fin possible de l'€ et de l'Union européenne (avec un point d'interrogation) car je sentais monter les périls. Non que je sois un européiste convaincu (je suis plutôt eurosceptique) mais j'ai toujours pensé qu'une destruction de l'Union en rase campagne financière c'était aussi la destruction de nos nations. Pour conserver à nos nations l'espoir de jouer un rôle dans l'avenir, il faut aujourd'hui sauver le système de l'€ et faire en sorte que l'€ devienne une vraie monnaie, car nous n'en avons pas d'autre.
Et c'est à ce titre que j'estime que ce qui s'est passé ce WE constitue un événement historique.
Deux des 4 positions dogmatiques, deux des quatre tours de défense dont la Buba et l'Allemagne avaient exigé l'érection pour consentir à l'€ ont en effet été démantelées hier, et je pense qu'on ne les reverra jamais.
La première tour de défense, c'était le refus de la solidarité entre pays excédentaires et pays déficitaires (je préfère cette définition technique à celle riche/pauvre). Le mécanisme qui a été trouvé hier jette à bas définitivement cette position dogmatique de la Buba qui était devenue intenable. Désormais c'est l'UE qui va emprunter et qui va organiser la solidarité en cas de coup de tabac.
La deuxième tour de défense c'était l'interdiction faite à la BCE d'acquérir sur le marché secondaire des titres souverains émis par les pays membres. Ce matin, Trichet a déposé les armes et les premiers achats secondaires de titres souverains ont démarré à 10h00. La BCE joue enfin son rôle de prêteur en dernier ressort, ce qui est la meilleure manière de décourager les attaques spéculatives contre une monnaie.
Il manque encore deux tours de défense à démolir pour que la BCE soit vraiment une banque centrale :
- la possibilité pour elle de souscrire à toute nouvelle émission de dette souveraine; - dernière tour de défense à démanteler : élargir la mission de la BCE et lui donner comme mission, non seulement de combattre l'inflation, mais de soutenir la croissance.
Je rappelle que ces 4 lignes de défense étaient des exigences allemandes. La Buba a déjà fait deux pas en arrière. Il lui en reste encore deux à faire. Elle sera contrainte de les faire, quand elle constatera que la vertu allemande ne peut être récompensée qu'en permettant aux autres de lui adresser des demandes et donc de promouvoir le retour de la croissance.
Hier, 9 mai 2010, était vraiment un jour historique. | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Lun 10 Mai 2010, 9:11 pm | |
| Ce jour historique ne le doit-on pas aux efforts conjugués de la France et de l'Italie mon cher François ? Je ne pense pas que l'initiative fut très allemande surtout quand on vit la réaction du "bon peuple allemand" qui s'empressa de sanctionner Angela MERKEL lors des dernières élections régionales ! | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 11 Mai 2010, 12:02 am | |
| Bonsoir Stans, N'ayant pas assisté au match, il ne m'est pas possible de dire à qui l'on doit ce résultat. Finalement cette question n'a pas tellement importante. Ce qui importe c'est le rééquilibrage des positions en faveur des états du sud et de la France en particulier qui en est résulté, puisque la conception allemande de la banque centrale en ressort très affaiblie, et c'est plutôt une bonne chose. C'est incontestablement une victoire diplomatique de la France, peut-être aussi de l'Italie et de l'Espagne. Comme par ailleurs les autorités britanniques viennent de nouveau de laisser passer l'occasion de peser sur la BCE, cela est aussi une victoire diplomatique indirecte de Paris. Il faut se rappeler en effet que ce qui avait motivé la décision britannique de ne pas participer au système de l'€ c'était précisément l'interdiction faite à la BCE d'acheter de la dette publique, soit à l'émission, soit sur le marché secondaire. Et pour la GB qui est un producteur important de gilts, cette restriction était rédhibitoire, car les balances sterling débitrices sont importantes. Mais à partir du moment où la BCE se voit autorisée à acheter sa propre dette, alors le maintient de la BoE hors de l'€ devient un handicap pour l'économie britannique. C'est facile à comprendre, du fait que la BCE voudra diversifier son portefeuille de titres souverains et achètera alors des gilts, ce qui la rendra créancière de la BoE et donc la BCE pourra s'inviter aux comités monétaires de la BoE, alors que l'inverse ne sera pas vrai. Erreur de stratégie importante de la part des autorités britanniques : il fallait rentrer dans le jeu et participer à cet embryon de futur FME qui est en train de voir le jour.
