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 La fin de l'€ et de l'Union européenne ?

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François Barberis
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyVen 12 Mar 2010, 9:46 pm

Je ne sais ce qu'il faut en penser mon cher François car je suis comme toi un eurosceptique qui voit en l'Union européenne un concasseur des États-Nations et de leurs souverainetés au détriment d'une Europe des Régions de mauvaise augure. De plus, depuis que nous "subissons" l'euro force m'est de constater que nous connaissons une spirale inflatoire des prix sans précédant et que le seul avantage de l'euro fort par rapport au dollar "faible" c'est que nous ne payons pas trop cher nos besoins énergétiques tandis que nous nous faisons rouler comme dans un bois en matière d'exportation par rapport à nos concurrents américains qui n'ont qu'à faire tourner la planche à billets verts ! Nous avions dans les années 50 un noyau européen fort : l'Europe des Six qu'il aurait fallu peaufiner avant de vouloir phagocyter l'ensemble du continent européen. Pourquoi ne pas avoir dès le début misé sur une Europe citoyenne et sociale avant d'en faire un "machin" commercial tantôt fédéral, tantôt confédéral, tantôt lâchement libre-échangiste voire les trois à la fois mais toujours de manière floue ? C'est au lendemain de la guerre qu'il eut fallu créer un véritable États-Unis d'Europe à Six (pour commencer) mais pour ce faire il eut fallu trouver une langue commune quitte à choisir l'esperanto pour tous et conserver les langues nationales pour chaque états constitutifs et règler en 1950 le sort d'un "non-état" appelé Belgique pour avoir d'emblée une Europe à Cinq (ou à Quatre sans l'état de pacotille qu'est le GDL). Une langue de travail commune et quatre langues culturelles subsistantes donc avant d'unifier les lois sociales, les différents codes civils, pénaux, etc., opter pour une monnaie unique, une citoyenneté unique, des représentants élus, ... Il aurait bien fallu 50 ans de "digestion" avant d'élargir ce noyau fort à d'autres états au compte-gouttes mais sans régimes temporaires ou spéciaux et je pense que nous n'en serions pas là.
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François Barberis
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptySam 13 Mar 2010, 6:25 pm

Stans, tu me poses une très intéressante question : l'€ était-il une monnaie nécessaire ? Fallait-il la faire ? Faut-il le maintenir ?

(Pour la bonne compréhension du message de François, voici la question que j'avais posée en MP à notre ami : CITATION " (...) l'euro était-il un si bonne idée mon cher François ? Sauf erreur de ma part, je me souviens que les Américains avaient proposé de créer une monnaie unique "dollar-euro-yen" mais chacun a préféré alors continuer à jouer dans son bac à sable. Cette monnaie-là aurait été invincible parce qu'axée comme le dollar sur la seule planche à billets selon les aléas du cours du baril de pétrole que les Américains paient en monnaie de singe virtuelle." - Stans)

En théorie économique, une monnaie n'est que l'expression d'une zone géopolitique homogène.
L'équation théorique est simple 1 zone homogène = 1 monnaie.
Par exemple : il y a la zone homogène du Japon et du Yen, de la Chine et du Yuan (aussi appelé je crois Riminbi), du dollar (qui comprend le Canada, les pays anglophones de Pacifique,) et des US.
Entre ces zones l'équilibre s'établit par un taux de change flottant.

En fait il suffirait, pour notre monde actuel, de 4 grandes monnaies : le dollar, le Yen, le Yuan, et l'€

Sauf que l'€ règne sur une zone économique qui est déchirée par les déséquilibres structurels, déséquilibres qu'un pouvoir politique ne peut réduire puisqu'il n'existe pas.

Lorsqu'on a créé l'€, on a cru que l'Europe était une zone géopolitique homogène. On a pensé que les écarts dans les modes de gestion des états membres et de leurs finances publiques pourraient se rapprocher (d'où les fameuses règles des 3% pour le déficit courant et des 60% pour la dette) et on pensait même que la dynamique de l'€ allait y aider; ce en quoi on a commis une grave erreur. On a oublié que c'est l'union politique qui crée la monnaie et non l'inverse. Mais à l'époque le pari pouvait être pris. Tout le monde croyait à la croissance régulière, et donc à la convergence des économies, donc à l'union politique. Créer l'€, ce n'était en fait qu'anticiper de qq années l'inéluctable fusion politique des états nations. Fatale erreur d'avoir ainsi oublier l'enseignement du Général de Gaulle, qui lui avait bien compris qu'il fallait commencer par réaliser d'abord l'union politique (entre France et Allemagne) avant de penser à la monnaie unique.

La crise a fait voler tout cette belle théorie en éclat, et les disparités, les hétérogénéités économiques et politiques entre les états de la zone € apparaissent en pleine lumière. Et on sait désormais que l'€, non seulement ne les réduira pas, mais les accentuera.

Alors on peut bien rêver d'une gouvernance économique ou d'une union politique. Nous savons que ce sont des vœux pieux et c'est assez facile à démontrer. Il suffit de se poser la question suivante. Sommes-nous prêts, citoyens et contribuables du pays A à assurer la couverture des retraites du pays B, sans nécessairement obtenir de contrepartie ? Réponse évidente : NON. Donc ce n'est pas demain que la zone € disposera d'une gouvernance homogène, c'est-à-dire d'un gouvernement unique. Donc l'€, monnaie prématurée est actuellement une monnaie qui ne repose sur rien de tangible, sauf une BCE qui la porte à bout de bras, mais pour combien de temps encore ?

Faut-il le regretter ? Non, bien entendu. parce que cette réticence à créer l'union politique ds états européens n'est que l'expression du poids de l'histoire et de la réalité des nations. Tel est d'ailleurs l'enseignement de de Gaulle : les idéologies ne comptent pas et les solidarités ne peuvent s'exprimer qu'au sein des nations. Il faut donc revenir aux Nations et les regrouper selon des règles d'homogénéité, de convergence politique et d'intérêts réciproques.

Or, cette convergence politique n'existe plus en Europe. Français et Allemands sont parvenus au bout de leur logique de réconciliation et se considèrent désormais comme bons voisins mais pas plus. Les autres pays de l'Union sont aux prises avec de telles difficultés de nationalité (donc d'identité, n'en déplaise aux beaux esprits qui de gaussaient ou dénonçaient ce débat) qu'il est impensable de leur proposer des rapprochements politiques.

L'Union est faible, éclatée, tiraillée entre les tentations de s'en sortir seul. Faut-il le regretter ? A quoi cela servirait-il. Il faut acter ce fait et en tirer les conséquences. La première conséquence est que la zone € n'étant pas homogène, il n'y a pas lieu qu'elle puisse disposer d'un monnaie unique. Et on peut faire confiance aux 50 hedge funds qui font la loi de la spéculation pour en tirer les conséquences et jouer l'€ à la baisse (ainsi que le £). Ce n'est ni la faute à Nicolas,; ni celle d'Angela. C'est le résultat de la libéralisation totale des marchés financiers et de l'abattement des frontières.

Qu'est ce qui va se passer ? Je pense que les premières attaques vont s'adresser au sterling qui est une monnaie annexe de l'€, dont la base économique est encore plus hétérogène que celle de l'€. La buba va bien essayer de défendre l'€ durant un temps. mais je pense que si les défaillances de dettes souveraines en zone € se multiplient, elle préfèrera se couper une main (à savoir sortir de l'€ et recréer le mark), plûtot que d'y laisser le bras (l'explosion de la dette publique allemande). Le signal sera les taux offerts sur les bunds à 10 ans. Il sont actuellement à 3,167%. S'ils devaient atteindre 3,50%, on aura peut-être des surprises. La sortie de la Buba va entraîner immédiatement la sortie des PB. Resteront la France et les autres.
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Ti' Breton
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyLun 15 Mar 2010, 2:28 pm

Comme d'habitude, brillantissime exposé...Et qui n'est pas sans me remplir de joie, moi le Gaulliste social fossilisé perdu dans une UMP à la dérive.
La première phrase de François est déjà le résumé de l'ensemble de son oeuvre : point de zone géopolitique homogène, point de monnaie unique viable. Effectivement, la fausse bonne santé de l'euro (et qui nous coûte assez cher économiquement parlant) n'est qu'un artifice voulu par la BCE.
Comme souvent dans notre société occidentale, le toit a été posé alors que les fondations étaient inexistantes ou de sable.
Plutôt que d'envisager une Europe économique fallait-il en premier lieu en définir une culturelle et sociale.
C'est là un nauffrage irréparable et le conglomérat idéologique et culturel qui prévaut dans ce "machin" (tel aurait pu le citer De Gaulle) n'est que le constat d'un projet qui s'est, au fur et à mesure de son développement gargantuesque, délité de son sens premier.
Il y a eu faute ou partage de faute, et cette évidence est d'autant plus incompréhensible pour le modeste citoyen que je suis que nulle part dans l'actualité internationale une telle boulimie, une telle précipitation ne se justifiait.
François relève à juste titre que c'est l'union politique qui crèe la monnaie et non l'inverse, avant que la dite monnaie au demeurant ne prenne le relais pour s'imposer aux forces du pouvoir. Hélas rien n'a été pensé comme tel et l'UE s'est lancé dans un schéma fédéral (c'est une évidence) niant l'identité propre des nations dont les intérêts individuels furent sacrifiés sur l'autel d'un soit disant intérêt collectif.
L'Euro n'était pas mort né, mais il a été achevé une fois sorti du ventre de sa mère...
La crise n'est que que le miroir déformant de notre société et de seS déviances, un peu comme la pollution sur le réchauffement de la planète et ses conséquences funestes.
Une faute disais-je, une grave erreur qui était, et je ne partage pas l'avis de François semble t-il sur ce point, très largement prévisible en amont. L'éclatement du bloc soviétique et le déséquilibre financier des états de l'Atlantique à l'Oural était tel qu'il me semblait impossible d'envisager un nivellement "par le haut" et un rééquilibrage des finances européennes. Les pays intégrés l'ont été sans grand contrôle quant à leur stabilité politique et économique, et aujourd'hui l'on constate avec une certaine morgue l'état désastreux de nos voisins grecs, portugais, islandais, espagnols...Alors que nos dirigeants sont tous coupables.
Les peuples ont été écartés du débat -comme d'habitude pourrait-on écrire - les nations ont été bafouées dans leur intégrité, dans leurs spécificités, dans leur identité. L'on n'a pas été capable de s'apercevoir que dans cette grande vasque européenne, les intérêts et modes de pensées étaient diamétralement opposés selon les états, et c'est avec ce melting pot que l'on a osé lancerune monnaie unique...
L'approche du Général De Gaulle s'arrête là cependant à mes yeux et je ne suis pas persuadé que son constat aujourd'hui l'aurait conduit aux mêmes conclusions...Les menaces ont évoluées avec le sens de l'Histoire.
La convergence de vues en Europe a disparu au delà de l'Europe des douze (et je suis déjà large d'esprit); elle est irréversible.
Effectivement, chacun semble au moins avoir compris qu'une baisse de l'euro serait un moindre mal mais, une fois encore, dans ce jeu d'échecs géopolitique, nous jouons avec un coup de retard, et nous n'anticipons rien.
Pas de la faute à Nicolas ni à Angela ? Mais depuis quand l'ultra libéralisme fait-il du sentimentalisme économique ? Comment les kyrielles de spécialistes économiques n'ont-ils pas senti les dérives d'un système qui condamnait l'Europe et son chaos économique et structurel ? L'abattement des frontières ? L'ultra protectionnisme américain et Chinois ? Mais comment ont-ils pu négliger de tels aspects ?
Je ne pense pas que l'euro soit mort, nos dirigeants me semblant travailler à trop courte vue pour que chacun ne reprenne ses billes avant que nos pays n'aient bu le calice jusqu'à la lie...
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François Barberis
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 16 Mar 2010, 12:41 am

