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Sujet: Vers une résolution sur la burqa ? Jeu 14 Jan 2010, 11:09 am
Nicolas Sarkozy favorable à une résolution sur la burqa
Citation :
Nicolas Sarkozy s'est prononcé mercredi en faveur du vote par le Parlement d'une résolution interdisant le port du voile intégral, ou burqa, qui serait suivi d'une adaptation de la législation française.
Le chef de l'Etat, qui présentait ses voeux aux parlementaires, a indiqué toutefois qu'il convenait d'attendre les conclusions de la mission parlementaire chargée de réfléchir à la question. Le président de celle-ci, le député communiste André Gérin, a exprimé une position similaire à l'issue d'une rencontre à Matignon avec le Premier ministre François Fillon, précisant que les conclusions de la mission seraient présentées le 26 janvier. "Nous devons chercher une solution qui permette d'obtenir la plus large adhésion possible", a dit Nicolas Sarkozy, après avoir souligné que "le voile intégral n'est pas le bienvenu en France". "C'est tout le travail qu'accomplit depuis plusieurs mois la mission parlementaire. En tant que président de la République, je pense qu'il est sage d'attendre le fruit de ses consultations et de ses réflexions avant de décider définitivement", a-t-il ajouté. "Je souhaite que le Parlement en tire les conclusions par une résolution sans ambiguïté parce que la réforme constitutionnelle vous en a donné le pouvoir", a-t-il poursuivi. Le dossier de la burqa divise et embarrasse à droite comme à gauche, notamment depuis que le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, a lancé sa propre proposition de loi qui interdirait le port du voile intégral dans tout l'espace public. Le Parti socialiste s'est prononcé contre la voie législative, mais certains de ses responsables y sont favorables.
RASSEMBLER DROITE ET GAUCHE
"Que le Parlement le dise clairement par une résolution sans ambiguïté et que nous adaptions ensuite nos textes réglementaires et législatifs. Le plus de monde se retrouvera sur cette voie-là et le plus fort en sortira la démocratie française", a encore dit Nicolas Sarkozy. Une résolution parlementaire, texte de principe sans portée normative, permettrait "de rassembler l'ensemble de la mission parlementaire", donc droite et gauche, a dit pour sa part André Gérin. Suivraient d'autres mesures de nature réglementaire ou législative, a-t-il ajouté. "Il y aurait des aspects très importants du point de vue réglementaire, du point de vue circulaire, qui pourraient concerner l'éducation nationale, le secteur hospitalier - je pense aux maternités - et tout ce qui concerne les accueils publics", a-t-il expliqué. Le dossier, lancé en juin par cette mission, est devenu confus, la majorité hésitant entre une démarche contraignante par la loi, symbolique par la résolution, intermédiaire avec de simples circulaires, ou un mélange des trois. Il est d'autant plus compliqué que toute limitation ou interdiction d'une pratique vestimentaire risque d'être déclarée non conforme au principe de liberté de conscience et donc invalidée, ont dit certains juristes à la mission. Sur ce point, Nicolas Sarkozy a estimé qu'il fallait prendre garde "de ne pas offrir aux adversaires de la démocratie, de la dignité et de l'égalité entre les sexes l'opportunité d'une victoire qui mettrait notre société en situation bien difficile". "Je pense qu'il serait sage que nous réfléchissions et que nous décidions indépendamment des échéances électorales à venir. Ce ne sont jamais des périodes propices à la sérénité et au calme qui sont pourtant indispensables pour traiter de ces grandes questions de société", a-t-il ajouté. Selon divers rapports de police, la burqa ne concerne en France que quelques milliers de femmes au plus. La loi, si elle est votée, devrait selon André Gérin viser "une partie des femmes qui sont contraintes et donc avoir un aspect de libération". Cet aspect est également discuté par les juristes qui soulignent qu'il sera difficile de savoir, sauf enquête approfondie dans la vie privée des personnes, si la burqa est imposée, voulue ou consentie.
