BHV : Jour J ! (19-4-2010)

Source : http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gMCq4LNSQspifrje9dB9WdUh0y1g

La Belgique tente d'éviter une crise interne avant la présidence de l'UE



De Philippe SIUBERSKI (AFP) – Il y a 8 heures

Citation :

BRUXELLES — Les partis politiques belges tentent cette semaine de régler un dossier crucial dans le conflit linguistique qui oppose les francophones aux néerlandophones, afin d'éviter de polluer la présidence de l'UE que le pays doit bientôt assurer.

L'ancien Premier ministre Jean-Luc Dehaene, chargé l'an dernier par le roi Albert II de travailler à des propositions clé destinées à apaiser les tensions entre néerlandophones et francophones, a été reçu lundi à Bruxelles par le souverain belge.
Il devait présenter dans la soirée sa "proposition de fond" aux présidents des cinq partis de la majorité (libéraux et chrétiens-démocrates flamands francophones et néerlandophones et socialistes francophones) et à ceux de deux formations de l'opposition, les écologistes flamands et francophones.
Cette proposition, dont le contenu n'a pas été dévoilé, doit servir de base "à la négociation qu'ils mèneront sur des problèmes institutionnels et plus particulièrement celui de Bruxelles-Hal-Vilvorde", a indiqué M. Dehaene.
Si les idées de M. Dehaene sont favorablement accueillies, le Premier ministre Yves Leterme pourrait les présenter dès jeudi à la Chambre des députés.
La question de l'arrondissement bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde (dit BHV) est depuis plusieurs années au centre du conflit politique et linguistique entre les Flamands néerlandophones du nord de la Belgique, majoritaires (60% de la population), et les francophones de Bruxelles et du sud.
Les Flamands exigent la scission de BHV, qui octroie aux quelque 100.000 francophones vivant dans la périphérie flamande de Bruxelles des droits linguistiques spécifiques, comme celui de voter pour des candidats francophones aux législatives ou d'avoir droit à des procédures judiciaires dans leur propre langue.
Les partis néerlandophones estiment que la Flandre est une région unilingue et que les francophones qui décident de s'y installer doivent s'intégrer.
En novembre 2007, ils ont voté à l'unanimité, en commission parlementaire, une proposition de loi scindant BHV sans aucune contrepartie. Depuis, les francophones ont réussi à empêcher un vote en séance plénière, mais leurs ultimes recours arrivent bientôt à échéance.
En l'absence de solution négociée, un vote de la majorité flamande contre la minorité francophone, alors inévitable dans les prochaines semaines, entraînerait la chute du gouvernement et une crise sans doute plus grave que celle de 2007-2008, durant laquelle l'existence même du royaume avait semblé menacée.
La situation tournerait au cauchemar pour les dirigeants belges puisque le pays doit prendre le 1er juillet la présidence semestrielle de l'UE.
Selon plusieurs journaux, Jean-Luc Dehaene propose que les habitants francophones de certaines communes de la périphérie flamande de la capitale puissent continuer à voter pour des candidats francophones lors des élections.
Le médiateur souhaite globalement que les francophones obtiennent des compensations "suffisamment honorables pour faire passer l'amère pilule de la scission", explique le quotidien La Libre Belgique, citant notamment l'attribution d'un rôle aux autorités francophones en matière scolaire dans la périphérie de Bruxelles.
Mais la presse flamande prévient: le nord du pays lâchera le moins de lest possible. "Il faut être réaliste, les francophones devront obtenir "quelque chose", mais ce ne devra pas être plus que des cacahuètes", écrit lundi la Gazet Van Antwerpen.

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"Le médiateur souhaite globalement que les francophones obtiennent des compensations "suffisamment honorables pour faire passer l'amère pilule de la scission", explique le quotidien La Libre Belgique, citant notamment l'attribution d'un rôle aux autorités francophones en matière scolaire dans la périphérie de Bruxelles.
Mais la presse flamande prévient: le nord du pays lâchera le moins de lest possible. "Il faut être réaliste, les francophones devront obtenir "quelque chose", mais ce ne devra pas être plus que des cacahuètes", écrit lundi la Gazet Van Antwerpen."

