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| Vers un Fonds monétaire européen ? | |
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Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Vers un Fonds monétaire européen ? Jeu 08 Avr 2010, 9:59 pm | |
| Source : http://www.marianne2.fr/Vers-un-Fonds-monetaire-europeen_a189691.html - Citation :
- Vers un Fonds monétaire européen ?
Telle est la proposition, de deux économistes, Daniel Gros et Thomas Mayer, susceptible de donner plus de poids à l'Union européenne dans les cas de crise d'une pays. Reversus juge l'idée séduisante, mais formule deux objections.
Spéculation sur la dette grecque (edito photo)
Le capitalisme vit une crise existentielle
Fillon a raison, un Etat peut faire faillite
Supprimer le bouclier fiscal, c’est bien. Mais les heures sup’?
Daniel Gros et Thomas Mayer – l’idée est très largement discutée sur Free exchange – partent d’un constat qu’on peut désormais difficilement nier. L’UEM n’est jamais parvenue à maintenir une quelconque forme de discipline fiscale, indispensable à la stabilité d’une union monétaire. De plus, l’absence de procédure en cas de crise souveraine signifierait que les marchés édictaient leur propre vision des règles du jeu en la matière. Autrement dit, si un Etat membre n’était plus en mesure de refinancer sa dette, celui-ci aurait peut-être fait défaut et serait ensuite sorti de la zone euro. L’UE ne peut cependant pas se permettre de laisser tomber la Grèce dans une période aussi difficile. Les risques de contagion seraient considérables. Aussi, la Grèce aurait pu faire appel au FMI, ce qui aurait très clairement signifié que l’UEM n’était pas capable de régler elle-même ses problèmes internes.
Une solution à moyen terme – car il est difficile d’imaginer la création d’une telle entité dans un délai relativement court – serait de créer un Fond Monétaire Européen (FME). Celui-ci serait financé par les gouvernements qui ne respectent pas les règles de discipline fiscale édictées à l’avance (déficit et dette rapportés au PIB), ce qui bien sûr inciterait les Etats membres à rester dans les clous. En cas de difficulté, les Etats membres pourraient emprunter à hauteur de leur contribution passée. Si les fonds nécessaires à la remise en ordre des finances publiques étaient d’un montant supérieur, alors l’emprunteur devra accepter un plan d’ajustement défini et contrôlé dans sa mise en œuvre par le FME.
L’autre compétence du FME serait de permettre une restructuration ordonnée en cas de défaut souverain. Généralement, lorsqu’un Etat fait défaut, les créanciers acceptent assez facilement de restructurer la dette. En effet, un défaut total serait une secousse considérable pour le système financier. En revanche, lorsqu’une restructuration est réalisée de manière désordonnée, le gouvernement – et même le secteur privé, perd généralement l’accès aux marchés internationaux de capitaux, ce qui signifie qu’il ne peut compter que sur l’épargne domestique pour financer sa dette. Et cette dernière peut parfois être insuffisante. Le FME pourrait donc dans ce cas aider L’Etat en défaut à restructurer de manière ordonnée via un échange des créances à restructurer par des obligations émises par le FME, avec bien sûr une décote qui serait uniforme et prévisible.
Les déficiences de l’UEM
La solution prônée par Gros et Mayer est séduisante. J’avais déjà évoqué dans mes précédents billets (voir ici et là ) l’idée que la Commission Européenne fasse ce que fait le FMI en cas de crise. Je ne peux de ce fait qu’être d’accord sur la mise en place du FME, surtout si la zone euro venait à s’élargir. Néanmoins, les divers intervenants du « tour de table » hébergé par Free Exchange ont fait plusieurs remarques pertinentes à ce propos. D’abord, faire contribuer les pays qui ne respectent pas les règles assure certes de ne pas faire transférer l’argent du contribuable allemand vers les premières cités, mais cela impliquerait sans doute des moyens assez faibles. Si un FME avait été institué lors de la mise en place de l’euro, les fonds disponibles s’élèveraient à environ 120 milliards d’euros. C’est suffisant pour un pays comme la Grèce , mais certainement pas pour l’Espagne par exemple. Ce serait donc l’UEM entière qui devrait être mise à contribution, générant probablement de l’opposition de la part des contribuables des pays vertueux.
La seconde critique est plus fondamentale. La situation dans laquelle se retrouve l’Espagne ou l’Irlande ne relève pas d’une quelconque irresponsabilité fiscale, puisque l’Espagne disposait d’un surplus dans les années précédant la crise. Le désordre fiscal résulte d’un transfert de la dette privée vers de la dette publique. En effet, comme l’ont magistralement décrit Kenneth Rogoff et Carmein Reihnardt, lorsqu’une crise financière survient, la dette publique explose en contre coup des plans de sauvetage du secteur privé et de la récession économique. Dans le cas de l’union monétaire, la pression sur les finances publique est renforcée par l’impossibilité de dévaluer pour relancer la machine économique et donc les recettes fiscales.
