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| McCAIN juge OBAMA | |
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Stans Fondateur
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| Sujet: McCAIN juge OBAMA Lun 23 Nov 2009, 12:09 pm | |
| Source : http://www.lefigaro.fr/international/2009/11/23/01003-20091123ARTFIG00380-le-requisitoire-de-mccain-contre-obama-.php Le réquisitoire de McCain contre ObamaPropos recueillis à Halifax (Canada) par Laure Mandeville 23/11/2009 | Mise à jour : 08:53 - Citation :
- Selon John McCain, l'indécision d'Obama sur l'Afghanistan «adresse à nos alliés et à nos adversaires le message que nous hésitons».
INTERVIEW - Son ancien rival porte un jugement sans concession sur le bilan du président américain, après presque un an de pouvoir. Sur l'Afghanistan, l'Iran, le Proche-Orient, la Russie ou la Chine : «Peut mieux faire». «Vu l'émergence de la Chine et de l'Inde, l'Union européenne et les États-Unis vont devoir se rapprocher encore» En marge du premier Forum sur la sécurité internationale d'Halifax, conférence organisée par le Canada et le German Marshall Fund, le sénateur républicain John McCain, 73 ans, ancien rival de Barack Obama pour la présidence, a accordé une interview au Figaro et à trois autres quotidiens européens (Süddeutsche Zeitung, Tagesspiegel et Gazeta Wyborcza).
LE FIGARO. - Alors que la décision du président Obama sur l'Afghanistan est maintenant une question de jours, beaucoup d'analystes comparent sa situation à celle du président Johnson au moment de l'engagement au Vietnam. Cette comparaison vous paraît-elle pertinente, à vous qui avez combattu au Vietnam ?
John McCAIN. - Les comparaisons entre les guerres sont rarement pertinentes, et elles dépendent de votre interprétation de la guerre. Mais les faits sont têtus. Quand les Nord-Vietnamiens ont envahi le Sud-Vietnam et qu'ils ont obtenu une aide massive de la Russie et de la Chine, il n'y avait plus de soldats américains au Vietnam. Nous avions terminé le retrait de nos forces. Vous n'apprendrez jamais ça à travers la description faite par la gauche américaine de la guerre du Vietnam. Dans les premiers temps de la campagne au Vietnam, on a mis en œuvre la tactique de Westmoreland consistant à «trouver et détruire l'ennemi», qui a échoué. Puis le général Abrahams est arrivé, il a lancé la vietnamisation, puis a retiré les troupes américaines. Prenons l'Irak : là aussi, la tactique inefficace de Westmoreland a été mise en œuvre par le général Casey et le secrétaire à la Défense Rumsfeld. Puis, le président Bush a eu le courage d'appeler le général Petraeus et le surge (envoi de renforts) a eu lieu. La vietnamisation avait marché, le surge a marché. Le surge peut marcher et marchera en Afghanistan si on y met les ressources suffisantes et si l'on convainc l'ennemi qu'on terminera notre mission avant de donner une date de départ. On gagne une guerre en brisant la volonté de l'ennemi. Et ce n'est pas en annonçant qu'on va partir qu'on y parvient !
Vous avez critiqué le président pour la lenteur de sa décision. Pourquoi ne pas lui laisser le temps de la réflexion ?
Le président a le droit de prendre son temps. Mais il y a deux problèmes. Le premier, c'est qu'une stratégie a été annoncée en mars. On a dit au peuple américain qu'on allait s'engager dans une stratégie de contre-insurrection. Puis, avec ce report de la décision - qui n'est pas vraiment de sa faute -, la population est sur le gril. Une attente aggravée par des fuites constantes dans la presse et des débats qui percent de l'intérieur de l'Administration. On a même eu la publication d'une dépêche de notre ambassadeur à Kaboul mettant en cause l'envoi de renforts ! Cette situation adresse à nos alliés et à nos adversaires le message que nous hésitons. Même nos militaires en sont ébranlés. Pendant la cérémonie qui a suivi la tragédie de Fort Hood, des sergents sont venus me voir et m'ont dit : «Sénateur McCain, nos hommes meurent. Allons nous y aller ou partir ?» On n'est pas dans un exercice statique et académique. La situation est bien réelle et elle se détériore, selon nos généraux. Cette détérioration signifie que les pertes augmentent, et que nous devons donc, soit inverser ce mouvement, soit partir. Reporter pendant des mois la décision est quelque chose que je préférerais que le président ne fasse pas. Mais bientôt, ce retard ne sera plus qu'un détail de l'histoire, puisque l'on dit que le président va annoncer sa décision après Thanksgiving (jeudi prochain, NDLR).
