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 Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage

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François Barberis
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MessageSujet: Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage   Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage EmptyLun 21 Fév 2011, 5:20 am

POUR UNE NATION FORTE ET SAGE

Les nations, lorsqu’elles s’expriment dans un état unitaire, sont probablement les systèmes politiques les plus complexes et les plus stables issus de la conscience individuelle et collective des hommes. Les nations, et plus particulièrement les états-nations, ont leurs vies propres, elles entrent en compétition ou en conflit, ou peuvent convenir d’alliances. Elles sont capables d’inspirer les plus hautes abnégations personnelles comme d’infliger les pires tourments collectifs. Mais le mot nation fait peur, tant il est connoté et renvoie au nationalisme, qui n’est pas la nation mais une pathologie de la nation. Le nationaliste n’est-il pas présenté comme un ennemi de la paix ?
Parler de nation, s’y référer comme d’une valeur positive qui plus est, serait donc introduire par avance la malédiction dans tout discours et dans toute pensée voulant s’y intéresser.

Bravant cette malédiction, je vais néanmoins dans ce texte parler de nation, de la nation qui s’appelle France, de ce qui constitue la conscience morale collective du peuple français –un autre terminologie moins connotée pour signifier la nation et que j’utiliserai largement dans tout ce qui suit ; parler des quatre valeurs qui fondent la conscience morale collective propre à la nation française et qui sont quasiment uniques en leur genre lorsqu’on prend en considération les nations homologues et leurs propres consciences morales collectives.
Je vais essayer aussi d’exposer en quoi la nation n’est pas une construction politique ou sociale, une de plus pourrait-on dire, que l’on pourrait remplacer par peuple, état, patrie, république, démocratie ou laïcité, ou toute combinaison à géométrie variable de ces concepts, mais constitue une fonction spécifique, qui n’est contenue dans aucun des concepts que je viens de citer (état, patrie, peuple, république, etc…), et qui les dépasse Je vais essayer de démontrer que nous avons à faire à être différent doté de propriétés émergentes, fruit précisément de cette complexité, et que nous ne pourrons asseoir la république, la laïcité et l’égalité que nous n’ayons d’abord assis et consolidé la nation.

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Les concurrents de la nation
Avant que de proposer une définition intrinsèque de la nation, et plus précisément de la nation France, faisons un tour à l’extérieur pour y recenser les concurrents actuels de la nation.
La nation n’est pas seule sur son marché, qui est le marché de nos consciences morales personnelles. Soit qu’elle y opère par coercition, soit qu’elle se présente comme la garantie d’une vie sereine, elle rencontre sur ce marché plusieurs autres concurrents dont certains, très redoutables, ont pour objectif affiché ou secret la destruction de la nation, principalement par l’imposition de la pensée religieuse intégriste présentée comme la seule voie d’accès au paradis céleste. Quels sont ces concurrents ?

Il y a d’abord les communautés ouvertes, fixes ou itinérantes. Communautés ethniques, telles le peuple Rom ou ce qu’on appelle les ‘’gens du voyage’’ ; communautés au demeurant peu dangereuses pour la nation puisque ne se considérant pas comme un concurrent de celle-ci, mais dont le fonctionnement, même en mode mineur dans les interstices sociaux, parvient néanmoins à créer des abcès de fixation pouvant conduire à des comportements de rejets populaires violents. S’attaquer collectivement à ces communautés n’aide en rien la nation ; ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire.

Il y a ensuite les communautés fermées et les sectes, déjà plus dangereuses, qui de même ne se présentent pas comme concurrentes de la nation et ne visent pas à son renversement, mais constituent des dangers pour l’intégrité morale, financière et physique de leurs adeptes. Nous en connaissons tous. Pour les connaître il suffit de consulter la liste des sectes officielles établies par la Mission Interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (MILVILUD), un organisme gouvernemental en a recensé environ 200.

Il y a encore les diverses internationales officielles, n’hésitant pas à défier les nations en proposant des voies d’émancipation populaire fondées sur d’autres critères que ceux composant les pactes nationaux. Les internationales les plus emblématiques furent celles des IIIème et IVème Internationale Ouvrière qui ne survivent plus que dans des groupuscules d’extrême gauche, ainsi que l’internationale communiste, pratiquement moribonde. Ces internationales furent très puissantes en leurs temps, proposant des solidarités transnationales de nature à mettre en péril les pactes nationaux et on a pu penser un moment que le genre humain, ce n’était plus la nation, mais que c’était bien l’Internationale. Il semble que l’histoire ait arbitré et que les internationales ouvrières ne joueront plus demain que des rôles mineurs. Mais ces internationales furent un temps -et c’est ceci qui nous intéresse aujourd’hui- de hardis et redoutables compétiteurs des nations.
Certains mouvements internationaux tentent bien aujourd’hui de prendre le relais des internationales ouvrières et de se fédérer de manière transnationale, dont le mouvement alter mondialiste. Il n’est pas interdit de penser que demain une telle internationale pourrait devenir une alternative à la nation, si elle pouvait bénéficier d’une théorie écologique unifiée et efficace, mais cette évolution n’est pas certaine, ni même probable.

Il y a désormais les internationales virtuelles d’internautes, transfrontières et transnations, qui se réfèrent souvent à des valeurs différentes de celles qui fondent le pacte national, qui ont des codes de comportement a-citoyens. Ces internationales virtuelles n’ont pas comme objectif premier de concurrencer les nations sur le marché des consciences individuelles, mais elles ont démontré tout récemment encore qu’elles pouvaient bousculer les états dans l’exercice de leur prérogatives essentielles et obtenir le renversement, non pas de la nation, mais du régime en place.

N’oublions pas les internationales prédatrices, maffias de la drogue, de la prostitution, du commerce des déchets toxiques, de la traite des êtres humains (ce sont en général les mêmes). Celles-ci n’ont pas pour objectif la conquête des consciences morales mais encore plus durement la conquête des corps et des organismes vivants en les amenant à l’addiction ; et celles-ci n’hésiteront pas à combattre la nation si cette dernière s’avérait être un obstacle à l’atteinte des objectifs criminels. C’est la situation rencontrée au Mexique et en Bolivie, par exemple.