Thierry Lévêque, Clément Guillou et Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse
Ti' Breton Membre d'honneur
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Sujet: Re: Vers une résolution sur la burqa ? Jeu 14 Jan 2010, 1:34 pm
Il y a dans les propos de Sarkozy une certaine retenue empreinte de sagesse, laquelle lui a été vraisemblablement soufflée par ses conseillers ainsi que par la commission ; même si je trouve parfois Copé assez sympathique, il faut en effet faire extrêmement attention avec le principe même d'une Loi susceptible d'être non seulement taillée en pièces par le Conseil Constitutionnel mais également faire l'objet de recours devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme. Il faut prendre son temps effectivement sur ce sujet, tout comme sur celui de l'Identité nationale, attendre pour le moins la fin des régionales. Une résolution parlementaire serait en effet plus souple et plus simple à mettre en place qu'une Loi, avec possibilités d'adaptabilité par décrets ministériels catégoriels successifs. De toute façon le texte de référence existe, c'est la Constitution.
Stans Fondateur
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Sujet: Re: Vers une résolution sur la burqa ? Jeu 14 Jan 2010, 1:54 pm
Pourrais-tu expliquer brièvement ce qu'il est possible d'obtenir concrètement à partir d'une résolution visant à interdire le port de la burqa ?
Ti' Breton Membre d'honneur
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Sujet: Re: Vers une résolution sur la burqa ? Jeu 14 Jan 2010, 5:07 pm
La résolution parlementaire est une procédure récente mise en place lors de la réforme constitutionnelle de 2008 ; Ce sont les assemblées qui, au regard du travail de commissions, doivent voter à l'unanimité des textes de portée générale sur un sujet donné ; cet avis est dit "solennel", tant il ouvre la porte à toutes sortes d'ajustages réglementaires à la suite selon les domaines concernés.
Le gros avantage d'un tel dispositif est que l'on ne ferme pas la porte à un texte législatif (Loi) forcément plus difficile à mettre en place - comme la procédure des décrets administratifs - pour éviter d'une part les foudres du Conseil Constitutionnel et d'autre part celles de l'UE (il ne faudrait pas l'oublier celle-là). Pour résumer, et après une proposition de résolution par l'assemblée nationale, on demande son avis au Conseil d'Etat sur un plan juridique, on fait voter la dite résolution et on voit comment ça marche, clouant le bec au CC et à l'UE . Si quelques mois plus tard le résultat n'est pas satisfaisant, on légifère pour de bon cette fois. A noter que la résolution est un consensus (dès lors qu'il semble acquis comme c'est le cas ici) qui évite les amendements et les renvois en commissions...
Bref, c'est une avancée prudente car, sur un sujet comme cela, il faut avancer groupé pour ne pas être ridicule.
Stans Fondateur
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Sujet: L'UMP durcit le ton sur la burqa Lun 18 Jan 2010, 8:47 pm
L'UMP durcit le ton sur la burqa, Morin prend ses distances
Citation :
L'UMP durcit le ton sur le port du voile intégral et brandit la menace d'une suspension de certains droits mais le ministre de la Défense, Hervé Morin, prend ses distances avec le parti majoritaire. Lire la suite l'article
Le porte-parole de l'UMP a souhaité lundi que l'accès aux prestations sociales, aux allocations familiales et à des titres de transport public soit interdit aux femmes portant la burqa.
"Quand on ne remplit pas un certain nombre de devoirs, qu'on ne respecte pas notamment des interdictions, comme l'interdiction de la burqa, on se voit rayé d'un certain nombre de droits", a déclaré à la presse Frédéric Lefebvre.
Selon un sondage Ipsos pour le Point, le vote éventuel d'une loi interdisant la burqa est approuvé par 74% des Français. L'approbation est particulièrement forte chez les sympathisants du MoDem (75%), de l'UMP (69%) et du Front national (74%).
Dimanche, le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, avait proposé d'interdire aux femmes d'origine immigrée portant la burqa l'acquisition de la nationalité française.
