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| Le génocide arménien | |
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Stans Fondateur
Nombre de messages : 16069 Age : 72 Localisation : Bruxelles - Département de la Dyle Langue : français Emploi/loisirs : histoire, politique Date d'inscription : 10/03/2006
| Sujet: Le génocide arménien Ven 02 Juin 2006, 10:25 pm | |
| Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9nocide_arm%C3%A9nien Le génocide arménien - Citation :
- De 1915 à 1917, au cours de la Première Guerre mondiale, le gouvernement Jeunes Turcs de l'Empire ottoman a déporté et tué une large part de la population arménienne.
Ces tueries, fréquemment désignées comme le génocide arménien, sont aujourd'hui unanimement reconnues et l’Arménie (soutenue par de nombreux pays et instances) réclame qu’on admette leur caractère génocidaire. La Turquie, qui ne nie pas les massacres, en conteste l'ampleur et rejette la qualification de « génocide ».
La question de la reconnaissance de ce génocide a été ravivée à l'occasion de la décision d'ouverture de négociations entre l'Union européenne et la Turquie, en vue d'une adhésion éventuelle de celle-ci. L'UE a reconnu le génocide arménien (cf. JO C 190 du 20 juillet 1987). Cette question est fréquemment abordée lors des débats concernant la conformité de la politique de l'État turc avec les valeurs morales de l'Union Européenne et en particulier, son attachement au respect des droits de l'homme.
EVENEMENTS ANTERIEURS
Population arménienne dans l'empire ottoman avant 1915 Patriarcat arménien : 3 000 000 d'Arméniens selon les statistiques apportées par la délégation arménienne au congrès de Berlin (1878). En 1882, le patriarcat arménien établit une nouvelle statistique : 2 660 000. À la veille de la Première Guerre mondiale, donc après les massacres hamidiens, de Cilicie, et après plusieurs vagues d'émigration, les sources du patriarcat arménien permettent d'établir une population arménienne d'environ 2 100 000 Arméniens.
Statistiques officielles ottomanes (recensement) : Le recensement de 1844 porte à près de 2 millions le nombres d’Arméniens pour la seule Turquie d’Asie. En 1867, le gouvernement ottoman fait publier le nombre de 2 millions d’Arméniens en Turquie d’Asie et 400 000 en Turquie d’Europe, soit un total de 2 400 000 ; suite aux traités de San Stefano et de Berlin, où les Arméniens et leur poids démographique deviennent un sérieux problème (pour la première fois est évoquée leur possible autonomie), le gouvernement ottoman présentera alors des nombres réduits de près de la moitié, soit 1 160 000 - 1 300 000
H. Pasdermadjian (arménien) : 2 100 000 R. Hovanissian (arménien) : 1 500 000 - 2 000 000 Ludovic de Contenson : 1 400 000 C. Walker (auteur pro-arménien) : 1 500 000 - 2 000 000 Clair Price : 1 500 000 A. Powell : 1 500 000 Lynch : 1 325 000 V. Cuinet : 1 475 000 (Turquie d’Asie, Turquie d'Europe exclue) Encyclopedia Britannica (édition de 1910) : 1 500 000 ; édition actuelle : 2 000 000 Justin McCarthy : 1 698 301 (source :Muslims and Minorities, The population of the Ottoman Armenians).
Massacres hamidiens, 1894-1896
Les massacres hamidiens constituent la première série d'atrocités génocidaires perpétrées contre les Arméniens de l'Empire Ottoman. Ils eurent lieu sous règne du Sultan Abdul Hamid II, connu en Europe sous le nom du « Sultan Rouge » ou encore du « Grand Saigneur », qui ordonna des massacres suite aux révoltes des Arméniens. Le nombre des victimes arméniennes serait d'environ 200 000.
Massacres de Cilicie (d'Adana), 1909
Prélude du « génocide arménien », les massacres de Cilicie (ou d'Adana) eurent lieu entre le 14 et 27 avril 1909. Ils s'étendirent aux zones rurales ciliciennes et à différentes villes : Adana, Hadjin, Sis, Zeïtoun, Alep, Dört Yol. Environ 30 000 Arméniens y laissèrent leur vie, dont 20 000 dans le seul vilayet d'Adana.