Il y a enfin et surtout les internationales secrètes et terroristes souhaitant et agissant en vue de la disparition des nations supposées impies. On pense à Al Qaïda bien sûr, laquelle n’hésite pas à s’appuyer sur une autre internationale, celle formée par la communauté des croyants musulmans, l’Oumma, pour convaincre et recruter.

On voit bien à cette énumération ce qui est commun entre la nation et ses compétiteurs : avec des moyens et des discours différents, le but est le même, convaincre en agissant sur les consciences morales et collecter des adeptes (que l’on appellera citoyens dans le cas de la nation, fidèles dans le cas de sectes ou de communautés religieuses, militants dans le cas d’internationales politiques, amis Facebook dans le cas de l’internationale virtuelle, ou djihadistes dans le cas d’internationales terroristes) en leur proposant un code moral ou comportemental au nom duquel les promoteurs et instigateurs de ces organisations souhaitent qu’il se soumettent plus ou moins complètement.

Les marchés financiers sont-ils des compétiteurs des nations ? Oui et non.
Les marchés financiers forment bien une internationale, avec ses valeurs, ses castes : plus que les patrons du CAC 40, ce sont les 500 gérants de fonds à New York, les 200 à Tokyo, les 50 à Londres, qui peuvent mettre un état et une monnaie à genoux (souvenons nous de Georges Soros, gérant de fonds, qui a fait tomber la livre sterling en 1990 et obtenu la sortie de la GB du SME). Les marchés financiers ont aussi leurs technostructures transfrontières, leur plèbe : les petits porteurs, leurs temples : le FMI et les banques centrales. Mais les marchés financiers ne cherchent pas à conquérir les consciences morales des individus ou à abattre les nations. Tout au plus cherchent-ils à conquérir les épargnes et à manipuler les dettes des états pour les amener à payer des intérêts. J’hésiterai à mettre les marchés financiers parmi les compétiteurs et les adversaires des nations et des états. Il faut toujours se souvenir que les marchés financiers ne prospèrent pas sur l’épargne des citoyens ou des entreprises, mais toujours sur la dette des états. Ce sont les états, y compris les états nations, par leur besoin d’endettement, qui permettent aux marchés financiers de prospérer et de se justifier. Moins de dettes, pas de marchés financiers.
Mais aussi, moins de dette, plus de nation ; plus de nation, moins de dépendance envers les marchés.
Nous savons ce qu’il nous reste à faire.

Quelles conclusions retirer de ces premières investigations ? Voici celles que je vous propose.
1) les nations sont actuellement plutôt des proies pour les internationales prédatrices que des prédateurs de consciences morales individuelles ;
2) la disparition des nations, ou leur simple affaiblissement moral , offrirait de large champ d’intervention pour les internationales les plus criminogènes et prédatrices, au détriment des peuples et des individus.
3) le maintien, la consolidation de nos nations, lorsque leur caractère démocratique et non prédateur est avéré, doit devenir notre objectif, bien plus que la construction d’ensembles interfrontières visant à noyer les nations ou à les diluer dans des ensembles formés par des régions qui ne pèseraient pas grand-chose face à ces grands prédateurs internationaux ou face aux nouveaux compétiteurs intervenant sur le marché de nos consciences individuelles.
Conclusion pratique pour nous Européeens : ne commettons pas l’erreur de pousser les feux de l’Europe des régions. Ce serait la meilleure façon de rendre la proie encore plus comestible pour les internationales prédatrices ; finances, maffias, terroristes.

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Qu’est-ce que la nation ?
Nous pouvons maintenant que nous avons pris connaissance des compétiteurs de la nation, nous essayer à en donner une définition plus directe.
La nation c’est bien plus que la collectivité des citoyens vivant sur un même territoire et partageant la même nationalité ou la même citoyenneté. C’est bien plus que le ‘’vivre ensemble’’ réducteur ramenant la nation à une collectivité de consommateurs s’approvisionnant au vaste supermarché national,
La nation c’est plus que l’état, plus que le peuple, plus que la patrie, plus que la république fut-elle unitaire, plus que la société des hommes vivant sur son territoire, plus que tout cela réuni.
Donnons la parole à quelques grands auteurs qui ont écrit sur la question.
Pour Michelet (il parlait de la nation France), celle-ci est une personne disait-il poétiquement.
Déjà plus politique Ernest Renan dans sa conférence faite en Sorbonne le 11 mars 1882 définissait ainsi toute nation :
L'EXISTENCE D'UNE NATION EST UN PLÉBISCITE DE TOUS LES JOURS, COMME L'EXISTENCE DE L'INDIVIDU EST UNE AFFIRMATION PERPÉTUELLE DE VIE

Fernand Braudel, autre grand auteur ayant beaucoup produit sur la nation, écrivait dans son introduction à son ouvrage ‘’L’identité de la France’’, les magnifiques lignes suivantes.
UNE NATION NE PEUT ÊTRE QU’AU PRIX DE SE CHERCHER ELLE-MÊME SANS FIN, DE SE TRANSFORMER DANS LE SENS DE SON ÉVOLUTION LOGIQUE, DE S’OPPOSER A AUTRUI SANS DÉFAILLANCE, DE S’IDENTIFIER AU MEILLEUR, À L’ESSENTIEL DE SOI.