Une mesure également évoquée dimanche sur Europe 1 par le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant.
"On peut imaginer par exemple que pour entrer dans la nationalité française ou dans un dispositif d'intégration, on ne porte pas le voile intégral", a déclaré ce proche conseiller du président Nicolas Sarkozy.
Hervé Morin, président du deuxième parti de la majorité présidentielle, a cependant relevé lundi que le Conseil d'Etat en tenait déjà compte dans sa jurisprudence.
"Le Conseil d'Etat en fait un des éléments d'appréciation de l'intégration d'une personne pour lui donner la nationalité française. Donc, ce n'est pas une novation considérable", a-t-il déclaré lors de ses voeux aux militants du Nouveau centre.
Nicolas Sarkozy s'est prononcé mercredi dernier pour le vote par le Parlement d'une résolution interdisant le port du voile intégral, qui serait suivi d'une adaptation de la législation.
Le chef de file des députés UMP, Jean-François Copé, a pour sa part proposé un projet de texte interdisant le port du voile intégral dans tout l'espace public, sans attendre les conclusions d'une mission parlementaire chargée de ce dossier.
MORIN CONSENSUEL, L'UMP OFFENSIVE
Hervé Morin propose une démarche plus consensuelle. Il estime ainsi que le port de la burqa ne peut être interdit ni au nom de la laïcité, ni en celui de la dignité de la femme.
La burqa est certes une atteinte majeure à la dignité de la femme, a-t-il déclaré lundi. Mais "en termes d'atteintes à la dignité de la femme, il y en a bien d'autres sur lesquelles nous n'avons pas les mêmes pudeurs."
Hervé Morin a cité les publicités qui transforment des femmes en "objets sexuels", la prostitution, "cet esclavagisme moderne (...) au moins aussi grave, sinon plus, que le simple port du voile intégral", et les violences conjugales.
La laïcité protège la liberté de la foi et ce n'est donc pas non plus en son nom que l'on peut s'opposer au port d'un habit, si choquant soit-il, dans le domaine public, a-t-il poursuivi.
"Ce débat là ne doit pas être l'occasion de stigmatiser un peu plus une communauté qui est la communauté musulmane", a-t-il insisté. Pas plus qu'il ne saurait contredire la déclaration des droits de l'Homme selon laquelle nul ne peut être inquiété pour sa religion, sous réserve de respecter l'ordre public.
"La sécurité est probablement l'argument le plus fort, parce que, en effet, on est en droit de demander à une femme de pouvoir prouver son identité lorsqu'elle va récupérer un enfant à l'école" ou va dans une banque, a-t-il en revanche estimé.
Le port du voile intégral ne doit donc pas faire l'objet d'une interdiction générale et absolue mais d'un ensemble de dispositions et de règles évitant la stigmatisation, a-t-il dit.
Il s'est référé au débat d'il y a quelques années sur le port du voile islamique à l'école publique, qui a débouché sur un texte consensuel interdisant le port de signes ostentatoires d'appartenance à une religion, quelle qu'elle soit.
"C'est ainsi que nous devons, selon nous, aborder la question de la burqa", a souligné le ministre de la Défense.
A deux mois des élections régionales, lors desquelles le poids de l'électorat d'extrême-droite risque d'être déterminant, l'UMP a au contraire fait de ce thème un argument offensif.
Frédéric Lefebvre a ainsi accusé la Ligue des droits de l'Homme, critique à l'égard de l'UMP et de l'Elysée, de prendre "toujours la défense des atteintes aux droits de l'Homme".
Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse
Stans Fondateur
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Sujet: Re: Vers une résolution sur la burqa ? Ven 22 Jan 2010, 11:30 am
Vers l'interdiction de la burqa dans les lieux publics
Hier, 19h20
La mission parlementaire sur le voile intégral, qui rendra son rapport le 26 janvier après six mois de travaux, prône une loi générale d'interdiction en France du port de la burqa dans les lieux ouverts au public.