Les troupes constitutionnelles ottomanes participèrent aux massacres. M. Pichon, ministre des Affaires étrangères, portera l'accusation à la Chambre française, séance du 17 mai 1909 : « Il est arrivé malheureusement que des troupes qui avaient été envoyées pour prévenir et réprimer les attentats y ont, au contraire, participé. Le fait est exact.»
DEROULEMENT, CHRONOLOGIE
Contexte
Le 1er novembre 1914, après avoir été depuis août sollicité par l'Allemagne, l'Empire ottoman entre dans la Guerre mondiale au côté des Puissances centrales. De nouveaux fronts s'ouvrent alors, l'un sur la frontière caucasienne avec la Russie. La 3e armée ottomane qui s'est engouffrée sans préparation logistique en Transcaucasie, est écrasée en janvier 1915, à Sarikamish. Frustrés par cette défaite, les dirigeants du parti Union et Progrès - on les appelle en Europe les « Jeunes Turcs » - décident de profiter de l'opportunité de la guerre pour résoudre définitivement par l'extermination des Arméniens la « Question arménienne » (Ermeni sorunu) qui, depuis le congrès de Berlin de 1878, est l'un des points les plus épineux de la « Question d'Orient ».
En outre, animés par une idéologie nationaliste turquiste et panturquiste, ils voient dans les Arméniens un obstacle majeur à leur unification ethnique en Anatolie et à leur expansion dans les pays de langue turque d'Asie centrale.
La justification avancée est qu’il s’agit d’une réaction face aux désertions d’Arméniens qui eurent lieu dans certaines régions (en partie à cause des conditions infligées aux chrétiens dans l’armée ottomane), mais surtout face aux quelques actes localisés de résistance :
le cas le plus important, Van, sera présenté par le gouvernement comme une révolution, un soulèvement, version démentie par tous les rapports des témoins italiens, allemands ou américains (consuls, missionnaires, enseignants..) qui expliquent que les Arméniens ont organisé une défense de la ville pour éviter de subir un massacre.
Les massacres
En février 1915, le comité central du parti et des ministres du cabinet de guerre, Talaat et Enver en particulier, mettent secrètement au point un plan de destruction qui sera exécuté dans les mois suivants. Il est présenté officiellement comme un transfert de la population arménienne - que le gouvernement accuse de collaborer avec l'ennemi russe - loin du front. En fait, la déportation n'est que le masque qui couvre une opération d'anéantissement de tous les Arméniens de l'Empire, comme le prouve l'examen des faits.
La première mesure est le désarmement des soldats arméniens enrôlés dans l'armée ottomane. Ils sont employés à des travaux de voirie ou de transport et, au cours de l'année 1915, éliminés par petits groupes. Puis les Jeunes Turcs, à la recherche des preuves d'un complot arménien, procèdent à des perquisitions et à des arrestations qui frappent en premier lieu les notables de Constantinople, arrêtés les 24 et 25 avril.
La destruction des populations arméniennes est opérée en deux phases successives : de mai à juillet 1915 dans les sept provinces - vilayet - orientales d'Anatolie - Erzurum, Van, Bitlis, Diyarbakır, Karput, Sivas, Trébizonde - où vivent près d'un million d'Arméniens, et qui sont plus ou moins proches du théâtre de la guerre ;
puis à la fin de 1915, dans les autres provinces de l'Empire éloignées du front - ce qui enlève toute vraisemblance à l'accusation de collaboration avec l'ennemi.
Dans les provinces orientales, l'opération se déroule en tous lieux de la même manière. Les séquences se déroulent systématiquement dans les villes et les bourgs : - perquisitions dans les maisons des notables civils et religieux ; - arrestation de ces notables ; - tortures pour leur faire avouer un prétendu complot et des caches d'armes ; - déportation et exécution des prisonniers à proximité de la ville ; - publication d'un avis de déportation ; - séparation des hommes qui, liés par petits groupes, sont exécutés dans les environs de la ville ; - évacuation de la totalité de la population arménienne répartie en convois de femmes, d'enfants et de personnes âgées qui quittent la ville à intervalles réguliers, à pied, avec un maigre bagage ; - enlèvement dans le convoi de femmes et d'enfants conduits dans des foyers musulmans ; - décimation régulière des convois par les gendarmes chargés de les escorter, des bandes kurdes ou des miliciens recrutés à cette fin.