Merci cher Ti Breton; mais je pense que vous exagérez ma performance.
C'est finalement assez facile d'y voir clair. Il suffit de se souvenir de l'enseignement du Général de Gaulle.
Je suis aujourd'hui gaulliste convaincu. On ne choisit pas d'être gaulliste, on le devient par la réflexion sans passion et par raison.
Je ne suis pas à l'UMP, cependant, car je n'y vois que très peu de démarches gaullistes véritables.
J'ai milité longtemps, pendant 30 ans, au parti socialiste auquel j'ai adhéré par émotion en 1965 (pour le quitter définitivement en 1995). Comment un jeune homme épris de justice sociale ne pourrait-il pas épouser les thèses du PS (vous noterez que je n'ai pas écrit les thèses "socialistes") ? Mittérand a été mon idole. J'ai fait les campagnes de Frêche (les premières du moins. Il avait 3 ans de plus que moi), pour ensuite le bannir définitivement de mon horizon politique lorsqu'il a sollicité son 3ème mandat. La Rue Solférino s'est écrasée devant l'Ogre du Languedoc de peur de perdre l'argent de la fédération dont 60% sont des employés municipaux encartés.

Je ne regrette bien entendu rien de cette époque. J'étais jeune.
Mais que d'égarements, que de cécité ! que de belles phrases vides de toute réalité. Il est faux de dire que le progrès social est synonyme d'idéologie socialiste. C'est une grande erreur de croire cela. Le progrès social n'est pas qu'une question de transferts financiers. Il est aussi fondé sur la marche de la conscience morale collective qui soude les membres et les citoyens de la nation

Que nous apprend de Gaulle ? que les nations sont les noyaux stables de toute politique. Pas les idéologies. Que pour fortifier les nations il vaut mieux consolider le contrat social interieur plutôt que de miser sur d'hypothétiques solidarités intersociales avec l'étranger et encore moins sur des relations de domination sur d'autres peuples. Renforcer le contrat social par la négociation et pour ce qui est des relations internationales, tisser des liens d'état à état fondés sur des intérêts communs et équilibrés. Voilà l'enseignement essentiel de de Gaulle. J'y ajouterai aussi ceux de Clémenceau et de Richelieu. Clémenceau pour le courage et ne jamais, jamais s'avouer vaincu. Richelieu, parce qu'il nous apprend que lorsqu'on est faible, on peut néanmoins gagner en se servant des erreurs des autres.

Les intérêts géostratégiques de la France sont finalement inchangés depuis Richelieu.
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 16 Mar 2010, 11:03 am

Le socialisme que tu nous décris là mon cher François ne s'apparente-t-il pas plutôt à la social-démocratie allemande ou au travaillisme anglais qui privilégie ce qui est bon pour l'Allemagne ou pour la Grande-Bretagne au détriment d'une vague idéologie socialiste marxisante dont on connait les limites actuelles ? D'ailleurs peut-on affirmer que feu MITTERRAND était un idéologue socialiste (tout comme FRÊCHE) ? Ce qui est bon pour la Nation ne relève-t-il pas du pragmatisme qu'il soit de gauche ou de droite ? Selon moi les grands pragmatiques qui firent la France sont Henri IV ("Paris vaut bien une messe"), RICHELIEU, MAZARIN, Louis XIV ("l'État c'est moi"), Napoléon Ier (gardien de la Révolution sans ses excès), DE GAULLE et MITTERRAND.


Dernière édition par Stans le Mar 16 Mar 2010, 12:03 pm, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 16 Mar 2010, 12:01 pm

Stans, je ne pense pas que l'on puisse dire que le gaullisme ce soit la social-démocratie.
De Gaule n'aurait jamais rendu au marché l'immensité qu'a rendu Mitterand. De Gaulle a construit l'état. Mitterand l'a déconstruit. Plus opportuniste que moi, tu meurs !
Le gaullisme c'est plutôt le contrat social durement négocié,mais honnêtement appliqué au sein de la nation maîtresse de sondestin
Mitterand, c'est le destin de la nation France remis entre les mains des commissaires bruxellois.
La social démocratie c'est le consensus mou, le premier à voler en éclat, car fondé sur l'idée fausse de la perpétuelle prospérité.
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 16 Mar 2010, 12:30 pm

François Barberis a écrit:
De Gaule n'aurait jamais rendu au marché l'immensité qu'a rendu Mitterand. De Gaulle a construit l'état. Mitterand l'a déconstruit. Plus opportuniste que moi, tu meurs !

Certes, mais cette déconstruction avait déjà commencé.

Petite question au passage: y a-t-il eu beaucoup de grands projets technologiques fondateurs initiés après De Gaulle?
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 16 Mar 2010, 12:59 pm

Je rejoins tout à fait François. Le Gaullisme n'avait pas cet aspect "ventre-mou consensuel" de la sociale démocratie ; Il s'agissait au contraire de porter et surtout préparer le terrain pour une politique de modernisation qui devait juguler le grand capital et en freiner ses excès pour ne pas à la fois déborder le pouvoir de l'Etat mais également se faire au détriment des Français. Seule la France comptait. Pragmatique le Général ? Il n'en n'était pas encore là...
Quant aux grand apports technologiques, oserai-je avancer que le Général n'était pas "là pour ça" prioritairement. Il s'agissait de stabiliser et donner sa pleine mesure à l'Etat avec un grand "E". Sans aucun doute plus social que socialiste et moins à droite culturellement parlant que François Mitterand, Le Général a construit le socle intérieur et international d'une France qui, avec de vrais présidents à la suite, avait tous les moyens de prospérer sans se soucier de ses dérives constitutionnelles.(J'excepte le malheureux Pompidou qui n'a pas eu le temps de moderniser la France)
Le Général, mais la période historique s'y prêtait sans doute, a été un bâtisseur là où ses suivants n'ont été que de piteux gestionnaires sans grandeur d'âme ni de vue... La France de De Gaulle avait une "autre gueule" que celle du nain squatter de l'hôtel de la Pompadour, il avait une idée des Français et de son pays à la hauteur de l'Histoire, ce qui manque à nos dirigeants aujourd'hui. Il aimait le peuple en général et l'homme en particulier, en ce qu'il représentait une parcelle de la nation, la seule entité envisageablement crédible pour cet homme d'Etat.
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 16 Mar 2010, 1:11 pm

Ti' Breton a écrit:

Quant aux grand apports technologiques, oserai-je avancer que le Général n'était pas "là pour ça" prioritairement. Il s'agissait de stabiliser et donner sa pleine mesure à l'Etat avec un grand "E". Sans aucun doute plus social que socialiste et moins à droite culturellement parlant que François Mitterand, Le Général a construit le socle intérieur et international d'une France qui, avec de vrais présidents à la suite, avait tous les moyens de prospérer sans se soucier de ses dérives constitutionnelles.(J'excepte le malheureux Pompidou qui n'a pas eu le temps de moderniser la France)
Certes, j'admets revenir souvent sur ces questions technologiques (sans doute lié à mon vécu), mais si le Général n'était pas là pour ça, cela faisait incontestablement parti des apports de sa modernisation du pays. Et cela fait partie des aspects très importants. De là découlent de grands secteurs:
- nucléaire
- énergie
- armement
- aéronautique
- transport (TGV)
...

Depuis lors, nous avons raté le coche des technologies de l'information, peut-être raterons nous le coche des nanotechnologies...
Technologiquement parlant, nous vivons sur de l'acquis...
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 16 Mar 2010, 2:35 pm

Il faudrait ajouter à cette liste le secteur pharmaceutique pourtant très prometteur.
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 16 Mar 2010, 3:34 pm

...Surtout depuis que Roselyne Bachelot s'occupe de vacciner la France entière et les colonies !
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 16 Mar 2010, 3:43 pm

Ti' Breton a écrit:
...Surtout depuis que Roselyne Bachelot s'occupe de vacciner la France entière et les colonies !
Dont la Bretagne! siffleur
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 16 Mar 2010, 3:49 pm

Stans a écrit:
le secteur pharmaceutique pourtant très prometteur.

Oui, mais sera-t-il français?
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 16 Mar 2010, 3:55 pm

fde a écrit:
Stans a écrit:
le secteur pharmaceutique pourtant très prometteur.

Oui, mais sera-t-il français?

Là est mon propos : il devrait l'être !
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMer 17 Mar 2010, 8:15 am

Un texte bien intéressant que je découvre sur un site que je consulte régulièrement
et qui semble confirmer la thèse de la fin de l'€, la fin du rapprochement France-Allemagne et une crise dans la construction européenne.



