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 L'Allemagne, homme malade de l'Europe ?

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François Barberis
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MessageSujet: L'Allemagne, homme malade de l'Europe ?   L'Allemagne, homme malade de l'Europe ? EmptyDim 09 Jan 2011, 2:29 pm

Cette expression n'est pas de moi. Elle est utilisée par Jacques ATTALI comme titre d'un message sur son blog que l'on peut consulter sur le site de l'hebdomadaire l'Express.
Jacques Attali ne met pas de point d'interrogation. C'est donc pour lui un fait avéré.

Comment l'auteur parvient-il à cette conclusion si à contrecourant de ce qu'il est d'usage de lire dans les gazettes ?
Il observe qu'en fait l'Allemagne est en train de vivre les derniers effets bénéfiques et subit de plus en plus les effets pervers de sa politique mercantiliste (politique expansionniste à tout crin n'ayant pour but que d'acquérir des créances sur les états et opérateurs étrangers sans prendre en compte les dégâts collatéraux d'une telle politique, en particulier les effets dévastateurs sur les appareils de production de ses voisins immédiats et partenaires européens) initiée il y a dix ans.

Attali détaille aussi les conséquences de cette politique expansionniste sur le tissu social allemand : chômage caché (le ''Kurzarbeit''), jeunesse sans réel avenir (encore moins qu'en France), crise de l'apprentissage, pression sur les salaires (Ein Euro - Arbeit) et les niveaux de vie; le tout se produisant dans un mouvement de vieillissement et de reflux démographique qui paraît irrépressible.

Attali fait observer surtout que par trois reprises dans l'histoire récente, l'Allemagne a connu de telles situations conduisant à des blocages sociaux et que, contrairement à la France pour laquelle ces situations se résolvent dans l'agitation populaire et le changement des élites politiques, la tradition allemande résout ces blocages en confiant le destin du pays à un Führer.

Attali exprime donc sa grande inquiétude et demande aux Européens et aux Français en particulier de convaincre les Allemands de s'ouvrir et non pas de se replier sur eux-mêmes, avec les risques inhérents de graves troubles politiques s'étendant à tous les pays riverains.

Que penser de cette vision géopolitqiue très sombre pour l'Allemagne et corrélativement pour la France, son premier partenaire économique, de l'auteur ?

Il est de fait que derrière les brillants chiffres économiques du commerce extérieur, la réalité allemande présente des faces sombres inquiétantes. La situation de ses finances publiques n'est pas tellement meilleure que celle de la France, alors qu'elle a épuisé les effets de la politique de l'offre mise en place par Schröeder il y a environ 10 ans : il paraît difficile d'aller plus loin dans l'excitation de la compétitivité des entreprises allemandes sans diminuer encore les revenus du travail. D'ailleurs, pourquoi le faire, puisque la main d'œuvre qualifiée fait défaut aux deux bouts de la pyramide des âges ? Inutile de capter de la demande, sauf pour la sous-traiter, si les ressources en savoir-faire ne sont pas disponibles.

Autre facteur : la position extérieure du pays. L'Allemagne est créancière du reste du monde d'environ 700 milliards d'€. C'est considérable, certes, mais il faut considérer qu'au moins un tiers de ces créances, celles sur les économies grecque, islandaise, portugaise, irlandaise, ukrainienne, hongroise, vraisemblablement russe, sont largement irrécouvrables et devraient être passées au moins en partie en pertes. Or une telle situation se traduira par un affaiblissement encore plus marqué du réseau bancaire allemand, qui détient ces créances en portefeuille (qui les ''porte'', comme on dit en langage bancaire) et qui est déjà extrêmement déstabilisé depuis 2008 (à l'inverse du réseau bancaire français, l'un des plus solide au monde). Ce qui fait que paradoxalement c'est l'Allemagne qui devra s'adresser en 2011 aux marchés financiers pour lever 456 Milliards d'€ de fonds, alors que la France, dont la situation extérieure est négative (-500 Mds e) ne s'y adressera que pour lever 184 milliards d'€.
A elles seule l'Allemagne et ses banques commerciales lèveront en 2011 le quart des capitaux que l'Europe cherchera à lever. C'est ce qui explique que les CDS sur la dette allemande ont augmenté de 35%, soit le même niveau que la hausse constatée sur les émissions françaises supposées, à tord, plus risquées.

C'est pourquoi, dans le match France-Allemagne, le vainqueur pourrait fort bien ne pas être celui qu'on attend.
La France, qui fonctionne sous le régime d'une politique de la demande depuis plusieurs décennies (politique de la demande = politique visant à injecter des signes monétaires en vue d'exciter la demande de produits pour relancer la machine économique; au besoin en faisant de la dette), est en train de passer subrepticement à une politique de l'offre, visant à améliorer la compétitivité de ses entreprises. Dans 3 ou 4 ans, et ce surtout si DSK est élu, cette politique (qui prend la doctrine socialiste à contrepied, mais cela il ne faut surtout pas le dire...) devrait produire ses pleins effets sur l'activité économique, par ailleurs excitée par l'envol démographique français (400 mille bouches de plus à nourrir et à scolariser chaque année).

Il n'est donc pas extravagant d'imaginer en 2015 une économie française ayant rejoint l'équilibre des échanges extérieurs, et des finances publiques françaises ayant atteint le point de l'équilibre du budget primaire, avec un dynamisme à la hausse, confrontée à une situation pas meilleure en Allemagne, amis avec un dynamisme à la baisse.
Et il faut avoir en ligne de mire l'horizon 2025. Population française et population allemande seront équivalentes (75 millions chacune) mettant ainsi un terme à une situation que Clemenceau considérait de fait comme un véritable facteur de déstabilisation, lui qui déclarait déjà en 1910 que ''l'Allemagne était ce voisin menaçant qui avait 20 millions d'habitants en trop".