Paris a marqué des points, ces jours-ci. Il convient d'en prendre acte. mais il faut transformer l'essai. Paris ne pourra obtenir en revanche que Berlin recycle ses excédents . Donc il faut que la position internationale de la France revienne à l'équilibre en ne comptant que sur nos propres forces. La position française était débitrice nette de 400 milliards d'€ en décembre 2009. Ce qui est beaucoup. A l'inverse la position allemande est créditrice de 500 milliards d'€, ce qui est tout aussi excessif. Comment faire en sorte de réduire la position débitrice : en réindustrialisant l'économie. tel est en fait le vrai défi. La France dispose des atouts. Il faut qu'elle les mobilise.
On reviendra sur ce sujet.
Bonne soirée.
Bien entendu ces modifications du rôle de la BCE ne résolvent pas à elle seules le problème de fond qui demeure : comment apurer ces immenses dettes souveraines et comemnt réduire les diversgences entre les économies des états excédentaires et des états déficitaires. A noter que la possibilité donéne à la BCE d'acheter de la dette souveraine peut être considérée comme un facteur inflationniste, et donc aider à l'effacement des dettes souveraines et privées. C'est ma théorie : ces dettes ne pourront jamais être remboursées en e constant. Elles devront donc passer sous le rabot de l'inflation. | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 11 Mai 2010, 1:04 pm | |
| beaucoup de fautes d'orthographe et de lourdeurs de style dans mon précédent envoi. Je vous demande votre indulgence : il était minuit quand j'ai répondu à la sollicitation de notre ami Stans. Bonne journée à tous. | |
| | | Ti' Breton Membre d'honneur
Nombre de messages : 1314 Age : 63 Localisation : Antibes Langue : Français Emploi/loisirs : Patrimoine culturel Date d'inscription : 06/12/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Ven 14 Mai 2010, 4:34 pm | |
| Si je ne m'abuse, Angela Merkel a reçu une correction électorale pour avoir cédé en partie à ceux qui voulaient aider la Grèce...Elle a donc perdu sur tous les plans.Néanmoins, ce rachat de la dette va déplacer effectivement le problème de manière inattendue, la spéculation s'avérant soudain beaucoup moins payante compte tenu des mesures prises qui feront, par le jeu de l'inflation et "du temps", que cette dette ne sera effectivement jamais remboursée en constant...C'est un joli coup. Pour une fois, effectivement encore, l'isolationnisme pragmatique économique britannique risque de lui sauter à la figure - enchassé de plus dans des difficultés politiques sngérables à moyen terme (le mariage de la carpe et du lapin) - Il ne serait pas évident que la livre soit directement attaquée alors que l'économie britannique n'est pas flamboyante... | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: 750 milliards pour sauver l'euro ! Lun 17 Mai 2010, 9:32 pm | |
| Source : http://ht.ly/1LJVf
750 Milliards : chroniques d’une fin non annoncée
750 milliards mis sur la table en quelques heures, impensable quelques jours avant, mieux et plus vite que Paulson, et en infraction avec le traité européen qu’on avait déjà tiré aux forceps, voilà la danse du ventre pharaonique qui a été jouée dans la nuit de dimanche à lundi à Bruxelles, peu avant l’ouverture des marchés, pour éviter un lundi noir qui aurait dû conclure les débandades boursières de la fin de semaine. Si lundi les marchés ont applaudi les roulements de hanches de la belle Lagarde et de ses homologues, certains analystes pensent que cette somme colossale ne sera que la dernière tournée offerte aux Danaïdes et sera suivie par une descente aux enfers précipitée.