Dernière édition par Stans le Mer 17 Mar 2010, 8:53 am, édité 1 fois (Raison : J'ai encapsulé le lien de François pour en permettre une lecture plus aisée. Stans)
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMer 17 Mar 2010, 8:42 am

Remarquable analyse effectivement, pas nouvelle pour qui lit de temps en temps le presse spécialisée, mais qui éclate au grand jour avec l'intervention remarquée de Christine Lagarde.
Nous en revenons au principe basique de l'Europe des nations et de ses protectionnismes individuels qui n'ont jamais été pensés lors de la construction d'une Europe soit disant unifiée. Les vieux démons reprennet le dessus et, sans base politique, point d'économie fiable. La morale dans cette histoire est, un peu à l'instar de la crise des sub primes aux États-Unis d'Amérique, les profiteurs vont souffrir très rapidement de leurs errements, après avoir malheureusement ruiné les plus faibles...
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMer 17 Mar 2010, 9:02 am

Source : http://horizons.typepad.fr/accueil/2009/10/jacques-sapir-dmocrate-donc-souverainiste.html

Pour continuer à alimenter le débat, poursuivons avec le lien renvoyant à l'interview de Jacques SAPIR dont voici le texte.

12 octobre 2009

Jacques Sapir : "Je suis démocrate donc souverainiste"

Après son texte “un an après” où il faisait sauter le tabou du protectionnisme national, puis son débat avec Benoit Hamon dans Marianne2 où il était question de l’hypothèse d’une sortie de 'l’Euro, il me fallait interroger Jacques Sapir pour l’inviter développer sa pensée un peu plus loin.

Je lui ai posé sept questions, techniques ou politiques, sur sa conception de l’alternative et des moyens de sa mise en oeuvre. Il a répondu en détails à toutes.

Jamais, je crois, le chemin de sortie du carcan néolibéral n’avait été décrit avec une telle précision. Les six pages de texte qui suivent vous feront voir l’avenir de notre pays autrement.

Depuis plusieurs années, le protectionnisme a été défendu pour une mise en œuvre à l’échelle communautaire. Pourtant, dans un texte récent « Un an après » vous laissez la porte ouverte à un protectionnisme national. Dans l’idéal et d’un point de vue purement technique, quel serait le périmètre optimal pour une politique néo-protectionniste ?
Il est clair que, techniquement, plus grande et plus homogène est la zone qui se protège et meilleur en est l’effet. De ce point de vue, une zone qui correspondrait au noyau initial de la CEE me semblerait optimal. On pourrait sans doute y ajouter la Suède et le Danemark. Mais, nous sommes confrontés à deux problèmes :

- Tout d’abord le démantèlement d’une partie de la protection sociale tel qu’il est organisé en Allemagne par les lois qu’a fait voter le chancelier Schröder et que Mme Merkel n’aura de cesse de renforcer dans son alliance avec les Libéraux. De fait, l’Allemagne se met en position de concurrence sociale par rapport aux autres pays du « noyau » historique.

- Ensuite, les oppositions au néo-protectionnisme risquent d’être virulentes en Allemagne et aux Pays-Bas.

C’est pourquoi le périmètre réaliste sera probablement – du moins pour une période initiale – plus faible que le périmètre « optimal ». On peut penser qu’une alliance France-Italie-Belgique pourrait constituer une bonne base de départ. Cependant, on ne doit pas exclure une solution purement nationale. Dans la situation actuelle, tout est préférable au statu-quo. Néanmoins, il faut comprendre qu’une telle solution nationale serait appelée à s’élargir rapidement.

Notons que si les autres pays réagissent à la démarche protectionniste de l’un d’entre eux en mettant, à leur tour, des barrières protectionnistes on aura beau jeu de leur dire « pourquoi pas tous ensemble ? ».

Ce qui me fait penser que tenter le saut du protectionnisme ne serait-ce qu’au simple niveau de la France ne présente aucun risque. Soit les autres pays ne réagissent pas, et dans ce cas nous rétablissons assez vite notre balance commerciale, soit ils réagissent et dans ce cas, comme ils auront aussi fais sauter le tabou qui pesait sur des mesures protectionnistes nous serons dans une excellente position pour négocier avec eux des mesures communes.

Le véritable problème est celui du tabou qui pèse aujourd’hui sur le protectionnisme. Qu’il saute et d’une certaine manière nous avons gagné.
Patrick Artus dans son dernier Essai « Est-il trop tard pour sauver l’Amérique » affirme qu’une politique protectionniste ne pourra pas conduire à une réindustrialisation. Pour lui, les activités industrielles qui se sont délocalisées ne reviendront pas (au nom d’un argument non développé lié à l’élasticité-prix) La réindustrialisation ne pourra se faire qu’avec des nouvelles industries. Qu’en pensez vous ? Peut-on réellement fixer comme objectif à une politique protectionniste de renforcer la base productive de la zone protégée ?
La question des élasticités-prix est effectivement une question décisive. Si la contraction de nos importations est faible (élasticité proche de zéro) il nous faut une élasticité de nos exportations qui soit très supérieure à 1. Dans le cas des Etats-Unis il est clair que le processus de désindustrialisation est allé très loin. Il faudrait donc des mesures réellement draconiennes pour inverser cette tendance.

Ceci milite pour des mesures protectionnistes (ou une dévaluation, ou les deux) qui soient très importantes. Il faut que la baisse du prix de nos produits l’emporte de loin sur tout « effet qualité » et qu’inversement, la hausse des produits importés soit telle qu’elle enclenche une réelle contraction des volumes et le développement d’industries de substitution.

Concrètement, il faut combiner des mesures protectionnistes ciblées et de grande ampleur avec une dévaluation d’au moins 20%.

Il faut ajouter, et je pense que c’est évident, que de telles mesures ne sauraient remplacer une politique industrielle. Le protectionnisme est la condition nécessaire à une telle politique, mais non la condition suffisante. Très souvent on a le sentiment que le protectionnisme à lui seul pourrait suffire. C’est faux à l’évidence dans la plupart des cas.

Mais, dire qu’il ne pourrait suffire ne permet pas de l’exclure car une politique industrielle sans protectionnisme est aussi, et là à coup sûr, condamnée à l’échec.

Il faut comprendre que, dans la conjoncture actuelle, quand Gréau ou moi parlons du protectionnisme c’est bien aussi la politique industrielle que nous avons en tête. Mais, aujourd’hui, et je le répète, il faut faire tomber le tabou qui pèse sur le protectionnisme. En fait, pour ma part, je considère le protectionnisme comme l’élément déclencheur mais ne résumant point toute une politique de ré-industrialisation et dans laquelle j’inclus la constitution d’un pole public du crédit ainsi que la participation de l’État ainsi que des collectivités territoriales à certaines activités.
Dans votre dernier texte sur la dette publique, vous préconisez un retour au franc afin de faire face à la surévaluation de l’Euro et pouvoir renouer avec la dévaluation, ce qui dîtes-vous, pourrait rendre inutile la mise en œuvre de politiques protectionnistes. Cependant, la dévaluation compétitive est une stratégie que tous les pays recherchent actuellement afin de compenser une demande intérieure atone par un surcroît de compétitivité à l’export et ainsi pouvoir accrocher leur croissance à la « demande extérieure ». Cette stratégie n’est-elle pas vouée à l’échec si tous les pays la pratiquent ? Du point de vue de la stimulation de la demande globale, quelle solution est-elle préférable : une dévaluation monétaire ou une monnaie plus forte associée à des protections commerciales?
Il est très clair que les stratégies de croissance qui cherchent aujourd’hui à s’arrimer sur une « demande extérieure » sont vouées à l’échec. Ne serait-ce que pour une simple question de logique. Si tout le monde comprime sa demande intérieure pour aller chercher dans la demande externe les sources de sa propre croissance, on voit bien qu’au final nous aurons une baisse importante de la demande agrégée à l’échelle internationale. Des économies de relativement petite taille peuvent espérer s’arrimer à la croissance d’un « grand pays ». Mais, aujourd’hui, nous voyons bien dans le cas de la Chine qu’une telle politique touche à ses limites. En fait, dans le cas chinois, la politique de prédation n’a été qu’un raccourci pour atteindre le niveau technique qui permettra à la Chine de se retourner sur son propre marché intérieur.

La croissance, partout et toujours, est liée à une croissance de la demande intérieure. Celle-ci peut être individuelle ou bien collective, et cette question est ouvertement posée aujourd’hui où l’on voit bien que certaines consommations individuelles ont, elles aussi, atteintes leurs limites.

Cependant, dans le cas de la France il nous faut aujourd’hui combiner une dévaluation et des mesures protectionnistes pour pouvoir nous donner la marge de manœuvre nécessaire en raison de l’avantage acquis par l’Allemagne entre 2001 et 2005 quand cette dernière a transféré sur les ménages une partie des charges portant sur les entreprises. C’est ce que l’on a appelé dans le débat français la « TVA Sociale ». C’est une mesure typique d’une politique d’expansion par la demande extérieure, car on réduit sa propre demande tout en rendant ses entreprises plus concurrentielles. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, je me suis opposé à la TVA sociale en France.

Les mesures structurelles que j’ai mentionnées, pole public du crédit, intervention de l’État, politique industrielle, ne sauraient cependant être immédiatement efficaces. Elles ont besoin d’un certain délai pour faire sentir leurs effets. La relance par la demande et par la substitution de l’offre intérieure à l’offre extérieure permet alors de gagner du temps. Elles vont enclencher le processus de relance avant que les mesures structurelles e viennent les relayer, puis les remplacer.

D’une certaine manière, ces politiques seraient bien plus efficaces si elles étaient mises en œuvre de manière coordonnées. Ici encore on retombe sur le dilemme entre le cadre d’action « optimal » et le cadre d’action « réaliste ».

Mais, dire que ces politiques seraient plus efficaces à plusieurs ne signifie pas qu’elles seraient sans efficacité si elles étaient mises en place au niveau de la France seule. Bien au contraire.

Plus fondamentalement, nous devons faire basculer notre structure de consommation vers des biens qui sont plus collectifs. Une stratégie à 5 ou 7 pays de développement coordonné des biens publics et du transport serait certainement plus efficace. Cependant, et j’insiste sur ce point, il y a des marges de croissance à exploiter même dans une politique menée à l’échelle de la France.

Si nous pouvions cependant nous mettre d’accord rapidement avec certains de nos voisins, en particulier, nous pourrions certainement réduire l’ampleur de la dévaluation initiale. Cependant cette dernière, en raison de la politique sociale de l’Allemagne, est inévitable.
Votre texte « un an après » se conclut par un appel au rassemblement dans le cadre de l’élection présidentielle de 2012 sur la base d’un programme de rupture. A quel type de rassemblement pensiez-vous ? Un rassemblement politique au-delà des clivages traditionnels, un rassemblement d’intellectuels pour construire ce programme ou à l’émergence d’un nouveau mouvement citoyen ?