Seules quelques milliers de personnes survivent à cette déportation. Dans les villages, à l'abri des témoins, tous les Arméniens sont tués, à l'exception de quelques femmes ou enfants enlevés. Dans les vilayet de Bitlis et de Diarbékir, presque tous les Arméniens sont assassinés sur place.
Dans le reste de l'Empire, le programme prend les formes d'une déportation, conduite par chemin de fer sur une partie du parcours, les familles restant parfois réunies. Les convois de déportés convergent vers Alep, en Syrie, où une Direction générale de l'installation des tribus et des déportés les répartit selon deux axes :
au sud, vers la Syrie, le Liban et la Palestine - une partie survivra ; à l'est, le long de l'Euphrate, où des camps de concentration, véritables mouroirs, sont improvisés. Les déportés sont peu à peu poussés vers Deir-es-Zor. Là, en juillet 1916, ils sont envoyés dans les déserts de Mésopotamie où ils sont tués par petits groupes ou meurent de soif.
Les derniers regroupements de déportés le long du chemin de fer de Bagdad, à Ras-ul-Aïn, à Intilli sont, eux aussi, détruits en juillet 1916. Seuls survivent un tiers des Arméniens : ceux qui habitaient Constantinople et Smyrne, les personnes enlevées, les Arméniens du vilayet de Van, sauvés par l'avance de l'armée russe et quelques 100 000 déportés des camps du sud.
BILAN DES MASSACRES
Les faits sont connus dès mai 1915 par les rapports de diplomates neutres et de témoins appartenant aux nombreuses missions, écoles et hôpitaux présents dans l'Empire ottoman. La presse de l'époque, en particulier aux États-Unis et au Canada, se fait l'écho de l'indignation soulevée par ces révélations.
Après la guerre, le régime jeune-turc ayant disparu depuis octobre 1918, des procès montrent la réalité des massacres et révèlent l'existence d'une organisation criminelle, l'Organisation spéciale, qui a orchestré les destructions de la population arménienne.
Lorsqu'à la fin de 1916, les observateurs font le bilan de l'anéantissement des Arméniens de Turquie, ils peuvent constater qu'à l'exception de 300 000 Arméniens sauvés par l'avancée russe et de quelque 200 000 habitants de Constantinople et de Smyrne qu'il était difficile de supprimer devant des témoins, il ne persiste plus que des îlots de survie :
des femmes et des jeunes filles enlevées, disparues dans le secret des maisons turques ou rééduquées dans les écoles islamiques comme celle que dirige l'apôtre du turquisme Halide Edip ;
des enfants regroupés dans des orphelinats pilotes ; quelques miraculés cachés par des voisins ou amis musulmans ; ou, dans des villes du centre, quelques familles épargnées grâce à la fermeté d'un vali ou d'un Kaïmakan. Au total, de 1 200 000 à 1 500 000 victimes.
EVENEMENTS POSTERIEURS
Procès des Unionistes, Constantinople, 1919. Les principaux responsables du génocide y sont condamnés à mort... par contumace, ayant pris la fuite en 1918, juste après avoir détruit la plupart des documents incriminants. La cour martiale établit la volonté des Unionistes d'éliminer physiquement les Arméniens, via son Organisation spéciale. Voici sa conclusion : « Immédiatement après la mobilisation du 21 juillet 1914, le Comité central du parti Union et Progrès avait constitué un Techkilat-i Mahsoussé (nom turc de l'Organistion spéciale) qui était entièrement différent dans ses buts et sa composition du Techkilat-i Mahsoussé déjà existant.
