Fédération Wallonie-Bruxelles

Source : http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/643043/la-federation-wb-pointe-son-nez.html

La Fédération WB pointe son nez

Paul Piret

Mis en ligne le 16/02/2011 Le “4 x 4” s’est entendu, ou quasi, sur l’appellation du machin francophone.

Citation :

On ne l’appellera plus "Communauté française". L’incertaine coupole sudiste sera bien identifiée, plus explicitement, comme "Fédération Wallonie-Bruxelles". Ainsi en a presque décidé le nouveau groupe de réflexion de 4 membres par 4 partis sur le paysage institutionnel francophone, lundi à Namur, lors de sa deuxième réunion. Mais, SVP, gardez ça entre vous. Provisoirement, ces 16 ministres, coprésidente, chefs de groupe et autres parlementaires PS, MR, Ecolo et CDH wallons et bruxellois ont décidé de ne rien en dire !
D’ailleurs, la plus grande discrétion entoure toujours officiellement ce nième cénacle sur le registre, puisqu’on n’est même pas censé savoir qu’il est présidé par Rudy Demotte et coprésidé par André Antoine, Willy Borsus et Sarah Turine. A ce point, c’est cocasse, ou confondant. Faut-il que la méfiance règne; ou qu’ils pressentent qu’ils ne s’en sortiront pas mieux que leurs devanciers; ou que l’opacité fédérale est décidément trop épaisse pour imaginer actuellement de redéfinir les périmètres d’activités respectifs de chaque institution ?
Mais les choses devraient changer. A ce que l’on a pu savoir, nos Seize se donnent comme ligne de conduite de communiquer vers l’extérieur dès qu’il y aura un point de consensus entre eux. Et ils vont tenter d’engranger un point de consensus par chacune de leurs réunions, prévues toutes les trois semaines en alternance géographique œcuménique Namur/Bruxelles. C’est que, lundi, plutôt convivialement semble-t-il, le "4 x 4" a parcouru des pistes de méthode et contenu, ainsi qu’abordé un premier sujet de fond - cet inépuisable rallye de la réappellation.

Pour la méthode, le groupe va tenter d’atterrir en juillet. Mais c’est sans préjudice de la situation institutionnelle belgo-belge qui pourrait lui imposer des prolongations, voire une certaine pérennité. D’ici là, les inévitables "techniciens" seront appelés à l’œuvre. Des ministres seront auditionnés aussi, s’agissant d’évaluer les compétences croisées, doubles casquettes et autres accords de coopération qui font les délices quotidiens des institutions sudistes aussi conjointes que cloisonnées.
Quant au contenu, le groupe abordera bientôt les compétences respectives. Car même si toutes les choses institutionnelles restaient dans leur état, il y aurait de quoi travailler sur quelques ajustements respectifs et les transferts financiers afférents. Ce sont d’une part les compétences à la marge de l’actuelle Communauté. On a déjà cité l’Adeps, qui rejoindrait sans mal "le reste" régionalisé des sports; ou le patrimoine mobilier, à confondre avec le celui immobilier régionalisé; voire la prévention de la santé, à ajouter aux autres compétences fédérées du genre qu’exercent la Région wallonne et, côté bruxellois francophone, par la Cocof. C’est d’autre part la compétence Himalaya de l’enseignement. Toujours à ce que l’on a pu savoir des premières cogitations, on ressentirait déjà ici qu’il faudra réfléchir entre les deux "extrêmes" que sont le statu quo du tout à la Communauté, qui ne satisferait plus personne, et la régionalisation du sujet, sur laquelle il n’y aura jamais d’accord. Cette voie médiane serait à trouver dans quelque césure entre les normes transversales, à laisser francophones, et l’organisation à territorialiser par bassins. Sans oublier qu’il paraît s’indiquer, une fois de plus, que la Communauté ne soit plus elle-même pouvoir organisateur du réseau officiel.

C’est en fin de parcours que le groupe aborderait la définition même, plus ou moins structurelle, de la fédération francophone et de ses instances. Timing logique : la configuration de la coupole dépendra des dimensions qui lui auront été consenties. Et puis, peut-être les délibérations fédérales auront-elles alors livré une image plus claire de nouveaux transferts de l’Etat et de leur réceptacle, régional ou communautaire, désigné.

En attendant, nos Seize ont donc rouvert le champ de l’appellation de l’instance intrafrancophone. Ce ne sera pas Communauté Wallonie-Bruxelles ou wallonne ou romane, ou mille autres idées lancées depuis des années pour se débarrasser de l’inintelligible Communauté française, mais la fédération Wallonie-Bruxelles. Rien de surprenant à ça, puisque c’était aussi la suggestion du défunt groupe Busquin-Spaak, lui-même inspiré d’une sortie conjointe des ministres-présidents Demotte et Picqué. Mais ce ne serait pas cette paternité d’abord plutôt socialiste qui a enjoint l’un ou l’autre passager du "4 x 4" à ne pas vouloir communiquer déjà là-dessus. On nous explique que c’est par crainte d’encore envenimer le psychodrame fédéral. Car il ne faut pas laisser croire que, par là, les francophones prépareraient quelque "plan B" ou chercheraient à s’approprier Bruxelles Donc, chut.

C'est bien beau, mais je préfère nettement le plan F comme France, à tous les plans B comme Belgique rafistolée. Je comprends que la Fédération Wallonie-Bruxelles séduise les belgicains, qui espèrent ainsi éviter la réunification, mais je ne crois pas qu'un Etat Wallonie-Bruxelles soit souhaitable.