Tout rassemblement de citoyens et d’intellectuels doit déboucher sur un rassemblement politique ou se condamne à l’impuissance. Celui que j’appelle de mes vœux ira de l’extrême gauche jusqu’aux néo-gaullistes qui partagent nombre de ces idées. Elle exclura cependant une fraction du PS qui me semble engagée dans la dérive des « néo-socialistes » de Marcel Déat dont l’article « Mourir pour Dantzig ? » trouve un étrange écho dans certaines affirmations néo-libérales et prises de positions pour le libre-échange. Il s’exprime une véritable haine de la Nation et de la Démocratie dans ce courant et dans ces pratiques quotidiennes.

Cependant, une telle alliance implique un programme clair et des dirigeants qui sachent faire taire leur sectarisme. En tant que citoyens nous pouvons, dans différents clubs, contribuer à ce programme. Nous pouvons aussi faire en sorte que les sectarismes se désarment et que les préventions contre « l’autre » ne soient pas irrémédiables. Mais, il ne faut pas se cacher qu’il y a et qu’il y aura du travail…
L’un des arguments les plus souvent opposés aux thèses néo-keynésiennes ou protectionnistes vient de la nouvelle écologie radicale, dont les thèses sont actuellement en vogue, pour laquelle la crise est en premier lieu écologique. Ils affirment que l’épuisement en cours des ressources naturelles est incompatible avec toute idée de relance par la consommation. Que leur répondre ?
La dimension de crise par épuisement des ressources naturelles est incontestable. Dans le même temps, la financiarisation des marchés de matières premières explique dans une large mesure leur instabilité.

Je suis parfaitement conscient que ce n’est pas à une simple relance de la consommation que nous devons procéder mais bien à un basculement vers des consommations à la fois plus collectives et plus économes en matières premières et en CO2.

Mais, comment appliquer de telles mesures quand :

- Les prix de l’énergie varient en quelques mois de 4 à 1 (de 147 USD le baril à 37 USD) ?

- Certains pays, et non des moindres, refusent d’appliquer un accord international comme le protocole de Kyoto ?

- L’Europe soumet les infrastructures (dans la distribution de l’énergie, dans les transports) à la logique de la concurrence et du découplage (unbundling) ce qui empêche des grandes politiques publiques ?

On voit bien que pour qu’une véritable politique fondée sur la taxe carbone puisse se mettre en place, il faut que les prix de l’énergie soient stables et régulièrement croissants. Pour ces derniers, si nous avions 5 contrats au futur pour un contrat réellement exécuté en 1997, nous en avons 20 pour 1 aujourd’hui. Les marchés des matières premières, et pas seulement le pétrole mais aussi les produits agricoles, sont devenus des « marchés financiers ». Il faudra bien que l’on s’entende avec les pays producteurs pour sortir ces produits de la logique de la financiarisation et pour en réguler les prix.

Pour qu’une véritable politique des transports se mette en place, il nous faudra révoquer les directives européennes sur les transports ferroviaires et sur l’énergie. Comment taxer nos entreprises si celles des pays voisins ne le sont pas ? Il faut rappeler que la Suède, que tout le mode se plait à citer en exemple, n’applique pas la taxe carbone à ses principales industries. Or ces dernières sont largement plus polluantes que la consommation des ménages…Veut-on imiter la Suède ? Mais alors quelle sera l’efficacité de cette politique ?

Enfin, sur l’énergie, la politique actuelle a déjà provoqué des désastres (en Californie et en Italie) et elle nous conduit à surpayer l’électricité « privée » issue des parcs d’éolienne. On a ici soumis ce qui devrait être du niveau du long terme à la logique du marché, soit celle du court terme. Il nous faudra ici aussi révoquer ces directives stupides et reconstituer des monopoles nationaux qui sont les seules entités réellement capables de penser dans le long terme (25 ans) une politique de l’énergie.

L’Europe « verte » est un leurre, au même titre que l’Europe « sociale ». Les écologistes commencent à le comprendre. Lors des manifestations des producteurs de lait à Bruxelles, on a vu José Bové mais pas Daniel Cohn-Bendit. Cette alliance entre les deux courants est purement conjoncturelle. Elle est de plus contre nature (et contre la nature).

En réalité, c’est bien un Keynésianisme « vert » que j’appelle de mes vœux, mais il faut comprendre qu’il ne se fera pas dans le cadre du libre-échange, de la libre circulation des capitaux, et qu’il impliquera un réinvestissement par l’État de nombre de secteurs dont il s’est retiré.
Les thèses que vous défendez sont au service d’un idéal de gauche (transformer le capitalisme, assurer une répartition plus juste des revenus, desserrer les contraintes actionnariale et concurrentielles qui pèsent sur le salarié…) D’un autre coté, elles mettent en avant des solutions plutôt classées à droite comme le retour à la nation ou l’exigence de souveraineté. Cette ambivalence peut expliquer pourquoi ces thèses ont tant de mal à percer dans le débat public. Aujourd’hui, le discours de souveraineté nationale est surtout porté par l’extrême droite avec des relents identitaires, et le discours de contestation de l’ordre néolibéral n’est porté que par l’extrême gauche mais celle-ci reste attachée à son internationalisme, ce qui rend la contestation stérile. Peut-être que ces idées seraient plus lisibles dans le débat public si elles pouvaient être résumée par un vocable simple et identifié. Quelle appellation proposeriez-vous ?
Je suis profondément persuadé que la souveraineté est une valeur de gauche et non de droite. Tout d’abord parce qu’elle est essentielle à la démocratie. On peut avoir la souveraineté sans la démocratie, mais on a JAMAIS eu la démocratie sans la souveraineté. La démocratie implique la souveraineté car il faut bien préciser qui est responsable de quoi. Je constate que la gauche fut par ailleurs autrefois très attachée à la Nation.

Je constate aussi que la gauche et l’extrême gauche se retrouvent sur les positions de « souveraineté alimentaire ». Mais qu’est-ce que la souveraineté alimentaire, si ce n’est un élément d’un tout global que l’on nomme souveraineté ?

La question de l’internationalisme de l’extrême gauche me semble relever du faux problème. L’internationalisme consiste à reconnaître que, par delà les frontières, nous partageons avec « l’autre » les mêmes problèmes. Ce constat est vrai et j’y suis très attaché. Mais dire que l’on partage les mêmes problèmes ne signifie pas que l’on peut élaborer ensemble des solutions nécessairement communes. Les cadres politiques, les institutions, sont des créations de l’histoire et elles spécifient les espaces nationaux comme des espaces politiques particuliers. Ce sont dans ces espaces politiques particuliers qu’il nous faut trouver des solutions.

Guizot, qui fut un grand historien au début du XIXème siècle (et par ailleurs Ministre de Louis-Philippe) écrivait que la « lutte des classes » était la source des institutions de l’Europe. On connaît la formule, elle fut reprise par Marx. Mais, ce que Guizot ajoutait, c’est que cette lutte des classes avait besoin d’espaces de souveraineté. Le passage de la ville à l’État-Nation a permis ainsi d’ouvrir des espaces plus considérables à ce processus, et nous en avons tous bénéficié. John Commons, l’un des pères du courant institutionnaliste américain, souligne lui aussi ce que les institutions doivent à ce qu’il appelle la « conflictualité sociale » soit la lutte des classes. Il souligne que le processus d’extension des institutions, qui le fait passer du niveau local au niveau national est un processus indispensable.

Alors, pourquoi ne peut-on avoir un processus identique au niveau européen et au niveau mondial ? Et bien, et tout simplement, parce que ce mouvement d’extension des institutions du local au national a été dans le même temps le processus de constitution historique des États, qui leur a donné leur singularité propre. Et c’est pourquoi, aujourd’hui, le projet fédéraliste bute sur cette singularité. Il ne peut que la nier, mais ce faisant, et nous avons assez d’exemples à ce sujet, il nie la démocratie. Le fédéralisme aujourd’hui, en Europe, ne peut être qu’un projet anti-démocratique. Ce n’est pas un hasard si Hayek, quand il bascule vers la fin des années 1960 dans le conservatisme (qui n’était pas sa position initiale) se fait l’apôtre de règles conçues hors de toute démocratie et in fine de nature divine, justement pour tenter de limiter le mouvement des institutions qu’implique la lutte des classes.

Le libre-échange, parce qu’il met les travailleurs en concurrence pour le plus grand profit des patrons, nie à dessein cette construction historique des institutions dans un cadre national. Il est le contraire en réalité de l’internationalisme.

La formule de Jaurès « un peu d’internationalisme éloigne de la Nation ; beaucoup y ramène » doit se comprendre comme la tension nécessaire qui existe entre la communauté des problèmes par-delà les frontières et le fait que des solutions ne peuvent être trouvées à ces mêmes problèmes que dans le cadre des espaces politiques que sont les Nations. Il faut ensuite trouver des cadres de coordination ou de négociation entre les Nations, mais le niveau du national reste le niveau principal.

La construction de cadres légaux au-delà des Nations, et donc au-delà du contrôle démocratique qui s’exprime en leur sein, a toujours signifié une régression sociale et politique. Aujourd’hui, le projet européen avance à la même vitesse que le démantèlement de la démocratie non seulement en Europe mais dans chacun des pays membres.

Pour répondre à la question que vous posez, je dirai que je suis un démocrate au sens le plus profond du terme et donc un souverainiste, même si je conçois qu’il soit des souverainistes qui ne sont pas des démocrates.

Benoit Hamon a répondu à lettre ouverte que vous lui avez adressée en affirmant que l’Euro permettrait aujourd’hui une relance par une stimulation de la demande (consommation et investissement) sans qu’il soit nécessaire de dévaluer comme au moment de la relance de 1981. Que lui répondez-vous ?

Je dois d’abord dire que sur un certain nombre de points nous sommes en accord Benoît Hamon et moi. Ceci vaut pour les politiques industrielles (point que l’on a tendance à oublier), sur le protectionnisme et, bien entendu, sur les politiques sociales. Là où nous divergeons est la question de savoir ce qui est compatible avec l’Union Européenne et la zone Euro et ce qui ne l’est pas.

Aujourd’hui, une politique de double relance – dont je ne conteste pas la nécessité, bien au contraire – va se heurter aux règles de la zone Euro, comme le Pacte de Stabilité et le financement du déficit public, mais aussi à l’Euro lui-même à travers sa surévaluation. Il faut savoir que toute surévaluation de l’Euro de 10% à partir du niveau de 1,15 Dollar pour un Euro est l’équivalent d’une hausse de 1% des taux d’intérêt. Nous sommes actuellement à 1,47 USD, soit une hausse de 27%. Le taux « réel » de la BCE n’est donc pas de 1% (ce qui est déjà élevé face au 0,25% de la Réserve Fédérale) mais de 3,7%. C’est ce taux réel qu’il convient de comparer au taux de la Réserve Fédérale, ou de la Banque du Japon (0,10%), et l’on voit que cela fait une différence TRÈS significative.