Par ordre des ministères de l'Intérieur et de la Justice, ce même Techkilat-i Mahsoussé accepta les condamnés relâchés que le Techkilat-i Mahsoussé dépendant du ministère de la Guerre refusait d'incorporer. Lorsque des détenus étaient libérés... ils étaient ensuite utilisés pour piller et détruire les convois de déportés arméniens. »
Dernière édition par le Mer 26 Juil 2006, 3:56 pm, édité 1 fois | |
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| Sujet: Le génocide arménien Ven 02 Juin 2006, 10:26 pm | |
| - Citation :
- Traité de Sèvres
Signé le 10 août 1920 par les puissances parties prenantes (Empire britannique, France, Japon, Italie), et les États alliés représentés par l'Arménie, la Belgique, la Grèce, le Hedjaz, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Tchécoslovaquie et l'État serbe Croate-Slovène. La cérémonie s'est déroulée dans la grande salle qui abrite actuellement le Musée de la Porcelaine à Sèvres. Parmi les principales dispositions de ce Traité, on notera deux articles concernant la République arménienne :
Art. 88 : « La Turquie déclare reconnaître, comme l'ont déjà fait les puissances alliées, l'Arménie comme un État libre et indépendant » ;
Art. 89 : « La Turquie et l'Arménie, ainsi que les Hautes Parties contractantes, conviennent de soumettre à l'arbitrage du Président des États-Unis d'Amérique, la détermination de la frontière entre la Turquie et l'Arménie, dans les vilayets d'Erzeroum, Trébizonde, Van et Bitlis, et d'accepter sa décision, ainsi que toutes les dispositions qu'il pourra prescrire relativement à l'accès de tout territoire ottoman adjacent ».
Le mandat d'exécution des dispositions relatives à la République arménienne est confié aux États-Unis d'Amérique. À son retour, le Président Woodrow Wilson se heurte à l'opposition d'une majorité de sénateurs américains qui, sous l'impulsion du sénateur Cabot Lodge, refusent la ratification du Traité de Sèvres et partant, le mandat américain sur l'Arménie.
Procès Téhlirian, 1921
Le 15 mars 1921, Talaat pacha, le grand ordonnateur de l'extermination des Arméniens, est abattu d'une balle de revolver dans une rue berlinoise. Le tireur est arrêté sur les lieux du crime. Il s'agit d'un jeune arménien de 23 ans, Soghomon Tehliran, survivant du génocide au cours duquel il perdit sa mère et toute sa famille. Il faisait sans doute partie du groupe « Némésis » qui avait décidé d'exécuter la sentence de mort par contumace du procès des Unionistes. Il est jugé peu de temps après, le 2 et 3 juin 1921, par le Tribunal de Première Instance de Berlin.
Les témoignages de Tehlirian, de Christine Terzibashian, Johannes Lespius ou même du général Liman von Sanders, ainsi que les documents retenus, parmi lesquels 5 télégrammes chiffrés adressés par Talaat à Naïm Bey, documents qu'a fait parvenir Andonian au tribunal, donnant une nouvelle dimension au procès, où le crime génocidaire de Talaat et des Jeunes-Turcs est à son tour mis en accusation.
L'authenticité des documents Andonian a été depuis mise en cause par les historiens turcs Orel et Yuca, authenticité pourtant réaffirmée ensuite par l'historien arménien Dadrian. Le tribunal acquitte Soghomon Tehlirian. Le procès est retentissant et son issue est interprétée comme une condamnation des responsables du génocide.
Traité de Lausanne : signé en juillet 1923
L'Arménie n'y est plus mentionnée. L'historien H.-L. Kieser commente : « Pour les perdants aussi bien que pour les humanitaires internationaux, l’ombre de la Conférence était écrasante. Le Traité acceptait tacitement les faits de guerre : le génocide des Arméniens ottomans, le massacre d’Assyriens ottomans, la déportation de Kurdes ottomans (1915-1916) et l’expulsion des Ottomans gréco-orthodoxes (1914 et 1919-1922), commise au profit de la turquification de l’Anatolie.
Le nouveau gouvernement d’Ankara cachait à peine sa naissance au sein du parti jeune-turc, directement responsable des crimes perpétrés entre 1914-1918. Le Traité complétait les faits de guerre par un transfert de populations jusqu’alors inouï, celui de Grecs musulmans (356 000) et d’Ottomans anatoliens de confession orthodoxe (290 000, avec ceux déjà expulsés comptant environ 1,5 million de personnes).