Qu’on se représente déjà le chiffre : Le New Deal de Roosevelt, c’était 50 milliards en dollars d’aujourd’hui, et le plan Marshall, 100 milliards d’aujourd’hui (1). Mais se rend-on compte que cette somme fabuleuse, 750 milliards, l’intervention la plus démentielle de tous les temps, et de loin, ne représente qu’à peine plus de 10% de la dette de la zone Euro, qui est de 7.000 milliards d’Euros (2) ? Se rend-on compte aussi que sur cette somme, où l’intervention du FMI doit être considérée comme complémentaire de l’intervention européenne, plus de la moitié des 750 milliards, soit 440 milliards, doivent être considérés comme "mobilisables", c’est-à-dire qu’ils n’existent pas encore ? Et pourtant ! Cette somme si folle fait si pâle figure ! "Cela ne suffira pas", indique Philippe Dessertine (1), ce que confirme Frederic Lordon : "un plan de sauvetage de l’Espagne seule a été estimé par Natixis à un ordre de grandeur de 400-500 milliards d’euros, et l’on ne parle encore ni de l’Italie, ni de l’Irlande" (9).
Rien n’est fondamentalement changé, au contraire, si le gouffre a été temporairement écarté, la situation a fortement empiré : Moody’s, en dépit de la décision européenne, a toujours l’intention de poursuivre l’abaissement de la note de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal (3), et, si la cagnotte européenne devait être activée, ce sont les signatures des 3 locomotives européennes (Allemagne, France et Pays-Bas) qui risquent d’en pâtir, selon Dessertine, ce qui provoquerait "une onde de choc" (1). Or dans cette partie de Hold’hem poker, si Bruxelles a abattu une partie de son jeu ce week-end, les marchés vont vouloir voir les cartes cachées et vont s’infiltrer dans les failles pour mesurer la consistance de ces annonces : "On va nécessairement utiliser ce dispositif", poursuit Dessertine.
Le dispositif en place n’est en effet rien d’autre qu’une arme anti-spéculation très temporaire, qui aura le mérite de ne pas démentir Sarkozy quelques temps. Contrairement à ce qui avait été exigé du traité de Lisbonne, et c’est la grande nouveauté du week-end, les pays dans la mélasse pourront maintenant court-circuiter le marché en empruntant directement à la BCE, qui a contourné le traité en se plaçant sur le second marché. La BCE, achetant depuis lundi de la dette publique et privée, a donc maintenant, à son corps défendant, la capacité de création monétaire, devenant, à l’instar de la Fed, opérateur de planches à billets et incinérateur de junk bonds ; planche à billets, terme qu’elle n’aime pas beaucoup et qu’elle dénie (4) en jurant sur la tête du veau d’or qu’elle réintégrera ultérieurement les liquidités distribuées dans cette orgie européenne qui pourrait invoquer l’ombre de Weimar, en ayant oublié de préciser quelles étaient les seules et très précises conditions économiques qui rendrait possible ce retour de liquidités.
C’est ainsi que la Grèce a pu emprunter, dès Lundi, à un taux bien moins coercitif : "La mesure a contribué à la chute spectaculaire des taux des obligations grecques à 10 ans, qui sont passés de 12,4 % vendredi soir à 6,4 % lundi" (5). Sus aux spéculateurs ! Oui mais voilà, c’est précisément ce que voulait interdire le traité de Lisbonne, afin de "responsabiliser" les dirigeant politiques. Les spéculateurs sont momentanément arrêtés, mais le robinet de la BCE a été ouvert. Cette fontaine de jouvence, appelée bouton nucléaire dans le jargon financier, s’il est commode dans ses modalités (d’où son appellation anglophone "easing"), donne maintenant la possibilité aux états de s’y abreuver indépendamment de toute responsabilité ou irresponsabilité budgétaire, sans parler du spectre inflationniste. Peut-on pousser la caricature jusqu’à imaginer un gouvernement carburant à l’absinthe qui aurait toujours, quoi qu’il fasse, la fontaine de jouvence à sa portée ?