Dans ces conditions, la question qui se pose est : avons-nous la capacité d’imposer à la BCE et à nos partenaires une réforme de la gestion de la zone Euro dans un délai relativement court incluant des mesures qui seraient à même de faire baisser le cours de l’Euro face au Dollar. Si on pense que oui, il faut dans ces conditions rester dans l’Euro. Mais, une telle solution peut aussi apparaître comme irréaliste, et je pense que tout le monde en conviendra.

Dans ces conditions, seule une sortie de la zone Euro nous permettra de retrouver les marges de manœuvre nécessaire pour la double politique de relance que suggère Benoît Hamon.

Il faut ici préciser que cela ne servirait à rien de sortir de la zone Euro si cela devait être pour continuer la même politique. L’intérêt d’une sortie de l’Euro est justement de mener une politique réellement différente, avec la combinaison de politiques industrielles et de politique des revenus que j’ai suggéré auparavant, mais aussi des contrôles de capitaux et un financement d’une partie de la dette publique par la Banque Centrale.

Notons ici que l’Euro ne nous a protégé, en en partie seulement, de la tempête monétaire que parce que nous sommes en convertibilité de compte de capital (Capital-Account convertibility). Si nous ré-instituons des contrôles sur les capitaux et sur les changes, une politique qui fut menée dans les années 1950 à 1970 avec succès comme en témoigne notre rythme de croissance de l’époque qui était supérieur à celui de l’Allemagne, notre monnaie ne connaîtrait aucun risque. Nous serions alors en mesure de déterminer notre taux d’intérêt sans avoir à tenir compte du taux d’intérêt allemand. C’est l’ouverture progressive de notre marché des capitaux, réalisée à partir de 1974 et couronnée par les réformes de Bérégovoy dans les années 1980, qui nous a rendu dépendant du taux d’intérêt allemand, et qui a rendu nécessaire le passage à une monnaie unique, aux conditions politiques imposées par l’Allemagne.

Cette « nécessité » ne s’est cependant manifestée comme telle qu’en raison des choix que nous avions faits (ou plus exactement que n’avions pas faits) depuis 1981. Elle n’existe que dans le cadre d’une certaine politique. Que l’on en change, et cette « nécessité » disparaîtra d’elle-même.

Ceci ne résoudra pas la question monétaire internationale. Nous avons besoin, et aujourd’hui encore plus que hier, d’une véritable réforme du système monétaire international. Il faut oublier les rêves d’en revenir à l’étalon-or. Les solutions, dans un premier temps, ne pourront être que régionales. C’est pourquoi l’Euro avait une place à jouer, non pas comme une monnaie unique mais comme une monnaie commune venant s’ajouter aux monnaies nationales existantes. C’est ce que je décris dans mon article de 2006, et cela correspond au « BANCOR » de Keynes, appliqué à l’Europe.
Jacques Sapir.

Propos recueillis par Malakine

Article repris sur le site "Pour un protectionnisme européen" sous le titre "Protectionnisme européen ou national?"
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMer 17 Mar 2010, 9:15 am

Je suis assez d'accord avec Patrick Artus : les industries délocalisées ne reviendront pas.
J'ai pas mal réfléchis à une stratégie de réindustrilalisation de la France.
Pour faire bref, je pense qu'il n'y a que deux secteurs par lesquels on pourrait la mettre en poeuvre, parce qu'ils échappent à la main mise de Bruxelles et qu'ils peuvent être aidés en termes de filières : les industries de l'armement et la construction navale. Je mets à part bien entendu le secteur de la production de l'énergie,dans lequel les états disposent encore de position régalienne.
Armement et construction navale : les deux secteurs par lesquels réinitialiser la réindustrialisation. Car ces secteurs entraînent de multiples filières en amont et en aval et échappent s (jusqu'à un certain point bien entendu) aux foudres de cette maudite commission.
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMer 17 Mar 2010, 10:08 am

François Barberis a écrit:
Je suis assez d'accord avec Patrick Artus : les industries délocalisées ne reviendront pas.
J'ai pas mal réfléchis à une stratégie de réindustrilalisation de la France.
Pour faire bref, je pense qu'il n'y a que deux secteurs par lesquels on pourrait la mettre en poeuvre, parce qu'ils échappent à la main mise de Bruxelles et qu'ils peuvent être aidés en termes de filières : les industries de l'armement et la construction navale. Je mets à part bien entendu le secteur de la production de l'énergie,dans lequel les états disposent encore de position régalienne.
Armement et construction navale : les deux secteurs par lesquels réinitialiser la réindustrialisation. Car ces secteurs entraînent de multiples filières en amont et en aval et échappent s (jusqu'à un certain point bien entendu) aux foudres de cette maudite commission.

Cher François,

L'armement et la construction navale, qui sont d'ailleurs des secteurs connexes, sont effectivement un levier intéressant.
Encore faudrait-il aller au delà de la simple subvention, avec une vraie démarche publique de suivi et d'impulsion de l'investissement.

Et là, je crains qu'il y ait aussi une forte perte de compétence au sein des organismes d'État capables de mener une telle mission. Les dégâts sont grands et avancés... clown

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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMer 17 Mar 2010, 7:00 pm

C'est vrai ce que vous dites, mais en partie seulement, FDE. Ainsi en matière navale, le PA Charles de Gaulle souffre de quelques imperfection dans la conception qui résulte d'une perte de savoir faire initiale. Je pense que ce savoir faire a été reconquis (en matière de transmission de puissance notamment), et si un 2ème PA devait être lancé, tout redeviendrait dans l'ordre.
En matière aéronautique civile et militaire, pas de pb, tant pour les moteurs, le cellules, l'électronique embarquée.
Dans une note confidentielle, la CIA propose de classer le Rafale en avion de 5ème génération à égalité avec le F22; ce qui est tout dire de l'excellence de l'appareil.
Le militaire naval et aérien, le civil navale et aérien, sont deux domaines où nous conservons des compétences, mais il faut en effet relancer les bureaux d'études pour ne pas les perdre.
Pour en revenir au fil de ce forum,qui est l'avenir de l'€ et la stratégie allemande, une nouvelle de ce matin selon laquelle Merkel revenait sur sa position d'aide à la Grèce me conforte dans mon analyse.
L'Allemagne freinera des 4 fers. Et si on l'y contraint par la pression politique, je pense qu'elle préfèrera exclure la Grèce du système de l'€, et en cas d'échec de cette manœuvre, s'exclure elle-même.
Pour l'Allemagne, sortir de l'€ ne présente aucune difficulté et aucun risque.
Elle recréerait son propre mark qui serait aussitôt crédité d'un AAA et accèderait aux marchés financiers à des taux plus bas qu'aujourd'hui, peut-être voisin de ceux de la Suisse. La sortie de l'Allemagne du système de l'€ doit donc être envisagé comme une hypothèse sérieuse.
L'opinion publique allemande y est totalement favorable et cette option peut devenir un thème de campagne électrorale pour une formation politique en difficulté : avec cette seule proposistion, le parti qui la chevaucherait serait
certain de gagner les élections.
Je pense que Paris mise sur le refus allemand d'aider la Grèce à se tirer d'affaires. Il y voit la possibilité de fragiliser la diplomatie allemande et la position de cette dernière dans divers contrats militaires. Paris y voit aussi
l'opportunité de prendre la tête de l'Europe du sud pour relancer le processus méditerranéen totalement en panne du fait de étouffement de ce processus par le partenaire Allemand.
Tout ceci pour dire qu'il me paraît clair que nous allons vers une compétitions de plus en plus vive entre France et Allemagne, compétition qui ne pourra plus être arbitrée par la GB définitivement sur la touche diplomatique. Le récent rapprochement entre Paris et Moscou doit s'entendre dans cette perspective et il paraît erroné de parler d'un axe Paris-Berlin-Moscou.
Çà ne correspond à aucun des scénarios crédibles.
Je pense que la fin des illusions sur la construction européenne est proche et que le jeu diplomatique européen va tourner autour du leadership. Les déclarations de Christine Lagarde dénonçant le rôle déstabilisateur de
l'Allemagne, voire même prédateur des économies de ses partenaires, ne peut s'expliquer que par l'ouverture de cette compétition.
Qui va gagner : France ? Allemagne ? les paris sont ouverts. Mais on sait déjà qui a perdu : la Commission et l'Union Européenne (enfin, si on peut parler d'Union considérant tout ce fatras de liens).
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MessageSujet: Divorce franco-allemand ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyVen 19 Mar 2010, 4:08 pm

Voici un article qui conforte la "vision" de notre ami François

Source : http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/03/19/la-crise-grecque-menace-le-couple-franco-allemand_1321298_3214.html

Citation :
La relation franco-allemande mise à l’épreuve par la crise financière grecque

LE MONDE | 19.03.10 | 12h36

Experte dans l'art des positions floues, Angela Merkel joue la montre. La chancelière allemande pourrait bien remporter la partie et imposer la solution que la France considère comme un désaveu de l'euro: l'intervention du Fonds monétaire international (FMI) pour aider la Grèce en déroute. A moins qu'elle ne se serve de cette menace pour obtenir un durcissement de la discipline dans la zone euro.

Depuis quelques jours, sans le reconnaître, MmeMerkel rejette les unes après les autres les possibilités d'un soutien européen à la Grèce, voulu par ses partenaires. Hostile à un renflouement immédiat dont l'Allemagne serait le plus gros contributeur, elle a tergiversé sur la création d'un Fonds monétaire européen (FME) jusqu'à ce dernier coup de théâtre au Bundestag, mercredi 17mars, où elle a envisagé l'exclusion d'un membre de la zone euro… tout en prenant acte du fait que le traité institutionnel ne le permettait pas.

Le tour est joué: il reste maintenant l'aide du FMI. La Grèce au bord du gouffre la brandit comme une menace, la France n'en veut pas, l'Allemagne a d'abord déclaré d'y être hostile. "Plus les Grecs réclament une intervention du FMI, mieux on se porte", dit-on maintenant sans détours dans l'entourage de la chancelière. Le Conseil européen des 25 et 26mars sera l'épreuve de vérité. A travers la question de l'aide à la Grèce se joue un match France-Allemagne, la mise en concurrence de deux conceptions de l'Europe.