Cela me semble bien résumé. Un accord rapide à tout prix dans ce contexte risque fort de n'être qu'un marché de dupes ... Vers un "Munich francophone" ?

Il faudra compter les pétainistes du côté des francophones mon cher Guy !

C'est à craindre : http://www.rtlinfo.be/info/belgique/politique/389485/bhv-l-elargissement-de-bruxelles-aux-oubliettes-

Reynders semble s'être ramolli sur la revendication d'élargissement de Bruxelles et se montre "raisonnablement optimiste" en évoquant une solution intermédiaire (dans La Libre aussi, toute la presse parle de cela ce matin).

Les compensations ne valent RIEN : soit il s'agit de monnayer ce qu'on devrait déjà avoir par le droit (le "bétonnage des facilités", des bricolages autour de la tutelle sur les bourgmestres ...) soit il s'agit de choses qui n'ont rien à voir (le regroupement des élections en 2014, diminuer les pouvoirs du roi)

Il paraît que Maingain a enfin pu rentrer en Belgique. Mais Dehaene n'avait de toute façon pas l'intention de l'inviter.

Je crois que je vais vomir mon petit-déjeuner ...

Une chose est certaine chère Agathe c'est que les Francophones de Bruxelles ne doivent pas s'attendre à un appui massif de la part des Francophones de Wallonie pour défendre l'élargissement de Bruxelles ! Que leur reste-t-il dès lors à négocier si ce n'est un refinancement de leur région ? Il faudrait un miracle pour changer les mentalités des présidents des partis francophones !
Quant au roi, il aura scié la branche sur laquelle il se reposait en faisant la lèche aux Flamands !

Stans a écrit:

Une chose est certaine chère Agathe c'est que les Francophones de Bruxelles ne doivent pas s'attendre à un appui massif de la part des Francophones de Wallonie pour défendre l'élargissement de Bruxelles ! Que leur reste-t-il dès lors à négocier si ce n'est un refinancement de leur région ? Il faudrait un miracle pour changer les mentalités des présidents des partis francophones !
Quant au roi, il aura scié la branche sur laquelle il se reposait en faisant la lèche aux Flamands !

C'est un peu aussi ce que je crains, cher Stans, car il me semble que la plupart des Wallons sont attentistes, fatalistes, et quasi indifférents ...

Grasse, Primidi 1er Floréal, An CCXVIII.

Chers tous,

il est vrai que cette confidentialité extrême et l'inertie coutumière des responsables francophones ne laissent présager rien de bon et refroidiraient les moins pessimistes d'entre nous... Reste à nous armer de courage pour subir la trop prévisible douche froide à venir. Il nous faut certainement nous attendre à un énième rafistolage du Belgium dont les Francophones seront une fois encore, c'est à craindre, les dindons de la Farce! (pile: je gagne, face: tu perds!)

Puisqu'il est difficile de se départir de son optimisme originel, peut-être pourrait-on souligner que la diminution des pouvoirs du Roi faciliterait l'évaporation ultime du pays et sa scission? A moins que le but inavoué ne soit de permettre une meilleure vampirisation de la Belgique francophone par la Flandre?

A suivre avec la plus grande attention, donc.

Salut et Fraternité.

Ardennais a écrit:

Puisqu'il est difficile de se départir de son optimisme originel, peut-être pourrait-on souligner que la diminution des pouvoirs du Roi faciliterait l'évaporation ultime du pays et sa scission? A moins que le but inavoué ne soit de permettre une meilleure vampirisation de la Belgique francophone par la Flandre?