Mais de toutes, c’est celle-ci, qui me paraît la plus opérationnelle et la plus utile et que nous devons une nouvelle fois à Renan : LA NATION EST UNE CONSCIENCE MORALE COLLECTIVE

Qu’est-ce qu’une conscience morale collective et comment y parvient-on ?
Nous avons tous une conscience de nous même qui nous permet de distinguer notre être intérieur du monde extérieur et aussi de nous auto-examiner comme si nous étions un autre nous-même, ce qui est une faculté spécifiquement humaine. La pensée consciente est cette faculté de pouvoir dire je ou moi, par opposition à tu ou toi et aussi par référence à la personne absente, il ou lui ou elle. Notre conscience c’est la faculté de nous différencier de notre semblable, sans le nier. La pensée consciente, lorsqu’elle devient morale et cesse d’être orientée vers l’alimentaire ou la satisfaction des propres besoins de l’être biologique que nous sommes ou la satisfaction du besoin de domination de l’être social que nous sommes tout autant, constitue le point de départ de l’humanisme.
Mais, attention, l’humanisme n’est pas une conscience collective. L’humanisme reste et demeure un simple niveau de développement de la conscience morale individuelle. L’humanisme est une valeur individuelle. C’est simplement le sentiment du même et de l’autre et de sa nécessaire réciprocité : Bien que différent de toi, je suis ton même et ton égal, mais à condition que tu me retournes cette pétition. Telle est une définition simplifiée de l’humanisme, un égocentrisme réfléchi. Le sentiment humaniste, bien que réalisant une forme très développée de la conscience individuelle, n’est pas constitutif d’une conscience morale collective. La conscience morale collective est au-delà de l’humanisme.

Revenons à notre conscience morale personnelle.
Celle-ci, ai-je dit, est une partie de notre conscience individuelle. Elle nous permet de concevoir le digne et l’indigne, de distinguer le bien et le mal, l’acceptable de l’inacceptable. C’est cette partie de notre conscience individuelle qui nous porte à l’abnégation et au sacrifice pour autrui, à la générosité, et aux plus beaux élans du cœur, et pas seulement pour ceux qui nous sont chers, au sentiment humaniste.

La conscience collective c’est autre chose. C’est l’homme être social qui investit l’homme être moral. Cet homme nouveau plongé dans le bain social va –ou ne va pas, le succès n’est jamais totalement assuré- s’identifier à un groupe plus vaste dont il va d’abord partager les marqueurs d’identité (sa langue, ses codes vestimentaires et alimentaires, etc…), puis adopter son histoire et ses tragédies, d’abord les petites (la défaite de l’équipe de France de football, la victoire du XV de France dans le Tournoi des 6 nations : on mesure bien à cet exemple la dimension considérable du sport collectif dans la fabrication de la conscience morale collective,…) puis les tragédies plus grandes (les drames sociaux, la honte de la collaboration avec l’ennemi, les défaites, mais aussi les victoires militaires, les épopées, les succès économiques), puis ses valeurs, jusqu’à devenir une partie intégrante du groupe dont il ne se différenciera plus tellement, permettant au dit groupe de construire et d’augmenter sa propre conscience collective, comme les mineurs de fond au XIXème siècle avaient leur propre conscience de classe, puis les ouvriers des usines, et aujourd’hui encore certaines catégories sociales ; jusqu’au point où cette conscience collective va façonner à son tour les fondements de sa conscience individuelle, par un effet de rétro-action.
L’agrégation de toutes ces consciences morales partageant les mêmes valeurs, les mêmes codes, les mêmes marqueurs d’identité, les mêmes références sportives et historiques mêmes si elles sont souvent inégalement assimilées et ou réinterprétées, les mêmes horizons, les mêmes défis, les mêmes solidarités, constitue la conscience morale collective.

Lorsque ces codes et ces valeurs partagées sont identifiés à une classe sociale indépendamment du pays ou cette classe sociale réside, c’est une conscience morale de classe, une Internationale, de celles qui ont permis l’émergence des internationales ouvrières et communistes dont j’ai parlé ci-avant, par exemple.
Lorsque ces codes et ces valeurs partagées transcendent les classes sociales et s’adressent à tous les individus vivant sur un même territoire, il s’agit alors d’une nation, en dehors même de la présence éventuelle sur ce territoire d’un appareil d’état de plein exercice. On peut ainsi parler à bon droit de nation kurde, tibétaine, berbère, flandrienne (flamande), catalane, tchétchène, québécoise, palestinienne, tamoul, etc…

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La nation est une fonction émergente de l’organisation politique et sociale

Il convient ici de faire un petit arrêt pour expliquer ce que recouvre la notion d’émergence, qui est un concept central de la théorie de la complexité.
Théorie de la complexité et non théorie de la complication.
Prenons un exemple, une voiture sous sa forme la plus moderne, bourrée d’électronique et d’informatique.
Une voiture est un objet compliqué, mais ce n’est pas un objet complexe.
Pour comprendre comment une voiture fonctionne dans ses moindres détails, il suffit de la démonter en ses multiples composants, et avec beaucoup de patience, apprendre la réponse de ceux-ci lorsqu’on les sollicite par un signal d’entrée ; d’abord lorsque ce composant fonctionne en système ouvert puis lorsqu’il fonctionne en système bouclé. Lorsque cette analyse a été réalisée pour tous les composants dynamiques de la voiture, on peut procéder au réassemblage de ses composants. On peut affirmer que la réponse du véhicule ainsi reconstitué sera exactement la somme algébrique, ni plus ni moins, de toutes les réponses apportées par les sous-systèmes précédemment étudiés fonctionnant en système bouclé. C’est long, compliqué, mais accessible à toute personne prête à faire l’effort intellectuel d’apprendre. Le comportement de la voiture, aussi compliquée soit-elle, reste du domaine de l’apprentissage déterministe. La voiture n’invente rien, surtout pas la route. Elle ne fait que répondre d’une manière préétablie à la sollicitation de son maître, le conducteur, agissant sous contraintes, les conditions de circulation, mais toujours d’une manière prédictive. Elle ne possède pas de propriétés autres que la somme des propriétés de ses sous-systèmes agissant en boucle fermée, en régulation. On parle de rétro-action négative déterminée.