"JUSQU'OÙ IRA-T-ON ?"

L'Allemagne est-elle égoïste? Oui, dit la France, par la voix de Christine Lagarde. La ministre des finances, dans le Financial Times du 15 mars, accuse l'Allemagne de nuire à la cohésion de la zone euro. En comprimant les salaires, observe-t-elle à juste titre, le pays sacrifie la demande intérieure au profit de ses excédents, privilégie ses propres exportations au détriment de celles de ses voisins, nuit à l'équilibre général.

Joschka Fischer s'inquiète. Depuis son bureau de Berlin, l'ancien ministre des affaires étrangères du chancelier Gerhard Schröder contemple les dégâts de la crise grecque : "Pourquoi la France attaque-t-elle si violemment l'Allemagne ? Jusqu'où ira-t-on ?" L'Elysée prétexte la gaffe, mais le message est bien passé. Mme Lagarde a même récidivé le lendemain en dénonçant sur RTL la politique fiscale allemande, dissuasive pour la consommation. Et les médias français ont enchaîné à cœur joie: enfin quelqu'un qui dit ce que tout le monde pense tout bas!

Première puissance européenne et quatrième puissance mondiale, l'Allemagne s'isole en Europe. Elle paye la plus grosse part du budget européen et estime, non sans raison, qu'elle en fait déjà beaucoup pour l'Union. Au début des années 2000, le gouvernement Schröder lui a imposé une cure d'austérité sévère pour réformer l'Etat et réduire les dépenses publiques. "Je n'oublierai jamais que José Maria Aznar [l'ancien premier ministre espagnol] expliquait à Gerhard Schröder comment équilibrer le budget…", se souvient M. Fischer. L'Allemagne, telle la fourmi de La Fontaine, a travaillé, économisé et souffert. Elle subissait sa dépression quand ses voisins savouraient leur croissance.

À CHACUN SON AGENDA


La fourmi n'est pas prêteuse. Quant à la Grèce, telle la cigale, elle a chanté des années, distribué des postes dans la fonction publique, abaissé l'âge de la retraite, laissé ses recettes fiscales s'évanouir dans la corruption généralisée. D'autres qu'elle, au sud de l'Europe, ont creusé leurs déficits sans réformer leur économie : l'Espagne, le Portugal, l'Italie ne sont pas loin de se trouver fort dépourvus. Et la France, qui préfère à la rigueur budgétaire la solidarité et la relance, est à leurs côtés.

La presse allemande nourrit une opinion publique agacée par le laxisme grec et qui n'a aucune envie de payer pour lui. Le magazine Focus a frôlé l'incident diplomatique en plaçant en couverture la photo d'une Vénus de Milo faisant un doigt d'honneur. Le tabloïd conservateur Bild, vendu à 3,3 millions d'exemplaires et reflet de l'air du temps, s'en est donné à cœur joie dans le mépris du pays en faillite, suggérant au gouvernement de mettre en vente quelques îles grecques pour renflouer ses caisses.

Egoïste, l'Allemagne ? "Pas plus que la France", rétorque Joschka Fischer. "Inquiète", plutôt. "Tous les dirigeants européens se trouvent dans une situation de faiblesse et ne se coordonnent pas", note-t-il. Chacun a son agenda politique incertain. Si Mme Merkel, à la tête d'une coalition chancelante, se montre intraitable sur l'aide à la Grèce, c'est d'abord un signal à ses électeurs, avant l'importante élection régionale en Rhénanie du nord-Westphalie de mai.

FRAGILITÉ POLITIQUE

Derrière la fragilité politique de la chancelière, il y a l'identité allemande : la rigueur, le respect des règles communautaires, l'orthodoxie budgétaire, la sacralisation de la monnaie. Les Allemands gardent le souvenir cuisant de l'inflation des années 1920. Viscéralement attachés à la stabilité de l'euro, ils n'ont renoncé au puissant deutschmark qu'après avoir obtenu les exigeants critères de convergence du traité de Maastricht.

Le magazine de centre gauche Der Spiegel tire la sonnette d'alarme. En couverture, il dénonce "le mensonge de l'euro". Et s'inquiète : "L'euro est en danger comme jamais auparavant. Il est devenu attaquable parce que les promesses sur lesquelles il a été fondé (le respect des équilibres budgétaires) se sont révélées être des mensonges. L'Europe n'a pas besoin d'une nouvelle monnaie, mais d'une culture de la stabilité."

Pas assez européens, les Allemands ? Ou au contraire trop européens, dogmatiques, arc-boutés sur une application à la lettre des règles du traité ? Celui-ci, font-ils valoir, interdit tout renflouement d'un pays de la zone euro. Y contrevenir créerait un précédent. "Que les gens acceptent que nous ayons des règles que nous avons écrites ensemble !, explique un conseiller de MmeMerkel. Ce n'est pas antieuropéen de les respecter."

CONTRADICTIONS

Mais en se raidissant, l'Allemagne se replie. Leur chancelière, à la fois née après la guerre et élevée à l'est, sous le joug soviétique, n'éprouve pas envers l'Europe le sentiment de culpabilité et de dette qu'entretenait l'ancien chancelier Helmut Kohl. Et s'empêtre dans les contradictions: comment à la fois tirer tous les avantages du marché et de la monnaie uniques, réaliser 44% de ses exportations dans l'Union européenne et donc vivre de l'endettement des pays voisins, tout en tournant le dos à un pays qui s'endette?

La soi-disant gaffe de Christine Lagarde a atteint l'objectif peut-être voulu par l'Elysée: ouvrir le débat sur la responsabilité de la première puissance européenne. Si tous les Européens étaient des Allemands, à sacrifier leur demande intérieure pour les exportations, de quoi le marché européen aurait-il l'air ?

Marion Van Renterghem
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François Barberis
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyVen 19 Mar 2010, 6:13 pm

Je partage l'analyse de Marion Van R., sauf sur un point, et il est essentiel.
La politique de la France n'est pas de faire preuve de solidarité avec la Grèce, mais d'isoler l'Allemagne, trop puissante à son goût. Ce qui est exactement en train de se passer.
Paris n'a pas la religion de l'€, contrairement à Berlin. En fait Paris se moque de l'€. Ce que veut Paris c'est de retrouver le leadership européen, en particulier en matière de défense et maintenir la PAC.
Il est évident que l'Allemagne va être violemment attaquée et que son absence de "solidarité" envers la Grèce la met en position de faiblesse pour exiger en plus un démantèlement de la PAC.
Paris veut repousser aussi loin que possible l'application des critères de Maastricht. Le désordre que va créer l'isolement de l'Allemagne en Europe et la création d'un front du sud mené par la France qui va naturellement se poser en champion de cette Europe du Sud, sert parfaitement les intérêts français. Ce n'est pas pour rien que Zapatero est venu à Paris pour soi-disant saluer la mémoire d'un policier tué par L'ETA. C'est surtout pour montrer que Madrid compte sur Paris et soutient Paris dans ce bras de fer européen.
Il n'y a pas de crainte fondamentale sur la dette souveraine française : je l'ai déjà expliqué. La masse d'épargne privée en France est considérable (2.500 à 2.600 milliards d'€) et le recouvrement de l'impôt ne pose pas de problème. Les Français sont d'ailleurs prêts psychologiquement à une augmentation des contributions sociales, soit par la CSG soit par les prélèvements sur le salaires, soit plus vraisemblablement par un recul de l'âge de départ en retraite.
Cette situation va bien entendu peser sur la construction européenne qui va apparaître pour ce qu'elle est : une enceinte où chacun essaye de tirer son épingle du jeu. Quant à la solidarité, il n'y a que les naïfs pour y croire. Les états-nations sont de retour, et en général ils ne font pas de cadeaux.
Il est possible, à ce jeu-là, que finalement l'Allemagne décide de sortir de l'€ et de recréer son mark. Le parti qui chevauchera ce programme est sûr de gagner les élections au Bundestag.
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François Barberis
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MessageSujet: L'euro, le dollar et le pétrole   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptySam 20 Mar 2010, 8:57 am

Réponse à une question de notre bien-aîmé administrateur sur le rôle respectif du dollar et de l'€ en tant que monnaie d'expression des cours de l'or noir. Stans faisait remarquer que le prix du baril exprimé en dollar était relativement stable, alors que l'€ fluctuait et me posait la question de l'intérêt de spéculer sur le prix du baril.

Voici ma réponse-

Non Stans, cela prouve tout simplement que ce n'est pas demain que l'€ deviendra une devise dans laquelle seront exprimés les cours des matières premières. Le dollar a encore de (très) longs jours devant lui en tant que monnaie d'échange et d'apurement des comptes internationaux. Ceux qui voient la fin du roi $ dans un horizon proche et son remplacement par l'€ se trompent largement. Cela relativise beaucoup les idées de (fausse) grandeur que l'on se fait sur l'€. Les opérateurs internationaux savent bien que l'€ est une monnaie en lévitation en raison du manque de cohérence politique de la zone où elle est censée s'appliquer au premier chef, la zone €. Le rééquilibrage des réserves en devises de la Chine ne doit pas faire illusion. Si la Chine change de monnaie de résereve, ce ne sera pas pour l'€ mais ce sera pour sa propre monnaie.
L'€ avait jusqu'ici deux soutiens : la BCE et le gvt allemand qui voyait l'€ comme une extension du mark, ce qui était vrai en partie.
Le second soutien semble de plus en plus fragilisé, car l'All. -et cela est tout à fait légitime pour une nation qui a la religion de la monnaie stable, donc forte- ne veut pas prendre en charge les dettes souveraines des autres pays. Mais en demeurant dans le système de l'€, l'Allemagne qu'elle le veuille ou non, subit les effets négatifs de ces dettes souveraines excessives extérieures, car ces dettes étant exprimées en €, elles poussent la valeur de la monnaie vers le bas. Le sur-endettement grec est, quelque part, l'équivalent d'un sur-endettement allemand. Et c'est ce que viennent de découvrir les autorités allemandes.
L'intervention du FMI souhaitée par l'Allemagne est un leurre et risque de se retourner contre l'Allemagne. Que va faire le FMI ? Il va simplement se substituer aux marchés financiers et aux Européens en acceptant de prêter 50 milliards d'€ à 3,5% à la Grèce aujourd'hui, au Portugal demain, contre des mesures de stricte orthodoxie financière.
Cela n'arrêtera bien entendu pas la spéculation contre l'€, car il y a bien d'autres dettes souveraines exprimées en € contre lesquelles on peut spéculer à la baisse et à découvert, quasiment en étant assuré de gagner 20 à 30% en un mois.
On voit bien la cause du mal : c'est l'expression en € de dettes souveraines fragiles et douteuses; et le recours au FMI ne fera pas cesser la fragilité de ces dettes. Tout au plus l'incendie sera étouffé qq temps.