LA MISSION PARLEMENTAIRE PRÔNERA UNE INTERDICTION TOTALE DE LA BURQA
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Nicolas Sarkozy et François Fillon se sont prononcés pour une résolution et des textes législatifs et réglementaires sur l'interdiction de la burqa, mais ils ont renvoyé le débat sur la périmètre de la loi après les élections régionales de mars.
L'idée est d'éviter de stigmatiser la religion musulmane, dont la burqa est considérée par les islamologues comme une émanation minoritaire, et d'interdire tout vêtement ou accessoire masquant le visage dans les lieux publics. Le chef de file des députés UMP, Jean-François Copé, a court-circuité ses pairs et l'exécutif en annonçant en décembre une proposition de loi en vue de l'interdiction de la burqa. Le Premier ministre a mis en garde mercredi les parlementaires contre toute "précipitation". Dans une interview au Figaro, le président de la mission parlementaire, le député communiste du Rhône André Gérin, explique que la mission préconise une interdiction "absolue" du voile intégral dans les lieux ouverts au public. "Le problème de l'espace public, c'est-à-dire le rue, est très délicat. Cela dépasse complètement la question du voile intégral en temps que tel", observe-t-il toutefois. André Gérin dit que la nécessité d'une loi fait consensus au sein de la mission parlementaire mais souhaite qu'elle soit élaborée de façon pluraliste afin d'aboutir à un "point de vue partagé par toutes les sensibilités de l'Assemblée nationale". "Il faut qu'elle soit conforme à la Constitution et qu'elle soit comprise et partagée, même s'ils ne sont pas d'accord, avec les responsables du culte musulman", a-t-il ajouté sur RTL. Le député a dit à Reuters que la mission avancerait mardi une proposition de résolution assortie de recommandations". La résolution affirme notamment que le port du voile intégral est contraire aux valeurs de la République et demande que cette pratique soit prohibée sur le territoire de la République.
"EFFETS DÉVASTATEURS"
Au nombre des recommandations figure celle de créer une mission d'information parlementaire sur l'islamophobie, a-t-on appris de source parlementaire. Le Parti socialiste s'est dit hostile à une loi "de circonstance" et la secrétaire nationale du Parti communiste, Marie-George Buffet, redoute qu'on jette l'opprobre sur l'islam. Le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) s'inquiète jeudi dans un communiqué d'"une loi fondée sur un phénomène marginal et dont les effets peuvent être dévastateurs". "En rester à l'interdiction vengeresse et stérile de la burqa ferait porter à la société française une lourde responsabilité", estime-t-il. André Gérin, qui accuse Jean-François Copé de se comporter "comme un éléphant dans un magasin de porcelaine", lui demande de ne pas déposer sa proposition de loi, une initiative jugée "malheureuse" par le président de l'Assemblée Bernard Accoyer. Jean-François Copé a déclaré jeudi sur France Inter que la loi, une fois promulguée, ne serait pas applicable les six premiers mois, le temps de l'expliquer. "Ce qui est important, c'est d'avoir" une loi dont "on comprend l'objectif, il ne s'agit pas de sanctionner", a-t-il dit. Sa proposition de loi prévoit une amende de quatrième catégorie - 750 euros - pour les contrevenantes, ce que le constitutionnaliste Guy Carcassonne juge "disproportionné". Après la période de six mois, "une contravention" pourrait être dressée par un policier "sans esclandre", a dit le président du groupe UMP. "On doit inviter la personne à l'enlever (la burqa) et veiller à ce qu'il y ait une amende, l'objectif est que ce soit dissuasif", a-t-il dit. "L'idée serait de faire un article 1 qui dirait 'nul ne peut sur la voie publique, et dans les lieux ouverts au public, porter une tenue ou un accessoire qui aurait pour effet de dissimuler le visage'", a expliqué Jean-François Copé. Des exceptions seraient prévues, comme "les conditions particulières de grand froid ou le carnaval".