La complexité c’est tout autre chose.
Les entreprises, les organisations, les sociétés lorsqu’elles sont constituées en nation, les êtres humains sont des systèmes complexes, ce qui va au-delà de la complication.
Dans les systèmes complexes, nous n’avons plus à faire à des objets, comme la voiture, mais à des êtres biologiques ou organisationnels, disposant de capacités d’adaptation propres et non prédictibles. La réponse de ces systèmes ne peut être trouvée a priori dans la somme des réponses des sous-ensembles qui façonnent le système. Les comportements ne sont plus déterministes, c’est-à-dire que la sollicitation A ne conduit pas nécessairement à la réponse B, même si les conditions extérieures C sont identiques.
On parle dans ce cas d’émergence. Les capacités d’auto-adaptation de ces ensembles biologiques ou de ces organisations ne peuvent pas être déduits de l’analyse fine des composants.
Ainsi certains pensent que la conscience chez l’être humain (certains disent l’esprit, d’autres parlent d‘âme) est une capacité émergente de sa propre complexité. La manière différente dont chaque individu va réagir alors qu’il est placé dans une situation identique ne pourra être trouvée dans ses seules facultés motrices, cognitives ou émotionnelles. Il va ou non apporter une réponse inférieure (l’effondrement moral) ou supérieure (le dépassement de soi), sans qu’il soit possible de le prévoir. C’est ce qui fait que les héros sont souvent des gens ordinaires placés dans des situations extraordinaires.

On peut faire la même analyse concernant la nation, puisqu’il s‘agit d’une conscience morale. De même que la conscience morale individuelle est une propriété émergente résultant de la complexité de l’être humain, la conscience morale collective, la nation, est une propriété émergente résultant de la complexité encore plus grande des hommes vivant en société. Par exemple, la réponse d’une nation à une agression extérieure ou intérieure ne sera pas nécessairement celle de son appareil d’état ou de ses institutions. Elle sera autre, imprévisible, souvent en dépassement (c’est ce que le Britanniques appellent le fighting spirit qui est un des marqueurs identitaires de leur nation et qui les rend redoutables lorsqu’ils sont engagés collectivement dans l’action), mais pas toujours (voir notre effondrement collectif de juin 1940).

C’est en ce sens qu’on peut dire, comme l’affirmait Michelet au XIXème, que les nations sont des « personnes ». Comme elles, elles disposent de la même capacité d’adaptation et de modulation de leurs réponses, non prédictibles. Comme les personnes, elles sont susceptibles de grandeur et de bassesse et peuvent être le siège de pathologies, dont le nationalisme n’est pas le moindre. Comme elles, il convient de les considérer comme un tout insécable et non simplement réductible à leur appareil d’état ou à leurs institutions.

C’est pourquoi il convient d’être prudent avec les nations. Tenter de les ignorer ou de les réduire, c’est risquer en retour des réponses fulgurantes dont il n’est pas possible par avance de prévoir la nature ou l’intensité.
Imaginer par exemple que l’on pourrait découper des nations forgées au cours des âges pour en retrouver les régions constitutives et reconstruire les identités régionales à partir de ce qu’il en reste, sans qu’il y ait une réaction de lion blessé provenant de la nation que l’on voudrait ainsi détruire, c’est faire prendre à tout un peuple des risques évidents de guerre civile. Mieux vaut agir sur la composition du pacte national. C’est d’ailleurs là que se trouve la limite du principe wilsonnien du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Face à une revendication d’autonomie, voire d’indépendance, il est en général plus sage d’y répondre par une adaptation du pacte national –ce que la nation, qui est un être doué de capacité autonome d’adaptation est toujours capable de faire- plutôt que par la coercition ou la scission, sauf si toutes les parties en sont convenues –ce qui fut le cas de l’ex-Union des Républiques socialistes soviétiques ou de la défunte Tchécoslovaquie, et qui pourrait être le cas demain du Canada et de la Belgique, pays dans lesquels la conscience morale collective des peuples qui les composent ont divergé au point de permettre d’envisager une séparation plus ou moins douce, non suivie de rétorsion.
Ce qui à l’inverse ne fut pas le cas en ex-Yougoslavie où la séparation, non négociée, n’avait pas été précédée de la nécessaire scission préalable des consciences morales collectives. Le résultat en est connu, ce fut la guerre civile.

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La France, état-nation majeur
Dans tout ce qui a été dit précédemment, il n’a pas été fait état d’une nation particulière, sauf ponctuellement pour donner un exemple de marqueur d’identité spécifique. Chaque nation diffère de l’autre, beaucoup moins que l’on croirait par son appareil d’état et ses institutions, et beaucoup plus que l’on pense par le contenu du pacte que réalise la présence d’une conscience morale collective.
Il n’y a pas lieu ici de distribuer des bons et mauvais points, selon la nature des constituants des consciences morales collectives et des marqueurs d’identité. Mais il est intéressant d’établir quelques comparaisons qui feront bien prendre conscience en quoi les nations sont en compétition entre elles et sont pratiquement irréductibles l’une à l’autre.
Ainsi l’attachement aux valeurs aristocratiques et son corollaire, l’apparente froideur face à l’adversité, l’esprit de combativité érigé en qualité nationale, ce que les Britanniques appellent le fighting spirit que j’ai déjà donné en exemple, le pragmatisme à tout crin, le rejet des idéologies égalitaires, le multiculturalisme social sont les marqueurs de l’identité nationale et les constituants de la conscience morale collective des Britanniques.
L’attachement à la terre natale vue comme une patrie inaliénable, le Heimat, le droit du sang plus que le droit du sol, le respect dû à l’état jusqu’à aller à la soumission au chef, au führer, la recherche de la précision et de la perfection en toutes matières et en toutes circonstances, sont les marqueurs de l’identité nationale et les constituants de la conscience morale collective des Allemands.
Qu’en est-il de la nation qui nous est la plus proche et qui je pense est chère à la plupart d’entre nous, la France ? Quels sont les marqueurs d’identité, les valeurs qui constituent la conscience morale collective de ceux qui s’y reconnaissent comme citoyens et partie prenante de son destin ?