Pas tout-à-fait, car outre les mesures de consultations budgétaires préalables de la commission européenne en préparation - Il faut bien présenter un peu de sérieux - , c’est le FMI qui, de sa hauteur participative de 50%, viendra jouer le père fouettard pour les récalcitrants. Le 9 mai 2010 marquera en effet la date où une organisation supra-nationale, non-européenne, aura conquis le droit d’ingérence sur un pays de la zone Euro dépassé par son endettement, et le droit de briser les acquis sociaux que ses aïeux auront mis 50 ans à construire. DSK aura du mal, après ça, à expliquer qu’il est socialiste (6).
Ce qu’on oublie allégrement de dire dans cette affaire, c’est que l’actuelle crise n’est pas une crise du déficit budgétaire de la Grèce, ni des PIGS, tout au moins pas directement, mais bel et bien une crise des banques européennes, et l’opération de sauvetage n’était pas destinée à la Grèce, mais aux banques européennes, ainsi que le rappelle Marc Faber (7). Ce sont encore, une nouvelle fois, les banques qui ont été sauvées, et, en dépit de la posture sarkozienne à l’encontre des spéculateurs, ce sont des nouvelles munitions que l’on va présenter à la spéculation : "les membres de l’Union, en collaboration avec le Fonds Monétaire International (FMI), préfèrent mettre 750 milliards d’euros à la disposition des marchés. Les spéculateurs doivent se frotter les mains [...] Car, dans l’intervalle, rien n’est entrepris pour stopper la spéculation. Les banques pourront continuer de manipuler les cours comme elles l’entendent. Surtout qu’elles sont maintenant assurées d’être remboursées" (8). Ce ne sont pas les futurs états défaillant de la zone Euro que l’on cherche à sauver, mais leurs créanciers.
C’est donc d’un nouveau hold-up dont il s’agit, au crédit de la spéculation et au débit de la dette publique, qui vient de s’opérer. Les garanties en jeu ne reposent que sur un phénomène de lévitation collective, nommée bootstrapping par Lordon, où la croissance est attendue comme le Messie, faute de quoi l’ensemble du dispositif est condamné à l’effondrement : "ce sont les États qui se garantissent mutuellement au moment même où leurs solvabilités sont mises en doute. Rien ne permet d’exclure le scénario au terme duquel - dans six mois, douze, dix-huit ? - l’opinion financière, aujourd’hui enivrée par les centaines de milliards gracieusement mis à sa disposition, prendrait pleinement conscience du caractère de bootstrapping de la manœuvre. Si la croyance financière effectue ce nouveau déplacement, l’ensemble du dispositif connaîtra la ruine et tout sera à refaire. Il faut donc souhaiter très fort que la croissance revienne au plus vite" (9).
Or comment envisager une croissance dans le plan d’austérité qui va s’abattre sur toute l’Europe ? L’emballement des dettes souveraines sans perspectives de croissance est un suicide organisé. Les financiers sont donc très perplexes devant le plan Européen :
Jim Rogers : "Le plan de sauvetage européen est un clou dans le cercueil [...] Cela signifie qu’ils ont abandonné l’Euro, ils ne font pas particulièrement attention s’ils ont une monnaie sonnante, tous ces pays dépensent de l’argent qu’ils n’ont pas, et ça va continuer [...] C’est une monnaie politique, et personne ne se soucie de l’économie d’arrière-plan indispensable pour avoir une monnaie solide. Je pense que ça va couler, ils gaspillent encore plus d’argent dans ce problème et ça va rendre les choses pires" (10)
Peter Schiff confirme que toute croissance est inenvisageable, et que l’investissement privilégié restera l’or, devant la monétisation de la dette américaine et européenne : "Ils vont faire un Euro aussi faible que le dollar" (11). Se ruer sur l’or, avant quelle genre de période faut-il avoir ce réflexe ?
Constat très simple : force est de constater que la construction devient non seulement toujours plus instable, mais que le pari de sa solidité se base sur l’espérance d’une croissance imminente, dont on sait qu’elle n’aura pas lieu, de part une panne de l’économie réelle et le fardeau d’un plan d’austérité massif, et dont l’absence générera une spirale de dette publique exponentielle. De trois choses l’une :
Incompétence généralisée ?