Mon cher Ardennais, pour le coup je me méfie de cette diminution des pouvoirs du roi demandée par on ne sait qui ? Certainement pas par les Francophones qui voient en lui le garant d'une certaine neutralité face à la loi du nombre qui joue toujours en faveur des Flamands ! C'est le roi qui a nommé DEHAENE négociateur royal mais les Flamands sont de plus en plus allergiques à la famille royale qu'ils considèrent trop "francophile" d'où ma méfiance malgré mon attachement aux valeurs républicaines qui ne pourraient de toute façon fonctionner qu'en cas de disparition de la Belgique. En attendant la monarchie est un moindre mal pour les Francophones de Belgique face aux appétits gargantuesques des Flamands.

J'ai lu que la diminution des pouvoirs du Roi porterait sur le principal pouvoir qui lui reste et dont l'utilisation est rarissime : celui de "sanctionner" une loi et d'empêcher son entrée en application (cf veto suspensif du Roi dans la constitution française du 3 septembre 1791). Les auteurs de cette proposition ont probablement une idée derrière la tête : celle de permettre de faire passer en force des lois qui accéléreraient la "dissolution" de l'Etat fédéral, et que le Roi, en son âme et conscience, devrait "sanctionner" comme contraires à son serment de maintenir l'intégrité du territoire. La plupart des "compensations" proposées par le "démineur royal" n'ont rien à voir avec ce que réclamaient les francophones en contrepartie de l'élargissement de BHV : un catalogue de mesures diverses sans rapport avec la question. On y trouve par exemple sous l'intitulé "réforme de l'Etat" une réforme du code de la route ! Aucun rapport ! Ces cacahuètes vont-elles être avalées tout rond ou retournées à l'envoyeur ? Olivier Maingain a quitté Bordeaux ce matin et fonce en voiture vers Bruxelles...

Grasse, Primidi 1er Floréal, An CCXVIII.

Chers tous,

je suis de l'avis de Guy que noyer une diminution des pouvoirs du Roi dans une série de mesures sans rapport direct avec le dossier BHV est plus que suspect: un tel projet d'affaiblissement de la monarchie accréditerait l'idée que les Flamingants souhaitent s'octroyer en catimini les moyens de mener la barque belgicaine avec le moins d'entraves possibles (Tout ceci en échange de quelques dérisoires rogatons). Cette hypothèse me paraît effectivement plus plausible que jamais. Mais la grande question est celle du but poursuivi: est-ce pour arracher enfin leur indépendance nationale ou au contraire pour parachever la phagocytose d'un royaume devenu fantoche?

Quant à voir dans l'institution monarchique et le roi qui l'incarne un rempart pour les francophones contre les visées flamingantes, c'est sans doute un grande partie exact... mais à quel prix? N'est-ce pas ce dernier rempart, cet ultime espoir "d'unitarisme" belgeois qui permet au navire ne pas prendre l'eau trop rapidement et de se maintenir encore et toujours à flots, depuis trop longtemps? N'y a-t-il pas un singulier paradoxe pour des rattachistes de souhaiter l'union de la Wallonie et de Bruxelles à la France, et dans le même temps se féliciter que la personne morale du souverain permette de sauvegarder une existence la moins inconfortable possible pour les Francophones au sein même de la Belgique? Je sais qu'il m'est facile, en tant que citoyen français bien à l'abri de l'autre côté de la frontière, d'avancer des arguments en faveur du pourrissement de la situation, et je comprends fort bien que les Francophones puissent craindre de lâcher la proie pour l'ombre, mais ne faudra-t-il pas à un moment ou un autre, arrêter de tergiverser et franchir enfin le Rubicon, quel qu'en soit le prix? J'ai bien peur que dans cette partie de poker menteur qui s'éternise, les Wallons et Bruxellois ne soient les sempiternels perdants s'ils ne sortent un jour de leur léthargie. Va-t-il vraiment falloir que le pire advienne pour que le sursaut libérateur se produise enfin?

Salut et Fraternité!