D'où ma conclusion : logiquement l'Allemagne, si elle veut maintenir pour elle une monnaie stable (donc forte, car en matière monétaire, stabilité = force), n'a que deux solutions : ou bien exiger que les autres pays de l'€ fonctionnent à son image; ce qui est impossible; ou bien sortir du système de l'€. Je pense qu'à terme plus ou moins lointain, surtout si la crise s'aggrave (ce qui est mon pronostic), la sortie du système de l'€ s'imposera à l'Allemagne. Mais auparavant il y aura eu des crises et des dénonciations réciproques : dénonciation du laxisme contre dénonciation d'égoïsme. Il ne faudra pas se laisser prendre à ce jeu de rôle. En fait, actuellement les principaux états ont objectivement intérêt, chacun pour des raisons souvent inverses, à ce que l'€ soit abandonné, car l'€, de fait, ne sert plus à rien, sauf aux échanges touristiques.
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyDim 21 Mar 2010, 11:38 am

François Barberis a écrit:

D'où ma conclusion : logiquement l'Allemagne, si elle veut maintenir pour elle une monnaie stable (donc forte, car en matière monétaire, stabilité = force), n'a que deux solutions : ou bien exiger que les autres pays de l'€ fonctionnent à son image; ce qui est impossible; ou bien sortir du système de l'€. Je pense qu'à terme plus ou moins lointain, surtout si la crise s'aggrave (ce qui est mon pronostic), la sortie du système de l'€ s'imposera à l'Allemagne. Mais auparavant il y aura eu des crises et des dénonciations réciproques : dénonciation du laxisme contre dénonciation d'égoïsme. Il ne faudra pas se laisser prendre à ce jeu de rôle. En fait, actuellement les principaux états ont objectivement intérêt, chacun pour des raisons souvent inverses, à ce que l'€ soit abandonné, car l'€, de fait, ne sert plus à rien, sauf aux échanges touristiques.

Je suis tout à fait d'accord avec l'analyse et les conclusions de François Barberis. L'Euro est condamné à mort, de même que l'Union Européenne qui se dilue dans un nombre et une hétérogénéité croissants de membres. Comme l'a souligné Stans, on a mis la charrue avant les boeufs en créant d'abord une certaine unification économique (zone de libre échange conforme aux intérêts britanniques et à un modèle ultra-libéral) au lieu de commencer par harmoniser les systèmes et les institutions afin de créer un espace juridique et économique cohérent. L'entrée de la G-B dans le système a été le commencement de la fin. Il aurait été possible de créer un noyau dur et solide à partir des six pays fondateurs, et il n'est pas étonnant que, dans le magma actuel, l'on voie ressurgir les états-nations, car la nature a horreur du vide...
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 23 Mar 2010, 11:53 am

Je ne connaissais pas ce texte quant j'ai ouvert ce sujet sur la fin de l'€ et de l'Union Européenne.

L'analyse (magistrale) qui y est conduite est encore plus terrifiante que la mienne.
Si les pays déficitaires restent dans l'€ avec l'Allemagne, la punition sera terrible pour eux en terme d'effondrement social interne. Ils retourneront à l'état de 1930 : je partage entièrement cette conclusion.
Il ne reste donc plus qu'une seule solution viable, c'est que le bloc allemand sorte de l'€ et recrée le DM

L'€ résiduel s'effondrera certes contre le nouveau DM, mais les dettes des états qui demeureront dans le système de l'€ résiduel resteront toujours libellées en € (résiduel), donc pas de perte financière, l'€ résiduel sera une monnaie croupion : tant mieux. Le nouveau DM détiendra des créances en € croupion sur ses clients européens du sud, donc dévaluées sur les autres états européens . Tant mieux pour nous; tant pis pour les financiers d'outre rhin. Ils auront des pertes de change énormes : ce sera bien fait pour l'insolente Allemagne qui a piégé l'Europe par son mercantilisme d'un autre âge.

La France est dans une situation intermédiaire : doit-elle adhérer au bloc allemand et devenir un satellite de l'Allemagne ? Doit elle rester solidaire avec les pays dont la balance courante est fortement déficitaire (en gros les pays du sud) ? Si on continue à creuser les déficits, le choix sera vite fait : ce sera l'Europe du Sud. Si nous redressons la situation des finances publiques et de la balance des peiemnts courants; on pourra jouer la carte d'une situation intermédiaire, à la charnière des deux blocs (bloc allemand/bloc du sud), en attendant que joue pleinement le dépeuplement démographique du bloc allemand qui redistribuera toutes les cartes.

http://www.observatoiredeleurope.com/Euro-l-analyse-qui-donne-froid-dans-le-dos_a1359.html
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 23 Mar 2010, 3:13 pm

François Barberis a écrit:
La France est dans une situation intermédiaire : doit-elle adhérer au bloc allemand et devenir un satellite de l'Allemagne ? Doit elle rester solidaire avec les pays dont la balance courante est fortement déficitaire (en gros les pays du sud) ? Si on continue à creuser les déficits, le choix sera vite fait : ce sera l'Europe du Sud. Si nous redressons la situation des finances publiques et de la balance des peiemnts courants; on pourra jouer la carte d'une situation intermédiaire, à la charnière des deux blocs (bloc allemand/bloc du sud), en attendant que joue pleinement le dépeuplement démographique du bloc allemand qui redistribuera toutes les cartes.

[url=http://www.observatoiredeleurope.com/Euro-l-analyse-qui-donne-froid-dans-le-dos_a1359.html
http://www.observatoiredeleurope.com/Euro-l-analyse-qui-donne-froid-dans-le-dos_a1359.html [/quote[/url]]

Je me demande si une "Zone euro" ou une "Zone Ecu" recentrée sur l'Europe du Sud n'offrirait pas plus d'avantages que tu l'imagine mon cher François. D'abord cette Europe serait très largement latine, ce qui créerait de nouvelles complicités culturelles tout le long du Bassin méditerranéen avec, pourquoi pas, une extension vers la rive démocratique maghrébine (Maroc et Tunisie), voire vers le Liban.
Un ressèrement des liens avec l'Espagne et le Portugal pourrait également nous ouvrir de larges horizons nouveaux vers les Amériques Centrale et du Sud tandis que France + Belgique bénéficieraient de leur partenariats en Afrique francophone d'une part et au Québec d'autre part.
Je pense que l'aventure de l'"Euroland" nous a trop aveuglé sur la nécessité de suivre à tout prix la "prospère Germanie" si souvent citée en exemple et sur la crainte que l'on avait de ne pouvoir "annexer" les anciens "pays de l'Est" à l'Union européenne que l'on voulait voir absolument aussi grande que l'Europe géographique uniquement pour rêver de concert avec les Allemands au lieu de s'entendre avec les Russes.
Qu'en pensez-vous ?
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMer 24 Mar 2010, 5:20 pm

On y arrive.
La 2ème étape et la 3ème étape de la crise sur l'€ sont annoncées.
Le Portugal vient d'être dégradé de AA à AA-. La spéculation va s'y attaquer et l'Allemagne va être encore plus réticente à supporter ou à consolider la dette grecque, car les Portugais seront les suivants.
En plus NS vient de déclarer la guerre à Merkel : "pas question de démanteler la PAC" (j'avais écrit, je m'en souviens, que les 2 objectifs de Paris dans l'Europe c'était le maintien de la PAC et le leadership de la défense, ce qui voulait dire qu'il fallait isoler l'Allemagne, c'est fait).
L'Allemagne est donc au pied du mur : elle ne peut céder sur la Grèce. Elle ne peut céder sur la PAC.
Logiquement, la seule issue pour le bloc allemand serait une sortie volontaire du système de l'€, avec remise en route du DMark.
Toute l'Europe n'y trouverait qu'avantages : l'Allemagne au premier chef, avec des taux sur le nouveau DM de 100 points de base inférieurs à ceux pratiqués sur l'€;
les pays qui demeureraient dans le système de l'€ résiduel (qui reviendrait à 1 € pour 0,80 $) aussi : leurs dettes resteraient libellées en €, donc en monnaie "nationale". Iles ne risqueraient aucun procès des détenteurs privés de leur dette, puisqu'il n'y aurait pas novation. Donc tout à gagner à court et moyen terme.
Le seul inconvénient pour l'Allemagne et ses entreprises de sortir de l'€ est que ses créances sur les autres pays du système € sont libellées en €. Elle risque donc une perte en capital (c'est la fameuse destruction de capital qui est un effet des crises). Mais il s'agit d'un inconvénient mineur, car l'Allemagne retrouverait les mains libres pour fonder sa nouvelle politique économique et parviendrait rapidement à revaloriser son stock de créances, mais pas sur les pays de l'€ résiduel. Sur les autres.

Une sortie de l'All. du sytème de l'€ ne voudrait pas dire nécessairement la fin de la construction européenne, mais une sérieuse renégociation du pacte européen : celui actuel est intenable. Maastricht est mort et bien mort, n'en doutons pas. Ca voudrait dire vraissemblablement le déménagement du siège de la BCE vers une autre capitale qui ne soit pas partie dans le bloc allemand (All + Autriche + PB, certainement).
Je pense que dans un premier temps la Belgique voudra faire partie de ce bloc allemand. Il en résultera une désindustrialisée de la Wallonie encore plus accélérée et une exacerbation des tensions entre Fl et Wallons, car être dans la zone mark c'est refuser les solidarités.

Alors, qu'est-ce qui pourrait s'opposer à cette catharsis qui éviterait le collapsus social dans les pays du sud ? Je ne vois pas trop.
Si après le Portiugal, la dette de l'Espagne venait à être dégradée avec amplification de la spéculation à la baisse sur l'€ et impossibilité pour ce pays de se refinancer, sauf à payer des taux suicidaires, je ne vois pas vraiment quel serait l'intérêt de l'All de rester dans le système. De toutes façons ses créances sur l'Espagne seraient de facto irrécouvrables.