Patrick Weil, historien et spécialiste de l’immigration, directeur de recherches au CNRS, y a répondu de manière brillante dans ses différents ouvrages en français et en anglais :
- QU’EST-CE QU’UN FRANÇAIS ? HISTOIRE DE LA NATIONALITÉ FRANÇAISE DEPUIS LA RÉVOLUTION,
LIBERTÉ, ÉGALITÉ, DISCRIMINATIONS. L’« IDENTITÉ NATIONALE » AU REGARD DE L’HISTOIRE ;
LA RÉPUBLIQUE ET SA DIVERSITÉ. IMMIGRATION, INTÉGRATION, DISCRIMINATION,
et bien d’autres encore. J’ai trouvé ce texte qui me paraît très explicite dans un article publié sous sa plume dans le Monde , édition électronique du 23.08.2010, article intitulé ‘’les quatre piliers de la nationalité’’

« Quatre piliers me semblent constituer un code sociopolitique de la France pour les Français aux yeux du monde. Produits de notre histoire, ils ont résisté à de nombreuses contestations, aux changements de gouvernements, de Constitution, de régimes politiques .Ils sont autant une référence qu’un programme d’action toujours à réaliser »

« D’abord le principe d’égalité qui permettait l’identification à la France des provinces conquises. Transformé et renforcé durant la Révolution, il s’inscrit dans des dispositions importantes du code civil, devenu par sa pérennité la Constitution matérielle de la France. La succession des citoyens est, par exemple, fondée sur l’égalité des enfants –mâles et femelles. Tocqueville y voyait la base de la démocratie. Puis la langue française, langue de l’État depuis 1539, a été un instrument d’unification du royaume de France puis de la république. Outil d’émancipation et de débats, de l’école pour tous, son statut au cœur de la République des lettres donne à la culture et à l’intellectuel en France une place sans pareille.
« Ensuite, la mémoire positive de la Révolution que nous partageons avec les Américains mais qu’aucun autre peuple d’Europe ne possède. Ni l’Italie, ni l’Espagne, ni l’Angleterre, ni l’Allemagne. Malgré la Terreur et autres excès, elle reste une référence qui se traduit par une approche positive des mobilisations de masse.
« La laïcité enfin, repose depuis 1905 sur trois principes, la liberté de conscience, la séparation des églises de l’Etat et la libre expression de tous les cultes. Elle s’est imposée depuis 1945 comme la référence commune de croyants de plus en plus divers et d’athées ou d’agnostiques de plus en plus nombreux.
« Forces et facteurs d’unification et de transformation, ces piliers –au nombre de quatre- sont les marqueurs de l’identité française. Ils représentent l’indifférenciation –l’assimilation- à laquelle chacun aspire dans certaines situations autant que le respect de sa particularité dans d’autres. Et ces piliers ont suscité d’autant plus d’adhésion qu’ils ont souvent été mis en œuvre dans la reconnaissance de cette diversité des Français, dans un équilibre qui leur offre la possibilité de circuler entre des identités composées. »

http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/08/23/les-quatre-piliers-de-la-nationalite-par-patrick-weil_1401781_3232.html

Les trois syndromes de la conscience morale collective française.

Concernant la France, ‘’die Grosse Nation’’, la Grande Nation comme la qualifie souvent nos compétiteurs allemands, celle-ci s’est construite au cours des âges par le fer, le feu et le sang. Elle est le résultat d’une histoire millénaire et ne saurait ainsi être niée et rédécoupée.
La nation France est l’objet actuellement de trois syndromes pathologiques qui la conduisent à douter d’elle-même, ce qui est dangereux tant pour elle-même, que pour les peuples régionaux qui la composent et pour les nations voisines, car une nation qui doute c’est la porte ouverte à l’aventure des armes, soit par un pronunciamiento intérieur, soit par des visées annexionnistes des puissances riveraines.
Ces trois syndromes ont leurs racines dans l’histoire, dans le temps long, comme disait Braudel.
Le premier d’entre eux c’est le syndrome de Waterloo qui porte en lui la vision de la Révolution française s’achevant dans la défaite imméritée de waterloo. Waterloo est une défaite militaire, mais une victoire morale pour les Français, et c’est cette contradiction que les Français n’arrivent pas pour l’instant à surmonter. Ils y parviendront lorsque la Wallonie –sur le territoire duquel se trouve le site de Waterloo au sud est de Bruxelles, sera rattachée à la France, ce qui pourrait être le cas un jour. Un grand moment sera celui où le lion britannique qui trône au sommet de la butte, la griffe dextre posée sur le globe terrestre et rugissant vers Paris, sera descendu dans la crypte. Ce jour-là, le syndrome de Waterloo aura été effacé et aura été effacé de même l’idée que la Révolution s’est achevée en 1815.

Le deuxième syndrome fait référence à l’effondrement de juin 1940, la plus grande défaite militaire et morale de notre nation, puisqu’elle a ouvert la porte à la collaboration avec l’ennemi, la plus honteuse des fautes. Ce syndrome a pu être atténué par cet homme immense qu’était le Général de Gaulle qui a permis que le mot Honneur puisse encore se prononcer en français. On mesure encore insuffisamment en France ce que collectivement nous devons au Général de Gaulle et à ses Compagnons. Mais un long chemin de réappropriation de l’histoire et de ces événements de juin 1940 reste à accomplir pour que cette marque soit non pas effacée –elle ne pourra jamais l’être- mais relativisée.

Le troisième syndrome est le plus récent et le plus vif. Il s’agit de l’Algérie. Ce syndrome est si vif qu’il n’est pas encore possible d’en parler sereinement. Des efforts sont actuellement produits par des historiens, dont l’excellent Benjamin Stora, des deux cotés de la Méditerranée pour tenter de rapprocher les consciences et les lectures de cette histoire commune. Il ne faut pas trop rêver. Il faudra des décennies. Peut-être plus. Mais l’Histoire sait parfois accélérer le rythme.