Sophie Louet, avec Véronique Tison et Emile Picy, édité par Gilles Trequesser
fde Concepteur
Nombre de messages : 429 Age : 53 Localisation : Ile de France Langue : Français Emploi/loisirs : Enseignant Date d'inscription : 23/09/2009
Sujet: Re: Vers une résolution sur la burqa ? Sam 23 Jan 2010, 9:09 am
http://www.leparisien.fr/societe/seine-saint-denis-l-imam-qui-dit-non-a-la-burqa-22-01-2010-787034.php a écrit:
Seine-Saint-Denis : l'imam qui dit non à la burqa
Pour la première fois, un imam prend publiquement position pour une loi contre la burqa en France. Atypique, Hassen Chalghoumi nous explique sa position.
Propos recueillis par Philippe Baverel et Eric Bureau | 22.01.2010, 07h00
Malgré les menaces dont il a fait l’objet, l’imam de Drancy (Seine-Saint-Denis), Hassen Chalghoumi, ne craint pas de dire haut et fort qu’il condamne la burqa en France. Au lendemain des déclarations du président de la mission d’information parlementaire sur la question, André Gerin (PCF), qui s’est prononcé pour une « interdiction absolue du port du voile intégral dans les lieux ouverts au public », cet imam atypique, figure du dialogue judéo-musulman en banlieue, martèle que le voile intégral n’est pas une prescription de l’islam.
Avant la publication le 4 mars de son livre intitulé « Imam républicain : pour un islam de France » (Ed. du Cherche- Midi), ce religieux de 36 ans, né en Tunisie et naturalisé français, nous a expliqué hier dans sa mosquée pourquoi les musulmans ne doivent pas craindre une loi.
Etes-vous favorable, comme le propose André Gerin, à une loi interdisant le port du voile intégral dans les lieux ouverts au public ? Hassen Chalghoumi. Oui, je suis pour l’interdiction par la loi de la burqa, qui n’a pas sa place en France, pays où les femmes votent depuis 1945. Mais elle doit être assortie d’un travail pédagogique, comme ce qui s’est fait pour le voile à l’école en 2004 (NDLR : il a été interdit dans les établissements scolaires). Je n’imagine pas un policier retirer le voile d’une femme dans la rue !
Le voile intégral est-il une prescription religieuse ? Non. A la différence du voile qui couvre les cheveux, la burqa, ou devrais-je dire le niqab (NDLR : le voile intégral utilisé en France) n’a aucun fondement dans l’islam, ni dans le Coran. Cette tradition très minoritaire renvoie à une idéologie qui saborde la religion musulmane. La burqa est une prison pour les femmes, un outil de domination sexiste et d’embrigadement islamiste. D’ailleurs, à Drancy, aucune femme ne la porte. J’en connais même qui l’ont retirée au bout de trois-quatre ans car c’était incompatible avec la vie en société.
Doit-on supprimer les allocations familiales, comme le préconise le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, aux mères qui ne respecteraient pas cette loi ? Ce n’est pas une solution, cela ferait souffrir les enfants. Et plutôt que de faire payer une amende, je préfère le dialogue et la pédagogie. Le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand, va jusqu’à proposer le refus de la nationalité française aux femmes portant le voile intégral… Je suis d’accord. Avoir la nationalité française, c’est vouloir partager la vie en société, l’école, le travail… Or, avec un bout de tissu sur le visage, que peuvent partager ces femmes avec nous ? Si elles veulent continuer à porter le voile intégral, qu’elles aillent vivre dans un pays où c’est la tradition, comme l’Arabie saoudite.
Avez-vous été auditionné par la mission d’information parlementaire ? Non. Je respecte le travail de cette mission, mais j’aurais préféré qu’elle soit composée pour moitié de députés et pour moitié d’imams ou de membres du Conseil français du culte musulman (CFCM). En revanche, je dénonce la manoeuvre de Jean-François Copé, président des députés UMP, qui, sans attendre les conclusions de la mission, a déposé sa proposition de loi interdisant le niqab. Attention à ceux qui utilisent ce sujet comme un épouvantail à des fins électoralistes. Et attention aux amalgames. On ne peut pas résumer quinze siècles d’histoire de l’islam à un bout de tissu !