Fuite en avant incontrôlée, faute d’alternative ?
Construction délibérée d’un effondrement ?
A vous de choisir. Selon Philippe Dessertine, le grand emprunt de 35 milliards était la dernière étape avant le gel des dépenses de l’état, sans qu’on nous l’ait dit. 5 milliards d’économie, "une blague" ! 80 milliards de contribution de la France au dispositif européen, en plus de son déficit abyssal, c’est ça qu’il faut prévoir, c’est un plan comparable au plan d’austérité grec qui nous attend, selon l’économiste (12). Depuis son élection, Sarkozy a fait passer le déficit public de 2,7% en 2007 à 8,2% en 2010 (13), c’est-à-dire qu’il l’a triplé en 3 ans, même les précaires qui ont connu plus que les autres la radicalisation du coût de la vie pendant cette période n’arriveront pas imaginer ce que sera l’austérité française quand elle s’alignera sur celle de la Grèce.
Selon Elie Cohen (13), le plan européen ne fait que repousser les "regains spéculatifs", qui surgiront à nouveau très prochainement, quand les mécanismes nationaux d’activation du plan d’aide mettront en évidence les faiblesses des états en difficultés. Autant dire que le plan de 750 milliards, simple bulle d’air furtive, n’a pas seulement échoué à écarter la potentialité spéculative, mais il enlève tout espoir de croissance, et donc tout espoir de recouvrer les dettes. Autant le dire de suite, la partie est terminée. Et ensuite ? Un des rares à avoir abordé le sujet tabou est Philippe Dessertine, professeur à Nanterre, directeur de l’Institut de Haute Finance, qui, comparant la crise actuelle à celle de 1929, nous situerait actuellement vers ... 1937. "Le temps presse", dit-il, si l’on veut éviter la guerre (14)
LIENS :
(1) Philippe Dessertine sur RTL, 2° partie, http://www.rtl.fr/fiche/5940396453/philippe-dessertine-livre-un-cours-d-economie-sur-rtl.html
(2) Guillaume Roquette (Valeurs actuelles), C dans l’air, http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?page=resume&id_article=5702
(3) http://www.la-chronique-agora.com/a...
(4) http://lci.tf1.fr/economie/conjonct...
(5) http://trends.rnews.be/fr/economie/...
(6) http://www.voltairenet.org/article1...
(7) https://www.youtube.com/watch?v=QWx3jb48bxA
(8) http://www.pauljorion.com/blog/?p=1...
(9) http://www.fsl56.org/les_actualites...
(10) http://www.bloomberg.com/apps/news?...
(11) http://www.kracheconomique.fr/?p=1690
(12) Philippe Dessertine sur RTL, 3° partie, http://www.rtl.fr/fiche/5940396453/...
(13) C dans l’air, émission du 11 mai, http://www.france5.fr/c-dans-l-air/...
(14) Philippe Dessertine, interviewé par Philippe Vallet au sujet de son ouvrage, "Le Monde s’en va-t-en guerre", Ed. Anne Carrière, 2010, Audio, http://www.france-info.com/chroniques-le-livre-du-jour-2010-05-11-le-monde-s-en-va-t-en-guerre-de-philippe-dessertine-440473-81-176.html | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Lun 17 Mai 2010, 11:47 pm | |
| je pense que dans cette affaire tout le monde ou presque est passé à côté de l'essentiel. Je viens de lire l'article que notre ami Stans a posté, repris du site Agoravox. Voici bien un article inutile, plein de ressentiment, et qui brouille les cartes, à l'image de ce site de pseudo réalistes.