Il appartiendra au générations à venir de réduire un par un ces syndromes et de redonner à la France les moyens de son rôle millénaire, de redevenir la Grande Nation, forte et sage et la Terre d‘Egalité qu’elle a commencé à devenir. C’était en 1789.
François Barberis
Montpellier, 20 février 2011.
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MessageSujet: Re: Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage   Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage EmptyLun 21 Fév 2011, 12:22 pm

Sujet de réflexion que je place en post-it dans cette catégorie afin d'en assurer la pérennité.
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François Barberis
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MessageSujet: Re: Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage   Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage EmptyLun 21 Fév 2011, 1:05 pm

Bonjour Stans

Post-it : je suppose que c'est une marque d'intérêt, mais j'ignore à quoi ça correspond.
Pourriez-vous m'expliquer ? Merci
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Stans
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MessageSujet: Re: Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage   Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage EmptyLun 21 Fév 2011, 4:30 pm

C'est une mise en évidence de ton sujet qui ne sera pas relégué en fin de page à mesure que d'autres sujets seront postés.
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MessageSujet: De la nation   Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage EmptySam 20 Aoû 2011, 6:48 pm

De la nation française

Historiquement, la nation se constitue par la résultante des rapports de force (entre nations) ou l'individu est amené à choisir son camp. De nombreux exemples attestent de la subjectivité voir de l'arbitraire de ces choix. Quoiqu'il en soit, la raison d'être d'une nation reste de faire la guerre aux autres nations, la guerre peut prendre bien des formes (armée, insurrectionnelle, économique...). Cependant il apparaît parfois que des idéaux s'immiscent dans l'histoire d'une nation, mais alors ceux-ci ont une portée internationale, voire universelle et donc transcendent la nation. C'est en cela que la patrie se distingue de la nation.

« La paix n’est que le temps de préparation à la guerre »
Napoléon BONAPARTE

L'utilité de la nation se limite donc à celle de faire la guerre. Or la guerre ne présente qu'un avantage, celui de diminuer la population, ce qui n'est pas négligeable vu la tendance à la prolifération de l'être humain. Toutefois un idéal culturel, lié à la prise de conscience de cette nécessité en milieu limitatif, de contrôle des naissances peut abolir cette nécessité de guerre et donc de nation. Une volonté supra-nationale de paix (de bonne gestion et d'expansion) ne devrait-elle pas nous guider tous ?

« La violence est le dernier refuge de l’incompétence »
Charles de GAULE

La nation présente, comme toute division, l'intérêt de la diversité. Si rien ne peut supplanter la moindre diversité, pour autant celle-ci est des plus arbitraire. Puisqu'il s'agit de divisions humaines (ou plutôt d'êtres) elles sont culturelles. Les formes de gestions, les états, des nations font partie de cette riche diversité.

« Ceux qui ne connaissent pas leur histoire s’exposent à ce qu’elle recommence… »
Elie WIESEL

La nation française est comme une perle, au noyau irritant de ses guerres, adoucie par une culture cosmopolite, et resplendissante de ses idéaux. Personne n'a à rougir de son histoire car nous sommes les héritiers des survivants. Toutefois l'avenir sera ce que nous en faisons. Ainsi ce que nous projetons pour la nation est sa véritable identité. Les idéaux que nous chérissons à tord ou à raison en font son éclat.

« J'ai peur d'une société qui est tellement axée sur la compétition, la concurrence... une société qui ose dire : vous devez être des gagnants. Mais qu'est-ce que c'est qu'un gagnant sinon un fabriquant de perdant. Je n'ai pas le droit de fabriquer des perdants. »
Albert JACQUARD

Je propose que la nation française porte haut les valeurs internationales des droits de l'homme (qui, certes, mériteraient d'être rafraichies). Celles-ci sont en accord avec la devise Liberté-Egalité-Fraternité. N'es-ce pas la constitution ?
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François Barberis
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MessageSujet: Re: Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage   Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage EmptySam 21 Jan 2012, 7:33 am

Permettez moi, plutôt que touts ces citations assez virtuelles, de préférer les deux réflexions ci après:

1. Nation et progrès sociale:
la nation est le lieu symbolique où se réalise le progrès social. C'est le point de passage obligé de toute politique sociale.
La politique sociale de transferts hors de la nation ne sera jamais que l'écrasement d'une classe par l'autre
Pour que la politique sociale soit acceptée par toutes les classes, il faut que la contrepartie soit le renforcement de la nation.

2. Nation et paix:
le premier facteur de guerre ce n'est pas la nation en armes.
Le premier facteur de guerre c'est l'absence de nation sur un territoire qui, en rendant ce territoire accessible, attise les appétits des états riverains
Le vide de nation a pour contrepartie l'ingérence étrangère qui conduit au conflit armé.
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MessageSujet: Re: Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage   Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage EmptyDim 22 Jan 2012, 6:20 am

François Barberis : la nation est le lieu symbolique où se réalise le progrès social.

Genesiis : Si vous parlez de lieu (même symbolique) alors ce que vous appelez nation je l'appelle patrie. Ce lieu est lui-même situé au sein de lieux plus vastes tels que les champs des accords d'échanges...

François Barberis : C'est le point de passage obligé de toute politique sociale.

Genesiis : Même pas en France, l'état, bien qu'il en aie l'autorité, ne contrôle pas les contrats de travail.

François Barberis : La politique sociale de transferts hors de la nation ne sera jamais que l'écrasement d'une classe par l'autre

Genesiis : La lutte des classe s'effectue aussi au sein de la "nation" en dépit du théorique ordre républicain.

François Barberis : Pour que la politique sociale soit acceptée par toutes les classes, il faut que la contrepartie soit le renforcement de la nation.

Genesiis : Le renforcement de la nation n'apporterait que le renforcement des autres nations. Pour qu'une politique sociale soit acceptée il suffit de faire croire qu'elle est juste. Alors certes, la propagande peut faire diversion avec des peurs mais difficilement sur le long terme.

François Barberis : le premier facteur de guerre ce n'est pas la nation en armes.
Le premier facteur de guerre c'est l'absence de nation sur un territoire qui, en rendant ce territoire accessible, attise les appétits des états riverains
Le vide de nation a pour contrepartie l'ingérence étrangère qui conduit au conflit armé.