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Stans
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MessageSujet: Re: L'Allemagne, homme malade de l'Europe ?   L'Allemagne, homme malade de l'Europe ? EmptyDim 09 Jan 2011, 5:50 pm

Si je comprends bien François, l'Allemagne est dans la même situation qu'en 1939-1945 : elle possède l'outil mais n'a pas de main-d'oeuvre qualifiée en nombre suffisant pour l'utiliser ? Me trompé-je ?
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François Barberis
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MessageSujet: Re: L'Allemagne, homme malade de l'Europe ?   L'Allemagne, homme malade de l'Europe ? EmptyDim 09 Jan 2011, 6:27 pm

Non, Stans, on ne peut résumer ainsi la situation de l'Allemagne.

Ce que je veux dire -et je partage assez volontiers la vision d'Attali- c'est que l'Allemagne a conduit une politique de ''réarmement'' économique, de la même manière qu'elle conduisit avant guerre une politique de réarmement militaire, et qu'à son habitude elle a tendance à pousser la logique jusqu'au bout. Et c'est cela, cette tentation du jusqu'au boutisme qui est dangereuse avec ce pays, attaché aux valeurs de discipline et de rigueur.
La comparaison s'arrête là.

Réarmement économique : je ne trouve pas de meilleur mot pour qualifier cette immense mobilisation de tout l'appareil industriel allemand en faveur de la constitution d'un stock de créances sur ses partenaires, créances qu'il est facile ensuite d'utiliser comme une arme de domination, ce dont elle a du mal à s'interdire de faire; on le voit bien.

Ce qui me paraît évident aujourd'hui, c'est que cette logique mercantiliste (qui a été conduite par la GB au 19ème et qui lui a permis de se constituer pareillement une position de créancière du monde, avant que sa position ne s'effondre avec les effets de la guerre de 14-18) me semble avoir consommé tous ses effets bénéfiques et que demeurent les seuls effets pervers.
Parmi ces effets, c'est l'accumulation de créances devenues peu ou prou irrécouvrables.

D'autre part, ces créances sont exprimées en €; ce qui oblige l'Allemagne à préserver l'unité monétaire dans laquelle ses créances sont exprimées. Ce qui rend caduque la théorie de la sortie de l'€ par le haut du chef de l'Allemagne. Cette puissance est ''collée'' à la monnaie et ne peut se permettre une fluctuation négative de l'étalon.

L'Allemagne étant collée, elle ne pourra que payer pour maintenir la valeur de l'étalon, ce qui n'est pas la situation de ses concurrents. Et c'est un vrai paradoxe, mais bien réel : payer pour rester puissant, après avoir payé pour le devenir.

L'Allemagne va bien entendu essayer d'utiliser sa position de créancière de ses partenaires européens pour prendre le leadership de la construction européenne, mais ce ne sera pas facile. Son talon d'Achille : son système bancaire, très engagé dans les créances détenues sur les états périphériques de l'Union, en particulier l'Espagne, le Portugal. C'est ce qui explique l'énorme besoin en financement de 2011 : 456 Mds€ !

Or l'Allemagne, pour maintenir le fonctionnements démocratique de sa société, a besoin de la croissance et de la liquidité financière, sa tradition politique étant, à l'inverse de la tradition française, de se jeter dans les bras d'un chef en cas de pertes financières privées et publiques. Il s'agit d'une situation dont elle ne pourra sortir seule.
Une situation similaire s'était créée en sortie de la guerre 14-18 et en raison des dommages de guerre mis à la charge de l'Allemagne vaincue, dommages qu'elle n'avait pu payer et exigences auxquelles elle a répondu en mettant Hitler au pouvoir. Je ne pense pas qu'il y ait un nouvel Hitler à redouter, mais certainement un repli intérieur et une sorte de xénophobie qui sera exacerbée par la pression d'immigration aux frontières et par le rejet des jeunes générations du chef des populations vieillissantes.

Au risque d'être pris pour un illuminé -ce que je ne suis absolument pas- on peut réellement se poser la question du maintien de l'état fédéral allemand à l'horizon du siècle. Il ne faut pas oublier que la construction politique allemande est récente et que les états régionaux, les Landers, sont les vrais constituants stables de cette construction. A l'inverse de la France qui est une très vieille nation, et donc très résistante aux chocs intérieurs et extérieurs.

C'est ce qui me fait dire que de tous les états ouest-européens, c'est aujourd'hui la France, malgré ses difficultés économiques -au demeurant assez faciles à résoudre si l'on veut bien faire preuve de pédagogie et de courage politique- qui présente les meilleures perspectives à terme. Simplement par le fait que les comptes se rétabliront le jour où enfin on aura cessé de conduire une politique de la demande (faussement sociale) pour conduire dans une politique de l'offre raisonnablement dynamique, avec la fiscalité correspondante; ce qui devrait être le cas d'ici 3/4 ans.
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MessageSujet: Re: L'Allemagne, homme malade de l'Europe ?   L'Allemagne, homme malade de l'Europe ? EmptyDim 09 Jan 2011, 7:12 pm

Grasse, Décadi 20 Nivôse, An CCXIX.

Chers amis,

Point intéressant: Jacques Attali n'est pas le seul à porter le jugement d'une "Allemagne, homme malade de l'Europe". Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de Gauche propose une analyse étrangement similaire sur l'état économique et social de la RDA. Je vais essayer de retrouver les documents et les posterai.

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