Bien évidemment que le plan de sauvetage de la Grèce est un plan au bénéfice des banques : ce sont elles qui portent les titres de la dette grecque. Ce ne sont pas les Grecs eux-mêmes. Il n'y a a que ceux que ça arrange qui font semblant de s'en offusquer. Bien évidemment que ce plan est un 2ème plan en faveur de la finance, et pour cause, la banque et la finance sont au cœur du mécanisme économique. Il n'y a que les idiots pour s'en offusquer. les banques ont même été inventées pour ça. Imagine-t-on ce qui se serait passer en France et en All. si les banques devaient d'un seul coup, passer des provisions pour créances douteuses de 120 milliards d'e, montant de leur engagement sur la Grèce ? Bien évidemment que ce plan ne règle pas le problème au fond. Le problème au fond c'est le mur de la dette. Et c'est un mur épais qui a été construit brique après brique au nom des transferts sociaux. Bien évidemment que pour réduire une dette il faut limiter les dépenses publiques et que cela pèse sur la croissance. Si l'auteur de cet article avait voulu faire preuve d'un peu de pédagogie, il aurait même pu préciser la règle : une diminution des dépenses de x% fait mécaniquement chuter la croissance de X/2. Ce qui veut dire qu'en baissant la dépense publique de 7%, on ne réduit le déficit que de 3,5%, la moitié seulement. Bien évidemment que personne n'y parviendra. Une seule diminution de croissance de 1% est quasiment insoutenable; alors 3,5% pour la France ou 10% pour l'Espagne... Ou alors dans la durée : 4 ans pour la France, 10 ans pour l'Espagne, Bien évidemment que les sommes prêtées à la Grèce ont peu de chances d'être remboursées. A quoi cela servirait-il d 'ailleurs ?. On ne demande pas qu'ils remboursent le capital; on leur demande de payer les intérêts et de ne pas faire de nouvelles dettes. Un prêteur se moque du capital; ce qui compte c'est que le débiteur continue de payer régulièrement ses intérêts. Bien évidemment que les contribuables allemands ne reverront pas la couleur de leur argent : dans une économie fermée, nul ne peut indéfiniment conserver pour lui le tas de billes. Sinon le jeu s'arrête. Bien évidemment que ajouter de la dette à la dette ça n'est pas satisfaisant, mais comment faire autrement au moins au début ? Bien évidemment que l'on peut être inquiet pour l'avenir Bien évidemment que la Grèce ne pourra pas remplir les conditions draconiennes qui lui ont été imposées. Bien évidemment que les dirigeants de l'Eurogroupe ont toujours su que ces conditions étaient inapplicables. Bien évidemment que l'Espagne n'arrivera pas à réduire son endettement par l'austérité, ni la France, ni quiconque, ni l'Allemagne dont on oublie qu'elle a un endettement public de 75% de son PIB. J'arrête là, car ce n'est pas la situation qui me déprime, mais ces pseudos explications-dénonciations du style Agoravox. Alors, comment tout cela va se régler ? Pas par le conflit armé, bien entendu. Plus vraisemblablement par la récession des économies, le recyclage des épargnes et des excédents et surtout, surtout une bonne dose d'inflation. Ca a déjà d'ailleurs commencé et ça va s'accélérer, car bien évidemment le discours de Trichet qui dit qu'il va stériliser autant de masse monétaire qu'il va en créer par le rachat (monétisation) de la dette des états est un coup d'épée dans l'eau : il n'y a pas que la banque centrale qui crée la monnaie. Toute banque privée crée de la monnaie en consentant un crédit. Et que va faire une banque lorsqu'elle aura troqué ses titres de la dette souveraine rachetés par la BCE ? Tiens, bien entendu, elle va pas mettre cet argent frais au cofrre. Elle va le prêter selon le ratio 1 € récupéré/8 € prêté. Et hop, voilà l'inflation repartie par la création de masse monétaire par les banques commerciales. Bien entendu que DSK est un homme de la droite orthodoxe (ce qui n'est pas une insulte dans ma bouche) affublé d'un faux nez socialiste. Il n'y a que les idiots qui ne s'en sont pas aperçus et qui se posent encore la question. Bien entendu que DSK s'il est élu mènera une politique de restriction de la dépense publique, peut-être encore plus stricte que celle que va devoir mener NS. Mais ce n'est pas pour autant qu'il ne fallait