La mission Gerin entend aussi combattre les dérives communautaires à l’école, où certaines jeunes musulmanes refusent les cours de natation. Qu’en pensez-vous ? Cette question concerne aussi les juifs et les chrétiens car elle est liée à la pudeur. C’est délicat. Personnellement, mes trois filles vont à la piscine. Le Prophète conseille de savoir nager. D’ailleurs, ma fille de 12 ans a échappé à la noyade et a sauvé sa tante l’été dernier en Tunisie. De même, quand il s’agit de la santé et de la vie, un homme n’a pas le droit de refuser que sa femme soit examinée par un médecin homme. La République ne doit pas accepter ça.
Que vous inspire la conversion à l’islam de la rappeuse Diam’s ? Je parle d’elle dans mon livre. J’ai été très peiné par les critiques contre elle. Derrière ces attaques, je sens le racisme et l’islamophobie. C’est une chanteuse populaire, mais elle n’a pas d’influence religieuse dans les quartiers. Qu’on la laisse libre.
Le Parisien
On peut regretter qu'il n'y ait pas plus de prises de position de ce genre. Toutefois, l'acte n'est pas complètement sans risque:
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/religion/pas-assez-favorable-a-la-burqa-l-imam-se-fait-agresser_773450.html a écrit:
Pas assez favorable à la burqa, l'imam se fait agresser
Par Claire Chartier, publié le 08/07/2009 à 18:25 - mis à jour le 22/01/2010 à 10:47
Proche de l'UOIF, Mahmoud Doua n'aurait jamais dû se heurter à l'intégrisme musulman. L'imam de la mosquée de Cenon a pourtant été pris pour cible par des salafistes, qui lui reprochent sa tiédeur dans le débat sur le port de la burqa et du niqab. Mahmoud Doua.
Dimanche 5 juillet, 18h30. Mahmoud Doua sort d'une petite salle de prière située dans son quartier de Thouars, à Talence. D'après son récit, deux jeunes hommes, des salafistes - fondamentalistes musulmans - le poursuivent et l'agressent, le blessant légèrement à la main droite.
Mahmoud Doua n'est pas un inconnu: enseignant en anthropologie du monde arabo-musulman à l'université de Bordeaux 3 et imam de la mosquée de Cenon, dans la banlieue bordelaise, proche de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), il s'est fait un petit nom en intervenant à plusieurs reprises sur les plateaux de télévision lors de la polémique autour de la loi sur le voile à l'école, en 2004. Le 29 juin dernier, l'émission Mots Croisés, sur France 2, fait de nouveau appel à lui pour mettre son grain de sel dans un débat autour de la burqa et du niqab. C'est cette intervention qui aurait suscité l'ire de ses agresseurs, partisans du voile intégral.
Tout en se montrant très critique vis-à-vis des gardiens du dogme laïc et tout en réclamant la liberté religieuse pour ses coreligionnaires, Mahmoud Doua, en effet, n'a pas prôné le port du niqab. "Tu dis que tu représentes les musulmans, alors que tu n'es rien du tout!" lui auraient lancé ses deux agresseurs.
Mahmoud Doua a porté plainte, avec l'appui de l'association des musulmans de Gironde. "J'irai jusqu'au bout, dit-il. Pas pour me venger, mais pour leur faire comprendre qu'il y a des limites à ne pas dépasser." L'imam connaissait ceux qui l'ont frappé. "Des jeunes au parcours difficile, qui se bricolent des pratiques religieuses sans aucune connaissance réelle." Il chiffre à une cinquantaine de personnes, "dont sept femmes en burqa", le nombre de salafistes fréquentant la salle de prière du quartier de Thouars.