Avec quatre générations de retard, on a tout récemment commencé à déplorer publiquement ce transfert, même en Turquie. Pour ce qui est des crimes antérieurs, le négationnisme et l’apologie parfois grotesques, mais tacitement autorisés par le Traité, prévalent toujours largement. »
LA RECONNAISSANCE DU GENOCIDE
Les enjeux
Au-delà des implications morales et psychologiques, aussi bien pour les États que pour les descendants des populations impliquées, la reconnaissance officielle d'un génocide en 1915-1916 ouvrirait la voie à des dommages et intérêts que la Turquie ne veut pas concéder : - indemnisation pour le préjudice humain, moral et matériel (une centaine de milliards de dollars) ; - restitution des territoires attribués par le traité de Sèvres (dont une partie appartient aujourd'hui à la Turquie, à l’Azerbaïdjan et à la Géorgie).
La position turque
Position officielle Aujourd'hui (2005), la République turque refuse de reconnaître l'existence d'un « sözde ermeni soykm » (« prétendu génocide arménien »). L'argumentation en défaveur de la reconnaissance de la qualification de génocide repose essentiellement sur trois axes :
- une contestation de l'ampleur du nombre de victimes (évalué entre 300 000 et 500 000 alors que les estimations arméniennes sont de 1 500 000 morts) ; - la remise en cause de l'existence d'une préméditation ; - l'indignation face à l'occultation des représailles des milices arméniennes sur les populations civiles turques. Le gouvernement turc condamne vivement toute reconnaissance du génocide par des gouvernements ou parlements étrangers. L'article 312 du code pénal sur l'incitation à la haine religieuse ou raciale rend passible de cinq années de prison toute personne évoquant publiquement le génocide [1]. En outre, le nouveau code pénal, censé rapprocher la Turquie des standards européens en termes de droits de l’homme a été dénoncé par plusieurs organisations internationales dont Reporters sans frontières [2] et Amnesty International [3], notamment à cause de son article 305 qui punirait de 3 ans à 10 ans de prison et d'une amende tous « actes contraires à l’intérêt fondamental de la nation ». La peine pouvant être étendue à 15 ans de prison si cette opinion est exprimée dans la presse. Des notes explicatives du projet indiquaient que cela pourrait entre autres, s'appliquer aux revendications concernant le génocide arménien. Le parlement anglais a pour sa part considéré qu’aucune mention du « génocide arménien » n’était faite dans cet article du code pénal.
Jusqu'à un passé récent, les faits n'étaient pas évoqués dans les manuels d'Histoire scolaires. Cependant, depuis 2003, une circulaire du ministère de l'Éducation invite les enseignants à « dénoncer les prétentions des Arméniens ». Le Ministère de la culture défend sur son site internet la version officielle de l'Histoire et selon un rapport du parlement français, subventionne de nombreux sites internet défendant cette thèse.
En avril 2005, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdoan a proposé au président arménien Robert Kotcharian de mettre en place une commission d'historiens. Malgré cette proposition, Cemil Çiçek, porte-parole du gouvernement turc et ministre de la Justice a parlé de « trahison » et de « coups de couteau dans le dos de la nation turque », à propos d' historiens universitaires turcs (non acquis à la thèse officielle turque) qui voulaient participer à un colloque traitant des « Arméniens ottomans au moment du déclin de l'Empire » organisé en mai 2005 qui aurait du avoir lieu dans des universités turques.
Le ministre arménien des Affaires étrangères Vardan Oskanian avait répondu en voyant dans la proposition de création de commission de la Turquie une volonté de « réécrire son histoire de manière éhontée et de vouloir la propager dans les autres pays ». . Il faut par ailleurs noter qu'à l'époque, il s'agit encore de l'Empire ottoman et non de la République turque, mais que celle-ci empêche toujours les historiens de faire leur travail, car elle n'a toujours pas ouvert les archives ottomanes de cette époque.
Opinion publique turque
Une information libre et objective sur le sujet est impossible en Turquie. Ainsi, lorsque l’écrivain Orhan Pamuk a déclaré en 2005 au Temps qu'« un million d'Arméniens et 30 000 Kurdes ont été tués en Turquie », un sous-préfet de Sütçüler (région d'Isparta, au sud-ouest) a ordonné la destruction de tous ses livres .
L’opinion publique n’a généralement accès qu’à la version officielle concernant ces massacres du début du siècle et rejette massivement la qualification de génocide. De nombreux intellectuels et la plupart des historiens turcs soutiennent cette thèse.