Genesiis : Pour qu'un territoire soit agressé par une nation il faut surtout que le nationnalisme soit armé.
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MessageSujet: Re: Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage   Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage EmptyMer 25 Jan 2012, 4:14 pm

genesiis a écrit:
Genesiis : Pour qu'un territoire soit agressé par une nation il faut surtout que le nationnalisme soit armé.

Les armes circulent assez spontanément... Pas besoin de nation pour ça. Je dirais au contraire qu'une nation tend à réguler et à diminuer la violence sur son territoire. A contrario, les risques d'explosion de la violence au sein des états déliquescents sont bien réels.

Je distingue le nationalisme de la nation. Les concepts sont même contradictoires. La nation régule les nationalismes et non l'inverse. La Yougoslavie est un exemple récent où la disparition de la nation coïncide de fait avec la monté des nationalismes.
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MessageSujet: Re: Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage   Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage EmptyDim 04 Mar 2012, 10:15 pm

Où on essaye ici de répondre à trois questions d'actualité:

La démocratie est-elle une valeur ?
l'UE est-elle une démocratie ?
Faut-il sortir du système de l'€ ?


On a parfaitement raison de dire que l'embryon de démocratie européenne n'a rien généré, car il est dans l'essence même de la démocratie de ne rien créer. La démocratie européenne a simplement permis que les conflits d'intérêts entre les états européens se règlent par la négociation et non plus par le conflit armé. Ce qui est déjà énorme. Mais rien d'autre. Par essence la démocratie "n'est pas un arbre de Noël" (Adam Przeworski) au pied duquel on retrouverait l'égalité des chances, la fraternité, la transparence, la liberté, etc... La démocratie n'est pas une valeur. C'est un processus de règlement par le vote (plus ou moins égalitaire, vote direct ou indirect) et/ou par le débat dans un hémicycle, de conflits d'intérêts latents et de situations de violence qui structurent la société. La démocratie a l'avantage de permettre la conquête du pouvoir politique par le vote, ce qui remplace avantageusement le recours à la violence armée (mais en recourant souvent à la violence économique). Si l'on veut, la démocratie c'est plus rentable pour les affaires que la guerre entre factions rivales luttant pour le pouvoir politique. Pour reconquérir le pouvoir, mieux vaut attendre l'alternance que permet le vote, que d'engager des milices armées.
Pour une société plus juste et plus équitable, il faut aller plus loin que la démocratie. Il faut aller à la Nation, et si possible à la nation républicaine. C'est pourquoi la vraie valeur, c'est bien la nation républicaine. forte et sage, ce n'est pas la démocratie.

Et c'est pourquoi l'UE est un semi-échec. Car la nation européenne n'existe pas et n'existera sans doute jamais, d'autant que l'évolution, voulue par les Anglo-saxons, d'en faire une pure zone (de conflits d'intérêts) économique(s) l'a emporté et a éloigné à jamais cette perspective. Or le cadre naturel de la démocratie, c'est bien la nation.

L'UE aujourd’hui a finalement peu de poids et donc peu d'importance, puisqu'elle ne constitue qu'un cadre de résolution plus ou moins pacifique des rapports entre états européens, situation qui d'ailleurs aurait pu être obtenue sans UE. Mais puisque elle est là, faisons avec. Il coûtera moins cher de la conserver pour ce qu'elle est : un formalisme de résolution des conflits, que de la déconstruire pour la reconstruire de manière différente. Mais je pense que l'UE n'ira guère plus loin que le traité de Lisbonne actuel.

On a de même raison d'écrire que "le vrai pouvoir européen n'est évidemment aujourd'hui ni à la Commission (...) ni au Parlement (...). Encore moins aux mains du "Président" (HvR) qui est caricaturé, à raison, comme servant à servir le café aux Présidents de gouvernements." (Zmodem). Le vrai pouvoir se situe quelque part sur l'axe géographique Paris - Berlin et nulle part ailleurs.

L'UE n'a pas modifié la réalité européenne qui prévaut depuis des décennies : cette réalité c'est la compétition franco-allemande. L'UE a simplement permis que cette compétition, qui est la marque de fabrique de l'Europe, se fasse de manière feutrée. Pour l'instant, l'avantage est à l'Allemagne. Et il est vrai que si l'UE n'avait pas existé, cet avantage aurait peut-être conduit à des tensions géopolitiques.

Quant à l'€, je l'ai déjà dit et écrit : la sortie du système de l'€ équivaudrait à un appauvrissement de 20% de chaque ménage français. Pourquoi ? Ce n'est pas parce que nous aurions quitté l'€ que celui-ci aurait cessé d'exister. Tous nos engagements collectifs extérieurs et internationaux en € continueraient à courir, dont le remboursement de la dette publique en € (1.800 milliards) qu'il faudrait soutenir en
achetant des € avec des francs dévalués de 20%, ce qui veut dire tout simplement 20% de pression fiscale en plus. Ajouter que la sortie de la France "boosterait" l'€ devenue encore plus un mark, et ce n'est pas 20% d'appauvrissement, mais plutôt 30% qu'il faudrait compter. Avec la construction du système de l'€, nous avons brûlé nos vaisseaux. Inutile de penser revenir en arrière. Il nous faut maintenant transformer l'€ à notre avantage.

Évitons donc de perdre du temps avec ce faux débat de la sortie de la France du système de l'€.

Que reste-t-il comme solution ? Je viens de l'écrire : faire évoluer l'€, qui est un clone de l'ancien mark, vers une vraie monnaie gérée paritairement entre les deux seuls pays qui comptent en Europe, la France et l'Allemagne. Donc, cela veut dire pour nous Français, relever le défi allemand et combler le retard pris sur ce puissant pays depuis 10 ans. C'est possible, mais à certaines conditions.

l'une de ces conditions est que les Français acceptent de faire un peu moins le choix du modèle de consommation qu'ils ne l'ont fait depuis 30 ans, et ce quelle que soit leur préférence politique droite-gauche, et un peu plus le choix du modèle d'investissement dans les produits à forte valeur ajoutée. Donc accepter que soit mise en œuvre une politique mixte fiscale-économique qui soit fondée sur le soutien à l'offre et non plus sur le soutien à la demande.