Mahmoud Doua ne satisfait personne. Quelques jours auparavant, l'imam télégénique s'était fait épingler pour sa proximité avec l'UOIF par le site militant Riposte laïque, une association en guerre depuis 2007 contre les fondamentalistes. En juin dernier, une collaboratrice de ce même site, enseignante d'un lycée de la région parisienne, s'est fait prendre à parti par une vingtaine d'élèves d'obédience salafiste, là aussi, qui lui ont demandé des comptes. Les flèches des intégristes pleuvent sur un camp comme sur l'autre. Dans ce climat de tension croissante, les travaux parlementaires sur le port du niqab s'annoncent particulièrement épineux.
Pourtant, on ne peut pas dire que Mahmoud Doua soit anti-Burqa. On lui doit la réplique suivante:
Citation :
« L’Etat n’a pas à réglementer la visibilité des pratiques religieuses sauf si cela perturbe l’ordre public. … Vous acceptez l’extrême dévoilement, il faut accepter l’extrême voilement. »
Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
Sujet: Re: Vers une résolution sur la burqa ? Sam 23 Jan 2010, 4:40 pm
Hassen Chalghoumi a parfaitement raison ! Je mets n'importe quel musulman au défi de me prouver le Coran en main que le port de la burqa ou de la niqba EST une oblibation religieuse issue de l'islam ! Ce n'est qu'une coutume tribale qui n'a plus sa place ni en terre d'Islam et encore moins en Occident où l'on s'est battu pour assurer l'égalité des sexes. Le port de ce torchon d'infâmie doit être proscrit non seulement des lieux publics mais également de l'espace public, non en vertu de la laïcité mais au nom du Droit de l'Homme et des Citoyens et de l'Égalité Hommes-Femmes. Parler de "signes religieux ostentatoires" c'est se tromper de discours, il faudrait parler de manque de volonté manifeste d'intégration.
Roy Grand Maître
Nombre de messages : 4440 Age : 55 Localisation : Banlieue lyonnaise Langue : Français Date d'inscription : 22/06/2006
Sujet: Re: Vers une résolution sur la burqa ? Mar 26 Jan 2010, 5:13 pm
Cheik Mohamed Tantawi, doyen de l'université d'al-Azhar, en Egypte. L'autorité suprême musulmane de ce pays, la voix qui compte dans tout l’Islam, a émis contre le nikab et la burqa une fetwa, avis juridique donné par un leader religieux islamique. Depuis, dans toute l’Egypte, le port du nikab est interdit dans les facultés et les lycées et attendant la fin du voile.
Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
Sujet: Re: Vers une résolution sur la burqa ? Mar 26 Jan 2010, 8:56 pm
Ce qui se justifie d'un point de vue strictement théologique.
Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
Sujet: Jamel Debbouze peut-il tout dire ? Jeu 28 Jan 2010, 4:30 pm
Identité nationale: Jamel Debbouze peut-il tout dire ?
Citation :
L'artiste insulte les parlementaires à propos de la burqa et beaucoup de médias applaudissent. Le blogueur Philippe Bilger veut partager son ras-le-bol face aux propos de l'humoriste. Les artistes ont-ils tous les droits ?, demande-t-il.
est entendu, les artistes ont le droit de dire n'importe quoi, de proférer des insultes et de nous imposer leur point de vue comme s'ils étaient plus légitimes que le citoyen ordinaire, plus avertis et plus conscients. De leur bouche sort la vérité et la société n'a qu'un devoir : les écouter bouche bée.
Imaginons alors le poids d'un Jamel Debbouze reconverti en penseur dont les saillies et provocations sont accueillies (France Inter) et reprises (nouvelobs.com, Le Parisien). On prend une claque et nous n'avons plus qu'à tendre l'autre joue. Pourquoi n'aurait-on pas le droit de dénoncer la bêtise toute nue ?