Que pensez-vous de la politique russe de la nouvelle Administration ?
Je trouve parfois amusant que nous nous accrochions à des fragments de phrases du président Medvedev pour nous persuader qu'il y a une percée majeure dans nos discussions. Nous savons très bien qui gouverne la Russie. Et nous savons qu'il (Vladimir Poutine, NDLR) est sur une ligne dure. Nous savons qu'il continue d'y avoir des violations des droits de l'homme, que des avocats meurent en prison et que des activistes sont abattus dans la rue.
Y a-t-il une forme de naïveté dans la politique étrangère d'Obama sur la Russie ou sur l'Iran ?
Je ne suis pas sûr de pouvoir la qualifier de naïve. Mais je peux dire qu'elle n'a pas de succès pour l'instant. Beaucoup d'entre nous avaient prédit qu'il n'y aurait pas de sérieuse contre-offre des Iraniens sur le nucléaire. On leur a en réalité donné un forum global pour exposer leurs vues radicales. De la même manière, je n'ai jamais pensé que les remarques de Medvedev à New York sur d'éventuelles sanctions contre l'Iran avaient une vraie substance. Beaucoup d'entre nous continuent de dénoncer l'attitude autocratique de M. Poutine et s'inquiètent de ses ambitions dans son «étranger proche», notamment en Ukraine et en Géorgie. Je ne crois pas qu'une nouvelle guerre froide va commencer. Mais je prévois une Russie plus affirmée dans la région et une répression grandissante des droits de l'homme.
Pensez-vous que l'Europe sous-estime l'agressivité de la Russie ? Faut-il être plus dur avec Moscou ?
La question n'est pas d'être dur. Mais de défendre les droits de l'homme comme nous l'avons toujours fait. Il faut négocier avec les Russes. Nous avons des négociations en cours sur les accords Start de désarmement. Mais la défense des droits de l'homme reste fondamentale alors que nous célébrons le 20e anniversaire de la chute du Mur. Pourquoi ce mur est-il tombé ? L'une des raisons, c'est que Reagan a dit : «Abattez ce mur M. Gorbatchev.» Les Russes sont sur le chemin de l'autocratie. Nous en parlons à voix haute. Cela ne veut pas dire que nous déclarons la guerre. Ronald Reagan n'a pas déclaré la guerre à la Russie.
Mais il y a eu la guerre en Géorgie et un échec de l'Occident et de l'Orgagisation du Traité de l'Atlantique Nord à l'empêcher.
Avec tout le respect que je dois au président Sarkozy, il s'est rendu sur place, a négocié un accord pour un cessez-le-feu et l'a présenté comme un grand succès. Pourtant, les Russes ne respectent toujours pas cet accord. Ce genre de négociation de crise exige plus qu'une simple séance photo. Les Russes occupent toujours des territoires en violation du cessez-le-feu et s'y livrent à des provocations. Ils ont reconnu l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud comme des pays indépendants, en violation du droit international.
S'il n'y avait pas eu ce cessez-le-feu, les Russes auraient pu prendre Tbilissi…
Peut-être. Mais alors, pourquoi ne pas dire la vérité : on a permis d'avoir un accord qui a empêché ce scénario, mais les Russes ne respectent pas l'accord qu'ils ont accepté ! Le président Sarkozy ne peut se contenter de dire que le problème est réglé.
Préféreriez-vous une position plus dure sur les droits de l'homme de l'Administration Obama vis-à-vis de la Chine ?
Oui. Ce président est le premier à ne pas avoir rencontré le dalaï-lama. La secrétaire d'État, Hillary Clinton, avant sa première visite en Chine, a dit qu'elle n'allait pas parler des droits de l'homme. La manière dont a été orchestrée la visite en Chine du président Obama est quelque chose que je n'aurais jamais accepté. Je n'ai jamais tenu de conférence de presse où je ne prenais pas de questions… J'ai vu nombre de visites de présidents américains, je n'en avais jamais vu une où l'on se contente de parler des progrès entre les deux pays, sans ramener le moindre accord concret.
Vous critiquez beaucoup la politique étrangère d'Obama. Quels en sont les aspects positifs ?