Je pense enfin que c'est la fin de "l'amitié franco-allemande" telle que la rêvaient De Gaulle et Adenauer, qui n'auraient jamais toléré cette évolution des relations entre les deux pays.
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMer 24 Mar 2010, 6:21 pm

La possibilité de la fin de l'euro a été évoquée par Michel Rocard ce matin sur France Inter:



Écouter en particulier à partir du temps 12:30
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MessageSujet: Point de vue de CHEVÈNEMENT   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyDim 28 Mar 2010, 9:45 pm

Source : http://www.chevenement.fr/Chevenement-l-impasse-de-la-monnaie-unique-eclate-au-grand-jour_a935.html

Le blog de Jean-Pierre CHEVÈNEMENT

Chevènement: "L'impasse de la monnaie unique éclate au grand jour"

Dépêche AFP, vendredi 26 mars, 15h23.

Citation :
"L'impasse de la monnaie unique éclate au grand jour" après les déboires financiers de la Grèce a affirmé vendredi Jean-Pierre Chevènement, président du MRC, pour qui le sommet de Bruxelles "a accouché d'une fausse solidarité" entre les nations.

"L'impasse de la monnaie unique éclate au grand jour, non seulement la zone euro est une zone économique hétérogène, mais l'Europe, à la différence des Etats-Unis, est composée de nations enracinées dans l'Histoire, qu'il est absurde de vouloir nier", a déclaré M. Chevènement dans un communiqué.

Les dirigeants de l'Union européenne sont parvenus jeudi à Bruxelles un accord sur un plan d'aide à la Grèce financé par la zone euro et le FMI, un mécanisme inédit depuis le lancement de la monnaie commune il y a onze ans. Selon M. Chevènement, "le sommet européen de Bruxelles a accouché d'un monstre : une fausse solidarité adossée à l'intervention du FMI et à une communauté de sanctions".

"Il est temps de reprendre l'ouvrage sur des bases nouvelles et de repenser ce que peut être la solidarité entre les nations européennes", a-t-il ajouté.

L'ancien ministre a fait valoir qu'"il aurait fallu une monnaie commune réservée aux transactions internationales et non une monnaie unique trop rigide".
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyLun 29 Mar 2010, 11:08 am

L'Europe a adopté le "compromis à la belge" çàd mélange de 2 solutions à priori inconciliables et accord de façade qui permet à une des parties de le renier ultérieurement (retour à la case départ). Si une aide à la Grèce se concrétise, l'Allemagne pourra voter contre puisque tous les Etats membres devront se prononcer.

Avez-vous remarqué qu'Angela Merkel a refusé que Van Rompuy participe à la réunion franco-allemande avant le sommet ? Après son absence du "who's who" européen, cette anecdote en dit long sur l'opinion des autres dirigeants sur notre Van Rompouille !

PS: Grand merci à François pour toutes ses contributions ! La fin de l'€ et de l'Union européenne ? 58
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyLun 29 Mar 2010, 11:22 am

AgatheN a écrit:
Avez-vous remarqué qu'Angela Merkel a refusé que Van Rompuy participe à la réunion franco-allemande avant le sommet ? Après son absence du "who's who" européen, cette anecdote en dit long sur l'opinion des autres dirigeants sur notre Van Rompouille !

Sauf les français qui ménagent décidément beaucoup le voisin flamand. J'ai toujours cette impression que notre diplomatie prépare déjà le terrain de l'après Belgique. Bon, c'est peut-être une fausse impression...
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyLun 29 Mar 2010, 3:19 pm

Personnellement j'ai l'impression qu'Herman VAN ROMPUY est l'idiot utile de Nicolas SARKOZY.
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MessageSujet: révolmte sociale   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyLun 29 Mar 2010, 10:19 pm

Les marchés viennent de rendre leur premier verdict concernant la plan de sauvetage de la Grèce. Et il est éclairant. Après avoir hésité à 6%, les marchés rejettent désormais l'emprunt grec qui à 18h portait un taux de 6,3%. Vendredi, le taux "n'était que de" 6,2%. Que ce soit 6,3%, 6%, voire même 5%, pour des emprunts à 7 ans, alors que l'Allemagne emprunte à 3% sur la même durée, cela signifie une chose : les marchés ne veulent pas de la dette grecque, alors que celle-ci leur rapporterait en principe 4,5 à 5% net (en empruntant à la BCE à 1,5% et en prêtant à l'état grec à 6%). Pour une banque ou un fonds spéculatif, refuser une telle marge, cela veut dire que le risque est trop considérable -ce que mesure le taux de CDS ou "Couverture de Défaut de Crédit" qui s'établit actuellement à 380 points de base sur la dette souveraine grecque. Cela veut dire aussi que les marchés ne croient pas un seul instant à l'efficience de "l'accord" ce consolidation négocié vendredi dernier au niveau européen. Cela veut dire que les marchés intègrent l'existence d'une crise latente entre le bloc allemand et le bloc du sud. Les marchés ont compris que le bloc allemand s'opposera à la mise en place du dispositif censé permettre à la Grèce de retrouver des possibilités d'emprunter et de se refinancer entre 4 et 4,5%, ce qui est le maximum que le pays peut supporter (1% de plus = 1 milliard d'€ de charge d'emprunt en plus pour les finances publiques grecques), e même que ce bloc allemand s'opposera à toute solidarité avec le sud.
La crise de l'€ est donc devant nous, et non pas derrière nous, et ça va mal, contrairement à ce qu'écrit Quatremer qui voit une sortie de crise dans le placement de l'emprunt grec aujourd'hui lundi.
Il est évident que le peuple grec ne voudra pas faire les frais de la déflation intérieure que le gvt grec -pourtant de gauche- va devoir lui imposer. Il en sera de même demain pour le peuple portugais et pour le peuple français aussi, si une telle situation devait s'installer, ce qui est à peu près assuré vers 2012-2014, si la dette continue à gonfler. Et d'une manière générale pour tous les peuples des états déficitaires.

En Belgique la situation risque d'être encore plus tendue qu'ailleurs, car les Flamands accepteront d'autant moins de subir la cure déflationniste intérieure que leur économie propre n'est pas déficitaire. C'est l'ensemble composite Fl+BXL+Wall. qui génère les déficits publics. Pas la Flandre. La révolte sociale devrait donc, sur le territoire belge, revêtir des formes doublement dénonciatrices : Fl et Wall contre le gvt fédéral d'une part, et Wall contre Fl, et réciproquement, d'autre part.

Ces derniers épisodes monétaires nous ont permis d'assister à 3 sorties d'acteurs et une entrée sur scène : les sorties, ce sont celles de la Grande Bretagne dont l'influence en Europe devient inexistante après qu'elle eut perdu une à une ses cartes diplomatiques (voir l'article du Sunday Times d'hier sur la perte de la "special relationship" avec les US); celle de l'Union Européenne, doublement exclue du jeu, ainsi que l'a fort pertinemment fait remarquer notre amie Agathe; et celle de la BCE et de son président Trichet qui a du avaler son tricorne et toutes les couleuvres qu'il abritait.
L'entrée sur scène est celle du FMI et de son charismatique directeur, notre DSK national, qui se retrouve maintenant en position diplomatique inexpugnable, supérieure à celle d'un chef d'état, puisque c'est lui et lui seul qui détient en fait les clefs de la crise monétaire. Pour asseoir son autorité, il n'aura même pas besoin de se présenter à l'élection présidentielle française. De là où il se trouve, DSK peut faire plier l'Allemagne, ce qu'un président de la République ne pourra jamais faire. En fait, je dirais même plus : DSK tient en main la réélection de NS, et je pense qu'il poussera à sa réélection. Ce sera sa façon de se venger de ses amis du PS qui l'ont évincé en 2007.
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François Barberis
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyLun 29 Mar 2010, 10:24 pm

Ou pour le dire d'une autre façon, les trois maîtres du monde sont aujourd'hui Zin Ziao, Obama et DSK.
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 30 Mar 2010, 8:34 am

François Barberis a écrit:
Ou pour le dire d'une autre façon, les trois maîtres du monde sont aujourd'hui Zin Ziao, Obama et DSK.

En quelque sorte Nicolas SARKOZY a fait de Dominique STRAUS-KAHN un roi et d'Herman VAN ROMPUY un idiot utile : les deux lui sont redevables, chacuns à leur manière.
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 30 Mar 2010, 10:17 am

Stans, je suis contre la moquerie inutile.
Non par exigence morale, mais par efficacité intellectuelle
Elle occulte et pervertit le raisonnement. Elle est inutilement blessante.
En l'occurrence, Van Rompuy ne compte pas parce que sa fonction n'est que quasiment protocolaire, à la tête d'une institution qui de plus en plus tourne à vide et qui n'est pas capable de répondre aux défis du moment. Cela aurait pu être différent si la Commission avait su hisser l'UE au niveau stratégique désiré. Ce n'est pas le cas.
Il a été choisi parce que il était celui qui présentait les caractéristiques qui convenaient le mieux à une institutions malades qu'on a pas envie, en fait, de réanimer, car tout le monde se satisfait de cette situation de l'Europe encalminée.

Donc ceux qui occupent des postes dans l'UE ne sont que des pions, non pas parce qu'ils sont idiots -loin de là- mais parce que leur institution est amorphe.

Maintenant, d'ici à dire que NS savait qu'il sacrait un roi lorsqu'il a fait nommer DSK au FMI, je n'irai pas jusque là. Je pense que nul n'avait l'idée de la place et du rôle qu'allait jouer le FMI. Et il est de fait que le FMI 1) est terriblement efficace dans ses interventions; 2) détient le nerf de la guerre, 3) est capable de répondre aux défis du moment, contrairement à la BCE et à l'UE. Son président est donc un Roi. Et comme il est impensable que DSK ne soit pas reconduit à la fin de son mandat, j'imagine qu'il ne se préentera pas à la candidature et soutiendra l'actuel président -si ce dernier se représente- car c'est son plus efficace soutien au poste de directeur du FMI.
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MessageSujet: Re: La fin de l'€ et de l'Union européenne ?   La fin de l'€ et de l'Union européenne ? EmptyMar 30 Mar 2010, 1:54 pm

Je ne me moque pas François : VAN ROMPUY n'est peut-être pas un idiot dans la vie mais il est bel et bien l'idiot utile qui convient à l'Union européenne et c'est en tant qu'idiot utile qu'il a été choisi par SARKOZY et MERKEL pour présider l'UE (à ce tarif je veux bien faire un effort d'idiotisme). Pour t'en convaincre, je t'invite à écouter la vidéo qui suit à partir de la deuxième minute, c'est la réponse de VAN ROMPUY à FARAGE ! Si ce genre de réponse ne correspond pas à la définition de l'idiot utile, alors je suis prêt à manger mon chapeau en public mon cher François !