Selon Jamel Debbouze - je cite en substance -, le débat sur l'identité nationale serait « schizophrénique » et constituerait « une insulte ». « La France a aussi un nouveau visage et il ressemble étrangement au mien et il faut que ça rentre dans les cerveaux ». Quant à la burqa, « elle n'est même pas un épiphénomène, ça ne concerne que 250 personnes, qu'est-ce qu'on vient nous faire chier avec ce truc...Encore une fois c'est xénophobe, voilà, et les gens qui vont dans ce sens là (la mission parlementaire Gérin-Raoult) sont des racistes! »
Je ne relève même pas les approximations, les erreurs, notamment sur le nombre de jeunes filles et de femmes portant la burqa en France. Je n'ai même pas besoin d'insister sur la violence du ton, l'outrance des propos qui n'ont pour objectif réussi que d'occulter la vacuité du fond et de contraindre l'interlocuteur, les médias à l'empoignade, à la connivence ou à l'effacement. La première attitude a évidemment été oubliée. Il y a une manière péremptoire de se poser en dépositaire de l'éthique et de la morale publiques qui coupe court à tout. Alors qu'il faudrait au contraire prendre l'insulte au mot pour révéler l'insignifiance qu'elle masque et la facilité qu'elle représente.
Le plus choquant tient à la formule comminatoire, presque menaçante par laquelle Jamel nous avertit que la France aura dorénavant « aussi » son visage et qu'au fond, si on suit le raisonnement, on a intérêt à en prendre acte parce que - cela est implicite - c'est la seule France qui vaut quelque chose. Je préfère l'attitude d'une Rachida Dati, pour laquelle je n'ai pas eu que des faiblesses, qui a osé - dans notre bienséance frileuse, c'est du courage !- déclarer qu'elle respectait les électeurs du FN à propos du débat sur l'identité nationale. La France est évidemment plurielle mais je ne vois pas au nom de quoi l’on serait justifié à reléguer dans les oubliettes des préoccupations politiques la population qui ne plaît pas aux artistes progressistes, le peuple qui n'est pas « l'autre visage ». Le thème sur l'identité nationale n'est sans doute pas la meilleure idée pour apaiser une société en crise et faire don d'un destin collectif exemplaire à une communauté nationale qui sur ce plan est gravement en manque. Mais où est « l'insulte », où « la schizophrénie » ? Jamel Debbouze se prend pour qui et il nous prend pour quoi ?
Quant à la burqa, suffit-il, comme un perroquet de l'humanisme s'affichant impeccable, de répéter « xénophobie, xénophobie » pour que tout soit imprégné par cette sale attitude et qu'on n'ait plus rien à démontrer ? Suffit-il de traiter de « racistes » les membres de la mission parlementaire sur la burqa pour les marquer au fer rouge de cette honte ? Comment Jamel Debbouze, du haut à la fois de son arrogance et de son ignorance, se permet-il ainsi de tourner en dérision ceux qui se soucient de la burqa, de ce problème, cette pratique, observance religieuse, provocation sociale ou étouffement conjugal et familial ? Est-il inconvenant, dans une démocratie, d'aspirer à une République des visages plutôt qu'à des ombres forcément perçues comme hostiles puisqu'elles dissimulent aux autres ce qui est notre carte d'identité humaine, notre universelle similitude ? Au moins, puisqu'on prétend, et avec quelle superficialité grossière, aborder ces faits de société, on devrait avoir l'intelligence et l'élégance, au contraire, de sortir des outrages pour faire entrer les auditeurs, ses concitoyens dans l'argumentation.
Je vais finir par me demander si le péché mortel des artistes, humoristes, comédiens et chanteurs n'est pas d'être si impatients de quitter leur domaine familier qu'ils ne savent qu'éructer ou insulter quand ils se veulent citoyens. Jacques Weber hier, Jamel Debbouze aujourd'hui. Le comble, c'est que ce dernier est protégé par son talent, son entregent, son aura qui dans notre monde se fabrique vite et est donnée à bon compte et, surtout, sa propre violence. Personne n'aurait le front de s'opposer à lui. Le scandale viendrait de la riposte et non de l'attaque. Il faut tendre l'autre joue à Jamel Debbouze pour qu'il continue à faire mal.
Moi, je n'en ai pas envie.
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