Le président Obama est une personnalité extrêmement charismatique. Il est très intelligent et enthousiasmant. Il a lancé un message au monde pour dire que nous voulions coopérer et il a été reçu très chaleureusement partout. J'apprécie son talent. Mais je sais aussi que si vous dites aux Israéliens qu'il faut geler les colonies, que ces derniers refusent, que les pays arabes disent qu'ils ne viendront pas aux négociations, et qu'alors vous dites aux Israéliens qu'ils n'ont pas besoin de geler les colonies, il y a problème… Je n'aurais jamais dit aux Israéliens qu'ils devaient geler la colonisation à moins d'être sûr de pouvoir garder cette ligne. Comprenez-moi. Je veux soutenir le président des États-Unis. S'il prend la bonne décision sur l'Afghanistan, je serai là pour le soutenir. Mais j'essaie de dire respectueusement ce qui me semble être la bonne voie pour le pays.
Le Parti républicain fait face à un dilemme déchirant : consolider sa base conservatrice au risque de rester minoritaire, ou s'élargir vers le centre ?
Nous avons perdu deux élections de suite. Des défaites lourdes. Après de tels échecs, il y a toujours une période de débat. C'est sain. Ce qui attire l'attention de nombreux républicains, c'est le résultat des élections de Virginie et du New Jersey. Des candidats républicains qui avaient des lettres de créance conservatrices se sont concentrés sur les problèmes concrets de leurs États : les emplois ! Aucun des deux n'a fait de commentaire sur l'avortement. Ils ont compris qu'il fallait parler emplois, prêts aux PME, aides. Ils ont gagné.
Il y a longtemps eu une tradition de travail bipartisan au Congrès des États-Unis. Mais, vu la férocité des attaques qui fusent, ce temps paraît bien révolu.
Je le regrette sincèrement. Mais ce qui se passe en Amérique, c'est l'émergence d'un mouvement indépendant qui n'est satisfait par aucun des deux camps. Cette frustration s'est exprimée pendant les dernières élections. Les électeurs indépendants du New Jersey qui avaient voté Obama n'ont pas voulu du candidat démocrate un an plus tard. S'affirme aujourd'hui un mouvement de colère, qui n'a pas décidé où il veut aller. Ce réservoir de votes indépendants fait que nous ne savons pas ce qui va se passer. En Arizona, mon État, le taux de chômage est de 17 % ! Un enfant sur cinq a faim aujourd'hui en Arizona. Le climat politique en est complètement changé.
Le président Obama a-t-il surestimé le mandat donné par la population pour réformer le pays, sur la santé, le climat, l'énergie ?
Depuis que le président a été élu, la question numéro un n'est pas seulement l'économie, mais les dépenses. Le déficit budgétaire inquiète. Voilà pourquoi les gens sont soucieux quand il propose une réforme de la santé qui va coûter plus de mille milliards de dollars. Depuis son arrivée, il y a une implication excessive de l'État. Personne n'aurait pu imaginer que l'État fédéral deviendrait propriétaire de General Motors et de Chrysler. On a aussi un niveau de colère que je n'avais jamais vu jusqu'ici, entre Main Street (le pays réel) et Wall Street. Wall Street fait des profits obscènes, tandis que Main Street ferme ses petites entreprises par milliers. La colère est réelle.
Si le président passe sa réforme de la santé comme prévu, peut-il mettre sur le tapis la législation sur le climat en 2010, au vu de cette colère ?
Le président fera la seule chose qu'il puisse faire. Quand vous avez un chômage qui atteint 10 % et des économistes qui prévoient au moins une année avec la même tendance, vous devez vous en préoccuper en priorité. L'Amérique est très préoccupée par le changement climatique, mais elle est profondément perturbée par le chômage.
Une Chine en pleine ascension, une Amérique en déclin… Vous êtes d'accord ?
La Chine s'achemine vers un statut de superpuissance. La question est de savoir si cette accession sera pacifique et mutuellement bénéfique ou si elle débouchera sur une confrontation. Je vois deux visages de la Chine. Une Chine qui s'implique positivement sur la scène internationale. Et une autre Chine, qui a toujours une attitude particulière vis-à-vis de Taïwan et continue de réprimer les droits de l'homme. Laquelle émergera, ce n'est pas clair. Mais les Chinois sont des gens pratiques. À mon avis, ils agiront pacifiquement parce que c'est leur intérêt économique. L'émergence de conflits en Asie ne serait pas une bonne chose pour une Chine qui doit nourrir une population de 1,3 milliard d'hommes.
Et le déclin de l'Amérique ?
J'ai déjà entendu ça bien des fois, sous Carter par exemple… Mais je pense que notre pays a une grande capacité de résilience. Nous sortirons plus forts de cette crise. Mais je sais aussi que, vu l'émergence de la Chine et de l'Inde, l'Union européenne et les États-Unis vont devoir se rapprocher plus encore.
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