Néanmoins, certains intellectuels, personnalités, militants des droits de l'homme ou professeurs turcs s'inscrivent en faux contre la version historique établie par Ankara. Parmi les universitaires, citons :
Taner Akçam qui considère que les coupables du génocide font partie des fondateurs de la République de Turquie née sept ans plus tard et que le gouvernement turc ne peut donc pas « accepter que parmi “les grands héros qui ont sauvé la patrie” certains ont été des assassins » ;
Halil Berktay (Professeur à l'Université d'Istanbul) qui n'hésite pas à qualifier de « berceuses » les thèses d'Ankara, ajoutant qu' « il y a des tonnes de documents prouvant la triste réalité. » ;
Ahmet nsel (Universités de Paris I et Galatasaray) qui dénonce notamment, selon ses propres mots, le « délire négationniste » qui règne en Turquie, et qui se traduit selon lui par la négation de la souffrance arménienne, le refus de reconnaître les intentions génocidaires d'une partie des Unionistes au pouvoir, et enfin par les accusations contre les Arméniens ; Fikret Adar (voir sa contribution au colloque organisé par le CDCA, « L'actualité du génocide des Arméniens ») ;
Altan Gökalp, Engin Akar; ou encore Fatma Müge Göçek.
Les défenseurs des droits de l'Homme sont nombreux, mais mentionnons particulièrement Ali Ertem (et toute son association SKD contre le crime de génocide, « Soykrim Kartlar; Dernei »), Bülent Peker (Fondation turque des Droits de l'Homme) ou Zarakolu (surnommée « Mère Courage » par les Arméniens). Des livres et des expositions sur la communauté arménienne voient le jour et recontrent un certain succès, ce qui semble indiquer une évolution des mentalités.
Néanmoins, selon les sondages, 80% des Turcs pensent que leur pays devrait rompre les négociations d'adhésion avec l'Union européenne si celle ci exigeait la reconnaissance du génocide.
La communauté internationale
La première reconnaissance est intervenue le 16 avril 1984 par le Tribunal permanent des peuples. La sous-commission des droits de l'Homme de l'ONU (29 août 1985), le Parlement européen (18 juin 1987) et le Conseil de l'Europe (déclaration écrite de l'assemblée parlementaire le 24 avril 1998) ont reconnu le génocide.
Le génocide des Arméniens a été en outre reconnu par les pays suivants :
2000 : Le parlement libanais a reconnu le génocide à la quasi unanimité le 11 mai 2000 ; 2001 : La France a officiellement reconnu le génocide arménien par la loi du 29 janvier 2001 ; 2003 : Le Conseil national suisse a rejeté un texte dans ce sens le 13 mars 2001, avant d'adopter un postulat de reconnaissance du génocide le 16 décembre 2003 contre l’avis du Conseil fédéral ; 2004 : les Pays-Bas (21 décembre) ; la Slovaquie (30 novembre) ; le Canada (21 avril) ; 2005 : la Pologne (19 avril 2005) ;
la Douma d'État de la Fédération de Russie a adopté le 22 avril une résolution demandant la reconnaissance du génocide par toute la communauté internationale.
Plusieurs pays ont pourtant refusé de considérer les massacres arméniens comme un génocide. Sans remettre en cause l’atrocité ou l’ampleur des faits, ces pays ne considèrent pas qu’ils répondent à la définition d’un génocide. C’est par exemple le cas du Royaume-Uni et d’Israël.
La question de la reconnaissance officielle du génocide est en outre très politisée. Les partisans de la reconnaissance considèrent que les pays la refusant cherchent uniquement à préserver de bonnes relations avec la Turquie. Les opposants considèrent que les pays ayant reconnu le génocide ont cédé à la pression d’influentes communautés arméniennes.
EN SAVOIR PLUS
http://www.herodote.net/histoire04240.htm
http://www.monde-diplomatique.fr/2001/07/AKCAM/15341
http://denisdonikian.blog.lemonde.fr/
http://ermeni.org/index_fr.htm
DEFENSE DE LA CAUSE ARMENIENNE
http://www.cdca.asso.fr/cdca/cdca-cause_armenienne.htm
http://www.imprescrïptible.fr/
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