Ce changement de pied aura pour effet immédiat de créer les conditions économiques et fiscales de la relance industrielle, aux conditions supplémentaires de stabiliser la fiscalité, de recentraliser le pays autour du concept de l'INSEE d' "aire urbaine" plus proche de la matérialité socio-économique que les anciens départements et les régions actuels, et de trouver un nouveau paradigme pour enfin sortir le système éducatif de la crise structurelle qu'il connaît depuis 30 ans.


A titre d'exemple, le département de l'Hérault où je demeure peut être considérer comme s'articulant autour 2 aires urbaines majeures : l'aire urbaine de Montpellier-Sète (500 mille
habitants), l'aire urbaine de Narbonne-Béziers (300 mille habitants). Ces deux aires urbaines peuvent remplacer une centaine de structures administratives concurrentes exerçant leur autorité sur le même territoire (départements, communes, syndicats intercommunaux, etc...). Avec l'aire urbaine (80% de la population vit désormais dans une aire urbaine) on n'a plus besoin de départements ou de régions.

Quand j'analyse les propositions des deux candidats NS et FH à l'aune de ces quatre critères (1-politique de l'offre/politique de la demande, 2-stabilisation de la fiscalité, 3-recentralisation du pays, 4-restructuration du système éducatif) , je donne 7/20 au premier et 5/20 au second.

Rien de bien excitant.

Mais on peut toujours progresser.


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MessageSujet: Re: Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage   Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage EmptySam 10 Mar 2012, 3:50 pm

François Barberis a écrit:
Où on essaye ici de répondre à trois questions d'actualité:
La démocratie est-elle une valeur ?
l'UE est-elle une démocratie ?
Faut-il sortir du système de l'€ ?
La démocratie européenne a simplement permis que les conflits d'intérêts entre les états européens se règlent par la négociation et non plus par le conflit armé. Ce qui est déjà énorme.
Ca a juste créer des conflits d'intérêts entre les peuples que l'UE prétend gouverner et les peuples qui rejettent l'idée d'être gouverné par une entité qu'ils ne reconnaissent pas pour les représenter.
Quant à un règlement pacifique, l'Organisation des Nations unies s'en chargeait déjà avant même que l'on sache ce qu'était l'UE.
Une simple question de démocratie aura voulu que l'UE n'accepte "que" les pays qui aient procédé à un référendum contraignant pour leur Gouvernement. A défaut, comme le peuple belge et francais, on peut dire qu'il a été même fait usage de la force pour les contraindre à rejoindre l'UE. ce qui implique qu' à la question "l'UE est-elle une démocratie ?" la réponse est "non" pour le motif précité.

Citation :
Pour une société plus juste et plus équitable, il faut aller plus loin que la démocratie. Il faut aller à la Nation, et si possible à la nation républicaine. C'est pourquoi la vraie valeur, c'est bien la nation républicaine. forte et sage, ce n'est pas la démocratie.
Sauf qu'une "nation" fait référence à une notion de peuple et que les peuples n'en veulent pas pour le motif que l'UE, construite par "la junte politique", cherche manifestement à les priver de leurs droits. En ce sens l'UE n'est pas "un semi-échec" mais bien "un échec tout court" puisque même l'Organisation des Nations unies à rejeté la candidature de l'UE à l'Assemblée des nations. Ce qui signifie en clair que l'Organisation des Nations unies lui a, de cette facon, signifié à l'UE qu'elle n'est pas représentative des peuples qu'elle prétend vouloir gouverner; que l'Organisation des Nations unies ne reconnait pas la validité et la légitimité des actes que l'UE pose, et qu'il est même interdit à l'UE de s'exprimer au noms ces peuples. lol!


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MessageSujet: Re: Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage   Qu'est ce que la Nation : Pour une nation forte et sage EmptySam 10 Mar 2012, 4:19 pm

Citation :
"François Barberis"]Pour une société plus juste et plus équitable, il faut aller plus loin que la démocratie. Il faut aller à la Nation, et si possible à la nation républicaine. C'est pourquoi la vraie valeur, c'est bien la nation républicaine. forte et sage, ce n'est pas la démocratie.
Sauf qu'une "nation" fait référence à une notion de peuple et que les peuples n'en veulent pas pour le motif que l'UE, construite par "la junte politique", cherche manifestement à les priver de leurs droits. En ce sens l'UE n'est pas "un semi-échec" mais bien "un échec tout court" puisque même l'Organisation des Nations unies à rejeté la candidature de l'UE à l'Assemblée des nations. Ce qui signifie en clair que l'Organisation des Nations unies lui a, de cette facon, signifié à l'UE qu'elle n'est pas représentative des peuples qu'elle prétend vouloir gouverner; que l'Organisation des Nations unies ne reconnait pas la validité et la légitimité des actes que l'UE pose, et qu'il est même interdit à l'UE de s'exprimer au noms ces peuples. lol!


François Barberis a écrit:
La démocratie n'est pas une valeur. C'est un processus de règlement par le vote
1. Le mot " valeur" provient du latin classique "valor" et utilisé dès le xiie siècle pour désigner le mérite ou les qualités. Le sens 1er du mot "valeur" désigne par définition une référence à un aspect moral, il est ici employé pour qualifier une chose nommée "démocratie". Par assimilation et par l'usage du sens le mot "démocratie" a évolué afin d'être indissociable de cette notion morale. En, ce sens dire "la démocratie est une valeur" est même "un pléonasme" (Le pléonasme est une figure de style où l'expression d'une idée est soit renforcée soit précisée par l'ajout d'un ou plusieurs mots choisis qui ne sont pas d'abord nécessaires au sens grammatical de la phrase.)
2. La démocratie n'est pas "un système de vote" mais bien "un régime politique dans lequel le peuple est souverain". Quant à l'UE ce n'est pas "un démocratie" mais "une oligarchie" (un petit groupe de personnes qui forment une classe dominante, en ce qui concerne l'UE elle est à la fois "une ploutocratie" - à dominance des plus riches - et une "bureaucratie" -régence administrative)
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