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| L'Amérique prête à soutenir Israël face à l'Iran ? | |
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Stans Fondateur
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| Sujet: L'Amérique prête à soutenir Israël face à l'Iran ? Lun 03 Sep 2012, 11:52 am | |
| Source : http://www.lalibre.be/actu/international/article/758403/israel-ne-pourra-pas-agir-seul.html
"Israël ne pourra pas agir seul"
Entretien Vincent Braun
Mis en ligne le 03/09/2012
Pour Michel Liégeois, l’Etat hébreu n’est pas capable de soutenir une campagne de frappes sur l’Iran. Et Israël fait du bruit pour glaner le soutien américain.
Israël n’a jamais autant parlé de frapper les sites nucléaires iraniens suspectés de participer à un programme nucléaire militaire. Et de l’imminence de l’attaque. On distribue des masques à gaz à la population on teste des systèmes d’alerte par SMS. "On en parle comme si cela pouvait se produire à l’automne" , relève Michel Liégeois, professeur de relations internationales à l’UCL et membre du Centre d’études des crises et des conflits internationaux (Cecri).
Israël est-il capable de mener ces frappes contre l’Iran ?
Israël ne pourra pas agir seul. Il devra d’une manière ou d’une autre s’appuyer sur des moyens américains, non seulement techniquement pour réaliser plusieurs frappes, mais aussi pour les poursuivre durant plusieurs mois ou années, au fur et à mesure que l’Iran reconstituera ses installations, toujours mieux protégées, mieux camouflées. Dans ces conditions-là, on peut parler non plus de quelques frappes chirurgicales mais d’une vraie campagne. Et cela, Israël n’est absolument pas capable de l’assumer.
Pourquoi Israël fait-il mine de vouloir y aller, quitte à y aller seul ?
Je serais très surpris qu’Israël prenne le risque d’attaquer seul. Au-delà des risques de riposte, les inconvénients politiques sont beaucoup trop importants. Mais cela peut avoir un sens de vouloir donner l’impression qu’en dernière extrémité on serait prêt à le faire et qu’en tout état de cause on s’y prépare.
Rendre cette option aussi crédible que possible, ne serait-ce qu’aux yeux des personnes peu informées des enjeux. Tout ce à quoi on assiste pour le moment est dirigé vers l’opinion publique israélienne et américaine. Avec pour objectif de chercher des effets politiques, à la fois en interne et dans le cadre des élections américaines.
Israël fait monter la tension pour obtenir un soutien américain ?
Ce qu’Israël souhaiterait c’est une déclaration solennelle du président Obama ou du futur président qui s’engagerait à recourir à la force dès lors que l’Iran atteindrait le seuil nucléaire. Cela garantirait qu’Israël, s’il doit agir, n’agira pas seul. Et cela aurait de bonnes chances d’avoir un effet dissuasif sur l’Iran. Jusqu’ici, ce pays s’est plus ou moins accommodé des sanctions mais on peut se demander s’il est prêt à aller jusqu’à la guerre pour cela.
L’enjeu de ces frappes n’est-il pas aussi d’affaiblir l’ennemi ?
La dernière chose à faire pour affaiblir l’Iran est de le bombarder. Le pays est affaibli par plusieurs années de sanctions économiques. Il est en passe de perdre un allié important dans la région avec la chute du régime en Syrie. En lui offrant une guerre, on provoque l’unité nationale. Ce qui aurait l’effet inverse de l’affaiblissement recherché. Mais si on dispose de renseignements absolument fiables qui montrent que l’Iran a pris définitivement sa décision, qu’il veut devenir une puissance nucléaire et que ce n’est plus qu’une question de semaines, alors on peut penser qu’il y a une certaine rationalité à prévenir ce risque. Parce qu’un Iran nucléaire devient intouchable. Avec ce statut, on n’est plus sujet aux menaces, au chantage ou à la pression extérieure.
Un Iran nucléaire renforcerait aussi son poids géopolitique…
L’Iran verrait son statut rehaussé. A la limite, il pourrait devenir candidat à un siège de membre permanent au sein du Conseil de sécurité. Et dans la géopolitique régionale, c’est une sorte d’"upgrade" de l’Iran en tant que fer de lance de l’islam chiite, face à l’Arabie saoudite, son rival de l’islam sunnite. Pour le moment, il y a une sorte d’asymétrie. L’Arabie saoudite bénéficie du soutien américain. Si l’Iran devient une puissance nucléaire, on rééquilibre un peu la balance : l’Iran retrouve un prestige et une capacité d’action régionale qu’il a perdus et qu’il est en train de perdre avec ce qui se passe en Syrie. Plus qu’une bombe dirigée contre Israël, c’est la bombe chiite. Et toutes les bases américaines de la région ne constitueront plus une menace pour l’Iran.
D’habitude, ces opérations sont secrètes…
En 1981, Israël avait déjà détruit des installations nucléaires, le réacteur expérimental d’Osirak, en Irak, dans le plus grand secret. Pour ce genre d’opérations, les militaires préfèrent un minimum de discrétion et de secret plutôt que d’annoncer dans la presse que des avions vont décoller pour aller bombarder des cibles clairement identifiables donc facilement défendables. Donc militairement cela ne tient pas la route.
Des frappes pourraient-elles tout de même avoir lieu ?
Deux éléments pourraient faire que les frappes aient lieu quand même. Premier élément : c’est l’effet Rubicon. Quand on franchit une certaine ligne, alors qu’on n’a pas trop l’intention d’utiliser la force militaire, quand on en parle trop, on finit par se piéger soi-même. On n’a plus d’autre choix que de mettre en œuvre la force militaire sous peine de perdre toute crédibilité. A ce moment-là, c’est une guerre qui est déclenchée par défaut.
Israël pourrait-il se passer du soutien militaire américain ?
Oui. Pour quelques frappes symboliques, qui n’auraient pas d’effet durable sur le programme nucléaire iranien. Les installations les plus critiques qui constituent les cibles sont bien protégées, enfouies dans le sol. Donc, il faudrait des bombes spéciales, capables de pénétrer dans le sol. Et il faudrait probablement plusieurs raids simultanés sur plusieurs sites différents. Il faudrait aussi des systèmes de ravitaillement en vol parce que les distances à parcourir excèdent l’autonomie des avions. L’Iran possède aussi une défense antiaérienne qui n’est pas négligeable. Et si on entame une campagne de frappes, il faut au préalable détruire ce système antiaérien, détruire les centres de contrôle, les centres de tirs de missiles antiaérien. Tout cela prend du temps, nécessite du matériel assez sophistiqué.
Autant Israël est une armée moderne qui peut vaincre n’importe quelle armée de la région dans une bataille conventionnelle terrestre, autant une campagne aérienne basée sur des munitions de haute technologie et des systèmes de repérage par satellite, et à réaliser sur une longue durée, cela Israël n’en a pas les moyens. | |
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