File dans ta chambre !!!

File dans ta chambre!
Wouter Beke
les chroniques18/08/2011 10h03, Vincent Peiffer

Il était une fois un garçon, Wouter Beke, qui comprenait très très lentement. Le 13 juin 2010, le CD&V prenait une giga-rameling au profit de la N-VA.

Arrivé à la tête de son parti, le petit Wouter lançait donc un nouveau projet politique: tout bien faire comme la N-VA. C’est quoi, ton programme, Wouter? "Fastoche: tu prends celui de la N-VA, tu cliques sur copier-coller et tu mets le logo du CD&V. Sauf que nous, attention, on n’est pas séparatistes! Enfin, pas ouvertement: on dit qu’on veut encore être avec les Wallons, mais on demande tout plein de trucs comme la N-VA, donc comme si on se séparait." Et t’es sûr que c’est la meilleure tactique, Wouter? Tu ne crois pas que ça va se voir, que vous êtes un peu hypocrites? "M’en fous! J’irai pas au gouvernement sans la N-VA!"

Pendant quatorze mois, Elio, Johan, Didjé et les autres machin-choseurs royaux tentent de lui expliquer: écoute, gamin, si Bart dit non à tout et que toi tu dis "oui mais non" à tout, ça revient au même, donc les Flamands préféreront la N-VA. "M’en fous!" Quatorze mois et 27 sondages plus tard, le CD&V flirte avec les scores de la Liste Dedecker. Et le roi se fâche: "Bordel, Wouter! Tu mettrais pas un cerveau, des fois?" Le président du CD&V crâne, mais comprend enfin: "Vous voulez qu’on vienne au gouvernement sans Bart? Fallait le dire tout de suite!" Et le CD&V se décide à entrer dans la (future) négo à huit. Sans Bart. C’est bien.

Sauf que le garçon fait encore parfois des crises de N-Véite aiguë. La semaine passée, au 422e jour de crise, Wouter fêtait l’anniversaire de ses 37 ans en s’offrant un petit plaisir: "Un accord sur BHV reste LA priorité du CD&V! BHV d'abord, le budget et le socio-économique ensuite!" C’est un peu fatigant, mais je vais essayer…

Bon, alors, Wouter, est-ce que tu as entendu parler des déficits publics des États, des agences de notation, de la crise de la dette de la Grèce, du Portugal, de l’Italie ou des États-Unis qui affolent les marchés financiers et menacent de tout foutre en l’air? Je sais, c’est con: aujourd’hui, les marchés décident de tout. Mais c’est comme ça. Il y a comme qui dirait le feu au lac financier mondial. Et il y a méga-urgence à calmer les types et les gonzesses des Bourses. Et comment on fait? Non, Wouter, on ne fait pas un accord sur BHV! Le Johnny de chez Standard & Poors ou la Madame Chen qui bosse à la Bourse de Shanghai, ils s’en chtouillent complet de ton BHV et de ta circulaire Peeters.

La Flandre, ils pensent que c’est une danse folklorique et BHV un groupe de rap. Donc, tu piges? Ce qu’ils veulent, les marchés, ce sont des États qui s’occupent de leur dette, donc qui font un budget pour 2012 et qui réorganisent leur économie. Et vite! Tu comprends, Wouter, dans la vie, il y a des priorités absolues.

C’est un peu comme en Syrie: quand un char de Bachar el-Assad déboule dans une rue, les manifestants se préoccupent assez peu de savoir si leur brushing est bien en place. Parce qu’il y a urgence! Donc voilà, Wouter, t’as bien tout noté? On fait d’abord un budget et du socio-éco. Après, si ça t’amuse, tu joueras à BHV. Et maintenant, file dans ta chambre!
vincent.peiffer at moustique.be

Cher Frans Rat,

Doit-on d'autre part céder aux caprices des agences de notations et saloper un accord sur BHV au détriment des Francophones de la périphérie bruxelloise pour sauver les excellences de la Bande des Quatre ainsi que le trône de SM Albert-II en personne ?

Sûrement pas, Stans. Tu as très bien résumé le problème, et d'ailleurs sur le plan économique la Belgique sans gouvernement s'en sort mieux que ses voisins. Je suis d'ailleurs très choqué par le pouvoir de ces agences de notation, des structures incontrôlables par la démocratie qui dictent leur loi aux Etats, mais c'est un autre débat. Je suis en tous cas très heureux que la note Di Rupo ait été refusée par les Flamands.
Comme disait Churchill, "vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur, vous aurez la guerre et le déshonneur".

En 1950, la Belgique était avec la Suisse le seul pays du monde à ne pas être endetté. Le problème, c'est que le taux des intérêts de la dette est calculé en fonction de l'indice de confiance accordé par ces agences...

A mon sens, un accord sur BHV ne peut être obtenu sans élargissement de Bruxelles et referendum linguistique dans la périphérie.

Frans Rat a écrit:

Sûrement pas, Stans. Tu as très bien résumé le problème, et d'ailleurs sur le plan économique la Belgique sans gouvernement s'en sort mieux que ses voisins.

Il n'y a donc pas péril en la matière pour former à n'importe quel prix un gouvernement : appliquons donc la "Règle d'Or" chère au couple franco-germanique avec le gouvernement en affaires courantes !

Frans Rat a écrit:

A mon sens, un accord sur BHV ne peut être obtenu sans élargissement de Bruxelles et referendum linguistique dans la périphérie.

Laissons mûrir les négociations jusqu'en 2014 s'il le faut quitte à ce que la Flandre prenne son indépendance sans Bruxelles.

Stans a écrit:

Laissons mûrir les négociations jusqu'en 2014 s'il le faut quitte à ce que la Flandre prenne son indépendance sans Bruxelles.

Je ne suis pas contre, loin de là, mais je crains les Munichois wallons (et particulièrement EDR qui se voit bien premier ministre).