Autrement dit, le FME serait un mauvais instrument de prévention. J’abonde dans ce sens. Comme je l’avais expliqué récemment, le meilleur moyen de pallier à cet effet serait de créer les conditions nécessaires à davantage de transferts budgétaires au sein de l’UEM, de la même manière qu’aux Etats-Unis – l’Etat fédéral joue un rôle d’intermédiaire dans le transfert des ressources des Etats les moins touchés vers ceux les plus touchés.
Mais les facteurs qui rendent improbable la coordination budgétaire au sein de l’UEM sont les mêmes qui limitent la faisabilité du FME : la faiblesse de la gouvernance multilatérale d’une part, et la force des tentations souverainistes d’autre part. Comme l’indique Tyler Cowen, dans un tel contexte, la simple édiction d’une charte qui définirait l’action du FME – notamment sur le respect des règles budgétaires, ferait l’objet d’une féroce lutte intestine. On pourrait espérer que le contexte actuel a changé les mentalités des dirigeants européens, mais dans la mesure où il s’agit d’un projet à moyen terme, le retour à la normale pourrait faire renaître les éternelles dissensions.
En résumé, la proposition d’instituer un FME doit être considérée sérieusement, notamment comme outil de résolution des crises souveraines, que ce soit en tant que prêteur en dernier ressort dans un processus de remise en ordre des finances publiques, ou comme intermédiaire dans la restructuration de dette. Cependant, un tel projet constituerait un mauvais instrument de prévention car il ne prendrait pas en compte la dynamique de la dette privée qui se transforme toujours soudainement en dette publique en cas de crise. Surtout, il serait fort probable que le jeu des politiques dénature totalement la dimension incitative de la discipline fiscale. Bref, un tel instrument ne résoudrait pas la source des maux de l’UEM, tandis qu’il demeurerait difficilement envisageable du point de vue de l’équation politique.
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Dernière édition par Stans le Jeu 08 Avr 2010, 11:03 pm, édité 1 fois | |
| | | François Barberis Modérateur
Nombre de messages : 300 Age : 81 Localisation : Montpellier Langue : français Emploi/loisirs : Economiste, Géopolitologue, conférencier Date d'inscription : 24/11/2009
| Sujet: On n'a pas besoin d'un FME Jeu 08 Avr 2010, 10:50 pm | |
| FME : une mauvaise idée qui accroîtrait l'endettement des états.
Il suffirait que la BCE soit autorisée à acheter des titres de dettes souveraines pour que la régulation s'opère sur le marché des dettes souveraines. Si de plus on pouvait mettre en place un contrôle ds transactions de CRC-CDS (instruments de couverture de risques de crédits), on étoufferait une grande partie des crises monétaires.
Mais les statuts actuels de la BCE n'autorisent pas que la BCE puisse détenir des titres souverains (exigence allemande : crainte de la "planche à billet"). Si la BCE était autorisée à souscrire à 20Mds de titres grecs et de les conserver en pension, quitte à les redistribuer en partie sur les banques centrales des autres pays assortie d'un contrôle du budget de l'état ainsi soutenu, il n'y aurait pas de crise aiguë, et la solidarité jouerait à plein.
Les marchés obligataires, sachant que le char d'assaut BCE peut intervenir pour éponger le papier, cesseraient toute tentatives de ventes à découvert. Remontée des cours, chute des rendements, et le tour est joué. La BCE revend (+cher) les titres pris en pension et dégage un bénéfice. La Buba en a décidé autrement, et nous sommes dans la panade.
En fait, on n'a pas besoin d'un FME.
Qu'est-ce qu'un FME : une cagnotte où chaque état verse une cotisation qu'il finance, non en prenant sur ses propres recettes fiscales, mais en empruntant sur les marchés, ce qui accroît sa dette.
Par ailleurs, un FME n'intervient pas pour le service de la dette publique, mais uniquement pour rétablir la balance des paiements. Le FME n'est pas une banque. C'est un consolidateur de balance.
Il existe des tas d'institutions qui pourraient intervenir : la BEI, la BCE, etc... pas besoin d'un FME.
La BEI pourrait par exemple souscrire à des titres souverains de type "grand emprunt". Elle a été exactement créée pour cela. C'est peut-être auprès la BEI que NS essayera de placer le grand emprunt (pas si grand que ça d'ailleurs, mais c'est une autre question).
Nous vivons aujourd'hui, avec la crise grecque les conséquences des exigences hors de raison de l'Allemagne et du comportement prédateur de son économie.
Un FME de plus n'y changerait rien.
Le problème en Europe c'est -un peu- le laxisme de certains états (dont la France qui a donné le mauvais exemple depuis 1981), et beaucoup la prédation allemande. Il faut qu'on balaye devant notre porte, c'est sûr, mais pas au prix de la destruction massive du tissu économique.
Il faut bien comprendre qu'en ce moment il se produit dans toutes les économies à déficits un processus qui pousse ces économies à devenir des économies de comptoir, strictement orientées vers la mise en marché et le SAV de biens produits en Allemagne et en Chine, ou de services à la personne. C'est assez dramatique, il faut bien le dire. Des savoirs faire entier disparaissent et il faudra du temps pour les reconquérir. Un espoir cependant : les industries de l'armement. Mais c'est quand même malheureux de devoir compter sur ce type d'industrie pour préserver des savoirs faire.
Tragique, tragique... | |
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