pas mettre ce plan en place, et ce n'est pas pour autant vrai que l'€ est condamné. Mais tout ceci n'est pas l'essentiel. L'essentiel est ailleurs. Il est en Grande Bretagne et tient en deux chiffres que je vous livre: La GB doit trouver 200 milliards d'€ d'ici la fin de son exercice fiscal qui termine le 30 septembre. En face de ce besoin de financement, l'épargne nationale est nulle et chaque mois qui passe engendre chez les Britanniques un besoin de financement non financé de qq 20 milliards de plus. A titre de comparaison les chiffres sont les suivants pour la France : 87 milliards d'e à trouver pour la fin de l'année; une épargne disponible de 2.400 milliards et une besoin non financé de 10 milliards par mois, ce qui n'est déjà pas rien. Et je ne parle, concernant la GB, que de la dette publique. Si on y ajoute la dette privée, on obtient un endettement de 240% du PIB. On comprends pourquoi le premier voyage du nouveau ministre des AE a été pour Washington. Londres espère bien que la Fed lui avancera qq milliards pour faire sa fin de mois. Or la GB vient de se séparer définitivement de la construction européenne en refusant de participer au début de ce FME Conclusion : le prochain risque de défaut, ce n'est pas le Portugal ou l'Espagne; c'est la Grande Bretagne. Et on peut compter sur les traders de la City pour jouer à fond contre le sterling. Or le sterling c'est le poste avancé du dollar. Le sterling attaqué, c'est le dollar qui sera attaqué aussi. Donc je pense que d'ici la fin de l'année l'€ se retrouvera à 1,40 $ pour 1 € et qu'il faudra plus d'un £ pour acquérir 1 €. Mais même à ce moment-là, la crise ne sera pas résolue, car nous vivrons en Europe continentale une récession. Elle sera terrible pour l'Allemagne qui réalise les 2/3 de ses excédents avec ses partenaires de la zone €. Elle sera aussi très dure pour la France et ses satellites. Mais je crois que l'Union pourra surmonter cette crise. En revanche, je ne parierai pas mon billet sur le £ et la GB. Je pense qu'à la suite de cette crise, et en raison même de cette crise, le directoire franco-allemand devrait définitivement s'imposer sur l'Europe, car l'Allemagne aura besoin de la France, plus que la France n'aura besoin de l'Allemagne pour sortir de sa récession. Je pense que la France va pouvoir sortir renforcée de cette crise, et ce en dépit des poussées de fièvres sociales qui risquent de se manifester. Si nous savons relancer notre outil industriel sur les industries d'avenir (biotechnologies, pharmacie, robotique, énergie renouvelables, aéronautique, armements, industrie navale et nucléaire), nous pourrons alors, grâce à notre démographie, être leader en Europe.
Bonne soirée. | |
| | | Nemor Membre intéressé
Nombre de messages : 32 Age : 43 Localisation : France Langue : Français Emploi/loisirs : Consultant Date d'inscription : 22/04/2006
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? Mar 18 Mai 2010, 2:03 am | |
| Bonjour à tous,
Je ne sais pas si cette carte des dettes réciproques des principaux pays européens a déjà été postée sur le forum donc je le fais.
http://www.nytimes.com/interactive/2010/05/02/weekinreview/02marsh.html
Attention à l'Italie pour la France...
Sinon 100% d'accord avec l'analyse de François Barberis.
Les spéculateurs se sont attaqués à la Grêce et à l'€uro pour des motifs que l'on peut estimer valables ou non mais si l'on part dans cette logique, la situation des Etats-Unis et la GB est bien pire car ils ne disposent d'aucune épargne domestique. A ce titre, des pays comme l'Espagne ou la Grêce possèdent eux une épargne domestique (largement inférieure à celle de la France mais tout de même). J'ajouterais, concernant la France que 40% de sa dette publique est aux mains d'investisseurs (privés ou particuliers)... français. Sur les autres 60%, 2/3 sont non originaires de l'UE.
Cordialement.
Dernière édition par Nemor le Mar 18 Mai 2010, 12:21 pm, édité 1 fois | |
| | | Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| | | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ? | |
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| | | | La fin de l'€ et de l'Union européenne ? | |
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